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islamisme - Page 26

  • Burkini : derrière la laïcité, la nation...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Mathieu Bock-Côté, cueilli sur le Figaro Vox et consacré à la polémique autour du burkini. Québécois, l'auteur est sociologue et chroniqueur à Radio-Canada et est déjà l'auteur de plusieurs essais. Il vient de publier Le multiculturalisme comme religion politique aux éditions du Cerf.

     

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    Burkini : derrière la laïcité, la nation

    Longtemps, devant la poussée de l'islamisme conquérant et la progression des mœurs qu'on lui associe, la France a cru que la laïcité était sa meilleure, et peut-être même sa seule ligne de défense. C'est en son nom que la France a cherché, sans trop y parvenir nécessairement, à contenir la progression du voile musulman, qui s'est d'abord présentée comme une revendication politique à l'école. Il fallait, disait-on, lutter contre les signes religieux ostentatoires et éviter le débordement des religions dans l'espace public mais on refusait plus souvent globalement de nommer l'islam, qui ne poserait pas de problèmes spécifiques. Tout comme la République avait remis le catholicisme à sa place en d'autres temps, elle se tournerait aujourd'hui vers l'islam. C'était le grand récit de la laïcité sûre d'elle-même.

    Au fil du temps, toutefois, on a constaté que la laïcité était moins efficace que prévu devant une religion qui n'était pas simplement un double du catholicisme - toutes les religions ne sont pas interchangeables, d'ailleurs. Les mauvais esprits notèrent que la laïcité se montra à l'endroit de l'islam bien plus clémente qu'elle ne l'avait jamais été envers le catholicisme. Surtout, on a constaté que la laïcité laissée à elle-même, détachée de ce qu'on pourrait appeler les mœurs françaises, peut-être retournée contre les objectifs qu'on lui avait assignés. Ces dernières années, on a assisté à une redéfinition minimaliste de la laïcité, qui ne devrait plus chercher à contenir publiquement l'expression des religions. Et si un individu entend exprimer ses préférences spirituelles avec des vêtements particuliers, il devrait en être libre, même si la chose peut choquer une majorité vite accusée d'être frileuse et bornée.

    On accusera surtout la laïcité de ne pas être neutre culturellement. La laïcité à la française serait d'abord et avant tout française. On lui reprochera même d'être le masque universaliste d'une culture particulière, qui chercherait, à travers elle, à maintenir et reconduire ses privilèges - c'est d'ailleurs le mauvais procès qu'on fait souvent au monde occidental, en oubliant que l'universalité n'est jamais immédiate et qu'elle a besoin, conséquemment, de médiations. Ceux qui souhaitent une société absolument universaliste, purifiée de son ancrage historique particulier, désirent en fait une société déracinée et désincarnée, délivrée de son expérience historique. Le modèle du patriotisme constitutionnel habermassien n'est pas adapté à l'homme réel. La culture n'est pas extérieure à l'homme, elle est constitutive de son identité.

    Paradoxalement, il y a une part de vérité dans ce procès: la laïcité à la française est effectivement inscrite dans une culture particulière, mais elle n'a pas à rougir de cela. Elle en représente certainement un pan important: c'est à travers la laïcité que la France entend réguler politiquement les religions. On ne saurait toutefois faire de la laïcité la seule expression légitime de l'identité française, qui la transcende et la déborde. Mais les nations occidentales, et la France ici connaît le même sort que les autres, ont tellement de difficulté à penser et assumer leur particularisme historique et leur héritage culturel singulier qu'elles ne savent plus vraiment comment lui assurer une traduction politique. Dès lors qu'on ne définit plus la nation comme une réalité historique mais comme une communauté de valeurs, on tombe dans ce piège qui condamne la nation à l'impuissance parce qu'elle ne parvient plus à expliciter son identité.

    C'est tout cela que fait ressortir la querelle du burkini, qui ne porte pas que sur un morceau de vêtement, mais qui est un des signes visibles d'une forme d'agressivité identitaire à l'endroit des sociétés occidentales. La question du burkini, autrement dit, révèle l'impensé culturel de nos sociétés. C'est ce que disait à sa manière Henri Guaino en soutenant qu'elle posait moins un problème à la laïcité au sens strict qu'un problème de civilisation. En d'autres mots, on ne saurait se contenter d'une défense désincarnée de la civilisation occidentale, mais on devrait et on devra trouver une manière d'assumer politiquement la notion d'identité collective, chaque nation le faisant à sa manière, naturellement. De quelle manière conjuguer la citoyenneté avec les mœurs et inscrire l'identité dans la vie commune?

    La chose n'est pas simple. Un certain libéralisme a complètement remodelé l'imaginaire démocratique en poussant à la privatisation complète des cultures, au point même de dénier leur existence. En parlant sans cesse de leur hybridité ou de la leur diversité, on en vient à croire qu'elles sont insaisissables et dénuées d'ancrages dans le réel. C'est faire fausse route. Si une culture n'est pas une essence, non plus d'une substance à jamais définie, comme si elle était dégagée de l'histoire, elle n'est pas sans épaisseur concrète non plus. Une culture, en fait, se noue dans un rapport à l'histoire et en vient à modeler l'expérience humaine de manière particulière. Elle s'exprime à travers des mœurs, qui lient une société au-delà des simples formes juridiques. Toutefois, car on ne saurait codifier juridiquement les mœurs sans les tuer ou les étouffer, de quelle manière conserver une culture sans pour autant l'enfermer dans un carcan juridique?

    La thèse est proscrite dans la sociologie officielle, mais toutes les cultures ne sont pas faites pour cohabiter dans un même espace politique. Ce qui heurte autant le commun des mortels dans le burkini, c'est qu'il représente un symbole agressif et militant du refus de l'intégration au monde occidental par une frange de l'islam qui ne doute pas de son droit de conquête. Il est devenu emblématique d'un communautarisme qui se définit contre la société d'accueil et qui entend même contester de la manière la plus visible qui soit sa manière de vivre et ses représentations sociales les plus profondes. Si le burkini heurte autant, c'est qu'il symbolise, bien plus qu'un refus de la laïcité. Il représente un refus de la France et de la civilisation dans laquelle elle s'inscrit. C'est le symbole militant d'une dissidence politique hostile qu'un relativisme inquiétant empêche de voir.

    Le burkini inscrit une frontière visuelle au cœur de l'espace public entre la nation et un islam aussi rigoriste que radical qui réclame un monopole sur la définition identitaire des musulmans, qu'il ne faudrait d'ailleurs pas lui concéder. Combattre le burkini s'inscrit ainsi dans une longue bataille qui s'amorce à peine contre un islamisme conquérant qui veut faire plier les sociétés européennes en imposant ses codes, et cela, en instrumentalisant et en détournant plus souvent qu'autrement les droits de l'homme, car il travaille à déconstruire la civilisation qui a imaginé les droits de l'homme. C'est dans une même perspective que la France a décidé d'interdire le voile intégral dans les rues ou les signes religieux ostentatoires à l'école. Il n'y a rien de ridicule à prendre au sérieux la portée politique de tels vêtements.

    En un sens, il faut pousser l'islam à prendre le pli du monde occidental. Une pédagogie compréhensive ne suffira pas: il faut, d'une manière ou d'une autre, rappeler que la civilisation occidentale n'est pas optionnelle en Occident et que la culture française n'est pas optionnelle en France. C'est ainsi qu'à terme pourra émerger un islam de culture française acceptant d'évoluer dans un pays laïc de marque chrétienne. De ce point de vue, l'interdiction du burkini est légitime, même si certains peuvent préférer d'autres solutions. Les pays anglo-saxons qui se gaussent et ridiculisent la France en l'accusant de faire de la politique autour d'un maillot de bain témoignent d'un aveuglement politique effarant. En sermonnant la France, ils célèbrent leur propre vertu de la tolérance, sans se rendre compte qu'ils ont déjà capitulé en banalisant des pratiques ségrégationnistes.

    Et encore une fois, la gauche multiculturaliste se laisse prendre dans un piège qui l'amène à embrasser une pratique communautariste objectivement régressive qu'elle dénoncerait vigoureusement si elle se réclamait de la religion catholique. Mais elle est tellement habitée par le fantasme d'un Occident néocolonial et islamophobe qu'elle embrasse systématiquement tout ce qui le conteste. La sacralisation des minorités et de leurs revendications, quelles qu'elles soient, repose d'abord sur une diabolisation des majorités, toujours accusées d'être frileuses, portées au repli identitaire et animées par une pulsion xénophobe qu'il faudrait étouffer. Le burkini devient alors paradoxalement le nouveau symbole du combat pour les droits de l'homme, désormais associé aux revendications d'un islam qu'on s'imagine persécuté en Occident.

    On me permettra une dernière considération. Pour peu qu'on reconnaisse qu'une civilisation, fondamentalement, noue ses premiers fils anthropologiques dans la définition du rapport entre l'homme et la femme, on peut croire que c'est la grandeur du monde occidental d'avoir mis de l'avant l'idée d'une visibilité de la femme, appelée à prendre pleinement ses droits dans la cité. Le burkini témoigne d'un tout autre rapport au monde: la femme, dans l'espace public, doit être voilée, masquée, dissimulée. Elle est ainsi niée et condamnée à l'effacement culturel. La question du burkini témoigne moins d'une querelle sur la laïcité que d'un conflit des anthropologies et d'une contradiction des codes les plus intimes qui les définissent. Quelle que soit la solution politique ou culturelle retenue, le monde occidental ne doit pas céder aux illusions humanitaires qui l'amèneraient à banaliser un symbole aussi ouvertement hostile à son endroit.

    Mathieu Bock-Côté (Figaro Vox, 18 août 2016)

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  • Feu sur la désinformation... (99)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    L'émission a été enregistrée avant la tuerie de Nice commise par un terroriste islamiste au volant d'un camion.

    Au sommaire :

    • 1 : Sisco, la résistance corse sous le feu des médias

      A Sisco, des Maghrébins agressent des Corses : les médias censurent la voix des Corses pour évoquer « des zones d’ombre » , et même une « rixe motivée par le racisme ». I -Média décrypte et réinforme.

    • 2 : Le zapping d’I-Média.

    • 3 :PQR en guerre contre les maires FN

      Désinformation, refus de droit de réponse quand La presse quotidienne régionale est en guerre contre les maires Front National, tous les coups sont permis. Décryptage dans I-Média.

    • 4 : Tweets d’I-Média.
    • 5 : Malgré la propagande médiatique, les catholiques de plus en plus méfiants vis-à-vis des musulmans

      55 % des catholiques pratiquants pensent que la présence de musulmans est une menace. Un sondage publié le 15 aout, jour de l’Assomption, jour de grande affluence dans les églises, BFM n’a pas réussi à trouver de catholiques méfiants.

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  • L'exemple corse...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy cueilli sur Polémia et consacré à la réaction des Corses aux provocations communautaristes musulmanes. En Corse, la résistance identitaire est en marche...

     

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    En Corse c’est la population qui a désormais l’initiative contre les racailles et les islamistes

    Ici les racailles font la loi

    Ici, sur le continent, les racailles et les casseurs font la loi, notamment dans les banlieues prétendument sensibles, zones de non-droit où les forces de l’ordre n’osent quasiment plus intervenir, obéissant aux consignes d’une hiérarchie tétanisée à l’idée du retour des émeutes de 2005. Alors pas de vagues !

    Patrick Kanner, le ministre de la Ville, a courageusement affirmé qu’il y avait « aujourd’hui, on le sait, une centaine de quartiers en France qui présentent des similitudes potentielles avec ce qui s’est passé à Molenbeek » (1).

    Oui, « on le sait », mais on… le tolère. Mieux encore : on finance une apparence de paix urbaine en payant les caïds pour qu’ils calment les jeunes : cela s’appelle la politique de la Ville, sorte de contribution dhimmie payée par le contribuable sefran ou babtou pour que les jeunes n’aient pas « la haine ».

    Mais cela marche de moins en moins et, à la première interpellation qui tourne mal, ce sera l’émeute ; et bien sûr, aussi, l’enquête immédiatement diligentée pour vérifier si, des fois, la police ne serait pas coupable de violences injustifiées, comme aux Etats-Unis. Cela se passe toujours ainsi sur le continent, pour le plus grand profit des racailles.

    La culture de l’excuse

    Car ici les racailles sont toujours des victimes qui font pleurer les bobos et le Syndicat de la magistrature : des victimes du chômage, du racisme ou des « provocations » policières. Sur le continent on en tient pour la culture de l’excuse dès lors que ce n’est pas un Français de souche qui commet un délit ou un crime. D’ailleurs, le racisme antifrançais ou la christianophobie, la justice ne connaît pas.

    Sur le continent la population se tait et rase les murs. Car si d’aventure elle s’exprimait, alors la répression « antiraciste » s’abattrait sur elle. Les ligues de vertu bien pensantes, également financées par le contribuable, sont là pour y veiller.

    Et la classe politicienne, qui ne cesse de courir après le vote communautariste, emboîte le pas : lorsqu’une violence, un crime ou un attentat sont commis, leur première réaction consiste à proclamer « Pas d’amalgame » ! C’est ce qu’Alain Juppé appelle « garder son sang-froid » (2). En clair : la fermer et se soumettre.

     L’impunité c’est fini

    Dans l’Ile de Beauté, où, à la différence du continent, on veille à préserver son identité et sa famille, les choses se passent désormais différemment, comme on le voit depuis quelques mois. En Corse, on ne tolère plus, par exemple, que les « jeunes » caillassent ou agressent les pompiers en toute impunité, comme on l’a vu à Ajaccio en décembre 2015.

    Le journal Le Monde titrait alors « Ajaccio sous le choc après les manifestations xénophobes » (3), jouant ainsi son rôle de pleureuse attitrée défendant les malheureux jeunes. Et le préfet, incapable de protéger les pompiers, d’en appeler évidemment à la « sérénité ». Bref, le bla-bla habituel.

    Mais ce rideau de fumée politico-médiatique sur fond d’impuissance gouvernementale ne produit plus en Corse les mêmes effets soporifiques que sur le continent.

    En Corse, le message d’Ajaccio était clair : l’impunité pour les racailles c’est fini. On ne va pas continuer à se laisser faire.

    En Corse on désigne les choses par leur nom

    La réaction aux événements qui se sont produits récemment à Sisco est également significative.

    Car pour la première fois dans notre pays les autorités de la collectivité de Corse n’ont pas hésité à désigner les choses par leur nom : « Ce sont des comportements provocateurs et des actes violents de la part de personnes étrangères à la commune qui sont à l’origine des faits… assortis d’une revendication explicitement communautariste voire religieuse. Ces faits ont inéluctablement entraîné une intense émotion et une réaction forte de la part de la population de Sisco » (4).

    Cette déclaration, qui non seulement désigne les responsables des affrontements mais exprime aussi sa compréhension de la réaction populaire, tranche avec le pathos bisounours et padamalgam que les élus nous assènent habituellement sur le continent après chaque fait similaire.

    En Corse on n’a pas peur de désigner l’ennemi : donc on sait encore faire de la vraie politique et on sait encore faire la guerre – alors que sur le continent, déjà en voie de Soumission, on a la trouille de le faire.

    En Corse le pathos bisounours et padamalgam ne marche plus

    Le ministre de l’Intérieur a, bien sûr, comme d’habitude, « condamné les violences », posture officielle et cynique consistant à mettre sur le même plan agresseurs et victimes. On est habitué ici à ce type de fausse symétrie, mais en Corse cela ne marche plus.

    La presse bien pensante cite ainsi avec effroi des déclarations comme celles-ci : « Les agresseurs habitent ici. On veut montrer à leurs frères, à leurs amis et à tous ceux qui les connaissent que nous ne tolérerons jamais ce genre d’actes sur notre terre ! » ; ou bien encore « Agresser un seul Corse, c’est comme agresser toute la Corse. Depuis plusieurs mois, François Hollande nous répète que nous sommes en guerre. Et dans une guerre, quand on est attaqué, il faut répondre. Et pas seulement en allumant des bougies… » (5).

    Face à l’islamisme la dissidence a l’initiative en Corse

    En Corse ce sont désormais les dissidents hors Système qui ont l’initiative face à l’islamisme et aux racailles : c’est-à-dire les indépendantistes et la réaction spontanée de la population.

    Car, en Corse, la réaction populaire l’emporte sur celle des autorités, dépassées parce qu’enfermées, comme en métropole, dans la doxa politiquement correcte.

    Comme l’a montré le FNLC dans sa déclaration diffusée dans Corse Matin le 27 juillet dernier, c’est la dissidence qui incarne désormais la grande politique car elle tient un langage de vérité qui rencontre un large écho dans la population.

    Le FNLC dénonce ainsi une « radicalisation croissante dans le sud de la Corse » correspondant à la volonté des salafistes de « mettre en place chez nous la politique de Daesh ». Les indépendantistes préviennent aussi (6) que toute attaque contre les Corses fera l’objet « d’une réponse déterminée sans état d’âme ». Ils réclament aussi que les musulmans qui vivent en Corse prennent position clairement contre l’islamisme. Enfin, ils affirment qu’ « il faudra que la France cesse sa propension à intervenir militairement et vouloir donner des leçons de démocratie à la terre entière si elle veut éviter que les conflits qu’elle sème à travers le monde ne reviennent comme un boomerang sur son sol ».

    On n’est pas forcé d’approuver en tout le FNLC ni le vocabulaire « anticolonialiste » propre à cette organisation, mais, en quelques mots, tout est dit.

    Où sont les hommes ?

    En Corse on sait manifestement que ce n’est pas en se soumettant à la violence ou en commémorant ses victimes, comme ne cesse de nous le dire l’oligarchie, qu’on retrouve sa liberté et sa dignité, mais en lui opposant la force, qui seule garantit le droit.

    Mais où sont donc passés les derniers hommes ? En Corse manifestement.

    Michel Geoffroy (Polémia, 16 août 2016)

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  • La France et l'Afrique face à l'offensive islamiste...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Bernard Lugan au site de réflexion géopolitique Katehon et consacré à la menace islamiste. Africaniste et historien, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont dernièrement Osons dire la vérité à l'Afrique (Rocher, 2015), Histoire & géopolitique de la Libye des origines à nos jours (L'Afrique réelle, 2015) et Histoire de l'Afrique du nord (Rocher, 2016).

     

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    La France et l'Afrique face à l'offensive islamiste

    Katehon - Prêtre égorgé pendant la messe, tuerie de masse, attentats à l'explosif, la France est frappée par la violence politico-religieuse. Selon vous, pouvons-nous établir un parallèle avec la décennie noire qui a touchée l'Algérie dans les années 90 ?

    Bernard Lugan : Non, parce que durant la « décennie noire », les islamistes algériens avaient pour but la prise du pouvoir afin de faire basculer tout le Maghreb. Il s’agissait d’une guerre civile. En France, primo, nous ne sommes pas en guerre, l’emploi de ce terme est d’ailleurs inapproprié. La guerre c’est ce qui se passe en Syrie ou en Irak alors que la France est en réalité confrontée à une menace terroriste d’ampleur réduite car le pays continue à vivre normalement. Secundo, les islamistes n’y visent pas la conquête du pouvoir. Le risque serait la constitution de zones échappant au pouvoir central et à partir desquelles ils pourraient, dans une phase ultérieure, tenter de créer des califats.

    Katehon - Le régime algérien a écrasé la rébellion islamiste sur son sol par les armes. La France devra-t-elle prendre le même chemin ?

    Bernard Lugan : Une fois encore non. Des mesures de simple police suffiraient en effet à écarter une grande partie de la menace. Le problème est que nos hommes politiques ne se servent pas de l’arsenal juridique que la Constitution leur offre. Leur crainte n’est pas l’islamisme et le terrorisme, mais les réactions que de futurs attentats pourraient produire avec une prise de conscience de la population. Ils savent qu’ils auraient alors des comptes à rendre : pourquoi avoir encouragé le « grand remplacement », pourquoi avoir encouragé le communautarisme, pourquoi avoir sous-traité la paix dans les banlieues aux salafistes, pourquoi avoir aboli les frontières, pourquoi avoir décapité la gendarmerie, pourquoi avoir désarmé moralement et militairement le pays, pourquoi avoir si longtemps refusé de désigner l’ennemi  etc. ?

    Katehon - La France intervient militairement en Afrique parfois pour des raisons de lutte anti-terroriste. Ces opérations ont-elles des résultats contre le terrorisme islamique présent sur le continent africain ?

    Bernard Lugan : Oui et non tout à la fois. Oui parce que la présence militaire française dérange le dispositif islamo-terroriste, non parce que les causes ne sont pas traitées. Ainsi au Sahel, l’incohérence est totale car nos forces luttent efficacement contre les bandes, mais, en même temps notre diplomatie est plus que complaisante avec les pays du golfe qui financent le salafisme.

    Katehon - L'intervention de la France sur des théâtres d'opérations extérieurs n'aggrave-t-elle justement pas la menace terroriste ?

    Bernard Lugan : Ne pas lutter contre le terrorisme reviendrait à accepter de subir. Je pense que la question pourrait être formulée d’une autre manière : par certaines de ses interventions ou prises de position, la France n’a-t-elle pas favorisé le terrorisme ? Et là je répondrais alors que l’absurde intervention contre le colonel Kadhafi et que la stupide politique anti Assad ont effectivement créé des foyers terroristes.

    Katehon - L'état islamique et ses nébuleuses opèrent en Afrique. Le continent peut-il lui aussi basculer dans une "guerre de civilisation" ?

    Bernard Lugan : Dans toute l’Afrique de l’Ouest se livre actuellement une véritable guerre entre un islam enraciné dans des traditions locales et un islam à vocation universaliste et révolutionnaire importé d’Arabie. Ce dernier aurait, selon les estimations, réussi à convertir entre 20 et 40% des musulmans ouest africains.

    Les jihad africains d’aujourd’hui ne concernent donc que les musulmans car nous ne sommes pas (encore ?) en présence d’un front musulman face à un front chrétien, sauf sur certaines périphéries (Nigeria,  Kenya ou Centrafrique). Le phénomène que nous observons est celui d’une tentative de prise de contrôle des populations musulmanes africaines par les partisans d’un islam importé d’Arabie. Pour ces derniers, l’islam traditionnel ouest africain doit être « purifié » car il est considéré comme déviant et hérétique par les wahhabites. La purification passe par le retour au seul Coran et par le refus de toute tradition humaine, par définition polluante du message divin. Pour les wahhabites, tout ce qui n’est pas prescrit dans le Coran doit ainsi être combattu.

    Aujourd’hui, les normes visibles du wahhabisme s’affirmèrent au grand jour : burqa,  séparation des sexes, nouveaux rites mortuaires, prière de nuit (tahajjud) et la plus visible par les musulmans, la prière les  bras croisés,toutes pratiques jusque-là inconnues au sud du Sahara. Ayant désormais pignon sur rue, les imams saoudiens, qataris et pakistanais expliquent aux populations africaines que leur retard est dû à ce que leurs dirigeants ont voulu imiter l’Occident. Le chemin du progrès et de la libération passe donc par le renversement de ces derniers, par le rejet des valeurs impies et par l’adhésion à l’islam authentique.

    Bernard Lugan (Katehon, 15 août 2016)

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  • Mais pourquoi nous attaquent-ils donc ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son site huyghe.fr, qui vient prolonger son texte sur la géopolitique de l'Etat islamique et expliquer les raisons de l'hostilité dont cette entité politico-religieuse fait preuve à notre égard...

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    Pourquoi les jihadistes disent nous haïr

    Pourquoi nous attaquent-ils ? Cette question ressurgit à chaque attentat et suscite en général des réponses types plus ou moins cumulables :
     
    1- ils ne savent pas ce qu'ils font, ce sont des déséquilibrés mauvais musulmans (comme le tueur de Nice : il avait fait une dépression en 2004, était bisexuel et buvait..) donc pas de rapport avec la religion ou alors ces gens prennent le djihadisme comme alibi, donc, ne faisons pas d'amalgame ou de surinterprétation. C'est la théorie de l'erreur. Mais pourquoi tant d'erreurs qui ne se produisent pas chez les athées ou les bouddhistes de notre pays ?
     
    2- ils détestent nos valeurs. C'est la version de G.W. Bush : ce sont des "freedom haters", des gens qui détestent la liberté. Variante de François Hollande répétée à chaque cérémonie funèbre, donc souvent : ils agissent parce qu'ils détestent la République et ses valeurs. Cette théorie du ressentiment n'est pas totalement fausse, en ce sens qu'ils haïssent effectivement nos principes démocratiques et notre liberté de mœurs et de croyance, mais ils ne le font pas par pure méchanceté : il le font au nom d'autres valeurs positives et d'une autre légitimité que le pouvoir du peuple ou le droit de l'individu.
     
    3- variante stratégique de la thèse du ressentiment : ils cherchent à déclencher une guerre de religion ou une guerre civile en France. Ils veulent dresser les communautés les unes contre les autres, brisant ainsi notre très enviable vivre-ensemble. Sauf que pour eux le djihad a commencé il y a quelques siècles et que c'est un combat planétaire, métaphysique et apocalyptique entre les croyants et tous les autres, mécréants ou hypocrites, pas une histoire d'affrontement entre bandes de banlieue et milices cathos (d'ailleurs inexistantes) à la Houellebecq.
     
    4-  dernière version inoxydable : c'est une affaire de frustration, de sentiment d'injustice et de désir inassouvi, c'est psycho-sociologique. La religion n'est qu'un prétexte dans cette affaire ; elle dissimule une révolte contre un monde insupportable donc notre responsabilité. C'est la thèse. "Vous n’avez rien fait contre le terrorisme" puisque ses causes sont ailleurs Ainsi, pour Geoffroy de Lagasnerie et Édouard Louis dans une tribune qui a fait du bruit : "Car rien n’a été entrepris contre les causes de la violence politique et sociale, contre les structures qui l’engendrent, contre les conditions de vie qui font naître chez un individu le désir de destruction... aucun des moyens dont dispose l’Etat, dont vous disposez pour créer un monde plus juste, plus sûr et pour arracher les individus à la logique de la haine, n’ont été utilisés - et l’on pourrait même dire que c’est, dans ce registre, plutôt l’inverse que vous avez fait, et qu’on a plutôt assisté, ces derniers mois, au triomphe de la régression sociale." Ou, mieux encore, la vision de Badiou pour sui il s'agit de crimes de nihilistes fascistes avides de jouissances brutales, d'occidentaux "inversés"... Donc, les acteurs sont inconscients (seul l'intellectuel distinguant les vraies causes structurelles) rien à voir avec ce qu'ils croient ou leurs ambitions proclamées, etc., etc. Les objectifs affichés et les principes de légitimité proclamés ne feraient que dissimuler des motifs réactifs et primaires. Mais sommes nous certains que le jour où nous aurons établi la société parfaite d'égalité, de sécurité, de liberté et de solidarité, ses ennemis cesseront de la combattre au nom de la transcendance ?

    Bref nous avons peine à croire que les causes soient à rechercher partout sauf dans la religion et la géopolitique, ce qui serait curieux pour des gens qui se réclament a) du djihad b) d'un califat. Et qui, notamment dans leurs cassettes testaments, ne cessent de nous dire qu'ils vont nous punir parce que nous bombardons le califat et tuons des femmes et des enfants musulmans.

    Et si nous allions leur demander ? Car, après tout, ces gens écrivent, et essaient de nous faire comprendre des choses tantôt par des prêches, tantôt par des attentats.

    Pour mémoire, ben Laden s'était expliqué très clairement dans une fatwa de 1998.
    "Premièrement depuis plus de sept ans les États Unis occupent la terre d'islam dans sa partie la plus sainte... Deuxièmement, malgré la grande dévastation infligée au peuple irakien par l'alliance des croisés sioniste et malgré le nombre élevé de tués qui a atteint plus d'un million... malgré tout cela, les Américains sont de nouveau en train de répéter ces massacres horribles, car ils ne sont pas satisfaits du blocus. prolongé imposé après une guerre féroce et dévastatrice.... Troisièmement, si les objectifs des Américains derrière ces guerre sont religieux et économiques, ils servent aussi les intérêts de l'État juif en détournant l'attention de son occupation de Jérusalem et du meurtre de musulmans.".(23 février 1998). Donc : retrait des Américains d'Arabie saoudite, fin de l'embargo sur l'Irak et fin soutien à Israël. Simple et compréhensible.

    Maintenant, pourquoi l'État islamique nous haït-il et nous combat-il ? Allons voir ce qu'ils disent dans le dernier numéro de leur revue anglophone Dabiq. En résumé :
    1 - parce que vous êtes incroyants et que vous rejetez l’unité d’Allah
    2 - parce que vos sociétés libérales sécularisées autorisent ce qu’interdit Allah, vous séparez l’État de la religion et êtes permissifs, incroyance et débauche
    3 - en particulier, pour les athées, nous vous haïssons et vous attaquons parce que vous refusez de croire en l’existence du créateur, en dépit de la splendeur de l’Univers
    4 - vous commettez des crimes contre l’Islam et attaques contre notre religion en vous moquant du Prophète, en brûlant des Corans, etc.
    5 - Vous commettez des crimes contre les musulmans avec vos drones et vos avions. Vous tuez des femmes et des enfants
    6 - Vous envahissez nos terres et nous allons vous repousser. Le djihad reste une obligation individuelle pour chaque musulman

    Et Dabiq de préciser : « Il n’est pas moins important de comprendre que nous vous combattons pas simplement pour vous punir ou vous dissuader, mais pour vous apporter la vraie liberté dans cette vie et le salut dans l’autre, la liberté de ne pas être enchaînés à vos vices et à vos désirs autant que la libération de votre clergé et de vos législateurs et pour vous apporter le salut en adorant votre Créateur seul et en suivant son messager » (le lecteur a bien compris la différence avec la stratégie d'al Qaïda.

    Donc ils nous combattent et pour ce que nous sommes (impies) et pour ce que nous faisons (la guerre, les bombardements, les invasions) et surtout pour ce qu'ils peuvent nous faire -sauver nos âmes-. En gagnant au passage pour eux le salut éternel, la gloire du martyre, la conquête du monde et la satisfaction de punir "les ennemis d'Allah".
    Et l'on s'étonne de la séduction du djihad !
     
    François-Bernard Huyghe (huyghe.fr, 8 août 2016)


    Nota : pour la petite histoire, le dernier numéro de Dabiq est un "Spécial antichrétien" avec longues considérations sur le Christ, certes prophète, mais qui n'est pas mort en croix ou sur le concile de Nicée (dogme de la Trinité), d'où il résulte qu'un authentique disciple de Jésus, s'il est cohérent, se convertira et fera le djihad.
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  • Quelle est la vision géopolitique de l'Etat islamique ?...

    Comprendre la perception géopolitique de l'ennemi pour être en mesure de mieux le combattre, c'est ce que nous propose cet article éclairant de François-Bernard Huyghe, que nous reproduisons après l'avoir cueilli sur son site huyghe.fr.

    Spécialiste de l'information et de la communication, François-Bernard Huyghe est l'auteur de nombreux essais et a publié dernièrement La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2016).

     

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    La vision géopolitique de Daech

    L'État islamique a-t-il une géopolitique ? Pas au sens classique - la géographie physique et humaine déterminant des relations internationales en fonction d'intérêts connus- . Oui en ce sens qu'une géographie que nous qualifierons de mystique ou de mythique entraîne une politique qui se rattache à la fois à la dimension sacrée de la terre (le pays de Cham comme terre promise) et à la reproduction des batailles et au souvenir d'exploits des premiers temps de l'islam (donc à ce qui fut accompli "en ce temps-là").

    Territoire

    Le territoire (au sens d'une zone géographique qui possède des ressources mais est aussi porteuse de sens symbolique pour ses habitants) compte énormément pour les jihadistes. D'une part l'établissement du califat, annonciateur d'une phase décisive de l'Histoire humaine, a lieu quelque part ; il s'enracine, attire et progresse. Suivant le slogan djihadiste, sa mission est de "durer et s'étendre". Il n'y a, au fond, que deux sortes de terre, la terre régie par la loi de Dieu (le califat) et la terre des mécréants, la première étant appelée à se substituer à la seconde. Le but est d'établir la loi divine dans le monde et de détruire jusqu'à la moindre trace d'idolâtrie (chirk).
    C'est ce que dit Dar al-Islam citant ibn Mouflih : "Toute terre qui est dominée (gouvernée) par les lois des musulmans est une terre d’Islam et si elle est dominée par les lois de la mécréance c’est une terre de mécréance, il n’y a pas de terre autre que cela. "
    Selon ce schéma binaire le monde entier s'organise autour d'un pôle - le califat où est appliquée la loi de Dieu contrairement à l'Arabie saoudite, à l'Iran, etc. - et, alentour, un environnement hostile destiné à disparaître. Une jour nous prendrons Rome, un jour nous prendrons Constantinople, ne cessent de répéter les djihadistes qui envisagent sans doute ensuite une émirat de Washington D.C. ou de Pékin. Le monde se divise donc en califat et provinces - wilyaats, -divisions administratives- d'où doivent converger tous les vrais musulmans, fussent-ils Français ou Jamaïcains. Comme nous l'avions signalé, le bon musulman qui ne peut pas faire la hijrah - aller au pays de Cham pour s'y battre et obtenir le martyr - doit agir dans sa propre région (Nice, par exemple) en tuant des mécréants suivant la formule "avec un couteau, une pierre ou un véhicule".
    L'extrême verticalité du système - tout le monde doit faire allégeance à un leader spirituel et politique, en une pyramide au sommet de laquelle se trouve le calife- a besoin de s'appuyer sur une base "horizontale" : la terre de la Loi. En attendant la grande fraternité humaine victorieuse prélude à la fin des temps.
    Corollaire : le djihadisme est un universalisme. Une des premières préoccupations du califat fut de détruire les traces de la ligne Sykes Picot, en attendant d'abolir toutes les frontières.
    Là encore citons Dar al-Islam qui étale ses références historiques : "Quant à ceux qui veulent des passeports, des frontières, des ambassades et de la diplomatie ils n’ont pas compris que les partisans de la religion d’Ibrâhîm mécroient et prennent en inimitié ces idoles païennes. Nous renions la démocratie, la laïcité, le nationalisme, leurs partisans ainsi que toutes les pratiques et rites de ces fausses religions. Nous voulons rétablir l’État Prophétique et celui des quatre Califes bien-guidés ; pas l’Etat-Nation de Robespierre, de Napoléon d’Ernest Renan".
    Par ailleurs, il est évident à leurs yeux que c'est nous qui envahissons leur territoire et menons croisade sur croisade avec nos alliés juifs et hypocrites.

    Hostilité

    Le même principe binaire s'applique au processus de désignation de l'ennemi. C'est le "avec nous ou contre nous" poussé à l'extrême. Citons cette fois Dabiq, la revue anglophone "Les koufars – qu’ils soient catholiques, protestants, ou chrétiens orthodoxes, conservateurs ou progressistes, Juifs, qu’ils soient bouddhistes, hindous ou sikhs, qu’il soient capitalistes, communistes ou fascistes – sont finalement unis contre l’Islam et les musulmans".
    Même si les partisans de l'EI ne sont pas complotistes (tout au contraire : ils dénoncent ceux qui croient que le monde est dirigé par une poignée d'hommes comme déviants : les simples mortels n'ont pas tant de pouvoir) ils ont une vision simple où le mal est un en son principe : tous ceux qui nient la loi de Dieu (y compris des wahabites non jihadistes objectivement alliés à l'Occident, par exemple) sont dans le même camp. Corollaire : si tous les autres sont ennemis, on n'a guère d'amis. L'idée d'alliance, même stratégique et provisoire, semble étrangère à une mentalité pour laquelle on ne dénonce jamais assez les déviants (en d'autres temps on disait les déviationnistes).
    Pour être plus précis, on est soit "vrai" musulman, soit apostat (sunnite non rallié au califat), soit chiite ou autres familles hérétiques de l'Islam, soit Juif ou croisé (les bouddhistes, hindouistes et autres athées et idolâtres étant assimilés). Et sauf à faire partie de la première catégorie, on est promis à l'extermination ou à la conversion (des cas intermédiaires de soumission, pacte de non agression plus ou moins provisoire pouvant être envisagés seulement pour les gens du Livre). Dans tous les cas, la notion d'alliance ou d'amitié pour un mécréant est inimaginable.
    Des notions qui structurent la pensée occidentale comme la distinction entre l'ennemi privé (que l'on combat en raison de sa personne ou de griefs à son égard) et l'ennemi public - hostis et inimicus - n'ont guère de sens. On ne doit pas combattre "à titre privé" et il est obligatoire de lutter contre les ennemis qui sont aussi "ennemis d'Allah".
    Tout ceci rend assez ridicules les considérations auxquelles se livrent nos politiciens pour expliquer que les jihadistes nous haïssent pour ce que nous sommes (ouverts, tolérants, démocrates, permissifs, gentils, voire fêtards puisque notre mode de vie avec terrasses de cafés et concerts de rock les exaspère) et pas pour ce que nous leur faisons (les bombarder par exemple). Ou, comme les néo-conservateurs pour prétendre qu'ils ne ne nous frappent pas pour riposter à nos bombardements mais parce qu'ils sont intrinséquement méchants.
    La distinction n'a guère de sens pour l'autre camp tant nos crimes (les attaquer) sont à leurs yeux les manifestations de nos croyances (libertinage, démocratie, paganisme, association d'autres croyance à la foi en Dieu) et vice-versa. Le crime politique traduit la déviance religieuse et la déviance religieuse est un crime politique.

    Territoire et hostilité expliquent la nature de la guerre menée par l'État islamique et qui fera l'objet de l'article suivant.

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 4 août 2016)

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