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sexe - Page 3

  • La domination masculine n'existe pas !...

    Les éditions Anne Carrère viennent de publier un essai de Peggy Sastre intitulé La domination masculine n'existe pas. Docteur en philosophie des sciences, spécialiste de Nietzsche et de Darwin, elle a écrit plusieurs essais sur les questions sexuelles dans une optique biologique et évolutionniste.

     

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    " L’homme (avec un petit h et un pénis de taille variable) est une pourriture : c’est lui qui vole, viole, tape, tue, refuse de laver ses slips et préférerait crever plutôt que de vivre dans un monde où des bonniches ont le droit de devenir PDG. Voici la « version officielle » de notre histoire. L’histoire humaine est, dit-on, l’histoire d’une domination masculine, faite par et pour des hommes prêts à tout pour tenir les faibles femmes à leur botte.

    Sauf que cette histoire est fausse. Du moins en partie.

    Si les hommes ont le pouvoir, c’est parce que les femmes l’ont bien voulu, tout au long des 99,98 % de l’histoire de notre espèce. Et ces millions d’années qui nous ont vus devenir lentement ce que nous sommes, elles les ont passés à frétiller du derche au moindre indice de force, de puissance et de brutalité. Pourquoi ? Parce lorsque votre organisme renferme des ovaires et un utérus, que votre reproduction vous fait courir un danger vital aussi extrême qu’indispensable, et que vous vivez dans un environnement hostile, de tels attributs sont encore les meilleurs pour vous protéger, vous et le fruit de vos entrailles, et vous aider à transmettre vos gènes aux générations suivantes.

    En d’autres termes, il n’y a pas de domination masculine. Un tel système oppresseur, vertical et unilatéral n’existe pas. Ce qui existe, c’est une histoire évolutive qui aura poussé les deux sexes à des stratégies reproductives distinctes.

    En décortiquant les principaux territoires de la « domination masculine » – les inégalités scolaires et professionnelles, le harcèlement, les violences familiales et conjugales, le viol et les violences sexuelles, la culture de l’honneur, l’agressivité, la guerre et le terrorisme –, cet ouvrage non seulement les éclaire d’une lumière radicalement nouvelle dans notre paysage intellectuel, mais il permet surtout de mieux les comprendre et de les expliquer, quitte à risquer de saisir, au passage, que les femmes ne s’en sortent vraiment pas si mal… "

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  • Sexe(s) et genre(s) ?...

    Le numéro 41 de la revue Krisis, dirigée par Alain de Benoist, vient de paraître. Le thème retenu est celui du débat  autour du sexe et du genre... Avec ce numéro, la revue devrait prendre un rythme trimestrielle.

    Vous pouvez la commander sur le nouveau site de la revue Krisis ou sur le site de la revue Eléments.

    Bonne lecture !

     

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    Très à la mode outre-Atlantique depuis les années 1970, la question du genre s’est réellement invitée dans les débats hexagonaux à partir de 2013, lorsque Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre des Droits des femmes, voulut mettre en place son fameux « ABCD de l’égalité ». Il s’agissait pour elle d’expérimenter dans les écoles un programme de lutte contre le sexisme et les stéréotypes de genre. L’idée générale était d’éduquer à l’égalité et au respect entre les filles et les garçons.

    Si personne ne songe évidemment à contester l’importance d’une meilleure entente entre les sexes, ou même d’une plus grande équité à l’égard des femmes, les critiques n’en ont pas moins rapidement fusé contre cette mesure ministérielle, y compris à gauche : Sylviane Agacinski et Michel Onfray, parmi beaucoup d’autres, se sont opposés à certains excès des « théories du genre ». La plupart des intellectuels qui critiquent ces théories acceptent tout à fait l’idée que nous suivons partiellement des codes de genre (masculins ou féminins), sous la pression du contexte socio-culturel dans lequel nous baignons. Mais cela n’implique pas que nous soyons hommes ou femmes par pur conditionnement social ; et la place de l’inné dans la prise en compte du phénomène humain devrait être au contraire réhabilitée.

    Le public français n’a découvert les études de genre qu’assez tard et continue d’en avoir une connaissance approximative. Même le monde universitaire s’est montré plutôt indifférent, en comparaison de la déferlante des « gender studies » anglo-saxonnes. Qu’elle que soit l’opinion portée sur ce champ disciplinaire, une telle méconnaissance reste dommageable, dans la mesure où l’on ne peut cautionner ou réfuter avec intelligence que ce que l’on comprend. Les textes proposés dans ce numéro de Krisis tentent donc d’aborder avec nuance ces différentes problématiques, qui méritent bien sûr d’être traitées d’une manière précise et honnête, loin des emportements partisans de toute sorte.

    Au sommaire de la revue :

    Maurice Godelier / De la différence entre le masculin et le féminin et entre l’homme et la femme.

    Nancy Huston / Hommes en désarroi.

    Alain de Benoist / Les femmes selon Raymond Abellio.

    Entretien avec Jean-Paul Mialet / Le déni des différences sexuelles et ses conséquences sociales.

    David L’Epée / La performance de genre : une parodie sans modèle.

    Yves Christen / Une guerre des sexes dans le cerveau.

    Jacques Balthazard / L’orientation sexuelle est aussi une affaire de biologie.

    Thibault Isabel / Le sexe exclut-il le genre ? Réflexion sur l’inné et l’acquis dans l’identité homosexuelle.

    Yves Ferroul / Femmes et sexualités dans le bassin méditerranéen.

    Entretien avec Agnès Giard / Le sexe au Japon.

    Thibault Isabel / Le problème de la séparation des sexes à travers l’histoire. Hommes et femmes doivent-ils être complémentaires ou semblables ?

    Michel Lhomme / L’androgyne.

    Le texte : Mircea Eliade / Dieu-le-Père, Terre-Mère et hiérogamie cosmique. (1957)

    Françoise Bonardel / La crise de l’identité culturelle européenne.

     

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  • Michel Houellebecq, le miroir de notre époque ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Solange Bied-Charreton, cueilli sur Figaro Vox et consacré au sens de l’œuvre de Michel Houellebecq. Ecrivain et chroniqueuse, Solange Bied-Charreton a publié en 2013, chez Stock, un excellent roman intitulé Nous sommes jeunes et fiers, dont nous ne pouvons que vous recommander la lecture.

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    Michel Houellebecq, le miroir de notre époque

    «C'est un esprit d'une sécheresse supérieure parmi les Secs, une intelligence toute en surface, n'ayant ni sentiment, ni passion, ni enthousiasme, ni idéal, ni aperçu, ni réflexion, ni profondeur, et d'un talent presque physique, comme celui, par exemple, du gaufreur ou du dessinateur à l'emporte-pièce, ou encore celui de l'enlumineur de cartes de géographie.» D'aucuns jugeraient que ces mots, écrits par Jules Barbey à propos de Flaubert, pourraient s'appliquer au romancier Houellebecq, dont la plus grande faute et la plus grande adresse sont d'avoir su endosser le rôle du «peintre de la vie moderne». L'expression baudelairienne s'étend jusqu'à la littérature romanesque, car c'est la visée même du romancier réaliste, qui entend rendre compte des mœurs de son temps, des tensions historiques, esthétiques et sociales de l'espace qu'il traverse.

    Romancier «important» pour certains, «génie» pour d'autres, «faussaire» pour quelques-uns, Michel Houellebecq est au centre de ce qu'il reste du paysage littéraire français. Il y mérite sa place, plus que beaucoup de ses congénères. Cela ne nous renseigne pas directement sur le talent de l'écrivain, davantage sur l'état de cette littérature, dévastée depuis un demi-siècle par le Nouveau Roman, l'autofiction, l'émotion, la psychanalyse ou tout cela ensemble (l'idéal est toujours de s'illustrer dans ces champs respectifs par un seul ouvrage). Ainsi, il reste précisément trop peu de romanciers réalistes, trop peu de romanciers tout court, pour que nous ignorions le nom de Houellebecq, qui en est un.

    Que fait Michel Houellebecq? Il peint ce qu'il voit, ce qu'il a sous les yeux. Souvent, il anticipe, alors il utilise le réel pour l'aggraver légèrement. Du libéralisme sexuel dans Extension du domaine de la lutte à l'effacement de l'identité française dans Soumission, des manipulations sur le vivant à la muséification des vieilles nations, en passant par l'échec de l'idéologie soixante-huitarde dans Les Particules élémentaires, il a simplement montré, depuis une vingtaine d'années, tout ce que notre regard capte chaque jour, quand ce n'est pas seulement la menace qui pèse sur notre société. C'est un reportage souvent cru et parfois trivial. Il y est question d'argent, de sexe, d'entreprises et de dépression, de résidences et de télévision. Si ce n'est pas du génie, c'est pourtant essentiel, tant il est essentiel qu'un écrivain s'échine à nous montrer ce que nous ne voyons plus, parce que nous le voyons trop.

    Romancier sans compassion, car «descripteur» à la suite de Flaubert, toujours lui, dont Sainte-Beuve affirmait qu'il tenait «la plume comme d'autres un scalpel», ce digne héritier sans joie tend un miroir très froid à l'Occident. Il montre mais il ne dit pas. Beaucoup aimeraient le faire dire, mais ce n'est pas ce qu'il fait. Michel Houellebecq n'est pas un essayiste. Et même lorsque nous avons l'impression qu'il produit un discours, ce n'est pas lui qui le prononce, c'est son personnage. Et ce discours s'insère dans la forme romanesque. Davantage contemplateur que contempteur du nihilisme contemporain, Houellebecq ne donne pas son avis. On a toujours tort de prêter une opinion à un fabuliste.

    Des controverses découlent de ce statut particulier, hors du monde. Notre romancier est-il pour ou contre les conversions à l'Islam en France? Pour ou contre le tourisme sexuel? Où le situer? La défiance du commun pour le statut de l'artiste n'est pas nouvelle. Plus largement, la métaphore permise par l'art est toujours regardée d'un mauvais œil. «Les femmes n'ont pas les cheveux mauves», déplorent les Verdurin devant la peinture d'Elstir, chez Proust. Dans le cas du réalisme, nous sommes sous le coup de la double contrainte: c'est l'art, mais l'art du réel. Nous devenons schizophrène: c'est vrai mais c'est faux. C'est dit mais c'est raconté. C'est Houellebecq comme personnage, dans La Carte et le territoire, mais c'est Houellebecq qui écrit.

    Où est l'art? On a accusé Houellebecq d'avoir recopié des notices de Wikipedia et de les avoir insérées dans La Carte et le territoire. Ce «collage», ready-made scriptural, justifié comme procédé littéraire, pose néanmoins la question de la littérarité de l'œuvre de Houellebecq et vient en souligner la profonde carence prosodique, la tragique platitude. A trop vouloir rendre le réel il serait à craindre d'en être le fruit plus que le descripteur. Mais une écriture blanche, clinique et qui fait l'économie d'un raffinage stylistique est aussi un parti pris. Houellebecq est un produit du temps: écrivain de l'après-mort du roman, il arrive à la suite de sa déconstruction, il danse sur les ruines.

    Michel Houellebecq est le nom de l'époque. Plus précisément, le nom de la littérature de l'époque. Mais cette époque n'aime pas la littérature, elle préfère ce qui est utile et rentable: que Michel Houellebecq soit son plus grand romancier en dit beaucoup sur elle et sur ses démissions. Sur sa capacité à mépriser le Beau, sur sa fascination pour la technique, son absence de transcendance, ses succès et ses vanités, son très grand désespoir.

    Solange Bied-Charreton (Figaro Vox, 6 janvier 2015)

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  • Tranches de vie...

    Les éditions Dargaud viennent de rééditer en un volume unique les cinq tomes de la bande-dessinée de Gérard Lauzier, Tranches de vie, publiés initialement il y a plus de trente ans.

    Une excellente nouvelle que cette réédition car l'auteur avait disparu des rayonnages de librairie depuis longtemps. C'est la bd anar de droite par excellence, drôle, grinçante et cruelle. Au détour d'une soirée, d'une partouze ou d'un repas d'affaires, on y croise des soixante-huitards virant gauche caviar et des jeunes cadres dynamique de la droite avancée moderne et décrispée, bref les parents de nos bobos, bling-bling et autres hipsters d'aujourd'hui... Fric, cul, esbrouffe, psychanalyse et ethnomasochisme, c'est le panorama de la décennie 1975-1985, qui peut servir de complément en images du livre de Zemmour, Le suicide français (Albin Michel, 2014)... Bonne lecture !

     

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    " Lucide et corrosif, le trait et l'humour de Lauzier appuie là où ça fait rire. Attention, l'intégrale des Tranches de vie provoque grincements de dents et fous rires nerveux. Dans les pages de Pilote arriva un jour un auteur singulier. Détonnant dans un univers de gauchistes hirsutes, cet homme élégant croquait des cadres dépressifs, des intellectuels de gauche suffisants, des révolutionnaires pathétiques et des femmes… sublimes, seuls océans de lucidité dans un monde absurde. Lauzier avait quarante ans d'avance. Aujourd'hui d'une actualité brûlante, la lecture de ses Tranches de vie, outre les fous rires nerveux, est une thérapie contre la connerie contemporaine. Une lucidité décapante pour un portrait un vitriol de la société contemporaine : les cinq albums des Tranches de vie réunis dans une intégrale inédite. "

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  • La théorie du genre ou le monde rêvé des anges...

    Les éditions Grasset viennent de publier La théorie du genre ou Le monde rêvé des anges, un essai de Bérénice Levet. Docteur en philosophie, Bérénice Levet est professeur à Polytechnique et est l'auteur d'un essai intitulé Le musée imaginaire d'Hannah Arendt (Stock, 2011).

     

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    " Le Genre se veut notre nouvel Evangile, porteur de la « bonne nouvelle » que le masculin et le féminin ne sont que constructions et peuvent par conséquent être déconstruits. A cet historicisme intégral qu’elle récuse, Bérénice Levet n’oppose pas Dieu, la nature ou la tradition mais la partition que l’Europe et spécialement la France ont composée sur cette donnée universelle de la dualité des sexes : la galanterie, l’érotisme et la conversation. Non parce qu’ils sont des legs du passé mais parce qu’ils exhalent une saveur incomparable.
    Forte d’une position critique, Bérénice Levet se situe à égale distance des partisans du Genre et de ses opposants : au cœur du Genre, dans cette promesse d’un monde où il n’y aurait plus ni hommes ni femmes mais des êtres rendus à une prétendue neutralité originelle, n’y a t-il pas une volonté de couper les ailes du désir hétérosexuel, d’exorciser la hantise de l’attirance que les deux sexes s’inspirent ?
    En d’autres termes le Genre n’est-il pas le dernier avatar de la haine d’Eros, l’ultime mouture d’un puritanisme qui n’ose pas dire son nom et se pare d’un alibi progressiste ? "

     

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  • Le féminisme veut-il encore dire quelque chose ?

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré au féminisme ...

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    Le féminisme veut-il encore dire quelque chose ?

    Après des années de lutte, quel bilan peut-on tirer du féminisme ?

    Un bilan nécessairement contrasté, pour l’excellente raison que le féminisme, en soi, ne veut pas dire grand-chose. Il y a, en effet, toujours eu deux grandes tendances à l’intérieur du mouvement féministe. La première, que j’appelle le féminisme identitaire et différentialiste, cherche avant tout à défendre, promouvoir ou revaloriser le féminin par rapport à des valeurs masculines imposées par des siècles de « patriarcat ». Non seulement le féminin n’est pas nié, mais c’est au contraire son égale valeur avec le masculin qui est proclamée. Cette tendance a, certes, connu des excès, allant parfois jusqu’à tomber dans la misandrie (dans les années 1960, certaines féministes américaines aimaient à dire qu’« une femme a autant besoin d’un homme qu’un poisson d’une bicyclette » !). Au moins ne remettait-elle pas en cause la distinction entre les sexes. Je trouve ce féminisme plutôt sympathique. C’est à lui que l’on doit d’avoir réellement fait avancer la condition féminine.

    La seconde tendance, qu’on peut appeler égalitaire et universaliste, est bien différente. Loin de chercher à revaloriser le féminin, elle considère que c’est, au contraire, la reconnaissance de la différence des sexes qui a permis au « patriarcat » de s’imposer. La différence étant ainsi tenue comme indissociable d’une domination, l’égalité est à l’inverse posée comme synonyme d’indifférenciation ou de mêmeté. On est, dès lors, dans un tout autre registre. Pour faire disparaître le « sexisme », il faudrait faire disparaître la distinction entre les sexes (tout comme, pour faire disparaître le racisme, il faudrait nier l’existence des races) – et surtout nier leur naturelle complémentarité. Dès lors, les femmes ne devraient plus concevoir leur identité sur le mode de l’appartenance (au sexe féminin), mais sur leurs droits en tant que sujets individuels abstraits. Comme l’a dit l’ultra-féministe Monique Wittig, « il s’agit de détruire le sexe pour accéder au statut d’homme universel » ! En d’autres termes, les femmes sont des hommes comme les autres ! C’est évidemment de cette seconde tendance qu’est née la théorie du genre.

    Est-il forcément besoin d’être féministe pour être une vraie femme ?

    Il faudrait déjà s’entendre sur ce qu’est une « vraie femme » ! Raymond Abellio distinguait trois grands types de femmes : les femmes « originelles » (les plus nombreuses), les femmes « viriles » et les femmes « ultimes ». Il interprétait le féminisme comme un mouvement de mobilisation des premières par les secondes. Ce qui est sûr, c’est qu’on peut être féministe au sens identitaire sans l’être au sens universaliste. La question se pose, d’ailleurs, de savoir si la seconde tendance évoquée plus haut peut encore être qualifiée de « féministe ». S’il n’y a plus d’hommes et de femmes, si le recours au « genre » permet de déconnecter le masculin et le féminin de leur sexe, on voit mal en quoi la théorie du genre peut encore être considérée comme « féministe ». Qu’est-ce en effet qu’un féminisme qui nie la réalité d’une spécificité féminine, c’est-à-dire de ce qui caractérise les femmes en tant que femmes ? Comment les femmes pourraient-elles rester femmes en se libérant du féminin ? Telles sont précisément les questions que n’ont pas hésité à poser les féministes les plus hostiles à l’idéologie du genre, telles Sylviane Agacinski ou Camille Froidevaux-Metterie.

    Aujourd’hui, les Femen… Suffit-il de montrer ses seins pour faire avancer la cause féminine ?

    Si tel était le cas, la condition féminine aurait, depuis quelques décennies, fait d’extraordinaires bonds en avant ! Mais dans le monde actuel, l’exhibition d’une paire de seins est d’une affligeante banalité. Même sur les plages, le monokini est passé de mode ! En exhibant des poitrines dans l’ensemble plutôt tristounettes, les Femen, venues d’Ukraine, ont naïvement imaginé qu’elles allaient faire impression. Elles ont seulement fait sourire. Disons qu’elles ont cru que, pour se faire entendre, il leur fallait recourir à ce que certains sociologues appellent la « nudité hostile », une nudité qui n’est plus conçue comme un moyen d’attirer, de séduire ou de provoquer le désir, mais comme un défi agressif, une sorte de proclamation à l’ennemi. Ce genre de pratique relève de cet exhibitionnisme pauvre à quoi se résume actuellement une grande partie de la sociabilité occidentale, laquelle consiste à user de son corps comme d’une marchandise. Les malheureuses Femen seront d’autant plus vite oubliées que tout le monde se fout de leurs nichons !

    Mais ce serait aussi une erreur de croire qu’elles ont le soutien des féministes. Mis à part Caroline Fourest, notoirement tombée amoureuse d’Inna Shevchenko, la plupart des féministes ont très vite pris leurs distances vis-à-vis de ces exhibitionnistes, auxquelles elles ont reproché d’utiliser leur corps et de faire appel à une « politique de la télégénie » pour mobiliser l’attention médiatique, au risque de légitimer indirectement la reconnaissance des différences de sexes – en clair, de faire de leurs glandes mammaires un usage propre à conforter les « stéréotypes ». D’autres ont objecté aux activistes aux seins nus qu’au lieu d’affirmer la supériorité de la nudité, elles feraient mieux de défendre la liberté des femmes de s’habiller comme elles le veulent. Lisez, à ce propos, l’article de Mona Chollet paru dans Le Monde diplomatique de mars dernier, qui s’intitulait « Femen partout, féminisme nulle part ». Quant aux revendications proprement féministes des Femen, on les cherche encore !

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 17 août 2014)

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