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crise - Page 30

  • Le scandale des délocalisations...

    Eric Laurent, journaliste sur France Culture, spécialiste des relations internationales, vient de publier chez Plon Le scandale des délocalisations. Une enquête qui démontre, s'il en était besoin, le caractère néfaste de la politique de recherche du profit à court terme menée pour le seul intérêt des actionnaires...

     

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    "Cette enquête plonge au coeur du phénomène qui angoisse le plus les français : la perte de leur emploi lié à des délocalisations. L'ouvrage montre que bien souvent le choix de délocaliser n'est économiquement pas fondé et crée plus d'effets négatifs que d'avantages pour l'entreprise. L'enquête révèle également comment des politiques, impuissants et dépourvus de courage, s'efforcent de cacher à l'opinion la gravité du phénomène. Elle décrit aussi la stratégie d'un grand nombre de sociétés, y compris dans les secteurs de pointe, qui financent leur délocalisation en se faisant octroyer des aides massives des régions ou de l'Etat puis ferment ensuite leurs usines sur le territoire français dès qu'elles ont empoché l'argent. Elle révèle enfin les mécanismes pervers de l'Union Européenne qui encourage le transfert d'emplois et d'usines vers les pays à bas coût. Un livre où le lecteur découvrira que par une choquante inversion ce sont les salariés qui sont menacés et au contraire les actionnaires qui sont protégés."

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  • Un Etat ? Mais quel Etat et dans quel état ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Flavia Labau, paru sur le site de Metamag, le magazine de l'esprit critique (qui porte bien son nom !...), et consacré au délitement de l'Etat, au travers de l'affaire MAM et de celle de l'ineffable Boris Boillon, ambassadeur, sarkoboy et éphèbe de plage...

     

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    Un Etat ? Mais quel Etat et dans quel état ?

    L’année 2011 a décidément fort mal commencé pour la France. Et pour Michèle Alliot-Marie, son éminente représentante internationale. Notre ministre des Affaires étrangères s’est trouvée d’abord impliquée personnellement, puis avec son compagnon, également Ministre, et enfin avec ses parents, dans une promiscuité vacancière puis dans des relations financières avec des personnages politiques et des affairistes d’un régime qui ne fut pas un modèle de probité. Sans attendre que la boue des révélations lui monte petit à petit jusqu’au cou et déconsidère à la fois sa personne et sa fonction, MAM, présentée comme le prototype du gaullisme pur  et dur, aurait dû démissionner sans état d’âme. Et anticiper l’autre mise en cause. 


    Celle de son administration, aveugle et sourde aux prémisses de mouvements sociaux et politiques. Non seulement notre ambassadeur avait la tête ailleurs, mais aucun des relais dispersés sur ce territoire francophone n’a fait remonter le moindre indice. Pierre Ménat a été rappelé au Quai d’Orsay. 

    A-t-il été envoyé à Bagdad en remplacement de Boris Boillon qui, à peine arrivé à Tunis, fait un esclandre magistral ? Est-ce par une sorte de mimétisme envers le langage du Président de la République, dans la galaxie duquel il aurait évolué, qui a conduit ce diplomate quadragénaire, aux allures de golden boy en lunettes fumées, à employer envers des journalistes des termes fort peu diplomatiques ?

    Les leçons de la rue tunisienne

    Sans doute la « carrière » n’a-t-elle plus le lustre des Paul Claudel ou Cambon. Et les ambassadeurs sont devenus des voyageurs de commerce, avec les pratiques concomitantes. Mais se faire donner des leçons de comportement diplomatique par la rue tunisienne est aussi cuisant pour notre pays que le coup d’éventail d’un bey sur la joue.

    Elevé dès le berceau comme tout bon Français dans la culture de l’excuse, Monsieur Boillon (comme avant lui d’autres éminents personnages politiques et fonctionnaires de gauche comme de droite) nous a fait le dérisoire numéro de l’enfant tancé : je ne m’en suis pas  rendu compte; je ne recommencerai plus. A l’heure où cet article est écrit, il est toujours en poste alors qu’il aurait dû démissionner illico. Lui a-t-on même demandé ? Qui l’aurait fait ? Son ministre qui est toujours au Quai, toute honte bue.


    L’Etat France - déficit budgétaire de 150 milliards d’euros (7,7% du PIB), une dette qui va atteindre les 1.500milliards d’euros (100% du PIB) - est en faillite, comme l’a dit en 2008 François Fillon, sans en tirer sérieusement les conséquences ; toujours la culture de l’excuse. Il est mortellement atteint dans sa substance intellectuelle et morale, pour plagier ce bon Renan. On se gausse de la Belgique sans gouvernement depuis 249 jours, mais ses gouvernements régionaux fonctionnent. 

    Notre Etat jacobin n’a lui qu’une seul tête, grosse et malade. Il n’est plus en mesure d’assurer les fonctions régaliennes qui sont le siennes, au premier rang desquelles les Affaires Etrangères. Mais on pourrait décliner le constat à la Justice pitoyable ces jours-ci dans son corporatisme irresponsable et inique dans ses procédures et jugements (dernière en date l'affaire Zemmour), à l’Education Nationale totalement disloquée ou à la Défense Nationale qui compte ses morts inutiles (encore un ce week-end) des guerres sans fin.

    Qu’importe, dormez bonnes gens, vous êtes protégés. Patelins, Nicolas ou Dominique vous le promette-ront. Vous êtes bien 60% à ne pas leur faire confiance. Mais cela ne change rien, pour le moment.

    Flavia Labau (Metamag, 21 février 2011)



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  • Tant qu'il y aura des bulles...

    Nous reproduisons ci-dessous l'éditorial de François Bousquet, directeur de la rédaction du Choc du mois, publié dans le numéro de février 2011.

     

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    Tant qu’il y aura des bulles

    Chaque civilisation a développé sa forme propre, laquelle nous en dit beaucoup sur la façon dont les hommes conçoivent le monde. Les Egyptiens avaient les pyramides, les Romains les aqueducs et les arcs de triomphe, les Arabes les figures géométriques. Nous, on a les bulles et leur création de valeur virtuelle. Ça gonfle et puis ça fait pschitt, du Coca-Cola au chewing-gum, en passant par l’immobilier et même la BD. C’est comme un phénomène contagieux, bulle spéculative, bulle Internet, bulle législative, bulle migratoire, bulle climatique, etc., etc. Tout est dans tout et la bulle est partout, jusque dans l’obésité, bulle calorique cette fois-ci.

    Oui, décidément, les bulles nous fascinent, tant elles sont éthérées, flottantes, plus légères que l’air. C’est comme si elles avaient le pouvoir de nous libérer de la dure loi du réel : la pesanteur, la matérialité des choses, le poids du monde. Précurseurs en chaque chose, les Américains ont très tôt compris la fonction déréalisante et ludique des bulles. Quand ils débarquèrent en 1944, pareils à des dieux irrésistibles, comme provenant d’une planète plus avancée, ils apportèrent avec eux, outre les Lucky Strike, les rasoirs Gilette et le swing, la gomme à mâcher, de loin leur arme la plus redoutable. C’est grâce à elle qu’ils ont gagné la guerre, elle et la fission nucléaire. Depuis, ils ont conquis le monde.
    Nos ancêtres avaient mis plus d’un siècle à adopter la pomme de terre. En quelques semaines à peine, le chewing-gum allait s’imposer. Une vraie révolution digestive. L’ère des bulles commençait, en Europe comme ailleurs. Plus rien ne l’arrêterait. Cette bullomanie rappelle la tulipomanie qui s’empara des Pays-Bas dans la première moitié du XVIIe siècle, où les oignons de tulipe pouvaient se négocier au prix d’une maison de maître, jusqu’au jour où ils ne valurent plus rien. Mais les bulles ont depuis longtemps quitté leur étroit domaine horticole pour soumettre le monde entier. Elles constituent désormais notre destin. Or, le destin des bulles est d’éclater, comme la grenouille dans la fable de La Fontaine qui s’enfla si bien qu’elle creva.
    Et c’est ainsi que, de bulle en bulle, on en arrive à la bulle des bulles, la bulle-monde. C’est le capitalisme qui veut cela. Si le communisme était un boulet, la théorie économique chère à Adam Smith et Alain Minc affectionne, elle, les bulles, la lutte finale s’étant muée ici en bulle finale.
    En deux siècles de marche en avant ininterrompue, le libéralisme économique a acquis la conviction étrange qu’il allait pouvoir faire grimper les courbes jusqu’au plafond. Et ce qui vaut pour la finance vaut pareillement pour la démographie, l’immigration, les échanges commerciaux et quantité d’autres domaines. Dans la vision capitaliste du monde, la croissance est illimitée, les marchés éternellement haussiers et les richesses inépuisables. Le monde a beau être fini, on a décidé une fois pour toutes d’en user comme s’il était infini. Ou substituable (le jour où il sera fini). Icare, avant sa chute, ne raisonnait pas autrement. Mais rien n’est éternel, les bulles moins que le reste, dont John Maynard Keynes disait qu’elles étaient pareilles aux arbres : il ne leur est pas donné de pouvoir grimper jusqu’au ciel, même si elles peuvent parfois donner l’impression de le toucher.
    Quand, en 1720, la Compagnie des mers du Sud s’effondra à la suite d’un krach vertigineux, le Parlement anglais vota le Bubble Act, la première loi sur les bulles. On demanda au maître de la Monnaie d’alors, Isaac Newton lui-même (autre temps, autres mœurs, autres gens), ce que cette affaire lui inspirait. Il répondit poliment qu’il pouvait « calculer les mouvements des corps célestes, mais pas la folie des gens ». Nous non plus. C’est pourtant elle qui fonde notre monde.
    Autant dire qu’il est aussi instable que les Twin Towers avant leur effondrement et la tour de Babel avant sa dispersion, car il en va des bulles économiques comme des bulles migratoires. Ça gonfle et ça fait pschitt. In bullo veritas, c’était écrit d’avance.

    François Bousquet (Le Choc du mois, février 2011)

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  • Jean Raspail chez Frédéric Taddéi

    Vous pouvez visionner ci-dessous un extrait de l'émission Ce soir ou jamais ! du 3 février 2011 à laquelle participait Jean Raspail aux côtés de Jean-Pierre Chevènement, Marie-France Garaud, Anne Lauvergeon, Michel Godet, Claude Hagège et Philippe Dessertine, sur le thème du déclin de la France.

    1ère partie

    2ème partie

    La suite de l'émission est visible sur Youtube

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  • Pourquoi la crise continue ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article, cueilli sur Flashblog, de Pierre Le Vigan, consacré à la crise et à la guerre des monnaies qui va l'amplifier...

     

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    Pourquoi la crise continue... et pourquoi menace une guerre des monnaies

    Fin janvier, au forum de Davos en Suisse il a été question une nouvelle fois de réguler l’économie mondiale. Président temporaire du G20 et du G8, Nicolas Sarkozy n’est jamais le dernier à afficher de grandes ambitions dans ce domaine. Preuve que la régulation automatique du marché ne satisfait personne. A vrai dire, les théories de l’économie de marché ont souvent fait sourire. Elles supposent des agents rationnels, et ils ne le sont pas toujours. Elles consacrent peu de place à l’Etat, or il est omniprésent dans l’économie depuis la guerre de 1914 voire avant. Bref, ces théories paraissaient irréalistes.

    Une économie de casino ?
    Pourtant elles le sont de moins en moins. Pourquoi ? Parce que le monde réel ressemble de plus en plus à une économie de marché. Parce que l’économie de casino devient le fond réel de l’économie de marché « pure et parfaite ». Les Etats pèsent désormais moins, beaucoup moins, que les multinationales et que la finance. L’industrie n’est plus nationale. Et elle est à la remorque de la finance. Les investissements industriels, par définition à moyen et long terme, sont moins rentables que les spéculations financières, par définition à court terme. Les peuples et leurs représentants ne pèsent désormais plus grand-chose. On a pu dire des réunions du G20 que c’était un groupe d’anciens alcooliques qui se réunissaient pour décider de ne plus boire et qui se séparaient sans rien avoir décidé mais… en ayant pris un dernier verre. Ce dernier verre, c’est la dette mais plus encore la cause de la dette : la finance prédatrice, l’hyperclasse exigeant son taux de rentabilité.

    Jacques Attali remarque justement : « une économie de marché sans Etat, surtout si l’information est imparfaite, ne trouve son équilibre qu’à un niveau de sous-emploi des facteurs. » (Slate.fr, 12 novembre 2010). Autrement dit, l’ajustement se fait sur la base d’une compression de la demande. Nous en sommes là. Avec en prime la guerre des monnaies.

    La Chine ne veut pas réévaluer son yuan (ou renminbi selon son nom officiel). La monnaie chinoise n’est pas convertible donc pas soumise à des tensions ce qui accessoirement empêche toute démocratisation au sens occidental quand bien même le gouvernement chinois en aurait le goût. Plus de la moitié du PIB chinois est exporté : c’est dire l’enjeu. Puisque les Américains veulent maintenir leur dollar bas, les Chinois doivent maintenir bas le taux de change de leur yuan.

     

    La Chine avec un yuan faible, et une main d’œuvre de plus en plus qualifiée reste donc hyper-compétitive. Elle exporte de plus en plus, accroit son excédent donc son déséquilibre commercial avec l’Amérique, et investit cet excédent en bons du Trésor américain et fonds de pension. La Chine est donc le premier créancier des USA qui eux mêmes ont tout intérêt à un dollar sous-évalué. Pour deux raisons : rester un tant soit peu compétitif, et diminuer la valeur de leur dette.

    Chine et EUA : les deux ont intérêt à un euro surévalué. Les deux craignent que le premier marché mondial, la zone euro, devienne la première force mondiale. Mais qui mène le bal ? Philippe Dessertine note : « Le coupable premier, actuellement, ce sont les Etats-Unis, comme ils sont d’ailleurs généralement à l’origine de la dette folle ayant créé la crise de 2007-2008 et se prolongeant dans la crise économique et dans la crise de la dette souveraine actuelle. La Chine a d’abord financé la dette américaine, acceptant de devenir le premier détenteur de dette publique américaine (en dollars), avec comme contrepartie la possibilité d’asseoir sa croissance sur des exportations massives. » (« si la guerre des monnaies se poursuit… », Le Monde, 12 novembre 2010).

    La finance de plus en plus loin de l’économie réelle
    Or depuis la crise de 2008 l’économie réelle, l’économie de production ne s’est pas rapprochée de l’économie financière. Au contraire. Début 2007, la Banque centrale européenne détenait 900 milliards d’euros, elle en détient prés de 2000 fin 2010. La FED soit la banque centrale américaine est passée dans le même temps de 1200 à 2300 milliards de dollars. Un doublement en trois ans ce n’est pas la croissance de l’économie réelle c’est l’emballement de la financiarisation. Et l’un des indices de cela, c’est que les banques centrales ont du garder les actifs dépréciés qu’elles ont acquis. Sauvant ainsi le système bancaire privé avec l’argent public.

    La crise continue pour plusieurs raisons. Dans l’économie réelle les délocalisations se poursuivent. Depuis 2002 la hausse du prix des matières premières a été considérable. Pétrole et métaux sont de plus en plus couteux à extraire : cette hausse est donc structurelle. Cette hausse des matières première a accru les réserves de changes des pays producteurs. Elles ont été multipliées par 5 de 2002 à 2007. Total mondial des réserves de change : dans les 9000 milliards de dollars, soit 14 % du PIB mondial. Des réserves de change en dollar, et en bonne part détenues par la Chine, à hauteur de 2500 milliards de dollars : près du tiers des réserves mondiales. De cet excédent de liquidités se sont ensuivis des produits financiers parasites créant des bulles spéculatives qui ont fini par éclater avec la crise des ‘’subprimes’’ c’est-à-dire des prêts à hauts risques. Exemple de ces produits financiers : la titrisation soit le refinancement de dettes à long terme.

    « C’est là où se situe la principale dérive du système : rajouter un endettement qui a pour seul objectif d’améliorer le rendement. »  écrit Jean-Hervé Lorenzi (slate.fr, 27 octobre 2010). La crise de confiance dans le système bancaire depuis 2007 amène une baisse des crédits accordés, et la récession qui va avec. Le noeud de la crise est un excès d’épargne, un excès d’exigence de rentabilité des investisseurs, et une insuffisance de la demande. La crainte de la faillite d’un Etat surendetté (Grèce ou Irlande) amène à des hauts niveaux de primes de risque. Elle amène aussi à une guerre des monnaies. Une guerre dans laquelle l’Europe est désarmée. Car l’écart se creuse entre les BRIC, qui vont vers une croissance de 6 à 10 %, et les EUA et l’Europe, qui stagnent. Aux EUA l’immobilier ne repart pas, le crédit est rare, le chômage reste considérable (9%). Les fonds de pension US qui doivent financer la retraite des Américains manquent de 6600 milliards de dollar soit 45 % du PIB américain. Mais les plans de relance gouvernementaux vont limiter les dégâts et la monnaie américaine reste la principale monnaie de réserve mondiale. Les Américains produisent autant de dollar que nécessaire pour eux : un privilège qu’ils sont seuls à détenir. Il en est tout autrement pour l’Europe. Tout son flanc sud (Grèce, Espagne, Portugal…) est menacé par la montée des dettes souveraines.

    Dans ce contexte, la Chine joue le rachat des dettes. C’est le moyen pour elle de soutenir la monnaie des autres pays à un niveau au dessus de la sienne. Une façon là encore de sous évaluer son yuan. Le yuan faible est en effet « la garantie de la puissance chinoise » (Moises Naim) : il permet les exportations chinoises, et en rendant très chers les produits importés, il protège leur marché intérieur de la concurrence étrangère. Et c’est pourquoi la Chine peut avoir des réserves de change de la Chine égales à prés de la moitié de son PIB (40 %), le 2eme du monde avec 5500 milliards de dollars.

    Que faire ? C’est la question qui se pose aux Américains mais aussi à l’Europe. Rétorsion ? Taxation des exportations chinoises ? Les Américains le peuvent, mais la Chine ne manque pas de rappeler que ceux qui s’y risqueraient porteraient la responsabilité d’une crise sociale majeure dans un pays d’1,3 milliards d’habitants. Qui veut jouer avec cela ? Si les grands pays industriels ne veulent pas se lancer dans le protectionnisme, trop inquiets d’une contraction brusquée des échanges, l’arme monétaire reste une tentation. A défaut d’obtenir une substantielle réévaluation du yuan les Américains peuvent toujours maintenir le dollar le plus bas possible, ce qui limite l’invasion de leur marché par les produits chinois.

    Reste que tant que la Chine achète les dettes des occidentaux, le monde, et d’abord les USA, connait un trop plein de liquidités d’où des taux d’intérêt très bas, et donc une incitation au surendettement des ménages. Or, plus chacun s’endette, plus il y a de dettes à racheter. Solution : que chaque pays reconquiert son marché intérieur et que la production chinoise s’oriente vers… le marché chinois.

    Bref il faut plus d’économie autocentrée et moins de mondialisation pour limiter les risques de conflagration et de répercussions en chaine des crises des uns et des autres. Il faut certainement aussi une Europe plus autocentrée au niveau financier, d’où l’idée qui chemine d’un Trésor européen. Anton Brender, chef économiste de la banque Dexia note : « Il faut quelqu’un qui achète les dettes ; or, même à l’échelle de la zone euro, il n’existe pas de Trésor commun. Voilà toute l’ambiguïté de l’Union monétaire européenne. Elle est dotée d’une même monnaie, mais la Banque centrale européenne ne dispose d’aucune autorité en matière prudentielle vis-à-vis des banques ». (Le Figaro, 24.09.08). En d’autres termes : intervenir, prévenir la spéculation et mutualiser les risques. C’est déjà ce qu’affirmait Pierre Hillard dans La marche irrésistible du nouvel ordre mondial, F-X de Guibert, 2007).

    Indépendance européenne ou nouvel ordre mondial ?
    L’ennui, c’est que beaucoup voient toute action européenne comme une simple étape vers une gouvernance mondiale, et que celle-ci dans l’état actuel des choses ne peut être autre chose que la pérennisation de la domination de l’hyper-classe. Alors, comment fait-on ? Et si on revenait aux idées simples ? L’Europe souveraine, l’Europe protectrice de ses nations plutôt que l’Europe tremplin vers le grand marché mondial. Jean-François Jamet suggère de son coté que l’intérêt des pays émergents (surtout les BRIC – Brésil, Russie, Inde, Chine -, et la Turquie) serait d’évaluer leur monnaie non par rapport au seul dollar mais par rapport à un panier de monnaies. « Ce panier pourrait par exemple inclure le dollar, l’euro, le yen – éventuellement la livre britannique et le franc suisse – à proportion du poids de chacune des zones monétaires correspondantes dans les échanges de ces pays. » (Les Echos, 17 décembre 2010). Un usage multipolaire de la monnaie. Ce qui ouvrirait la voie vers un autre ordre mondial. Mais ce n’est pas seulement d’un rééquilibrage dont le monde a besoin. C’est d’une autre conception de la place de l’économie. Le président du forum économique de Davos, Klaus Schwab, constate : « Cette année, l’économie mondiale va croître de 5%. Si ce rythme se maintient, elle doublera de taille en quinze ans, ce qui signifie aussi que l’utilisation des ressources sera multipliée par deux, sauf si bien sur, on parvient entre temps à améliorer l’efficacité énergétique. Dans ces conditions, nous allons être confrontés à un problème de pénurie, un thème qui sera présent dans nos discussions de Davos. » (La Tribune, 26 janvier 2011). La hausse des prix des matières premières y compris les plus vitales, celles des produits alimentaires, est un signe. Ses conséquences politiques, nous les voyons déjà au Maghreb. Parce que cela commence toujours par les plus fragiles. Avant de remonter vers les pays faussement solides. La France par exemple. Développer l’homme et non seulement les biens matériels et l’argent : un sacré défi.

    Pierre Le Vigan (Flashblog, 10 février 2011)

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  • Radicalisation et misère politique...

    Vous pouvez visionner ci-dessous la dernière chronique d'Hervé Juvin sur Realpolitik.tv, en date du 20 janvier 2011.


    Radicalisation et misère politique
    envoyé par realpolitiktv. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

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