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irak - Page 4

  • Le piège américain...

    Le piège américain, tel est le titre du dernier essai du général Vincent Desportes, publié aux éditions Economica. Excellent connaisseur de l'armée américaine, le général Desportes, qui s'est fait connaître du public par une prise de position assez hostile à l'engagement militaire français en Afghanistan, est surtout l'auteur de plusieurs ouvrages de réflexion sur la guerre et la stratégie, tels que Comprendre la stratégie (Economica, 2001), Décider dans l'incertitude (Economica, 2004) ou La guerre probable (Economica, 2008).

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    "La plus grande machine de guerre ayant jamais existé dans l’histoire du monde, les armées des États-Unis, gigantesque force dotée des meilleurs équipements, se heurte à de graves difficultés dans les conflits d’aujourd’hui. Les résultats obtenus y sont toujours limités, incertains, volatiles. Ses victoires se transforment laborieusement en succès politiques. Pourquoi, depuis plus d’un demi-siècle, à chaque nouvel engagement,la formidable armée victorieuse de 1918 et de 1945 n’a-t-elle obtenu, sauf exceptions, que des succès ambigus ? Pourquoi a-t-elle eu tant de difficultés à parvenir à un résultat minimal en Irak ? Pourquoi, en dix ans de guerre, malgré un volumineux déploiement de troupes, se retrouvet-elle en Afghanistan dans l’incapacité de prendre l’ascendant sur des adversaires pourtant beaucoup moins nombreux, rudimentaires dans leurs tactiques et leurs équipements ? Pourquoi, globalement, devient-il impossible aujourd’hui de transformer l’écrasante suprématie militaire américaine en victoire significative ? C’est à cette question fondamentale que répond cet ouvrage, en recherchant, au coeur de la nation américaine et de ses armées, les raisons pour lesquelles celles-ci peinent dans les nouvelles circonstances de la guerre. Le PIÈGE AMÉRICAIN – notre piège –, c’est la culture stratégique américaine, adaptée au monde d’hier, mais qui doit aujourd’hui évoluer pour que les forces armées des États-Unis retrouvent l’efficacité dont nous avons tous besoin."

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  • La guerre irrégulière...

    Les éditions Economica viennent de publier La guerre irrégulière, un recueil sous la direction de Christian Malis, Hew Strachan et Didier Danet qui rassemble les actes d'un colloque qui s'est déroulé en 2009 à l'école spéciale militaire de Saint Cyr - Coëtquidan. On y trouve notamment des contributions d'Hervé Coutau-Bégarie ("La guerre irrégulière dans l'histoire"), Jacques Sapir ("Quelle articulation pour les dispositifs technico-militaires dans la période à venir ?"), Ahmed S. Ashim ("Carl Schmitt et l'insurrection irakienne"), Christian Olsson, Vincent Desportes et Michel Goya...

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    "Le phénomène de la guerre irrégulière n'est pas dans son essence inédit, ses racines plongent en fait profondément dans le passé et sont présentes dans les guerres qui ont jalonné l'histoire européenne depuis le milieu du XVIIe siècle...:Mais ses formes actuelles, qu'il s'agisse de théâtres comme l'Irak ou l'Afghanistan, comportent des aspects originaux et nouveaux. La réflexion sur la guerre irrégulière oblige à s 'interroger sur la normativité implicite de la " guerre régulière ", à considérer en profondeur le rôle des peuples impliqués, à examiner sans tabou les atouts tactiques de l'adversaire irrégulier. II s 'agit de, faire appel non seulement à l'histoire, mais aussi à la géographie, à l'économie, aux sciences sociales et politiques, au retour d'expérience des conflits en cours."

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  • La "rue arabe", un exemple pour le Nord ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Georges Corm, publié dans le quotidien Le Monde (12 février 2011). L'auteur économiste et ancien ministre des finances de la République libanaise, est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Le Proche-Orient éclaté 1956-2010 (Folio, 2010) et, récemment, Le nouveau gouvernement du monde (La Découverte, 2010).

     

     

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    Quand la "rue arabe" sert de modèle au Nord

    A partir de la Tunisie, la divine surprise qui a touché la rive sud de la Méditerranée n'est pas aussi simple qu'elle peut apparaître de prime abord. Elle n'est évidemment pas issue de l'Irak. Envahi par l'armée américaine en 2003, sous prétexte de supprimer un tyran et d'y établir une démocratie, l'Irak a, au contraire, connu une involution outrageante dans le communautarisme et l'ethnisme, assortie d'une paupérisation encore plus grave que celle amenée par treize années d'embargo économique onusien, implacable sur ce malheureux peuple.

    La surprise n'est pas plus venue du Liban, où, en 2005, la "révolution du Cèdre", appuyée par l'Occident, n'a servi qu'à aggraver le communautarisme et les dissensions internes. Une commission d'enquête internationale sur l'assassinat de Rafic Hariri, puis la constitution du Tribunal international spécial pour le Liban n'ont fait que jeter encore plus le trouble entre les deux grandes communautés musulmanes du pays (sunnite et chiite) et aggraver les dissensions internes.

    L'attaque israélienne d'envergure de 2006 sur le sud du pays pour éradiquer le Hezbollah n'aura pas non plus été les "douleurs d'enfantement" du nouveau Moyen-Orient de George Bush, suivant les termes scandaleux employés à l'époque par Condoleezza Rice, sa ministre des affaires étrangères. En bref, tous les essais d'imposer la démocratie de l'extérieur n'auront eu pour effet que d'aggraver les tensions et instabilités de la région.

    En revanche, c'est un pauvre Tunisien désespéré socialement et économiquement qui, en s'immolant par le feu dans une zone rurale, déclenche la vague de protestations populaires qui secouent le sud de la Méditerranée. Les immolations par le feu se multiplient.

    Dans cette vague, il faut bien identifier l'alchimie qui en a fait jusqu'ici le succès : de fortes revendications d'équité sociale et économique, couplées à l'aspiration à la liberté politique et à l'alternance dans l'exercice du pouvoir. Soutenir uniquement la revendication politique que portent les classes moyennes et oublier celle de justice et d'équité socio-économique que portent les classes les plus défavorisées conduira à de graves désillusions. Or, le système qui a mené au désespoir social est bien celui de "kleptocraties" liant les pouvoirs locaux aux oligarchies d'affaires qu'ils engendrent et à des grandes firmes européennes ou à de puissants groupes financiers arabes, originaires des pays exportateurs de pétrole. C'est ce système qui a aussi nourri la montée des courants islamistes protestataires.

    La vague de néolibéralisme imposée aux Etats du sud de la Méditerranée depuis trente ans a facilité la constitution des oligarchies locales. La façon dont ont été menées les privatisations a joué un rôle important dans cette évolution, ainsi que les redoutables spéculations foncières et le développement des systèmes bancaires, financiers et boursiers ne profitant qu'à cette nouvelle oligarchie d'affaires. Or, de nombreux observateurs ont naïvement misé sur le fait que ces nouveaux entrepreneurs seraient le moteur d'un dynamisme économique innovant et créateur d'emplois qui entraînerait l'émergence d'une démocratie libérale.

    La réalité a été tout autre. Le retrait de l'Etat de l'économie et la forte réduction de ses dépenses d'investissement pour assurer l'équilibre budgétaire n'ont pas été compensés par une hausse de l'investissement privé. Ce dernier était supposé créer de nouveaux emplois productifs pour faire face aux pertes d'emplois provoquées par les plans d'ajustement structurels néolibéraux et à l'augmentation du nombre de jeunes entrant sur le marché du travail. Le monde rural a été totalement délaissé et la libéralisation commerciale a rendu plus difficile le développement de l'agroalimentaire et d'une industrie innovante créatrice d'emplois qualifiés.

    Face aux fortunes considérables qui se sont constituées ces dernières décennies, le slogan "L'islam est la solution" a visé, entre autres, à rappeler les valeurs d'éthique économique et sociale que comporte cette religion. Ces valeurs ressemblent étrangement à celles de la doctrine sociale de l'Eglise catholique. C'est pourquoi, si la question de l'équité et de la justice économique n'est pas traitée avec courage, on peut penser que les avancées démocratiques resteront plus que fragiles, à supposer qu'elles ne soient pas habilement ou violemment récupérées.

    Au demeurant, les organismes internationaux de financement, tout comme l'Union européenne, portent eux aussi une certaine responsabilité. Les programmes d'aides ont essentiellement visé à opérer une mise à niveau institutionnelle libre-échangiste, mais non à changer la structure et le mode de fonctionnement de l'économie réelle. Celle-ci, prisonnière de son caractère rentier et "ploutocratique", est restée affligée par son manque de dynamisme et d'innovation.

    Partout, le modèle économique est devenu celui de la prédominance d'une oligarchie d'argent, liée au pouvoir politique en place et aux pouvoirs européens et américains et à certaines grandes firmes multinationales. Le Liban en est devenu un modèle caricatural où des intérêts financiers et économiques servent à perpétuer des formes aliénantes de pouvoir en s'abritant derrière des slogans communautaires scandaleux tels que celui de "bons" sunnites opposés aux "dangereux" chiites.

    Pour que les choses changent durablement en Méditerranée pour qu'un ensemble euro-méditerranéen dynamique, compétitif et pratiquant l'équité sociale puisse émerger, ne faut-il pas que la société civile européenne suive, à son tour, l'exemple de ce qui a été jusqu'ici dédaigneusement appelé dans les médias la "rue arabe" ? Qu'elle élève à son tour le niveau de contestation de la redoutable oligarchie néolibérale qui appauvrit les économies européennes, n'y crée pas suffisamment d'opportunités d'emplois et précarise chaque année un plus grand nombre d'Européens de toutes les nationalités. Cette évolution négative s'est, elle aussi, faite au bénéfice de la petite couche de "manageurs" dont les rémunérations annuelles accaparent toujours plus la richesse nationale.

    Au nord comme au sud de la Méditerranée, ces "manageurs" soutiennent les pouvoirs en place et dominent la scène médiatique et culturelle. Il nous faut donc repenser en même temps le devenir non plus d'une seule rive de la Méditerranée, mais bien de ses deux rives et de leurs liens multiformes.

    L'exemple de la rive sud devrait stimuler aujourd'hui sur la rive nord la capacité de penser sur un mode différent un autre avenir commun.

    Georges Corm (Le Monde, 12 février 2011)

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  • Le général Petraeus et les Centurions...

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    Aux Etats-Unis, les éditions Amereon viennent de rééditer Les Centurions, le célèbre roman de guerre de Jean Lartéguy, alors qu'il était depuis longtemps épuisé.

    D'après Sophia Raday, sur le site Slate.fr, l'éditeur aurait répondu à un souhait du général Petraeus, le médiatique commandant en chef américain des troupes de la coalition en Afghanistan.

    "[...]lorsque j'ai passé un coup de fil à l'éditeur, Jed Clauss", indique Sophia Raday, " il m'a fait savoir que l'argent n'était pas le motif principal [de cette réédition]: «Ecoutez, je suis un vieux monsieur», m'a-t-il dit. «Je suis à la fin de ma carrière d'éditeur. Je ne me lance plus que dans des projets qui m'amusent. Mais David Petraeus voulait que ce livre soit réédité. Alors je l'ai réédité.» "

    Ainsi, le jeune David Petraeus, en dévorant Les Centurions, et sa suite Les Prétoriens, s'est-il peut-être rêvé en Raspeguy, le colonel, ou en Esclavier et Boisfeuras, les capitaines, foulant le djebel et traquant le combattant fellagha ?... Et peut-être est-ce là, plus que dans Galula ou Trinquier, qu'il s'est forgé ses premières idées sur la contre-insurrection ! Qui sait... Lartéguy, inspirateur secret du plus brillant général de l'armée américaine... Le pouvoir des livres est décidément étonnant !...  

     

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  • La théorie du complot...

    Daniel Vernet, ancien directeur de la rédaction du Monde et spécialiste des relations internationales, publie ces jours-ci aux édition Alphée, dans la collection Manipulation & désinformation, un ouvrage intitulé La théorie du complot - une histoire américaine, dans lequel il revient sur l'usage systématique du mensonge et de la désinformation qu'ont fait les Etats-Unis dans la conduite de leur politique étrangère depuis le XIXe siècle.

     

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    "Le mensonge d’Etat est une manière de gouverner, pratiquée et parfois justifiée par de nombreux officiels américains, y compris des présidents.
    L’auteur nous montre à travers l’histoire des USA combien ce procédé est récurrent depuis le déclenchement de la guerre du Mexique au XIXe siècle, jusqu’à celui de la « Guerre » de Bush fils au XXIe siècle ! En spécialiste de la politique internationale il nous dévoile comment sont parfois présentés les évènements, en les auréolant d’un mythe, au mépris de leur véritable réalité. Ainsi l’accord de Yalta supposé marquer l’aboutissement des principes des Pères fondateurs appliqués à la politique internationale, alors qu’en réalité, il ouvre la voie à un monde coupé en deux blocs idéologiques et militaires.
    Sont évoqués la persécution des « China Hands » par les ­maccartystes, l’affaire de la baie des Cochons masquant un accord secret entre ­Kennedy et Krouchtchev, les faux incidents du golfe du Tonkin qui, en août 1964, serviront de justification à l’extension de la guerre du Vietnam, l’Irangate, sans doute l’opération de politique extérieure la plus ­spectaculaire des deux mandats de Ronald Reagan, jusqu’au lancement de la guerre en Irak par Bush junior pour terminer le travail de son père, et sous prétexte d’armes de destruction massive. Toutes ces affaires ont été montées en marge de toute légalité, et ont impliqué les plus hautes autorités américaines dans une entreprise systématique de mensonge."

     

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  • "La France n'a plus de politique méditerranéenne..."

    Vous trouverez ci-dessous un entretien avec Alain de Benoist consacré à la situation au Proche-Orient et à la crise iranienne, publié par Flash Magazine  et reproduit par le site Mecanopolis.

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    Dans notre monde post-moderne issu de la fin de la Guerre froide, ceux qui nous gouvernent ont oublié que, par nature, l’histoire était avant tout tragique. Piqûre de rappel du philosophe qui lui, ne l’a pas oublié…

     

    Voilà des années que l’on nous « promet » la guerre en Iran… Arlésienne ?

    Cela montre au moins que le sujet reste d’actualité. Mais l’Iran n’est pas le désert des Tartares, et il y a quand même de bonnes chances que les armes finissent par parler. Où en est-on aujourd’hui ? Quand on parle de l’Orient compliqué, il faut raisonner simplement, c’est-à-dire partir du certain pour aller au probable. Ce qui est certain, c’est que l’État d’Israël souhaite de toutes ses forces une frappe militaire sur l’Iran (à tort ou à raison de son propre point de vue, là n’est pas la question) et, si possible, que ce soient les Américains qui y aillent à sa place. Problème : Obama n’est pas très chaud, pas plus que ne le sont les militaires de Washington, pour l’excellente raison que tous les scénarios d’intervention militaire imaginés au Pentagone débouchent sur des catastrophes.

    Obama s’en tient donc pour l’instant aux négociations et aux sanctions. Mais ces dernières n’auront sans doute qu’un effet limité, ce qui peut permettre aux “faucons” de reprendre le dessus. Dans ces conditions, une attaque israélienne reste hautement probable, malgré les difficultés techniques et les risques inhérents à une telle entreprise. Elle provoquerait immédiatement une réplique qui pourrait mettre à feu et à sang toute la région. Se mettrait alors en place une dynamique dans laquelle les États-Unis seraient obligés de s’impliquer. Du moins est-ce ainsi que l’on raisonne à Tel-Aviv.

    Autre possibilité : une provocation de grande envergure, qui permettrait d’attribuer aux Iraniens ou à leurs alliés un attentat “sous faux drapeau”, une tentative d’assassinat du président, ou que sais-je encore… Les États-Unis devraient alors intervenir sous la pression de l’opinion publique. On en est là.

    Un énième conflit au nom d’une énième « croisade des démocraties »… Dans votre livre, « Au delà des droits de l’homme », vous dénoncez ce néo-impérialisme, à la faveur duquel les missionnaires catholiques ont été supplantés par de nouveaux évangélistes. Imposture ?

    On peut y voir une imposture, mais il y a là une parfaite logique. Si je m’estime porteur de la vérité, alors je suis fondé à éradiquer l’erreur, c’est-à-dire à faire disparaître tout ce qui contredit mon point de vue. Et à le faire par tous les moyens. C’est le principe même de la “guerre juste”. Prétendre se battre au nom de l’humanité (les « droits de l’homme ») conduit immanquablement à placer ses adversaires hors humanité. Ceux-ci deviennent alors des ennemis absolus, des figures du Mal, avec qui une paix négociée est impossible. Le but de la guerre n’est plus la paix, mais l’extermination.

    Au-delà des gesticulations verbales et de l’armée américaine qui bombe le torse en envoyant son armada dans le Golfe persique, on sait aussi que les Iraniens, en cas d’attaque aérienne, auraient désormais les capacités de détruire au moins la moitié de cette escadrille. D’un côté, Zbigniew Brzezinski, l’un des pontes de la géopolitique américaine assure que si Israël voulait bombarder l’Iran, il serait du devoir des USA de clouer son aviation au sol… De l’autre, les Israéliens retenteraient bien une Opération “Osirak”… Une autre guerre de retard ?

    Le « danger nucléaire » joue, concernant l’Iran, exactement le même rôle que les armes de destruction massive dans le cas de l’Irak. Il s’agit de faire peur. Mais qui est en droit d’avoir peur aujourd’hui, sinon l’Iran ? J’ignore évidemment si les Iraniens auront un jour la bombe atomique. Ce que je sais, c’est que cette arme ne présente d’intérêt qu’en tant que force de dissuasion. Là aussi, les choses sont simples : on n’attaque pas une puissance dotée d’un armement nucléaire. La bombe atomique permettrait aux Iraniens de sanctuariser leur territoire, ce que les puissances occidentales, qui cherchent depuis toujours à contrôler ce pays en raison de la position-clé qu’il occupe sur le plan géopolitique, ne veulent évidemment pas.

    Avec leur bombinette, les Iraniens ne seraient un « danger » pour personne, et surtout pas pour Israël, qui dispose déjà de plusieurs centaines de têtes nucléaires (non déclarées). Sait on que l’actuel budget militaire iranien (un peu plus de six milliards de dollars par an) est inférieur à celui de la Grèce, de la Suède ou de Singapour ? À l’exception des Émirats, l’Iran dépense moins par habitant pour son armée que n’importe quel autre pays de la région.

    La Turquie lâche Israël pour se rapprocher de Téhéran. Mais dans le même temps, la Russie semble renouer avec les USA. Sans même évoquer la Chine et l’Inde. Redistribution des cartes ?

    La Russie et la Chine doivent faire face à des impératifs contradictoires. Même s’il ne fait pas de doute que ces pays sont hostiles à une attaque contre l’Iran, leur intérêt n’est pas à court terme d’affronter directement les Américains.

    Tout comme Obama, Medvedev et Poutine doivent en outre compter avec la pression des factions qui s’affrontent dans leur entourage. L’émergence d’un axe Brésil-Turquie-Iran, concrétisé par l’accord tripartite signé en mai à Téhéran, est en revanche d’une importance majeure. Cet accord montre que le monopole dont jouissaient naguère les puissances occidentales pour décider de l’ordre du monde est brisé. N’en déplaise à Bernard Kouchner, il faudra désormais compter avec les « pays émergents ».

    En arrière-plan, la cause palestinienne, peuple majoritairement arabe et sunnite, mais aujourd’hui défendu avec plus de vigueur par les Turcs (pas des Arabes) ou les Iraniens (toujours pas arabes et chiites de surcroît). Fin du mythe panarabe ?

    Les mythes ne meurent jamais, mais il ne fait pas de doute que le panarabisme appartient au passé. Dans le monde arabo-musulman, à l’époque de la Guerre froide, les nationalismes laïcs ont constamment été combattus par les États-Unis qui craignaient leur instrumentalisation par le bloc de l’Est. Pour faire pièce à ces mouvements, les Américains ont systématiquement encouragé l’islamisme, stratégie qui a culminé au moment de l’invasion de l’Afghanistan par les Russes. Que cette stratégie se retourne aujourd’hui contre eux est un juste retour des choses.

    Et une France et une Europe inaudibles sur le sujet. Enterrement de première classe de notre politique méditerranéenne ?

    La France ne peut plus avoir de politique « méditerranéenne » depuis qu’elle a choisi de s’aligner sur les intérêts israéliens. Quant à l’Europe, elle vit à l’heure de l’impuissance et de la paralysie. Hubert Védrine voyait juste quand il parlait récemment de « l’irrealpolitik » européenne, ce ménage brumeux d’ingénuité, d’abstraction et de prédication moralisante qui fait croire aux Européens qu’ils vivent dans un monde post-tragique où ils n’auraient plus à se penser comme des acteurs du jeu mondial. « Les Européens, disait Védrine, ne se résignent pas à ce que l’histoire du monde reste celle d’une compétition de puissances. Ils se sont privés des outils mentaux pour penser cette situation… » Le problème, c’est que les puissances réelles du monde réel savent,elles, très bien ce qu’il en est. C’est pourquoi il y a des rumeurs de guerre contre l’Iran.

    Propos recueillis par Béatrice PÉREIRE, pour la revue FLASH

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