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souveraineté - Page 25

  • Je ne veux pas mourir Chinois !...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de l'écrivain italien Antonio Scurati paru dans le quotidien La Stampa et publié sur le site Presseurop. Antonio Scurati est romancier et essayiste. Deux de ses livres ont été traduits en français Le survivant (Flammarion, 2008) et L'enfant qui rêvait de la fin du monde (Flammarion, 2011).

     

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    "Je ne veux pas mourir Chinois"

    Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais, en ce qui me concerne, je n’ai aucune envie de mourir chinois. Pourtant, au train où vont les choses, c’est hautement probable.

    A la mi-septembre, juste au moment où le Sud de l’Europe se précipitait vers le désastre, au cours du congrès annuel du World Economic Forum – qui depuis 2007 se tient (est-ce un hasard ?) en Chine et porte cette année le titre de  "New Champions 2011" – le premier ministre Wen Jiabao annonçait que son pays allait investir de plus en plus sur le "vieux" continent.

    Sauveurs ou envahisseurs ?

    Avec un sens de l’opportunité assez terrifiant, des voix insistantes avaient circulé les jours précédents sur des intentions d’acquisitions massives par les Chinois de bons du Trésor italien, corroborées par le voyage à Rome du président de la China Investment Corp, un des fonds d’investissements les plus riches du monde, venu discuter de l’achat de parts consistentes dans des entreprises stratégiques de notre économie nationale. Depuis lors, il ne se passe pas un seul jour sans que nous ne nous demandions tous si les Chinois sont en train de nous sauver ou de nous envahir.

    Dans mon cas personnel, la demande est on ne peut plus inquiétante, car le hasard a voulu que mon dernier roman – La seconda mezzanotte  [ “Le Second minuit”- ou “La seconde moitié de la nuit”, éditions Bompiani] –  soit sorti par pur hasard le 14 septembre, le jour précisément où les agences de presse battaient le tambour après les annonces de Wen Jiabao.

    J’y ai imaginé qu’en 2092 l’Italie serait devenue un pays satellite de la Chine après lui avoir cédé la totalité de sa dette extérieure et que Venise, à la suite d’une terrible inondation, aurait été achetée par une entreprise transnationale de Pékin. Refondée avec le statut de Zone Politiquement Autonome, son nouveau destin serait dés lors celui d’un parc d’attractions voué au luxe et aux vices effrénés des nouveaux riches orientaux. A cette question inquiétante, je ne peux donc qu’apporter une réponse tout aussi inquiétante.  

    Conflit de civilisation

    Catastrophismes littéraires mis à part, il me semble tout à fait évident que l’avènement d’une souveraineté politico-financière chinoise sur notre vieux continent précipiterait le déclin de la civilisation européenne telle que nous l’avons connue, rêvée et aimée (ne serait-ce que dans nos visions idéales). Je crains que ce ne soit une grave menace pour les fondements culturels de la civilisation occidentale européenne moderne : souveraineté politique du peuple, liberté de pensée et d’expression, droits des travailleurs et du citoyen, autonomie de chacun, solidarité entre les individus réunis en société, valeur de la personne, sécurité alimentaire, respect du caractère sacré de la vie.

    Oui, je crains tout cela, pas seulement parce que j’ai encore devant les yeux ce jeune homme qui, place Tien An Men, avait affronté un tank, armé seulement de ses deux sacs de courses (n’oublions pas que le jeune homme était, lui aussi, Chinois), ou parce que je prévoit un conflit de civilisation entre l’Europe et la Chine, mais parce que je suis effrayé par la dérive d’un capitalisme financier dont les fonds souverains chinois représentent aujourd’hui le fer de lance, par un usage du capitalisme conçu pour financer le travail et l’entreprise mais qui a fini par les enterrer.

    Si dans un avenir proche la politique ne parvenait pas à refaire en sens inverse le chemin qui l’a conduite de la souveraineté à l’obscénité, le risque serait effectivement que dans un avenir pas si lointain un gigantesque conflit se déchaîne entre les intérêts spéculatifs de la finance apatride – –  et qu’elle soit chinoise, américaine ou de chez nous importe peu –  et les besoins, les attentes légitimes, les espoirs de chacun d’entre nous.

    Antonio Scurati (La Stampa, 6 octobre 2011)

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  • Sarkozy sous BHL...

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de publier Sarkozy sous BHL, un pamphlet de l'ancien ministre Roland Dumas et de l'avocat Jacques Vergès qui vise l'actuel président de la République, Nicolas Sarkozy, et le sinistre bouffon qui lui sert de conseiller en matière de politique étrangère...

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    "« Président de la République pour un an encore, ce sont deux Résistants qui vous écrivent pour vous dire que vous trahissez la France ». C'est par cette accusation terrible que Roland Dumas et Jacques Vergès sonnent la charge contre la politique étrangère de Nicolas Sarkozy, telle que celle-ci se manifeste dans les bombardements perpétrés contre la population civile de la Libye. Il s'agit d'ailleurs moins, pour l'ancien président du Conseil constitutionnel et pour le célèbre avocat, de plaider pour M Kadhafi que de dénoncer une politique qui viole le droit international et piétine l'héritage du général de Gaulle. En réalité, sous le masque de l'humanitaire, le président de la République renoue, en Libye comme en Côte d'Ivoire, avec le vieux colonialisme et vise à s'assurer des richesses de ces pays au mépris des intérêts des peuples et de la souveraineté des États. Par leur argumentation implacable et la férocité de leur style, Dumas et Vergès s'inscrivent dans la lignée des grands polémistes français, du Voltaire de l'affaire Calas au Victor Hugo de Napoléon le Petit. Ils dressent ce faisant un portrait accablant d'un président de la République qui a dévoyé sa fonction jusqu'à la caricature, qui parle le français comme le parlent les voyous et qui, croyant se rehausser, s'est flanqué d'un Bernard-Henri Lévy comme directeur de conscience, on a les Malraux qu'on peut… Sarkozy sous BHL, c'est le dernier degré d'abaissement où est tombée la France. Puissent les Français se réveiller à temps ! Ce pamphlet qui fera date est complété, en annexe, par le dossier complet de la plainte déposée devant la Cour pénale internationale contre Nicolas Sarkozy pour crime contre l'humanité."

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  • Retrouver l'autonomie politique de la France !

    Nous reproduisons ci-dessous une tribune libre d'Hervé Juvin, l'auteur du remarquable essai intitulé Le renversement du monde (Seuil, 2010), publiée dans le quotidien Le Monde le 29 septembre 2011, dans laquelle il propose quelques pistes pour redonner à la France et à l'Europe une autonomie politique...

     

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    Retrouver l'autonomie politique de la France

    Le débat "protectionnisme vs libre-échangisme" est largement un faux débat. Il prétend enfermer le choix politique dans une alternative, ce qui est faux et dangereux. Il désigne deux perversions égales, la fermeture stérilisante, l'ouverture débilitante. La vérité est qu'il y a une infinie de variété de nuances entre l'ouverture totale, qui signifie qu'il n'y a plus d'entité politique, et la fermeture totale, qui signifie l'asphyxie. Il en est dans ce domaine de l'ouverture aux mouvements de capitaux comme de l'ouverture aux mouvements de biens et de service, et de l'ouverture aux migrations des hommes.

    Un peuple qui ne sait tenir sa frontière, géographique ou virtuelle, n'est plus digne de l'histoire. La vérité est aussi qu'il est des temps pour ouvrir, pour attirer, pour accroître la diversité interne, et des temps pour choisir, pour distinguer, et pour affirmer l'unité interne. J'ai peu de doute à ce sujet ; le temps de la France, de l'Europe, est revenu de travailler à leur unité interne, d'affirmer leur singularité, et elles le feront d'abord en se séparant de tout ce qui n'est pas elles, ensuite en se protégeant de tout ce qui menace leur projet et cette identité qui doit permettre à tous ceux qui s'y reconnaissent de faire société, ensemble, et pour un avenir commun.

    Dans le domaine économique et commercial, il s'agit d'abord de ne pas être les idiots de la classe de la mondialisation, ensuite de prendre conscience et de défendre nos intérêts propres, ceux des Français, ceux des Européens, dans un monde qui ne fait et ne fera pas de cadeaux. Personne ne juge mauvais que les Chinois aient une préférence pour les intérêts de la Chine. Personne ne doute que les Américains poursuivent avec constance l'intérêt américain. Pourquoi est-ce que seuls les Français ne pourraient pas poursuivre les intérêts de la France, et les Européens manifester leur préférence européenne ?

    Si l'objet est d'en finir avec une dépendance à l'égard des marchés financiers qui tourne à l'esclavage, si l'objet est de retrouver une autonomie politique, qui est l'autre nom de la liberté de nos peuples à choisir leur destin, il ne s'agit pas seulement de tarifs douaniers, de contrôles aux frontières et de réciprocité négociée. Des dispositions techniques et juridiques précises dans le domaine du placement de la dette, des privatisations, des opérations de marché, de la réglementation bancaire, peuvent engager des évolutions à terme considérables, et nécessaires.

    La renationalisation de la détention de la dette. Elle s'applique aux OAT ; elle s'appliquerait tout autant et sinon plus, aux euroobligations. Pour gagner quelques points de rendement, le Trésor français, après et comme d'autres, a consenti un abandon majeur de souveraineté ; une dette publique détenue par les nationaux s'apparente à l'impôt, l'inflation peut la réduire ; une dette détenue majoritairement à l'extérieur est une dette, et le défaut est le seul moyen de l'alléger vraiment. Les résidents détiennent moins de 35 % de la dette publique de leur pays ; il leur est impossible d'acheter en direct des titres de la dette nationale ; et certains besoins d'investissement ne peuvent être satisfaits que par des titres émis ailleurs. Il est urgent de renationaliser la détention de la dette publique, non dans un but de fermeture, mais d'autonomie politique. Dans ce but, les Français doivent pouvoir acheter des titres de dette publique au guichet de leur banque, ou par Internet, et les Européens doivent pouvoir souscrire des euro-obligations comme ils le veulent. Dans ce but aussi, et face à l'ampleur de la question du vieillissement, l'émission d'obligations du Trésor indexées sur l'inflation et d'une durée de 40 ans est la solution manifeste aux besoins d'investissement des fonds de retraite (PERCO, PERP, Assurance-vie, fonds Madelin, etc.) dont la principale préoccupation pour les décennies à venir est la protection contre l'inflation. Le choix des gérants et leur préférence pour la France et l'Europe fera le reste.

    L'émission de parts d'associés. La privatisation des grandes sociétés de service collectif a permis la constitution de rentes indues et fait perdre à la collectivité nationale et européenne un contrôle sur des actifs essentiels, et stratégiques. Les ravages de la propriété d'Etat et du contrôle public sont connus, les ravages de la privatisation se découvrent. L'application du modèle actionnarial, de la course à la création de valeur et de la concurrence à ces sociétés dites naguères "gestionnaire de monopoles naturels" est un échec. C'est vrai pour l'énergie, c'est vrai pour les réseaux ferrés, c'est vrai pour la poste, c'est vrai pour la banque de détail. Il faut en tirer les conséquences, et d'abord sur l'inadéquation du modèle de propriété actionnarial. Pour les futures opérations d'ouverture de capital de sociétés publiques ou de monopoles naturels, il est urgent d'inventer un titre d'associé aux droits et aux rémunérations proches de ceux des sociétaires des coopératives, des parts dont l'achat et la vente sont soumis à l'agrément de l'entreprise, et dont les droits de vote sont effectifs sur le mode "un homme, une voix". L'offre de vente de ces parts d'associés à des personnes physiques et morales, ferait des Français les propriétaires associés des grandes entreprises de service commun. L'expérience des réseaux mutualistes prouve la facilité à lever des capitaux, la facilité aussi à organiser le lien avec les marchés de capitaux, donc la respiration du capital.

    La création d'un marché boursier centralisé. La directive européenne dite "MIF" a détruit trois siècles d'expérience et de progrès européen dans le domaine du lien entre modèle de marché, activité boursière, société et intérêt collectif. La directive a organisé l'éclatement de la liquidité, fait perdre l'unicité du prix et fourni aux intermédiaires les plus puissants ou les plus retors toutes les occasions de jouer contre les intermédiaires plus petits, les investisseurs de long terme et les épargnants. L'aveuglement européen a fait des marchés boursiers un mauvais lieu, qui va tuer l'actionnariat populaire et qui commence à provoquer des retraits de la cote, depuis que le marché sert à tout sauf à financer les entreprises. Dans le domaine des marchés d'actions comme dans celui des marchés d'options et de dérivés, comme dans celui des matières premières, la centralisation des ordres sur un système d'ordre public est le préalable à toute moralisation de la finance. Des chefs d'entreprise s'émeuvent désormais ouvertement de l'absence de tout lien entre leur activité, leur performance, leurs résultats, et les mouvements de leur titre en Bourse ; ils sont choqués de voir leur titre négocié à des prix différents au même moment, des mouvements importants de leur capital se dérouler ans des "trous noirs" sans transparence et sans équité. Sur les marchés des actions, des obligations, comme sur ceux des matières premières, l'obligation d'une centralisation des ordres, d'une unicité des prix, et d'une transparence sur les conditions, est un objectif stratégique de retour au lien indissociable qui unit les épargnants, les associés, et les sociétés cotées.

    La séparation des métiers bancaires. Il y aurait les bonnes banques et les méchants Hedge Funds. C'est ignorer le fait que les hedge funds ne travaillent qu'à partir du crédit que leur fournissent les banques, et qui fait jouer l'effet de levier dévastateur. Quelle est la responsabilité d'UBS dans le levier qu'ont fait jouer tel ou tel hedge fund dans les années 2000 ? La séparation entre dépôts, crédit et opérations de marché est fondatrice de la confiance, de la sécurité et de la morale. Elle doit permettre d'éliminer les acteurs non conformes, et de restaurer la notion de criminalité financière, certains comportements et certaines opérations suggérant moins des dérives professionnelles qu'une qualification d'entreprise frauduleuse, voire criminelle, permettant le retrait de la licence d'opérer sur le territoire européen, la mise sous contrôle des opérations, voire la saisie des actifs détenus. Ni protectionnisme, ni libre échangisme, cette perversion d'une technique économique, le libre échange, devenue idéologie ; la maîtrise retrouvée des activités financières, des organisations de marché et des activités de crédit et d'investissement désigne le véritable sujet. Car la désignation d'ennemis lointains, la Chine étant la cible désignée, est une diversion habile qui n'égarent que ceux qui ignorent que la majorité des déficits a lieu entre pays développés, et que l'origine des déficits abyssaux qui volent notre avenir est à rechercher dans les dérives de la finance de marché et dans la privatisation des Etats par les banques, bien plus que dans la mondialisation ou la concurrence déloyale des pays à bas revenus. Ne pas se tromper d'ennemi et de cible ; ceux qui vont se battre pour redonner à la France et à l'Europe leur autonomie de choix et de destin devront d'abord acquérir une rare et dangereuse lucidité à cet égard.

    Le retour à la mention d'origine des produits. C'est la dignité et le respect du consommateur qui peut choisir et arbitrer en fonction d'information dont le prix n'est qu'une composante, et qui peut attribuer une valeur aux choses différentes de leur prix. Le stupide "made on earth by humans" est la fin du politique et la dissolution de toute société organisée dans l'isolement généralisé. Il y a un prix à payer contre l'isolement, contre la dissociété, et contre la décivilisation qui nous gagne.

    Ni protectionnisme ni libre-échangisme, le vrai débat politique et le vrai clivage opposent ceux qui se battent pour l'autonomie des peuples, peuple français, peuple européen, et ceux qui travaillent à leur asservissement aux intérêts privés, dans le cadre du droit et du marché. Au nom d'un internationalisme mal compris, au nom d'un attachement aux droits qui détruit le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, une partie des socialistes se fait complice des forces du capital sans frontières, sans identité et sans liens. Récemment disparu, Paul Yonnet a été l'un des premiers à avoir percé à jour la contre-manœuvre socialiste – contre-manœuvre, parce qu'elle produit l'inverse des buts qu'elle affiche. Derrière l'éloge de la mobilité il faut entendre l'esclavage, derrière le sans-frontièrisme, il faut entendre apologie des invasions et des colonisations, derrière les Droits universels il faut entendre l'extinction des peuples libres de se donner leur loi, de se compter et de se nommer. Et derrière la liberté du marché, il faut voir les faux-monnayeurs, les charlatans et les usuriers qui reviennent.

    Hervé Juvin (Le Monde, 29 septembre 2011)

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  • Ce n’est pas un complot, c’est la stratégie !...

    Nous reproduisons un excellent point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site Regards sur le renversement du monde, dans lequel il appelle les Européens à exercer leur souveraineté à combattre l'intolérable entreprise d'hégémonie des Etats-Unis...

     

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    Ce n’est pas un complot, c’est la stratégie !

    « L’Europe est devenue un protectorat des Américains » - Hervé Morin, ancien Ministre de la Défense (cité par le général Desportes, dans Le Débat – Gallimard – Septembre 2011)

    De l’affaire DSK au krach bancaire et boursier actuel, la théorie du complot nous est resservie à toutes les sauces et sur tous les tons. Le problème n’est pas qu’il ne puisse y avoir ici et là, action concertée pour obtenir un avantage indu ou créer une situation profitable. Le problème est que la théorie du complot fait manquer l’essentiel.

    Les faits sont là. Les attaques contre la crédibilité des Etats les plus endettés de l’Union européenne ont débuté le mois même où les émissions en euro, dans le monde, dépassaient les émissions en dollars. Depuis un an, de FoxNews au Wall Street Journal et du Financial Times à The Economist, toute information de nature à effrayer les investisseurs et les opérateurs au sujet de l’Europe a été délibérément et démesurément grossie, telles ces photos savamment travaillées pour donner l’impression que les anodines manifestations à Athènes tournaient à la guerre civile, ou encore la décision de Siemens, en juillet, de réduire ses engagements auprès de telle ou telle banque française, publiée dans la semaine du 16 septembre comme un scoop ! Internet a servi à propager efficacement des rumeurs, des bruits de marché, des informations invérifiables, toutes visant successivement telle ou telle banque française, telle ou telle alerte sur les dettes publiques – et dont plusieurs font l’objet d’une instruction en justice. De manière plus discrète, les actions hostiles aux gouvernements qui avaient décidé de ne plus utiliser le dollar dans leurs transactions commerciales se sont multipliées, visant le Venezuela, la Bolivie, l’Iran, le Salvador, etc. dans une incompréhension totale de l’Union européenne, aveuglée par la propagande des Américains et de leurs alliés. De manière tout à fait ouverte au contraire, l’exploitation de la dégradation du rating de deux banques françaises et l’obscur débat sur leur recapitalisation ont permis de créer une situation aberrante, mais proche de l’irréversible, non sur les maillons faibles, mais au cœur même du système bancaire français et européen.

    Les faits sont là, et devraient suffire à invalider la théorie du complot. Ce ne sont pas les gnomes de Wall Street ou les manipulateurs de Goldman Sachs qui sont en jeu, c’est l’intérêt national américain ! L’aveuglement européen, la complaisance des institutions européennes, voire la complicité des eurocrates, ont pour simple et directe explication le déni de l’intérêt national, de la préférence nationale, et des enjeux nationaux dont les partisans de  l’Union se sont fait une doctrine ! Seuls dans le monde, les Français, et les Européens de Bruxelles, n’osent pas affirmer tranquillement qu’ils se battent pour la France et les Français, pour l’Europe et les Européens, que leurs intérêts passent avant ceux de tous les autres, et que la défense des intérêts qu’ils reconnaissent comme vitaux passe avant tout – avant toutes les doctrines, toutes les amitiés et surtout, avant les intérêts de tous les autres ! Chinois, Américains, Russes, comme tant d’autres, ont assez prouvé quelle conception exigeante ils avaient de leur intérêt national, et combien peu ils s’interrogeaient sur les moyens de le faire prévaloir !

    Les circonstances sont claires ; la position hégémonique des Etats-Unis ne repose, pendant combien de temps, que sur deux points ; le dollar et les armes. Le soft power européen, la capacité à édicter des normes universelles, la diversité interne des peuples européens, exercent dans le monde une attraction qui balance le rêve américain. La prospérité de la classe moyenne européenne fait de l’Europe le premier marché du monde. Le savoir-faire industriel de l’Europe, de l’Allemagne en particulier, fait des infrastructures de marché ( clearing and settlement, chambres de compensation, gestion des titres ) les plus performantes au monde. Le savoir mathématique des Européens, des Français notamment, fait d’eux les maîtres des marchés dérivés. Et l’euro menace de faire jeu égal avec le dollar, donc de lui retirer l’exorbitant privilège d’émettre de la monnaie sans aucun coût, puisque le reste du monde continue d’accepter le dollar pour tous ses échanges ! Et certaines banques européennes menaçaient le privilège de la haute banque anglo-américaine, et pouvaient même avoir quelques velléités de ne pas respecter les embargos et les interdictions par lesquels les Américains et leurs alliés entendent ramener à l’âge de pierre, de la famine et des tribus, ceux qui osent défier leurs intérêts ! La percée bancaire et financière de l’Europe menace les Etats-Unis et la City d’un 11 septembre bancaire et financier ! Des banques européennes ont eu le courage de continuer à travailler avec Cuba, avec la Russie, avec Madagascar ou la Syrie ; qu’elles tombent ! Le pouvoir d’achat – non, la capacité à s’endetter – du consommateur américain est en jeu, comme la capacité des Etats-Unis à décider qui sont les bons, qui sont les méchants, selon leurs intérêts, ou l’idée qu’ils s’en font ! Des banques sans capacité à recruter et à investir, des systèmes soumis à l’espionnage permanent des Américains, comme l’exemple de Swift ou du transport aérien l’a montré, voilà l’ordre rétabli et la police américaine rétablie dans sa colonie européenne !

    La situation est claire, et demande distance et modération. Les Etats-Unis, pas plus que la Chine ou la Russie, ne sont l’ennemi de l’Europe. Mais la situation née de la  colonisation américaine de l’Europe de l’Ouest effectuée depuis 1944 n’a pas connu l’issue de la colonisation soviétique de l’Europe de l’Est ; le Mur de l’Est est tombé, le Mur de l’Ouest n’est pas tombé. Il suffit pour apprécier la situation de suivre les ingérences permanentes, multiples, devenues naturelles, des ambassades, des agences et des représentants américains en Europe, depuis les actions en banlieue d’un ambassadeur des Etats-Unis à Paris, M. Charles Rivkin, qui se croit autorisé à promouvoir un multiculturalisme que refusent les Français, sans être convoqué pour rendre des comptes, jusqu’à l’incroyable présence de M. Timothy Geithner au sommet polonais des Ministres des finances de l’Union, venus écouter la leçon du faux monnayeur !

    Nous sommes face à un intérêt stratégique américain contraire à notre intérêt stratégique. Nous ne sommes pas seuls. D’autres partagent nos préoccupations, au nom de leur propre intérêt national ; et pas seulement la Chine. Le meilleur allié de l’Union européenne est l’aversion universelle que suscite la fuite en avant des Etats-Unis et, désormais, la peur qu’elle inspire. Nous ne manquons pas d’outils. Derrière la notion de criminalité organisée, maintes actions des banques ou des intermédiaires américains méritent l’attention, l’enquête, et la sanction, notamment l’interdiction d’exercer sur le territoire européen et la saisie de leurs actifs. Ce sont là certes des « warlike measures ». Révélés par Wikileaks, ce sont les termes mêmes qu’employait l’ambassadeur des Etats-Unis pour qualifier les mesures qu’il préconisait pour ouvrir de force la France aux OGM. Elles ne seront pas de trop. En la matière, la réciprocité est un principe sain de l’amitié durable entre les peuples.

    Hervé Juvin (Regards sur le renversement du monde, 26 Septembre 2011)

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  • Mélenchon : "Personne n'est victime de l'immigration..."

    Vous pouvez visionner ci-dessous un extrait de l'émission On n'est pas couché du samedi 17 septembre 2011, au cours de laquelle Natacha Polony amène Jean-Luc Mélenchon à dévoiler son vrai visage sur la question de l'immigration...


    Mélenchon Vs polony & Pulvar 3 [POL] Ruquier... par peanutsie

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  • Entre mémoires locales et volonté continentale : l'Esprit européen !...

    Les éditions Heligoland viennent de publier L'Esprit européen entre mémoire locale et volonté continentale, un copieux recueil d'article de Georges Feltin-Tracol, préfacé par Pierre Le Vigan. Georges Feltin-Tracol est un des animateurs du site Europe Maxima et a déjà publié chez le même éditeur Orientations rebelles, un recueil dont les textes, selon Alain de Benoist, témoignaient "d'un sens aigu de la synthèse et d'une belle capacité de pensée critique".

     

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    "Débat sur l’identité nationale en France pendant l’hiver 2009-2010, appels répétitifs à respecter la laïcité, enlisement institutionnel de l’Union européenne, rejet référendaire de la Constitution européenne en 2005, réveil des peuples sans État, domination stratégique pesante de l’Occident et de l’hyper-classe oligarchique mondialiste sur le "Vieux Monde", risques d’éclatement de la Belgique et de l’Italie, regain des régionalismes dans l’Hexagone, anticipation d’une « Grande Suisse », rôle asphyxiant de Paris et de sa région, prégnance de la géopolitique…, notre continent arrive à un moment décisif de son histoire sans que ses peuples apathiques, déboussolés et amnésiques s’en aperçoivent vraiment.

    Et si, en dépit de tous ces dangers, ces épreuves invitaient à retrouver notre esprit européen dans sa multiplicité déclinée en mémoires locales, régionales et nationales, souvent antagonistes et contradictoires, et en une volonté géopolitique continentale soucieuse d’agir (et de réagir) aux événements du monde ? 

    Produit plus que somme de nos peuples, de nos cultures, de nos identités, l’esprit européen se compose de formes variées et éclectiques à l’opposé d’une uniformité moderne et hyper-moderne. Cet éclectisme est une richesse, c’est aussi la meilleure façon de contenir et de riposter à la menace mondialiste américanocentrée, aux défis démographiques africain et musulman, aux périls de la finance transnationale et des banksters et à la rude concurrence des nouveaux pays industrialisés d’Asie et d’Amérique latine. Les Européens devraient se souvenir que l’union construite sur la force cumulée des identités fait la puissance.

    Recueil de soixante-dix textes dont certains sont inédits, d’un avant-propos et d’une préface de Pierre Le Vigan, L’Esprit européen entre mémoires locales et volonté continentale participe au combat culturel d’aujourd’hui et de demain. Il en fournit les indispensables munitions.

    Contre le projet dément de l’hyper-classe, de la Mégamachine occidentaliste mondiale et de son bras armé, le simulacre de l’U.E., la réappropriation de l’esprit européen dans sa complexité charnelle intrinsèque est nécessaire afin de redonner un sens à la spiritualité, à la légitimité, à la souveraineté, à l’identité, à la laïcité et à la puissance et de rétablir l’Europe sur des assises populaires et historiques grâce à ses mémoires locales et à sa volonté géopolitique. Allons donc à la découverte de cet esprit polymorphe !"

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