Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

immigration - Page 61

  • Deux peuples antagonistes sont en train de naître à l'ombre des grands discours républicains...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 27 octobre 2015 et consacrée à l'"anniversaire" des émeutes de 2005 en banlieue ...

     


    Zemmour - 27-10 par rtl-fr

    Lien permanent Catégories : Multimédia, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • L'Afrique en crise va-t-elle se retrouver dans nos banlieues ?...

    " De nombreux jeunes Sahéliens vont être tentés par l’émigration. Comme ils retrouveront au bord du golfe de Guinée et en Afrique du Nord les problèmes d’explosion démographique et de sous-emploi qui les ont poussés à partir, nombre d’entre eux devraient pousser tout naturellement plus loin, jusqu’en Europe. Et là, gare à la vague! Quand on voit l’émoi provoqué par la déstabilisation de la Libye et de la Syrie, deux pays qui totalisent moins de 30 millions d’habitants, on a de la peine à imaginer les réactions que pourrait provoquer la décomposition du coeur du Sahel francophone, une région qui compte près de 70 millions d’habitants aujourd’hui et en aura quelque 200 millions en 2050. Cela n’est pas pour ces toutes prochaines années. Mais les évolutions démographiques vont devenir dramatiques dans 8 à 15 ans." Serge Michaïlof (Le Temps, 22 octobre 2015)

    Les éditions Fayard viennent de publier un essai de Serge Michailof intitulé Africanistan. Chercheur à l'IRIS, Serge Michailof a été directeur des opérations de l’Agence française de développement (AFD) et a exercé des fonctions de directeur à la Banque mondiale.

     

     

    Africanistan.jpeg

    " En 2050, l’Afrique sera plus peuplée que la Chine, mais les jeunes en âge de travailler y seront trois fois plus nombreux et les emplois manqueront encore plus cruellement qu’aujourd’hui. Or le chômage massif de jeunes à demi scolarisés constitue l’une des principales explications de l’effondrement dramatique de l’Afghanistan, la Syrie ou l’Irak.
    Le Sahel francophone est une zone d’immense fragilité, dont les caractéristiques rappellent l’Afghanistan. Nous ne voulons voir que l’Afrique en progrès, celle qui offre de nouveaux marchés et regorge de matières premières. Mais l’Afrique en crise existe toujours et se comporte comme un cancer, envoyant ses métastases dans les pays voisins, et jusqu’en Europe. Bien naïf celui qui croira que la charité et les interventions militaires suffiront à éteindre l’incendie qui couve dans ces zones déshéritées.
    Nous ne pourrons rester longtemps indifférents : pour ne pas être nous aussi victimes de ces métastases, tentons de comprendre la réalité, et réfléchissons à ce qui peut encore être envisagé pour endiguer le feu et éviter que l’Afrique en crise n’arrive dans nos banlieues. "

     

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Contre le chaos migratoire...

    Nous reproduisons ci-dessous le point de vue du groupe Plessis, cueilli sur FigaroVox et consacré au chaos migratoire ainsi qu'aux solutions qu'il convient de lui apporter. Le groupe Plessis rassemble des hauts-fonctionnaires attachés à l'autorité de l'Etat et à la souveraineté nationale...

     

    Calais_jungle.jpeg

    «Chaos migratoire» : l'analyse sans concession d'un groupe de hauts fonctionnaires

    La crise migratoire qui se déroule sous nos yeux, pour spectaculaire qu'elle soit, n'est que la manifestation renouvelée de l'incapacité de nos gouvernants à mettre en œuvre et assumer des politiques de maîtrise durable des flux de population qui franchissent nos frontières. Pourtant, il n'y a pas de fatalité en la matière.

    Cette impuissance, assortie d'un discours médiatique moralisateur, est en décalage croissant avec les aspirations de la population qui, en butte aux désordres causés par une immigration incontrôlée depuis plusieurs décennies et inquiète des menaces terroristes, recherche protection et sécurité. Il est d'ailleurs frappant de constater que le formidable battage médiatique actuel, qui confine au harcèlement, ne convainc plus guère les Français

    L'accueil des migrants: un irresponsable appel d'air

    Le phénomène migratoire, qui s'est accéléré avec l'effondrement des Etats libyen et syrien, va encore s'amplifier à la suite du formidable appel d'air que constitue l'accueil, nolens volens, de centaines de milliers de nouveaux migrants en Europe occidentale. Les déclarations du gouvernement, qui évoque l'accueil «provisoire» de seulement 24 000 «réfugiés» alors même qu'aucun contrôle transfrontalier des flux n'est possible et que les retours sont bien improbables, n'ont pour seul mérite que de confirmer l'adage selon lequel, lorsque les événements vous échappent, il faut feindre d'en être l'organisateur. En l'état actuel des choses, il est bien évident que le Gouvernement n'a ni la volonté, ni surtout les moyens, de contrôler efficacement nos 3 000 km de frontières terrestres métropolitaines, sans parler des frontières maritimes.

    Une générosité de façade

    La générosité affichée par nos dirigeants, et par nombre de dirigeants européens, n'est que le masque de l'impuissance. Derrière cette façade, on enrichit des trafiquants impitoyables (la traite des êtres humains rapporterait désormais plus que le trafic de drogue), on pousse des malheureux à prendre des risques insensés sur des embarcations de fortune ; on valide la stratégie de Daech de purification ethnico-religieuse, sans parler de la déstabilisation sans doute volontaire de l'Occident par l'arrivée en masse de populations de culture musulmane, sans même parler des probabilités d'infiltration d'éléments terroristes. Ajoutons que l'on vide les pays du Sud de leurs éléments les plus qualifiés et les plus dynamiques. Avec bonne conscience, les dirigeants européens se livrent à une véritable spoliation de l'avenir de ces pays, tout en imposant à leurs propres peuples de se perdre dans une bien aventureuse «dilution dans l'universel», pour reprendre l'expression d'Aimé Césaire.

    «Rien n'est meurtrier comme la lâcheté ; rien n'est humain comme la fermeté.» écrivait Charles Péguy. Face aux menaces actuelles qui engagent notre responsabilité collective vis-à-vis des générations futures, il est temps d'être humains et fermes.

    Une action ferme pour résoudre la crise de l'asile

    Résoudre la crise de l'asile, c'est d'abord s'attaquer aux causes et définir une stratégie claire au Proche-Orient, conforme à nos intérêts: un rapprochement avec l'Iran, une concertation avec la Russie, une politique plus pragmatique à l'égard du régime de Damas.

    S'agissant de populations déplacées par la guerre, la priorité est d'aider matériellement ces populations au plus près de leur pays d'origine, les pays d'accueil, en particulier le Liban, et les organisations humanitaires. Au moment même où les migrants syriens sont au cœur de l'actualité, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et le Programme alimentaire mondial (PAM) ne disposent pas des moyens nécessaires pour héberger et nourrir les déplacés. Il est aussi inacceptable que des pays proches, qui ne sont pas pour rien dans la guerre civile syrienne, et qui ne manquent pas d'abondantes liquidités, le Qatar ou l'Arabie saoudite, se montrent si peu accueillants. On s'étonnera aussi du rôle joué par la Turquie qui n'aide guère l'Europe .

    Lutter contre les réseaux de passeurs et délocaliser la demande d'asile

    La deuxième priorité est de s'attaquer à l'économie même des passeurs. A cet égard, l'exemple australien est éloquent: aucune arrivée illégale par bateau n'est tolérée, les bateaux sont raccompagnés soit vers leur lieu de départ, soit vers des centres de rétention extraterritoriaux, mis à disposition par des pays riverains et où les demandes d'asiles sont traitées. Le résultat est sans appel: aucun mort en mer à déplorer depuis 18 mois. 

    Il est parfaitement envisageable, pour l'Europe ou, à défaut, pour la France seule, de reproduire ce dispositif en concluant des accords (assortis d'une aide financière) avec des pays du Sud de la Méditerranée pour la création de ces centres. L'action de la Marine serait alors réorientée vers le raccompagnement des embarcations et de leurs passagers en direction de ces centres et vers la traque des passeurs qui est désormais un enjeu de sécurité nationale. Un dispositif européen similaire pourrait également être envisagé pour les demandeurs d'asile empruntant la route terrestre des Balkans. Ne seraient alors admises en France que les personnes s'étant effectivement vues octroyer le statut de réfugié au sens de la Convention de Genève ou de la Constitution. Ce système aurait donc le mérite d'éviter d'introduire en France des demandeurs d'asile dont fort peu répondent aux critères (70 % de déboutés malgré une procédure très favorable aux demandeurs) mais qu'il est ensuite extrêmement difficile d'éloigner (moins de 5% des déboutés).

    Recentrer l'asile au profit des rares authentiques réfugiés

    S'agissant des demandes d'asile déposées en France, le dispositif actuel, largement détourné au profit d'une immigration économique ou sociale et dévoyé par des manœuvres dilatoires et des fraudes de toutes sortes, doit impérativement être revu au profit d'une procédure extrêmement rapide, non créatrice de droit, sous contrôle étroit des autorités et suivie d'une expulsion rapide des déboutés, sans possibilité de solliciter, sinon dans le pays d'origine, un autre titre de séjour.

    Un discours de vérité sur l'immigration

    Cette crise d'une ampleur exceptionnelle appelle un retournement de paradigme qui passe par un changement de discours sur l'immigration. Il est temps d'admettre que, contrairement à certaines idées reçues, la France n'a pas besoin d'une immigration supplémentaire. Et si les beaux esprits le contestent, il n'est que de demander son avis au peuple de France par référendum. Notre taux de chômage élevé, l'immense besoin en formation de nos jeunes inactifs peu qualifiés montrent bien que le pays n'a aucunement besoin d'un apport extérieur de main-d'œuvre, à l'exception de quelques travailleurs particulièrement qualifiés.

    Certains secteurs d'activité emploient massivement une main-d'œuvre étrangère, souvent illégale (BTP, restauration …). Mais est-ce à la collectivité d'assumer cette charge pour que ces entreprises emploient à moindres frais? L'immigration a d'ailleurs un coût: poids croissant sur le système de santé, sur la protection sociale, sur la politique de logement, sur les établissements scolaires, sans parler des déséquilibres sociaux, ethniques et culturels qu'elle provoque sur de nombreux territoires. Mais le coût principal de cette immigration non choisie est probablement la défiance qu'elle fait naître entre un peuple de France inquiet pour son identité et ses dirigeants qui y semblent indifférents.

    La France peut bien sûr accueillir des personnes par souci d'humanité ou parce qu'elles manifestent un attachement sincère à notre pays, mais il s'agit bien là d'une faveur et non d'un droit, d'un choix et non d'une obligation.

    Une politique migratoire souveraine

    - Pour un contrôle démocratique sur la politique d'immigration: remettre au cœur de nos politiques la souveraineté nationale devrait conduire à fixer un quota annuel, voté par le Parlement, en fonction des besoins et des capacités d'accueil du pays. Le principe d'un tel vote devra être solennellement inscrit dans la Constitution, par voie de référendum. Sa mise en œuvre impliquerait un changement radical dans les pratiques de l'administration qui devrait, sous contrainte, mener une politique active de sélection et de priorisation des candidats.

    - Simplifier le droit des étrangers: le code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile devrait être considérablement simplifié (plus de 1 000 pages en édition courante!), les délais et nombre de recours drastiquement réduits.

    - Inciter au départ les étrangers inactifs légalement présents dont il faut rappeler qu'ils n'ont pas nécessairement vocation à rester sur notre territoire. Ainsi les allocations auxquelles ils ont droit (chômage notamment) pourraient-elles leur être versées dans leur pays: une chance de réinsertion leur serait ainsi donnée ; le poids sur nos services sociaux en serait allégé et ces fonds contribueraient au développement des pays d'origine.

    - Faciliter l'éloignement forcé: en 2014, les vrais éloignements, c'est-à-dire les éloignements forcés hors de l'espace Schengen, n'ont concerné que 6 500 étrangers, chiffre dérisoire au regard des enjeux de l'immigration clandestine. Une simplification drastique des procédures et des recours est nécessaire. De même, tout statut doit être refusé aux étrangers en situation irrégulière. Cela passe par la suppression de l'AME et du droit à une scolarisation en milieu ordinaire: les enfants, qui ont d'ailleurs le plus souvent besoin d'un parcours spécifique, seraient pris en charge dans des structures ad hoc, dans l'attente d'un éloignement. Cela passe aussi par un enregistrement sérieux des entrées et des sorties des étrangers afin de rechercher, pour contrôle et expulsion, ceux restant illégalement sur le territoire.

    - Réviser en profondeur l'accord de Schengen afin de permettre un contrôle réel de l'immigration irrégulière aux frontières nationales: le contrôle aux frontières de l'espace Schengen est un leurre. Sans doute faut-il fixer un principe: franchir illégalement les frontières de l'Union ne crée aucun droit. Sans doute aussi faut-il passer à un système à deux niveaux, c'est-à-dire tout à la fois revenir à un contrôle ciblé mais durable des frontières nationales, qui passe par la constitution d'un véritable corps de garde-frontières, et qui permettra également de faire face aux vastes mouvements de populations intra-communautaires en provenance de Roumanie et de Bulgarie, et commencer à construire un véritable dispositif collectif de contrôle des frontières extérieures. Dans cette attente, doivent être envisagées par la France une mise en œuvre des clauses de sauvegarde prévues par la convention, et sans doute une sortie temporaire du système. Contrairement à ce qui est parfois affirmé, l'expérience hongroise montre que le contrôle des frontières nationales, lorsqu'il est au service d'une politique volontaire, reste un moyen très efficace pour enrayer les flux migratoires clandestins.

    - Sortir de l'angélisme dans la coopération avec les pays d'origine: il n'est pas de contrôle efficace de l'immigration à moyen terme sans une coopération bien comprise avec les pays d'origine que l'on doit inciter à s'engager contre les filières de trafic d'êtres humains, engagement auquel devraient être strictement conditionnées les aides bilatérales et européennes. L'immigration est aussi un drame du désespoir et du déracinement. Il est de la responsabilité des nations européennes d'aider aussi ces pays à trouver la voie d'un développement économique et social qui permettent à leurs populations d'envisager un avenir sur place.

    -Enfin, briser l'outil d'encouragement aux migrations non maîtrisées que représente l'espoir de régularisation. D'exceptionnelles, les régularisations sont devenues, notamment sous la pression d'associations, une modalité banale d'admission au séjour en France et constituent un puissant incitatif à l'entrée et au séjour irréguliers. Dès lors, pourquoi ne pas inscrire dans la Constitution, via un référendum, que les régularisations d'étrangers en situation irrégulière sont interdites?

    Groupe Plessis (FigaroVox, 14 octobre 2015)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 1 commentaire Pin it!
  • Voyage au bout de la banlieue...

    « Ces garages clandestins et ces vendeurs de maïs, c'est vraiment un truc qu'on s'attendait à voir uniquement dans les pires pays sous-développés d'Afrique. Ben non, c'est à Saint-Denis, juste à côté de Paris. Saint-Denis, la ville dont la basilique abrite les tombeaux des rois de France. Quelque part, ça fout les boules. Et pour le coup, c'est la fine fleur des crevards qui s'est donné rendez-vous ici. [...] Les plus vieux, ils ont des dégaines de marabouts avec des barbiches grises et des djellabas. Les plus jeunes, ils sont habillés comme des apprentis rappeurs de Lagos. »

    Publié en auto-édition, Poids Lourd est un récit percutant et talentueux de Paul Fortune, qui mérite le détour ! Pour vous en convaincre, nous reproduisons ci-dessous la recension que Xavier Eman , chroniqueur à Eléments a consacré à ce livre dans le quotidien Présent.

    Le livre est disponible sur Amazon mais également à la Librairie Facta (4 rue de Clichy 75009 Paris).

     

    Poids lourd.jpg

    En ces temps de « rentrée littéraire », coruscant barnum annuel du monde de l'édition, délaissons les « grandes maisons » qui rivalisent de démagogie publicitaire pour tenter de placer leurs « poulains » en vue des sacro-saints « prix », ultimes planches de salut d'une profession à l'agonie, et penchons-nous sur un petit ouvrage atypique, auto-édité, « Poids lourd » de Paul Fortune. Ici point d'affres sexuello-psychologiques de douloureux trentenaires des beaux quartiers, point de considérations « citoyennes » sur le destin tragique d'un clandestin homosexuel sidaïque, mais le récit, brut et sans concession, d'une plongée dans une banlieue française racontée sans filtre idéologique ni circonvolutions pleurnichardes. L'auteur, contraint pour des raisons professionnelles de passer le permis C - poids lourd –, se retrouve immergé dans un environnement jusque là inconnu de lui, un centre de formation à la conduite situé à Drançy et où la présence d'un « blanc » est sinon indésirable, du moins incongrue.

    « Je suis un genre de mystère dans cet environnement. Une bête curieuse. Qu'est-ce qu'un type comme moi fait parmi eux, sur un parking à essayer de conduire des camions. Qu'est-ce qu'un blanc fait là, dans un endroit où il n'y a, où il ne devrait y avoir, que des noirs et des arabes ? Ils attendent tous la réponse. »

    Cette expérience donne naissance à une roborative galerie de portraits tragi-comiques, sans indulgence mais sans cruauté, et à la mise en scène du choc de deux mondes qui d'ordinaire se côtoient sans se rencontrer. Une plongée ultra-réaliste, sans misérabilisme ni prêchi-prêcha bien pansant, dans l'ambiance glauque et pesante de ce que sont devenues les banlieues de l'immigration. Misère sociale et intellectuelle, petite criminalité, ennui, laideur, grisaille, chaos ethnico-culturel...

    "Une femme voilée dans une rue Diderot, ça confine quand même au sublime. Humour involontaire. En tout cas Dieu s'est bien vengé des libres penseurs. Et méchamment avec ça. Moi ce genre de symbole, ça me parle. L'ironie, que ça s'appelle. Du genre tragique."

    Embarquez dans le poids lourd de Paul Fortune pour une visite guidée à la fois drôle et désespérante. Tout est vrai. Sensations garanties.

    Xavier Eman (Présent, 19 septembre 2015)

     

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • La France au risque de l'immigration : le choc du réel...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Mathieu Bock-Côté, cueilli sur Valeurs actuelles et consacré à la question de l'immigration. Québécois, l'auteur est sociologue et chroniqueur à Radio-Canada et a déjà publié plusieurs essais.

     

    Cambadelis.jpg

    La France au risque de l'immigration : le choc du réel

    On ne relit jamais sans étonnement les essais du début des années 1990, qui prophétisaient l’avènement de la mondialisation heureuse. Les frontières s’aboliraient progressivement et le métissage des peuples permettrait à l’humanité de faire l’expérience de sa profonde unité. D’ailleurs, les grands enjeux de notre temps, comme la lutte contre le réchauffement climatique ou contre les inégalités croissantes de développement, exigeraient d’en finir avec la souveraineté nationale.

    C’est un peu comme si l’optimisme progressiste des modernes les poussait à se croire délivrés de la part tragique de la condition humaine. On pourrait parler d’une “jacquesattalisation” de la pensée française. L’histoire d’avant la mondialisation n’aurait plus rien à nous dire, ce serait celle d’hommes divisés contre eux-mêmes. Les civilisations devraient désormais se fondre dans une même société planétaire et chaque société se convertir au modèle multiculturel. Vingt-cinq ans plus tard, on se demande comment on a pu errer autant.

    Les indices nous laissant croire qu’un tel récit n’était qu’une utopie ne manquaient pourtant pas. La migration de masse n’a pas commencé avec l’actuelle crise des migrants, que l’idéologie médiatiquement dominante entend réduire à sa part humanitaire, alors qu’elle représente aussi une révolution démographique majeure. Cela fait plusieurs décennies, en fait, que les observateurs nous prévenaient pourtant des risques liés à l’immigration massive et à l’idéologie multiculturaliste.

    Mais la “crise des migrants” agit à la manière d’un formidable révélateur. C’est une part du réel longtemps occultée mais pourtant déterminante qui remonte à la surface : les cultures, les civilisations et tout ce qui déborde d’une définition strictement juridique et administrative de la citoyenneté. La sociologie est la première surprise : elle avait décrété que les nations, les cultures et les civilisations étaient des constructions sociales artificielles, que les hommes pouvaient délaisser sans risque.

    On constate que c’est faux. Derrière la déconstruction, on trouve souvent une rage nihiliste, comme si l’intelligentsia désirait néantiser tout ce qui n’est pas recyclable dans son utopie globale. Mais ce n’est pas parce qu’on s’aveugle volontairement devant un pan du réel qu’il disparaît soudainement. Il est vrai que les nations occidentales ont cherché à se déraciner volontairement. On croyait émanciper les hommes en les affranchissant de leur culture. On les a plutôt condamnés à une forme terrible d’errance et de dépersonnalisation collective.

    Et pourtant demeure quelque chose comme un instinct de survie des peuples, qui les pousse à protester contre leur disparition, même s’ils n’ont plus les mots pour le dire. On les accuse de toutes les phobies lorsqu’ils protestent contre le progrès de l’indifférenciation. De la dénonciation de la xénophobie à l’europhobie, en passant par l’homophobie et la transphobie, c’est tout un dispositif de censure idéologique qui s’est mis en place. On psychiatrisera même la nostalgie : il est inconcevable de croire que le monde d’hier pouvait valoir mieux que celui qu’on nous impose.

    Sans faire du populisme à deux sous qui sacralise le peuple, on constatera néanmoins que c’est en se rapprochant des classes populaires qu’on retrouve un attachement aux vieilles vertus, aux appartenances nouées dans l’histoire et aux repères anthropologiques fondamentaux. On comprend dès lors pourquoi la politique contemporaine se clive autour des enjeux sociétaux : ce sont des visions de l’homme assez contrastées qui s’opposent. C’est ce qui se dévoile à travers la fameuse question identitaire.

    La réaction des élites médiatiques et intellectuelles est au mieux navrante, mais plus souvent qu’autrement désolante. Elles savent seulement reprocher aux peuples de ne pas s’enthousiasmer de leur possible dilution. Ils se rendraient ainsi coupables de repli identitaire et de fermeture à l’autre, ce qui est aussi une manière de les psychiatriser. On en comprend qu’il faut être malade ou simplement méchant pour ne pas consentir à la marée migratoire. Autour de la question nationale se joue aujourd’hui une nouvelle lutte des classes.

    Mathieu Bock-Côté (Valeurs actuelles, 28 septembre 2015)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 3 commentaires Pin it!
  • Quand les portes du Camps des Saints sont ouvertes...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Jean Raspail au magazine Le Point au sujet de son roman, Le Camps des Saints, publié en 1973 mais qui semble être la préfiguration prophétique de la crise migratoire que nous vivons...

     

    Le camp des saints.JPG

    Jean Raspail : "Que les migrants se débrouillent"

    Le Point.fr : On vous doit Le Camp des saints, un livre paru en 1972 narrant l'arrivée massive de migrants sur les côtes de la Méditerranée que certains, à l'extrême droite, considèrent, plus encore depuis la crise des réfugiés, comme visionnaire… Qu'est-ce que cela vous inspire ?

    Jean Raspail : Cette crise des migrants met surtout fin à trente ans d'insultes et de calomnies contre ma personne. J'ai été traité de fasciste pour ce roman considéré comme un livre raciste…

    L'êtes-vous, raciste ?

    Non, pas du tout ! On ne peut pas avoir voyagé toute sa vie, être membre de la Société des explorateurs français, avoir rencontré je ne sais combien de peuplades en voie de disparition, et être raciste. Cela me paraît difficile. Lors de sa parution en 1972, le livre a énormément choqué, et pour cause. Il y a eu une période, notamment sous le septennat de Valéry Giscard d'Estaing, où s'exerçait un véritable terrorisme intellectuel contre les écrivains de droite.

    Un « terrorisme intellectuel », déjà ?

    Oui. On m'a insulté, traîné dans la boue, puis cela s'est doucement tassé. Car, peu à peu, on s'est mis à vivre la situation que je décris dans ce livre. Un certain nombre d'intellectuels, y compris de gauche, ont reconnu qu'il y avait du vrai dans ce que j'annonçais. Bertrand Poirot-Delpech, qui m'avait descendu dans Le Monde à la sortie du livre, a déclaré dans un article paru dans le même journal, en 1998, que j'avais finalement raison. Maintenant, c'est fini.

    Le Camp des saints inspire également le rejet, tout comme l'évocation de votre nom…

    Parmi les irréductibles anti-Raspail, il ne reste guère plus que Laurent Joffrin (patron de Libération, NDLR). Lui, il n'y a rien à faire, il continue à me cracher dessus, c'est plus fort que lui. Mais mon ami Denis Tillinac se charge de lui répondre. Je ne suis pas revanchard. Je suis désormais à ma juste place.

    Si ce livre n'est pas raciste, comment le qualifieriez-vous ?

    C'est un livre étonnant.

    Étonnant ?

    Ce livre est né étrangement. Avant lui, j'avais écrit des livres de voyages et des romans sans grand succès. J'étais dans le Midi, un jour de 1972, chez une tante de ma femme, près de Saint-Raphaël, à Vallauris. J'avais un bureau avec une vue sur la mer et je me suis dit : « Et s'ils arrivent ? » Ce « ils » n'était d'abord pas défini. Puis j'imaginais que le tiers-monde se précipiterait dans ce pays béni qu'est la France. C'est un livre surprenant. Il a été long à écrire, mais il est venu tout seul. J'arrêtais le soir, je reprenais le lendemain matin sans savoir où j'allais. Il y a une inspiration dans ce livre qui est étrangère à moi-même. Je ne dis pas qu'elle est divine, mais étrange.

    Il est une chose que vous n'aviez pas anticipée, c'est le rejet suscité par ce livre dès sa parution…

    Quand mon éditeur Robert Laffont, un homme apolitique, a lu le manuscrit, il a été très enthousiasmé et n'a pas trouvé une virgule à changer. D'ailleurs, je n'ai rien changé.

    C'est un livre qui aurait été possible aujourd'hui ?

    Au départ, Le Camp des saints n'a pas marché. Pendant au moins cinq ou six ans, il a stagné. Il s'est peu vendu. Après trois ans, brusquement, le chiffre des ventes a augmenté. Le succès est venu par le bouche-à-oreille et grâce à la promotion qu'en ont faite des écrivains de droite. Jusqu'au jour où, en 2001, un bateau de réfugiés kurdes s'est échoué à Boulouris, près de Saint-Raphaël, à quelques mètres du bureau où j'ai écrit Le Camp des saints ! Cette affaire a fait un foin terrible dans la région. Du coup, on a reparlé de mon livre et il a touché un large public. C'était le début d'une arrivée maritime de gens d'ailleurs. Je suis un peu honteux, car lorsqu'il y a une vague importante de migrants, on le réimprime. Il est consubstantiel de ce qui se passe.

    Est-ce un livre politique ?

    Peut-être un peu, oui. Le dernier carré de fidèles et de combattants est composé de patriotes, attachés à l'identité et au terroir. Ils s'insurgent contre la fraternité générale et le métissage…

    Vous vous défendez d'être d'extrême droite, mais votre livre à valeur de tract dans certaines mouvances xénophobes. Vous le déplorez ?

    Vous parlez de l'extrême de l'extrême droite ! C'est possible que ce livre soit instrumentalisé et il peut y avoir, parfois, des excès de langage. Je n'y peux rien. Par ailleurs, je ne vais pas sur Internet, je ne suis pas entré dans le XXIe siècle, je ne sais donc pas ce qu'on y dit. Personnellement, je suis à droite, et cela ne me gêne pas de le dire. Je suis même de « droite-droite ».

    C'est-à-dire ?

    Disons plus à droite que Juppé. Je suis d'abord un homme libre, jamais inféodé à un parti. Je patrouille aux lisières.

    Vous votez ?

    Pas toujours, je suis royaliste. Je vote au dernier tour de la présidentielle. Je ne vote pas à gauche, c'est une certitude.

    Avez-vous songé à écrire une suite au Camp des saints ?

    Il est certain qu'il y en aura une, mais elle ne sera pas de moi. Est-ce qu'elle arrivera avant le grand bouleversement général ? Je n'en suis pas sûr.

    Dans votre livre, vous évoquez le caractère « féroce » des migrants. Or, on constate aujourd'hui que ceux qui arrivent de Syrie ou d'ailleurs n'ont pas le couteau entre les dents…

    Ce qui se passe actuellement n'est pas important, c'est anecdotique, car nous n'en sommes qu'au début. En ce moment, tout le monde s'exprime sur le sujet, il y a des milliers de spécialistes de la question des migrants, c'est un chaos de commentaires. Aucun ne se place dans les 35 ans qui viennent. La situation que nous vivons est moindre à côté de ce qui nous attend en 2050. Il y aura 9 milliards d'individus sur terre. L'Afrique est passée de 100 millions à un milliard d'habitants en un siècle, et peut-être le double en 2050. Est-ce que le monde sera vivable ? La surpopulation et les guerres de religion rendront la situation délicate. C'est alors que se produira l'envahissement, qui sera inéluctable. Les migrants viendront en grande partie de l'Afrique, du Moyen-Orient et des confins de l'Asie…

    Faut-il combattre le mal à la racine et bombarder les points stratégiques de Daesh, comme vient de le faire la France ?

    C'est leur problème, pas le nôtre. Cela ne nous concerne pas. Qu'avons-nous été faire dans cette histoire ? Pourquoi voulons-nous jouer un rôle ? Qu'ils se débrouillent ! Nous nous sommes jadis retirés de ces régions, pourquoi y revenir ?

    Et que fait-on lorsque des ordres d'attentat contre la France sont passés depuis la Syrie ?

    On bloque. On empêche les entrées sur le territoire français. Les politiques n'ont aucune solution à ce problème. C'est comme la dette, on la refile à nos petits enfants. Il reviendra à nos petits-enfants de gérer ce problème de migration massive.

    L'Église catholique n'est pas du tout sur cette longueur d'onde. Elle invite les fidèles à faire preuve de générosité…

    J'ai écrit que la charité chrétienne souffrira un peu devant les réponses à apporter face à l'afflux de migrants. Il faudra se durcir le cœur et supprimer en soi toute sorte de compassion. Sinon quoi, nos pays seront submergés.

    Refuser l'accueil de tous, y compris des chrétiens d'Orient ?

    Éventuellement, car ils sont les plus proches des Occidentaux de par leur religion. C'est pourquoi beaucoup de Français souhaitent les accueillir. La France, ce pays sans aucune croyance religieuse, prouve que le fond de la civilisation occidentale est un fond chrétien. Les gens, même s'ils ne vont plus à la messe et ne pratiquent pas, réagissent selon ce fond chrétien.

    Jean Raspail, propos recueillis par Saïd Mahrane (Le Point, 29 septembre 2015)

    Lien permanent Catégories : Entretiens 0 commentaire Pin it!