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  • Mélenchon, le bruit et la fureur...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de publier un nouvel essai de Rodolphe Cart intitulé Mélenchon, le bruit et la fureur - Portrait d'un révolutionnaire.

    Partisan d'un nationalisme populaire et identitaire, Rodolphe Cart, qui, après avoir réussi des études juridiques, a exercé la profession de charpentier, est déjà l'auteur de cinq essais, Georges Sorel, le révolutionnaire conservateur (La Nouvelle Librairie, 2023), Feu sur la Droite nationale ! (La Nouvelle Librairie, 2023), Faire légion - Pour un réveil des autochtones (Hétairie, 2024), La menace néo-conservatrice - Une France et une Europe sous influence (La Nouvelle Librairie, 2024) et De quoi Louis Sarkozy est-il le nom ? (Perspectives libres, 2025).

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    "Personnalité politique incontournable, Jean-Luc Mélenchon a de grandes chances de se porter candidat à l’élection présidentielle de 2027. Si chacun admet aisément que l’homme est un orateur hors pair, un débatteur redoutable ainsi qu’un grand connaisseur de l’histoire, qui peut réellement prétendre connaître le fond de sa pensée ? Après des décennies d’engagement politique, le leader de La France Insoumise a eu le temps de brouiller les pistes. Le « vrai » Mélenchon est-il le trotskyste de ses années de jeunesse ? celui de l’aventure mitterrandienne ? celui de la campagne populiste de 2017 ? ou bien celui qui annonce la « Nouvelle France » ? Voilà les questions auxquelles ce livre tente de répondre. À travers une analyse historique de la vie de Mélenchon, mais également de ses écrits, de ses engagements et de ses prises de parole, l’essayiste Rodolphe Cart dresse les différents portraits de l’un des hommes politiques français les plus importants de ces dernières décennies."

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  • Villepin, l’autre candidat de la « nouvelle France » ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Daoud Boughezala cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à Dominique de Villepin, faux gaulliste mais vrai opportuniste et tenant, comme Mélenchon, d'une France "créolisée"...

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    Villepin, l’autre candidat de la « nouvelle France » ?

    « Qui dit humanité veut tromper », écrivait Carl Schmitt dans La notion de politique. Sans doute avait-il pressenti que Dominique de Villepin désignerait un jour humanité comme son mot préféré de la langue française. L’ex-Premier ministre (2005-2007) n’est plus à une sortie démagogique près. Quoique légitime, sa dénonciation des crimes que commet Israël à Gaza cache un vide idéologique abyssal. Pour s’en convaincre, il suffit de visionner in extenso son grand entretien d’1h45 avec Guillaume Pley. Il en ressort une flopée d’images d’Epinal digne de miss Vosges : le « vivre-ensemble » a fait la France, Chirac aimait les gens et la charcutaille, mieux vaut rassembler que diviser, etc.

    14 février 2003 : son quart d’heure warholien

    Et dire que l’ex-diplomate est censé élever le niveau de la politique française. Signe qu’elle est tombée bien bas. Par sa stature, Villepin incarne le visage aristocratique et international de la France de Jacques Chirac. Celle des terroirs et des comices agricoles, de ces élus radsocs à la Queuille qui tapotent le cul des vaches, promettent un bon plassou aux croquantes et aux croquants, exaltent la Corrèze mais importent le Zambèze. 

    Les partis politiques que Villepin a successivement fondés, République solidaire puis La France humaniste, rivalisent de mots creux et d’espoirs déçus. Jadis libéral pratiquant, DDV a privatisé les autoroutes pour une bouchée de pain, a tenté d’assouplir le marché du travail avec les éphémères CNE et CPE, mis la jeunesse de France dans la rue et a vainement tenté de barrer la route à Nicolas Sarkozy en 2007. Malgré ce bilan famélique, il se fait applaudir à la Fête de l’Huma et compte même des soutiens chez Mediapart. Dominique de Villepin reste l’homme du grand discours de « la vieille Europe » contre la guerre en Irak prononcé à la tribune des Nations-Unies le 14 février 2003, d’après un canevas signé Bruno Le Maire (décidément meilleur en lettres qu’en chiffres…). Si ce quart d’heure warholien lui colle aux semelles, Villepin a remis un peu de dorure à son blason en s’affichant comme l’unique critique d’Israël à droite. Il faut dire que notre époque ennemie de la nuance nous contraint à choisir entre l’occidentalisme borné et un tiers-mondisme mal digéré.

    Importer la doctrine Terra Nova à droite

    Cette première tendance, devenue hégémonique à droite, rappelle régulièrement les liens présumés de l’avocat d’affaires Villepin avec le Qatar – émirat richissime qui arrose bon nombre d’élus français et caresse nos banlieues dans le sens de la barbe. Pour entretenir les meilleures relations du monde avec Doha et le PSG, Sarkozy échappe pourtant à ce traitement. C’est que le discours démago de Villepin agace. Ne nous y trompons pas ; rien n’est gratuit. Ses appels du pied répétés aux « quartiers populaires », ses réquisitoires contre la « dérive identitaire de LR » répondent à une stratégie bien huilée. Villepin voudrait ainsi rapatrier à droite la fameuse doctrine Terra Nova : s’attirer les suffrages de l’électorat de banlieues qui, adjoint aux bobos des centres-villes, ferait basculer la majorité dans les urnes.

    Il y a quelques années, un spécialiste français du salafisme m’avait glissé en sourdine : « Si la droite française renonçait à critiquer l’islam, elle aurait un boulevard chez les musulmans de France qui adhèrent très majoritairement au libéralisme… » Villepin a peut-être intériorisé ce calcul électoral. Jusqu’ici, il camoufle son passif chiraquien derrière de grands gestes creux pour se ménager une popularité à gauche. Par les temps qui courent, le dirigeant d’un cabinet de conseil préférant payer trois mille euros d’amende annuelle plutôt que de déclarer publiquement l’origine de ses revenus a peu de chances de se présenter au suffrage universel. À l’heure de la transparence absolue sous la surveillance du Parquet national financier, une telle opacité ferait désordre. Alors, que vise-t-il ? Incarner le flanc droit d’une gauche LFI en mal de crédibilité internationale ? Le sait-il lui-même ? En réclamant la nomination d’un Premier ministre du Nouveau Front populaire au lendemain des dernières législatives, Villepin s’est racheté une virginité à gauche.

    Napoléon à vide

    En filigrane, Dominique de Villepin entérine le Grand remplacement tout en le niant. À l’instar de ses nouveaux amis mélenchonistes, il mise sur l’émergence d’un « nouveau peuple » incarnant la France créolisée qu’il observe de ses lambris parisiens. Une martingale promise à un grand avenir. Au moins les tenants d’une république sans frontières ouverte aux quatre vents de l’immigration, peuvent se targuer d’une certaine cohérence. De sa passion pour Napoléon, qu’il partage avec Louis Sarkozy (!), Villepin a essentiellement retenu l’opportunisme. On connaît la tirade de l’Empereur adressée à Roederer : « Ma politique est de gouverner les hommes comme le plus grand nombre veut l’être. C’est là, je crois, la manière de reconnaître la souveraineté du peuple. C’est en me faisant catholique que j’ai fini la guerre de Vendée, en me faisant musulman que je me suis établi en Égypte, en me faisant ultramontain que j’ai gagné les esprits en Italie. Si je gouvernais un peuple de Juifs, je rétablirais le temple de Salomon. » Du vide dans un bas de soie.

    Daoud Boughezala (Site de la revue Éléments, 9 octobre 2025)

     

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  • La séparation des pouvoirs en question...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Delcroix, cueilli sur Polémia et consacré à la question de la nécessaire séparation des pouvoirs, que vient mettre en lumière le procès dans l'affaire des assistants parlementaires du RN.

    Juriste et ancien avocat, Eric Delcroix a publié notamment Le Théâtre de Satan- Décadence du droit, partialité des juges (L'Æncre, 2002), Manifeste libertin - Essai révolutionnaire contre l'ordre moral antiraciste (L'Æncre, 2005) et Droit, conscience et sentiments (Akribéia, 2020).

     

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    Marine Le Pen face à la justice : la séparation des pouvoirs en question

    Les réquisitions du Parquet du 13 novembre devant le tribunal correctionnel de Paris, au procès dit des assistants parlementaires européens du Rassemblement national (Front national à l’époque), ont éclaté comme un coup de tonnerre.

    Des peines très lourdes demandées

    Il est demandé, pour s’en tenir au cas de Marine Le Pen, contre la cheftaine du RN, cinq ans de prison dont trois fermes, une lourde amende et une peine d’inéligibilité de cinq ans. Et ceci, avec exécution provisoire, comme si la prévenue risquait de réitérer l’infraction présumée, au su et au vu de tous, ou de se teindre en brune pour aller se cacher, sous une fausse identité, au Kamtchatka pour ne pas affronter l’appel qu’elle ne manquerait pas d’interjeter si le Tribunal suivait lesdites réquisitions.

    Coup de tonnerre dans le ciel bas et gris de la politique française, mais surtout le prix d’un État de droit accepté au lieu et place de l’État légal républicain. En effet, pourquoi avoir accepté le procès tel quel, pourquoi cette défense de connivence jusqu’ici, comme un voleur à la tire, alors que le rupture s’imposait dès l’origine ? Avec ou sans succès judiciaire direct, mais avec un retentissement politique autre et pas seulement pour pleurer a posteriori sur le lait répandu.

    « Je suis la République ! »

    Jean-Luc Mélenchon s’était opposé à la perquisition de son bureau de député français au siège de son parti (LFI), criant de façon spectaculaire aux policiers instrumentaires, et sous les caméras, « Je suis la République ! » (2018). Le parquet avait reculé, mais devant le Tribunal M. Mélenchon n’avait malheureusement pas repris cette défense politique et radicale, abandonnant l’État légal républicain à son absorption par l’État de droit (Rechtsstaat made in Germany [1]).

    Dans l’État légal, de la tradition républicaine française historique, la loi est au-dessus du juge et non l’inverse, contrairement à qui prévaut dans cet État de droit, que nous avons connu avant la lettre en France comme vice de l’Ancien régime (hors la trop courte parenthèse Maupeou de 1771-1774). Ou bien on s’y fait et on doit cesser de nous bassiner avec la République, ou bien on regimbe et on revendique la restauration de notre régime dans son essence spécifique.

    L’ordre légal républicain, jamais remis en cause avant l’émergence de l’État de droit dans la Vème république de l’après De Gaulle, supposait une stricte séparation des pouvoirs, l’article 127 de l’ancien Code pénal (1810-1994) édictant que le magistrat qui refusait d’appliquer une loi commettait le crime de forfaiture. Toutefois, avant même l’abrogation de ce code au profit du Code Badinter (1994), l’article 55 de la Constitution, énonçant la supériorité des traités sur la loi nationale, avait déjà servi de palliatif pour contourner l’interdit criminel. Selon l’historien de droit Jacques Krynen [2] cet article ne visait alors qu’à rassurer les Alliés de la France quant à ses engagements vis-à-vis d’eux (Guerre froide).

    Mais la Cour de cassation, en 1975 [3], puis le Conseil d’État, en 1989 [4], ont pris leurs aises jurisprudentielles devant l’indifférence distraite de nos politiciens qui n’aiment pas tant le pouvoir que son apparence (n’ont-ils pas abandonné récemment leur compétence en matière d’avortement au profit du Conseil constitutionnel de composition non démocratique ?).

    La séparation des pouvoirs, un droit et deux ordres

    Dès son origine, la république française, précisément pour en finir avec l’État de droit encore innomé de l’Ancien régime, avait établi, sous l’autorité suprême de la Loi formelle, une stricte séparation des pouvoirs, au point de connaître une postérité originale typiquement française. En effet, l’interdiction faite à l’autorité judiciaire de s’immiscer dans les fonctions des pouvoirs législatifs et exécutifs finira par conduire à la création d’un droit administratif autonome (1873) avec un ordre juridictionnel parallèle, mis sous l’égide du Conseil d’État afin de laisser l’ordre judiciaire, et donc la Cour de cassation, absolument en dehors du jeu.

    Or, si le Front national/Rassemblement national a donné aux fonds parlementaires qui lui étaient dus par le Parlement européen une affectation tout ou partie étrangère à leur objet, est-ce à un juge de l’ordre judiciaire de le sanctionner ? Que dirait-on si, symétriquement, une commission parlementaire perquisitionnait le cabinet d’un juge pour voir s’il fait bien son travail et utilise à bon escient l’argent du contribuable ? Là, on entendrait glapir à la « violation de la séparation des pouvoirs ! ». Et à juste titre ! Certes, mais alors il appartient aux assemblées d’établir leurs systèmes disciplinaires distincts, comme nous sûmes établir historiquement nos juridictions administratives, au nom du respect de la séparation des pouvoirs. Que reste-t-il de cette séparation des pouvoirs si le juge peut dire aux députés ce qui est ou n’est pas un travail parlementaire ?

    Bon. Vous allez m’opposer que ce n’est pas le parlement de la République qui est en cause ici, contrairement au précédent (avorté) Mélenchon. Peut-être. Peut-être, mais nous faut-il céder nos valeurs historiques devant le parlement croupion de Bruxelles et Strasbourg, lieux de jeux de rôles pour entretenir le personnel politique des 26 ou 27 (et plus si affinité) en mal de sièges et de prébendes, et qui n’a guère de pouvoirs d’initiatives démocratiques et pas même l’initiative des lois ?

    Ou alors, soumis et en connivence comme le RN devant le Tribunal, ayons le bon sens d’acter la fin de la République et de reconnaître notre dissolution dans l’Union européenne que l’ancien dissident Vladimir Boukovsky (« … je viens de votre futur ») décrivait comme une nouvelle URSS en devenir.

    Éric Delcroix (Polémia, 19 novembre 2024)

     

    Notes :

    [1] Voyez mon ouvrage Droit conscience et sentiments, Akribeia, 2020.
    [2] Voyez son ouvrage Le Théâtre juridique, une histoire de la construction du droit, Gallimard, 2018.
    [3] Arrêt Société des Cafés Jacques Vabre.
    [4] Arrêt Nicolo.

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  • Feu sur la désinformation... (441)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Floriane Jeannin

     

                                                

     

    Sommaire :

    La météo de l'info

    L’image de la semaine : Halloween, Samhain ou Toussaint ?

    Le dossier : Antisémitisme, qui sont les vrais auteurs ?

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    Les pastilles de l’info

    Menaces d’attentat à Paris, une femme intégralement voilée et des médias pudiques

    « No twitter day » : la journée de l'échec

    Ukraine ou Israël : la France hors jeu

    Quand RMC laisse “Mehdi” en roue libre sans maîtrise de l’antenne

    La chasse au Mélenchon est ouverte !

    Macron et l’écriture inclusive

    Le « Forum de la Dissidence » de l’Institut Polémia : le gouvernement des juges

    Conclusion

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    Portrait piquant : Jean-Michel Aphatie

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  • Feu sur la désinformation... (381)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Jules Blaiseau.

    Au sommaire :

    • 1 - L'image de la semaine
      Incivilités, débordements, violences et maltraitances, le vivre-ensemble tourne mal dans les piscines et étendues d'eaux d'Europe durant la première canicule de l'été.
    • 2 - Législatives : un traitement médiatique en demi-teinte
      Retrouvez l'analyse de Jean-Yves Le Gallou concernant les résultats des élections législatives et leur traitement médiatique.
    • 3 - Revue de presse
    • 4 - Rachel Kéké : une députée "raciste" chez LFI ??
      L'histoire de Rachel Kéké a tout d'un conte de fée. Du moins selon les médias français, tombés en pamoison devant ce chef d'œuvre d'intégration républicaine. Et si son passé "d'extrême-droite" était en train de la rattraper ?

     

                                            

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  • Mélenchon et la fin du populisme de gauche...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Denis Collin, cueilli sur La Sociale et consacré au naufrage de Mélenchon et de la France insoumise après leurs prises de position favorables à la mouvance islamiste et au port du voile. Agrégé de philosophie et docteur ès lettres, Denis Collin est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés à la philosophie, à la morale et à la pensée politique, dont Introduction à la pensée de Marx (Seuil, 2018) et Après la gauche (Perspective libres, 2018).

     

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    LFI et l'islamisme

    Comparée aux dramatiques problèmes sociaux qui assaillent la majorité des habitants de ce pays, comparée à la réforme de l’assurance-chômage, à la réforme en cours des retraites, et à la liste interminable des mauvais coups de ce gouvernement Macron-Philippe, gouvernement le plus à droite depuis Pétain, la querelle de l’islamophobie pourrait paraître mineure et ne concerner qu’une minorité d’agités des réseaux sociaux comme le disent les commentateurs de Radio-Paris (« Radio Paris ment… »), pardon de France-Inter ou France-Culture (où il y a de moins en moins de culture).

    Pourtant l’appel à manifester le 10 novembre 2019 contre « l’islamophobie » marque symboliquement un tournant qu’on peut dire décisif. On savait depuis longtemps que le NPA, l’UNEF ou les Verts avaient pour l’islamisme les yeux de Chimène. On savait certains secteurs du PCF ou de LFI déjà passablement gangrénés. Mais là un pas a été franchi. Mélenchon et tout le groupe parlementaire LFI appellent à manifester derrière le ban et l’arrière-ban de l’islamisme « Frères Musulmans », le CCIF, les prêcheurs les plus réactionnaires, les plus misogynes, les pires partisans d’un islam oppresseur des femmes comme Nader Abou Anas. Mélenchon, jadis républicain laïque intransigeant (disait-il) est maintenant à la remorque des islamistes – même s’il continue de dire qu’il défend simplement le droit des musulmans de pratiquer leur foi, alors qu’il s’agit de bien autre chose : EELV, NPA, LFI, PCF etc. apportent leur soutien à l’entreprise de soumission des musulmans français à l’organisation factieuse des Frères Musulmans et autres intégristes qui veulent imposer le port du voile à toutes les femmes réputées musulmanes. La France Insoumise est devenue la France Soumise, la France de la soumission.

    Ce lâche abandon, cette capitulation en rase campagne parachève l’effondrement de la « gauche ». Les partisans enragés de la PMA (et de facto de la GPA), les « féminismes 2.0 » sont maintenant à la remarque de ceux qui pendent les homosexuels dans les pays où ils ont le pouvoir, de ceux qui veulent cantonner les femmes à la maison pour satisfaire les besoins de leur mari (faute de quoi elles seront persécutées par les anges) ! Dans ce monde de fous, où tout est mis cul par-dessus tête, le mouvement ouvrier, les travailleurs dépendants et indépendants, les petits artisans et paysans, tout ce qui constitue le « petit peuple » de ce pays est désormais privé de toute représentation politique. Pour le plus grand bonheur de Mme Le Pen qui compte bien tirer les marrons du feu. D’ailleurs certains sondages indiquent que 63% des électeurs de LFI seraient prêts à voter pour Marine Le Pen dans un second tour présidentiel face à Macron, pendant que Mélenchon a perdu toute chance sérieuse dans cette course.

    Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre, disait un proverbe latin qui s’applique à merveille aux chefs de LFI. Il y a des explications plus prosaïques : les municipales approchent, les derniers bastions du PCF et ceux de LFI sont en Seine-Saint-Denis, là où les islamistes détiennent souvent la clé du scrutin. LFI a vendu son droit d’ainesse pour un plat de lentilles électorales qu’elle ne mangera jamais, car les islamistes ne veulent pas être flattés, ils veulent le pouvoir.

    Comment cela est-il possible ? Comment les espoirs nés de la campagne de Mélenchon en 2017 et du résultat formidable du premier tour ont-ils pu être gâchés à ce point ? On peut chercher les fondements théoriques du désastre dans la pensée du « lider maximo » : ses livres L’ère du peuple, Le hareng de Bismarck ou encore De la vertu sont des livres à prétention théorique de la plus grande confusion d’où émerge tout de même l’idée qu’il faut changer de « sujet révolutionnaire » pour remplacer le vieux prolétariat par le « peuple urbanisé ». Cette bouillie « théorique » est parfaitement compatible avec la pensée de cette autre grande spécialiste en bouillie « post-marxiste », Chantal Mouffe, une des grandes inspiratrices de Mélenchon, quoi qu’il s’en défende et prétende n’avoir jamais lu Mouffe. Comme son alter ego Macron, Mélenchon a cultivé sa propre image de « prince philosophe ». Dans le désert intellectuel de ce pays, il a pu donner le change. Mais la réalité a montré qu’il n’était ni prince (au sens de Machiavel) ni philosophe.  Cette faiblesse théorique camouflée par une véritable maestria rhétorique n’est cependant pas l’explication suffisante de la déconfiture de LFI.

    Le programme de LFI, « L’avenir en commun » (AEC), devenu le livre sacré du mouvement, comporte à côté d’excellentes choses, des ambiguïtés et de non-dits et même de franches absurdités. Nous avions cru (un peu naïvement) que les désaccords avec le programme passeraient au second plan face à la dynamique du mouvement dans la campagne de 2017. Cela aurait été possible si LFI était devenue un véritable « intellectuel collectif », c'est-à-dire un parti avec des militants qui discutent de l’orientation, de l’analyse de la situation. Mais Mélenchon s’est opposé avec la plus extrême fermeté à la transformation de LFI en parti. Le mouvement devait rester « gazeux » pour que le leader charismatique, le chef du « parti personnel » (cf. Mauro Calise, Il partito personale. I due corpi del leader.) puisse en garder la maîtrise. Le mouvement gazeux est d’ailleurs en voie de liquidation puisqu’il n’a pas de stratégie pour les municipales (alliances au cas par cas avec des listes « citoyennes ») après avoir subi une sévère raclée aux européennes. On sait cependant que, derrière le parti personnel, il y a des groupes différents qui agissent au sommet, que les élus du 93 ont leurs propres intérêts, que les « héritiers » de Mélenchon se bousculent au portillon.

    Mais le gaz s’évapore. On ne compte plus les groupes de la France Insoumise dissouts dès que leur orientation contredisait les vues (du moment) du chef suprême. Ainsi le groupe Hebert, dissout pour cause de laïcisme. Nombreux sont les dirigeants de LFI qui ont claqué la porte ou ont été exclus sur un tweet du chef : Liem Hoang Ngoc, économiste venu du courant Emmanuelli du PS, François Cocq, pilier du Parti de Gauche, Charlotte Girard, la veuve du « fils » trop tôt disparu, François Delapierre, Georges Kuzmanovic, qui a fondé « République souveraine », Henri Pena-Ruiz, lynché aux journées d’été 2019 par les islamistes de LFI, Thomas Guénolé, sans parler de tous ceux qui se sont éloignés sans rien dire. Le capital de sympathie que le candidat Mélenchon s’était attiré dans certains milieux intellectuels « antilibéraux » est presque entièrement dilapidé.

    Délaissant l’idée un peu gramscienne d’un « bloc de classes » populaire, Mélenchon a adopté avec près d’un demi-siècle de retard toutes les théories gauchistes qui firent florès au lendemain de mai 68. Oubliant que « tout ce qui bouge n’est pas rouge », il se laisse balloter par les courants les plus délirants. Car l’islamisation de LFI se combine avec l’influence des végans en la personne de Bastien Lachaud, un ardent militant de la fermeture des abattoirs et de la « libération animale », avec expéditions nocturnes dans les élevages. On cultive aussi avec passion toutes les innovations sociétales : ainsi Mélenchon a déclaré que la filiation était toujours sociale et seulement sociale et apporté son soutien à Macron dans l’affaire de la « PMA pour toutes ». Il rejoint ainsi les aspirations de son « peuple urbanisé » de petits bourgeois intellectuels de style et de pensée « californiens », puisque c’est en Californie et dans les universités américaines que se sont développées ces inventions et notamment celle de « parent d’intention » qui sous-tend le discours mélenchonien.

    Le soir du premier tour de la présidentielle de 2017, Mélenchon a proclamé lui-même sa propre défaite. Alors que s’ouvrait l’opportunité de la construction d’un nouveau parti populaire, laïque, républicain et social, il s’est suicidé en direct en pleurnichant qu’on lui avait volé sa victoire. Cette explosion en vol du « lider maximo » en a montré les limites et la ligne erratique suive après l’a confirmé. Les législatives devaient être la revanche de LFI et Mélenchon se voyait déjà premier ministre de Macron. Ensuite on a eu un tournant « gauchiste » qui conduit à la situation actuelle avec entre temps les errances européennes et les retrouvailles avec Tsipras au Parlement européen dans le groupe GUE.

    Un ancien de LFI écrivait, il y a plusieurs mois, que « le moment Mélenchon » est passé. Rien de plus vrai.

    Souvenons-nous : « il n’est pas de sauveur suprême, ni Dieu, ni César ni tribun. Producteurs sauvons-nous nous-mêmes, décrétons le salut commun ! »

    Denis Collin (La Sociale, 5 novembre 2019)

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