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islamisme - Page 28

  • Trop vite radicalisé ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue de François-Bernard Huyghe, qui, sur son site Huyghe.fr, revient sur la propension qu'ont les médias de mettre en doute les motivations idéologiques des terroristes et de préférer expliquer leurs actes par des raisons psychologiques...

     

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    Trop vite radicalisé ?

    Le rienavoirisme frappe encore

    Petit psychodrame à la française : faut-il parler de "radicalisation express" à propos du tueur de Nice ? Et si la piste était à rechercher du côté de sa dépression (en 2004) ? De son divorce (quelque chose de rarissime en France) ? De sa bisexualité (ah bon, ça rend criminel ?) mais ? Du fait qu'il était un mauvais musulman qui buvait de l'alcool (et Merah, les Kouachi, les Abaoud, ils buvaient du thé avant ?) ? De la rapidité suspecte du phénomène (s'il avait mis plusieurs mois et prévenu ses voisins, ce serait rassurant)... Bref, il aurait agi pour cent motifs, sauf religieux, et aurait eu toutes sortes de fantasmes, mais non idéologiques, en dépit du fait qu'il a exactement réalisé ce que recommande Daesh : si l'on ne peut pas aller émigrer au pays de Cham (faire la hijrah au pays du califat, le seul pays où est appliquée la loi de Dieu), il faut improviser, prendre une pierre, un couteau, une voiture et frapper n'importe quel mécréant. C'est ce que nous appellerions la théorie "hydraulique" : ces gens frustrés ont un trop plein de violence à décharger et ils saisissent l'alibi religieux pour s'en soulagaer. L'idéologie (qui prescrit pourtant exactement ce qu'ils font, le justifie, leur promet le paradis) ou la croyance en général n'a aucun rôle. À ce compte, un nazi est-il vraiment antisémite, s'il a bu dans sa jeunesse ou adhéré à d'autres idées avant d'entrer dans la SS ?

    Il est niais de croire que les gens sont mus uniquement par les représentations explicites (ici, la doctrine clairement exprimée) dont ils se réclament (nous avons tous des problèmes, des frustrations, des intérêts, des désirs qui cherchent à cristalliser...) mais il est encore plus naïf de penser qu'il y a comme une force mortelle qui flotte dans l'air et qui se déverse sous le simple déguisement de la religion. D'autant plus que c'est toujours en conformité aux mêmes ordres de la même hiérarchie représentant la même doctrine et de la même communauté que cela se produit.

    Pas de chance : l'État islamique revendique. Regain de suspicion conspirationniste : ils ont mis trente heures, n'est-ce pas suspect ? Ne seraient-ils pas en train de récupérer des actes - motivés par quoi, grands dieux ? - et qu'ils ont appris par le plus grand des hasards ? Le fait que des gens semblent parfaitement se conformer aux instructions et justifications de Daesh (comme dans le cas tout récent de l'agression à la hache dans un train allemand) serait une illusion dont seraient victimes à la fois le terroriste ou l'organisation terroriste, mais pas l'intellectuel critique français qui pose un diagnostic psychiatrique par écran de télévision interposé. La formule rituelle "L’auteur de l’opération exécutée à XXX est l’un des soldats de l’Etat islamique, . Il a effectué son opération en répondant aux appels incitant à frapper les pays de la coalition qui combat l’Etat islamique." serait un vœu pieu ou une tromperie envers les autres ou envers soi-même. Si vous n'avez pas un certificat de la DGSI, une fiche S, si possible quelques condamnations pour radicalisation, un longue barbe et des confessions mises en ligne depuis des mois sur Facebook, n'espérez pas tromper ces vigilants. Les jihaddistes appliqueraient donc la formule : puisque les événements nous dépassent, feignons de les organiser. Mais l'hypothèse que des gens puissent être séduits par la triple perspective de sauver leur âme en gagnant la gloire au passage, de participer à la conquête du monde par les forces de la justice et de punir des mécréants (coupables à leurs yeux), cela vous semble incompréhensible mes bons maîtres ?

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 19 juillet 2016)

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  • En finir avec la cécité volontaire !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur le Figaro Vox et consacré à la réaction que doit susciter l'attentat islamiste commis à Nice le 14 juillet au soir.

    Docteur en science politique et dirigeante d'une société de conseil, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013).

     

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    Nice : après le temps de la cécité volontaire, réapprendre à défendre ce qui nous est précieux

    Pleurer nos morts et ceux, touristes étrangers, qui ont chez nous perdu la vie, Oui. Se recueillir et leur rendre hommage, évidemment. Mais pour eux, pour tous ceux qui tomberont encore, passer enfin des paroles aux actes. Ouvrir les yeux en grand, prendre courage et aller au choc.

    Un choc de lucidité en premier lieu.

    Il ne s'agit pas d'accabler nos dirigeants. Mais sans doute doit-on les exhorter à quitter enfin les hauteurs de leurs certitudes satisfaites pour se confronter à la triste réalité. Nous ne sommes pas à bord du Titanic prêt à sombrer, regardant l'eau qui monte en état de sidération. Nous sommes la France. Nous pouvons encore redresser la barre. Il faut juste le vouloir enfin et le faire avec courage, lucidité et méthode. Des vertus qui paraissent en perdition elles aussi.

    D'abord le diagnostic.

    Le terrorisme islamique ne frappe pas seulement la France, pas seulement l'Europe. Il frappe le monde entier.

    L'Afrique a perdu plus de 20 000 personnes dans des attaques islamistes depuis 2002. La guerre est totale et globale. La problématique aussi. Comme la solution. Gageons que la présence à Moscou du secrétaire d'Etat américain Kerry marque une inflexion sérieuse dans la gestion de la crise au Moyen-Orient.

    En Europe, depuis plus de 18 mois, notre pays est frappé, comme d'autres certes, mais clairement plus massivement que d'autres. Pourquoi? Car nous avons la première communauté musulmane d'Europe, qu'il s'agit elle aussi de sidérer pour la dominer et la retourner contre son pays d'accueil. Car nous menons au loin des actions militaires nombreuses et importantes, qui visent à contenir ou affaiblir certains foyers de l'islamisme conquérant. Cet activisme militaire sert malheureusement aussi de défausse à une politique étrangère brouillonne et incohérente. Une incohérence qui produit des fruits vénéneux. Nous combattons les islamistes au Mali, nous les soutenons en Syrie, nous hésitons en Libye. Nous tirons à hue et à dia. Mais nos forces armées loyales et vaillantes agissent légitimement en fonction de ces mandats politiques. Elles font des miracles avec des moyens trop comptés et sont sur tous les fronts d'une menace intérieure et extérieure dont le spectre s'étend toujours plus. Nos forces de police et de l'appareil de sécurité aussi sont courageuses, compétentes, et totalement dévouées à la protection du pays et de nos concitoyens. L'ennemi lui, observe cette posture combattante courageuse, mais mesure aussi nos ambivalences et nos soutiens contradictoires. Il sent enfin la faiblesse du politique face à l'emprise délétère d'un communautarisme que l'on n'ose plus endiguer et que l'on prend pour de la modernité politique. Alors la terreur mute. Daech, affaibli territorialement en Irak et en Syrie, donne de nouvelles consignes. «Ne venez plus ici ; Restez chez vous, et frappez chez vous. Des civils surtout».

    L'emploi du véhicule comme arme avait aussi déjà été expressément conseillé par ses porte-parole. «Porter la guerre au Loin» était d'ailleurs déjà la stratégie d'Al-Qaïda, maison mère du Califat. Une preuve de plus que celui-ci n'est que la face spectaculaire d'une hydre gigantesque qui irrigue nos sociétés à divers niveaux et selon des modes de relation différents, et travaille au corps et au cœur une partie de notre jeunesse en mal de lien avec la nation. Des adolescents ou des jeunes hommes et femmes, chacun en mal d'identification à «quelque chose de plus grand que soi». Un destin commun, un faisceau de vertus et de principes de vie qui rassemble et inspire fierté et projets. C'est aussi cela qu'il faut reconstruire.

    Cette terreur a de nombreux visages. Il y a ceux, de confession musulmane ou fraîchement convertis, qui reçoivent des ordres précis, des cibles et des «top départ» pour agir. Il y en a d'autres qui, chez nous ou ailleurs, «s'auto saisissent» d'un mandat de tuer et passent à l'acte sur impulsion ou opportunité, au terme d'une radicalisation - humaine ou de plus en plus souvent numérique - directe mais aussi diffuse, sans être «recrutés» sur le net ni exhortés personnellement à l'action. L'appel du djihad vient conforter, justifier leurs névroses propres, donner un sens à leur ressenti vertigineux d'une inutilité, d'un abandon, d'un égarement qui les «salit» en nos pays encore majoritairement «mécréants». Cela peut nous paraître fou, stupide, irréel. Mais ce sont des faits, aussi immatériels que concrets dans leurs tragiques conséquences. Nombre de ces djihadistes, petits délinquants ou «jeunes» plutôt intégrés, qui n'ont rien à voir avec «les damnés de la terre» auxquels nos bonnes âmes voudraient les identifier - pour les excuser ou pour s'excuser peut-être elles-mêmes de n'y rien comprendre - vivent en fait dans une schizophrénie glaçante. Ils grandissent et vivent au cœur de nos cités ou de nos campagnes, sans rien dévoiler de la rage qui les étreint, en lien avec leur voisinage, buvant, fumant, dissimulant leur dessein macabre sous un masque de normalité «laïque», fomentant ainsi leur passage à l'acte à l'abri de tout soupçon. Car ce sont des combattants, qui ont besoin de secret, d'une double vie pour propager la mort et échapper ainsi à la souillure des mécréants dans un martyr envisagé comme une échappatoire bénie.

    Le pronostic ensuite. Il est très sombre si l'on persiste à ne pas mesurer la profondeur de l'emprise du mal sur notre société. Il y aura d'autres camions, d'autres voitures piégées ou folles, d'autres attaques kamikazes dans nos écoles ou nos bâtiments publics les plus symboliques. Il y aura toujours pire.

    Le choc de l'action enfin.

    Les symboles importent mais ne suffisent pas. Jamais. Après ce nouveau carnage il faut mettre en actes une politique ferme et sans pitié. Il faut enfin faire preuve d'autorité. Le manque de moyens? Evidemment. Il en faut plus, beaucoup plus pour traquer, déjouer et répondre à la violence qui cible notre pays. Mais les moyens ne suffiront pas. Et ce n'est pas comme on l'entend parfois, parce qu'il y a eu un nouvel attentat que les dispositifs mis en place sont inutiles! Qui peut oser par exemple dire que le dispositif Sentinelle n'a pas permis d'éviter bien d'autres attaques à Paris? Ces soldats sont lourdement protégés, armés, entraînés et très courageux. Les tueurs du Bataclan avaient soigneusement étudié et esquivé leurs positions… aucun dispositif n'est toutefois imparable et l'imagination du mal est foisonnante. Il faut en tout cas donner des ordres clairs et des règles d'engagement adaptées qui libèrent le courage et l'initiative de nos forces policières et militaires sur le territoire national. Il faut étendre le dispositif, le rendre très mobile, aléatoire et extrêmement coordonné. Il faut en finir avec les querelles territoriales des services de police et de gendarmerie, comme avec l'inhibition et cette autre schizophrénie du pouvoir qui parle de guerre, dénonce l'innommable, multiplie les déclarations martiales et se gargarise d'avoir assuré la sécurité de l'Euro, baissant immédiatement la garde en réduisant des effectifs de Sentinelle, certes comptés, de 10 000 à 7000 hommes. Sans prendre garde au message qu'il envoie ainsi à ceux qui guettent et en oubliant presque le terrifiant signal qu'a constitué le double meurtre d'un couple de policiers chez eux, à Magnanville. Il n'y a plus de limites ni de frontières à la terreur. Plus aucun tabou, plus aucune inhibition. Comment, dans un tel contexte, croire encore possible d'exorciser le mal en le niant? La guerre, que d'aucuns refusent même de nommer, est sans trêve. La France est ciblée car elle a peur. Peur de prendre des mesures répressives symboliques. Or, quel que soit le rapport de force, ce sont toujours les forces morales qui assurent la victoire.

    Réapprendre à mourir pour vivre enfin. Réapprendre ce qui est précieux, ce qu'il faut aimer, le prix des idéaux, et les contraintes personnelles que les individus doivent tolérer pour pouvoir vivre pacifiquement ensemble, quelle que soit leur confession et entre confessions sur le territoire français. Nous sommes arrivés au stade terminal de la cécité volontaire, du déni de réalité, de la croyance dans le pouvoir des seuls mots, du refus de tirer les conséquences politiques d'une impuissance trop longtemps supportée voire encouragée.

    Le pouvoir qui prendra la sécurité des Français en main dans quelques mois aura le devoir d'oser l'impopularité, d'affronter pressions et controverses et de prendre des mesures radicales pour protéger nos concitoyens et rétablir sans équivoque ni angélisme une claire autorité de l'Etat au service des principes et valeurs incarnés par notre nation. Celui qui est encore en place pourrait, devrait engager ce processus douloureux indispensable et assumer pleinement ses erreurs et ses défaillances. Il le doit aux Français de nouveau pris pour cibles.

    A la guerre comme en amour, la peur n'évite pas le danger. Il faut assumer ce que l'on est, ce que l'on veut être. On peut résister à la tentation ou y succomber, mais en connaissance de cause. Aucune liberté ne vaut sans responsabilité.

    Caroline Galactéros (Figaro Vox, 17 juin 2016)

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  • Nice : le carnage de trop ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une réaction de Xavier Raufer, criminologue et spécialiste du terrorisme, au massacre commis à Nice par un terroriste islamiste au volant d'un camion à l'occasion du feu d'artifice du 14 juillet.

     

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    Nice, le carnage de trop : désormais, dans les forces de police, chez nombre de magistrats, dans les services spécialisés, monte l'exaspération

     

    Après Paris, Nice. Encore 90 morts. Depuis janvier 2015, le terrorisme a tué 230 personne en France. Le pire étant qu'à ce jour, un exécutif hébété ne semble toujours pas comprendre le film - bien que les assassins soient de sempiternels voyous fanatisés, issus de l'immigration maghrébine.

    Trop peu, trop tard, trop court, bricolage bureaucratique, cérémonies lacrymales - rien de concret, de décisif. Or en stratégie, la théorie se vérifie par la pratique : si l'action antiterroriste est juste et forte, les attentats s'arrêtent, le terrorisme recule. 

    Au delà des mesurettes et tergiversations, quoi de fort à attendre de cet exécutif là, qui inverse la tendance, remonte la pente, frappe l'ennemi plus vite et fort qu'il ne nous frappe?

    Car il y a urgence : désormais, dans les forces de police, chez nombre de magistrats, dans les services spécialisés, monte l'exaspération. 

    - Premier motif : l'épuisement. Dans les unités de police, de gendarmerie et du renseignement les plus engagées, nombreux sont ceux qui n'ont pas eu un vrai week-end de repos depuis novembre dernier. Toujours sur le qui-vive, toujours sur le pont, dans une situation qui sent toujours plus l'enlisement : un gros choc, quelques semaines de folie, retour au calme. Puis choc violent à nouveau, etc. Et pas de fin en vue.

    - Plus grave encore l'impression que, derrière les coups de menton et les affirmations type "on contrôle", l'équipage discerne mal qui pilote l'avion : mesures contradictoires... saupoudrage... forcing dans la com' - mais pas de stratégie réaliste et réfléchie de riposte, et de reconquête de la paix civile.

    Colère sourde encore - mais gare à la suite : la récente explosion de rage de gendarmes du GIGN (modèles de discipline en temps ordinaire) prouve que la coupe est pleine - et peut bientôt déborder.

    D'ores et déjà, voilà les critiques et observations que l'on entend chez ces acteurs de l'antiterrorisme au quotidien :

    - Conceptuellement, le problème est simple : la France compte quelques milliers d'individus plus ou moins durablement fanatisés. Là-dedans, des bombes humaines type Merah, Kouachi, Abdesslam etc. Pour gagner la guerre contre le terrorisme islamiste, il faut, et il suffit, de déceler A TEMPS ces possibles kamikazes parmi les fanatisés - puis de les mettre hors de combat.

    - Pour cela, la France doit d'abord connaître son ennemi, l'Etat islamique. Ensuite, configurer face à lui un outil visant à le combattre et l'abattre, de Paris aux confins syro-irakiens. Or aujourd'hui, un exécutif somnambule pense encore puérilement que l'Etat islamique voudra bien se plier aux "ça va mieux" et autres "tout est sous contrôle", souvent proférés en guise de rituel de conjuration.

    - Aujourd'hui, disent les acteurs de l'antiterrorisme, nous frappons à l'aveuglette un ennemi incompris. Que veut vraiment l'Etat islamique ? Qui l'influence et lui insuffle vie ? A qui ses crimes terroristes profitent-t-il vraiment ? Cela, disent ces acteurs, nous l'ignorons quasiment.

    De même ajoutent-ils, les règles du terrorisme moyen-oriental sont incomprises de nos dirigeants. A Raqqa et alentours, que signifie un attentat pour ses commanditaires ? Quel est son sens ? Qu'est-il supposé produire comme effet ? 


    Paris, Nice : lorsqu'on est ainsi frappé, ne faudrait-il pas, au lieu de propos belliqueux lancés dans le vide, s'interroger sur le pourquoi de tels actes ? Se demander sur la queue de quel scorpion on a bien pu marcher ?

    Or ça n'est pas fait. A l'inverse, on recense des attentats passés - Charlie-Hebdo, Hyper Casher, Bataclan, etc. Puis lentement, on bâtit là dessus et à contretemps, un échafaudage antiterroriste, déjà caduc lors de sa conception.

    Opérer ainsi revient à préparer la guerre d'hier puisque d'évidence, les terroristes de frappent jamais deux fois identiquement. Fanatiques, oui, débiles, non.

    - Face à un ennemi protoplasmique, qu'il faut d'abord savoir comprendre et suivre dans sa mobilité même, la France d'aujourd'hui n'a pas d'outil antiterroriste dédié. De longue date, elle possède un service de contre-espionnage contraint, vers 1970, d'ajouter l'antiterrorisme à ses missions - ce dont il ne voulait pas. Jadis, l'auteur entendit ainsi Raymond Marcellin, ministre de l'Intérieur qui imposa l'antiterrorisme à la DST, narrer qu'il avait alors dû menacer du placard le préfet chef du service, pour le faire obéir.

    Jamais par la suite, ni la DST, ni la DCRI, ni la DGSI n'ont vraiment dominé leur sujet. Quand vers 1993, le Groupe islamique armé algérien menace puis frappe la France, le renseignement intérieur met des mois à réaliser que ce GIA n'est pas une sorte de Hezbollah algérien - ce qu'il croyait du fait que le Hezbollah était l'ennemi du coup d'avant - mais une entité terroriste toute différente.

    La France a besoin de cet outil antiterroriste nouveau, agile, proactif, jeune dans sa tête. Mais voilà : le ministre de l'Intérieur et son chef du renseignement intérieur n'en veulent pas. Refus de cet étrange tandem, où l'un joue Napoléon au pont d'Arcole tandis que l'autre s'effraie d'un loufoque danger d'ultra-droite - providentiel écho aux "moi ou le chaos" de François Hollande. Ni l'un ni l'autre n'écoutent vraiment leurs propres cadres et experts qui vivent toujours plus mal cette arrogance et cet aveuglement. Désormais - mais l'exécutif saura-t-il réagir ? - le ministre de l'Intérieur et son chef du renseignement intérieur font clairement plus partie du problème que de sa solution.

    Xavier Raufer (Atlantico, 16 juillet 2016)

     

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  • Incertain Orient...

    Les Presses universitaires de France nous propose de revisiter l'histoire récente de l'Orient compliqué avec l'essai de Florian Louis intitulé Incertain Orient - Le Moyen-Orient de 1876 à 1980. Agrégé d'histoire et chercheur à l’École des hautes études en sciences sociales, Florian Louis est un collaborateur régulier de la revue Conflits, dirigée par Pascal Gauchon.

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    "Des bouleversements provoqués par la désagrégation de l’Empire ottoman à ceux engendrés par les chocs pétroliers des années 1970 en passant par la montée des tensions autour de la question palestinienne, le Moyen-Orient a connu un XXe siècle des plus chaotiques. C’est ce parcours, riche en rebondissements, que retrace et éclaire ce manuel, qui ne néglige pas pour autant d’insister sur les puissants ferments de continuité qui structurent une région sise à la charnière de multiples aires civilisationnelles dont elle opère une forme de synthèse originale.
    Une région dont les équilibres ont été reconfigurés tout au long du siècle, tant par les dynamiques et les rivalités qui l’agitaient de l’intérieur que par les influences et les pressions contradictoires qui s’y exerçaient depuis l’extérieur. C’est donc une histoire décloisonnée et connectée qui s’imposait pour rendre toute sa dignité historiographique à un espace trop souvent réduit à un simple terrain de jeu pour puissances exogènes, mais qui s’avère dans les faits avoir été pleinement acteur de son destin, à défaut d’en avoir toujours été maître."

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  • Feu sur la désinformation... (94)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : Orlando récupération LGBT d’un attentat islamiste

      Attentat d’Orlando le terroriste Omar Mateen tue 50 personnes dans une boite de nuit gay. Pour les médias c’est un homme déséquilibré et homophobe.
      Entre récupération du lobby LGBT et incrimination de la NRA. I-Média décrypte.

    • 2 : Le zapping d’I-Média.

    • 3 : Magnanville c’est l’islamisme qui tue

      Magnanville le terroriste islamiste Larrossi Abballa tue 2 policiers. Les médias occultent le caractère islamique de l’attentat ainsi que sa déclaration d’allégeance à DAESH.
      I-Média Réinforme.

    • 4 : Tweets d’I-Média.
    • 5 :  Foot arme de conditionnement massif

      Euro 2016 de Football, c’est l’arme de conditionnement massif des médias. C’est l’information qui occulte tout. Décryptage du foot et des débordements de supporters.

     

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  • Terrorisme, déradicalisation et culture de l’excuse...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur le site du Nouvel Economiste et consacré à la culture de l'excuse, qui amène ses tenants à expliquer le phénomène djihadiste par la pauvreté, le racisme et l'appartheid...

     

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    Terrorisme, déradicalisation et culture de l’excuse

    Dans l'antiterrorisme, notre gouvernement a pratiquement cessé de penser. Face à la déferlante terroriste moyen-orientale, il titube entre sociologisme au rancart et idéologie caduque. Invinciblement, il retourne à l'inepte couple “politique de la ville” plus “culture de l'excuse”, alpha et oméga de ce qu'il peut encore imaginer.

    Hier encore (Libération, 13 mai 2016), un Diafoirus-sociologue nie toute “exception marseillaise” : “Tous ces problèmes socio-économiques sont un élément majeur. Le niveau d'exclusion sociale par l'échec scolaire puis par le chômage est faramineux. Quand des collèges affichent 60 % d'échec au brevet et que le même quartier enregistre 60 % de chômage, la violence des chiffres est là”. Le catéchisme y passe en entier : fragilités familiales… échec scolaire… quartier dégradé… nulle perspective d'emploi… ville pauvre…

    Analogue radotage officiel : en mars 2015, à la conférence sur la prévention de l'extrémisme violent de Genève, le secrétaire général du comité interministériel de prévention de la “délinquance” décrit les terroristes comme des “jeunes en situation d'échec social, de fragilité psychologique, de marginalisation”. C'était d'ailleurs déjà la “ligne du parti” au comité interministériel Égalité et citoyenneté de mars 2015, trois semaines après Charlie Hebdo et l'Hyper-cacher : le terrorisme djihadi est d'origine sociale et disparaîtra avec “l'apartheid territorial, social, ethnique” qui accable nos banlieues.

    Captifs de poncifs idéologiques désormais dédaignés, nos officiels ignorent, aux deux sens du terme, toute analyse ou étude contradictoire : ils ne savent pas qu'elles existent, ou les négligent. Cependant, il en existe d'impeccablement scientifiques. Voyons la plus notoire d'entre elles.

    Après les attentats du 11 septembre 2001, la Maison-Blanche veut savoir : la misère sociale génère-t-elle la terreur ? Cette explication (celle des Diafoirus-sociologues) permettrait-elle de prévenir ou résorber le terrorisme ?

    Cette recherche est confiée à l'un des grands économistes mondiaux, le professeur Alan B. Krueger, docteur en économie de Harvard, titulaire de la chaire d'économie de l'université de Princeton et membre du fort officiel National Bureau of Economic Research.

    Elle étudie des groupes terroristes palestiniens ou libanais, des réseaux terroristes juifs des territoires occupés, des groupes terroristes allemands, italiens, irlandais, japonais, turcs, etc. De multiples tableaux, dix pages de références et de sources (voir en fin d'article).

    Conclusion : “Les données analysées exposent peu de liens directs entre pauvreté, éducation et activisme terroriste” – dans les pays étudiés, les deux tiers des terroristes identifiés sont d'origine bourgeoise ! “On ne trouve nul lien entre pauvreté et terrorisme et pas d'indice contradictoire fort… Nulle origine sociale spécifique, nul niveau d'enseignement donné ne semble prédisposer au terrorisme.”

    Autre lubie officielle : le racisme subi par Merah, Coulibaly & co. les pousserait au terrorisme. Là encore, dans le pays où les homicides de jeunes Noirs sont les plus fréquents et médiatisés, qu'en est-il vraiment ?

    Aux États-Unis, les hommes noirs forment 6 % de la population, et (chaque année) 40 % des victimes d'homicides.

    - En 2015 (dernière disponible), 36 Noirs désarmés sont (inexcusablement) abattus par la police.

    - Mais en 2014, sur 2 451 hommes noirs assassinés, 90 % (2 205) l'ont été par un autre Noir, d'usage lors de guerres de gangs.

    Même si tous les 36 Noirs désarmés sont victimes du racisme (en oubliant les cas de panique, maladresses, etc.), cela fait 1,5 % des assassinés. À voir cet ensemble, où est le racisme là-dedans ?

    Peut-on demander à notre gouvernement, 150 morts plus tard, de bien vouloir fonder sa stratégie antiterroriste sur des analyses réalistes et non sur de risibles poncifs ? Cela contribuerait à sa crédibilité.

    Xavier Raufer (Le nouvel Economiste, 20 mai 2016)

     

    Sources :

    • National Bureau of Economic Research, Cambridge, Mass. July 2002 - NBER Working Paper Series - Working Paper 9074.
    • Journal of Economic Perspectives, Fall 2003, Vol. 17, N°4 - "Education, poverty and terrorism: is there a causal connection ?"

     

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