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  • Culture de l’excuse : Robert Badinter, apôtre du laxisme judiciaire...

     

     

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    Culture de l’excuse : Robert Badinter, apôtre du laxisme judiciaire

    Une vision aux conséquences graves

    La philosophie pénale de Robert Badinter, centrée sur la réinsertion et la compréhension des causes sociales de la délinquance, a profondément marqué la justice française contemporaine. Si elle se veut humaniste, cette approche est également à l’origine d’une culture de l’excuse, affaiblissant la responsabilité individuelle et la fonction dissuasive de la peine.

    Robert Badinter, figure emblématique du droit français, a durablement influencé la politique pénale par son engagement pour une justice tournée vers la réhabilitation plutôt que vers la répression. Ministre de la Justice de 1981 à 1986, il a porté une vision pénale inspirée par des idées progressistes, notamment celles de Marc Ancel et de son concept de Défense sociale nouvelle. Cette philosophie, qui met l’accent sur la réadaptation du délinquant et la compréhension des facteurs sociaux de la criminalité, a été saluée pour son humanisme, mais critiquée pour avoir contribué à un laxisme judiciaire perçu comme une menace pour l’ordre public. Cet article explore comment la pensée de Badinter, en s’appuyant sur des théories « humanistes », a désarmé l’appareil judiciaire en marginalisant la notion de responsabilité individuelle.

    Les racines de la pensée de Badinter : une justice centrée sur l’individu

    Robert Badinter s’enracine dans une vision humanitariste qui privilégie la réinsertion du délinquant à la punition pure. Dans son ouvrage L’Exécution (1973), il dénonce les excès d’une justice répressive, racontant l’expérience traumatisante du procès de Roger Bontems, condamné à mort malgré un rôle qu’il considère comme secondaire dans un crime. Ce texte, empreint d’émotion, illustre sa conviction que la peine doit viser à comprendre et à réhabiliter plutôt qu’à détruire. L’auteur donne ici la primeur aux sentiments et à l’émotion, alors que la matière juridique induit un formalisme rationnel.
    Dans Liberté, libertés (1976), Robert Badinter plaide pour une justice qui tienne compte des circonstances sociales et psychologiques du délinquant, arguant que la prison doit être un lieu de transformation, non de vengeance. Cette approche s’inscrit dans un courant plus large, celui de la Défense sociale nouvelle de Marc Ancel, qui prône une politique criminelle humanitariste. Badinter, en tant qu’avocat et ministre, a fait de ces idées un pilier de sa réforme du système pénal, cherchant à remplacer la logique punitive par une logique de réadaptation. Aujourd’hui, cette vision est unanimement partagée à gauche de l’échiquier politique.

    La Défense sociale nouvelle de Marc Ancel, source d’inspiration de Badinter

    Publiée en 1954, l’œuvre de Marc Ancel, La Défense sociale nouvelle, marque une rupture avec les conceptions classiques du droit pénal. Ancel y propose une approche centrée sur la réadaptation du délinquant, en s’appuyant sur une analyse des causes sociales et psychologiques de la criminalité.
    Selon lui, la société doit protéger à la fois le corps social et l’individu délinquant, en respectant sa dignité humaine. Cette doctrine, traduite en plusieurs langues et largement débattue à l’international, rejette la peine comme simple châtiment au profit de mesures éducatives et préventives. Ancel critique le légalisme rigide des philosophes du XVIIIe siècle, comme Beccaria, dont l’influence aurait retardé l’émergence de cette vision qu’il considère comme humaniste. Il souligne que des réformes fragmentaires, dès le XIXe siècle, avaient commencé à répondre aux préoccupations de la Défense sociale, mais c’est au XXe siècle, après les expériences des régimes totalitaires, que le mouvement prend son essor.
    La création de la Société internationale de défense sociale en 1949 et du Centre d’études de défense sociale en 1953 témoigne de cette dynamique. Cependant, l’analyse d’Ancel n’est pas sans nuance et il insiste toujours sur la nécessité d’un équilibre : la réadaptation ne doit pas sacrifier la protection de la société.

    L’influence de Badinter : une justice moins punitive, mais à quel prix ?

    En tant que ministre, Badinter a traduit ces idées en politiques concrètes, notamment à travers l’abolition de la peine de mort (1981) et la promotion de peines alternatives à l’incarcération. Son discours au Sénat en 1981, publié dans Contre la peine de mort (2006), illustre son rejet d’une justice fondée sur la vengeance : « La justice de la France ne peut être une justice qui tue. » Il défend une approche où la peine doit servir à réintégrer le délinquant dans la société, en s’attaquant aux causes profondes de la délinquance, comme la pauvreté ou l’exclusion. Cependant, cette attention portée au criminel et à ses motivations a conduit à une relativisation de la faute. En mettant l’accent sur les circonstances atténuantes, la pensée de Badinter a fini par justifier le crime par des facteurs externes, créant ce que certains critiques appellent une « culture de l’excuse », où l’on excuse les fautes des criminels en les justifiant par un contexte jugé criminogène (pauvreté, enfance difficile…).
    Cette approche a influencé les magistrats, qui désormais privilégient des peines légères ou des mesures de réinsertion au détriment de sanctions fermes.

    Une responsabilité individuelle affaiblie

    La principale critique adressée à la pensée de Badinter est qu’elle a sapé la notion de responsabilité individuelle. En insistant sur les déterminismes sociaux, cette philosophie tend à dédouaner le délinquant de ses choix. Or, comme le soulignent les néoclassiques, la peine a une fonction de prévention collective : en infligeant une souffrance proportionnée, elle dissuade les potentiels criminels et renforce le sentiment de justice dans la société. S’il admet que la peine-châtiment reste parfois nécessaire, celle-ci se perd dans l’application pratique des réformes qu’il a pu inspirer. La concentration sur la réadaptation a conduit à une justice moins sévère, où les peines d’emprisonnement sont souvent écourtées au profit de mesures alternatives. Cette évolution a alimenté un sentiment d’impunité parmi les délinquants et une frustration chez les victimes, qui estiment que la justice ne joue plus son rôle protecteur.

    Un laxisme judiciaire aux conséquences sécuritaires et morales dramatiques

    La « culture de l’excuse » attribuée à la pensée Badinter a des répercussions profondes sur le système judiciaire et la société. En réduisant la portée dissuasive de la peine, cette approche favorise la récidive. La justice, en cherchant à comprendre le délinquant, néglige les attentes des citoyens en matière de sécurité. La multiplication des aménagements de peine et des libérations conditionnelles, encouragées par les réformes de Badinter, a renforcé l’idée d’une justice « molle ». Si l’objectif était de favoriser la réinsertion, le manque de moyens pour accompagner ces mesures (suivi psychologique, programmes de formation) a souvent conduit à des échecs, laissant les délinquants livrés à eux-mêmes et les citoyens désabusés. Outre la conséquence sécuritaire, le sentiment de ne pas être protégé par la justice favorise par ailleurs le rejet de l’institution judiciaire.

    La pensée de Robert Badinter a cherché à humaniser la justice pénale en plaçant la réinsertion au cœur du système. Cependant, en marginalisant la responsabilité individuelle et la fonction dissuasive de la peine, elle a contribué à une situation de laxisme judiciaire. Pour répondre aux défis actuels, il est nécessaire de repenser cet équilibre : une justice humaniste doit aussi être humaniste pour les victimes et garantir la protection de la société tout en offrant des chances de rédemption. Les idées de Badinter, empreintes d’idéalisme et d’humanitarisme, ont finalement désarmé la justice face à la criminalité.

    Polémia (Polémia, 20 septembre 2025)

     

    Bibliographie
    Contre la peine de mort, Robert Badinter, 2006

    L’Exécution, Robert Badinter, 1973
    La Défense sociale nouvelle, un mouvement de politique criminelle humaniste, Marc Ancel, 1954
    Des délits et des peines, Beccaria, 1764
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/les-80/les-80-de-nicolas-demorand-du-jeudi-22-fevrier-2024-7416864
    https://www.vie-publique.fr/parole-dexpert/276987-abolition-peine-de-mort-1981-questions-robert-badinter
    https://www.philomag.com/articles/entretien-exceptionnel-avec-robert-badinter-comment-fonder-philosophiquement-labolition

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  • Les snipers de la semaine... (280)

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  • Les snipers de la semaine... (277)

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  • Quand la Belgique paie les résultats de vingt ans de laxisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par le sénateur belge de centre-droit Alain Destehxe à Figaro Vox et consacré à l'attentat commis à Liège par un islamiste.

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    Attentat de Liège : «La Belgique est le pays le plus touché par la radicalisation islamiste»

    FIGAROVOX.- Vous êtes né à Liège et y avez longtemps vécu. Que vous inspire cet acte terroriste? Liège est-elle en passe de devenir un nouveau Molenbeek?

    Alain DESTEXHE.- L'attentat s'est déroulé en plein centre de la ville de Liège, sur le boulevard le plus fréquenté par les véhicules. Dans mon adolescence, le lycée Léonie de Waha (devant lequel le tueur a été abattu) était une école réservée aux filles, que l'on allait attendre à la sortie des cours en venant de l'Athénée de garçons à 200 mètres de là. Si, à l'époque, on nous avait dit que quarante ans plus tard, il y aurait un attentat islamiste à cet endroit, personne ne l'aurait cru, on en aurait même ri! D'ailleurs, même ce mot «islamiste» était inconnu. Nous avons vraiment changé d'époque en très peu de temps. En ce qui concerne la comparaison avec Molenbeek, j'entendais récemment une journaliste française dire que Trappes était le Molenbeek français. En fait, il n'y a pas que Molenbeek. De nombreuses communes belges sont touchées par le phénomène islamiste: Anderlecht, Schaerbeek et Bruxelles-Ville dans la région bruxelloise, mais aussi Anvers et ses environs, Verviers, Charleroi, Vilvorde… presque toutes les communes où il y a de fortes concentrations de population d'origine immigrée.

    Vous dénoncez régulièrement, dans ces colonnes notamment, l'angélisme des autorités belges face à la menace islamiste. Était-ce déraisonnable d'accorder une permission de sortie à un individu connu pour s'être radicalisé en prison?

    Il semble, en effet, que c'était déraisonnable. On a appris qu'il était en cavale pendant un an jusqu'en mars 2017! Cela pose le problème de la récidive qui n'est pas assez punie en France comme en Belgique. Quant à sa radicalisation, on n'en sait pas encore grand-chose. Comment et au contact de qui? Il faut aussi souligner que c'est la première fois depuis longtemps qu'on a affaire à un «Belge de souche», converti à l'islam. En 2005, une Belge d'origine, Muriel Degauge, avait commis un des premiers attentats kamikazes contre les forces américaines en Irak.

    Malheureusement, rapporté à sa population, la Belgique a produit plus de terroristes et de djihadistes que tous les autres pays d'Europe, y compris la France. 18 884 personnes étaient fichées pour terrorisme par la police belge en 2017. Un chiffre comparable à celui de la France (le Ministère de l'Intérieur ayant annoncé 12 057 radicalisés actifs la même année et environ 18 500 signalements pour radicalisation), alors que la population belge est six fois moins élevée. Les définitions ne sont peut-être pas totalement comparables, mais cela donne une indication. Dans les prisons belges, on dénombrait 447 détenus radicalisés (ou à risque) contre environ 1 500 en France. Il y a un problème clair de surreprésentation de l'islamisme radical au sein de la société belge.

    Comme je l'ai souvent écrit dans Le Figaro, nous payons là les résultats de vingt ans de laxisme. Si, sur le plan sécuritaire, le Gouvernement fédéral a fait des efforts considérables, il n'y a toujours pas de prise de conscience globale des racines de ce terrorisme et du fondamentalisme en général. Récemment, on a appris que des enfants de huit ou neuf ans faisaient le ramadan dans des écoles primaires, sans que cela suscite autre chose que des articles embarrassés dans des journaux. Avec la présence de militaires et de policiers en gilet pare-balles dans nos rues, nos gares et nos aéroports, et dans toutes les allées commerçantes des blocs de béton contre les véhicules-béliers, notre mode de vie se modifie progressivement. Le débat va sans doute se focaliser sur la radicalisation dans les prisons. Mais, après Nemmouche et l'attentat au Musée Juif, on a sécurisé les Thalys. Après les attentats de Bruxelles, l'aéroport et toutes les grandes artères commerçantes. Après les attentats contre des policiers, on a sécurisé les commissariats. C'est sans fin. Certains disent maintenant qu'il faudrait protéger les écoles. Le terroriste aurait pu faire un carnage dans le lycée de Waha. Sans s'en rendre compte parce que c'est progressif, nous devenons une société militarisée. On s'accommode de cette situation, sans réaliser que c'est un changement profond.

    Les policiers sont particulièrement visés…

    Oui. Comme en France, les policiers et les militaires sont de plus en plus touchés. Depuis 2012, il y a eu, je crois, 13 attaques contre des forces de l'ordre en France et 5 en Belgique, avec celle d'hier à Liège. Je me souviens précisément de la première en 2012, dont l'impact avait été minimisé, les médias s'inquiétant surtout du risque d'amalgame avec la population musulmane.

    Dans le cas de Liège, l'attaque était particulièrement lâche parce qu'elle visait des femmes, attaquées au couteau dans le dos. L'État islamique n'a sans doute plus les moyens d'organiser des attentats d'envergure, il s'attaque désormais à des cibles plus faciles et représentatives de l'État. En Belgique, on est toujours malheureusement dans une forme de déni. Bien sûr, on combat et on condamne le terrorisme, mais on ne veut pas voir le problème encore plus fondamental de la dérive de certains quartiers. Comme Macron en France, certains croient en Belgique que l'on résoudra le problème en développant un «islam belge». Cela me semble de plus en plus illusoire. Des pouvoirs publics peuvent-ils influencer une grande religion comme la religion musulmane? Les autorités peuvent juste rappeler les règles de notre société et les faire appliquer. Récemment, une étude en Flandre montrait que 39 % des belgo-turcs et 23 % des belgo-marocains plaçaient la loi divine au-dessus de la loi civile. En attendant, en Belgique, on autorise l'ouverture d'écoles musulmanes et on envisage de financer davantage les mosquées et les imams. On joue avec le feu. Il faudrait un grand débat national sur toutes ces questions.

    Liège est une ville qui se sent particulièrement proche de la France…

    Les Parisiens savent-ils qu'en 1914, on a débaptisé la station de métro Berlin, pour lui donner le nom de Liège afin de célébrer la résistance de la ville face à l'attaque allemande? Aujourd'hui, nous sommes à nouveau ensemble, tous engagés dans une nouvelle guerre mondiale contre le terrorisme.

    Alain Destexhe, propos recueillis par Paul Sugy (Figaro Vox, 30 mai 2018)

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  • "Sur les prisons, Macron fait du Taubira en disant le contraire"...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 8 mars 2018 et consacrée à la réforme de la politique pénale qu'a défendue Emmanuel Macron à l'occasion d'une visite à l'École Nationale d'administration pénitentiaire...

     

                                     

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  • La crise dans les prisons, sismographe de l’état de ruine de la justice française...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur Atlantico et consacré au mouvement  de colère des gardiens de prisons...

     Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014) et a également coordonné l'ouvrage collectif intitulé La première cyber-guerre mondiale ? (Eska, 2015).

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    La crise dans les prisons, sismographe de l’état de ruine de la justice française

    La pénitentiaire, sismographe de la justice : la crise explose, nous verrons pourquoi. Mais d'abord le fondamental. A l'aube de la pensée grecque, voici vingt-six siècles, puisons-le chez Héraclite d'Ephèse : "L'initial est toujours le plus fort" ; le commencement est toujours crucial.

    Pour la justice française d'aujourd'hui, l'initial, c'est Charles De Gaulle à la Libération.

    Le général avait la rancune mordante ; il savait que sauf un (Paul Didier) TOUS les magistrats français avaient prêté serment au maréchal Pétain en septembre 1941 - les mêmes, tous gaullistes à l'été 1944. La constitution de la Ve République révèle cette sourde rancune. Dans l'esprit de Montesquieu, la constitution de 1791 (titre III) considère trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) ; or en 1958, dans celle de la Ve république et du général De Gaulle, la justice n'est qu'une simple autorité (titre VIII, de l'autorité judiciaire).

    Dès lors, la justice est l'enfant pauvre de la République : jamais elle n'a eu les moyens, le personnel, de son plein exercice ; ni les locaux, ni les hommes, ni la formation - songeons à l'Ecole de la magistrature qui croupit encore dans un gauchisme-culture-de-l'excuse, délaissé partout ailleurs - pays communistes compris. Ajoutons-y l'anarchisme qui, sous Taubira, secoue ce ministère : aujourd'hui la crise est là.

    L'administration : conditions de travail affreuses, matériel obsolète ; protections (locaux et personnels) absentes. Trop souvent, la justice se rend sur d'antiques ordinateurs - parfois d'avant la "souris"! - impossibles à connecter, les magistrats n'accédant pas aux fichiers-police des antécédents judiciaires. Ajoutons-y le chaos des délicates "extractions judiciaires" (de la cellule au tribunal et retour).

    Vous êtes condamné à la prison ferme ? Vous le signifier prend quatre mois ; temps durant lequel vous pouvez filer ; temps qui génère ensuite un stock de dizaines de milliers de condamnés libres - de voler ou pire. Résultat : les manifestations contre le "laxisme" de la justice, de policiers pouvant tout autant décrier son impuissance.

    Exemple d'impuissance judiciaire en avril 2017, avec le corps sans vie d'un officier de police sur les Champs-Elysées. Le récidiviste Karim Cheurfi (3 tentatives d'homicides sur des policiers) est - encore - condamné en juillet 2014 pour "vol aggravé" ; dans la peine, deux ans avec sursis et "mise à l'épreuve". Décodeur ? Régime contraignant, la mise à l'épreuve (Code pénal 132-44) dispose qu'un juge d'application des peines (JAP) vérifie tout du long si le condamné veut partir à l'étranger, changer d'emploi, de domicile, s'il reçoit des visites, etc. Non-respect des obligations ? Retour en prison. Or en douce, Cheurfi part 40 jours en Algérie. Arrêté au retour et convoqué au tribunal de Meaux, ce criminel récidiviste se voit ... rappeler ses obligations par l'irénique magistrat. Cheurfi sort libre de tuer ensuite le capitaine Jugelé, victime de ces impérities en cascade.

    Maintenant, la pénitentiaire au quotidien : sous-effectifs, homicides en prison, agressions physiques, prises d'otages, etc. Récemment, dans les prisons :

    - de Seysses : sur YouTube, une vidéo de prisonniers hilares fumant du hash, dans une prison où l'on confisque 1 000 portables par an. Quand les surveillants veulent en ramasser un, ils sont menacés ou malmenés.

    - de Fresnes : 45 minutes durant, un drone survole le quartier des islamistes.

    - de Bourg-en-Bresse : trouvant le JAP rigide, les prisonniers mettent le feu au centre, "partiellement détruit".

    - de Toul : le visage d'un gardien est brûlé au 2e degré par jet d'huile bouillante.

    - de Nice : surveillants en grève après la prise d'otage d'un gardien (blessé à la main et au genou) par un détenu.

    - de Condé-sur-Sarthe : trois gardiens (encore) ébouillantés "brûlures graves au visage, torse et avant-bras" ; l'agresseur, le pauvre, était "contrarié".

    Et les directions ? Elles dorment. A Amiens, un détenu violente un gardien (4 points de suture) ; 2e attaque de la brute, pas même envoyée en quartier disciplinaire.

    Résultat : en juillet-août 2017, une agression par jour contre les surveillants dans les 186 établissements pénitentiaires "certains très grave", dit un syndicaliste. Moyenne 2011-2016, 4 508 de ces agressions par an, 11 chaque jour de l'année.

    Tel est l'état de la justice et de la pénitentiaire post Hollande-Taubira. Le défi est immense. Et toute tentative de le relever en bricolant risque d'aggraver les choses.

    Xavier Raufer (Atlantico, 22 janvier 2018)

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