Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

marché - Page 6

  • La démocratie n'est pas à vendre !...

    Nous vous signalons la parution aux éditions La ville brûle du Manuel anti-sondages d'Alain Garrigou et Richard Brousse. Alain Garrigou, professeur de sciences politiques, est le fondateur de l'Observatoire des sondages, qu'il anime avec Richard Brousse, sociologue de formation.

     

    manuel anti-sondage.gif

    "Médias, argent, politique : les sondages sont au coeur d'un système qu'ils ont contribué à transformer.
    Forme dominante de production de l'opinion publique, les sondages participent à la mise en condition des citoyens, et donc à la perversion de la démocratie : les régimes démocratiques sont devenus des régimes d'opinion. Fabriquée, transformée en données chiffrées, marchandisée puis manipulée, l'opinion publique est à présent une source de profits sur un marché en pleine expansion. Alors que la fabrique de l'opinion tourne à plein régime, une critique citoyenne des sondages est plus nécessaire que jamais.
    Le Manuel anti-sondages décrypte le fonctionnement de ce système opaque et antidémocratique. Il propose une analyse sans concessions de ses techniques et de ses usages commerciaux, politiques et médiatiques, étayée par de nombreux exemples et complétée par un glossaire et des éléments de réponse aux contre-vérités des "opiniomanes": autant d'outils permettant de se défendre contre l'emprise croissante des sondages (et des sondeurs) sur le débat politique."

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Ecologie, l'autre crise ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte d'Hervé Juvin, cueilli sur son blog Regards sur le renversement du monde et consacré à la remise en cause de certains dogmes écologiques maniés par des lobbies qui en ont fait un fond de commerce profitable sur le plan politique ou économique...

     

    crise écologie.jpg

     

     

    Ecologie, l’autre crise?

    L’annonce que le Président Obama s’opposerait à l’adoption d’un texte sur la pureté de l’air, soutenu par les agences de l’environnement, une grande part du parti démocrate et les militants écologistes, a été interprétée comme un reniement, voire une trahison, et un lâche alignement sur les demandes des industriels, accusés de provoquer ou d’accélérer 100 000 décès annuels par maladies des voies respiratoires aux Etats-Unis.

    En Europe, après la flambée anti-nucléaire attisée par la peur, la contrainte budgétaire et la menace d’une récession ne sont pas les amies de l’environnement. Ici, ce sont des élus de retour de vacances qui font part de leur conviction ; l’affaire des algues vertes en Bretagne a été surjouée, il y a en a toujours eu, et les écologistes savent qu’ils jouent à coup sûr en accusant une agriculture intensive, alors qu’ils se montrent bien discrets sur la situation, par exemple, du bassin d’Arcachon et du bilan biologique de ses huîtres. Là, ce sont d’autres élus qui entreprennent de s’attaquer aux rentes exorbitantes que certains entrepreneurs avisés se sont constituées sur l’éolien ou le photovoltaïque, et qui rabotent les incitations fiscales concédées sans calcul et sans limites. Là, ce sont des militants politiques qui font part de leur énervement devant ce qu’ils appellent l’arrogance d’écologistes affirmant comme certitudes scientifiques des hypothèses de travail, et déroulant des scénarios de catastrophe qui relèvent de la foi religieuse plus que de l’anticipation scientifique ou du débat démocratique. Là encore, ce sont des chercheurs qui s’amusent du paradoxe ; les budgets ne manquent pas sur les grands sujets industriels, ils ne manquent pas non plus sur les sujets « à la mode » écolo, les autres n’ont aucune chance d’être financés. ,Et de dire tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas ; s’il avait été le fait de cultures industrielles, ou d’OGM, le scandale des légumes allemands contaminés, et mortels, aurait pris une toute autre ampleur – mais est-il permis de critiquer le bio ?

    L’atterrissage est douloureux, il est polémique, mais nécessaire. Derrière l’angélisme de la nature et l’idéalisme des militants et des actions de l’écologie, une industrie est née. S’il est permis de désigner des lobbys, il y a bien un lobby écologiste, il pèse ses milliards d’euros, il les pèse aussi en subventions, dégrèvements et aides de toute sorte, et les associations qui se partagent le gâteau des aides, des formations, des conseils et des déclarations obligatoires n’entendent rien céder ni rien perdre. En clair, l’environnement est devenu un business comme un autre.

    Le problème est que les intérêts légitimes des entreprises de l’environnement tendent à s’abriter derrière une nouvelle religion, une nouvelle morale, si ce n’est une nouvelle inquisition. La posture de prédicateur de maints écologistes est insupportable, dans un monde où personne ne peut prétendre détenir le bien, le bon et le vrai – il est seulement permis de les chercher. La démarche d’assistés elle aussi rebute. Beaucoup d’entreprises ont compris qu’il est plus lent et plus difficile de créer un marché que de s’attirer des subventions. Elles en usent, elles en abusent. Autour de faits avérés, préoccupants, quelquefois dramatiques – la dévastation des mers par la pêche industrielle, par exemple, ou encore l’extinction forcenée des derniers peuples hors du temps industriel par l’obligation de développement – se construit tout un appareil de normes, d’affirmations, bientôt de dogmes, qui ne méritent ni l’autorité qui leur est concédée, ni les obligations qui en résultent ; le scandale des nouvelles ampoules électriques, dont il apparaît qu’elles fatiguent les yeux et peuvent provoquer des troubles de la vision, est exemplaire à cet égard. Derrière, des monopoles se constituent, des rentes de situation s’étalent, et le contribuable paie pour des captations réglementaires dont les semenciers n’ont pas le monopole.

    Il y a la crise de l’environnement, la dégradation de notre milieu de vie, et il y a la crise de l’écologie comme mouvement, comme croyance et comme idéologie. Trop peu de preuves, et trop de dogmes. Trop peu de débat, et trop de certitudes. Trop peu de propositions, et trop de morale. Les temps promettent d’être difficile pour l’écologie. Parce que le hold-up de l’extrême gauche est contre nature, à moins que l’écologie humaine, qui défend l’autonomie de peuples libres de choisir leur vie et leurs lois, et l’harmonie née de la diversité collective entre des peuples libres de défendre leur unité interne, soit soluble dans la mondialisation. Parce que l’écologie a aussi ses notables, ses aristocrates et ses grands prêtres, qui s’empressent de faire commerce de vérités hasardeuses, ou d’indulgences bien négociées. Parce qu’un souci authentique et justifié se dégrade trop vite et trop fort en magistère moral, en rentes et en péages sur l’espace public. La crise de l’écologie est à venir. La crise, l’endettement, le souci du lendemain ne l’expliquent pas seuls. Le temps est venu de repenser la démocratie comme combat pour convaincre, pour faire sentir, pour partager et pour, ensemble, choisir un monde désirable.

    Hervé Juvin (Regards sur le renversement du monde, 20 septembre 2011)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • L'immigration, armée de réserve du capital !...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte important d'Alain de Benoist, publié initialement dans la revue Eléments et consacré à la question de l'immigration.

    Directeur des revues Krisis et Nouvelle Ecole, Alain de Benoist a récemment publié un essai sur la question animale, Des animaux et des hommes, aux éditions Alexipharmaque.

     

     

    armée de réserve du capital.png

     

    Immigration, l'armée de réserve du capital

     

    En 1973, peu de temps avant sa mort, le président Pompidou reconnaissait avoir ouvert les vannes de l’immigration à la demande d’un certain nombre de grands patrons, tel Francis Bouygues, désireux de bénéficier d’une main-d’œuvre docile, bon marché, dépourvue de conscience de classe et de toute tradition de luttes sociales, afin d’exercer une pression à la baisse sur les salaires des travailleurs français, de réduire leurs ardeurs revendicatrices, et subsidiairement de briser l’unité du mouvement ouvrier. Ces grands patrons, soulignait-il, en « veulent toujours plus ».

    Quarante ans plus tard, rien n’a changé. A un moment où plus aucun parti de gouvernement ne se risquerait à demander qu’on accélère encore le rythme de l’immigration, seul le patronat se prononce en ce sens, tout simplement parce que c’est toujours son intérêt. La seule différence est que les secteurs économiques concernés sont désormais plus nombreux, dépassant le secteur industriel ou la restauration pour s’étendre à des professions autrefois épargnées, telles que les ingénieurs ou les informaticiens.

    La France, on le sait, a fait massivement appel à l’immigration dès le XIXe siècle. La population immigrée représentait déjà 800 000 personnes en 1876, 1,2 million de personnes en 1911. D’abord centre d’attraction des émigrations italienne et belge, l’industrie française a par la suite attiré les Polonais, puis les Espagnols et les Portugais. « Cette immigration, peu qualifiée et non syndiquée, va permettre à l’employeur de se soustraire aux contraintes croissantes du droit du travail »1. En 1924, une Société générale d’immigration (SGI) est même créée à l’initiative du Comité des houillères et des gros exploitants agricoles du Nord-Est. Elle ouvre des bureaux de placement en Europe, qui fonctionnent comme une pompe aspirante. En 1931, on comptera 2,7 millions d’étrangers en France, soit 6,6 % de la population totale. La France affiche alors le plus fort taux d’immigration du monde (515 pour 100 00 habitants). « Un bon moyen pour toute une partie du patronat de faire pression à la baisse sur les salaires […] Dès cette époque, le capitalisme cherche à mettre en concurrence la force de travail en faisant appel à des armées de réserve salariales »2.

    Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, les immigrés vont de plus en plus fréquemment venir des pays du Maghreb, Algérie d’abord, puis Maroc. Des camions affrétés par les grandes entreprises (surtout dans le secteur automobile et le bâtiment) viennent par centaines les recruter sur place. De 1962 à 1974, près de deux millions d’immigrés supplémentaires vont ainsi gagner la France, dont 550 000 recrutés par l’Office national d’immigration (ONI), organisme géré par l’Etat, mais contrôlé en sous-main par le patronat. Depuis lors, la vague n’a cessé de s’amplifier.
       
    « Quand il y a pénurie de main-d’œuvre dans un secteur, explique François-Laurent Balssa, de deux choses l’une, soit on augmente les salaires, soit on fait appel à la main-d’œuvre étrangère. C’est généralement la seconde option qui restera privilégiée par le Conseil national du patronat français (CNPF), puis, à partir de 1998, par le Mouvement des entreprises (Medef) qui prend sa succession. Choix témoignant d’une volonté de profits à court terme, qui devait retarder d’autant l’amélioration des outils de production et l’innovation en matière industrielle. Dans le même temps, en effet, l’exemple du Japon montre que le refus de l’immigration au profit de l’emploi autochtone a permis à ce pays d’accomplir sa révolution technologique avant la plupart de ses concurrents occidentaux »3.

    L’immigration a donc au départ été un phénomène patronal. Elle continue de l’être aujourd’hui. Ceux qui veulent toujours plus d’immigration, ce sont les grandes entreprises. Cette immigration est conforme à l’esprit même du capitalisme, qui tend à l’abolition des frontières (« laissez faire, laissez passer »). « Obéissant à la logique du dumping social, poursuit François-Laurent Balssa, un marché du travail “low cost” s’est ainsi créé avec des “sans-papiers” peu qualifiés faisant office de bouche-trou. Comme si les grands patrons et l’extrême gauche s’étaient donné la main, les uns pour démanteler l’Etat-social, à leurs yeux trop coûteux, les autres pour abattre l’Etat-nation, trop archaïque »4. C’est la raison pour laquelle le parti communiste et la CGT – qui ont radicalement changé d’orientation depuis – ont combattu jusqu’en 1981 le principe libéral de l’ouverture des frontières, au nom de la défense des intérêts de la classe ouvrière.

    « Laissez passer les hommes, mais aussi les capitaux et les marchandises ; telle est la doctrine de la Commission européenne. Mieux : laissez passer les hommes pour mieux rentabiliser le mouvement des capitaux et des marchandises », écrit également Eric Zemmour, qui rappelle que « les mouvements migratoires très importants de ces vingt dernières années ont été une des composantes majeures d’une croissance économique sans inflation, puisque ce flot continu de travailleurs à bas prix a pesé comme une chape de plomb sur les salaires des travailleurs occidentaux »5. Michèle Tribalat, elle, observe de son côté que « l’immigration modifie la répartition du gâteau économique, et cet indéniable constat à beaucoup à voir avec le fait que certains sont favorables à une forte immigration quand d’autres cherchent à la réduire ou à l’arrêter »6.

    Pour une fois bien inspiré, le libéral Philippe Nemo confirme ces observations : « Il y a en en Europe des responsables économiques qui rêvent de faire venir en Europe une main-d’œuvre bon marché capable, d’abord, d’occuper certains emplois pour lesquels la main-d’œuvre locale est insuffisante, ensuite de peser sensiblement à la baisse sur les salaires des autres travailleurs européens. Ces lobbies, qui ont tous les moyens de se faire entendre tant des gouvernements nationaux que de la Commission de Bruxelles, sont donc favorables tant à l’immigration en général qu’à un élargissement de l’Europe qui faciliterait considérablement les migrations du travail. Ils ont raison du point de vue qui est le leur, c’est-à-dire selon une logique purement économique […] Le problème est qu’on ne peut raisonner ici selon une logique seulement économique, puisque l’afflux en Europe de populations exogènes a aussi des conséquences sociologiques lourdes. Si les capitalistes en question prêtent peu d’attention à ce problème, c’est peut-être qu’ils jouissent en général des bénéfices économiques de l’immigration sans en subir eux-mêmes les nuisances sociales. Grâce à l’argent gagné par leurs entreprises, dont la profitabilité est ainsi assurée, ils peuvent habiter les beaux quartiers, en laissant leurs compatriotes moins fortunés se débrouiller, dans les banlieues déshéritées, avec les populations allogènes »7.

    Telle est aussi l’opinion des experts. C’est ce qu’a montré, en 2009, un rapport du Conseil d’analyse économique (CAE), organisme dépendant directement des services de Matignon. Intitulé Immigration, qualification et marché du travail, ce document explique d’abord que la notion de « pénurie de main-d’œuvre », traditionnellement alléguée pour justifier le recours à l’immigration, ne signifie à peu près rien en période de chômage. « Du point de vue de la science économique, la notion de pénurie n’est pas évidente », peut-on lire dans le texte, car le « fait que certains natifs rejettent certains types d’emploi peut simplement signifier que les travailleurs ont de meilleures opportunités que d’occuper ces emplois, et donc que les salaires correspondants devraient augmenter pour qu’ils soient pourvus » (p. 45). Ce qui montre très clairement que la pénurie ne se forme que lorsqu’un secteur n’offre pas des salaires suffisants – et que le recours à l’immigration est en fait un moyen de ne pas augmenter les salaires, quitte à créer artificiellement une « pénurie » que l’on comblera en allant chercher ailleurs une main-d’œuvre acceptant d’être sous-payée. Le rapport conclut d’ailleurs que, « dans le cas du marché du travail, cela signifie qu’à la place de l’immigration des années 1960 on aurait pu envisager une hausse du salaire des moins qualifiés » (p. 46).

    Le même document recense par ailleurs une série d’études qui ont tenté, en France comme à l’étranger, de chiffrer l’impact de l’immigration sur les salaires : « Atlonji et Card trouvent qu’une hausse de la proportion d’immigrés d’un point de pourcentage réduit le salaire de 1,2 % […] Boris conclut son étude en affirmant qu’entre 1980 et 2000, l’immigration aurait accueilli l’offre de travail d’environ 11 %, ce qui aurait réduit le salaire des natifs d’environ 3,2 % » (pp. 37-38).

    Depuis le début des années 2000, l’apport annuel de l’immigration à la population française est d’environ 350 000 personnes, pour la plupart d’origine extra-européenne (dont 200 000 entrées régulières dans le cadre de l’immigration professionnelle ou du regroupement familial, 50 000 demandeurs d’asile et 80 000 naissances d’origine étrangère). Le nombre d’immigrés devenus français augmentant chaque année de près de 150 000, un bon tiers de la population française devrait, au milieu de ce siècle, être issue de l’immigration.

    Selon les chiffres officiels, les immigrés vivant dans un ménage ordinaire représentent aujourd’hui 5 millions de personnes, soit 8 % de la population française en 2008. Les enfants d’immigrés, descendants directs d’un ou deux immigrés, représentent 6,5 millions de personnes, soit 11 % de la population. Les clandestins sont évalués entre 300 000 et 550 000 personnes. (Les expulsions de clandestins coûtent 232 millions d’euros par an, soit 12 000 euros par reconduite). Jean-Paul Gourévitch, de son côté, évalue la population d’origine étrangère vivant en France en 2009 à 7,7 millions de personnes (dont 3,4 millions de Maghrébins et 2,4 millions d’originaires de l’Afrique subsaharienne), soit 12,2 % de la population métropolitaine actuelle. En 2006, cette population immigrée contribuait à hauteur de 17 % à la natalité.

    Or, si l’immigration rapporte au secteur privé beaucoup plus qu’elle ne lui coûte, elle coûte en revanche au secteur public beaucoup plus qu’elle ne lui rapporte.

    Le coût global de l’immigration a en effet été chiffré. Selon une étude de Contribuables Associés rédigée par Jean-Paul Gourévitch, Le coût de la politique migratoire de la France, les dépenses que l’Etat consent pour l’immigration se montent aujourd’hui à 79,4 milliards d’euros par an, dont près des trois-quarts (58,6 milliards) relèvent des coûts sociaux. Les recettes s’élevant à 48,9 milliards d’euros, dont les deux tiers sont dus à la fiscalité directe (État et collectivités locales) et aux impôts indirects (TVA et TIPP), le déficit global pour les finances publiques se monte à 30,4 milliards d’euros, soit 1,56 point de PIB. On notera que le coût non marchand de l’immigration n’est pas pris en compte ici. Jean-Paul Gourévitch précise que « les études conduites outre-Manche et outre-Atlantique montrent que l’immigration n’a pas d’effet globalement positif sur les finances publiques tant que l’immigration de peuplement, qui coûte à l’Etat plus qu’elle ne rapporte, reste supérieure à l’immigration de main-d’œuvre, qui rapporte un peu plus qu’elle ne coûte quand elle n’est pas clandestine »8. Il ajoute que si, aux déficits dus à l’immigration, on ajoute encore ceux qui résultent de l’expatriation, soit plus de 11 milliards d’euros de dépenses et de manque à gagner pour l’État, « le coût de la politique migratoire de la France s’établit aujourd’hui à 38,3 milliards d’euros, soit presque deux points de PIB »9.   

    La France connaît donc aujourd’hui une immigration de peuplement, conséquence directe du regroupement familial. Mais les immigrés constituent plus que jamais l’armée de réserve du capital.

        On ne peut qu’être frappé, à cet égard, de voir comment les réseaux « sans-papiéristes » de l’extrême gauche, qui croient trouver dans les immigrés un  prolétariat de substitution, servent les intérêts du patronat. Réseaux mafieux, passeurs d’hommes et de marchandises, grands patrons, militants « humanitaires », employeurs « au noir »  : tous sont adeptes de l’abolition des frontières par le libre-échangisme mondial. Olivier Besançenot, Laurence Parisot, même combat !

    Révélateur, par exemple, est le fait que Michael Hardt et Antonio Negri, dans leurs livres-manifestes Empire et Multitude10, se prononcent pour une « citoyenneté mondiale » et lancent un appel à la suppression des frontières qui aurait pour premier effet d’accélérer l’installation dans les pays développés de masses de travailleurs à bas salaires provenant du Tiers-monde ou des pays émergents. Qu’aujourd’hui, la plupart des migrants doivent leur déracinement aux dislocations sans fin induites par la logique du marché global, que ce déracinement soit précisément ce que recherche le capitalisme pour mieux adapter l’homme au marché et enfin, subsidiairement, que l’attachement territorial fasse partie des motivations humaines, ne gêne aucunement ces deux auteurs, qui notent au contraire, avec satisfaction, que « le capital lui-même a exigé une mobilité croissante de la main-d’œuvre et des migrations continuelles à travers les frontières nationales »11. Le marché mondial constituerait, de leur point de vue, le cadre naturel de la « citoyenneté mondiale ». Parce qu’il « exige un espace lisse de flux non codés et déterritorialisés », le marché mondial est censé servir les intérêts de la « multitude », car « la mobilité comporte un prix à payer pour le capital qui est le désir accru de libération »12.

    L’inconvénient de cette apologie du déracinement, pris comme condition première d’un « nomadisme » libérateur, est qu’elle repose sur une vision totalement irréelle de la situation concrète des migrants et des personnes déplacées. Comme l’écrivent Jacques Guigou et Jacques Wajnsztejn, « Hardt et Negri s’illusionnent sur la capacité des flux d’immigration à être à la fois la source d’une nouvelle possibilité de valorisation du capital et la base d’un enrichissement des perspectives de la multitude. Les migrations ne sont, en effet, rien d’autre qu’un moment d’une concurrence universelle et, en soi, migrer n’est pas plus émancipateur que de rester chez soi. Le sujet “nomade” n’est pas plus enclin à la critique et à la révolte que le sujet sédentaire »13. « Aussi longtemps, ajoute Robert Kurz, que des hommes quitteront leurs proches et iront, même au risque de leur vie, chercher du travail ailleurs – pour être à la fin broyés par la moulinette du capitalisme –, ils ne seront pas plus porteurs d’émancipation que les autovalorisateurs postmodernes de l’Occident : ils n’en constituent que la variante misérable »14.

        Qui critique le capitalisme en approuvant l’immigration, dont la classe ouvrière est la première victime, ferait mieux de se taire. Qui critique l’immigration en restant muet sur le capitalisme devrait en faire autant.


    Alain de Benoist (Eléments n° 138, avril-juin 2011)

     

     

    Notes et références

    1. François-Laurent Balssa, « Un choix salarial pour les grandes entreprises », in Le Spectacle du monde, octobre 2010, p. 42.

    2. Ibid., p. 43.

    3. Ibid., p. 44.

    4. Ibid., p. 45.

    5. Le Spectacle du monde, septembre 2010, pp. 16-17.

    6. Michèle Tribalat, Les yeux grands fermés. L’immigration en France, Denoël, Paris 2010.

    7. Philippe Nemo, entretien en ligne, site Le Temps d’y penser, 29 septembre 2010.

    8. Jean-Paul Gourévitch, « La réalité de l’immigration », in La Nef, mai 2010, p. 14.

    9. Ibid., p. 15.

    10. Michel Hardt et Antonio Negri, Empire, Exils, Paris 2000 ; Multitude, La Découverte, Paris 2004.

    11. Empire, op. cit., p. 481.

    12. Ibid., pp. 403-404 et 312.

    13. Jacques Guigou et Jacques Wajnsztejn, L’évanescence de la valeur. Une présentation critique du groupe Krisis, L’Harmattan, Paris 2004, p. 126.

    14. Robert Kurz, « L’Empire et ses théoriciens », in Anselm Jappe et Robert Kurz, Les habits neufs de l’Empire. Remarques sur Negri, Hardt et Rufin, Lignes-Léo Scheer, Paris 2003, pp. 114-115.

     

    Lien permanent Catégories : Textes 0 commentaire Pin it!
  • Le pire est de plus en plus sûr !...

    Les éditions Mille et une nuits publient ces jours-ci Le pire est de plus en plus sûr, un essai de Natacha Polony sur la politique scolaire. Déjà auteur de Nos enfants gâchés. Petit traité sur la fracture générationnelle (Lattès, 2005) et L’Homme est l’avenir de la femme (Lattès, 2008), elle tient, sur le site du Figaro, le blog intitulé Eloge de la transmission.

    Le pire est de plus en plus sûr.jpg

    "« Septembre 2020 : Hugo entre en 6ème. Il vient de fêter ses onze ans, mais il n’y a là rien d’impressionnant. Pas de passage de l’école primaire au collège, pas de multiplication des professeurs en fonction des matières. En fait, l’école a tant changé que son organisation n’a plus rien à voir avec ce qu’a pu connaître Victor, son frère aîné, qui vient d’obtenir le baccalauréat sur la base du contrôle continu. Encore moins avec ce qu’ont connu ses parents, qui ont fréquenté le collège entre 1985 et 1989. D’ailleurs, eux sont un peu perdus : l’école du « socle commun » commence désormais à cinq ans et se poursuit jusqu’à seize ans dans la même structure. La seule chose que savent ces parents inquiets, c’est qu’il faut s’y prendre très tôt pour inscrire son enfant dans les meilleures écoles, tant les différences entre établissements sont désormais un fait acquis. Plus question de laisser son enfant dans l’école du quartier sous prétexte que c’est plus pratique. La réussite se prépare tôt. Mais elle coûte cher… »

         Fiction provocante ? Non. La logique des réformes, anciennes et récentes, travaille déjà à la reconfiguration de l’institution scolaire, mais qui veut l’admettre ? C’est par ce récit d’anticipation fondé sur les réformes en cours et les programmes politiques des différents partis que Natacha Polony nous ouvre les yeux. Le pire est de plus en plus sûr, nous sommes déjà dans l’école d’après l’école de la République, celle des gestionnaires qui méprisent l’enseignement. Les vieilles querelles françaises sur les méthodes et les programmes sont désormais caduques, remplacées par une vulgate internationale préoccupée de performance immédiate et peu soucieuse des risques de délitement de la Nation. Il est encore temps de prendre conscience de la grande transformation en cours et de mettre en place des contre-feux."

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Mondialisme et civilisation...

    Nous reproduisons ci-dessous une bonne analyse par Claude Bourrinet du projet civilisationnel du libéralisme mondialisé, qui a été publiée initialement sur Voxnr.

     

    claude bourrinet,mondialisation,civilisation,libéralisme mondialisé,marché,délocalisation,hyperclasse,zones de sous-emploi,culture nomade,american way of life,chômage,désidustrialisation

     
    Mondialisme et civilisation
     
    Le libéralisme, comme le marxisme, issus tous deux de la même matrice rationaliste, se prévalant tous deux d’une scientificité qui rompt avec les « illusions » idéologiques du vieux monde, sources d’erreurs et d’anarchie, fonde son interprétation du monde et ses prédictions sur l’état des faits, c’est-à-dire, comme ultima ratio, sur la nécessité économique, qui indique un sens de l’Histoire. Bien plus que le marxisme néanmoins, qui « comprenait » l’existence de « superstructures » idéologiques, et les légitimait, du moins provisoirement en attendant la société sans classes, le libéralisme considère toute attache sociale, culturelle ou identitaire comme l’expression d’un retard archaïque, qui freine la fuite en avant vers une fin de l’Histoire, qui serait vraiment une gestion efficace des choses. Et davantage que le marxisme, il est messianique, et destructeur de la vie réelle des hommes.

    Dans un article paru le 5 mars dans la Tribune (1), Julia Cagé, enseignante à l’université de Harvard et à l’Ecole d’économie de Paris, nous livre une sorte de vulgate des certitudes libérales contemporaines, présentation qui n’échappe pas à la chaleur prosélyte que connaissent bien les prédicateurs.

    A vrai dire, les arguments assénés comme des vérités, nullement mis à l’épreuve par des hypothèses contraires, ne sont ni nouveaux, ni surprenants. Leur postulat repose sur le principe de la division mondiale du travail, véritable vache sacrée de la modernité conquérante, pour qui la réalité doit se réduire au domaine techno-économique, c’est-à-dire à l’action, au détriment de toute autre dimension civilisationnelle.

    L’article, dont le chapeau provocateur souligne l’inéluctable désindustrialisation de la France, considérée comme un bien (« En fait, c’est tant mieux »), et encore même comme l’objet de « discours dangereux », place l’accent sur la nécessité de l’innovation, domaine dans lequel notre pays a pris du retard (« C'est l'un des rares pays de l'OCDE dont la part de la R&D dans le PIB a reculé au cours des quinze dernières années. »), contrairement à l’Allemagne.

    Comme le note pertinemment notre jeune professeur, « on érige (un peu trop) souvent l'Allemagne en exemple ». En effet. On notera qu’il en est de même en matière fiscale ou éducative, contre tout bon sens parfois. A croire que nos amis d’outre Rhin, comme jadis, suscitent soit du ressentiment, soit une admiration hyperbolique.

    Quoi qu’il en soit, l’Allemagne aurait fait le choix, contrairement à la France, de l’ « outsourcing », d’une délocalisation sans complexes, « tout en maintenant sur les sites nationaux les étapes à haute valeur ajoutée ». Cette option aurait permis par la même occasion le maintien de l’emploi.

    Bien que le chômage reste chez nos voisins à un taux élevé, surtout si l’on ajoute les « emplois à un euro », il aurait été nécessaire de pousser un peu plus dans les causes concrètes des performances germaniques, qui se traduisent surtout dans le secteur des machines outils et dans les objets manufacturés de haute qualité. L’Allemagne a poursuivi une politique socio-économique drastique, avec une baisse des salaires conséquente, et surtout bénéficie de la vaste arrière-cour de l’Europe centrale, parfois imprégnée de culture et de langue allemande, pourvue d’ouvriers qualifiés et de salaires modestes, néanmoins avide d’une consommation en constante progression. Nous pourrions aussi ajouter à ces atouts le sérieux, la rigueur et le sens des responsabilités légendaires des Germains, un euro fort, aussi fort que l’ancien mark (les clients n’hésitent pas à payer cher de bons produits), et les perspectives prometteuses d’une ouverture, de longue date, à l’Est.

    Il va de soi que la politique extérieure catastrophique de la France durant la dernière décennie, qui a brûlé ses cartes au profit d’un alignement naïf au tout libéral, qui s’est empêtrée dans une politique intérieure démagogique ou impuissante, peut-être aussi parce que nous avons une classe dirigeante qui a perdu le sens du réel pour adopter une vision manichéenne, n’a pas multiplié les conditions pour muscler notre économie. Nos gouvernants le voulaient-ils ? Car, contrairement à ce qu’avance Julia Cagé, les concepts qu’elle avance sont entièrement partagés par eux.

    Si les investissements nécessaires à l’innovation scientifique et technologique ne se sont pas faits suffisamment, c’est qu’ils n’ont pas pu. Les raisons de cette impuissance ne résident pas uniquement dans le manque de volonté, mais sans doute dans l’inefficacité (relative) d’un système éducatif de plus en plus déficient, au manque de subventions (privées ou publiques), à la modestie d’un tissu de petites ou moyennes entreprises capables de mettre en valeur ces innovations, de les amortir et de créer des plus values, mais probablement aussi par l’appel d’air, surtout américain, qui suscite une « fuite des cerveaux », à la suite d’offres pécuniaires plus désirables et de meilleures conditions de travail.

    On voit par là que la concurrence entre nations très développées peut être féroce, et ne conduit pas mécaniquement à un « tous gagnants ». Il y a, il y aura des perdants, et la prise en considération de l’attrait exercé par certains pays, du fait de leur puissance, de leur « culture », de leur civilisation, n’est pas un moindre atout. Les pays anglo-saxons, singulièrement l’Amérique, sont bien placés pour attirer les spécialistes séduits par l’american way of life.

    On voit de même que l’économie ne peut pas être appréciée à l’exclusion des autres dimensions d’existence, et que l’environnement culturel, sociétal, peut être déterminent.
    Mais ce n’est pas là l’essentiel. Car les conséquences d’une acceptation des réquisits économistes comportent des dangers beaucoup plus importants que la simple baisse de productivité. D’ailleurs, plutôt que d’acceptation, ne faudrait-il pas parler de résignation ?

    Il est évident qu’en soi l’économie n’a rien à voir avec la morale. Du moins dans un premier temps, si on se laisse obnubiler par le charme des chiffres et des courbes. Ainsi la division mondiale du travail indique-t-elle, de façon logique, que les productions exigeant une main d’œuvre nombreuse et sous qualifiée, docile et malléable, peu exigeante en matière salariale et sommée de travailler dans des conditions parfois scandaleuses, place la Chine, l’Inde et d’autres pays « émergents » dans une situation plus intéressante que notre Europe qui subit le malheureux héritage d’un haut niveau de vie, d’une protection sociale enviable, de traditions de luttes syndicales dommageables, et de quelques droits protégeant les citoyens (comme celui de grève). D’une certaine manière (et d’ailleurs Juia Cagé site la firme Nike, ce qui n’est pas un hasard), l’économie globalisée contemporaine jouit de l’existence d’un esclavage qui ne dit pas son nom, cyniquement tenu sous silence, avec la complicité tacite de consommateurs enivrés par des produits peu chers.

    Mais foin de la morale ! même si le système libéral repose idéologiquement sur le dogme des droits de l’homme, et se trouve en l’occurrence gêné aux entournures.

    En revanche, il n’est pas sûr que le projet « civilisationnel » qu’il porte soit si pertinent que celui d’un vieux monde jugé obsolète.

    Les nouvelles technologies, comme l’iPhone, sont des paradigmes de l’économie « du XXIe siècle », gage d’un avenir qu’on voudrait idyllique. Evidemment, on n’insistera pas sur la masse des produits bas de gamme, qualitativement désastreux, réservés à des millions de consommateurs dont Julia Cagé ne parle pas, et pour cause.

    En admettant que cette économie avancée, technologiquement innovante, demandant une très haute qualification, soit l’avenir de la planète, il n’en demeure pas moins que les classes populaires des pays développés, qui n’auront pas la chance de se faire exploiter comme des serfs ainsi que leurs congénères asiatiques, resteront sur la touche. A trop loucher sur le PIB, la balance commerciale, on oublie le facteur humain. Du reste, si « une étude américaine a montré que les États-Unis capturaient la plus grosse partie de la valeur ajoutée produite par l'iPod, la Chine une toute petite partie seulement », est-on sûr que les classes populaires américaines en profitent ? Ne sont-ce pas plutôt les banques, les fonds de pension, qui ont investi dans ce secteur si alléchant ?

    L’hypothèse d’un secteur des services (banque, éducation, santé…) performant, susceptible de contrebalancer les pertes du secteur industriel n’est qu’un vœu pieux, ne serait-ce que parce que les pays émergents, comme l’Inde et le Brésil, commencent à faire aussi bien que nous, et surtout parce qu’il est très facile d’ « externaliser » ces domaines, comme cela se fait pour la gestion à l’aide du numérique, ou pour les plate formes téléphoniques. Ne resteraient alors, pour le vulgus pecus, que des métiers de commerçants ou de domestiques (pour les plus chanceux).

    Ce n’est pas non plus un hasard si la Silicon Valley est citée comme emblème du nouveau paradis. C’est là qu’on trouve la nouvelle société globalisée, déracinée, dont les paramètres, les signes d’appartenance, outre un niveau de revenu appréciable, se nourrissent d’une certaine culture nomadisée, « cool », sceptique et hédoniste, hygiéniste et « tolérante » (agressivement tolérante), ancrée dans des certitudes de demi-savants, souvent inculte dans les humanités (littérature, Histoire, philosophie, en gros la haute culture considérée comme mensonge et vice). C’est cette middle class internationale, la nouvelle classe dirigeante, l’hyperclasse mondialisée, désinhibée, fluctuante aussi bien dans le travail que dans l’existence, la famille, les pulsions et les entichements, parlant anglais, dotée d’une non pensée en état d’apesanteur, affriolée par l’art contemporain, adepte des jeux vidéo, sidérée bêtement par la haute technologie, comme des adolescents qui n’ont pas voulu grandir, grande consommatrice de films pour ados, adoratrice du fric, des traders et du succès social, considérant la joute politique et toute identité autre que folklorique comme des legs fâcheux du passé, nécessairement contreproductifs.

    A ce compte, le « new deal » proposé par le libéralisme mondialisé ne laisse guère de doute sur le projet civilisationnel qui est le sien : une planète divisée horizontalement en zones « performantes », à haute valeur ajoutée, et zones d’esclavage (appelons les choses par leur nom), et verticalement en zones de vie active et valorisante et zones de sous emploi, ou vouées en partie à des travaux dégradants ou pénibles, peuplée d’individus inutiles, car non qualifiés, incompétents, trop vieux ou trop faibles, voire dangereux, qu’il faut donc conditionnés et contrôlés.
    Il n’est d’ailleurs pas inconcevable que ces deux zones fusionnent in fine, et offrent à Big Brother un plan de carrière inestimable.
     
    Claude Bourrinet (Voxnr, 11 mars 2011)
     
    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Qu'est-ce que la décroissance ?...

    Qu'est-ce que la décroissance ?... Serge Latouche, auteur notamment du Petit traité de la décroissance sereine (Mille et Une Nuits, 2007) , s'explique dans cette vidéo que vous pouvez visionner ci-dessous.

     


    Qu'est ce que la décroissance? par Sinelefilm

    Lien permanent Catégories : Multimédia, Points de vue 0 commentaire Pin it!