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hitler - Page 11

  • L'Europe de Weimar...

    Nous reproduisons ci-dessous un article d'Alain de Benoist publié dans le Figaro magazine en 1978 et consacré à l'Allemagne de Weimar...

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    L’EUROPE DE WEIMAR

     

    Il y a décidément une fascination pour Weimar ! Une fascination qui emprunte à l'expressionnisme, au Bauhaus, à Bertolt Brecht, à Marlène Dietrich, au Docteur Mabuse et à L’ange bleu. Mais aussi à Stefan George et à Georg Lukács, à Spengler et Rosa Luxemburg, Alfred Weber et Theodor Adorno, au putsch de Berlin et à la Commune de Bavière, au communisme et aux corps-francs. Pourquoi cette fascination ? Walter Laqueur, professeur d'histoire à Tel-Aviv, directeur de l'Institut d'histoire contemporaine et de la Wiener Library, donne peut-être la réponse quand il dit de la culture de Weimar qu'elle fut la « première culture authentiquement moderne ».

    C'est en effet dans cette République née de la défaite et de l'humiliation nationale produite par le Diktat de Versailles, qui commence en novembre 1918 avec la mutinerie de la flotte de la Baltique pour s'achever en 1933 avec le défilé des chemises brunes sous la Porte de Brandebourg, c'est dans cette société dominée par les partis, marquée par la violence (354 attentats politiques recensés entre 1919 et 1922), l'inflation et le chômage, c'est dans ce tourbillon politique, dans ce chaos économique, que semblent être apparus la plupart des grands courants de pensée, intellectuels et politiques, artistiques et littéraires, dont se nourrit encore notre époque, qu'il s'agisse de l'existentialisme, de l'écologisme, du néo-nationalisme et du néo-marxisme, des mouvements de jeunesse et de la microphysique, du nietzschéisme et de l'Ecole de Francfort, de l'art abstrait et de la musique atonale.

    Mais la République de Weimar n'est pas seulement « moderne » en raison de son extraordinaire densité historique et intellectuelle, qui fait que son nom est désormais associé à ceux, si différents, d'Einstein, Spengler, Brecht, Gropius, Thomas Mann, Moeller Van den Bruck, Fritz Lang, Ernst Jünger, Max Reinhardt, Gottfried Benn, Paul Klee ou Heidegger. Elle l'est aussi, et surtout, par la transformation générale des idées dont elle a été le lieu.

    A partir de 1918-20, on assiste en effet, en Allemagne, à des redéfinitions radicales. Une pléthore d'idées nouvelles font leur apparition, aussi bien parmi les intellectuels « de droite » (dont « à très peu d'exceptions près, souligne Laqueur, aucun ne se rallia plus tard au nazisme ») que parmi ceux « de gauche », tandis qu'en l'espace de quelques mois, les mêmes électorats passent massivement d'un bout à l'autre de l'échiquier politique. Le vocabulaire associe alors les termes les plus contradictoires. On parle de « Révolution Conservatrice » et d'athéisme religieux, de néopaganisme et de marxisme mystique, de Règne et d'Empire, de classe et de nation, de pouvoir et d'utopie. Des hommes classés « à droite », comme Jünger et Moeller Van den Bruck, rêvent d'une alliance des « peuples jeunes » : l'Allemagne et la Russie soviétique. Le gouvernement social-démocrate fait appel aux « ultras » des corps-francs pour rétablir l'ordre à Berlin. Leo Schlageter, jeune résistant exécuté par l'occupant (français) de la Ruhr, est tout à la fois célébré par la droite nationaliste et le parti communiste. « Conservateurs » et « progressistes » se disputent l’idée de révolution et critiquent avec la même virulence l'univers plat et banal (entzaubert, « désenchanté ») de la bourgeoisie. Le tonnerre gronde sur fond de « décadence » et d'« avant-garde ». Berlin s'amuse, mais on se bat aux frontières. Tout s'effondre et tout renaît. C'est l'inter-règne.

    Les hommes eux-mêmes suivent les itinéraires les plus surprenants. Citons le cas d'Edgar J. Jung (né en 1894), ancien des corps-francs, membre du cercle jeune-conservateur de Munich, auteur d'un vigoureux pamphlet contre le « règne des médiocres » (Die Herrschaft der Minderwertigen, 1927), proche collaborateur de von Papen à partir de 1932, assassiné par les nazis en juillet 1934 au moment de la « nuit des longs couteaux ». Ou celui d'Ernst Niekisch (1889-1967), membre du parti social-démocrate en 1917, directeur à partir de 1926 de la revue « nationale-bolchevique » Widerstand, à laquelle collabore Ernst Jünger, condamné sous Hitler à la détention à vie, communiste orthodoxe après la guerre, professeur à Berlin-Est de 1948 à 1954.

    Telle fut la République de Weimar, époque de contrastes et de désespoir, de surenchères et de contradictions, que Georg Lukács, dans sa Théorie du roman, décrira comme le temps de la « culpabilité parfaite » (das Zeitalter der vollendeten Sündhaftigkeit), dans laquelle le poète Gottfried Benn verra en 1955 « les plus merveilleuses années de l'Allemagne », et dont Ernst von Salomon, cité par Dominique Venner dans son remarquable ouvrage sur les corps-francs, dira : « Ce que nous voulions, nous ne le savions pas, et ce que nous savions, nous ne le voulions pas. Pourtant, nous étions heureux dans la confusion, car nous avions la sensation de ne faire qu'un avec notre temps… » (Les réprouvés).

    Si la République de Weimar reste aujourd’hui encore si mal connue, et surtout si mal comprise, c'est précisément – de pair avec ce que Joseph Rovan appelle « l'ignorance des réalités allemandes qui persiste en France » (L'Allemagne n'est pas ce que vous croyez, Seuil, 1978) – parce que cette période ne laisse pas ramener aux schémas classiques auxquels nous sommes habitués, et que pour apprécier et analyser les hommes, les partis, les idées ou les événements qui l’ont illustrée, ces schémas se révèlent inadaptés.

    Mais en même temps, c'est aussi parce qu’elle constitue une sorte d’énigme historique que Weimar reste au cœur de nos préoccupations. Ce n'est pas un hasard si le « culte de Weimar », pour parler comme Laqueur, atteint aujourd’hui son apogée, de Paris à Tokyo et de Rome à New York, au moment où notre univers politique et intellectuel est affecté par de puissants reclassements. Ce n'est pas un hasard non plus si l'on n'en finit plus, en « redécouvrant » Marcuse, Adorno, Rosa Luxemburg ou Wilhelm Reich, de constater que l'essentiel du débat d'idées actuel avait déjà été dit dans le courant des années 1920. Certes, il ne faut pas abuser des analogies historiques. Tout se passe néanmoins comme si Weimar constituait le parfait modèle d’un « entre-deux-temps » à venir. Comme si Weimar était le signe avant-coureur d'un nouvel inter-règne, plus étendu cette fois dans l'espace et dans le temps. Peut-être est-ce le sentiment que l'Europe contemporaine commence à ressembler à une vaste République de Weimar qui crée chez nos contemporains, autour de cette époque, une atmosphère mythique, dépassant de beaucoup les modes et les nostalgies, et qui, séduisant en même temps qu'elle affole, mobilise la sensibilité plus encore que la raison.

    Alain de Benoist (Le Figaro magazine 30 septembre-1er octobre 1978)

    Walter Laqueur, Weimar. Une histoire culturelle de l’Allemagne des années vingt, Robert Laffont, 323 p. ; Dominique Venner, Les corps-francs de la Baltique, Livre de poche, 509 p. ; Volker Hentschel, Weimars letzte Monate, Droste, Düsselforf, 180 p.

     

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  • Des actes pour authentifier les paroles !

    Nous reproduisons ci-dessous l'éditorial de Dominique Venner publié dans le dernier numéro de la Nouvelle Revue d'Histoire (le numéro 55).

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    Des actes pour authentifier les paroles

    Depuis 1789, en Europe et ailleurs, des révolutions il y en eut de toutes couleurs, rouges, noires, brunes et d’autres encore. Notre dossier est consacré à leur naissance souvent mystérieuse. Nous les examinons avec un regard factuel et historique, le regard aussi des idées et des croyances, celui enfin de la sociologie.

    Toute révolution suscite des oppositions et des résistances. Leur violence est en proportion de ce qui les a engendrées. Notre hors-série n° 2 (en kiosque jusqu’à la fin du mois de juillet 2011, ensuite en vente par correspondance) est consacré à l’immense résistance populaire de la Vendée, des chouanneries et des insurrections fédéralistes qui soulevèrent des régions entières contre la Terreur à partir de 1793. Chacun pourra se reporter à ce dossier exceptionnel.

    L’historien n’est pas un idéologue ou un croyant. Il examine, décrit et s’efforce de comprendre des phénomènes par définition complexes. Il n’entre pas dans le jeu partisan et manichéen qui juge les hommes, les idées et les actes en noir et blanc, même quand il donne la parole à des témoins dont on ne peut exiger l’impartialité.

    Mais la distanciation n’interdit pas d’apprécier la grandeur, la générosité, la bassesse, l’ignominie, la pleutrerie et dix autres traits de caractère qui se révèlent au cours des événements. De ce point de vue apparaissent saisissants certains acteurs qui agissent seuls, avec le courage de l’espoir ou du désespoir, au cœur des immenses mouvements collectifs de leur temps. L’incarnation emblématique de ces individualités d’exception est Charlotte Corday. Nous lui avons consacré une étude dans la NRH (1). La figure de cette jeune femme est stupéfiante. Elle n’était nullement royaliste et s’était détachée de la religion. Comme son aïeul Corneille, elle puisait ses exemples dans l’Antiquité romaine et la méditation de Plutarque. Initialement favorable à la Révolution naissante, celle de 1789 et 1790, elle s’en éloigna devant les dérives sectaires, haineuses et sanguinaires qui vinrent ensuite. Sa révolte devait la conduire, on le sait, avec une audace et une détermination incroyables, elle qui était toute féminité, à tuer Marat de sa main, le 13 juillet 1793. Pour elle, ce personnage sinistre était l’incarnation d’une horreur dont il fallait libérer sa patrie. Avec la même fermeté, elle affronta le Tribunal révolutionnaire et la guillotine, sans jamais un instant de faiblesse.

    Sa figure fait surgir dans mon esprit celle de Claus von Stauffenberg, l’acteur principal de l’attentat du 20 juillet 1944 (2). Ce jeune officier est aussi atypique que Charlotte Corday. Dans les premières années du IIIe Reich, il fut un admirateur du Führer, avant de découvrir, au cours de la guerre, des raisons de le haïr. Il ne devint pas pour autant le « démocrate » version américaine que s’est efforcée de colorier la légende postérieure à 1945. Le « manifeste » qu’il rédigea peu avant de se lancer dans sa mission sacrifiée atteste d’une Weltanschauung personnelle en accord avec la pure tradition nationale allemande de la « Révolution conservatrice ».

    Pourquoi le souvenir de Charlotte Corday et du colonel Stauffenberg fait-il poindre en moi le visage de l’écrivain japonais Mishima et celui d’un autre sacrifié parfaitement oublié aujourd’hui ? C’était un Espagnol, membre dans sa jeunesse de la « vieille » Phalange. Le 20 novembre 1970, pour le 34e anniversaire de l’exécution du fondateur, Jose Antonio Primo de Rivera, il se donna la mort publiquement. Par ce geste, il entendait protester contre la trahison des idéaux phalangistes que représentait pour lui le régime du vieux général Franco tel qu’il avait évolué. Il s’appelait Francisco Ferranz. Il avait cinquante-deux ans.

    Il n’y a pas d’âge pour s’indigner autrement qu’en paroles, mettre sa peau au bout de ses idées et témoigner pour l’avenir.

    Dominique Venner (Nouvelle revue d'histoire n°55, juillet - août 2011)

     

    Notes :

    1. La NRH n° 27, p. 21.
    2. La NRH n° 41, p. 32.

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  • Comment naissent les révolutions ?

    La Nouvelle Revue d'Histoire est en kiosque (n°55, juillet - août 2011).

    Le dossier central est consacré au phénomène révolutionnaire. On peut y lire, notamment, des articles de  Charles Vaugeois ("1789, la seule grande révolution", "Hitler prend le pouvoir", "Sociologie du fascisme et sociologie de la révolution), de Philippe Conrad ("1848 : le printemps de peuples", "Les révolutions de 1848 en Europe"), de Dominique Venner ("Quand la révolution devient religion") et de Jean-Michel Baldassari ("L'actualité troublante de "La révolte des masses"").

    Hors dossier, on pourra lire, en particulier, un entretien avec Guy Rachet, un article de Philippe Alméras sur Céline ("Céline : les énigmes persistent") et un point de vue de Bernard Lugan sur la crise libyenne.

     

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  • "J'aurais défendu Hitler... et même Bush !"

    Nous vous conseillons de vous procurer en kiosque le dernier numéro de la revue Médias (n°29, été 2011), dirigée par Robert Ménard. Vous y trouverez, notamment, un excellent entretien avec Jacques Vergès (l'homme qui aurait défendu Hitler ... et même Bush!), un entretien avec Elisabeth Lévy, la directrice de Causeur, un excellent article de Bertrand Laurier, "Les journalistes embeded dans les cercles du pouvoir" et le carnet de Philippe Bilger. Que du bon !

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  • L'alliance Staline Hitler...

    Editeur, diplômé de l'institut d'etudes politiques de paris et auteur de plusieurs essais non-coformistes, Jean-Gilles Malliarakis vient de publier aux éditions du Trident une étude historique consacrée au pacte germano-soviétique et intitulée L'alliance Staline Hitler. L'ouvrage est complété par plus de 95 documents diplomatiques, en particulier allemands et soviétiques pour éclairer cet accord dont les détails sont souvent pudiquement laissés dans l'ombre par l'Histoire officielle...

     

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    "Le 23 août 1939 fut signé à Moscou un prétendu pacte de non-agression. Il était signé par Joachim von Ribbentrop, qui sera pendu à Nuremberg en 1946 et le commissaire du peuple Viatcheslav Mikhaïlovitch Molotov. Celui-ci dirigera encore la diplomatie de son pays après la guerre et mourra dans son lit en 1986. Il se nouait alors une véritable alliance officielle entre Hitler et Staline. Le premier était resté à Berlin, alors que le second se congratulait avec le ministre des affaires étrangères du Reich. Elle ne fut aucunement rompue par Moscou mais par l'Allemagne. Staline le soulignera encore dans son discours du 3 juillet 1941. Le "génial" dictateur communiste figure hilare sur la photo de famille prise à Moscou pendant que son ministre paraphe le traité. Pendant la nuit était convenu un protocole (alors) secret, précisant le partage non seulement de la Pologne mais de toute l'Europe à l'est de la Vistule. Ce document sera complété et aggravé par l'entrée en guerre effective de la l'URSS contre sa malheureuse voisine le 17 septembre, la jonction historique de la Wehrmacht et de l'Armée rouge, "scellant dans le sang", l'expression est de Staline lui-même, la complicité des deux agresseurs.

    C’est bien Staline qui prit la décision et l’initiative d’approcher ce dangereux allié.
    Les 95 documents de la Wilhelmstrasse publiés dans ce livre se trouvent parfaitement éclairés par le rapport Staline au XVIIIe congrès du parti bolchevik. Ce discours de mars 1939, précède, théorise et explique la suite des événements : les intrigues d’avril, mai et juin et les accords négociés pendant l’été, il nous a paru naturel d’inviter le lecteur à les revisiter.

    La trame en devient parfaitement claire.

    Elle accable à la fois Staline et l’aveuglement des dirigeants français."

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  • Naissances du totalitarisme...

    Les éditions du Cerf, dans leur collection Politique, viennent de publier un ouvrage collectif consacré au totalitarisme, intitulé Naissance du totalitarisme, sous la direction de Philippe de Lara, maître de conférence à Paris II en philosophie et sciences politiques, avec des contributions, notamment, de Bernard Bruneteau, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, et Emilo Gentile, spécialiste italien du fascisme.

     

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    "La question totalitaire n'est pas close. Les révolutions communiste, fasciste et nazie forment un phénomène unitaire. Le fait est désormais à peu près accepté, mais il reste encore à le dompter dans la pensée. Philosophes et historiens se livrent ici ensemble à ce travail.

    Le totalitarisme ne se limite pas aux systèmes stalinien et nazi dans leur maturité. Dès les premiers pas du bolchevisme et du fascisme apparaît une combinaison inédite de violence politique et de foi révolutionnaire. Des observateurs lucides en eurent l'intuition dès les années trente (Bernard Bruneteau). Emilio Gentile montre le totalitarisme originaire du fascisme, dès la naissance du « parti milice » de Mussolini en 1919. Ce mélange de terreur et de ferveur défie les notions habituelles d'idéologie et de tyrannie. L'idéologie est-elle le cœur des régimes totalitaires ? La question divise toujours les historiens. Révolution du nihilisme, religion politique, contre-religion : Thierry Gontier, Philippe Raynaud et Paul Thibaud discutent ces interprétations.

    Pourquoi la Russie, pourquoi l'Italie, pourquoi l'Allemagne ? L'anthropologie renouvelle la question des origines : le totalitarisme est une réaction extrême à la modernisation, dans des pays où elle a été tardive et brutale (Philippe de Lara). À la fois réactions passéistes et surenchères futuristes, les totalitarismes sont partie intégrante de la modernité."

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