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modernité - Page 2

  • Un changement d'époque...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un passionnant entretien avec Michel Maffesoli, mis en ligne le 30 mars 2019 sur Boulevard Voltaire, et consacré au changement d'époque dont la révolte des Gilets jaunes est un des signes...

    Penseur de la post-modernité, Michel Maffesoli a publié récemment  Les nouveaux bien-pensants (Editions du Moment, 2014) , Être postmoderne (Cerf, 2018) et dernièrement La force de l'imaginaire - Contre les bien-pensants (Liber, 2019).

     

                                      

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  • Le macronisme comme idéologie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur Huyghe.fr et consacré au macronisme comme idéologie. Spécialiste de la guerre de l'information, François-Bernard Huyghe enseigne à la Sorbonne et est l'auteur de nombreux essais sur le sujet, dont, récemment, La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018). Avec Xavier Desmaison et Damien Liccia, François-Bernard Huyghe vient de publier Dans la tête des Gilets jaunes (VA Press, 2019).

     

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    Le macronisme comme idéologie

    L’idéologie revient (et à vrai dire, elle n’était jamais partie) : nous pouvons constater chaque jour combien nous sommes divisés par nos idées - ce qui crève particulièrement les yeux (sans jeu de mots) dès que le débat touche aux Gilets jaunes -. L’impression que deux France vivent dans deux univers mentaux est de plus en plus prégnante. Pour le dire autrement, tout ce qui peut nous séparer dans nos intérêts économiques et sociaux, dans nos modes de vie, convictions générales et habitudes culturelles prend la forme d’un affrontement non pas entre deux doctrines, car les choses ne sont pas si élaborées, mais entre deux représentations de la réalité. Comme nous l’avons souvent dit, l’idéologie ce sont des idées ou jugement qui se déplacent en groupe et s’affrontent en groupe. Généralement autour d’un front idéologique principal. Cela ne signifie en aucune manière que l’on pense la même chose de chaque côté de la barrière (par exemple un Gilet jaune qui manifeste avec la CGT peut cohabiter avec un Gilet jaune en lutte contre la fiscalité, l’immigration et la perte de souveraineté), mais certains choix sont déterminants, ne serait-ce que parce qu’ils traduisent des passions sociales et qu’ils incitent à l’action. Des choix aussi simples que pour/contre les élites ou pour/contre la démocratie directe signifient plus que le vieux critères de séparations entre droite et gauche dont les dernières années ont montré la relativité.

    Mais l’idéologie, ce n’est pas seulement une série d’énoncés (des jugements compatibles sur les fondements du pouvoir, la réalités sociale, ou l’avenir de l’humanité), c’est aussi un lien (il y a eux et nous, la bonne réalité et la mauvaise idéologie). Elle se propage pour survivre ; elle partage et pas de la même façon, bien sûr, en lisant le Monde ou en allant sur Facebook et Youtube. C’est aussi, à certains égards, un logiciel qui fournit des réponses argumentées à l’avance et arme face à toute interrogation nouvelle. Une idéologie se reconnaît à ses points aveugles - ce qu’elle est incapable de penser - et à sa dynamique, à l’action qu’elle entraîne

    Le plus curieux de cette affaire est que le macronisme s’est présenté comme l’anti-idéologie par excellence : une pensée libérée des catégories obsolètes et des vieux fantasmes. Donc comme une heureuse synthèse de ce qu’il y avait d’applicable dans la droite et dans la gauche (le seul fait de penser en termes de problèmes et solutions étant en soi assez significatif d’un courant se pensée qui nous annonce la fin des idéologies depuis les années 60).

    Macron se vante souvent d’être un disciple de Ricœur. Or, ce dernier, dans un de ses textes les plus connus « Idéologie et utopie » distinguait deux formes de l’imaginaire social partagé : l’idéologie qu’il décrivait surtout comme une machine à justifier (une position de classe que l’on tente de faire passer pour universelle, une domination que l’on montre comme fatale et juste, ou encore une histoire commune qui rassemble un groupe). Quant à l’utopie, il la voyait plutôt comme une forme subversive, promettant un monde nouveau et servant d’appui pour critiquer l’actuel. Sans caricaturer sa pensée, car il les pensait les deux « en même temps » complémentaires, Ricœur avait tendance à sublimer la seconde et à critiquer la première. L’idéologie - fût-elle un fatras de promesses révolutionnaires - était plutôt du côté de la conservation/justification de ce qui est (fût-ce le pouvoir du parti qui se dit révolutionnaire) et l’utopie du côté de l’aspiration ou de l’invention.

    Ceci pourrait nous éclairer sur la pensée du disciple. Macron est-il utopiste ? C’est certainement un terme qu’il réfuterait puisqu’il ne cesse de se référer au réel : le réel en tant que limite (il n’y a pas d’alternative, il y a des contraintes géopolitiques, écologiques ou économiques que l’on ne peut feindre d’ignorer) et en tant que légitimation de sa politique qui serait à la fois dans le sens de la modernité et dans celui de l’efficacité. Mais, dans la mesure, où il est bougiste - tout change constamment et il est prioritaire d’accompagner ce changement - il joue passablement d’une forme de projection vers le futur radieux assez soft pour plaire à sa clientèle - disons bobo ou lib-lib - qui a besoin d’une perpétuelle excitation verbale pour se sentir toujours duc côté de l’audace et de la créativité.

    Et, évidemment, Macron s’offre la facilité de stigmatiser ses adversaires comme idéologues, mot qu’il emploie comme quasi synonyme d’extrémiste. Voire de crétin aveuglé par les fausses nouvelles ou de salopard fascisant habité par des haines et des peurs.Il manifeste par là une attitude typique des élites européennes qui ne peuvent imaginer que l’on pense autrement qu’eux sur l’essentiel (les 4 M : modernité, mondialisation, morale et marché) que sous l’effet d’une faiblesse mentale : populistes incapables de comprendre la complexité du réel, exigeant des choses contradictoires, manipulés et désinformés, etc. Ou on leur attribue des passions tristes, voire honteuses : pulsion de haine ou crispation identitaire. Le macronisme fait l’impasse totale sur le conflit politique, résumé à l’incompréhension ou à l’immoralité. C’est évidemment en cela qu’il est profondément idéologique puisqu’il propose un système d’interprétation qui exclut toute contradiction.

    Principe d’économie du macronisme : il n’est plus nécessaire de montrer que cela (le système adverse) ne marche pas ou que la doctrine de l’autre contient des contradictions, il suffit de qualifier ses propres critiques de jobards ou de haineux. La lutte idéologique se réduit à une pédagogie de ceux qui pensent mal et à une déradicalisation de ceux qui sentent mal. Et il n’est plus indispensable de prouver que votre idéologie est la bonne puisqu’elle est le réel.

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 7 février 2019)

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  • Tour d'horizon... (152)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur son site La Sociale, Denis Collin, philosophe socialiste, donne son point de vue sur la situation italienne...

    C'est en Italie que se joue l'avenir de l'Europe

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    - sur Philitt, Matthieu Giroux revient sur la spécificité du Japon...

    Le paradoxe de la modernité japonaise

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  • La revue de presse d'un esprit libre : spécial Olivier Rey... (38)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Spécial Olivier Rey :

    Le philosophe-mathématicien Olivier Rey s'entretient avec le Cercle Politeia de Bordeaux (7 octobre 2017). Ses réponses sont découpées en huit séquences d’une grande richesse argumentative et très éloignées du glossaire de la cuistrerie :

    (1) De la Science et du Cosmos. Les Grecs de la plus haute antiquité désignaient par le mot cosmos le bon ordre, ce qui est harmonieux bien rangé en un mot l’ensemble de ce qui est. Par exemple chez Homère l’armée d’Agamemnon bien rangée en ordre de bataille est dite « cosmique ».
    https://www.youtube.com/watch?v=_mFlm4SLuJ4

    (2) Sur les travaux de Baptiste Rappin concernant le management et son extension à tous les secteurs de l’existence.
    https://www.youtube.com/watch?v=E8k9xYjcm3Q

    (3) Sur la notion d’individualisme (rappel de Tonnies).
    https://www.youtube.com/watch?v=FXmkOYFrBSg

    (4) Féminisme et Patriarcat où il dément sans difficulté la pseudo association entre patriarcat et capitalisme. En revanche, nous dit-il, c’est bien le capitalisme qui par sa dynamique a détruit le patriarcat comme la communauté en commandant le passage de la « communauté » organique à la « société ». Le capitalisme est un puissant opérateur d’indistinction entre les hommes et les femmes. Dans les sociétés traditionnelles dites patriarcales il y avait des travaux d’hommes et des travaux de femmes qui rendait les uns dépendants des autres et si l’homme avait le pouvoir symbolique, cela n’empêchait aucunement la femme de disposer de nombreux pouvoirs réels. Tout cela a disparu avec l’extension du salariat.
    https://www.youtube.com/watch?v=RGlNhF5HI8A

    (5) Sur l’écologie.
    https://www.youtube.com/watch?v=tvuV2R9zKD0

    (6) Sur les origines chrétiennes de la modernité. À la question qui lui est posée de savoir si comme le pense Alain de Benoist, la modernité est la conséquence de principes chrétiens, il répond que le monde d’aujourd’hui n’aurait pas pu exister sans le christianisme mais pour autant il ne cautionne pas l’opinion suivant laquelle il ne serait que son aboutissement, plaidant plutôt pour une perversion du christianisme dans la modernité. Il opère une distinction très nette entre causes et conditions de possibilité en décrétant que le christianisme n’est pas la cause de la modernité mais qu’il en fut la condition de possibilité.
    https://www.youtube.com/watch?v=LEWba64W8E0

    (7) Sur la souveraineté et l’organisation politique. Réflexion à propos d’Aristote qui distinguait trois types d’organisation politique pouvant donner lieu à trois types de dégénérescence quand
    l’organe doté du pouvoir n’avait plus en ligne de mire le bien commun. La monarchie se dégradait en tyrannie, l’aristocratie en oligarchie et la politeia en démocratie, terme péjoratif dans l’ancienne Grèce.
    https://www.youtube.com/watch?v=GlUFJcQeBZ8

    (8) Tradition et modernité. Il ne faut pas magnifier le passé mais le considérer comme une ressource, un recours, dans lequel nous pouvons puiser pour faire face aux maux du présent. Et ce, sans opposer de façon manichéenne un passé « idyllique » à un présent « épouvantable ». Il s’élève contre le traditionalisme (à l’opposé de la véritable tradition) qui en voulant transposer tels quels les schémas du passé (à l’exemple de l’islam salafiste) dans un environnement qui a complètement changé fait fit de la tradition authentique. Il reproche à la modernité de s’être coupée de cette tradition. S’inspirant de l’anti-moderne Ivan Illitch, il se refuse à la réaction, se contentant de pointer l’ensemble des promesses de la modernité qui sont demeurées lettre morte.
    https://www.youtube.com/watch?v=9KCpYY00XW4

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  • Penser avec Aristote...

    Les éditions Perspectives libres viennent de publier un essai de Norman Palma intitulé Penser avec Aristote. Economiste et philosophe, professeur à Paris IV, Norman Palma a notamment publié Pourquoi Marx a-t-il échoué ? (Perspectives Libres, 2014), Autopsie d’un désastre économique (Perspectives Libres, 2015) et La guerre des Amériques (Perspectives Libres, 2015).

     

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    " Aristote est notre contemporain. Face à une pensée déboussolée par la noirceur du siècle, la Grèce et ses penseurs restent pour nous un modèle d’équilibre, d’ordre et de tempérance. Éclipsé par les pensées à la mode, Aristote revient aujourd’hui comme un miroir de notre modernité. Norman Palma nous guide à travers la pensée de ce géant grâce à un ouvrage clair et didactique comme autant de leçons aristotéliciennes illustrant les grands thèmes de la pensée et de la vie. "

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  • Itinéraire d’un gauchiste repenti...

    Les éditions Krisis publient cette semaine un nouvel essai de Charles Robin intitulé Itinéraire d’un gauchiste repenti - Pour un anticapitalisme intégral. Professeur de philosophie, Charles Robin est l’auteur de La Gauche du Capital (Krisis, 2014).

     

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    " Comment être anticapitaliste aujourd’hui, à l’heure où la gauche elle-même intègre l’avant-garde du libéralisme mondialisé ? Les « gauchistes » radicaux refusent encore de se convertir ouvertement au marché, mais ils n’ont plus grand-chose à voir avec les vieux socialistes. Au lieu de lutter contre les injustices économiques, ils préfèrent « jouir sans entraves » et deviennent le complément libertaire de la droite libérale. Un camp dérégule l’économie, tandis que l’autre dérégule les mœurs. La société de jouissance promue par Mai 68 représente la face festive et branchée de la société de consommation.


    Charles Robin a milité au Nouveau parti anticapitaliste (NPA), avant de s’en éloigner. Il nous livre ici les raisons biographiques et intellectuelles qui l’ont amené à cette rupture, et les anathèmes auxquels il s’est du même coup exposé. Car la faction progressiste se montre très souvent sectaire. Plus elle oublie ses racines socialistes, plus elle ressent le besoin de se dire « de gauche », afin de mieux dénoncer toute pensée dissidente comme fasciste ou réactionnaire. Et elle se coupe ainsi des milieux ouvriers, qui constituaient autrefois sa base militante.


    Après le succès de La gauche du Capital, Charles Robin prolonge son analyse de l’impasse libérale-libertaire, à travers des témoignages personnels, des entretiens et des essais qui jettent un regard décapant sur la modernité. Pour rompre avec l’idéologie du marché, nous ne pouvons plus nous contenter de mettre la barre à gauche. Nous devons élaborer de nouveaux clivages et restaurer une authentique alternative socialiste. Sans quoi le Capital continuera de tirer les ficelles de l’agitation contestataire. "

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