Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 7 juin 2018 et consacrée au blocage progressif de l'Union européenne par la faute d'une construction viciée dès l'origine...
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Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 7 juin 2018 et consacrée au blocage progressif de l'Union européenne par la faute d'une construction viciée dès l'origine...
Chaque mois, Jean-Yves Le Gallou apportera sur Polémia son éclairage sur les faits les plus marquants de la période.Nous reproduisons ci-dessous cette première revue d'actualité pour le mois de mai...
Jean-Yves Le Gallou : « L’immigration massive entraîne la restriction des libertés publiques »
Polémia : L’épilogue de l’Affaire Théo approche. Quel est votre regard sur ce feuilleton ?
Jean-Yves Le Gallou : Il y a eu, lors de l’affaire Théo, (c’est-à-dire Théodore Luhaka, Théo étant un terme de novlangue pour rendre sympathique un voyou) deux versions : celle du délinquant et celle de la police.
Curieusement, les médias et l’ensemble des politiques ont retenu exclusivement la thèse du délinquant. C’est une faute en termes d’information. Car on peut admettre qu’on ait donné les deux versions, mais il est parfaitement scandaleux que la seule version diffusée massivement ait été celle de « Théo ». D’autant plus qu’on sait aujourd’hui qu’elle était fausse.Emmanuel Macron, celui qui se vante de lutter contre les « fake news », en a donc diffusé une lors de sa campagne puisqu’à l’époque, il draguait l’électorat immigré. Il s’est donc calé sur la thèse officielle médiatique. Mais le pire a été le maire d’Aulnay Bruno Beschizza, ancien syndicaliste policier qui a « chargé » ses collègues parce qu’il est devenu un « dhimmi » dans sa ville et qu’il est tenu par son clientélisme politique.
C’est une leçon de politique contemporaine : quand il y a de l’hystérie médiatique, les hommes politiques ont malheureusement tendance à se soumettre.
Soros quitte la Hongrie. Est-ce une bonne chose pour ce pays ?
Félicitations au Premier ministre hongrois Viktor Orbán ! La première mesure à prendre si l’on veut sécuriser les frontières et stopper l’immigration, c’est de casser les actions de propagande des milieux immigrationnistes. Donc, Monsieur Orbán a prié Monsieur Soros de quitter la Hongrie. Et il a bien fait. C’était une ingérence absolument considérable dans la souveraineté du peuple hongrois et il fallait lutter contre cela.
Si l’on réfléchit à la situation française, la première mesure à prendre, dans l’hypothèse d’un gouvernement qui voudrait régler la question de l’immigration, c’est de couper le robinet des subventions à toutes les associations immigrationnistes comme France Terre d’Asile qui reçoit des millions de l’Etat. Toutes ces associations vivent de l’argent public. Si elles ne vivaient que de leurs cotisations, elles débarrasseraient le plancher !
La hausse des violences dans les hôpitaux amène Martin Hirsch à installer la vidéosurveillance dans ces lieux. Est-ce un signe de l’ensauvagement de la France ?
C’est un signe de l’ensauvagement de la France mais c’est aussi préoccupant, car le domaine hospitalier est le domaine de l’intime. Les gens qui sont dans la salle d’attente des urgences sont dans des situations de grande intimité et ils vont maintenant être filmés. Et je crois que l’une des pires conséquences de l’immigration est qu’elle débouche sur la société de surveillance et de restriction des libertés. On fait venir des gens de partout, qui n’ont pas notre culture, qui ne respectent pas toujours nos règles et, au lieu de leur imposer ces règles ou de les faire repartir chez eux, on contrôle les autres. Parmi les catastrophes de l’immigration, il y a ces atteintes à nos libertés.
Il est à noter que les agents hospitaliers sont très appréciés des Français. Pourquoi ces violences ?
C’est assez bien expliqué dans le livre de Jean-François Chemin, Kiffe la France, qui raconte son expérience en banlieue. Il explique qu’il y a, chez beaucoup de jeunes immigrés, un mélange de victimisation et d’arrogance. Un mélange que l’éducation nationale et les médias leur enseignent. Et donc, lorsqu’ils se retrouvent à l’hôpital dans une situation d’attente, ils se considèrent comme des victimes parce qu’on ne traite pas leur cas tout de suite.
Le fait qu’une militante syndicale de l’UNEF soit voilée a fait jaser. La laïcité française permet de porter un voile. Est-ce un problème ?
En l’occurrence, quand on intervient dans des médias en représentant un syndicat étudiant, on est dans la sphère publique. Le voile est quand même interdit par la loi française dans certains cas, comme en témoigne la polémique récente sur les mamans accompagnantes scolaires. La loi limite donc le port du voile.
La question du voile à l’université s’est posée il y a quelques années. Le voile est un signe religieux mais aussi un signe de prosélytisme. C’est aussi un signe qui marque une conception de la femme par rapport à l’homme. Ce signe appartient à l’islam et n’a pas sa place en France et dans les pays européens.
Le rapport homme/femme est une structure de civilisation et le voile appartient à une civilisation étrangère qui n’a pas à s’exprimer dans des conditions de prosélytisme, comme c’est actuellement le cas en France.
Récemment, Emmanuel Macron a parlé du « Plan Banlieues » de Jean-Louis Borloo comme d’un document écrit par un « mâle blanc » à un autre. Quelle est votre réaction ?
C’est la reconnaissance par Macron de la racialisation de la société. C’est également la reconnaissance de ce qu’avait déjà déclaré Hollande sur le fait qu’on était dans une situation de partition de la France puisque les banlieues échappent à la loi commune, ce que reconnait également Macron ici. Il dit que les mâles blancs ne doivent pas s’occuper des banlieues. Dans ce cas, qui doit s’en occuper ? Cela veut dire que c’est au mâle non-blanc de gérer les banlieues ? Car je ne crois pas que les femmes musulmanes aient une grande place à prendre dans cette affaire, dans l’esprit de ces mâles musulmans. C’est donc une reconnaissance de fait de la partition.
Ce « Plan Borloo » prévoyait d’investir des milliards dans les quartiers sensibles français. Est-ce une bonne solution ?
Ce Plan Banlieue ressemble à de la poudre aux yeux. Borloo a ressorti un énième plan qui correspond à l’idée que le problème serait lié aux bâtiments et à l’urbanisme alors que le problème est évidemment lié aux habitants de ces banlieues.
Dans le quartier Italie à Paris, où les tours sont habitées par des populations asiatiques, il n’y a pas le centième des problèmes existant dans des banlieues peuplées de populations venues d’Afrique. Ce n’est pas un problème de bâtiment, ce n’est pas un problème d’urbanisme, c’est un problème de population.
L’école récemment ouverte par Marion Maréchal aura-t-elle du succès ?
L’école va rencontrer un succès certain car il y a, je le crois, une demande de formation différente de la formation conformiste donnée soit dans les universités soit dans les écoles de management.
En proposant une formation axée sur la culture générale ou sur la maitrise orale et l’éthique, Marion Maréchal aura à la fois des professeurs et des élèves et ces derniers trouveront des débouchés, contrairement à ce que raconte la gauche.On commet souvent une erreur quand on estime que les CSP+ ne peuvent pas partager des opinions conservatrices ou identitaires. Elles y sont peut-être moins portées que d’autres catégories mais il y a quand même au moins 15 % de CSP + et CSP ++ qui sont à la fois conservatrices et identitaires et qui verront donc d’un bon œil un étudiant de cet école.
Par ailleurs, pour faire carrière ou pour trouver un emploi, il vaut mieux appartenir à un réseau politiquement correct qu’à un réseau politiquement incorrect. Mais, à tout prendre, il vaut mieux appartenir à un réseau politiquement incorrect qu’à aucun réseau !Le mariage princier britannique entre Harry et Meghan a été regardé par des millions de Français. Pourquoi ce succès ?
Je crois que beaucoup de gens ont regardé ce mariage car ce sont des images glamour qui plaisent. Regarder un mariage britannique, ou même un couronnement britannique, c’est quasiment une tradition française ! L’arrivée de la télévision dans les brasseries et les salles de spectacles françaises correspond au couronnement de la reine Elisabeth en 1953 qui avait à l’époque mobilisé beaucoup de monde derrière les écrans.
C’est davantage un public féminin qui suit ce genre d’événement et le succès a encore été au rendez-vous.
Beaucoup de médias du monde entier ont mis en avant la célébration volontaire de l’identité noire par Meghan lors de ce mariage. Polémia a d’ailleurs publié un article à ce sujet. Qu’en pensez-vous ?
Il y a manifestement eu une opération de communication des médias qui ont racialisé la présentation du mariage en expliquant qu’il y avait autant d’émotions que pour l’avènement d’Obama comme président des Etats-Unis. Outre ce parallèle très clair,il est vrai que la com’ insistait sur la présence noire au mariage. C’est d’ailleurs assez intéressant puisque Obama était un métis et la mariée britannique n’est elle-même qu’une quarteronne. Mais cela n’a pas empêché un activiste américain de dire que c’était « la fin de la suprématie blanche ».
Donc, s’ily a eu racialisation, elle a été le fait de la communication médiatique autour du mariage. Est-ce que ça a été regardé explicitement comme ça par le public, essentiellement féminin ? Je n’en sais rien.
Il y a quelques jours, Tommy Robbinson a été emprisonné iniquement par la justice britannique. Quelles leçons tirer de ce scandale ?
C’est de la prison pour délit d’opinion, bien évidemment, puisque ce que le pouvoir britannique veut cacher, c’est l’ampleur des crimes sexuels commis par les gangs pakistanais. Par conséquent, on crée le « blackout » sur le procès et, à partir du moment où Robbinson veut faire un reportage sur le procès, on met ce dernier en prison par rapport à ce reportage.
J’attends les réactions de Reporter Sans Frontières et de toutes les belles âmes qui sont toujours prêtes à se mobiliser pour le sort des dissidents en Corée du Nord ou ailleurs…La politique d’immigration massive menée par tous les pays européens ne peut que déboucher sur une restriction des libertés. La politique d’immigration massive et le laxisme vis-à-vis des passeurs ne peuvent tenir que si l’on empêche les opposants de s’exprimer.
La contrepartie de la politique migratoire, c’est la répression complète des libertés publiques. C’est l’emprisonnement de Robbinson, c’est la condamnation de Zemmour, Ménard, Camus ou Cassen et c’est la censure des pages Facebook identitaires. La politique migratoire ne peut continuer qu’en s’appuyant sur la répression des libertés publiques !Quand on voit des juges qui disent qu’on ne peut pas expulser des radicalisés étrangers, car ce serait la fin de la démocratie, on se pince pour vérifier qu’on ne rêve pas ! Car ce sont les mêmes qui privent de liberté d’expression ceux qui ne sont pas d’accord avec eux.
Il faut le répéter : il n’y a plus de libertés publiques possibles à partir du moment où on a une politique migratoire irresponsable.Une manifestation à Londres et une pétition massivement signée ont suivi cet emprisonnement. Est-ce un signe du réveil des Britanniques ?
Je l’espère. Je crois qu’il y a eu une manifestation en Allemagne aussi. Ce serait bien qu’il y ait une manifestation en France devant l’ambassade britannique ou devant un autre lieu symbolique [une manifestation organisée par Génération Identitaire a eu lieu le samedi 2 juin et le Conseil national de la résistance européenne en organise une nouvelle le lundi 4 juin, ndlr]. Ce qui est extraordinaire chez les Britanniques, c’est qu’il y a quelques semaines, on avait empêché l’identitaire Martin Sellnerd’entrer en Grande-Bretagne, tout simplement car il voulait parler à « Hyde Park Corner » qui est, dans l’histoire britannique, le lieu où l’on pouvait tout dire.
Les Britanniques, sous la pression de la politique d’immigration, reviennent sur leur conception très large de la liberté d’expression et n’hésitent pas à emprisonner les opposants dans des conditions contraires aux règles de liberté. Aussi bien Sellner pendant 48h que Robinson pendant 13 mois.Mamoudou Gassama doit-il être naturalisé français ?
Je pense qu’il y a, dans la société actuelle, à la fois la négation des valeurs héroïques et de bravoure et en même temps une vraie attente dans l’opinion qui a une fascination pour le courage, car c’est une valeur qui est mise de côté. On l’a vu dans deux cas récents : le sacrifice d’Arnaud Beltrame qui a eu un impact important dans l’opinion et le courage du jeune Marin qui avait protégé un couple d’une agression par un musulman salafiste, geste qui avait également été salué par l’opinion.
Mais, évidemment, les médias n’étaient pas forcément très à l’aise. Dans le cas de Beltrame, c’était un officier face à un islamiste et dans le cas de Marin, un jeune homme blanc face à un « jeune » musulman.Avec Mamoudou, ils ont trouvé un homme qui a accompli un acte de bravoure, un bel acte sportif. Et, formidable, il cochait les bonnes cases car il était immigré, africain et clandestin ! Donc, on est dans la logique Big Other. C’est l’idéologie dominante telle que décrite par Jean Raspail dans sa préface de 2011 au Camp des Saints. C’est le Grand Autre qui est paré de toutes les vertus.
Donc, Mamoudou Gassama, c’est le Grand Autre qui est paré de toutes les vertus. On a assisté à un délire médiatique absolu et à une sidération par l’émotion. Avec un parcours médiatique extraordinaire : réception par le président de la République, le général des Pompiers et le préfet de Seine Saint Denis… Il a également été invité par tous les médias à tel point que recru de fatigue il a dû quitter un plateau précipitamment.Qu’aurait-il fallu faire ? Tous les jours ou toutes les semaines, il y a des gens qui se jettent dans un fleuve ou une rivière pour sauver quelqu’un qui se noie par exemple. Généralement, ces actes ne dépassent pas le stade de la presse locale.
Et l’Etat français a prévu ce qu’il convenait de faire pour récompenser et honorer ces gens courageux. Cela s’appelle la médaille pour acte de courage et de dévouement. Je crois d’ailleurs que c’est ce que le président Macron a remis à Mamoudou.
A partir de là, est-ce qu’il faut aller au-delà ? Je crois qu’on l’a régularisé. Cela peut encore s’envisager.Par contre, la nationalité française ne lui a pas encore été donnée car je pense qu’il y a eu, à un moment ou un autre, quelqu’un qui dans l’appareil administratif qui a rappelé qu’il y avait quand même un certain nombre de règles et que, si l’on pouvait accélérer l’étude d’un dossier, encore fallait-il l’instruire.
Personnellement, j’ai écrit, il y a plus de trente ans maintenant, un livre : Etre Français, cela se mérite. « Cela se mérite », cela ne suppose pas seulement d’être moralement bon à un moment donné. Cela suppose également de montrer un minimum d’assimilation et, honnêtement, il ne me semble pas que l’on peut dire cela de Mamoudou et ce d’autant plus qu’il est entré dans notre pays de manière illégale.
Au passage, cela permet de voir que toutes les statistiques sur l’immigration sont fausses, car il y a vraisemblablement des masses de clandestins disséminés partout. Là où Mamoudouhabitait, ils étaient 5, tous clandestins. Un rapport parlementaire estime – la marge est grande – le nombre de clandestins en Seine-Saint-Denis entre 150 000 et 400 000 !
Avec la fusillade de Liège, s’habitue-t-on à vivre avec le terrorisme ?
Bien sûr, comme on s’est habitué à vivre avec la délinquance, le caillassage des pompiers, les coups portés aux médecins… Il y a une progression de l’intolérable qui n’est possible que parce qu’on réprime de manière systématique ceux qui s’y opposent.
Il est évident que, si on supprimait les subventions aux associations immigrationnistes, si on supprimait les lois Pleven/Gayssot et si on assurait la liberté d’expression, tout cela ne serait pas possible. Donc, tous ces maux liés à l’immigration ne sont possibles qu’en raison de la répression judicaire, policière et médiatique.Bientôt la coupe du monde de football en Russie. Allez-vous soutenir l’équipe de France ?
Non, je ne suis « supporter » d’aucune équipe. Je considère que le spectacle footballistique est le nouvel opium du peuple et, pire, est l’une des nombreuses formes que prend l’appareil de propagande immigrationniste.
Jean-Yves le Gallou (Polémia, 3 juin 2018)
" Les questions qui sont aujourd'hui déterminantes pour les électeurs (crise migratoire, niveau d'intégration européenne et degré de souveraineté nationale en matière économique, protectionnisme versus libre-échange) ont engendré des débats qui se sont organisés et structurés autour d'un nouveau clivage. Le clivage gauche/droite et les partis qui s'en réclament ne sont pas morts mais ils ne sont tout simplement plus centraux car ils n'intègrent pas cette nouvelle ligne de faille majeure. Moralité, ces partis sont relégués en seconde division en France comme en Italie. "
Les éditions du Cerf viennent de publier un essai de Jérôme Fourquet intitulé Le nouveau clivage. Directeur du Département Opinion et Stratégies d'Entreprise de l'IFOP, Jérôme Fourquet est l'auteur de nombreux livres sur l'état de la société française.
" Brexit en juin 2016, présidentielle américaine de novembre 2016, présidentielle française de mai 2017. Ces scrutins ont mis en évidence un clivage nouveau au sein des démocraties occidentales. Quelle en est la nature ? Comment expliquer son émergence ? Est-il voué à perdurer ? Pays par pays, région par région et même ville par ville, Jérôme Fourquet a étudié l'état des industries, du chômage, du dynamisme et du reflux des économies libérales. Des habitants des métropoles globalisées à ceux des vieux bassins industriels, de Londres à Sheffield, en passant par la Rust Belt, l'Irlande du Nord, les terroirs viticoles ou encore la Corse, c'est la nouvelle géographie politique qu'il passe en revue avec, à la clé : tableaux, graphiques et statistiques. Si Marine Le Pen a échoué dans sa conquête du pouvoir, si Donald Trump a accumulé les couacs, si les conservateurs peinent à conclure la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, le constat est sans appel : la mondialisation des échanges et la hausse des flux migratoires ont donné naissance à un courant national-populiste qui n'est pas près de disparaître."
Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par le sénateur belge de centre-droit Alain Destehxe à Figaro Vox et consacré à l'attentat commis à Liège par un islamiste.
Attentat de Liège : «La Belgique est le pays le plus touché par la radicalisation islamiste»
FIGAROVOX.- Vous êtes né à Liège et y avez longtemps vécu. Que vous inspire cet acte terroriste? Liège est-elle en passe de devenir un nouveau Molenbeek?
Alain DESTEXHE.- L'attentat s'est déroulé en plein centre de la ville de Liège, sur le boulevard le plus fréquenté par les véhicules. Dans mon adolescence, le lycée Léonie de Waha (devant lequel le tueur a été abattu) était une école réservée aux filles, que l'on allait attendre à la sortie des cours en venant de l'Athénée de garçons à 200 mètres de là. Si, à l'époque, on nous avait dit que quarante ans plus tard, il y aurait un attentat islamiste à cet endroit, personne ne l'aurait cru, on en aurait même ri! D'ailleurs, même ce mot «islamiste» était inconnu. Nous avons vraiment changé d'époque en très peu de temps. En ce qui concerne la comparaison avec Molenbeek, j'entendais récemment une journaliste française dire que Trappes était le Molenbeek français. En fait, il n'y a pas que Molenbeek. De nombreuses communes belges sont touchées par le phénomène islamiste: Anderlecht, Schaerbeek et Bruxelles-Ville dans la région bruxelloise, mais aussi Anvers et ses environs, Verviers, Charleroi, Vilvorde… presque toutes les communes où il y a de fortes concentrations de population d'origine immigrée.
Vous dénoncez régulièrement, dans ces colonnes notamment, l'angélisme des autorités belges face à la menace islamiste. Était-ce déraisonnable d'accorder une permission de sortie à un individu connu pour s'être radicalisé en prison?
Il semble, en effet, que c'était déraisonnable. On a appris qu'il était en cavale pendant un an jusqu'en mars 2017! Cela pose le problème de la récidive qui n'est pas assez punie en France comme en Belgique. Quant à sa radicalisation, on n'en sait pas encore grand-chose. Comment et au contact de qui? Il faut aussi souligner que c'est la première fois depuis longtemps qu'on a affaire à un «Belge de souche», converti à l'islam. En 2005, une Belge d'origine, Muriel Degauge, avait commis un des premiers attentats kamikazes contre les forces américaines en Irak.
Malheureusement, rapporté à sa population, la Belgique a produit plus de terroristes et de djihadistes que tous les autres pays d'Europe, y compris la France. 18 884 personnes étaient fichées pour terrorisme par la police belge en 2017. Un chiffre comparable à celui de la France (le Ministère de l'Intérieur ayant annoncé 12 057 radicalisés actifs la même année et environ 18 500 signalements pour radicalisation), alors que la population belge est six fois moins élevée. Les définitions ne sont peut-être pas totalement comparables, mais cela donne une indication. Dans les prisons belges, on dénombrait 447 détenus radicalisés (ou à risque) contre environ 1 500 en France. Il y a un problème clair de surreprésentation de l'islamisme radical au sein de la société belge.
Comme je l'ai souvent écrit dans Le Figaro, nous payons là les résultats de vingt ans de laxisme. Si, sur le plan sécuritaire, le Gouvernement fédéral a fait des efforts considérables, il n'y a toujours pas de prise de conscience globale des racines de ce terrorisme et du fondamentalisme en général. Récemment, on a appris que des enfants de huit ou neuf ans faisaient le ramadan dans des écoles primaires, sans que cela suscite autre chose que des articles embarrassés dans des journaux. Avec la présence de militaires et de policiers en gilet pare-balles dans nos rues, nos gares et nos aéroports, et dans toutes les allées commerçantes des blocs de béton contre les véhicules-béliers, notre mode de vie se modifie progressivement. Le débat va sans doute se focaliser sur la radicalisation dans les prisons. Mais, après Nemmouche et l'attentat au Musée Juif, on a sécurisé les Thalys. Après les attentats de Bruxelles, l'aéroport et toutes les grandes artères commerçantes. Après les attentats contre des policiers, on a sécurisé les commissariats. C'est sans fin. Certains disent maintenant qu'il faudrait protéger les écoles. Le terroriste aurait pu faire un carnage dans le lycée de Waha. Sans s'en rendre compte parce que c'est progressif, nous devenons une société militarisée. On s'accommode de cette situation, sans réaliser que c'est un changement profond.
Les policiers sont particulièrement visés…
Oui. Comme en France, les policiers et les militaires sont de plus en plus touchés. Depuis 2012, il y a eu, je crois, 13 attaques contre des forces de l'ordre en France et 5 en Belgique, avec celle d'hier à Liège. Je me souviens précisément de la première en 2012, dont l'impact avait été minimisé, les médias s'inquiétant surtout du risque d'amalgame avec la population musulmane.
Dans le cas de Liège, l'attaque était particulièrement lâche parce qu'elle visait des femmes, attaquées au couteau dans le dos. L'État islamique n'a sans doute plus les moyens d'organiser des attentats d'envergure, il s'attaque désormais à des cibles plus faciles et représentatives de l'État. En Belgique, on est toujours malheureusement dans une forme de déni. Bien sûr, on combat et on condamne le terrorisme, mais on ne veut pas voir le problème encore plus fondamental de la dérive de certains quartiers. Comme Macron en France, certains croient en Belgique que l'on résoudra le problème en développant un «islam belge». Cela me semble de plus en plus illusoire. Des pouvoirs publics peuvent-ils influencer une grande religion comme la religion musulmane? Les autorités peuvent juste rappeler les règles de notre société et les faire appliquer. Récemment, une étude en Flandre montrait que 39 % des belgo-turcs et 23 % des belgo-marocains plaçaient la loi divine au-dessus de la loi civile. En attendant, en Belgique, on autorise l'ouverture d'écoles musulmanes et on envisage de financer davantage les mosquées et les imams. On joue avec le feu. Il faudrait un grand débat national sur toutes ces questions.
Liège est une ville qui se sent particulièrement proche de la France…
Les Parisiens savent-ils qu'en 1914, on a débaptisé la station de métro Berlin, pour lui donner le nom de Liège afin de célébrer la résistance de la ville face à l'attaque allemande? Aujourd'hui, nous sommes à nouveau ensemble, tous engagés dans une nouvelle guerre mondiale contre le terrorisme.
Alain Destexhe, propos recueillis par Paul Sugy (Figaro Vox, 30 mai 2018)
Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé Grandchamp.
Au sommaire :
2 : Le Zapping d’I-Média
Les Irlandais on dit « oui » à l’avortement à plus de 66 %. Sur RTL, la journaliste Alba Ventura affirme que ce « vote irlandais est important, parce qu’il interroge au fond le fondamentalisme religieux ». Cette expression « fondamentalisme religieux » habituellement réservée aux islamistes, permet de diaboliser les « pro vie ». Mais Alba Ventura oublie qu’en Irlande comme ailleurs, la question de l’avortement ne relève pas d’un quelconque « fondamentalisme » puisque le Vatican, et donc l’ensemble de l’Eglise se déclare opposé à l’IVG.
Au sommaire cette semaine :
- l'Observatoire du journalisme rafale les médias à propos de leur traitement, sous forme de publi-reportages, du passage au festival de Cannes du délinquant passeur de clandestins, Cédric Herrou...
Cédric Herrou, le passeur de clandestins à Cannes : la coqueluche des médias
- sur son blog, Paul Fortune passe au lance-flamme les magistrats et leur mépris de classe pour les "petits blancs"...