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Bienvenue dans un monde sans frontière...

Nous reproduisons ci-dessous un excellent article de Romaric Sangars, cueilli sur Causeur et consacré à l'attaque par des djihadistes d'un centre commercial de Nairobi...

Romaric Sangars anime avec Olivier Maulin le Cercle Cosaque.

 

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Prise d’otages de Nairobi : la Charia contre le Marché

Si le XXème siècle a été traversé par une grande « guerre civile européenne » (selon l’expression d’Ersnt Nolte), en deux phases, mutant ensuite en une guerre mondiale Est-Ouest verrouillée par le feu nucléaire, le XXIème siècle est entré dans une phase de guerre civile mondialisée, et les récents événements au Kenya en sont un symptôme extraordinairement révélateur. Dans un supermarché – métaphore assez littérale de ce que la planète est en passe de devenir -, des civils européens ont été abattus par des jihadistes européens au nom d’une idéologie politico-religieuse d’origine arabo-musulmane, au sein d’un pays d’Afrique noire qui représentait un lieu de tourisme pour certaines victimes, de terrorisme pour les bourreaux, l’assaut ayant été relayé en temps réel sur Twitter, afin que son écho médiatique soit mondial. Comment résumer plus éloquemment la nature du conflit où nous sommes sommés jetés ?

Ce massacre doit être au moins l’occasion du procès d’un certain nombre de lieux communs débiles qui pourrissent depuis trop longtemps dans la pensée dominante. Cette pensée est manichéenne, simpliste, benoîtement optimiste, bref : criminelle. Elle supposait, avec une naïveté touchante, que la relativisation ou la disparition des frontières nationales, signifierait mécaniquement la fin des guerres sous l’égide bienveillante de l’ONU. Résultat : la guerre ne se déroule presque plus entre nations – peut-on appeler « guerre » au sens classique les opérations de gendarmerie menées par les Occidentaux ? -, non, la guerre est civile et elle est mondiale. On chantait les bienfaits de la circulation accélérée des individus sur toute la planète et des nombreux échanges rendus possibles grâce au réseau Internet. Oui, mais cela signifie également la potentielle omniprésence fantôme de l’ennemi, et la diffusion exponentielle des haines. On se pâmait devant la symbolique du métissage, en tant que dissolution des différences par la grâce de l’amour. Le couple mixte qu’a formé la « Veuve blanche » avec son djihadiste de mari, l’a mené à assassiner ses compatriotes, sans distinction de races, au nom de l’universalisme islamique. United colors of total war.

Oui, décidément, il y a quelque chose de pourri dans le village global. Nous qui ne sommes pas bêtement « progressistes » nous nous doutions bien qu’un phénomène – comme celui de la mondialisation -, n’est jamais innocent, et porte toujours son revers, et que là où un certain Bien semble s’affirmer, le mal mute. Aussi ne sommes-nous pas tellement étonnés. Mais permettez tout de même que nous expliquions aux mondialistes béats que si cette guerre présente gagne en intensité, alors sans doute nous n’aurons plus d’armée aux frontières, pas la moindre ligne Maginot, non, mais un flic ou une caméra dans chaque rue et un ennemi dans chaque immeuble. S’il n’y a plus de front, le front est partout. Si nous sommes tous « citoyens du monde », cela implique que désormais, toute guerre sera civile. C’est-à-dire, selon Pascal : le pire des maux.

Moi qui ne suis pas un « citoyen du monde » au sens où ils emploient cette expression, mais un Français héritier de 2000 ans d’Histoire, c’est avec un dédain parfaitement aristocratique que j’observe les bannières des camps en présence, m’interrogeant seulement : « Reste-t-il une voie entre la Charia et le Marché ? » Les deux idéologies sont des hérésies en miroir. La seconde adore un argent devenu bien trop abstrait, la première un esprit franchement lourd, si temporel, tellement littéral. J’ai la nostalgie d’une âme dans un corps. Une culture singulière au sein d’une géographie définie. J’ai la nostalgie de la forme nationale, parce qu’elle est à taille humaine, parce qu’elle est une grande personne avec son tempérament propre, son passé, ses drames, parce qu’on peut la voir, la cerner, parce qu’elle est plus facilement bridée dans ses volontés hégémoniques. Bien entendu, défendre aujourd’hui la forme nationale ne pourrait se faire qu’à condition de s’adapter au paradigme actuel, de viser une sorte d’Internationale des peuples souverains et des cultures, tel que Dominique de Roux voulut le faire avec son « gaullisme révolutionnaire » auquel les gaullistes de son temps n’ont pas compris grand-chose. La France pourrait justement, dans cette optique, jouer un rôle de premier ordre, en tant que modèle, par excellence, de la « vieille nation historique ». Oui, mais pour cela, il faudrait déjà qu’elle se souvienne qu’elle existe.

Romaric Sangars (Causeur, 27 septembre 2013)

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Commentaires

  • Si c'était moins intelligent, on dirait presque du Cantamessi

  • "J ai la nostalgie d'une culture singulière au sein d'une géographie définie " . Cela peut-être la forme nationale que préfère Romaric Sangars , ou bien la forme fédérale dans une civilisation Européenne qui a la préférence d'Alain de Benoist et de ses amis de la n.d . Défendre la pluralité des peuples et des cultures est une belle et noble cause ! Et il ne faut pas aller chercher de complications ,( aller chercher midi à quatorze heures .) comme le fait Mézigue systématiquement , là ou il n'y en a pas ! tout est clair et net avec AdB , droit dans les yeux nous pouvons l'affirmer .

  • "Droit dans les yeux", c'est difficile avec Mézigue : un commentaire de 10 mots et déjà une perfidie et une attaque ad hominem. Une belle synthèse du travail de l'individu sur Internet.

  • @ Segoule

    Je crois que c'est vous qui, ici, êtes allé chercher des "complications" là où il n'y en a pas.

    J'ai simplement écrit, par antiphrase, que ce que Monsieur Romaric Sangars - avec qui je suis par ailleurs en désaccord sur bien des points de son petit texte - me semble, si l'on compare ce qu'il écrit ici à ce qu'a pu écrire ici ou là Monsieur Laurent Cantamessi, bien plus intelligent (et j'ajoute cultivé et nuancé) que ce dernier.

  • PS : Je les ai comparés entre eux car ils sont tous deux pigistes à Causeur

  • Le texte de Romaric Sangars invite effectivement à la réflexion , il est intelligemment écrit .Je n'en dirais pas autant de celui de Laurent Cantamessi sur le voile , dont on peut penser qu'il est islamophobe , ou du moins "voilophobe " . Et avec les phobies , on ne va pas bien loin ... sur le village global , à la manière de center-parc , initié par l'Amérique , il y aurait beaucoup à dire . Sur l' Amérique et son influence délétère , Montherlant a été définitif ...

  • Pour ceux qui ne sont pas fan du village global , de la mondialisation libérale marchande ,( ils sont nombreux sur Métapo) le beau livre de Régis Debray, son Eloge des frontières .. Debray , sent-il le souffre ? un livre enrichissant .

  • @ Segoule

    Cher ami, je vous découvre en véritable érudit. Je peux donc vous posez une question.

    Comment Montherlant, qui est mort il y a plus de quarante ans, a-t-il pu être "définitif" sur l'Amérique ? N'y-aurait-il eu aucun changement dans le monde depuis cette époque ?

    Je brûle de lire votre brillante réponse.

  • Effectivement , Montherlant n'a pas connu Disneyland Paris... son jugement reste pertinent . Jean Cau n'a pas dit mieux en si peu de mots ... mais l'anti-américanisme ( primaire et secondaire aurait ajouté Cau ) , n'est pas recommandable , cela sent un peu le souffre , n'est-ce-pas ..?

  • @ Segoule

    Merci Très Cher Ami. Votre réponse est absolument brillante. Mais pourquoi écrivez-vous que "l'anti-américanisme (...) n'est pas recommandable" (sic) ?

  • "Une seule nation qui parvient à faire baisser l'intelligence , la moralité , la qualité de l'homme sur presque toute la surface de la terre , cela ne s'est jamais vu depuis que le globe existe . J'accuse les Etats- Unis d'être en état constant de crime contre l'humanité " . Montherlant . Le chaos et la nuit . Cela reste d'actualité à mon sens . A plus de quarante ans de distance ...Ce petit extrait est bien connu , mais j'aime à le voir à nouveau (.Je prends juste comme modèle d'influence délétère américaine ce qu'est devenue la danse traditionnelle Indoue dans le spectacle Bollywood . la beauté massacrée . ) .

  • @ Segoule

    Ce qui est admirable Chez l'auteur des "Les jeunes hommes" - Livre de chevet de Michel Marmin - c'est son sens de la modération.

  • Toujours la dérision , ou le mot pour rire , c'est bien! continuez Mézigue . Je vais demander au sniper de la semaine de vous épargner ... On doit savoir utiliser la modération ,vous avez parfaitement raison : Je n'ai pas eu de mal à préférer Clinton ( le premier à vouloir initier un système de prévoyance santé , sur notre modèle de sécu , ) et Obama ,( actuellement empêtré sur le même sujet ) à la clique de néo-con.

  • A part cela , votre livre de chevet , lequel est-ce ? Je pourrais vous suggérer , Cher Ami , Mystères ou Pan de Knut Hamsun .Mais sans doute les avez-vous lus , et puis ce Knut , tout de même , il n'est pas bien fréquentable ... axiologiquement neutre vôtre ,

  • @ Segoule

    Très Cher Ami, nous discuterons littérature quand vous viendrez avec votre charmant compagnon Dub-Laid prendre le cadeau que je vous ai promis sur un autre fil

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