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  • L'énergie nucléaire et la transition énergétique...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Jean-Marc Jancovici à Figaro Vox et consacré à la question de la transition énergétique. Polytechnicien, spécialiste des questions énergétiques, Jean-Marc Jancovici est l'auteur ou le co-auteur de plusieurs essais sur le sujet, dont "Dormez tranquille jusqu'en 2100", et autres malentendus sur le climat et l'énergie (Odile Jacob, 2017). On peut découvrir les thèses de cet auteur dans de nombreuses vidéos, dont celle de sa leçon inaugurale à Science Po en août 2019 : "Vous avez dit « transition énergétique » ? ".

     

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    Jean-Marc Jancovici: «L’Allemagne est le contre-exemple absolu en matière de transition énergétique»

    LE FIGARO.- Vous évoquez souvent l’immense décalage entre le coût de l’énergie et son utilité sociale. Nous ne nous rendons pas compte de la valeur de l’énergie? Est-ce l’impensé de l’écologie?

    Jean-Marc JANCOVICI.- La quantification économique a pris le pas sur d’autres métriques pour juger l’utilité de quelque chose. On pense spontanément que ce qui est utile vaut cher, que tout ce qui fait notre vie s’achète, or comme l’énergie ne coûte pas très cher dans notre poste de dépense (environ 10% pour un ménage pour logement et transports), le lien de dépendance n’est pas ressenti. Or ce qui fait notre mode de vie: les villes, le pouvoir d’achat, les études longues, le basculement dans le tertiaire, les week-ends, les 35h, les retraites, les six semaines de congés payés, la viande à tous les repas, c’est l’énergie, et très majoritairement les combustibles fossiles.

    Les machines sont invisibles dans la convention économique: on continue à dire que les gens travaillent mais en réalité ce sont surtout les machines qui produisent. La puissance des machines dans le monde occidental, c’est 500 fois la puissance des muscles des Occidentaux. Pour que la France produise ce qu’elle produit aujourd’hui, sans machines, il faudrait multiplier sa population par 500 à 1000. Les machines sont totalement dépendantes de l’énergie, qui est un facteur beaucoup plus limitant que la force de travail pour l’économie. On ne se rend pas compte car on juge les choses à travers leur prix, convention humaine qui ne tient pas compte des réalités physiques. Dans le système économique moderne, on a considéré que tout ce qui venait de la nature était gratuit, n’avait pas de prix. En ce sens le pétrole est aussi gratuit que le vent car personne n’a rien payé pour qu’il se forme. La gratuité de ces sources énergétiques fait qu’elles ne sont pas dans notre radar. Nous sommes des urbains déconnectés des flux physiques qui nous permettent de vivre. Le thé que nous sommes en train de boire en ce moment a poussé à des milliers de kilomètres d’ici!

    Vous ne croyez pas à la possibilité d’une transition énergétique à 100% vers le renouvelable?

    J’y crois tout à fait: il suffit de revenir à là où on en était en 1700, un monde à 100% renouvelables, avec 500 millions d’agriculteurs. Est-ce que c’est possible? La réponse est oui. Est-ce que ce sera le monde actuel, avec 8 milliards d’habitants consommant ce qu’ils consomment? La réponse est non. Le monde actuel repose sur les combustibles fossiles, qui ne sont pas renouvelables. On en aura un jour de moins en moins, c’est inexorable. Cela a déjà commencé en Europe depuis 2006: nous avons déjà une baisse du gaz, du pétrole et du charbon disponibles, et cela ne vient pas de politiques climatiques, qui pour le moment restent bien trop timides.

    Ne faites-vous pas l’impasse sur la possibilité du progrès technologique? Ne va-t-on pas trouver des façons de stocker l’énergie verte?

    Je vous retourne la question: souhaitez-vous vous reposer en totalité sur la possibilité d’une avancée qui pour le moment n’existe pas? Peut-être que ça va arriver. Mais, si vous êtes raisonnable, vous ne pariez pas sur sa survenue certaine. Avec les connaissances qui sont les miennes, je pense que le pari le plus intelligent à faire n’est pas de croire qu’on va trouver des solutions techniques inédites pour résoudre les problèmes environnementaux et garantir le niveau de vie. Le changement climatique a des effets différés après le maximum des émissions. Donc même si on trouve une solution miracle il y a des dégâts irrémédiables qui sont déjà là.

    Est-ce à dire que le nucléaire seul pourra sauver le climat?

    Le nucléaire fait partie des canots de sauvetage. À partir du moment où le navire principal -les fossiles - prend l’eau, et que vous devez le saborder aussi vite que possible pour des raisons climatiques, il vous reste les canots de sauvetage: les économies d’énergie, les énergies renouvelables et le nucléaire. Les militants qui s’opposent au nucléaire disent en fait «je ne veux pas utiliser un des canots de sauvetage car le gouvernail pourrait grincer». Ça ne fait pas baisser le risque global, ça l’augmente!

    La France a-t-elle eu tort d’abandonner la quatrième génération de réacteurs nucléaires?

    Bien sûr. D’une manière générale, la France gère ses filières de long terme à la petite semaine, au nom d’une idéologie discutable - la concurrence généralisée, et d’une démagogie électorale, «l’antinucléaire qui fait peur». Dans le domaine des infrastructures, qu’il s’agisse d’un réseau électrique, d’un système de production, de transports, ou d’aménagements du territoire, la période pertinente pour penser le système est de l’ordre d’un siècle. Cela ne peut se gérer en se basant sur les prix du marché de la semaine dernière ou des objectifs court-termistes de rentabilité. La mise en concurrence généralisée dans ces domaines est un piège qui déstructure totalement le pilotage des investissements et raccourcit les horizons de temps. Et pour planifier on doit défaire d’une main ce que l’on a fait de l’autre: les tarifs d’achat sur les renouvelables consistent justement à sortir un mode de la concurrence après avoir créé cette dernière…. Les travaux gigantesques de fortification mise en œuvre par Vauban n’auraient pas été possibles si on avait dû le mettre en concurrence! C’est la même chose dans le ferroviaire, ou le nucléaire qui a besoin d’un système planifié. Démagogie électorale ensuite: Superphenix le réacteur de quatrième génération créé dans les années 1970 a été arrêté pour des raisons électorales en 1997 par Jospin. Fessenheim a été arrêté par Hollande pour des raisons similaires. Satisfaire 3% d’antinucléaires dans un électorat est plus important que l’avenir de long terme..

    Que pensez-vous de l’exemple allemand?

    L’Allemagne est l’exemple de tout ce qu’il faut ne pas faire en matière de transition énergétique. Elle a commencé à supprimer son nucléaire avant de supprimer son charbon. Elle est vent debout contre les contraintes sur les émissions de l’industrie lourde, via un système de quotas, et contre une réglementation sévère sur les voitures neuves vendues. L’Allemagne plaît beaucoup aux antinucléaires, mais l’Angleterre est un pays beaucoup plus intéressant pour nous. Cette attitude est un vrai problème pour l’axe franco-allemand, moteur de l’Europe.

    On l’a vu pendant la crise des gilets jaunes, une simple augmentation de la taxe carbone peut avoir des conséquences sociales violentes. Il y a une tension grandissante entre le désir de consommation des classes populaires et l’impératif écologique prôné d’abord par l’élite (les plus gros scores des verts sont dans les métropoles). Pensez-vous que la transition énergétique puisse se faire sans douleur sur le portefeuille des classes populaires occidentales ou est-ce un mensonge?

    Malheureusement, quand on regarde la physique, on se rend compte que même le niveau de vie d’un smicard est trop consommateur de ressources non renouvelables pour qu’on puisse le maintenir en l’état. Son niveau de vie n’a rien à voir avec celui d’un paysan, et même d’un baron du Moyen Âge. Il vit dans un appartement chauffé, a un poste de télévision, part en vacances, mange à sa faim, et mobilise un énorme flux de ressources pour sa consommation de produits de toute nature. À 8 milliards, se remettre dans un système compatible avec les limites de la planète ne pourra se faire sans un effort de tous, y compris des classes populaires. Certes les plus riches devront donner l’exemple et être sur le front, pas à l’arrière, mais tout le monde va devoir faire des efforts.

    «L’humanité n’a pas dit son dernier mot», a assuré le premier ministre Édouard Philippe avant sa visite à la COP25. Faut-il être comme lui optimiste? Attendez-vous quelque chose de cette COP?

    De manière un peu désabusée, on pourrait dire que toutes les COP qui ont précédé n’ont servi à rien. La concentration de CO2 dans l’atmosphère n’a pas augmenté moins vite dans l’air depuis le début des réunions de ce type en 1995. Il n’y a eu aucune inflexion. Une COP, c’est une assemblée de 198 copropriétaires, où chaque pays-propriétaire possède une voix, qu’il possède un placard à balais ou le duplex du dernier étage, et qui doivent se mettre d’accord à l’unanimité sur une rénovation de l’immeuble de fond en comble, sans syndic, sans projet de résolutions, où les charges seront payées par chacun au prorata de sa surface. Les chances de réussite sont nulles.

    Quelle est la bonne échelle?

    La puissance publique, la puissance privée, les particuliers ont chacun des possibilités d’agir. L’ONU ne fait qu’entériner ce que ces trois corps ont déjà décidé par ailleurs.

    Que peuvent faire les individus?

    Nous avons sorti une étude avec Carbone 4 intitulée «Faire sa part» pour essayer de calculer comment diminuer de moitié son empreinte carbone par des gestes et des investissements sans que ça soit trop violent. Il y a quatre gros postes d’émissions carbone chez les particuliers. D’abord l’alimentation: un premier geste peut être de manger moins de viande. En France, il faudrait diviser le cheptel bovin par deux et multiplier les prix unitaires par trois pour que les éleveurs puissent se payer correctement. Ensuite, les déplacements. Le particulier doit privilégier les voitures les plus petites possibles, et les déplacements sans voiture (bus, vélo, marche, train, diminution des trajets en portée, ou covoiturage). L’état devrait mettre une prime à la casse extrêmement élevée dès lors qu’on achète une voiture neuve qui consomme moins de la moitié de l’ancienne. Il peut aussi remettre en place la vignette et réglementer à la baisse les émissions des voitures neuves. Troisième poste d’émission: la consommation: il faut acheter moins de «tout», que ce soit des vêtements ou de l’électronique (cette dernière représente un pas qui croit très vite!). Enfin, le chauffage: on peut baisser le thermostat, isoler, ou changer sa chaudière fioul ou gaz pour une pompe à chaleur ou au bois en milieu rural.

    Et au niveau de l’état, quelle serait la mesure la plus urgente à mettre en œuvre qui aurait le plus d’impact?

    D’abord, je dirais, passer du temps à bien comprendre le problème! Ensuite, arrêter demain matin le soutien au solaire et à l’éolien et réorienter les quelques milliards d’euros qui y sont consacrés chaque année dans des mesures vraiment efficaces: aider les ménages modestes à passer à la pompe à chaleur, à isoler, à acquérir des voitures consommant très peu tout en obligeant les constructeurs à en faire, à faire des pistes cyclables et de l’agriculture moins émissive, etc..

    Jean-Marc Jancovici, propos recueillis par Eugénie Bastié (Figaro Vox, 13 décembre 2019)

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  • Tribun du peuple...

    Les éditions Müller viennent de publier le deuxième tome des mémoires de Jean-Marie Le Pen sous le titre Tribun du peuple. Après l'itinéraire de l'homme Le Pen, tracé dans Fils du peuple (Müller, 2018), arrive l'ascension, dans le bruit et la fureur, du chef de parti. La lecture de ces pages fait ressurgir dans nos mémoires ces trente années de vie politique de notre pays, dont il a été, sans doute, l'acteur le plus marquant...

     

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    " « Dans le premier tome de mes mémoires, les Français ont découvert un jeune Breton fier de sa famille, de sa petite patrie la Trinité, de sa grande patrie, la France. Un fils de la nation désolé de voir celle-ci blessée, rapetissée par la seconde guerre mondiale et la fin de l’Empire, qui n’aura pu, malgré son engagement, empêcher des responsables politiques en poste de l’enfoncer dans la décadence.
    Le deuxième tome raconte la construction d’un mouvement indépendant qui tente de relever la France, l’aventure exaltante du Front national, si généralement et si bassement calomnié. Quarante ans d’histoire de France, de lutte implacable. Une vie personnelle et familiale parfois difficile. Et puis la suite. La transmission qui ne coule pas de source. Les attaques de plus en plus vives contre la nation. Le mondialisme totalitaire, l’ouragan de l’invasion, l’écologisme maître de la pensée unique.
    Et la nation trahie. La droite et la gauche piétinant leurs valeurs respectives. Le peuple français abandonné par les collaborateurs du déclin, Giscard, Mitterrand, Chirac, puis par leurs minuscules épigones d’aujourd’hui.
    J’ai échoué à prendre le pouvoir, mais j’aurai fait ce qu’il fallait faire, vu ce qu’il fallait voir, dit ce qu’il fallait dire. À temps. J’aurai été le tribun d’un peuple martyrisé.
    Advienne maintenant que pourra. L’heure vient où il faut regarder plus haut que la terre, en espérant pourtant que notre civilisation, notre lignée, trouveront le moyen de survivre. Vive la France quand même ! » Jean-Marie Le Pen "

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  • Grand Remplacement en Europe : la France en voie de submersion...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul Tormenen, cueilli sur Polémia et consacré à la question de l'immigration dans notre pays. Paul Tormenen est juriste.

     

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    Grand Remplacement en Europe : la France en voie de submersion

    La France connait depuis plusieurs décennies une immigration massive. En dépit de la volonté d’une majorité de français d’y mettre un terme, les flux qui arrivent chaque année dans le pays ne font qu’augmenter. L’immigration et le communautarisme accélérèrent une transformation profonde de la population du pays. Pendant ce temps, le Président de la République multiplie les déclarations bravaches comme autant de coups d’épée dans l’eau face à une situation qui semble le dépasser chaque jour davantage.

    Une immigration récente

    Contrairement à ce que certains historiens voudraient nous faire accroire, la France n’est pas un vieux pays d’immigration. Des immigrants ont commencé à arriver en nombre avec la première révolution industrielle à la fin du 19e siècle. Les nouveaux arrivants étaient Belges, Italiens, Polonais, etc. (1).

    L’essor de l’économie durant les « trente glorieuses » a réactivé une immigration issue notamment d’Espagne, du Portugal, de Yougoslavie et d’Afrique. L’autorisation du regroupement familial à partir de 1976, des titres de séjour accordés sans compter et le dévoiement du droit d’asile ont favorisé ces dernières décennies une immigration extra-européenne massive.

    Les flux d’arrivées

    Alors que les flux d’immigration étaient déjà élevés pendant les trente glorieuses, les arrivées légales et illégales en France ne font qu’augmenter dans la période récente.

    • Le nombre de premiers titres de séjour accordés chaque année à des ressortissants extra-européens est passé de 204 000 en 2010 à 264 800 en 2018 (2). La part de l’immigration de travail parmi ceux qui entrent légalement en France est très faible et ne représente que 12 % en 2018.

    Le solde migratoire (entrées moins sorties) des immigrés est à un niveau élevé et fait ressortir, sur la seule année 2017, 191 000 étrangers supplémentaires (3). L’Afrique est le premier continent d’origine des immigrés.

    • En matière d’immigration illégale, les chiffres des entrées sur le territoire ne sont plus communiqués depuis 2019 par l’administration. Le Pôle national d’analyse migratoire rattaché au Ministère de l’intérieur estimait en 2018 que le nombre de clandestins qui entrent annuellement en France est passé de 26 000 en 2014 à 79 500 en 2017 (4).

    De nouvelles filières d’immigration sont en pleine expansion dans notre pays. Elles s’appuient sur des dispositifs comme l’aide sociale à l’enfance et l’asile pour parvenir à l’installation en France. Le très faible taux d’expulsion agit comme un sauf conduit aux étrangers se prévalant indument soit de leur minorité, soit d’une protection au titre de l’asile.

    • Les jeunes étrangers sont de plus en plus nombreux à se prévaloir de leur minorité pour demander une prise en charge au titre de l’aide sociale à l’enfance (ASE). Selon le Ministère de la justice, « seuls » 17 000 nouvelles personnes déclarées mineures non accompagnées ont été recensées en 2018. Ces chiffres font l’impasse sur le nombre total d’étrangers arrivés sur le territoire qui ont demandé la protection au titre de leur âge et qui même déboutés de leur demande ne repartent pas dans leur pays (5).
    • Les demandes d’asile ont doublé depuis 2013. Alors que 66 250 demandes étaient faites cette année-là, elles étaient 123 600 en 2018 (6). La France fait partie avec l’Allemagne des pays comptant non seulement le plus de demandes d’asile en Europe, mais elle est aussi un des seuls pays européens qui voit les demandes d’asile augmenter. La France subit les flux secondaires de l’asile : les déboutés dans d’autres pays européens tentent leur chance en France, un pays dont le Président a affiché en début de mandat sa priorité de « mise à l’abri » de tous les migrants (7).

    Le nombre d’arrivées de mineurs étrangers et de demandeurs d’asile a atteint une importance telle qu’une répartition administrée sur le territoire national a été mise en place. Ces dispositifs constituent un indice supplémentaire de la politique de peuplement en marche forcée conduite par le gouvernement (8).

    L’exil des Français en forte hausse

    Alors que l’immigration, en particulier extra-européenne, ne fait que progresser en France, les français sont de plus en plus nombreux à quitter le pays. Le nombre de français établis hors de France a considérablement augmenté dans la dernière décennie (+81 %). Ce sont au total 1,8 millions de français, souvent qualifiés, qui vivent à l’étranger. Les principaux pays de destination des français sont la Suisse, les Etats Unis et le Royaume-Uni (9).

    La population étrangère

    Les chiffres issus du dernier recensement en 2015 font apparaître une population issue de l’immigration qui serait significative sans être excessivement importante. Sur 66 millions d’habitants, la France compterait 4,42 millions d’étrangers. Les étrangers présents en France sont par ordre d’importance Algériens, Portugais, Marocains, Turcs, Italiens et Tunisiens (10).

    Par ailleurs, 2,41 millions de français nés hors de France ont acquis la nationalité par démarche administrative.

    Le Ministère de l’intérieur en conclut que l’addition des français par acquisition de la nationalité nés hors de France et des étrangers nés hors de France compose la population immigrée, qui représenterait 6,17 millions de personnes, soit 10 % de la population(11).

    Ces données font l’impasse sur des données difficilement quantifiables, comme le nombre de clandestins présents dans le pays, le refus de l’assimilation de certains français de deuxième génération, le séparatisme ethnique et la montée du communautarisme musulman en France.Selon les sources, le nombre d’étrangers en situation irrégulière présents sur le territoire oscille entre 340 000 et 1,6 millions.

    L’évolution du nombre d’enfants nés avec un prénom musulman illustre la transformation profonde du pays : alors qu’en 1968, seuls 3 % des nouveaux nés en France se voyaient attribuer un prénom musulman, ils étaient 21,6 % en 2018 (12).

    En l’absence de statistiques ethniques, un autre indice de la transformation de la population française est le dépistage de la drépanocytose. Cette maladie génétique qui ne touche que les personnes originaires des Antilles et d’Afrique a été dépistée auprès de 39,39 % des nouveau-nés en France métropolitaine en 2016 (13).L’agence en charge du dépistage de cette maladie ayant fermé en juillet 2018, la publication de cet indicateur embarrassant a depuis cette date été arrêtée…(14).

    La natalité, facteur de transformation de la société française

    Si la fécondité des femmes étrangères est moins élevée quand elles sont en France que dans leur pays d’origine, les femmes immigrées ont en moyenne 2,6 enfants, alors que cette moyenne est de 1,77 pour les françaises de souche (15). Alors que 15 % des enfants nés en 2000 avait un parent étranger, ils étaient 24 % en 2016. En 2014, près de 40 % des nouveau-nés en France avait un grand parent immigré (16).

    Si le taux de natalité des françaises n’assure pas la stabilité de la population, le nombre important de naissances d’enfants de parents étrangers ou issus de l’immigration apporte une contribution majeure à la transformation de la population du pays.

    L’intégration et l’assimilation en panne

    Alors que, pendant la période dite des trente glorieuses, l’assimilation d’une population étrangère essentiellement européenne fonctionnait, le « modèle français » semble en panne depuis les années 1980. L’ouverture inconsidérée des frontières, loin d’apporter la croissance et le « bien vivre ensemble », a permis à une immigration de pauvreté de s’établir tant bien que mal dans le pays. Ce manque d’intégration et d’assimilation se traduit notamment par des bidonvilles de plus en plus nombreux aux périphéries des grandes villes et par des zones urbaines où la délinquance et l’islamisme se développent.

    • Pas moins de 750 zones urbaines sensibles ont été dénombrées en France (17). Si les appellations des quartiers bénéficiaires de la « politique de la ville » changent à intervalle régulier, l’intervention dans certains d’entre eux des forces de l’ordre et plus globalement de fonctionnaires en uniforme devient une mission de plus en plus risquée.
    • En matière de délinquance, les statistiques du Ministère de l’intérieur font apparaître une surreprésentation des étrangers dans les mis en cause des crimes et délits commis en France. Cela se vérifie dans le nombre de ressortissants étrangers dans les prisons françaises, qui est estimé à 15 000, soit 22 % de la population carcérale (18).
    • Le taux de chômage des étrangers est deux fois supérieur à celui des français (19).
    • Alors que l’immigration est présentée comme une richesse pour le pays, une étude récente fait ressortir que les étrangers de première génération recourent 4 fois plus aux minimas sociaux que les natifs (20).

    Surreprésentation dans le nombre de délinquants, dans le recours aux aides sociales, dans le nombre de chômeurs : nos responsables politiques commentent fréquemment la dégradation de la situation, en se gardant bien d’organiser une reconquête des territoires perdus et de mettre un terme à une immigration dont l’échec est patent.

    L’islamisation en marche

    Alors qu’en France comme dans d’autres pays européens, on observe une sécularisation de la population de souche, la pratique de la religion musulmane ne fait que progresser. On le constate dans le nombre de mosquées, qui est passé de 100 en 1970 à 2500 en 2016 (21). Les mosquées où un islam salafiste est dispensé seraient au nombre de 152 (22).

    On ne compte plus les rapports et enquêtes parlementaires constatant la progression rapide de l’islamisme en France. Cette progression s’inscrit dans un contexte plus général de montée du communautarisme et de revendications identitaires (23). Pour une part croissante de la population musulmane, la loi islamique doit primer sur les lois de la République. Cette conviction est particulièrement marquée chez les migrants musulmans arrivés récemment (24).

    La politique migratoire du gouvernement : déclarations sans lendemain et inaction

    Le Président Macron semble conscient que la politique migratoire débridée du gouvernement ne rencontre pas l’adhésion d’une majorité de Français (25). Il multiplie les déclarations affichant une volonté de maîtriser l’immigration. La mise en place de quotas pour l’immigration de travail, la réforme de l’aide médicale d’Etat et la lutte contre l’immigration clandestine ont tour à tour été mises en avant, sans qu’à ce jour aucune mesure concrète n’ait été adoptée. Pire, les causes mêmes de l’immigration de masse ne sont jamais prises à bras le corps :

    • Le regroupement familial n’est jamais remis en cause, alors qu’il implique une immigration subie massive.
    • La protection au titre de l’asile et de l’aide sociale à l’enfance est massivement détournée de son objet initial pour devenir une nouvelle filière d’immigration.
    • Le rétablissement des contrôles aux frontières du pays n’est jamais envisagé, alors qu’il permettrait un refoulement immédiat des clandestins.
    • La France a une politique particulièrement laxiste en matière de reconduction des clandestins, qui la place dans la moyenne basse des pays européens (26).

    Ces différents facteurs contribuent à entretenir en France un appel d’air à l’immigration. Pendant ce temps, comme nous l’avons vu dans notre présentation du grand remplacement en Europe, d’autres pays européens ont pris des mesures énergiques pour freiner les flux migratoires et éviter la perte de leur identité.

    Alors que dans les médias de grand chemin, et particulier sur la radio publique, un discours pro-migrants est dispensé à longueur d’émissions (27), les lanceurs d’alerte sont poursuivis en justice et parfois lourdement condamnés, conformément aux réquisitions du Parquet (28). La récente condamnation de militants de Génération Identitaire ayant mené une action symbolique au col de l’Echelle dans les Alpes l’illustre de façon édifiante.

    Les prochaines années montreront combien de temps cette politique migratoire basée sur des grands principes totalement hors sol sera soutenable. Le récent voyage du Président Macron à Mayotte lui a donné un aperçu du chaos que peut générer une politique laxiste en la matière. Peut-on espérer qu’il contribue à une prise de conscience salutaire ?

    Paul Tormenen (Polémia, 28 octobre 2019)

     

    Notes :

    (1) « La preuve de la réalité du grand remplacement». J.Y Le Gallou. Polémia. 23 avril 2019. « Les immigrés en France ». Ouvrage collectif. La documentation française. 2014.

    (2) «Tableau croisé dynamique des admissions au séjour (nouvelles régions) ». Ministère de l’intérieur. 12 juin 2019.

    (3) « Immigrés, étrangers ». Insee. 2019.

    (4) « Les frontières avec l’Italie et l’Espagne sous pression ». Le Figaro. 19 mars 2018.

    (5) « Rapport annuel d’activité 2018 ». PJJ. Ministère de la justice. « Mineurs étrangers, la nouvelle filière d’immigration ». André Posokhow. Polémia. 4 juin 2018.

    (6) « Demandes d’asile». Ministère de l’intérieur. 12 juin 2019.

    (7) «Emmanuel Macron ne veut plus un migrant dans les rues ». Le Parisien. 28 juillet 2017.

    (8) « La France subit-elle une immigration de peuplement ?». P. Tormenen. Polémia. 5 janvier 2019.

    (9) « Chiffres de l’expatriation». Sénat. 2019.

    (10) « Répartition des étrangers par groupe de nationalité en 2018 ». Insee. 2019.

    (11) « Les principales données de l’immigration en France du 12 juin 2019». Ministère de l’intérieur. 12 juin 2019.

    (12) « Hausse des prénoms musulmans en France». Fdesouche.29 juillet 2019.

    (13) « Drépanocytose : la carte du grand remplacement mise à jour. Chiffres 2016 ». Fdesouche. 13 novembre 2017.

    (14) « Pourquoi l’agence en charge du dépistage de la drépanocytose a fermé». Libération. 21 septembre 2018.

    (15) « La France a la plus forte fécondité d’Europe. Est-ce dû aux immigrées ? ».Population et sociétés. Ined. Juillet 2019.

    (16) « Natalité en France : l’impact décisif de l’immigration ». L’Express. 18 juillet 2018.

    (17) « Zones urbaines sensibles». Insee. 13 octobre 2016.

    (18) « Insécurité et délinquance en 2018 : premier bilan statistique». Ministère de l’intérieur. 31 janvier 2019.
    « Plus d’un détenu sur 5 en France est de nationalité étrangère ». Le Figaro. 16 février 2018.

    (19) « Tableaux de bord de l’économie française. Etrangers, immigrés ». Insee. 27 février 2018.

    (20) « Les immigrés abusent-ils de notre système ? ». Capital. 7 avril 2015.

    (21) « Islam. Depuis 1970, le nombre de mosquées a été multiplié par 24 ». Breizh Info. 13 mars 2016.

    « Mission d’information Place et financement de l’islam en France ».Sénat. 27 janvier 2016.

    (22) « Le nombre de mosquées salafistes grimpe encore en 2018pour arriver à 152 ». Observatoire de l’islamisation. 11 juillet 2018.

    (23) « Islamisme : 30 ans de renoncement ». P. Tormenen. Polémia. 12 mai 2019.

    (24) « Les musulmans en France. 30 ans après l’affaire des foulards de Creil ». IFOP. 23 septembre 2019.

    (25) « Immigration : le regard des français ». IFOP. 4 décembre 2018.

    (26) « Projet de loi de finances ». Sénat français. « La Suisse renvoie à nouveau des réfugiés vers des zones de guerre ». RTS. 21 avril 2019.

    (27) Observatoire du journalisme. Requête « migrants France culture France inter ».

    (28) Condamnations en première instance en juin 2018 de Nicolas Dupont-Aignan pour avoir évoqué une « invasion migratoire » dans un tweet du 17 janvier 2017, condamnation de militants de Génération identitaire en août 2018 pour l’action à la frontière franco-italienne en 2017 au col de l’Echelle dans les Alpes.

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  • Impuissance française ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré à l'impuissance politique dans laquelle notre pays s'enferme aussi bien sur les questions intérieures que sur le plan international. Économiste de formation, vice-président de Géopragma et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

     

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    Impuissance française ?

    Impuissance à l’intérieur

    Difficile de passer une semaine en France sans entendre parler des djihadistes, du voile islamique, et de l’attaque terroriste dans la Préfecture de police de Paris. Prétendre faire juger en Irak les combattants venus de France, s’il en reste, est une plaisanterie ; c’est en Syrie qu’ils doivent être jugés, puisqu’ils ont choisi de s’y engager. Ceux qui polémiquent sans fin sur leur sort (la grande masse des prisonniers sont des femmes et des enfants) devraient ouvrir les yeux. C’est en France que la pénétration des réseaux islamistes, des Frères musulmans et des imams salafistes se joue.

    Les signes sont là ; c’est dans l’armée, dans la police, dans les services de l’État, et aussi dans les secteurs stratégiques de la banque et de la finance, des industries de défense, des services de sécurité privée et de transport, qu’un aveuglement voulu a laissé s’implanter des réseaux dormants, a permis à des recrutements de s’opérer sur base confessionnelle, et toléré des mœurs qui n’ont pas leur place en France. Jusqu’à quand l’anti-racisme primaire servira-t-il de couverture à une infiltration qui touche le cœur de l’État ? Jusqu’à quand la Préfecture de Police de Paris sera-t-elle cet État dans l’État, qui par exemple refuse l’entrée de la DRSD ( Direction du renseignement et de la sécurité de la Défense ) chez elle ?

    Et face à la multiplication des incidents provoqués par des musulmans agressifs (je suis personnellement témoin de deux de ces incidents, dans la rue et dans un bus, à Paris et en trois jours), comment ne pas penser que la lâcheté et les demi-mesures provoqueront dans le temps bien plus de souffrances et de drames qu’une action résolue et ferme n’en susciterait aujourd’hui ? C’est tout de suite qu’il faut dire « non ». Face à l’islamisation d’une partie des territoires français, comme face à l’immigration de conquête, c’est la dureté qui sauve et la rigueur qui préserve, c’est la tolérance et le « refus de l’amalgame » qui condamnent et qui tuent.

    Impuissance à l’international

    Impossible enfin de ne pas être inquiet de l’affaiblissement de la France. C’est le tour exécrable des relations avec l’Allemagne, une Allemagne de plus en plus agressive dans sa volonté d’abaisser la France de la Défense, de l’arme nucléaire et du Conseil de Sécurité à son niveau — celui d’une Nation qui ne peut plus prétendre à la puissance des armes. C’est le grignotage de notre souveraineté par un OTAN qui, sous couvert de sécurité globale, entend soumettre le spatial comme le numérique français à l’ordre américain.

    C’est l’enlisement de l’opération Barkhane, qui ne fournit plus que des troupes encasernées, cible des bandes terroristes converties en bandits de grand chemin, qui fait la rente de l’Armée de Terre, mais qui est radicalement impuissante à lutter contre la montée des foyers islamistes, de l’Atlantique à la corne de l’Afrique, une lutte qui passe par du renseignement, des opérations spéciales et du soutien aux forces gouvernementales – trois membres des forces spéciales russes tués ce mois par la rébellion islamiste qui opère à la frontière du Mozambique et de la Tanzanie, qui comprend le message ?

    C’est la pantomime autour des « islamistes modérés » en Syrie, invention de la presse française, d’un Rojava qui n’a jamais existé nulle part, sinon dans l’imagination créatrice du Quai d’Orsay et les machinations allemandes, c’est le voile d’illusion qui entoure des Kurdes de l’YPG, génocidaires des Arméniens en leur temps, persécuteurs des villages chrétiens ou alaouites récemment, supplétifs des forces israéliennes à l’occasion, mais bien rarement humanistes avérés.

    C’est surtout l’absence de la France de la reconstruction de la Syrie, qu’ont déjà engagée la Chine, l’Inde, la Russie, sans compter quelques pays européens discrets, mais présents. Qu’attend la France pour reconnaître que Bachar el Assad a refait l’unité du pays, pour rouvrir un bureau diplomatique et un lycée français ardemment demandés ? Bachar el Assad a survécu à des Présidents français qui l’annonçaient hors-jeu dans le mois. Il est surtout le témoin de la déconfiture de ces « néo-cons » qui ont fait tant de mal à la France comme aux États-Unis et à d’autres.

    La première décision d’un Président soucieux de refaire la France serait de procéder à l’épuration des services du Quai d’Orsay, de Balard et de l’Élysée où sévissent encore trop de ceux qui furent surnommés « la secte » et qui, de Washington à Moscou ou Pékin, ont compromis pour longtemps l’autorité et la crédibilité de la France au profit de puissances étrangères.

    Sa seconde décision devrait être d’apprécier à sa mesure la nouveauté du rapport de force régional, et de proposer l’aide de la France à la Russie, à la Turquie et à l’Iran, comme à la Syrie, au Liban, à Israël et aux Émirats, pour initier un renouveau des relations avec l’Europe, et rétablir sur le principe de non-ingérence les conditions du progrès et de la paix que les interventions américaines ont gravement compromises. Mme Mogherini n’a-t-elle pas ouvert en ce sens une porte que la France devrait franchir la première ?

    Quant à la troisième décision, faut-il rêver, elle serait d’affirmer la grande ambition de la France pour une Europe libre, c’est-à-dire d’initiative française en matière de Défense, de systèmes de paiement et de droit commercial autonomes. La France seule, la plus grande France, présente sur toutes les mers et sur tous les continents, désormais unique en Europe à cet égard, peut engager une telle initiative et entraîner avec elle. C’est un projet pour que le siècle qui vient en Europe soit un siècle français. Il l’a été. Il peut le redevenir. Qui en rêve, qui le conduira ?

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 21 octobre 2019)

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  • Toutes les populations ne sont pas interchangeables !...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Mathieu Bock-Côté, publiée dans Le Figaro et cueilli sur le site royaliste Je suis Français, que celui-ci a consacré à la question de l’immigration. Québécois, Mathieu Bock-Côté est sociologue et chroniqueur et est déjà l'auteur de plusieurs essais comme Le multiculturalisme comme religion politique (Cerf, 2016), Le nouveau régime (Boréal, 2017) ou L'empire du politiquement correct (Cerf, 2019).

     

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    Mathieu Bock-Côté : Immigration, « “ Nos valeurs ” ne suffisent pas »

    Il était inévitable qu’Emmanuel Macron, l’homme du « en même temps», prenne un jour la pose du grand leader affrontant sans fausse pudeur la question de l’immigration.

    Il était inévitable aussi que la gauche médiatique transforme cela en scandale : c’était le tour de Macron de faire le jeu du Rassemblement national et de légitimer les « peurs » qui alimentent le « populisme ». Il était assuré, aussi, que le commun des mortels témoignerait d’une immense lassitude devant ce qui semble être un festival de paroles creuses lors du débat à l’Assemblée le 7 octobre.

    On pourrait écrire une histoire des discours volontaristes depuis trente ans prétendant chaque fois reprendre le contrôle sur les flux migratoires, la fermeté étant chaque fois censée se conjuguer avec l’humanisme. Cela n’a pas empêché l’immigration massive de se poursuivre. Le tripatouillage statistique de certains démographes et historiens lyssenkistes au service du régime diversitaire a cherché à dissimuler une transformation profonde de la population française, qu’il n’est d’ailleurs pas permis de mentionner sans se faire extrême-droitiser. Le commun des mortels ne se laisse pas pour autant bluffer. Il y a des limites à vivre dans le déni.

    Pour bien penser la question de l’immigration, il faut sortir du périmètre étroit où on l’enferme. Il est bien vu, lorsqu’on entend faire preuve de fermeté, d’en appeler à coups de rodomontades à une assimilation véritable des populations immigrées à la nation française. Tout le problème survient quand il faut définir cette dernière. On se réfère normalement à l’universalisme républicain et aux principes des Lumières qui le soutiendraient. Certes : ils sont assurément au cœur du patrimoine national. Mais trop souvent, on en propose une lecture désincarnée. La nation se définirait exclusivement comme une communauté de citoyens, sans référence aux mœurs ou à la culture. La laïcité elle-même, quoi qu’on en pense, n’est pas immédiatement universelle : elle s’ancre dans l’expérience historique française et semble souvent incompréhensible pour ceux qui n’en ont qu’une connaissance superficielle, comme on le voit dans le monde anglo-saxon. Trop souvent, d’ailleurs, une partie des élites politico-médiatiques pontifie sur les valeurs de la République pour ne pas avoir à parler de la France. N’est-il pas même permis, à leurs yeux, de douter de l’existence de la culture française  La logique postnationale transforme la France en surface plane condamnée à la désincarnation.

    Il faut renouer avec une conception plus dense de la nation. Il s’agit d’assimiler les immigrés à un peuple historique particulier, qui a tout avantage à vouloir imposer ses propres mœurs, s’il entend servir de norme identitaire aux populations nouvelles. L’historien québécois Michel Brunet disait que trois facteurs pèsent dans l’histoire des peuples : le nombre, le nombre et encore le nombre. Comment imposer les « valeurs de la République » lorsque l’école, par exemple, se retrouve devant une concentration extrêmement élevée de jeunes qui sont culturellement étrangers à la France, à ses coutumes, à ses usages. Les conditions sociologiques de l’assimilationnisme républicain sont en train de disparaître – en certains endroits, que l’on nomme pudiquement les territoires perdus de la république, mais qui sont en fait les territoires perdus de la nation française, elles sont disparues depuis longtemps. On ne saurait assimiler à une conception ethnique de la nation le simple rappel que toutes les populations ne sont pas interchangeables. Un pays ne saurait être absolument indifférent à la population qui le compose, sauf à se présenter comme une construction sociale artificielle où les communautarismes confisqueront tôt ou tard la souveraineté. Il se caractérise aussi par un substrat identitaire, qui ne se laisse pas réduire dans les paramètres du contractualisme républicain.

    Les théoriciens militants des sciences sociales ont beau redéfinir sans cesse à la baisse leur définition de l’intégration, pour nous faire croire que tout se porte pour le mieux dans le meilleur des mondes, ils ne sont plus crus. Le sens commun veut reprendre ses droits, et c’est à son école que doivent se mettre ceux qui veulent parler sérieusement d’assimilation. C’est avec l’immigration massive qu’il faut rompre, qu’elle se présente par la filière régulière ou irrégulière, pour que cesse la formation d’un nouveau peuple « issu de la diversité », dont certains éléments sont trop souvent indifférents ou hostiles à leur pays d’accueil. Un sans-papiers, par définition, a pour vocation de quitter la France. Mais il faut aussi entreprendre une reconquête identitaire et politique du territoire français, pour le réintégrer dans la communauté nationale, en rappelant que les immigrés accueillis au fil des décennies ne sont pas appelés à se séparer de leur patrie d’adoption au nom du droit à la différence mais à en prendre le pli identitaire, en apprenant à dire « nous » avec lui.

    Mathieu Bock-Côté (Le Figaro, 11 octobre 2019)

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  • Vers un nouveau Yalta...

    Les éditions Sigest viennent de publier un recueil de chroniques de Caroline Galactéros intitulé Vers un nouveau Yalta. Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et intervient régulièrement dans les médias. Elle a créé récemment, avec Hervé Juvin entre autres, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

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    " Yalta n'est plus. Un nouveau partage du monde est en train de se structurer. La France et l'Europe veulent-elles en être les acteurs ou les spectateurs ? La mise à sac du Moyen-Orient par l'Occident, les défis migratoires, sécuritaires et culturels, l'éclatement des mécanismes multilatéraux, les utopies pacifistes, le terrorisme multicéphale et nos graves incohérences vis-à-vis de l'islamisme radical, mais aussi le réveil des nations et des peuples, l'affirmation de nouvelles puissances ou la résilience d'anciennes que l'on a voulu enterrer trop vite, tous ces processus dessinent des lignes de faille et de crête de la réalité internationale qu'il nous faut d'urgence regarder avec lucidité, pragmatisme et humanité. Pour favoriser l'apaisement du monde, la moraline est inopérante ou franchement contreproductive. Elle n'est même pas un placebo, bien plutôt un diffuseur de violence. Les chroniques et tribunes rassemblées dans cet ouvrage éclairent les principaux évènements internationaux des cinq années passées et dissèquent sans concessions ni dogme la complexité des nouveaux équilibres mondiaux. Elles tracent les contours d'une réforme de la politique étrangère française et les chemins d'alliances souhaitables pour permettre à l'Europe de comprendre enfin que la préservation de la souveraineté de ses membres, loin d'être un handicap singulier, est un atout collectif qui peut peut-être encore la sauver de la double dévoration qui la guette. "

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