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peuple - Page 15

  • Sur le Grand Remplacement...

    Renaud Camus réédite à son compte, dans une version largement augmentée, Le Grand Remplacement, un essai marquant, paru en 2011, dont le titre, sinon le contenu, a connu une diffusion virale, à tel point que la police de la pensée du système s'acharne désormais à nier la réalité même de ce qu'il décrit...

    Ecrivain, Renaud Camus est notamment l'auteur de plusieurs essais important comme Le communisme du XXIe siècle (Xénia, 2007),  Décivilisation (Fayard, 2011) ou Le changement de peuple (Renaud Camus, 2013).

    Cet ouvrage est disponible sur le site personnel de l'auteur.

     

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    "« Pouvez-vous développer le concept de Grand Remplacement ?
    — Oh, c’est très simple : vous avez un peuple et presque d’un seul coup, en une génération, vous avez à sa place un ou plusieurs autres peuples. C’est la mise en application dans la réalité de ce qui, chez Brecht, paraissait une boutade, “changer de peuple”. Le Grand Remplacement, le changement de peuple, que rend seul possible la Grande Déculturation, est le phénomène le plus considérable de l’histoire de France depuis des siècles, et probablement depuis toujours. »
    (Renaud Camus, entretien pour “Le Nouvel Observateur”)

    Ce livre constitue la troisième édition, très augmentée, du Grand Remplacement, volume originellement paru aux éditions David Reinharc en 2011."

     

     

     

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  • Le monde enchanté de Macron...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique incisive d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 13 décembre 2016 et consacrée au petit monde privilégié des partisans d'Emmanuel Macron...

     

                                                 

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  • Une nouvelle lutte des classes en Occident ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Ivan Blot, cueilli sur le site Katehon et consacré à lutte qui sévit en Occident entre les "élites" dominantes et le petit peuple... Ancien député européen, président de l'association "Démocratie directe", Ivan Blot a notamment publié L'oligarchie au pouvoir (Economica, 2011), La démocratie directe (Economica, 2012),  Les faux prophètes (Apopsix, 2013), Nous les descendant d'Athéna (Apopsix, 2014) ou encore L'Homme défiguré (Apopsix, 2014).

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    Une nouvelle lutte des classes en Occident

    Pendant des années, la vie politique en Occident fut assez simple et se résumait principalement à un affrontement entre la droite et la gauche. Sociologiquement, la bourgeoisie et les personnes pourvues de fortune ou de revenus élevés étaient majoritairement de droite. Les personnes moins riches et notamment les ouvriers votaient à gauche.

    Certes, la droite et la gauche n’étaient pas homogènes. En France, on avait essentiellement deux droites et deux gauches. A droite, il y avait la bourgeoisie libérale et atlantiste, d’une part, et les classes moyennes patriotes mais aussi attachées aux libertés, les gaullistes. A gauche, il y avait les socialistes et les radicaux, mélangeant des éléments de libéralisme et de socialisme étatique. Il y avait aussi l’extrême gauche dont la force majeure était le parti communiste français.

    Ce paysage a été complètement bouleversé par trois phénomènes sociologiques majeurs, la globalisation de l’économie avec ses bénéficiaires et ses perdants, l’arrivée d’une immigration de masse de culture extra européenne, le développement d’une importante criminalité diversifiée lié à un déclin des valeurs et des institutions traditionnelles : la famille, l’église, les syndicats et partis politiques, le village du monde rural. Les institutions n’ont guère su s’adapter à la nouvelle situation et n’ont pas montré de force de résistance. Le tissu social s’est donc défait et déchiré. Il s’est défait parce que l’individualisme matérialiste et hédoniste est devenu une philosophie dominante. Il s’est déchiré car peu à peu les élites se sont coupées totalement du peuple, le dialogue devenant extrêmement difficile entre les deux nouvelles catégories montantes.

    Cette opposition a conduit à l’affrontement entre deux conceptions du monde, celle des jouisseurs privilégiés ( les élites dominantes) et celle des souffrants déracinés. (le petit peuple). L’axe gauche droite s’est inversé et les élites défendent désormais des idées « de gauche » issues de mai 68.

    1/ l’idéologie des jouisseurs privilégiés (les élites dominantes).

    Reprenant le schéma des quatre causes aristotéliciennes amendé par Heidegger, nous allons tenter de définir l’essence de l’idéologie des jouisseurs privilégiés par quatre pôles complémentaires : la cause matérielle de cette nouvelle classe sociale est indiscutablement le nomadisme. On est dans le cadre d’une idéologie cosmopolite : les hommes doivent être interchangeables pour le profit du système économique et l’attachement à un territoire est considéré comme un obstacle du passé à éradiquer. Les nouvelles élites vont donc diffamer toute attitude patriotique au nom de l’égalitarisme, de la non-discrimination (sauf par l’argent), de l’antiracisme, de la liberté illimitée d’aller et de venir par-delà les frontières.

    La cause formelle qui va déterminer l’orientation morale de la société est l’argent. L’argent est nomade, c’est le seul critère légitime de discrimination entre les hommes. L’argent va se retourner contre la famille. On est « childfree » (libre par rapport à la fonction parentale) car les enfants ne rapportent pas d’argent mais en coûtent. Le goût de l’argent va inciter à une criminalité croissante. Le sens de l’honneur et du sacrifice personnel est dévalorisé. Les vocations sacrificielles sont méprisées : le clergé et l’armée sont marginalisés car l’acquisition d’argent n’est pas au centre de leurs préoccupations. Le droit prend de l’importance car il convient de l’utiliser à des fins profitables. Le grand romancier russe Boulgakov choisit comme premier assistant du diable le juriste pervers qui transforme le mal en bien et vice versa. Le relativisme devient roi. Ce qui était autrefois considéré comme mal, la débauche illimitée, la désertion face à l’étranger, le mensonge utilisé par les commerçants comme par les politiques, deviennent des qualités : il faut « libérer » ses instincts de base gouvernés par le cerveau reptilien, il faut ne pas défendre sa patrie au nom du pacifisme et de l’amour de l’étranger, il faut masquer la vérité car elle n’est pas « politiquement correcte » et se méfier du peuple insuffisamment éclairé.

    Du côté de la cause finale, qui donne du sens à l’existence, on va se contenter de l’utilitarisme, faisant de l’autre un objet à exploiter, on va promouvoir la consommation de masse. Comme l’homme vulgaire du marchand de Venise de Shakespeare, on veut « ce que beaucoup d’hommes désirent » et l’or passe avant tout. On va combattre toute forme de spiritualité organisée socialement, qui risquerait de dériver en institutions contraignantes. On fait cela au nom de belles idées comme « la laïcité » : Lénine avait vu là une idée géniale pour dissoudre la société « bourgeoise ». Mais c’est la bourgeoisie qui la première s’est écartée des valeurs de la religion au profit du nouveau Dieu : Mammon, l’argent !

    Du côté de la cause efficiente, c’est-à-dire des hommes, l’idéologie des élites dominantes fait l’éloge de l’oligarchie, masquée sous le nom de la démocratie. Les oligarques considèrent que leurs privilèges de fortune ou de pouvoir sont justifiés par leurs mérites, comme le niais de Shakespeare dans le marchand de Venise. Le niais est suffisant et prétend à la fille du riche vénitien à cause de ses mérites. Il n’est pas question d’amour. Il n’est pas non plus question de se sacrifier à son pays. La première promotion de l’Ecole Nationale d’Administration s’appelait « France combattante ». Cela faisait allusion a combat de la libération face à l’Allemagne nazie. Aujourd’hui, cet idéal n’est plus à la mode. Il faudrait plutôt parler de « carrière méritante ». Le mérite est révéré ce qui est l’aspect positif mais ce mérite a pour seul objectif la satisfaction de l’égo. Dostoïevski dans les frères Karamazov met en scène un personnage à la fois niais, intelligent et suffisant qui déclare :

    "Les crétins ont été mis sur terre pour être pillés et utilisés par les gens intelligents."

    C’est Rakitine, qui aujourd’hui aurait sans doute fait carrière de politicien dans les partis oligarchiques de droite ou de gauche.

    On obtient ainsi un « monde » de significations qui a sa cohérence propre et est fermé à toute autre vision.

    Le monde de l’idéologie des jouisseurs dominants :

    L’argent

    Utilitarisme de l’égo ← Idéologie des élites → oligarques

    Nomadisme

    Cette idéologie que l’on appelle souvent « le politiquement correct » permet aux dominants du moment de justifier leur domination et de dévaloriser les visions concurrentes. C’est la forme moderne du pharisaïsme auquel en son temps s’est heurté Jésus Christ.

    2/ L’idéologie des souffrants déracinés

    Les souffrants deviennent des dissidents face à l’idéologie des élites dominantes car leur souffrance leur fait voir l’évolution sociale d’une façon différente. Ils souffrent du déracinement provoqué par l’immigration, de l’insécurité face au crime mais aussi face au chômage. Ils souffrent de l’effondrement des valeurs traditionnelles qui donnaient du sens à leur existence. Dans le pire des cas, certains vont essayer de retrouver ce sens, dans une autre forme de crime : le terrorisme à prétexte religieux. Certains, de plus en plus nombreux, veulent résister au cancer social qui menace de submerger leur pays et leur civilisation : ce sont les résistants, qui souvent se regroupent dans les partis dit populistes et les associations identitaires.

    La cause matérielle qui fait apparaitre l’idéologie des souffrants est le déracinement. Les gens ont quitté leurs villages pour beaucoup pour des raisons économiques et s’entassent dans des banlieues sans âme. Le village avait sa cohérence civilisatrice avec son église, son école, sa mairie, son château, ses petits commerces et exploitations agricoles, son monument aux morts et son cimetière. Ce monde humain a peu à peu disparu. Dans les banlieues sans âme ni religion se sont entassés des millions d’étrangers, à la culture étrangère aux traditions européennes. Ces populations déracinées sont tombées pour une part dans la délinquance ou la criminalité. Les Français d’origine ont entretemps perdu une partie de leur identité : on ne leur a pas enseigné l’histoire du pays ni appris à l’aimer.

    La cause efficiente, les hommes est donc composée de victimes : victimes de la mondialisation et du chômage, victimes de l’insécurité, de la perte de l’environnement français habituel, victimes de l’immigration sur laquelle ils n’ont jamais été consultés. Ils s’aperçoivent que la démocratie a été confisquée : ils ne maitrisent plus rien et les puissants ne cessent de vouloir les culpabiliser. La culpabilisation est sociale (des pauvres types), morales (des racistes sans repentances), politiques (leurs choix sont diabolisés) culturelle (ils adhèrent à des valeurs du passé : la famille, leur condition d’homme ou de femme, leur nationalité, leur attachement à la morale des parents), économiques (ils ne sont pas « rentables » ou pas assez).

    La cause finale est sentie confusément : les souffrants voudraient conserver leur être, leur identité et le monde nouveau leur oppose les seules valeurs de l’avoir, et veut leur imposer des principes dictatoriaux soit disant au nom des droits de l‘homme. Comme l’a bien vu le philosophe Schiller a propos de la révolution française, les principes servent à détruire les sentiments humains. Le marxisme est mort mais son moule d’origine, le jacobinisme révolutionnaire est toujours vivant avec tout son sectarisme. C’est au nom des principes de la révolution française que l’on impose au peuple le carcan du politiquement correct. La liberté a été dévoyée par la vanité. L’égalité par la férocité (la guillotine physique ou morale) et la fraternité par la vénalité (fraternité entre « frères » de partis sur le dos du peuple).

    La cause formelle est alors l’esprit de résistance. Des clubs identitaires se forment, des partis populistes progressent de plus en plus. Certes, ils sont diabolisés, critiqués, calomniés. Ils ont aussi leurs défauts. Mais ils incarnent l’espoir d’un monde nouveau que les élites sont incapables de voir et de comprendre. Elles font appel à des experts pour tenter d’exorciser le mal. Mais ces experts, inconscients de leur rôle social de défense des jouisseurs privilégiés, ne sont que des charlatans.

    On a alors le schéma suivant :

    Esprit de résistance

    Conservation de l’être ← Idéologie des souffrants → victimes du système

    déracinement

     

    3/ Un fossé se construit et le dialogue semble impossible

    L’Occident est malade politiquement car ses bases sociologiques d’autrefois se sont effondrées. Il a produit lui-même cet effondrement, par sa pensée réductionniste ne voyant que le calcul économique et le droit, les deux alliés pour subordonner les souffrants et empêcher leur révolte. Mais les hommes ne sont pas que des « ressources humaines » (mot ignoble devenu courant dans les entreprises, évacuant le mot de « personnel » dans lequel il y avait encore des « personnes »). Les hommes ont une vie biologique, importante bien sûr, mais ils ont à la différence de l’animal une « existence » porteuse de sens. Or, l’existence de l’homme est tragique car il ne peut échapper à la mort. Mais il peut donner  à sa vie le sens d’une mission pour sa famille, sa patrie et son Dieu. Cela, l’idéologie des jouisseurs dominants ne permet pas de le comprendre. Les dirigeants sont desséchés et regardent les souffrants de haut. Leur intelligence se consacre à la technique, au calcul et au droit, non sans succès d’ailleurs. Mais le cœur leur manque. Marx l’avait prédit : la religion est le cœur d’un monde sans cœur. Le monde sans cœur est toujours là mais on lui a retiré son remède spirituel. Pas de cœur donc peu de courage, ce qui est dramatique dans un monde qui reste celui de la lutte, comme le nouveau terrorisme le montre.

    La société est divisée et le dialogue semble impossible. Dans les milieux bourgeois, on ne doit même pas parler de Trump ou du Front National. La haine sociale l’interdit : on est bien en présence d’une nouvelle lutte des classes. Pour sortir de cette situation, il faudrait une politique et des idées qui rassemblent : historiquement, cela a existé, cela s’appelle le patriotisme. La Russie de Poutine s’est engagée sur ce chemin, après de cruelles épreuves. Hâtons-nous de faire de même car le temps presse !

    Ivan Blot (Katehon, 26 novembre 2016)

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  • Après la polémique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Mathieu Bock-Côté, cueilli sur Figaro Vox et consacré au livre de Patrick buisson, La cause du peuple (Perrin, 2016). Québécois, l'auteur est sociologue et chroniqueur à Radio-Canada et est déjà l'auteur de plusieurs essais. Il vient de publier en France Le multiculturalisme comme religion politique aux éditions du Cerf.

     

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    Après la polémique, ce qui restera du livre de Patrick Buisson

    «Un brulot». Un «livre à charge». Un «règlement de comptes», ajoutèrent certains. C'est ainsi qu'on a accueilli La cause du peuple (Perrin, 2016), le dernier livre de Patrick Buisson, en prenant bien la peine de rappeler, comme à l'habitude, tout son parcours idéologique, comme s'il fallait mettre en garde le commun des lecteurs contre lui. Ces mises en garde faites, on a tout fait pour réduire cet ouvrage à une compilation de confidences et d'indiscrétions, comme s'il se livrait à la manière d'un petit tas de secret sur la Sarkozie. En gros, ce serait un livre de ragots. Comment ne pas voir là une autre preuve que la plupart du temps, les journalistes ne lisent pas vraiment les livres dont ils parlent? Ou s'ils les ont lu, qu'ils se fichent bien de l'essentiel. Ou alors, peut-être ont-ils décidé d'enterrer celui qu'on veut à tout prix faire passer pour un mauvais génie? Chose certaine, ils ne se sont pas intéressés à l'analyse de notre situation historique que Buisson a pris la peine d'élaborer sur plus de 400 pages, avec un bonheur d'écriture indéniable: on se contentera d'y coller une sale petite étiquette radioactive pour en faire un infréquentable personnage. Le vrai pouvoir de la gauche médiatique, c'est de décerner des certificats de respectabilité auxquels on prête encore de la valeur.

    Et c'est dommage. Très dommage. Car La cause du peuple est probablement un des livres les plus importants paru ces dernières années - j'ajouterais, un des plus passionnants. Si Buisson joue à sa manière le rôle du chroniqueur des années Sarkozy, qu'il a accompagné de 2005 à 2012 en voulant en faire le héraut de la France telle qu'il se l'imagine, il nous propose surtout, dans cet ouvrage, une puissante analyse de notre temps. Il croise la psychologie politique, la philosophie politique et l'anthropologie politique et son regard va très en profondeur. Il s'agit de faire un portrait de l'époque à travers la présidence d'un homme qu'il aurait souhaité frappé par la «grâce d'État» mais qui n'est jamais vraiment parvenu à faire quelque chose de son incroyable énergie, comme s'il était paralysé par son désir de reconnaissance par les branchés et les élégants, représentés à ses côtés par son épouse. Sarkozy, pour Buisson, est d'abord l'histoire d'un talent gâché, d'une immense déception. C'est l'histoire d'un homme qui aurait préféré l'agitation à l'action, en confondant l'hyperactivité médiatique et le travail de fond. Il n'aura pas su saisir la part sacrée du politique, la symbolique sacrificielle du pouvoir. Le pouvoir devait le conduire dans la jet-set mondiale où il jouirait, enfin riche, de son ascension sociale parfaitement réussie.

    On le sait, Patrick Buisson a été grand stratège du sarkozysme électoral en 2007, c'est-à-dire d'une campagne misant sur la transgression du politiquement correct en mettant de l'avant la notion d'identité nationale, longtemps concédée par la droite «républicaine» à la droite populiste. Buisson en était convaincu: il fallait mener la guerre culturelle à une gauche depuis trop longtemps hégémonique dans le monde des idées. Mais cette notion n'avait rien d'un hochet rhétorique chez lui. Au contraire, à travers elle, il était possible de renouer avec la part conservatrice de la droite et plus fondamentalement, de sortir d'une vision strictement économique de l'homme, qui passe souvent pour la seule rationnelle, surtout à droite, où on croit répondre aux besoins de l'âme humaine avec une approche strictement comptable. L'identité nationale ouvrait, pour Buisson, sur la part symbolique et anthropologique de la communauté politique: cette part, qui se dérobe à l'artificialisme sociologique, est probablement la plus importante. L'identité nationale permettait de faire une brèche dans une mythologie progressiste glosant sans cesse sur les valeurs républicaines pour mieux occulter l'identité historique de la France.

    C'est cette part que Buisson cherchera à mettre de l'avant pendant cinq ans, en invitant Nicolas Sarkozy à se l'approprier. Qu'il s'agisse de la question de l'autorité de l'État, de l'immigration ou des questions sociétales, Buisson revient toujours à la charge en rappelant une chose fondamentale: le peuple français fait une expérience pénible de sa désagrégation: ce constat est vrai pour l'ensemble des peuples occidentaux. Il voit ses symboles s'égrener, ses repères se brouiller, son identité s'émietter. Il se sent de plus en plus devenir étranger chez lui. Ses aspirations profondes sont étouffées, et mêmes déniées. On les présente comme autant d'archaïsmes ou de phobies alors qu'il s'agit d'invariants anthropologiques que la civilisation avait traditionnellement prise en charge et mise en forme. La vocation du politique, nous dit Buisson, est d'abord conservatrice: il s'agit de préserver une communauté humaine, qui est une œuvre historique vivante, et non pas toujours de la réformer pour l'adapter à la mode du jour. Il y a dans le cœur humain un désir de permanence qu'on doit respecter. Lorsqu'on le nie, on pousse l'homme à la solitude extrême, puis à la détresse.

    Buisson souhaite reconstituer le peuple français, et pour cela, il croit nécessaire de renouer politiquement avec lui. Alors que les élites ne savent plus défendre une souveraineté de plus en plus vidée de sa substance, il faut aller directement au peuple pour reconstituer une véritable puissance publique. C'est en puisant directement dans la légitimité populaire que Buisson entend régénérer le pouvoir, le déprendre des nombreuses gangues qui l'enserrent comme le droit européen ou international ou encore, les nombreux corporatismes qui entravent la poursuite de l'intérêt général. Mais, ajoute-t-il, la gauche ne pense pas trop de bien de ce retour au peuple, puisque depuis très longtemps, elle se méfie des préjugés du peuple, qui se montre toujours trop attaché à ses coutumes: elle rêve d'une démocratie sans le peuple pour la souiller de ses mœurs. C'est l'histoire du rapport entre le progressisme et le peuple dans la modernité. Dans le cadre de la campagne de 2012, Buisson cherchera quand même à convaincre Nicolas Sarkozy de miser sur une politique référendaire qui pourrait faire éclater le dispositif annihilant la souveraineté. Il n'y parviendra pas vraiment, même s'il poussera le président-candidat à renouer avec une posture transgressive.

    Mais un peuple n'est pas, quoi qu'en pensent les théoriciens des sciences sociales, une construction artificielle qu'on peut créer et décréer par décret. Et c'est en puisant dans son histoire qu'il peut renaître, en retrouvant ses racines les plus profondes. L'histoire est chose complexe: les formes qu'elle a engendrées peuvent se métamorphoser, renaître, et c'est dans cette optique que Buisson revient sur la question des racines chrétiennes de la France. Formée dans la matrice du christianisme, la France s'est couverte au fil de l'histoire d'églises, avant de les déserter assez brutalement au vingtième siècle - il faut dire qu'on a aussi cherché violemment à lui arracher ses racines chrétiennes avant cela. Dans un monde marqué par l'esprit de conquête d'un certain islam, par une immigration massive et par une déliaison sociale de plus en plus brutale, la France est prête à se réapproprier son héritage chrétien à la manière d'une «ressource politique immédiatement disponible» (p.322). Le catholicisme s'offre non plus nécessairement comme une foi mais comme une culture ayant permis aux Français d'accéder à la transcendance et vers laquelle ils peuvent se retourner à la manière d'une identité civilisationnelle.

    On me pardonnera de le redire, mais on aurait tort de voir dans cet ouvrage essentiel une bête charge contre un homme désaimé. En fait, quiconque recense La cause du peuple est condamné à ne rendre que partiellement compte de l'exceptionnelle réflexion qui s'y trouve. Buisson, en fait, fait le portrait de la misère d'une époque qui a le culot de se croire presque irréprochable alors qu'elle pousse les hommes à la misère affective et spirituelle et finalement, à une solitude si violente qu'elle représente peut-être la pire misère qui soit. En creux, il formule un programme de redressement qui est moins fait de mesures ciblées que d'un appel à renouer avec une idée de l'homme autrement plus riche que celle qui domine en modernité avancée: il n'y aura pas de réforme politique sans réforme intellectuelle et morale, dirait-on. L'homme politique ne doit plus voir devant lui une société flottant dans un éternel présent où se meuvent des individus bardés de droits mais un peuple historiquement constitué. Et il doit moins se présenter comme un habile gestionnaire du présent que comme un homme incarnant le passé, le présent et l'avenir d'une civilisation.

    Si Nicolas Sarkozy savait parler et faire de bons discours, il ne savait finalement pas incarner sa fonction et encore moins son pays. À lire Patrick Buisson, c'était un comédien de talent qui n'avait pas de vocation sacrificielle. Buisson a échoué a en faire le grand homme qu'il aurait peut-être pu être. Pouvait-il en être autrement? On comprend pourquoi la figure du général de Gaulle hante les pages de La cause du peuple. Mais il ajoute: «de n'avoir pas réussi la mission que je m'étais donnée ne prouve rien. D'autres, je le sais, viendront après moi pour dire et redire que ne font qu'un la cause du peuple et l'amour de la France» (p.442). Un pays dure tant que dure dans le cœur des hommes le désir qu'il persévère dans son être: la flamme de la résistance doit toujours être portée pour un jour le faire renaître mais il arrive qu'ils soient bien peu nombreux à la maintenir. Ce qui habite Patrick Buisson, manifestement, c'est l'espérance d'une renaissance française.

    La cité a quelque chose de sacré: à travers elle, l'homme fait l'expérience d'une part essentielle de lui-même, qui le transcende, qui le grandit, qui l'anoblit. «Aimer la France, dit-il, ce n'est pas aimer une forme morte, mais ce que cette forme recèle et manifeste d'impérissable». Et Buisson ajoute: «Ce n'est pas ce qui mourra ou ce qui est déjà mort qu'il nous faut aimer, mais bien ce qui ne peut mourir et qui a traversé l'épaisseur des temps. Quelque chose qui relève du rêve, désir et vouloir d'immortalité. Quelque chose qui dépasse nos pauvres vies. Et qui transcende notre basse époque. Infiniment» (p.442-443). La cité est gardienne d'une part de l'âme humaine et elle ne saurait bien la garder sans un véritable ancrage anthropologique. Mais elle ne saurait, heureusement, se l'approprier complètement et il appartient aux hommes qui croient à la suite du monde de la cultiver, d'en faire le cœur de leur vie, pour transmettre ce que l'homme ne peut renier sans se renier lui-même, pour honorer ce qu'on ne saurait oublier sans s'avilir intimement.

    Mathieu Bock-Côté (Figaro Vox, 18 octobre 2016)

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  • Immigration : quand l'UE est sourde à la révolte des peuples européens...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 4 octobre 2016 et consacrée à la réaction des peuples européens contre la politique d'accueil des migrants imposée par l'Union européenne.

    Eric Zemmour vient de publier chez Albin Michel un recueil de ses chroniques des années 2013-2016 intitulé Un quinquennat pour rien et précédé par un longue préface intitulée « La France au défi de l'islam ».

     

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  • Quand les Européens découvrent que leurs états ne les protègent plus...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la trahison des Européens par leurs "élites" politiques...

     

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    En 2016 les Européens ont découvert que les Etats ne les protégeaient plus

    L’année 2016 restera dans les mémoires comme celle de la grande offensive de l’islamisme contre les Européens et les Français en particulier : pas une semaine sans attentat, sans agression contre des femmes, sans violence contre des policiers, du personnel pénitentiaire ou des pompiers ; pas une semaine sans acte criminel commis par des individus souffrant de « troubles du comportement » comme disent les médias de propagande ! Des « déséquilibrés » qui ont en effet la curieuse manie de proclamer qu’Allah est grand ou qu’il faut niquer la France

    Mais face à cette offensive, les peuples européens découvrent surtout qu’ils sont sans défense car leurs gouvernements non seulement leur cachent la vérité mais ne les protègent plus.

    La guerre de civilisation a commencé mais les gouvernements européens ne veulent pas la mener.

    Le fiasco européen

    L’Union européenne a déjà démontré en 2015 son incapacité à protéger les frontières de l’Europe de l’arrivée massive d’immigrants.

    Tout ce qu’elle prétend faire c’est répartir autoritairement les immigrants entre les Etats membres mais l’Espace Schengen rend illusoire ce type de mesure.

    En clair l’Union européenne ne sait pas relever ce défi, ce qui explique que les Etats du Groupe de Visegrad font sécession de fait et rétablissent leurs frontières et que les Britanniques se sont prononcés pour le Brexit. L’Union européenne, censée nous apporter la paix, est tournée de toutes parts.

    A Calais la jungle des migrants n’est plus sous contrôle de l’aveu même du maire et les services de police se déclarent débordés. Comme en Grèce ou ailleurs.

    L’Europe sans défense

    L’union européenne n’a plus de frontières. Mais elle n’est pas prête non plus à affronter la guerre de civilisation.

    Le 14 juillet, on fait toujours défiler nos armées pour rassurer le bon peuple sur sa sécurité. Les matériels sont rutilants et les rangs sont comme les mâchoires : bien serrés. Mais il ne s’agit que d’un beau spectacle.

    Notre outil de défense reste en effet adapté à un conflit qui heureusement n’a pas eu lieu : affronter le Pacte de Varsovie en Europe. L’effondrement de l’URSS a pris les stratèges au dépourvu. Notre armée est donc dotée de matériels lourds destinés au choc frontal en Centre Europe contre une autre armée mécanisée. Elle n’est donc pas du tout adaptée au monde chaotique de la guerre de civilisation où le front est partout et où l’ennemi est déjà chez nous.

    Notre dissuasion nucléaire vise à nous protéger des autres puissances nucléaires. Elle garantit surtout le dernier espace de souveraineté politique qui nous reste. Mais elle joue un rôle comparable à celui de la Ligne Maginot dans la stratégie française des années 1930 : car elle garantit notre sécurité tant que l’adversaire a la bonne idée de raisonner comme nous – au cas d’espèce d’éviter une destruction mutuelle ou de trop graves dommages. Mais qu’en serait-il face à un adversaire déraisonnable ou kamikaze qui, lui, n’aurait pas peur de mourir, le tout dans un contexte mondial de dissémination de l’arme nucléaire ?

    Dans les années 1990 les pays européens se sont enfin mis au diapason de la projection, puisque les Occidentaux jouent de plus en plus le rôle de supplétifs des intérêts stratégiques américains, notamment au Moyen-Orient, et que nos politiques se sont empressés de réintégrer la France dans l’organisation intégrée de l’OTAN, au moment même où cette alliance perdait toute justification. On fait donc de plus en plus la guerre à l’étranger à mesure que le chaos s’étend au Moyen-Orient et en Afrique. Mais pas de chance : le front est désormais chez nous aussi et ces opérations extérieures usent nos forces.

    Les militaires qui patrouillent désormais dans presque toutes les villes européennes ne font que de la figuration à la demande des politiques. Car tout le monde sait qu’ils n’empêchent pas la progression des violences terroristes.

    Les Etats dépassés face à l’islamisme

    En réalité les pouvoirs publics sont dépassés face à l’islamisme.

    A cause, d’abord, de leur incapacité à réguler les migrations.

    A cause, ensuite, de leur laxisme systématique vis-à-vis des manifestations croissantes du prosélytisme islamiste, laxisme qui repose sur le clientélisme électoral, surtout à gauche.

    Enfin, à cause d’une grave erreur de jugement consistant à croire que pour lutter contre l’islamisme il faudrait encourager… l’islam : grâce à cette politique digne de Gribouille, les Européens ont désormais à la fois l’islamisation de leur continent et le terrorisme islamiste. Bravo les experts de la « déradicalisation » et du Padamalgam !

    Combien d’individus radicalisés dangereux sont en liberté dans notre pays ? On ne sait pas et de toute façon cela importe peu puisqu’ils sont justement en liberté ! Car les politiciens, soucieux avant tout de respecter l’idéologie de l’état de droit – en clair : le pouvoir des juges inamovibles – attendent… qu’ils commettent un délit ou un crime pour les arrêter.

    Comme vis-à-vis de l’immigration, le fameux « principe de précaution » ne s’applique pas à l’islamisme. Tant pis pour les victimes.

    Les Etats ne font la guerre qu’à leurs propres peuples

    La décision du Conseil d’Etat sur les arrêtés anti-burkini du mois d’août dernier ne surprend personne.

    Comme l’a bien montré Jean Yves Le Gallou dans son dernier ouvrage (1), en effet, le pouvoir judiciaire, qu’il soit national ou européen, n’a cessé de favoriser l’immigration et l’islamisation de l’Europe – au nom de l’idéologie des droits de l’homme et du cosmopolitisme, voire de la « politique de peuplement » chère à Manuel Valls.

    Les Etats européens ne font la guerre qu’à leurs propres peuples. Comme l’avait prévu Jean Raspail dans Le Camp des Saints (2) : son roman – sa prophétie, devrait-on dire – se termine justement sur l’image de l’armée française bombardant non pas les envahisseurs mais… les derniers Français qui veulent résister à l’invasion.

    Nous sommes déjà dans ce processus d’inversion puisque les pouvoirs publics, les systèmes sociaux et les organisations humanitaires n’ont qu’une priorité : « accueillir les immigrants », les « secourir » en mer, les aider à s’installer en Europe puis à faire venir leurs familles, les protéger de la « xénophobie » et du « racisme ». En d’autres termes à ouvrir toutes grandes les portes à la guerre ethnique, communautariste et religieuse qui vient.

    Les autochtones pauvres, les Calaisiens victimes des « migrants », les SDF ne sont plus sur le devant de la scène médiatique comme dans les années 1980. Les autochtones bénéficient aussi de moins en moins de la redistribution sociale qui va en priorité aux immigrants.

    Aujourd’hui il est plus tendance chez les bobos et les filles de bonne famille de s’afficher à côté des migrants que dans les Restos du Cœur !

    Les Etats refusent de reconnaître l’identité européenne

    Enfin, les Etats ne défendent plus les Européens car ils refusent de reconnaître l’existence même d’une identité européenne (3) ou les racines chrétiennes de l’Europe : pourquoi donc les défendraient-ils ? Non seulement ils ne les défendent pas mais ils sont devenus les protagonistes du Grand Remplacement, c’est-à-dire la disparition programmée des Européens.

    En France, depuis la loi Pleven de 1972, préférer la nationalité française est devenu un acte discriminatoire, sanctionné par les tribunaux qui prétendent néanmoins juger « au nom du peuple français » !

    En outre, avec l’approbation des traités européens, les étrangers ont les mêmes droits que les citoyens autochtones ; mieux encore : quand ils sont en situation irrégulière ils ont des droits supérieurs à ceux des citoyens, notamment en matière d’aide médicale.

    L’idéologie des droits de l’homme a tué partout la citoyenneté et donc les protections qu’elle procurait. L’idéologie « antiraciste » a, au surplus, transformé les autochtones en dhimmis juridiques : on ne poursuit pas le racisme antifrançais, antieuropéen ou la christianophobie, ce qui revient à considérer que les vies ou les croyances des Français de souche sont inférieures en dignité à celles des allogènes.

    Les Etats ne veulent plus protéger leur population

    Les Européens savent désormais que les Etats ne veulent plus les protéger.

    Le 12 juillet, soit symboliquement 2 jours avant l’attentat de Nice, le gouvernement français a décidé de frapper une « médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme ». Nous voilà donc prévenus : les victimes de l’impuissance publique recevront une médaille.

    Mais à Nice, lors de la commémoration, les autorités ont été huées par la foule. Comme, à Versailles, un policier a refusé de serrer les mains officielles lors de la commémoration de l’assassinat de deux collègues de Magnanville en juin dernier.

    Ces manifestations, comme les sondages, montrent que l’impuissance ou l’indifférence de l’Etat devient odieuse à un nombre croissant de nos concitoyens. Or un Etat impuissant devient vite un Etat illégitime.

    Aujourd’hui les citoyens sifflent les représentants du Pouvoir – désormais si mal nommé – que ce soit en France, en Allemagne ou en Italie. Ils rejettent électoralement la classe politique au pouvoir en Europe quand ils le peuvent.

    Demain ils pourraient bien aller plus loin encore dans leur dissidence.

    En Europe des révolutions ont commencé pour moins que cela.

    Michel Geoffroy (Polémia, 8 septembre 2016)

    Notes :

    1. Immigration : la catastrophe. Que faire ?, éd. Via Romana, 2016.
    2. Le Camp des saints, Robert Lafont, 1973.
    3. L’expression « Français de souche » ne recouvre « aucune réalité légale, historique, biologique ou sociologique », selon le Tribunal correctionnel de Paris le 19 mars 2015, jugement confirmé en appel en décembre 2015.
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