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peuple - Page 24

  • Une manif ? Non Sire, une révolution !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Christophe Boutin, cueilli sur Causeur et consacré au succès de « La manif pour tous ».

    Professeur de droit constitutionnel, Christophe Boutin est notamment l'auteur d'un essai intitulé Politique et tradition (Kimé, 1992), consacré au penseur italien Julius Evola.

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    Une manif ? Non Sire, une révolution !

    Devant le succès de la « manif pour tous », certains évoquent une « droitisation » de la société, à l’opposé du mouvement sinistrogyre évoqué par les analystes de science politique. Rappelons que cette tendance désigne la dérive de la gauche vers la droite d’hommes, de thématiques ou de partis. Parce que de nouveaux mouvements plus radicaux naissent continuellement à gauche, ils repousseraient vers la droite les anciens qui semblent en comparaison de plus en plus modérés. De la même manière, des thématiques nées à gauche seraient ensuite chassées à droite par l’apparition de celles qui prônent une rupture plus violente. Quant aux hommes politiques, ils suivraient partis et idéologies dans cette évolution.
    Pourtant, l’analyse de l’évolution actuelle met en doute cette évolution pour en suggérer une plus forte encore.
    Il ne s’agit pas, d’abord, d’une évolution d’un personnel politique chassé de la droite vers la gauche : on attend toujours les ralliements au PS d’anciens membres de l’UMP.
    Aucun parti n’a été poussé sur sa gauche par l’émergence d’une nouvelle force à droite ou à l’extrême droite. Pour prendre cet exemple évident, l’UMP a simplement dû partager une partie de sa base électorale avec le Front National. Pour cela, il a d’abord tenté la tactique du « front républicain », avant de choisir une stratégie plus efficace « ligne Buisson ». Contrairement à ce qui peut être écrit ici ou là, cette dernière ne conduit pas à adopter un discours d’extrême droite, mais à retrouver les thématiques classiques de la droite, abandonnées sous Chirac.
    Il n’y a pas non plus de radicalisation de l’extrême droite, pas d’apparition de discours prônant une « seconde révolution », et l’on peut même se demander si une partie du succès du FN « mariniste » n’est pas dû à une certaine « gauchisation » sur des thématiques de société.
    Au lieu de dénoncer la « lepénisation des esprits », quand certaines thématiques, touchant au fait national ou à l’identité sont – parfois – réintégrées au corpus de la droite « républicaine », la gauche devrait voir plus loin, car les patriotes dépassent très largement la légion des électeurs du FN et de l’UMP. Quant à l’antiparlementarisme, dans lequel on dénonce la résurgence des ligues de l’entre-deux guerres, il est aussi bien porté par Marine Le Pen que par Jean-Luc Mélenchon. D’où viendrait alors cette communauté de pensée ?
    Nous pourrions voir la fin d’une vieille division héritée de la Révolution française. Si, aujourd’hui, le médecin de Versailles et le paysan du Larzac, l’ouvrier du Nord et le notaire marseillais, se retrouvent d’accord sur le terrain des bases nécessaires à notre société, c’est peut-être qu’une approche commune les rassemblait. Certes, on parlait plus de « nation » à droite et de « peuple » à gauche, et l’on s’appelait « compagnon » à droite et « camarade » à gauche. Pour autant, à droite comme à gauche, nul ne remettait en cause socle minimum des valeurs fondamentales structurant la société. Il y avait la même recherche d’appartenance à des groupes sociaux cohérents et structurants, la famille avant tout, le groupe élargi ensuite, qui peut être territorial avec la commune, professionnel avec l’usine, national même, mais qui dans tous les cas perdurait de manière quasi-identique depuis des siècles. Sur le plan de la famille par exemple, à part quelques hippies à gauche et quelques libertins à droite, personne ne remettait en cause sa nécessité ou sa structure classique, on oserait dire patriarcale, reposant sur un couple hétérosexuel.
    Or ces structurants identitaires, touchant à l’essence même de notre société, sont actuellement perçus par nombre de Français comme menacés à brève échéance de disparition. Et on assiste actuellement au sursaut d’un même peuple, de droite ou de gauche, qui prend conscience qu’il peut disparaître demain.
    Bien sûr, la France qui défile actuellement à Paris, semble être plus « traditionnelle » qu’autre chose, tout juste sortie de la messe de onze heures. Mais contrairement aux ouvriers, petits employés et paysans, cette France a encore les moyens de se déplacer ; elle a l’accès aux médias alternatifs qui lui permettent de se fédérer ; elle ne regarde souvent plus la télévision ; enfin elle n’a pas subi deux siècles de matraquage idéologique destiné à la dresser contre une autre partie de la population. La France qui ne défile pas la rejoint dans les sondages en dénonçant elle aussi une certaine classe politique, accusée d’avoir trahie une identité bien plus profonde que l’appartenance à la classe sociale.
    Dans les temps de crise que nous vivons, des temps où c’est la survie même du groupe d’appartenance qui est en jeu, l’homme hiérarchise ses priorités de manière différente. Aussi, peut-être y a-t-il dans le mouvement actuel quelque chose de novateur…et de révolutionnaire. À droite comme à gauche, certains prennent conscience que, derrière les mots utilisés pour dresser deux Frances l’une contre l’autre, il y avait des vécus familiaux semblables, des réalités culturelles identiques, des souvenirs partagés, une histoire commune, bref cette base que Renan considérait comme absolument indispensable à la définition d’un vouloir-vivre ensemble. Malgré une pression, s’ils ne savent pas encore bien ce qu’ils veulent, tous ces Français si divers semblent avoir par contre une idée claire de ce qu’ils ne veulent pas.
    Ce que nous avons sous les yeux n’est pas un glissement idéologique mais l’ultime surgissement, à gauche comme à droite, d’un continent englouti.

    Christophe Boutin (Causeur, 26 avril 2013)

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  • Dix thèses sur la fin probable de la droite et de la gauche

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur le site de la fondation Polémia et consacré à la fin du système politique droite/gauche et à la naissance d'une nouvelle alternative.

     

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    Dix thèses sur la fin probable de la droite et de la gauche

    1/ Les catégories politiques de droite et gauche découlent de l’apparition de la modernité occidentale.
    La dynamique de la modernité a reposé sur trois leviers majeurs :

    - la foi en la science, qui suppose que des lois objectives – que l’on peut découvrir – régissent le monde, et non la volonté aléatoire d’une divinité ou le seul poids des traditions ;


    - l’affirmation de droits qui appartiendraient naturellement et donc également à tous les hommes, indépendamment de tout ordre politique et social ;


    - la croyance qu’en libérant le commerce de toute contrainte on atteindra l’abondance et la paix pour tous.


    Le progrès se définit comme la mise en œuvre coordonnée de ces trois leviers, d’où la notion de mouvement. La gauche se situait du côté du parti du mouvement, c’est-à-dire du changement de la société, face à la droite qui voulait conserver l’état et les traditions existants.

    Cette modernité remonte au XVIIe siècle en Europe et à la crise intellectuelle qui a suivi la Renaissance et les Guerres de religion. Auparavant tout le monde était « droit », en effet, et par conséquent restait fidèle aux principes d’organisation traditionnelle de la société. Les gens « gauches » allaient, eux, en prison ou sur le bûcher puisqu’ils apparaissaient comme des hérétiques, des criminels ou des asociaux.

    2/ Au début du XXIe siècle la dynamique de la modernité touche à sa fin avec l’achèvement de la déconstruction de l’ordre ancien.
    Aujourd’hui triomphent en Occident l’esprit des Lumières, celui du néo-capitalisme et l’implosion individualiste des sociétés.

    En termes politiques cela signifie que la gauche a gagné en imposant ses idées, qui forment la base du politiquement correct aujourd’hui et en transformant – c’est-à-dire en renversant – la société conformément à ses dogmes.

    Au XIXe siècle la gauche s’est scindée en deux composantes : une composante hostile aux dérives du capitalisme naissant et qui a pris la forme du socialisme ; et une composante qui entendait prolonger jusqu’à son terme la logique du capitalisme au nom du progrès. Cette dernière tendance l’a emporté au XXe siècle.

    Comme l’avait bien vu Marx, en effet, le capitalisme a été et reste encore de nos jours, sous sa version néolibérale*, le principal agent destructeur des sociétés. Car, comme la révolution, le capitalisme est une violence faite à la société.

    En prenant la défense du capitalisme face au communisme, ou du libéralisme face au socialisme, la droite a donc achevé de se perdre.

    3/ Avec l’achèvement de la modernité, l’opposition de la droite et de la gauche a perdu sa raison d’être essentielle.
    Il n’y a plus d’enjeu depuis la mort de l’ancienne société.

    La droite n’a donc plus rien à défendre et la gauche, parvenue au pouvoir, n’a plus rien à conquérir.

    Droite et gauche tendent donc à devenir mimétiques car elles n’ont plus de raison de s’opposer : elles adhèrent donc à la même doctrine (post-démocratique, atlantiste, néolibérale, cosmopolite) et conduisent peu ou prou la même politique, au sein d’un système fermé sur lui-même : celui de la modernité post-démocratique.

    4/ Il n’y a donc plus d’alternative politique réelle entre la droite et la gauche aujourd’hui.
    Comme le démontre la situation politique française depuis 1986, il n’y a plus aujourd’hui d’alternative politique réelle entre la droite et la gauche. L’alternance entre la droite et la gauche repose aujourd’hui sur une tromperie électorale permanente car elle ne débouche sur rien d’essentiel. Car le seul « changement » consiste à aller plus ou moins vite dans une même direction.

    Ni la droite ni la gauche n’appliquent leurs programmes électoraux, sauf sur des questions de détail. A chaque fois les discours de « rupture » de droite ou de gauche font long feu : du fait du « virage de la rigueur » pour la gauche, de la peur du politiquement correct pour la droite.

    Malgré ses promesses électorales, la droite n’a jamais d’ailleurs remis en cause les réformes « sociétales » instaurées par la gauche, qui de ce fait deviennent vraiment « irréversibles ».

    5/ La droite et la gauche n’existent plus aujourd’hui que grâce à la perfusion médiatique, qui a pour fonction de faire croire à l’électorat que le spectacle de leur affrontement représente encore un enjeu politique réel.
    Le système que la droite et la gauche ont contribué à créer est de nature post-démocratique : il ne débouche pas sur la souveraineté politique mais sur sa déconstruction.

    Le spectacle de l’affrontement gauche/droite a pour fonction de cacher que la souveraineté a quitté l’orbite du politique.

    Les gouvernements de droite comme de gauche ne font plus que de la communication et les parlements se bornent à transposer les directives de Bruxelles, mais ils ne décident plus. Ils ne décident plus parce qu’ils ont laissé le gouvernement des choses – c’est-à-dire l’économie et le droit procédural – prendre le pas sur le gouvernement des hommes : la politique.

    Les vrais souverains se situent donc désormais du côté des marchés, des médias, du patronat, des juges, des autorités morales et des lobbies. Mais on s’efforce, de moins en moins bien à vrai dire, de cacher aux électeurs que « le roi est nu ».

    6/ La persistance d’une opposition factice entre la droite et la gauche a contribué à l’appauvrissement de la pensée politique en France.
    Car droite et gauche continuent de ressasser des querelles qui ne correspondent plus à l’état réel du monde ni à la situation présente des Européens. Ainsi, par exemple, il n’importe plus de se prononcer pour ou contre le « progrès », mais de savoir comment préserver notre identité dans un monde ouvert, où les civilisations sont en concurrence vitale et où les Européens ont perdu le monopole de la science et de la technique.

    La question n’est plus de savoir s’il faut ou non « privatiser », mais comment constituer un véritable espace économique européen protecteur et comment recréer une société aujourd’hui éclatée ; comment remettre aussi l’économie au service de la société. Elle n’est pas de « redistribuer » alors que nous sommes dans une économie ouverte en phase de désindustrialisation, de vieillissement de la population et qui produit de moins en moins.

    Mais sur toutes ces questions, la droite et la gauche restent sans voix.

    7/ Issues d’un stade aujourd’hui dépassé de l’histoire européenne, la droite et la gauche mobilisent par conséquent une part déclinante de l’électorat.
    C’est ce qui démontre que l’opposition convenue entre ces deux familles politiques ne répond plus à l’attente des citoyens et que chacun s’en rend de plus en plus compte.Les études d’opinion concordent à mettre en lumière une coupure croissante entre l’opinion majoritaire autochtone et la classe politique, sur presque tous les sujets et dans toutes les couches de la population. Au plan électoral cela se traduit dans la progression de l’abstention et la baisse continue du nombre de suffrages exprimés obtenus par les partis de droite et de gauche.

    Il n’y a plus de « majorités » politiques, mais, en réalité, un jeu de pouvoir à somme nulle entre des groupes minoritaires au sein d’un système fermé.

    8/ Les élites de droite comme de gauche représentent des oligarchies corrompues qui commencent à sortir de l’histoire.
    La corruption de ces élites tient au fait qu’elles ont trahi leurs idéaux à la fin du XXe siècle :

    - la gauche a abandonné le peuple (le prolétariat) et la rupture avec le capitalisme, en reniant l’héritage du socialisme (notamment en France) ;


    - la droite s’est ralliée à l’idéologie libertaire, à l’égalitarisme et à la révolution néolibérale, en rompant avec toutes les traditions nationales.


    Ces élites sortent de l’histoire car elles ne peuvent relever les défis majeurs auxquels nous sommes confrontés : chômage, pauvreté, insécurité, effondrement de l’enseignement et de la culture, immigration, endettement massif notamment. Dans aucun de ces domaines la droite n’a fait mieux que la gauche et réciproquement puisque précisément ces fléaux résultent du système qu’elles ont mis en place. En outre, ces phénomènes ne sont des fléaux que pour le peuple et au contraire des opportunités pour l’oligarchie

    9/ Il ne peut plus y avoir de politique, c’est-à-dire d’affrontement et d’alternative réels, au sein du système post-démocratique contemporain qui résulte de l’achèvement de la modernité occidentale.
    C’est pourquoi la concurrence verbale entre la droite et la gauche ne correspond plus à rien de nos jours car elle n’existe qu’à l’intérieur d’un système fini.

    Une politique ne peut réapparaître que sur le fondement d’une opposition au système lui-même.

    Faire de la politique revient donc aujourd’hui à s’opposer au désordre contemporain, fruit de la modernité finissante : une tâche au-dessus des forces des politiciens de droite comme de gauche.

    10/ Une force qui offrira à nouveau une alternative politique supplantera fatalement la droite et la gauche telles que nous les avons connues depuis 1945
    Les élites de droite et de gauche ne subsistent qu’en raison de leur complicité pour se partager les dépouilles du pouvoir et du verrouillage médiatique et institutionnel qu’elles ont imposé pour cela.

    Comme toutes les élites qui ont perdu leur vocation pour se transformer en oligarchies, elles disparaîtront car elles s’illusionnent sur leur capacité à arrêter la marche du monde à leur profit. La « fin de l’histoire » est une vieille utopie destinée à rassurer les futurs perdants. Et, comme dans toutes les périodes de déclin, la chute de ces élites va s’accélérant, comme l’illustre la trajectoire de François Hollande, par exemple.

    Une nouvelle dynamique politique, donc une nouvelle « grande querelle », commence à émerger en Europe avec ce que l’on nomme le populisme, les courants identitaires ou eurasistes, voire écologiques, et les nouveaux clivages qui les accompagnent. L’islamisme contribue aussi, malgré lui, à sa maturation, dans la mesure où il se présente comme une alternative à la modernité occidentale et un défi aux Européens.

    Sur les ruines de la modernité décadente, une nouvelle alternative politique prend actuellement racine partout en Europe. Quand l’occasion se présentera, elle emportera tout.

    Michel Geoffroy (Polémia, 20 avril 2013)

    (*) Le nom donné au phénomène importe peu en vérité : libre commerce, libre échange, capitalisme, libéralisme, néo-capitalisme, néo-libéralisme tous ces termes désignent une même réalité : la libération des forces économiques de toute retenue, de toute contrainte. C’est d’ailleurs pourquoi dans la tradition européenne on a souvent pris l’image de la « démonie de l’économie » pour désigner la victoire de la fonction marchande et des forces telluriques –infernales– qu’elle incarne

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  • Comment naissent les révolutions ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Dominique Venner, cueilli sur son site personnel et dans lequel il réfléchit, alors qu'un parfum d'insurrection flotte sur la France, aux conditions qui permettent de voir émerger un phénomène révolutionnaire...

     

     

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    Comment naissent les révolutions ?

    C’est un sujet passionnant, très actuel et mal connu que la naissance des révolutions. Il avait été étudié par le sociologue Jules Monnerot (1908-1995) après les événements français de Mai 68 dans son livre Sociologie de la Révolution (Fayard, 1969). Travail précieux pour lequel son auteur a forgé une série de concepts applicables à toutes les situations.

    S’agissant d’une étude sociologique et non d’une histoire des idées, Monnerot use d’une seule appellation, sans ignorer bien entendu tout ce qui sépare et oppose les différentes révolutions du XXe siècle, bolchevisme, fascisme italien, national-socialisme allemand, révolution de 1944, ou celle de 1968. Il estime en effet que ces phénomènes de foule relèvent de la même analyse sociologique, tout en faisant une nette différence entre révolutions de type conservatrice et révolutions déconstructrices.

    Mais d’abord, Monnerot définit quelques concepts applicables à toute révolution. En premier lieu la « situation historique ». Elle est celle que l’on ne reverra jamais deux fois. C’est vrai pour 1789, 1917, 1922, 1933 ou 1968. Autre notion complémentaire : la « situation de détresse ». Elle se caractérise par des troubles non maîtrisés. La structure sociale se défait : les éléments ne sont plus à leur place.

    Quand une société est stable, on y distingue des éléments sociaux normaux (« homogènes ») et des marginaux (« hétérogènes »). Les éléments marginaux sont en marge parce qu’ils y sont maintenus par la pression des éléments « homogènes ». Lorsqu’un seuil critique de bouleversement est atteint, la partie homogène commence à se dissocier. On observe alors comme une contagion de chaos.

    Remarque intéressante qui s’applique aux révolutions conservatrices : « l’homogène, même en voie de dissociation, reste l’homogène ». Quand le bouleversement est radical, « du fond même de la société monte une demande de pouvoir ». Le fascisme, en 1922 ou 1933, fut par exemple une réponse à cette demande dans une société ayant un haut développement (industrie, sciences, culture). Dans une telle société, quand l’ordre s’est effondré, les éléments conservateurs (homogènes) deviennent provisoirement révolutionnaires par aspiration à l’ordre et demande de pouvoir.

    Comment aboutit-on à une « situation révolutionnaire » ? Réponse synthétique de Monnerot : par carence au sommet. Une crise de régime se caractérise par une « pluralité des conflits ». Tout échappe à l’autorité du pouvoir en place, le désordre devient endémique. La société entre en « effervescence ».

    L’effervescence n’est pas la révolution. Elle en est une phase, un moment, avec un début et une fin (un refroidissement) quand le milieu « n’est plus combustible ». Quand l’effervescence retombe, ce ne sont plus les mêmes qui sont aux commandes (Robespierre a été remplacé par Napoléon, Trotski par Staline, Balbo par Mussolini).

    Situation révolutionnaire et effervescence font intervenir les « masses ». Ce sont des coagulations momentanées, les troupes des révolutions. Pour diriger les masses, leur donner un système nerveux, les jacobins, puis Lénine (en beaucoup plus efficace) ont conçu l’instrument du parti.

    Ce que les léninistes appelaient « la radicalisation des masses », est une tendance à la politisation de catégories jusque-là conformistes et peu enclines à se passionner pour la chose publique (elles demandent surtout à l’État de faire son métier d’État). On entre alors dans une phase d’effervescence, « la société est parcourue en tous sens de réactions affectives intenses, comme les grains de limaille de fer par un courant magnétique ».

    Les situations de détresse font apparaître sur le devant de la scène des élites violentes : les « hétérogènes subversifs », des irréguliers et marginaux que les barrières habituelles n’arrêtent pas. Ils contribuent à donner au mouvement sa force de rupture.

    Dans une situation révolutionnaire, la carence et le besoin douloureux du pouvoir, peuvent jeter sur la voie de la révolution des éléments sociaux qui n’aspirent qu’à l’ordre. « Une heure vient où les Arditi, les jeunes lansquenets du Baltikum, les réprouvés qui le sont de moins en moins, n’apparaissent plus inquiétants, mais rassurants à la partie la plus homogène de la population. Ils semblent incarner à travers le malheur les valeurs de courage, de bravoure  et de caractère sans quoi il n’est pas de grand pays… Même ceux qui ne sont pas leurs partisans pensent qu’il faut laisser faire l’expérience. » C’est un bon résumé des situations historiques d’exception. Mais, comme le précise Monnerot, la « situation historique » est celle que l’on ne revoit jamais deux fois.

    Dans la France de 2013, sommes-nous entrés dans une « situation historique » ? Pas encore, bien entendu. Mais des signes attestent que l’on peut se diriger vers une telle situation imprévue. Ira-t-elle jusqu’au bout de ses promesses ? Il est trop tôt pour se prononcer. Mais rien n’est impossible.

    Dominique Venner (Blog de Dominique Venner, 16 avril 2013)

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  • La radicalité contre la dictature des minorités !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Yves Le Gallou, cueilli sur Polémia et consacré au mouvement populaire et à sa nécessaire radicalisation s'il veut pouvoir ébranler les minorités qui nous gouvernent...

    Jean-Yves Le Gallou dirige la fondation Polémia et a récemment publié aux éditions Via Romana un essai percutant intitulé La tyrannie médiatique.

     

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    La radicalité contre la dictature des minorités

    Chaud, chaud, chaud ! Le printemps sera chaud. Car les majorités se révoltent contre la dictature des minorités.

    Minorités sexuelles

    Il y a, selon l’INSEE, 100.000 couples homosexuels en France, soit 0,3% de la population ; et 10.000 enfants – 0,003% de la population – vivent au domicile de ces couples homosexuels. Une minorité de ces minorités réclame qu’on change des règles multimillénaires pour les adapter à leur situation individuelle ou à leurs caprices. Il est normal que cela suscite une forte exaspération des majorités ! En vérité les homosexuels devraient être reconnaissants aux familles traditionnelles qui défilent contre la dénaturation du mariage : ce sont leurs enfants qui paieront leurs retraites…

    Minorités associatives subventionnées 

    Les associations LGBT, minorité agissante de la minorité revendicative des minorités sexuelles, veulent régenter le débat public. Au nom de la lutte contre une prétendue « homophobie », il s’agit d’interdire toute prise de position jugée politiquement incorrecte ; en fait, d’empêcher toute critique du mariage homosexualiste à l’image de ce qu’ont réussi les associations « antiracistes » censurant tout débat sur l’immigration. Le tout avec l’argent des contribuables. C’est insupportable au pays de Voltaire.

    Minorités ethniques et religieuses

    Elles cherchent à imposer dans l’espace public comme dans l’espace privé leurs exigences vestimentaires et leurs interdits alimentaires : refus du porc, abattage hallal pour tous – ce qui suscite la réaction des amis des bêtes et de la France profonde. C’est à Guéret, dans la Creuse, qu’on se mobilise contre la construction d’un abattoir hallal voulu au nom de médiocres intérêts commerciaux, quoique contraire à la loi européenne, aux traditions françaises et à la sécurité sanitaire.

    Minorités financières

    Elles imposent des réglementations conformes à leurs intérêts mais non à l’intérêt général. Quand les banques, les grandes entreprises et les hyper-riches échappent à l’impôt (tout en bénéficiant des infrastructures techniques, des services publics et des systèmes de protection sociale des Etats), ce sont les classes moyennes qui payent. Ces classes moyennes sont doublement victimes : des excès de l’Etat-providence qu’ils payent mais aussi de la finance-providence qui échappe à l’impôt.

    Minorités médiatiques

    Moins de 50.000 journalistes, qui informent de moins en moins et qui conditionnent de plus en plus ; qui ne cherchent pas à distinguer l’exact de l’inexact, ni le vrai du faux, mais qui prétendent dire où est le « bien », où le « mal », en louant les « gentils » et en dénonçant les « méchants ». Avec un grand sens de l’à-propos, les personnes manifestant le 28 mars devant France Télévision, protégée par les forces de l’ordre, criaient : « CRS, retourne-toi, la racaille est derrière toi ! » Sans commentaire.

    Minorités parlementaires

    Moins de 1.000 personnes prétendent avoir le monopole de la fabrication de la loi sans tenir compte du peuple. C’est, certes, la logique de la démocratie représentative mais celle-ci est, hélas, de moins en moins représentative :

    -En raison des lois et du calendrier électoral, une partie importante de l’opinion n’est pas représentée ; et les socialistes qui ont, à eux seuls, la majorité de l’Assemblée nationale n’ont recueilli que 16% des électeurs inscrits, lors du premier tour des élections législatives de juin 2012. Un peu court comme majorité pour transformer un homme en femme !

    -Le Sénat a voté le projet de loi Taubira à la sauvette. Une loi dont la garde des Sceaux a dit qu’elle portait un « changement de civilisation » mais dont, faute de scrutin public, on ne sait pas individuellement qui l’a votée et qui l’a refusée. Un formidable déni de démocratie voulu par tous les groupes politiques de la majorité comme de l’opposition. Une belle manœuvre qui permet de faire adopter la loi, qui autorise les sénateurs à se faire passer pour « progressistes » auprès des médias parisiens tout en leur permettant individuellement de dire à leurs électeurs d’outre-mer ou des campagnes françaises qu’ils n’ont pas approuvé le « mariage gay ». Belle manœuvre, vraiment, mais qui indigne à juste titre les adversaires de la loi Taubira et tous les démocrates sincères.

    -Plus généralement, les hommes politiques les plus en vue représentent de moins en moins leurs électeurs car ce sont des médiagogues, des hommes et des femmes qui cherchent à plaire aux médias plus qu’au peuple, à coups de surenchère politiquement correcte. Telle est la principale cause du discrédit de la démocratie représentative.

    Or toutes ces minorités se tiennent et se soutiennent. C’est contre elles que la révolte gronde. Moins d’un an après l’élection de François Hollande la probabilité d’une crise politique majeure est devant nous : la dissolution de l’Assemblée nationale ou la démission du président de la République ne changeraient pas grand-chose. Ce qu’il faut c’est rendre la parole au peuple. Par le référendum d’initiative populaire national et local. A partir de la demande de 500.000 électeurs au plan national et ce sans censure prétendument constitutionnelle. A partir de 7,5% des électeurs au niveau local, sous la seule réserve qu’il s’agisse d’une délibération locale. Bien sûr, ceci devrait s’accompagner d’un rétablissement de la liberté d’expression, de l’arrêt des subventions aux grands lobbys politiquement corrects et du retour au pluralisme des médias.

    Le printemps français doit trouver un débouché politique autour de thèmes forts : référendum et démocratie directe ; liberté d’expression et pluralisme des médias ; dénonciation de la dictature des minorités et respect de la majorité populaire. Quant aux manifestants ils ne doivent pas avoir peur de la radicalité car seule la radicalité s’attaque aux racines du mal et propose un ressourcement créateur.

     Jean-Yves Le Gallou (Polémia, 14 avril 2013)

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  • Tous pourris ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une réflexion de Dominique Venner, cueillie sur son site et qui prend pour départ la crise politique déclenchée par l'affaire Cahuzac...

     

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    Tous pourris...

    L’exclamation est un peu facile sans doute, mais elle résume le sentiment d’écœurement nauséeux qui se répand ces temps-ci dans le beau pays de France. Tandis que s’alourdissaient les impôts en faveur de diverses clientèles électorales, explosaient les révélations sur la corruption du ministre chargé de faire rentrer de force ces impôts. Ce joli scandale s’ajoutait à la colère montante d’une large fraction de l’opinion devant une évidente volonté de détruire, dont témoignent la politique d’immigration massive ou le projet de mariage gay.

    La corruption et les malversations des gens de pouvoir, politiciens ou agents d’une administration pléthorique, n’est pas une nouveauté. Des bibliothèques entières ont été consacrées aux « affaires » des républiques successives, la Vème ayant cependant battu tous les records depuis sa fondation par le général de Gaulle, un homme intègre qui aimait s’entourer de coquins. Ce n’est pas seulement que les tentations étaient devenues plus nombreuses, alimentées par de nouveaux pouvoirs financiers accordés aux élus et par l’énorme pactole des administrations, syndicats et associations d’aide à ceci ou à cela. Non, il y avait autre chose.

    Les raisons de la corruption publique sont multiples. Certaines sont historiques. Il m’est arrivé de rappeler que, lors des procès d’épuration en Haute Cour, après 1945, à l’encontre des ministres de l’État français, autrement appelé régime de Vichy, il fut impossible de relever un seul cas d’enrichissement frauduleux ou de corruption, en dépit des efforts d’enquêteurs acharnés (1). Les hommes qui ont alors exercé le pouvoir  étaient certainement critiquables à de multiples égards, mais, dans l’ensemble, ils étaient imprégnés par une idée presque militaire du devoir à l’égard de leur pays prisonnier d’une situation d’extrême détresse. Sans doute savaient-ils aussi qu’ils étaient surveillés par les grands corps de l’État restés en place. L’idée du devoir s’est ensuite évaporée chez beaucoup de leurs successeurs qui entendaient sans doute rentabiliser les périls réels ou supposés des années de guerre.

    Mais, puisque je viens d’invoquer les mentalités, autrement dit les “représentations” que chacun se fait de l’existence et qui conditionnent la façon de se comporter, il faut certainement creuser plus loin encore.

    En Europe, depuis l’Antiquité la plus ancienne, avait toujours dominé l’idée que chaque individu était inséparable de sa communauté, clan, tribu, peuple, cité, empire, à laquelle il était lié par un lien plus sacré que la vie elle-même. Cette conscience indiscutée, dont l’Iliade offre la plus ancienne et poétique expression, prenait des formes diverses. On songe au culte des ancêtres à qui la cité devait son existence, ou encore à la loyauté pour le prince qui en était l’expression visible. Une première menace fut introduite par l’individualisme du christianisme primitif. L’idée d’un dieu personnel permettait de s’émanciper de l’autorité jusque-là indiscutée des dieux ethniques de la cité. Pourtant, imposée par l’Église, la conviction se reconstitua qu’aucune volonté particulière ne pouvait ordonner les choses à son gré.

    Pourtant le germe d’une révolution spirituelle avait été semé. Il réapparut de façon imprévue avec l’individualisme religieux de la Réforme. Au siècle suivant, se développa l’idée rationaliste d’un individualisme absolu développée avec force par Descartes (« je pense donc je suis »). Le philosophe faisait sienne également l’ancienne idée biblique de l’homme possesseur et maître de la nature. Sans doute, dans la pensée cartésienne, l’homme était-il soumis aux lois de Dieu, mais ce dernier avait donné un fort mauvais exemple. Contrairement aux dieux antiques, il n’était dépendant d’aucun ordre naturel antérieur et supérieur à lui. Il était l’unique créateur tout puissant et arbitraire de toute chose, de la vie et de la nature elle-même, selon son seul vouloir. Si ce Dieu avait été le créateur affranchi de toute limite, pourquoi les hommes, à son image, ne le seraient-ils pas à leur tour ?

    Mise en mouvement par la révolution scientifique des XVIIe et XVIIIe siècle, cette idée n’a plus connu de bornes. C’est en elle que réside ce que nous appelons la « modernité ». Cette idée postule que les hommes sont les auteurs d’eux-mêmes et qu’ils peuvent recommencer le monde à leur gré. Il n’y a d’autre principe que la volonté et le bon plaisir de chaque individu. Par voie de conséquence, la légitimité d’une société n’est pas dépendante de sa conformité avec les lois éternelles de l’ethnos. Elle ne dépend que du consentement momentané des volontés individuelles. Autrement dit, n’est légitime qu’une société contractuelle, résultant d’un libre accord entre des parties qui y trouvent chacune leur avantage (2).

    Si l’intérêt personnel est le seul fondement du pacte social, on ne voit pas ce qui interdirait à chacun d’en profiter au mieux de ses intérêts et de ses appétits, donc de se remplir les poches si l’occasion lui est offerte par sa position. Cela d’autant plus que le discours de la société marchande, par le truchement de la publicité, fait à chacun l’obligation de jouir, plus exactement de n’exister que pour jouir.

    Longtemps, en dépit de cette logique individualiste et matérialiste, le lien communautaire de la naissance et de la patrie s’était maintenu, avec toutes les obligations qui en découlent. Ce lien a été progressivement détruit un peu partout en Europe dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, alors que triomphait la société de consommation venue des États-Unis. À l’instar des autres pays d’Europe, la France a donc cessé peu à peu d’être une nation (fondée sur la natio, la naissance commune) pour devenir un agrégat d’individus rassemblés par leur bon plaisir ou l’idée qu’ils se font de leur intérêt. L’ancienne obligation de « servir » a donc été remplacée par la tentation générale de « se servir ». Telle est la conséquence logique du principe qui fonde la société sur les seuls droits de l’homme, donc sur l’intérêt de chacun.

    Et voilà que, sous nos yeux, cette répugnante logique se heurte à une révolte qui vient des profondeurs. Nous assistons à l’éveil inattendu de tous ceux qui, par réflexe atavique, sentent au fond d’eux-mêmes que l’appartenance ancestrale indiscutée est ce qui fonde un clan, un peuple ou une nation.

    Dominique Venner (Blog de Dominique Venner, 9 avril 2013)

     

    Notes :

    1. J’ai rappelé le fait, références à l’appui, dans mon Histoire de la Collaboration (Pygmalion, 2002).
    2. Rousseau avait compris que telle était la faille du contrat social. Il prétendit y remédier en justifiant l’usage de la force pour contraindre les récalcitrants à se soumettre à une problématique « volonté générale »
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  • Faut-il renoncer à la démocratie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue d'Alexandre Latsa, cueilli sur le site de La Voix de la Russie et consacré aux projets de l'oligarchie tels qu'ils sont présentés par le doucereux Jacques Attali, un de ses porte-parole...

     

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    Faut-il renoncer à la démocratie ?

    « Faut-il supprimer la démocratie » est une citation du « sage et démocrate » Jacques Attali. Celui-ci a en effet le 18 mars dernier signé un article absolument incroyable où il pose la question de l’opportunité de songer à appuyer, aider et compléter les structures et institutions démocratiques afin de pérenniser leur efficacité.

    Jacques Attali prend l’exemple de l’élection verticale et à vie du pape, puis de l'élection de la nouvelle présidence chinoise pour 10 ans, en remarquant que les deux fonctionnent selon le principe du parti unique, en portant au pouvoir quelqu'un du sérail sans consulter le peuple. Ensuite, il constate les échecs du système démocratique italien incapable de permettre l’émergence d’un gouvernement stable après les élections législatives du mois dernier. L’Italie serait d’après lui l’exemple type de l’échec du fonctionnement des systèmes démocratiques, le politique étant contraint de sacrifier l’avenir à long terme du pays (en aggravant la situation économique) pour assurer sa réélection.

    Serait-il tombé sous le charme des partis uniques parce que la démocratie montre ses limites?

    Pas du tout, il propose une troisième voie. Construire (en parallèle des institutions démocratiques) de nouvelles assemblées consultatives, composées de gens choisis, qui nommeraient des responsables à des niveaux plus élevés, ces derniers constitueraient une assemblée consultative nationale, en charge de conseiller les pouvoirs démocratiques. Ces assemblées seraient toujours selon lui destinées à équilibrer des pouvoirs politiques qui seraient mieux en mesure d’exécuter leur mission: la gestion de la « cité ».

    Il ajoute qu'il y a urgence à ce que des gens (des « sages » n’en doutons pas NDLR) prennent le relai des politiques élus car les risques seraient réels puisque « les multiples fondamentalismes sont présents et ils rodent autour du lit de la démocratie ». Il conclut: « Si on veut sauver l’essentiel de la démocratie, c’est à de telles audaces qu’il faut commencer à réfléchir ».

    Il faut peut-être lire entre les lignes et traduire: Nous (l’oligarchie) allons devoir un peu plus confisquer la démocratie et permettre à des gens mieux « choisis » de diriger nos pays.

    Utopie? Usine à gaz avec de nouvelles assemblées commissions et comités divers salariés par les états démocratiques ? Il faut prendre très au sérieux les « audaces » proposées par Jacques Attali, parce qu'il existe déjà des comités qui pensent et décident à la place des élus du monde occidental.

    Le 29 mars 2013, le président de Goldman Sachs a confirmé que le problème principal de l’UE était non pas Chypre (ou un pays comme la Grèce dans lequel le peuple est simplement en train de mourir NRDL) mais l’Italie d’aujourd’hui avec le facteur Grillo. Le troublant italien, sorte de Coluche politique, empêcherait en effet l’honnête establishment financier international d’achever sa prise de contrôle des états en faillite. Un processus qui comme on peut le voir ici est pourtant bien entamé et démontre, s’il le fallait, que c'est un comité d'anciens employés de la banque Goldman Sachs qui a pris les commandes des centres de décision du monde de la finance en Europe. Est-ce la meilleure des solutions pour l’Europe? Le pauvre Beppe Grillo avait même eu droit au début de ce mois à un billet corrosif à son égard sur le blog de notre « sage » dans lequel il était montré du doigt comme un danger pour l’avenir de l’Europe.

    Etonnante similarité de point de vue, non?

    Il y a pourtant, en dehors de la troisième voie proposée par Jacques Attali, une autre solution que la confiscation des élections par des « sages », au cœur de social démocraties dont les élites appartiennent à des corporations financières étrangères, et dont les politiciens sacrifient leurs peuples et leurs pays au nom de futiles réélections.

    Dans des pays comme par exemple la Chine de Jintao et Jinping, la Russie de Poutine, la Turquie d’Erdogan ou le Venezuela de Chavez, des élites « d’un autre genre » jouissent majoritairement du soutien de leurs peuples pour accomplir la mission qui est la leur: faire de leurs pays des états puissants et souverains, capables de résister tant aux déstabilisations financières que militaires tout en poursuivant et assurant leur développement économique.

    La solution en Europe n’est sans doute pas la confiscation d’une démocratie déjà en phase terminale, mais sans doute plutôt de procéder démocratiquement à un changement radical d’élites, afin de sortir d’un système d’exploitation qui ne fonctionne manifestement plus et de pouvoir enfin rendre aux peuples d’Europe ce qui leur a été confisqué : le pouvoir de décider de leur propre destin.
    Alexandre Latsa (La Voix de la Russie, 1er avril 2013)
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