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russie - Page 46

  • Russophobie 2.0

    Les éditions Le Retour aux sources viennent de publier un essai de Giulietto Chiesa intitulé Russophobie 2.0. Italien, Giulietto Chiesa est ancien correspondant de La Stampa à Moscou et ancien parlementaire européen.

     

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    " La crise globale dans laquelle est plongée l'Occident est à la fois économique, financière, écologique, morale et politique. Le leadership des Etats-Unis est de plus en plus contesté et l'Union européenne est dans la tourmente. À ce stade, tout est bon pour éviter de dire la vérité : Oui, le système occidental est moribond et son effondrement est proche. Et quand un pouvoir est fragilisé, il cherche un responsable à désigner à son peuple, un ennemi vers qui détourner une colère qui pourrait, sans cela, s'abattre sur ses dirigeants. Ainsi, la Russie, de par son opposition systématique aux Etats-Unis depuis l'arrivée de Vladimir Poutine à la tête du Kremlin, a été choisie pour tenir le rôle de bouc émissaire : La guerre en Ukraine, les sanctions économiques, la négation du rôle des russes dans la victoire contre le nazisme, la diabolisation quasi-systématique de la part des médias occidentaux ; tout confirme que c est bien cette option qui a été prise. Pourtant, les choses changent. L'intervention de la Russie contre l'expansion de l'Etat islamique et la dénonciation des rôles ambiguës de l'Arabie Saoudite, du Qatar ou de la Turquie ont pris de cours la diplomatie occidentale et l'ont conduite à accentuer la propagande anti-russe. Mais l'opinion mondiale est de moins en moins disposée à céder à cette « russophobie ». De nombreux pays dans le monde commencent à se détourner des américains et des européens pour se tourner vers les russes. Car il apparaît de plus en plus que la Russie pourrait être la seule puissance capable de faire dévier de la catastrophe finale le train fou de la mondialisation. "

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  • La géographie sacrée d'Alexandre Douguine...

    Nous reproduisons ci-dessous une bonne présentation de la pensée géopolitique d'Alexandre Douguine, publiée par Bertrand Garandeau sur le site Philitt.

    Théoricien politique et géopoliticien, nourri par les penseurs de la Révolution conservatrice des années 30 ainsi que par les idées des nouvelles droites européennes, Alexandre Douguine, qui est la figure principale du mouvement eurasiste, passe pour exercer son influence jusque dans les cercles du pouvoir russe. Pour découvrir de façon plus approfondie ses idées, on pourra se reporter à L'appel de l'Eurasie (Avatar, 2013), le texte d'une longue conversation entre lui et Alain de Benoist, mais également à deux de ses œuvres traduites en français, La Quatrième théorie politique (Ars Magna, 2012) et Pour une théorie du monde multipolaire (Ars Magna, 2013).

     

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    La géographie sacrée de Douguine : la Russie au cœur de la tradition

    Régulièrement sous le feu des projecteurs pour sa supposée influence sur le Kremlin, Alexandre Douguine a repris et développé le concept géopolitique d’Eurasie. À travers cette notion, il prône le recours à la géographie sacrée et à la tradition dans la géopolitique contemporaine.

    Pour Douguine, la géopolitique n’est pas une science comme les autres. Si l’alchimie et la magie ont disparu au profit de leurs formes modernes et séculières que sont la chimie et la physique, la géographie sacrée des Anciens reste vivante à travers la géopolitique. Rappelant la théorie du Heartland du géopoliticien britannique Mackinder, Douguine fait de l’Eurasie la pièce maîtresse de la géographie sacrée. Avec la Russie en son centre, l’Eurasie incarnerait le dernier bastion de la tradition dans l’hémisphère nord, seul capable de lutter efficacement contre la modernité.

    Le penseur russe prétend que la géographie façonne les idéologies, les cultures et les religions. Les civilisations des plaines, des steppes ou des déserts, propices à l’expansion et à la conquête, diffèrent par exemple des civilisations des montagnes et des forêts, lesquelles sont plus enclines à conserver les traditions des peuples. Douguine défend également la pertinence de l’opposition traditionnelle thalassocratie – tellurocratie, utilisée pour qualifier deux types distincts de puissances. Celles qui dominent par la maîtrise de la mer et celles qui dominent par la maîtrise de la terre, étant précisé que ces modes de domination ne seraient pas anodins sur le plan idéologique.

    Selon Douguine, la tellurocratie incarnerait la stabilité, la pesanteur, la fixité et le politique, tandis que la thalassocratie promouvrait la mobilité, la fluidité, la dynamique et l’économie. Alors que les empires terrestres, souvent militaires, seraient de forme tellurocratique, les empires coloniaux, plus commerciaux, seraient davantage thalassocratiques. Cependant, le géopoliticien remarque que cette typologie ne se résume pas à une simple opposition eau/terre et à un déterminisme géographique strict. Il existerait ainsi des terres maritimes (les îles) et des eaux terrestres (les fleuves et les mers intérieurs). De même, Douguine remarque que la géopolitique japonaise est de type tellurocratique malgré son caractère insulaire, tandis qu’il voit dans la puissance du continent nord américain une thalassocratie qui repose sur le dynamisme de ses interfaces maritimes et commerciales. En appliquant cette grille de lecture, le penseur russe considère que l’Eurasie, continent terrestre allant de l’Europe à l’Asie et dont le centre de gravité se situe en Russie, pourrait constituer le modèle tellurocratique opposé aux atlantistes États-Unis d’Amérique.

    Géographie sacrée et religions

    Dépassant le strict cadre de la géographie, ce dualisme se retrouverait au sein des systèmes religieux. Les valeurs de la terre transposées au religieux se manifesteraient par la profondeur, la tradition, la contemplation et le mysticisme. Le principe atlantiste serait au contraire plus superficiel et matérialiste, accordant la primauté au rite, à l’organisation de la vie quotidienne et pouvant aller jusqu’à méconnaître la part de divin dans l’homme. Douguine voit ainsi dans l’orthodoxie l’aspect terrestre du christianisme, tandis que le catholicisme et le protestantisme en constitueraient la face atlantiste. De même, au sein de l’islam, le principe terrestre se retrouverait davantage dans certaines branches du chiisme et dans le soufisme. Au contraire, le salafisme et le wahhabisme seraient davantage atlantistes par l’importance accordée au rite et par leur dogmatisme religieux désireux d’éradiquer les spiritualités traditionnelles des peuples convertis. Face au protestantisme américain et au salafisme saoudien, dont Douguine fait remarquer les alliances géopolitiques depuis 1945, le monde russe réunit au contraire des religions de type tellurique avec l’orthodoxie russe mais aussi l’islam caucasien et d’Asie centrale.

    Quant au judaïsme, non seulement il n’échapperait pas à cette opposition interne, mais celle-ci se retrouverait aussi dans les formes séculières de la pensée juive. Douguine analyse les branches mystiques du judaïsme (hassidisme, sabbataïsme, kabbalisme) comme l’expression de l’aspect terrestre de cette religion. Au contraire, le talmudisme en représenterait l’aspect atlantiste notamment par l’accent mis sur la rigueur dogmatique et le rationalisme. Par ailleurs, rappelant l’influence du messianisme juif sur le développement du marxisme et du bolchevisme, Douguine voit dans ces derniers des formes séculières du judaïsme terrestre. Au contraire, le judaïsme atlantiste sécularisé aurait contribué à l’essor du capitalisme et de l’esprit bourgeois. Le géopoliticien russe voit dans cette tension interne au judaïsme l’explication d’un récurrent « antisémitisme juif ». Les propos de Karl Marx, affirmant notamment que l’argent serait le Dieu profane du judaïsme (La question juive), seraient l’incarnation empirique du juif mystique s’attaquant au juif talmudiste, soit une émanation de la tradition contre une forme de la modernité.

    Actualisation de l’éternelle lutte entre tellurocratie et thalassocratie, mais aussi fondement sous-jacent de la guerre entre tradition et modernité, l’opposition entre eurasisme et atlantisme ne résume pas la vision de la géographie sacrée selon Alexandre Douguine. Celui-ci s’appuie également sur les dualismes Orient – Occident et Nord – Sud. Pour le chantre de l’eurasisme, l’Orient incarne l’archaïsme, la tradition et la primauté du supra-individuel sur l’individu. L’Occident représente au contraire le progrès matériel, la modernité et l’individualisme. Fidèle aux représentations géographiques de nombreuses traditions (biblique, égyptienne, iranienne ou encore chinoise), cette opposition est également corroborée par les représentations contemporaines fréquentes du « monde occidental » et de l’Orient. Cependant, dans la géographie sacrée, ce sont les valeurs orientales qui sont supérieures aux valeurs occidentales. On peut observer l’exact inverse dans la géopolitique moderne pour laquelle les valeurs occidentales de la démocratie libérale et des individualistes droits de l’homme associées à une stricte économie de marché sont érigées en modèle.

    La tradition du Nord

    Aux yeux de Douguine, le couple Orient – Occident ne serait cependant qu’une transposition horizontale tardive du couple géographique primordial opposant le Nord au Sud. Terre divine par excellence, le Nord serait la terre de l’esprit et de l’être. S’il refuse l’idée d’un Nord purement objectif qui désignerait uniquement un pôle géographique, le philosophe russe écarte toutefois la définition d’un Nord réduit à une idée. Certes, la tradition primordiale serait issue du nord géographique, mais cette époque serait révolue. L’homme du Nord, presque divin, aurait aujourd’hui disparu en tant que tel mais serait toujours présent de façon diffuse et dans des proportions variables au sein de tous les peuples. Il en est de même de l’homme du Sud, celui-ci incarnant la tendance au matérialisme et à l’idolâtrie. Si l’homme du Sud vénère le cosmos, souvent sous la forme de la Terre – Mère, il ne l’appréhende que par son instinct et se montre incapable d’en saisir la part spirituelle. Ces deux types d’homme ne s’opposeraient plus aujourd’hui frontalement mais à l’intérieur même des peuples et des civilisations. En aucun cas, cette opposition ne peut être comparée à un combat manichéen du bien contre le mal. Le Nord et le Sud sont complémentaires, le premier s’incarnant dans le second. Néanmoins, Douguine estime que le respect de l’ordre divin nécessite la supériorité du principe spirituel du Nord sur le principe matériel du Sud.

    Bien que l’opposition entre le Nord et le Sud prime pour lui sur celle entre l’Est et l’Ouest, le stratège russe remarque que le premier couple prend une coloration différente selon les transpositions géographiques qui s’opèrent. Diverses combinaisons peuvent être formées par la spiritualité du Nord, le matérialisme du Sud, le holisme de l’Est et l’individualisme de l’Ouest. Douguine établit ainsi que les valeurs sacrées du Nord sont conservées stérilement par le Sud, mises en valeur par l’Est et fragmentées par l’Ouest. Quant aux valeurs du Sud, selon leur milieu d’immersion elles opacifient l’esprit du Nord, transforment le holisme oriental en négation pure de l’individu, et génèrent un matérialisme individualiste en Occident. C’est sous cette dernière forme que la modernité occidentale apparaît aux yeux du philosophe eurasiste. Fruit de la combinaison la plus négative de la géographie sacrée, la réussite supposée des pays occidentaux pourtant essentiellement situés au nord géographique prône des valeurs opposées à la tradition. Cette inversion des pôles constituerait une caractéristique de l’âge sombre, ou Kali Yuga, dans lequel le monde se trouverait aujourd’hui.

    Néanmoins, Alexandre Douguine ne considère pas que le salut doive venir du Sud. Stérile par essence, celui-ci serait uniquement apte à conserver des fragments de tradition nordiste que le mystique russe perçoit dans le monde islamique, dans l’Inde hindouiste, voire dans la Chine malgré sa conversion partielle à la modernité. Le salut viendrait donc de l’alliance entre ce sud conservateur et les îlots de tradition authentique encore présent au nord, et particulièrement au nord-est. Douguine situe donc dans le monde russe le cœur actuel de la tradition et de la lutte contre la modernité. Incluant la Russie mais également ses diverses périphéries, le monde russe réunirait des qualités géographiques (être situé au nord-est au sens de la géographie sacrée), religieuses (orthodoxie, islam eurasiste, judaïsme russe) et les caractéristiques d’une puissance tellurique qui lui permettraient de jouer un rôle déterminant dans la lutte contre la modernité atlantiste, occidentale et opposée à l’esprit du Nord.

    Bertrand Garandeau (Philitt, 12 octobre 2016)

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  • La revue de presse d'un esprit libre... (19)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    SUÈDE
     
    En Suède un miracle n'arrive jamais seul, la preuve. Non content d'avoir été élu pays d'accueil privilégié des "réfugiés", l'arrivée massive de ces derniers aurait permis un boom économique. Pensez donc, 4,5 % de croissance du PIB au dernier trimestre de l'année 2015 ! De quoi faire pâlir les "économistes" chinois. À quoi serait due cette "croissance" surprenante dans une Europe en proie à la léthargie et où l'Allemagne avec un taux annuel de 1,6 % fait figure de locomotive ? D'après une abondante cabale d'experts, à l'immigration. Oui, vous ne rêvez pas. Ce qui est vrai en un sens, défavorable aux Suédois, car le gouvernement  a beaucoup dépensé pour l'installation de ses hôtes : logements, écoles, allocations, fonctionnaires supplémentaires. Ce qui permet à L'Humanité, quotidien du Parti Communiste Français, ou des rogatons qu'il en reste, de justifier cette politique généreuse d'accueil des migrants et de vanter les exigences de la CGT en la matière. Le mythe de l'avenir radieux n'a pas pris une ride. Après le génial Staline, c'est l'immigration salvatrice qui nous promet des lendemains qui chantent. Singulière position d'un parti autrefois défenseur des salariés et qui, aujourd'hui, adhère sans recul à la plus pure doctrine libérale, au point de rabâcher ses âneries. En effet, la principale insuffisance du PIB est de ne pas faire la différence entre une nuisance et un richesse. Ainsi les catastrophes naturelles ou l'augmentation du nombre des accidents de voitures font grimper automatiquement ce taux. Si l'on suivait le raisonnement de L'Humanité, suivant en cela de nombreux experts rémunérés par le Capital, une Suède peuplée de millions de "réfugiés" supplémentaires connaitrait un taux de croissance de son PIB mirifique. Mais l'on constate que le gouvernement du pays "le plus généreux d'Europe" n'a pas cru devoir poursuivre l'expérience puisque, la mort dans l'âme, il a annoncé cette année la fin de l'immigration et un contrôle drastique  de ses frontières. Et du même coup sans doute la fin de la croissance miraculeuse reconnaissant par là les imperfections du mirobolant indicateur censé la mesurer. Gageons que le prolétariat local ne doit pas être marri de cette décision :
     
     

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    SYRIE / RUSSIE 
     
    Le point de vue de Caroline Galactéros. Tout d'abord avec un article du 11 septembre 2016 sur les alliances nouées sur le terrain proche-oriental et surtout celle qui lie désormais la Russie et la Turquie, pure alliance de circonstance selon elle (première référence). Dans une seconde chronique, percutante mais aussi accablante pour notre calamiteuse politique vis-à-vis de la Syrie et de l'action qu'y mène la Russie, elle montre comment la France s'est trompée en s'engouffrant dans un alignement crédule et irénique sur la stratégie du chaos voulue par la puissance américaine au dépens de la sécurité de nos concitoyens. Elle ne mâche pas ses mots pour qualifier notre diplomatie du contresens qui, planquée derrière les jérémiades vertueuses de Fabius et d'Ayrault, s'avère incompétente et finalement humiliante pour notre pays, humiliante car elle risque de jeter le destin de la France aux mains d'imprévisibles politiciens étatsuniens. :
     
     
     
    Bruno Guigue quant à lui insiste sur le pathétique d'un président (Hollande), sponsor des terroristes sunnites au Proche-orient, menaçant de ses rodomontades celui qui les combat (Poutine). Déférer le président russe devant la Cour pénale internationale pour crime de guerre, rien que ça ! Monsieur "petites blagues" a, c'est évident, réussi la meilleure de l'année dans le registre de l'esbroufe et ceci au mépris d'une diplomatie qui fut, jusqu'en 2003, dotée d'un certain panache et qui sombre dorénavant dans le ridicule en mettant son crétinisme au service des États-Unis. Quand le propos politique se réfugie dans l'incantation moralisatrice, il ne fait qu'exprimer sa triste impuissance et comme l'aurait dit un ancien ministre des affaires étrangères "le décrochage de la France est maintenant indéniable".  :
     
     
    Hadrien Desuin, expert en géo-stratégie, délivre un message semblable à propos des hésitations et du couac final de la "diplomatie" hollandaise vis à vis de la Russie. Au fond, écrit-il, "Cet homme n'aime pas ce pour quoi il a été élu : décider et choisir. Il laisse la décision à Vladimir Poutine. Et Vladimir Poutine de lui répondre moqueur : je viendrai quand François Hollande sera prêt". Nouvelle rebuffade pour Hollande, mais c'est pourtant peu dire que d'avouer que la France doit parler à la Russie pour exister sur la scène internationale, mais que Moscou n'a pas besoin de Paris pour compter dans le monde :
     
     
    Un son de cloche bien différent que celui que l'on nous serine à longueur de journée à propos d'Alep-est et de ses fameux "casques blancs", secouristes humanistes qui sauvent des vies au mépris de la leur. Une imposture de plus au service du bloc occidental :
     
     
    Sur la généalogie de ces pseudo "casques blancs" on se reportera à la fiche publiée par le site suisse Arrêt sur info :
     
     
    Dans un entretien donné à Figaro vox le 29 septembre concernant le sort d'Alep, le géographe Fabrice Balanche se refuse à emboîter le pas au story telling occidental. En effet il met en cause les médias où l'émotion l'emporte sur la réflexion et qui sur-réagissent aux bombardements russes, justifiant ainsi notre "irealpolitik". Il rappelle que les "rebelles modérés" qui envoûtent tant nos politiques sont une fiction, que les civils d'Alep-est sont maintenus prisonnier dans leur ville afin de servir aux troupes d'al-Qaîda de boucliers humains et que l'émoi provoqué dans l'opinion publique par cette situation est instrumentalisé par les bailleurs arabes de la rébellion syrienne, notamment l'Arabie saoudite et le Qatar salafistes auxquels nos chancelleries complices ne peuvent rien refuser : 
     
     
    Jean-Luc Mélenchon invité dans l'émission L'Épreuve de vérité  de Public Sénat  nous offre le réjouissant spectacle de journalistes criblés de rafales assassines. S'y révèle, une fois de plus, une doxa médiatique qui, bien qu'hégémonique, ne tient plus la route. Avec ses saillies oratoires et son art offensif de la dialectique, Mélenchon pratique une stratégie de rupture avec le discours mainstream. Son exécution du résident de la République est à cet égard exemplaire et les quelques minutes qu'il consacre au tout début de son intervention à l'affaire syrienne et à l'éviction dérisoire de la Russie de Poutine par notre diplomatie un morceau de premier choix :
     

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    ISRAËL
     
    Démystification. Quelques vérités à propos de Shimon Peres, honoré par l'Occident unanime et condamné par les Arabes pour d'évidentes raisons. On notera que les édiles européens célèbrent un homme et à travers lui un pays qui pratique une toute autre conception du "vivre ensemble" que celle à laquelle ils ont contraint leurs populations. La loi du double standard ne jouerait-elle qu'en faveur d'Israël ? :
     

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    HONGRIE
     
    Un article cueilli sur un site catholique nous apprend que Lazlo Foldi, ancien directeur des opérations des services  de renseignement hongrois, a déclaré sur Radio Kossuth que la crise des migrants qui assaillent l'Europe serait un opération mené par les autorités de Bruxelles avec le concours des médias mainstream et des ONG contre les États-nation du continent afin d'instaurer une Europe multiculturelle. Au delà d'une évidente défense de la politique migratoire des autorités hongroise, cette déclaration donne à réfléchir :
     

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    ÉTATS-UNIS
     
    Pascal Gauchon, rédacteur en chef de l'excellente revue de géopolitique Conflits présente son dernier hors-série devant la caméra de Boulevard Voltaire. Il est consacré aux visages de la puissance américaine. Sa conclusion : "Hillary Clinton, c'est George W. Bush avec une jupe".  Notons par ailleurs que l'actuel numéro (en kiosque) porte dur le thème "La Russie et nous" :
     
     
     
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  • La Russie et nous...

    Le nouveau numéro de la revue Conflits (n°11, octobre-novembre-décembre 2016), dirigée par Pascal Gauchon, vient de sortir en kiosque. Le dossier central est consacré aux relations entre la Russie et l'Europe.

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    Au sommaire de ce numéro :

    ÉCHOS

    ÉDITORIAL

    Retour au XIXe siècle, par Pascal Gauchon

    ACTUALITÉ

    ENTRETIEN

    Jean-François Colosimo. La Russie et l'ordre du monde

    PORTRAIT

    Justin Trudeau et le "rêve canadien", par Mathieu Bock-Côté

    ENJEUX

    Le Royaume-Uni reprend le large, par Hadrien Desuin

    ENJEUX

    Les jeunes contre le Brexit ?, par Helena Voulkovski

    ENJEUX

    Timor oriental. La Cendrillon de l'Asie du sud-est, par Tigrane Yégavian

    ENJEUX

    Pour suivre les élections américaines, par John Mackenzie

    MÉMOIRES CONFLITS

    Islam et islams malais, par Maxime Arquillière, Florent Clément et François Hiraux

    IDÉES

    De quoi la Realpolitik est-elle le nom ?, par Florian Louis

    GRANDE STRATÉGIE

    L'empire arabe : la grandeur fantasmée, par Pierre Royer

    GRANDE BATAILLE

    Hastings (14 octobre 1066). Quand l'Angleterre s'arrimait au continent, par Pierre Royer

    BOULE DE CRISTAL DE MARC DE CAFÉ

    Intellectuels maoïstes. Comment leur dire merci ?, par Jean-Baptiste Noé

    BIBLIOTHÈQUE GÉOPOLITIQUE

    John J. Mearsheimer : un réaliste offensif, par Gérard Chaliand

    CHRONIQUES

    LIVRES/REVUES/INTERNET /CINÉMA

    GÉOPO-TOURISME

    Saint-Pétersbourg, ex-capitale, par Thierry Buron

     

    DOSSIER : La Russie et nous

    Le Russie et nous, par Pascal Gauchon

    Bruxelles et Moscou, deux grammaires de puissances, par Florent Parmentier

    Europe : 28 représentations de la Russie, par Pascal Marchand

    Europe/Russie. Les sujets qui fâchent, par Tigrane Yégavian

    Du panslavisme à la diplomatie énergétique, par Alexandre Moustafa

    L'Europe aux portes de Saint-Pétersbourg, par Eric Mousson-Lestang

    Bouclier anti-missile : le grand jeu nucléaire relancé, par Hadrien Desuin

    Qui gagne aux sanctions ?, par Pascal Marchand

    Indépendance énergétique : le dilemme européen, par Alexandre Latsa

    Le meilleur allié de la Russie ? Le Saint-Siège !, par Jean-Baptiste Noé

    L'aigle bicéphale : symbole géopolitique de la Russie, par Alexei Soloviev

    Le soft power de la Russie, par Didier Giorgini

    ENTRETIEN

    Thomas Gaumart : Russie, Chine, Etats-Unis. Qui est de trop ?, propos recueillis par Hadrien Desuin

    L'HISTOIRE MOT À MOT

    Churchill à propos de l'URSS, par Pierre Royer

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  • Syrie : un martyre sans fin

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur son blog Bouger les lignes et consacré à la guerre de Syrie. Docteur en science politique et dirigeante d'une société de conseil, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et publie régulièrement ses analyses sur le site du Point.

     

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    Un quartier de Damas en ruines

     

    Syrie : un martyre sans fin

    Le storytelling fait rage depuis 2011 en Syrie. Il brouille les sens et l'entendement. Les Bons et les Méchants sont là, devant nous, Blancs et Noirs, chacun dans leur boîte, crimes de guerre et atrocités contre « rebellitude » armée, sur les victimes de laquelle on s'attarde beaucoup moins, surtout à l'OSDH (Observatoire syrien des droits de l'homme, une ONG basée à Londres)… Le jusqu'au-boutisme des uns et des autres tend l'affrontement vers son paroxysme et semble rendre toute évolution politique pragmatique impossible. Chacun pense encore, du fond de son tunnel mental, pouvoir venir à bout de l'adversaire en faisant assaut de sauvagerie et de résilience. En menant une guerre d'usure de l'horreur et de l'absurdité. L'enchaînement cynique des provocations et des représailles paraît sans fin.

    Il est très difficile de continuer à raisonner politiquement devant un tel désastre humain, de ne pas s'abandonner à l'écœurement devant les images insoutenables. Difficile de ne pas juste s'insurger contre ce régime, et contre lui seul, qui résiste si brutalement à l'anéantissement, aux dépens d'une partie de son peuple, pour le sortir des griffes des islamistes ultra-radicaux que l'on nous présente inlassablement comme des rebelles démocrates. Alors, au risque de paraître insensible et précisément au nom de toutes ces victimes innocentes, il faut malgré tout renvoyer à l'enchaînement du drame et faire apparaître sous les gravats les inspirateurs sinistres d'une telle déconstruction humaine et nationale. Car les acteurs locaux de ce carnage planifié, que ce soit le régime syrien ou les innombrables mouvements islamistes qui ont fondu sur le pays depuis 2011, demeurent largement des marionnettes – actionnées avec une habileté fluctuante. Et il est devient chaque jour plus indécent de feindre de croire que ces poupées de chiffon enragées décideront seules du sort du conflit.

    Un cessez-le-feu mort-né

    La simili-trêve signée à Genève par messieurs Kerry et Lavrov le 9 septembre dernier a volé en éclats. Évidemment. L'administration Obama et les faucons « libéraux » qui l'environnent paraissent en effet de plus en plus tentés d'en finir avec Assad pour gonfler le bilan du président sortant. Quant à la Russie, elle n'a pas d'alternative à la sécurisation d'une « Syrie utile » la plus élargie possible, qui lui assure la part du lion d'un règlement politique ultime. Alors on joue à se faire peur, de plus en plus peur. Moscou accuse Washington d'avoir pavé la voie à une contre-offensive de l'organisation État islamique à Deir ez-Zor (est du pays) en bombardant les forces du régime, tuant plus de 80 militaires syriens. Washington accuse les forces syriennes et russes (incriminant tour à tour la chasse syrienne, puis les hélicoptères russes et enfin des Sukhoï Su-24 qui auraient frappé le convoi deux heures durant) d'avoir bombardé un convoi humanitaire aux portes d'Alep assiégée. Impossible de savoir ce qu'il en est réellement. On peut juste constater que les dommages sur les camions semblent avoir été causés par le feu et par des obus, sans grosse frappe directe ; se souvenir que les rebelles ont rejeté le cessez-le-feu depuis son entrée en vigueur officielle, manifesté contre l'acheminement d'aide humanitaire au profit des populations qu'ils retiennent sous leur contrôle à l'est de la ville, et avaient même accusé l'ONU de partialité. Quel intérêt les forces syriennes auraient-elles eu à attaquer, dans une atmosphère hautement inflammable, un convoi du Croissant rouge islamique avec lequel elles sont en bons termes et dont elles savaient qu'il ne transportait pas de contrebande ?

    Quoi qu'il en soit, le cessez-le-feu était de toute façon mort-né comme les précédents. Moscou ne pouvait réellement souhaiter la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne qui aurait cloué au sol l'aviation syrienne à l'orée de reconquêtes décisives. Surtout Washington, contrevenant aux termes de l'accord du 9 septembre, n'avait nullement l'intention de pousser ses alliés islamistes « rebelles » à se séparer des plus radicaux d'entre eux, le Front al-Nosra (Al-Qaïda) rebaptisé Fateh al-Sham. Logique d'ailleurs, puisqu'ils se servent depuis des années de ces groupuscules pour déstabiliser le régime. Enfin, les États-Unis auraient tout récemment déployé, sans le moindre accord ou consultation du régime de Damas, des forces spéciales et matériels divers dans sept bases militaires au nord-est de la Syrie (là où se trouvent des forces kurdes)... Une préparation dans la perspective d'une offensive générale sur Mossoul ou sur Raqqa, ou simplement dans celle d'un engagement plus décisif encore aux côtés des rebelles et des Kurdes contre les forces du régime syrien ? Bref, la pression monte, à Washington, pour un coup d'éclat, une salve de martialité sur les décombres d'un grand État laïque sciemment livré à une régression antédiluvienne, un fantasme punitif, une rapacité chronique. Tandis que la « coalition » se hâte lentement en Irak vers la reprise de Mossoul, mais doit encore gérer l'indocilité grandissante des Kurdes locaux jaloux de leur autonomie et de leur pétrole, et des milices chiites peu contrôlables qu'elle craint d'armer, on feint encore, en Syrie, de vouloir éradiquer Daech tout en laissant agir ses avatars islamistes les plus forcenés. Tout n'est que jeux d'ombres et de dupes.

    Une guerre d'intimidation

    Au-delà de cet imbroglio sanglant de plus en plus difficilement lisible, il est clair que le sort des Syriens et de leur splendide pays, partiellement réduit en cendres, est le cadet des soucis des protagonistes principaux qui se toisent et s'affrontent à ses dépens, et qui ont non seulement des intérêts divergents, mais des conceptions radicalement opposées de ce que peut et doit être son avenir.

    Les Américains voient en fait, dans les soi-disant « rebelles », des supplétifs commodes à un engagement au sol auquel ils se refusent. Des « terroristes » peut-être, mais surtout des islamistes sunnites anti Assad qui peuvent encore lui ravir le pouvoir et instaurer un équilibre local favorable à leurs intérêts face à l'Iran, et en lien avec la Turquie et l'Arabie saoudite qui demeurent des alliés de fond et de poids pour l'Amérique. À leurs yeux, le terrorisme n'est rien d'autre que l'arme d'un chantage politique s'exerçant contre Damas, mais visant aussi Moscou et Téhéran…

    Quant à la Russie, tout l'art de Vladimir Poutine consiste à s'engager suffisamment pour consolider son influence régionale et conserver sa base au Moyen-Orient, sans s'enliser ni devoir entrer dans une confrontation ouverte aérienne avec Washington dont il a de fortes chances de sortir humilié. Dans cette « guerre des perceptions », chaque capitale doit intimider, irriter, faire douter l'Autre, tout en contrôlant le cycle provocations-représailles pour éviter une « sortie de route » difficilement maîtrisable donc aucun ne souhaite encourir les conséquences. On frôle donc quotidiennement la catastrophe dans les airs, entre chasseurs des deux camps, tandis qu'au sol pullulent les missiles américains TOW livrés aux rebelles par les Saoudiens et les S-400 russes basés à Hmeimim… Depuis le chasseur russe abattu fin 2015 par la chasse turque (dûment renseignée sur le plan de vol des Sukhoï et probablement préparée à cette « mission »), et surtout depuis le bombardement russe, le 16 juin dernier, d'une base d'islamistes aux frontières jordaniennes, attaque jugée « hautement provocatrice » par Washington, la montée des tensions devient inquiétante. Et les pressions politiques à Washington pour en finir militairement avec Assad peuvent faire craindre une opération éclair US ouvrant sur une possible « montée aux extrêmes ». Pourrait-on alors tempérer les réactions d'un Kremlin acculé et humilié ? Moscou vient d'annoncer le déploiement prochain de son porte-avions amiral Kouznetzov au large de la Syrie. Une façon d'exprimer son exaspération croissante ? Sa détermination ? Ou de manifester une nouvelle « ligne rouge » ? L'issue de la bataille d'Alep sera géopolitiquement cruciale, au-delà même du martyre de sa population.

    Une tragédie où l'Occident tient le pire rôle

    La France, elle, parle de crimes de guerre (peut-être à raison) et, fort martialement, dit : « Ça suffit ! » À qui parle-t-elle ? Au régime ? Aux rebelles ? À Moscou ? Même en guise d'écho docile au discours américain, c'est un peu court. C'est d'un cynisme fou surtout, quand on songe à la politique de déstabilisation et de soutien aux islamistes soi-disant démocrates choisie par Paris dès le début de la crise syrienne, au nom de la nécessité d'en finir avec le régime honni et récalcitrant d'Assad. Mais, Dieu merci, notre influence sur le Grand jeu ne s'est exercée qu'à la marge. Même nos alliés américains nous ont lâchés en 2013, sur le point de lancer la curée, au prétexte de l'emploi d'armes chimiques par le régime qui n'a jamais été avéré. Mais les choses auraient, paraît-il, changé et nous serions désormais d'humeur plus lucide et pragmatique. La diplomatie française aurait enfin fait son aggiornamento et pris conscience de la réalité du monde, de certains faits, de son humiliante marginalisation sur la scène mondiale à force de mauvais calculs et de dogmatisme entêté, et en dépit de la valeur et de la compétence de ses armées dont l'excellence l'aurait trop longtemps dispensée d'une vision stratégique véritable. Cette mutation salutaire est encore loin de sauter aux yeux... Et le temps passe.

    Le plus tragique est peut-être que, nous (l'Occident) n'avons pas le beau rôle dans cette sombre affaire, mais le pire : celui de fossoyeurs naïfs d'États laïques complexes, certes répressifs et inégalitaires, mais aussi protecteurs d'une diversité religieuse et communautaire précieuse. Peut-être, en France, notre inhibition face à notre propre édifice régalien, notre engloutissement consenti dans le communautarisme, le renoncement à notre histoire et à notre avenir en tant que puissance structurée, inclusive et protectrice, n'y sont-ils pas pour rien.

    Caroline Galactéros (Bouger les lignes, 27 septembre 2016)

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  • Comment peut-on être « pro-russe » ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bruno Guigue, cueilli sur le site suisse Arrêt sur Info et consacré à la propagande russophobe en Occident. Ancien élève de l'Ecole normale supérieure et de l'ENA, Bruno Guigue, après avoir été haut-fonctionnaire, enseigne désormais en faculté.

     

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    Comment peut-on être « pro-russe » ?

    Comme si elle avait les vertus d’un exorcisme incantatoire, une véritable litanie inonde les médias occidentaux. La Russie, dit-on, est une menace pour l’Occident, un péril mortel pour ses intérêts, un ferment corrosif pour ses valeurs. Insensible à la diplomatie, cette puissance aux allures de brute épaisse ne comprend que la force. Hermétique à la négociation, elle est totalement imperméable au code de conduite des nations civilisées. Il faut regarder la réalité en face, et cesser de croire que la Russie a changé, qu’elle n’est pas la réplique d’une URSS dont elle charrie le sinistre héritage. Si l’on veut s’opposer aux ambitions effrénées de l’ogre russe, inutile d’y aller par quatre chemins : il faut réarmer au plus vite et se préparer au pire.

    Résumé bêtifiant de tous les lieux communs de l’atlantisme vulgaire, ce discours belliciste n’est pas qu’un discours. Il y a aussi des actes, et ils sont lourds de signification. Les USA ont installé chez leurs vassaux d’Europe orientale un bouclier antimissile qui fait peser sur Moscou la menace d’une première frappe et rend caduc tout accord de désarmement nucléaire. L’OTAN multiplie les manœuvres conjointes aux frontières occidentales de la Fédération de Russie, de la Mer Baltique à la Mer Noire. Colossal, le budget militaire US représente la moitié des dépenses militaires mondiales. En pleine expansion, il équivaut à neuf fois celui de la Russie. A l’évidence, l’essentiel des dépenses nouvelles vise à développer une capacité de projection des forces à l’extérieur, et non à défendre des frontières que personne ne menace.

    Dans un monde régi par un minimum de rationalité, ces réalités géostratégiques devraient suffire à couvrir de ridicule les gogos de droite et de gauche qui avalent la propagande antirusse comme on boit du petit lait. Mais les idées les plus stupides ont la vie dure, et il y a encore des semi-habiles pour croire que la Russie est une puissance impérialiste au même titre que les Etats-Unis d’Amérique. Si l’impérialisme désigne l’attitude consistant pour une grande puissance à imposer de gré ou de force son hégémonie à d’autres puissances, on se demande en quoi la politique russe relève de cette catégorie. Où sont les Etats envahis ou menacés par la Russie ?

    L’Ukraine est en proie à une crise intérieure gravissime consécutive au coup d’Etat qui a porté au pouvoir une clique ultra-nationaliste dont la politique n’a cessé d’humilier la population russophone des régions orientales. C’est cette provocation délibérée des autorités usurpatrices de Kiev, soutenues par des groupes néo-nazis, qui a poussé les patriotes du Donbass à la résistance et à la sécession. Mais aucun char russe ne foule le territoire ukrainien, et Moscou a toujours privilégié une solution négociée de type fédéral pour son grand voisin. En témoignent les accords de Minsk I et II, qui ont été bafoués par le gouvernement ukrainien, et non par celui de la Russie. Aujourd’hui, la seule armée qui tue des Ukrainiens est celle de Kiev, cyniquement portée à bout de bras par les puissances occidentales pour intimider Moscou. Dans toute cette région, c’est l’Occident qui défie outrageusement la Russie à ses frontières, et non l’inverse. Que dirait-on à Washington si Moscou menait des manœuvres militaires conjointes avec le Mexique et le Canada, et encourageait à coups de millions de roubles la déstabilisation de l’Amérique du Nord ?

    Que le terme d’impérialisme s’applique à la politique US, en revanche, ne fait pas l’ombre d’un doute. Elle est d’ailleurs revendiquée par Hillary Clinton qui vient de rappeler que les USA sont « la nation indispensable du monde », un « pays exceptionnel, champion inégalé de la liberté et de la paix », qui montre le chemin à ces peuplades innombrables qui n’ont pas le bonheur d’être américaines, mais qui savent se montrer reconnaissantes à l’égard de leur sauveur à la bannière étoilée. « Les peuples du monde nous regardent et nous suivent. C’est une lourde responsabilité. Les décisions que nous prenons, ou que nous ne prenons pas, affectent des millions de vies. L’Amérique doit montrer le chemin », proclame la candidate démocrate. On imagine la teneur des commentaires si M. Poutine avait affirmé urbi et orbi que la Russie doit guider le monde et sauver l’humanité. Mais c’est l’Amérique, et elle a une « destinée manifeste ». Investie d’une mission civilisatrice à vocation planétaire, l’Amérique est le « nouvel Israël », apportant la lumière aux nations confites d’émotion et saisies d’admiration devant tant de bonté.

    Pour le cas où l’enthousiasme des vassaux viendrait à mollir, toutefois, la présence de 725 bases militaires US à l’étranger devrait probablement suffire à y remédier et à entraîner malgré tout l’adhésion des populations récalcitrantes. 725 bases militaires : un chiffre froid et objectif qui donne un minimum de consistance matérielle à ce joli mot d’impérialisme dont abusent les amateurs en géopolitique lorsqu’ils l’attribuent à la Russie de Vladimir Poutine. Car la Russie, elle, n’a pas 725 bases militaires hors de ses frontières. Précisément, elle en a 2, ce qui fait une sacrée différence. La première base est au Kazhakstan, pays allié et limitrophe de la Russie, dont 40% de la population est russophone. La seconde est en Syrie, près de Lattaquié, installée en 2015 à la demande expresse d’un Etat souverain soumis à une tentative de déstabilisation pilotée depuis l’étranger.

    Il est amusant de constater que l’accusation d’impérialisme proférée contre la Russie est une ânerie partagée par ces officines de propagande quasi-officielles de l’OTAN que sont les médias français et par des groupuscules gauchistes qui ne sont décidément pas guéris des pustules de leur maladie infantile. Vieille répartition des tâches, au fond, dont il y a d’autres exemples. Ce sont les mêmes groupes qui s’imaginent défendre la cause palestinienne tout en soutenant les mercenaires wahhabites en Syrie, lesquels servent surtout de piétaille à l’OTAN et de garde-frontière à l’entité sioniste. Mais demander à ces benêts de comprendre ce qui se passe au Moyen-Orient relève sans doute du vœu pieux, la réalité concrète ayant manifestement perdu à leurs yeux le privilège que Marx lui reconnaissait. « L’impérialisme russe », cette bouteille à l’encre d’un atlantisme presque séculaire, finira sans doute au cimetière des idées reçues, mais il se peut qu’elle continue un certain temps à empoisonner les esprits faibles.

    En attendant, c’est plus fort que lui, le « pro-Russe » n’en démord pas. Obstiné, il tient à ses chimères. Il croit par exemple que celui qui envahit des pays lointains est impérialiste, tandis que celui qui défend ses frontières ne l’est pas. Il pense que celui qui utilise les terroristes pour semer le chaos chez les autres est impérialiste, et non celui qui les combat à la demande d’un Etat allié. Il a la naïveté de penser que le respect de la loi internationale s’applique à tout le monde, et pas seulement aux pays faibles comme l’Irak, la Libye et la Syrie. Dans son incroyable candeur, il juge absurde le reproche fait à la Russie d’annexer la Crimée quand 95% de sa population le demande, alors même que ses accusateurs ont poussé le Kosovo à la sécession. Têtu pour de bon, le « pro-Russe » préfère un monde multipolaire à ce champ de ruines que la fureur néo-conservatrice d’une Hillary Clinton va continuer à répandre si le complexe militaro-industriel et le lobby sioniste réussissent, comme d’habitude, à imposer leur poulain à la tête de la première puissance militaire mondiale.

    Bruno Guigue (Arrêt sur info, 5 septembre 2016)

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