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nietzsche - Page 11

  • Tour d'horizon... (191)

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    Au sommaire :

    sur Stalker, Baptiste Rappin revient sur la crise du coronavirus au travers de l'analyse d'extraits de La Mobilisation totale, d'Ernst Jünger....

    De la mobilisation en période de pandémie. Neuf extraits commentés de La mobilisation totale d’Ernst Jünger

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    - sur In limine, un extrait d'un texte de Diego Sanchez Meca, professeur de philosophie à l’université de Madrid, consacré à la vision nietzschéenne de la religion grecque antique...

    Mais qu’est-ce qui est proprement grec ?

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  • Le graal d'Apollon...

    Les éditions Terre & Peuple viennent de publier un essai de Paul-Georges Sansonetti intitulé Le Graal d'Apollon. Spécialiste de littérature et de mythologie, Paul-Georges Sansonetti a été chargé de conférences à l’école pratique des Hautes Etudes. Il est notamment l'auteur de Chevaliers et dragons (Porte Glaive, 1995).

     

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    " Depuis la Renaissance, on considère la Grèce, et plus particulièrement Athènes, comme le berceau de notre civilisation européenne. Cependant, le cœur du monde hellénique n'était pas a cité de Périclès mais Delphes, consacrée à Apollon.

    Dans ces conditions le message des anciens Grecs doit être lu différemment car, par la figure de l'Olympien personnifiant la lumière et la perfection, Delphes se reliait à la mythique Hyperborée. située à l'extrême Nord de toutes les nations et demeuré en Âge d'Or, ce territoire n'était accessible ni par la terre ni par la mer, affirmait le poète Pindare. Évocateur de la notion de Tradition primordiale, ce qui symbolise l'Hyperborée resurgira au Moyen Âge avec le légendaire du Graal, à la fois source de la « plus longue mémoire » aurait dit Nietzsche, et soleil d'un devenir suprahumain.

    Approcher la signification d'Apollon, c'est tenter de  retrouver ce dont nos sociétés sont désormais tragiquement dépourvues : la force d'un idéal qui, par delà le temps et l'espace, reconduit à cette féconde incandescence illuminant d'aurore la la racine d'une civilisation et la cime de l'être. "

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  • 7 raisons d'être nietzschéen...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une intervention de Julien Rochedy consacrée à Nietzsche à l'occasion de la sortie de son essai intitulé Nietzsche l'actuel. Publiciste et essayiste, Julien Rochedy est une figure prometteuse de la mouvance conservatrice et identitaire.

     

                                          

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  • Nietzsche l'actuel...

    Julien Rochedy vient de publier un essai intitulé Nietzsche l'actuel - Introduction à la philosophie nietzschéenne, complété par un texte sur Nietzsche et l'Europe. Publiciste et essayiste, Julien Rochedy est une figure prometteuse de la mouvance conservatrice et identitaire. L'ouvrage est disponible sur son site personnel.

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    " J’ai voulu écrire ce livre pour partager aux autres ce que Nietzsche m’a offert.

    Incontestablement, il a changé ma vie. J’étais un petit jeune de province très en colère contre la société et frustré en moi-même, plein de ressentiment et d’aigreur, et je ne sais franchement pas ce que je serais devenu si je ne l’avais jamais rencontré.

    Grâce à lui, j’ai acquis une nouvelle façon de regarder le monde et les hommes ; j’ai appris  à distinguer entre ce qui appartenait au noble ou au médiocre ; j’ai rejeté toutes les conneries moralistes avec lesquelles on essayait de me culpabiliser depuis que j’étais jeune ; et j’ai compris que le secret du surhomme résidait dans la capacité à aimer toujours plus la vie à la condition de se transformer constamment, comme disait Nietzsche, « en lumière et en flamme ».

    Ce cadeau, je l’ai synthétisé pour en faire un livre qui soit à la fois accessible au néophyte tout en stimulant le confirmé, de sorte à ce que les débutants puissent acquérir une connaissance essentielle de la philosophie nietzschéenne, et que les connaisseurs puissent comparer leurs interprétations aux miennes. Car mon idée, en plus de présenter les grands concepts de Nietzsche, était de les confronter au réel, et de toujours montrer en quoi ils sont importants pour comprendre le monde d’aujourd’hui.

    En pour cause : Nietzsche écrivait que nous devions le lire 100 ans après sa mort. Nous y sommes, et c’est précisément pourquoi je crois que sa philosophie est primordiale pour analyser les grands phénomènes postmodernes et nihilistes qui nous environnent.

    Alors voilà : Nietzsche est actuel, il nous aide et nous transforme dans nos vies personnelles tout en nous indiquant les voies à suivre pour combattre radicalement la dégénérescence et la médiocrité du dernier homme.

    En résumé, Nietzsche écrivait qu’il était de la dynamite : rien n’est plus vrai.

    Eh bien l’ambition de mon livre, c’est d’être une allumette. "

     

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  • La mobilité comme liberté de bouger ou l’autonomie comme vraie liberté ?...

    Nous reproduisons c-dessous un point de vue de Pierre Le Vigan, cueilli sur le site du Cercle Aristote et consacré à l'autonomie comme liberté supérieure. Urbaniste, collaborateur des revues Eléments, Krisis et Perspectives libres, Pierre Le Vigan a notamment publié Inventaire de la modernité avant liquidation (Avatar, 2007), Le Front du Cachalot (Dualpha, 2009), La banlieue contre la ville (La Barque d'Or, 2011), Écrire contre la modernité (La Barque d'Or, 2012), Soudain la postmodernité (La Barque d'or, 2015) et dernièrement Achever le nihilisme (Sigest, 2019).

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    La mobilité comme liberté de bouger ou l’autonomie comme vraie liberté

    Nous sommes, en ce moment de confinement, privés de mobilité. Mais si la mobilité est une liberté, elle n’est pas toute la liberté. Il y a une liberté supérieure, qui implique de pouvoir être mobile, mais de pouvoir choisir aussi d’être immobile. Cette liberté supérieure, c’est l’autonomie. Et au-delà de la liberté de circuler, dont nous ne pouvons être durablement privés, la grande question qui se pose est celle de reconquérir une liberté comme autonomie, perdue depuis la révolution industrielle et les sociétés de masse.

    Dés le XIXe siècle, les inconvénients des sociétés de masse avaient été relevés par Tocqueville, puis par Nietzsche : instinct grégaire, perte du sens de l’initiative et de la responsabilité, Le paradoxe de la situation actuelle est que le confinement de masse fait suite à la mobilisation de masse. Le contraste est fort entre l’incitation à la mobilité, il y a encore deux mois (« Bougez-vous »), et l’assignation à résidence, à 1 km maximum de son domicile (« Restez chez vous »). Et pourtant, une question se pose : et si la logique était la même ? Sachant que ce sont en tout cas les mêmes qui nous reprochaient « de ne pas traverser la rue pour trouver un travail » qui nous demandent maintenant de ne pas traverser la rue, sauf pour des courses de première nécessité. Jusqu’à la mi-mars, la mobilité était louée, elle était au service de la mobilisation de toutes les énergies au service de l’économie. Nous devons maintenant nous croiser le moins possible, ce qui, dans sa forme extrême, donne l’injonction « Restez chez vous », la distanciation sociale étant rabattue sur l’enfermement chez soi. Nous nous apercevons alors que presque rien n’est possible sans déplacement. Et nous prenons la mesure de notre vulnérabilité. Dans la France périphérique, celle des campagnes, mais aussi celles des grandes banlieues, où les petits commerces ont disparus, il faut faire des km pour rejoindre le supermarché. Un peu partout, pour voir ses amis, et sa famille, il faudrait faire un trajet excédant les limites autorisées. La mobilité perdue fait partie de nos libertés. Mais en a-t-il toujours été ainsi ?

    A partir du moment où les hommes se sont sédentarisés, ils n’ont pu échapper à l’impôt, ni aux pouvoirs, royaux et féodaux. Mais une société de sédentaires est une société d’inégaux. Cela limite le pouvoir du souverain, car le souverain veut l’homogène, plus facile à contrôler, et rencontre l’hétérogène, plus insaisissable. Quant à l’ancrage de chacun dans sa terre, propriétaire ou aspirant à le devenir, il freine les possibilités de mobilisation par le souverain. Allez mobiliser des paysans en période de moisson ! Même Napoléon n’a pas trouvé à cela des solutions satisfaisantes. Le paysan n’aime pas être longtemps loin de chez lui. La terre donne une inertie. Et l’inertie limite le pouvoir. A partir du moment où le monde immobile de la terre s’est mis en mouvement, sous les coups de butoirs de la révolution industrielle, les choses ont changées. Première mobilité, l’exode rural a commencé quand le paysan n’a plus pu vivre de sa terre. Et avec l’industrie arriva la démocratie. Du moins le principe premier de toute démocratie : l’idée d’égalité des hommes qui les fait, à part égale, des citoyens. Chacun est alors légitime à participer à la vie politique, quelle que soit sa situation et sa position sociale.

    A partir de là, tout le monde peut désirer ce qu’a tout le monde. C’est même un moteur – la jalousie – dont le capitalisme a besoin. L’envie remplace le besoin (Franck Fischbach), l’envie étant plus flexible et plus souple que le besoin, et même que le simple désir, encore ancré dans le réel. Le besoin tend à se limiter désormais à un seul domaine, les rapports du capitalisme et de la terre, car le capitalisme a un besoin objectif d’un certain nombre de matières premières nécessaires à la production d’énergie, et se heurte à des limites objectives, la terre offrant des ressources non infiniment renouvelables.

    Mais, entre le capitalisme et les hommes, ce qui prédomine, ce sont désormais les valeurs mobilières (capitaux, placements…). La société industrielle devient à la fois de plus en plus mobile et de plus en plus marchande. Mais cette mobilité n’est plus le nomadisme des sociétés sans Etats étudiées par Pierre Clastres. Ce nomadisme connaissait des souverainetés éphémères, militaires, fragiles. La mobilité moderne est une mobilité sous contrôle. Elle l’est avec les permis de voyager que devaient porter sur eux les ouvriers du XIXe siècle (le « livret ouvrier »). Chacun est sous tutelle, et dépendant du système de l’argent : banques, crédit, assurances, centrales d’achat pour grandes surfaces, … .

    Dans ce système où chacun dépend d’une grande machine étatique et marchande lointaine, la liberté de mobilité n’est en rien une liberté comme autonomie. Cette liberté comme autonomie, c’est celle dont disposait le paysan dans une économie localisée, peu monétarisée. La liberté comme mobilité est en fait la liberté de devoir être mobile, de devoir être flexible, de devoir être adaptable, et interchangeable. C’est Spinoza interprété au premier degré : « La liberté, c’est l’intellection de la nécessité ».

    Confinés, nous voyons que l’on demande d’être encore plus flexible (le télétravail n’a plus d’heure et déborde sur toute la vie), de nous passer plus encore des services publics (réduits au minimum), de nous auto-contrôler plus encore (en nous délivrant à nous-mêmes des autorisations de sortie dérogatoire). La numérisation de tout le vivant et le traçage de tous à tout moment ont fait un grand pas, légitimés par la « santé », réduite au Covid-19, tandis que se multiplie les dégâts collatéraux (chômage, dépressions, violences, …) dus à la gestion de la crise sanitaire. A l’occasion du confinement, le gouvernement, faisant sortir notre pays de la démocratie parlementaire, multiplie les ordonnances, notamment sur le travail, et en profite pour affaiblir les protections sociales. Au même moment, les délais pour décider d’avorter sont encore allongés, après la suppression du délai de réflexion en 2015, et de la notification des droits de la femme enceinte, le ministre Olivier Véran s’étant inquiété, suite au confinement, de la baisse du nombre d’avortements : « Il y a une réduction inquiétante du recours à l’IVG », Public Sénat, 1er avril 2020, formulation pour le moins choquante, loin de l’esprit initial de la loi de Simone Veil. On voit par-là que le confinement n’empêche pas la marche du monde libéral de se poursuivre, et même de forcer l’allure. Toujours plus de mobilisation, toujours plus de « c’est mon choix », toujours plus d’individualisme.

    Pas plus en confinement qu’auparavant, l’économie n’est mise au service du bien commun. Le pouvoir de l’argent, et la jouissance malsaine de la transparence, de vouloir tout savoir sur tous, et de vouloir tout contrôler se sont réunis. Ils ont étendu leur emprise de la sphère économique à l’ensemble de la vie. Biopouvoir : le voilà. Si le confinement permettait à chacun de comprendre qu’il va nous falloir, collectivement, reprendre le pouvoir sur nos vies, il n’aura pas été totalement inutile.

    Pierre Le Vigan (Cercle Aristote, 1er mai 2020)

     

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  • Julien Rochedy : “Je fais partie d’une génération qui n’a pas peur de voir ce qu’elle voit !”

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien récent donné par Julien Rochedy à Valeurs actuelles et cueilli sur son site, dans lequel il évoque ses travaux de réflexion autour de la question masculine, de Nietzsche, du conservatisme, du progrès et de l'évolution. Publiciste et essayiste, Julien Rochedy est une figure montante de la mouvance conservatrice révolutionnaire.

     

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    “Je fais partie d’une génération qui n’a pas peur de voir ce qu’elle voit !”

    Samedi [décembre 2019], vous vous êtes illustrés par un tweet aux accents provocateurs qui a été abondamment commenté, notamment par la secrétaire d’État Marlène Schiappa. Il s’agit d’une photo prise dans votre supermarché de province montrant une pile de poupons métis et accompagnée du message suivant : « Maintenant nous n’avons même plus le choix […] le seul poupon mis en avant est métis […] » avant de conclure : « L’avenir nous est montré ; mieux, il nous est prescrit : disparaissez, sales blancs. » Vos opposants ont fustigé une obsession identitaire de votre part qui confinerait au racisme. Que leur répondez-vous ?

    Je fais partie d’une génération qui n’a pas peur de voir ce qu’elle voit, comme l’exhortait Charles Péguy, et encore moins de « décrire la réalité de manière spontanée » comme le formule Roger Scruton. Dès lors, je ne me cache pas derrière mon petit doigt ou derrière de grands concepts pour parler de choses crues qui, sous leurs dehors apparemment simplistes, sont en vérité fondamentales. J’entre dans un supermarché de province dans laquelle la population est encore à grande majorité blanche et je vois un poupon noir en tête de gondole. Est-ce quelque chose d’absolument anodin, ne méritant pas que l’on s’y arrête, ou est-ce plutôt quelque chose de très significatif dans le contexte d’une Europe qui a peur de s’affirmer et celui d’une immigration de masse venue d’un continent qui va démultiplier sa démographie dans les années à venir ? Selon moi, ce mignon petit poupon noir que Marlène Schiappa veut offrir à sa nièce, est très révélateur de l’état d’esprit qui préside à l’abandon de nous-mêmes. Nous ne sommes pas seulement une culture, des valeurs, un « mode de vie » ou autres abstractions utilisées pour nous définir dans les frontières du politiquement correct : nous sommes aussi des peuples d’ethnies européennes sans lesquels il n’y aura plus ni de France ni de civilisation européenne. Qu’importe que dire cela soit très mal vu : je préfère la vérité à un bon diner en ville.

    Ancien cadre du Front national, vous avez quitté la “politique politicienne” pour vous concentrer sur d’autres activités, entrepreneuriales et intellectuelles pour l’essentiel. Vos différentes réalisations, de l’école Major (site de développement personnel à destination des hommes) en passant par la tenue de conférences jusqu’à la rédaction d’ouvrages, convergent vers une même préoccupation : la crise de la civilisation européenne et occidentale. En cela, ne poursuivez-vous pas un travail éminemment “politique” ?

    J’ai compris assez vite que les politiques n’avaient pas de pouvoir et qu’ils n’étaient que des exécutants et des comédiens. Le vrai pouvoir se situe dans l’influence que l’on peut avoir sur les autres. Pouvoir influencer des décisions, des opinions, des modes et des mouvements, là réside la véritable puissance. Or, il y a deux manières d’influencer : soit par l’argent, soit par les idées. N’étant hélas pas riche, je me concentre sur les idées. Si, demain, je pouvais influencer une partie de la société civile ainsi que des acteurs importants, alors, oui, on pourrait considérer mon travail comme éminemment politique, car j’aurais atteint le vrai pouvoir. Pour l’heure, par exemple, je travaille sur une longue conférence-vidéo sur la pensée conservatrice. Elle sera sûrement vue par plusieurs dizaines de milliers de personnes, dont beaucoup de jeunes qui sont en politique et des acteurs du monde économique et culturel. Je le sais car ces gens m’écrivent. A ma petite échelle, c’est déjà de l’influence.

    La masculinité occupe une place de choix parmi vos réflexions. Tandis que le post-féminisme réduit l’identité masculine à une simple construction sociale, vous l’envisagez au contraire sous un prisme anthropologique. Pouvez-vous préciser votre pensée sur ce point ?

    Réfléchir à la masculinité autrement que sur le ton du seul reproche et de la condamnation vous transforme en « masculiniste », qui n’est qu’un autre mot pour dire, en langage progressiste, « homme de Cro-Magnon frustré et misogyne ». Pourtant, il faut admettre que la fin des sociétés traditionnelles, la tertiarisation de l’économie et les conditions de vie postmodernes ont apporté de toutes nouvelles façons de se penser homme et de se penser femme, ce qui a une profonde incidence sur nos vies, en amour, au travail, en famille, etc. Apparemment, dans ce nouveau monde, la masculinité classique semble devenue inutile, anachronique voire même souvent détestable. Et si ce point de vue n’était en fait que très superficiel ? Peut-être avons-nous toujours besoin d’hommes qui se pensent dans des contours classiques. Et peut-être même qu’en vérité, ces hommes n’ont jamais été aussi nécessaires. En général, je crois à la grande sagesse et à la profonde intelligence de l’existence de pôles masculins et féminins, et je redoute l’indifférenciation nihiliste à laquelle se livrent les postféministes qui, par ressentiment, cherchent désormais moins à s’occuper des femmes et à promouvoir le féminin qu’à haïr les hommes et vouloir liquéfier les genres. Je veux croire qu’il est toujours beau, bon et heureux qu’il y ait des hommes et qu’il y ait des femmes, pour le bonheur des deux d’ailleurs.

    Selon vous, nos sociétés sont en proie à une forme de nihilisme civilisationnel. Quels chemins préconisez-vous pour sortir de la nasse ?

    A la suite de Nietzsche, la question du nihilisme occidentale me hante. Pourquoi la civilisation européenne, qui est le lieu par excellence de la haute culture, de l’évolution et de la beauté, se renie-t-elle à ce point, craint de faire état de volonté de puissance et fait manifestement tout pour se suicider ? C’est un nihilisme profond qui est à l’œuvre ; un nihilisme entendu comme une maladie de l’esprit que les civilisations fatiguées, et trop coupées du naturel, attrapent. Il faut d’abord, comme en médecine, constater le mal. Faire réaliser au patient qu’il est en train de mourir. Ce n’est déjà pas gagné, car les progressistes ont souvent coutume d’appeler la mort « changement » pour tromper le monde. Puis, il faut essayer de comprendre les causes historiques, anthropologiques, philosophiques, et même biologiques, de la maladie nihiliste qui se propage si facilement dans l’existence postmoderne. Enfin, en termes de réponse et pour résumer brièvement, je crois qu’il faut se débarrasser de la moraline qui est son symptôme purulent, revenir au droit naturel, assainir nos modes de vie, et trouver de nouveaux défis civilisationnels exigeants. Tout cela est possible.

    Dans une publication récente sur votre site, vous expliquiez vouloir développer une nouvelle idéologie, “l’évolutisme”, consistant à lutter contre le progressisme ambiant sans céder aux sirènes de la nostalgie et à un chimérique retour du passé. Qu’entendez-vous par là ?

    Depuis des années, je cherche une réponse possible au progressisme qui soit autre chose que du pur conservatisme, car celui-ci a déjà beaucoup perdu et perdra encore. La vision du monde qu’oppose le conservatisme au progressisme n’est qu’un décadentisme et sa proposition idéologique n’est qu’un simple statu quo. En face, il y a des promesses, il y a un mouvement, il y a une narration empreinte de positif, même si elle est mensongère. Pour s’y opposer, il faut comprendre la signification profonde de la civilisation européenne et renouer avec ce qui la fonde : l’évolution. Or, l’évolution n’est pas le progrès, en tous cas pas celui entendu par la gauche ou par les libéraux. Pire encore : il semble bien que plus on « progresse », moins on évolue. La vérité est qu’en bien des domaines, nous régressons. La raison est simple, et elle tient dans la différence essentielle entre évolution et progressisme : pour évoluer, il faut partir de son état antérieur ; on évolue en fonction de ce que l’on est – grâce à ce que l’on est ; le passé n’est donc pas méprisé : il est fondamental pour évoluer. Au contraire, le progressisme est axiologiquement fondé sur la tabula rasa ; pour progresser comme ils l’entendent, il faut se débarrasser du passé, s’en « émanciper » – fondamentalement, on « progresse » donc contre ce que l’on est. Et cela change tout. A la place du conservatisme, c’est une doctrine de l’évolution qu’il faut opposer au progressisme, et c’est celle sur laquelle je travaille. Cependant, je ne suis malheureusement pas encore assez connu pour la formuler aujourd’hui, car j’aurais besoin de crédit. Mais ça viendra je l’espère.

    Vous travaillez présentement à la rédaction d’un prochain livre. Sur quoi portera-t-il ?

    Je publie à la rentrée trois de mes manuscrits de jeunesse : mon premier livre, un essai impétueux sur la décadence postmoderne nommé Le Marteau ; mon roman, Mourir à petit peu, roman d’une jeunesse sans vie ; et Nietzsche contre le nihilisme suivi de Nietzsche et l’Europe, deux essais que je réunis en un livre. Mon prochain livre traitera normalement de la condition masculine à l’heure actuelle. Je cherche à répondre à la question que nous sommes beaucoup à nous poser : est-il encore possible (et souhaitable !) de rester un homme aujourd’hui ? Et si oui, comment ? Si je parvenais à trouver une bonne maison d’édition, je suis sûr que ce pourrait être un best seller ! Car ce sujet, même s’il est un peu méprisé par l’intelligentsia comme un sujet mineur, n’en demeure pas moins essentiel pour la vie réelle de millions de gens.

    Julien Rochedy (Club Valeurs actuelles, 19 décembre 2019)

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