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puissance - Page 13

  • Géopolitique de l'Iran

    Directeur de recherches au CNRS, spécialiste de l'Iran, Bernard Hourcade nous livre avec son ouvrage intitulé Géopolitique de l'Iran, publié chez Armand Colin, une superbe leçon de Realpolitik, loin des discours convenus et larmoyants. Dans le monde multipolaire de demain, l'Iran, avec sa forte identité nationale, sera une puissance qui compte sur l'échiquier international... 

     

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    "L'Iran éternel, chiite, persan puis pétrolier a toujours affirmé sa forte identité entre les mondes arabe, turc, indien et européen. L'Iran du chah était " le gendarme du golfe Persique " face à l'URSS. La révolution islamique de 1979 a bouleversé le Moyen-Orient et l'ordre mondial en s'opposant aux Etats-Unis, à ses voisins arabes et à Israël. Aucun pays au monde n'a subi autant de conflits et de guerres sur ses frontières ni suscité autant d'hostilité. Avec ses ambitions nucléaires, l'Iran islamique est perçu comme un Etat terroriste et une menace. De façon paradoxale, la nouvelle société iranienne affirme sa volonté de participer au monde contemporain, sans renoncer à son héritage national et musulman. L'ancienne Perse serait-elle en train de se transformer en une puissance globale émergente ?"

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  • Pour une Europe forteresse !

    L'excellent site Europe solidaire, que nous avons déjà cité à plusieurs reprises, vient de mettre en ligne un texte important intitulé Pour une Europe forteresse et signé Jean-Paul Baquiast. Nous reproduisons ci-dessous son introduction. 

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    Une Europe forteresse ?

    par Jean-Paul Baquiast

    Le terme d'Europe Forteresse ou de Forteresse Europe est généralement utilisé par les Européens partisans du libre-échange pour stigmatiser (on stigmatise beaucoup en ce moment) des compatriotes égoïstes, aveugles aux nécessités et contraintes de la mondialisation, voulant s'enfermer sur eux-mêmes en espérant ainsi échapper à la compétition avec le reste du monde. Faut-il préciser cependant que beaucoup de ceux qui raillent le concept de Forteresse Europe sont généralement les représentants d'entrepreneurs pour qui le libre-échange signifie délocaliser dans les pays pauvres toutes les activités industrielles et de service européennes. Ils emploient dans des conditions indignes une main-d'oeuvre locale à $1 par jour, pour revenir en Europe écouler 10 à 30 fois plus cher les produits de leurs activités. Ils se gardent bien de réinvestir en Europe les bénéfices ainsi réalisés. Le plus souvent ils les mettent à l'abri dans des paradis fiscaux afin de spéculer sur l'énergie, les matières premières, les produits alimentaires et les dettes des Etats.

    Nous pensons pour notre part que redonner toute sa légitimité au concept de Forteresse Europe serait au contraire indispensable aujourd'hui, alors que les opinions publiques européennes ne se perçoivent pas encore comme appartenant à une puissance géopolitique spécifique, en compétition avec d'autres puissances disposant d'atouts pouvant être supérieurs aux siens. Seules des populations assiégées peuvent être sensibles à la nécessité de bâtir une forteresse leur permettant de résister. Malheureusement les Européens ne se considèrent pas encore comme assiégés. Pourtant ils le sont. Non pas d'abord par d'autres populations, mais par des forces politiques, économiques, environnementales contre lesquelles ils ne savent comment se défendre.

    Cette prise de conscience des dangers s'impose pour que les opinions acceptent les changements permettant à l'Europe de valoriser ses propres avantages et se renforcer. Devrait-elle le faire sur le mode de la forteresse passive, enfermée dans ses murailles et incapables de résister aux agressions par la mobilité et l'offensive ? Certainement pas. Plutôt qu'évoquer la ligne Maginot, nous préférerions rappeler le vieux souvenir des forteresses volantes américaines de la 2e guerre mondiale (Flying Fortress) qui étaient à la fois bien défendues et capables d'actions offensive très efficaces.

    Les bonnes âmes feront valoir une autre objection, s'inspirant de la morale. Si les Européens prétendaient se barricader derrière des murs, à partir desquels ils pourraient lancer des offensives leur permettant de se défendre sur un mode plus actif, ne feraient-ils pas preuve d'un égoïsme odieux, au regard de tous les peuples misérables? Admettons qu'effectivement, avec le concept de Forteresse Europe, sous-entendant le passage à ne véritable économie de guerre, comme nous le verrons, les Européens voudraient d'abord se protéger de ceux qui veulent les assujettir et s'emparer de ce qui leur reste de ressources. Ce ne serait pas en se laissant dépouiller de tout, en gardant portes et fenêtres grandes ouvertes, comme c'est le cas actuellement, qu'ils pourraient contribuer à la survie de l'humanité. Mais rien n'interdirait à l'Europe, si elle devenait capable de se protéger elle-même, d'adopter des causes plus universelles, en y apportant des moyens renouvelés. Ceci avait d'ailleurs été esquissé avant la crise actuelle en matière de protection de l'environnement, d'aide à la lutte contre la faim et la maladie, de soutien aux droits de l'homme.

    Pour bien faire comprendre le sens que nous souhaitons donner au concept de Forteresse Europe, il faudrait l'enrichir des propriétés dont notre groupe (voir Jean-Claude Empereur, Pour une vision géopolitique européenne) a par ailleurs proposé de doter l'Europe: une Europe puissante, indépendante, souveraine et solidaire (solidaire d'abord en interne mais aussi, dans la limite du possible, à l'international). Aucune de ses propriétés n'est incompatible avec ce que devrait être selon nous la Forteresse Europe. Le concept serait totalement compatible avec celui d'Europe-puissance, que nous avons souvent évoqué dans d'autres écrits et conférences. Les Européens sont les seuls au monde à se méfier de la puissance, sans doute du fait qu'ils se souviennent encore des conflits du 20e siècle découlant d'affrontement entre puissances. Aujourd'hui pourtant, outre la superpuissance américaine qui fait tout pour le rester, les grands Etats ne se cachent pas de vouloir devenir ou redevenir des puissances. C'est notamment le cas de la Chine, de l'Inde du Brésil et de la Russie. Ces Etats se comportent tous, ouvertement ou de facto, pour devenir des forteresses – en plaidant cependant pour le libre-échange et la non-intervention, c'est-à-dire pour que les autres Etats ne puissent se fortifier.

    Compte tenu de ce qui précède, la présente note vise à préciser pourquoi l'Europe, associée dans de nombreux domaines la Russie, devrait s'affirmer comme une Forteresse en termes géopolitiques. Elle propose ensuite un certain nombre de moyens pour y parvenir.

    Lire le texte complet :

    Pour une Europe forteresse I

    Pour une Europe forteresse II

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  • Guerre économique !

    La Guerre économique, c'est le titre de l'ouvrage que les Presses universitaires de France viennent de publier dans la collection "Que sais-je ?". Il est signé Eric Delbecque et Christian Harbulot. Ce dernier, tenant d'un patriotisme économique européen, fondateur de l'Ecole de guerre économique, est notamment l'auteur de La main invisible des puissances (Ellipses, 2007) et le coordonnateur de l'ouvrage collectif Les chemins de la puissance (Tatamis, 2007). 

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    "Depuis la fin de la guerre froide, les rapports de force entre les puissances s’articulent autour d’enjeux économiques. Les gouvernements de la planète, dans leur grande majorité, ne cherchent plus aujourd’hui à conquérir des terres ou à établir leur domination sur de nouvelles populations, mais à construire un potentiel industriel et une force de frappe commerciale capable d’apporter devises et emplois sur leur territoire. En parallèle, l’essor de la mondialisation a transformé la libre-concurrence « aimable », limitée et encadrée, en une « hypercompétition » généralisée.
    Quelles sont les raisons qui ont amené le monde vers cette guerre économique ? Sous quelles formes se manifeste-t-elle ? Quels acteurs fait-elle s’affronter ? Quelles conséquences peuvent en découler pour les nations, les collectivités, les organisations et les individus au XXIe siècle ? Et enfin, est-il possible d’inventer la « paix économique » ?
    Illustré par de nombreux exemples concrets de batailles économiques récentes, cet ouvrage propose une synthèse sur un concept né dans les années 1990 aux États-Unis, celui de « guerre économique ». Il propose une analyse des stratégies géoéconomiques actuelles."

     

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  • Pour une vision géopolitique européenne !

    Un texte intéressant de Jean-Claude Empereur, cueilli sur le site Europe solidaire.

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    Pour une vision géopolitique européenne

    L'approche géopolitique, c'est-à-dire l'analyse des rivalités de pouvoir ou d'influence sur des territoires, pour reprendre la définition d'Yves Lacoste, à qui l'on doit la renaissance de la pensée géopolitique en France, a longtemps été tabou en Europe, pour des raisons historiques et socio psychologiques. Il es temps que les Européens se débarrassent de cet handicap. Voici quelques propositions en ce sens.

    Le discours classique européen est encore loin d'avoir intégré cette dimension de la géopolitique. Il appartient donc aux mouvements d'avant–garde d'utiliser ce type d'analyse et d'en tirer parti pour décrypter les forces qui sont à l'œuvre dans le processus de mondialisation/globalisation auquel nous sommes confrontés et de créer les outils ou institutions capables de mener à bien cette refondation du discours européen traditionnel encore beaucoup trop imprégné d'économisme et de fonctionnalisme.

    Ceci est d'autant plus nécessaire qu'à la faveur de la crise, loin de profiter de l'occasion qui s'offrent à eux d'élaborer une doctrine qui leur soit propre, les Européens ne sont pas en mesure de forger une vision géopolitique commune du monde qui les entoure.

    Bien plus, on à le sentiment que depuis quelques mois  la crise grecque, sous couleur de divergences techniques sur la manière de gérer les problèmes de la dette des membres de l'Union, devient peu à peu le révélateur de divergences géopolitiques internes à l'Union, l'Allemagne tentant, à cette occasion, sous couvert de vertu financière et budgétaire, de retrouver ou à tout le moins de  s'assurer un nouveau leadership sur l'Europe. De telles tendances, si elles devaient se confirmer, conduiraient inévitablement à la dislocation de l'Union. Une fois de plus la responsabilité de la construction européenne revient à ce qu'il faut bien appeler le partenariat géopolitique Franco-Allemand.

    C'est la raison pour laquelle il n'est pas inutile d'observer de manière plus globale qu'on ne le fait aujourd'hui en se focalisant sur les problèmes de l'Euro ou de la « gouvernance » européenne ce concept flou qui nourrit les agendas des réunions de Bruxelles.

    1. Analyse


    La réunification de l'Europe est sur le point de s'achever, le monde multipolaire se construit, une crise économique d'une ampleur inégalée se développe et prend une dimension géopolitique.

    Dans une époque où la planète semble retrouver l'ordre naturel des choses, c'est-à-dire un monde multipolaire, théâtre  d'une compétition acharnée sur tous les plans, l'opinion européenne manifeste un certain désenchantement et s'interroge sur le sens à donner à son projet .Cette crise dont les aspects géopolitiques sont de plus en plus évidents, par le double phénomène de transition et de migration de puissance planétaire qu'elle engendre accroît encore ce sentiment de désarroi.

    Le moment est venu pour les Européens de saisir les incertitudes de la situation, d'en tirer partie pour, en affirmant solidarité puissance, indépendance et souveraineté, afficher leur volonté d'être parmi les acteurs majeurs du monde qui vient, non pas dans une perspective d'hégémonie ou d'affrontement mais au contraire d'ouverture, de partage et de solidarité face aux défis du nouveau siècle.

    Par rapport aux ambitions de ses fondateurs, le grand dessein  européen, même s'il reste encore d'une extraordinaire audace institutionnelle et politique, comme une grande exception historique, s'est affadi en s'inspirant, au fil des ans, de l'idéologie inconsciente  du « mercantilisme apolitique ». voire « impolitique » pour reprendre la terminologie chère à Julien Freund.

    Le discours politique européen s'est réfugié dans l'évitement sémantique, forme particulière d'un principe de précaution envahissant qui tend à annihiler toute vision novatrice dans un domaine où, pourtant, celle ci devrait s'imposer. C'est ainsi qu'au vocabulaire traditionnel des grands Etats, fondé sur les concepts naturels d'intérêts vitaux de puissance, d'indépendance et de souveraineté, s'est substitué le  langage désincarné  d'une technocratie compétente mais, par nature, politiquement irresponsable. Faute d'orientation  politique mobilisatrice et en vertu d'une conception trop étroitement économique et institutionnelle de la construction européenne,  des principes abstraits tels que ceux d'acquis communautaire, de subsidiarité, de codécision, de concurrence libre et non faussée, de bonne gouvernance etc.... se sont installés dans un  discours trop souvent incantatoire. Ces principes ne parlent ni à l'opinion ni aux peuples, ils ne peuvent que susciter la résignation voire l'hostilité et, la plupart du temps, l'incompréhension.

    Pour faire face à cette situation, s'imposent à l'Europe trois impératifs fondamentaux et trois priorités existentielles.

    2. Impératifs fondamentaux.


    Ces impératifs constituent le socle de l'Union Européenne. Il revient à celle-ci, par tous les moyens, dont elle dispose de :

    2.1. Provoquer entre les membres de l'Union et les candidats en instance d'intégration un très fort consensus sur :

       *  la capacité de définir un territoire construit et aménagé par des réseaux de transport et de communication et de  grandes infrastructures publiques, aux frontières stabilisées, aux contours  raisonnables, ne  faisant pas courir à l'Union de risques de conflits latents.

        *  la reconnaissance de l'existence d'une population unie dans la diversité, accueillante aux étrangers mais consciente de perspectives démographiques préoccupantes qu'il convient de corriger sans délai.

        *  la volonté impérative de se réapproprier une culture scientifique et technologique qui tend à lui échapper.

    2.2.
    Forger une vision géopolitique commune propre aux cinq cents millions d'Européens, destinée à faire face aux visées qu'ont nécessairement sur eux les autres grands acteurs du monde multipolaire et éventuellement à les contrecarrer si d'aventure celles-ci mettaient en cause les intérêts vitaux européens qu'il est, aujourd'hui, plus que jamais, urgent de définir et d'afficher. Cette vision commune doit, bien entendu, s'appuyer sur la maîtrise de ces voies et moyens traditionnels de la puissance que sont  l'énergie, la défense, la souveraineté technologique et alimentaire, l'industrie, la monnaie, la culture, les normes etc.

    2.3.
    Inventer  le concept nouveau de souveraineté européenne, entendu comme celui d'une souveraineté continentale. Celle-ci, loin d'annihiler la souveraineté des Etats membres, viendrait la compléter, la renforcer et la surplomber  sans l'étouffer, créant ainsi une sorte d' « effet de levier » géopolitique. Ce principe nouveau traduirait simplement le fait que, face aux souverainetés affirmées sans états d'âme par les autres acteurs du monde multipolaire, les Européens souhaitent rester maîtres chez eux tout en participant activement à ce nouveau « Concert Mondial »., concept mieux adapté aux réalités que celui du  « Nouvel Ordre Mondial », que tentent d'imposer les Etats-Unis avec de plus en plus de difficultés.

    3. Priorités existentielles.


    En même temps qu'elle rend plus impérieuse encore le caractère d'urgence des impératifs évoqués précédemment, la crise, par les contraintes économiques et financières qui l'amplifient,  offre à l'Europe une extraordinaire opportunité de fixer ce qu'il ne faut pas hésiter à appeler  des priorités  existentielles,  car elles touchent à l'essence même du projet européen. Sans le respect de ces priorités l'Europe se dissoudra dans un ensemble flou  dont la maîtrise lui échappera peu à peu.

    3.1. La première de ces priorités consiste à redéfinir puis à reconstruire un modèle de société européenne inconsidérément orienté et façonné par l'omnipotence et le dérèglement des marchés financiers, l'effacement de la puissance publique, le refus de la vision à long terme mais surtout sur une conception erronée des échanges internationaux, de la division internationale du travail et du développement. Cette conception repose ,en effet, sur la mise en compétition systématique, sous prétexte  de  mondialisation/globalisation, d'espaces économiques hétérogènes et démographiquement déséquilibrés entraînant les conséquences économiques, sociales et financières à long terme considérables  qui viennent de se dévoiler brutalement.

    3.2.
    La seconde priorité consiste à se libérer  de tous ces réseaux de dépendance de type « gullivériens » dans lesquels chaque jour un peu plus, l'Europe s'emprisonne, sans que l'opinion publique s'en aperçoive. Cela va  du contrôle de l'acheminement du gaz russe  à la gouvernance  d'Internet par un « ordinateur racine » situé aux Etats-Unis, en un lieu tenu secret, dont nous déclenchons, à notre insu, la vigilante  activité au moindre « clic » de souris.

    D'autres liens de dépendance, plus subtils encore, se déploient, comme ceux tissés par la diffusion d'une culture managériale de type  anglo-saxon, reposant sur la valorisation du court terme voire de l'instantané, valorisation supposée synonyme d'efficacité et de compétitivité, refusant les contraintes du temps long et les impératifs du débat et de l'examen critique, principes dont la culture européenne est imprégnée. De très nombreux autres exemples de dépendance culturelle pourraient être examinés. Dans l'avenir ces dépendances pourront venir de nouveaux acteurs multipolaires et prendre des formes encore inconnues aujourd'hui. Pensons simplement aux retours de certaines formes de fondamentalismes religieux ou écologiques. Pensons également au formatage de l'opinion mondiale par ce que l'on est convenu d'appeler  la pensée « mainstream » ou le « storytelling ».

    3.3. La troisième enfin de ces priorités, la plus décisive, impose que l'Europe rejette ses complexes, ses doutes, produits d'une culpabilité maladive héritée d'un siècle tragique, dont la plupart des acteurs du monde multipolaire s'ingénient à lui rappeler ses responsabilités dans le déroulement des événements. Elle pourra ainsi  se percevoir non pas seulement comme la puissance traditionnelle qu'elle doit redevenir mais surtout comme la puissance normative, régulatrice et anticipatrice dont un monde déboussolé par de multiples défis : démographie, climat, épuisement des ressources, sous-alimentation, pandémies,  peurs malthusiennes irraisonnées , etc. a plus que jamais besoin et dont elle possède tous les éléments du fait de son expérience historique.

    4. Propositions

    L'Europe que nous voulons ne peut être qu'une Grande Europe politique, puissante, indépendante, souveraine et solidaire. Il ne faut pas perdre de vue que dans la conception de Hobbes, le grand théoricien, avec Jean Bodin,  de la souveraineté, le « souverain » est d'abord et avant tout le « protecteur » de son peuple face à l'état de «  lutte de tous contre tous » qui caractérise une  planète encore loin d'accepter le soit disant gouvernement mondial dont nous parlent à longueur de pages les médias les intellectuels et les commentateurs « mainstream ».

    Dans cette perspective tout doit être considéré par les Européens comme géopolitique.

    On trouvera, ci-dessous, quelques orientations prioritaires qui doivent être considérées comme non exhaustives.

    4.1.
    L' Union Franco Allemande, ouverte à tous ceux qui veulent la rejoindre, tout en s'approfondissant  sans cesse, doit être considérée comme un élément d'entraînement et d'anticipation.

    4.2.
    Les principes d'une économie solidaire, protectrice du bien être des cinq cent millions d'Européens,  seuls remparts contre les dérives d'un capitalisme financier incapable de s'autoréguler, doivent constituer  le socle d'une société européenne attentive aux droits et aux devoirs de la personne dans la perspective de ce qu'il est convenu d'appeler la « bonne société »
     
    4.3.
    Une telle perspective implique à la fois  le réajustement de l'Euro vers une parité convenable, une large diffusion de celui-ci au delà d'une zone monétaire qu'une inutile frilosité technocratique  tend à restreindre, ainsi que  la mise en œuvre d'un vaste programme de ré-industrialisation, largement appuyé par une politique vigoureuse de souveraineté technologique, de défense, de relance spatiale et de sécurité  agro-alimentaire.

    4.4. Cette perspective implique surtout que le budget de l'Union passe progressivement du 1% du PIB européen à 15% de celui-ci au cours des quinze prochaines années, atteignant ainsi le pourcentage acquis par le budget fédéral américain. Seul en effet  un tel niveau peut permettre à un gouvernement économique de mettre en œuvre des politiques significatives dans les domaines essentiels à l'indépendance de l'Europe. Il faut garder, en  outre présent à l'esprit que c'est le vote des budgets qui, dans l'histoire, a donné leur légitimité aux institutions démocratiques. Les institutions européennes ont  besoin de ce supplément de légitimité, seul moyen de combler le déficit de souveraineté dont souffre l'Union face à ses compétiteurs de la nouvelle « mondialité ».  

    4.5. Une politique ambitieuse de structuration d'un espace européen qu'il faut aménager pour lui donner sa cohérence territoriale et sa lisibilité, en particulier par le déploiement d'un réseau ferroviaire européen à grande vitesse, notamment sur l'axe « magistral » Paris ,Strasbourg, Munich, Vienne, Bratislava, Budapest, par le développement d'un système fluviomaritime de canaux transeuropéen, à grand gabarit, mais aussi par la mise en place d' un réseau transcontinental sécurisé et équilibré de transport de gaz et de pétrole.

    4.6.
    Sur le plan culturel et en particulier linguistique, l'Union européenne doit s'attacher, par l'enseignement des langues, la mise en œuvre de programmes d'intercompréhension de type scandinave, le lancement de vastes programmes de préservation de la diversité linguistique et  de traduction automatique utilisant toutes les ressources disponibles des technologies de l'intelligence et des sciences cognitives. L'Union doit valoriser cette extraordinaire richesse que constitue la cohabitation, en son sein, des trois domaine linguistiques Romain, Germanique/Anglo-Saxons et Slave.

    4.7.
    Pour faire face à un risque de vieillissement démographique entraînant, à terme, l'affaissement de sa population active et donc l'affaiblissement de son niveau de vie, risque qui constitue  probablement la menace la plus grave qui pèse sur elle, l'Union doit engager, sans délai, une véritable politique de population comprenant quatre volets indissociables : politique de natalité et de la famille, d'immigration et  de co-développement avec les pays migrants mais aussi de maîtrise des conflits intergénérationnels potentiels dont certains signes inquiétants commencent à apparaître.

    4.8
    .
    Enfin cette Europe puissante et réunifiée reconstruisant enfin, à son avantage, ce rapport de force naturel qui est la loi des relations internationales, en même temps qu'elle saisira l'occasion de rétablir des relations transatlantiques fondées sur une logique de partenariat et non de protectorat, développera principalement, dans un premier temps, de nouveaux partenariats avec la Russie , le Monde Méditerranéen,  l'Asie du sud ouest, et l'Afrique, sans exclure, bien entendu, le développement des relations avec les puissances émergentes telles que les pays d'Amérique latine ou réémergentes telles qu l'Inde ou la Chine.

    Conclusion: Créer un pôle de réflexion géopolitique

    Il est donc temps que l'Union Européenne crée en son sein un véritable pôle de réflexion géopolitique sous une forme à définir. Cet organisme qui pourrait être constitué « en réseau » serait chargé d'éclairer les choix de ceux qui auront la mission de diriger  l' « Europe Politique, Nouvelle Puissance dans un Monde Multipolaire » que, plus ou moins confusément, les Européens ,aujourd'hui quelque peu désorientés, appellent  de leurs  vœux.
            
    Cette approche très volontariste du projet européen ne s'inspire d'aucune arrière- pensé hégémonique ou universaliste. Elle se présente comme destinée à fournir au traité de Lisbonne les orientations d'une application ambitieuse de celui-ci. Il s'agit cependant d'une stratégie appelant néanmoins à la volonté de rompre avec les idéologies ayant pour objet  de réduire le rôle de la puissance publique dans l'activité économique et sociale, de lui  préférer systématiquement le jeu des mécanismes de marché  et de s'interdire les actions d'orientation  à long terme.

    L'Union Européenne, dont la réconciliation franco-allemande reste l'un des symboles fondateurs doit s'affirmer comme une puissance majeure  d'entraînement, d'anticipation et d'exploration du possible à un moment où le monde doit résoudre, en même temps, les contraintes géopolitiques du retour de la multipolarité et les grands défis planétaires.

    Elle se doit de créer dans tout ces domaine les outils qui lui permettent de sortir de la » trappe géopolitique » dans laquelle tous les grands acteurs du monde multipolaire, s'étant eux forgé une vision géopolitique du monde tentent de la maintenir.

    Proposer aux Européens une vision géopolitique,  c'est analyser les forces et les faiblesses, les atouts et les risques,  les enjeux et les défis que la situation singulière de l'Europe par rapport à la géographie de la planète lui confère, à une époque où  se conjuguent la montée des rivalités internationales, de grandes échéances systémiques financières, climatiques, alimentaires,  démographiques, culturelles et sanitaires.

    Sans la création d'une ou plusieurs institutions  d'anticipation du futur,  les Européens se condamnent à déléguer la conduite de leur destin à d'autres qui n'ont aucune raison de leur laisser la possibilité de s'affirmer comme des acteurs majeurs du monde qui vient.

    18/06/2010
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