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courage - Page 2

  • « Sans courage, nous sommes morts à échéance 2050 » ...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien avec François Bousquet, réalisé par Edouard Chanot pour son émission Parade - Riposte, et diffusé le 21 octobre 2019 sur Sputnik,  à l'occasion de la sortie de son essai Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2019). Journaliste et essayiste, rédacteur en chef de la revue Éléments, François Bousquet a notamment publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015) et La droite buissonnière (Rocher, 2017).

                                    

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  • A bas leurs valeurs ! vivent nos vertus !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à ces "valeurs républicaines" auxquelles les représentants du système ne cessent de faire référence...

     

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    A bas leurs valeurs ! vivent nos vertus !

    L’oligarchie n’a de cesse de nous vanter ses prétendues « valeurs ». Le mot est également repris malheureusement par une partie de la droite quand elle veut, par exemple, opposer sa conception de l’homme à celle de l’oligarchie cosmopolite. Mais que signifie vraiment le mot valeurs de nos jours ?

    Les valeurs sont le faux nez de l’idéologie dominante

    En réalité l’oligarchie nous présente son idéologie sous le couvert du mot « valeurs ». La manœuvre est double :

    -d’une part, capter une partie de l’héritage national à son profit : ce sont les fameuses « valeurs républicaines » dont elle nous rebat les oreilles ;

    -d’autre part, placer son idéologie au-dessus de toute critique et de toute remise en cause, afin de placer celui qui les conteste au ban de la communauté nationale.

    Mais la manœuvre est grossière.

    En fait de « valeurs républicaines », on nous impose l’idéologie cosmopolite en faisant une lecture exclusivement orientée « droits de l’homme » des principes républicains.

    Les valeurs : un révisionnisme historique

     Il s’agit en fait d’un révisionnisme historique qui passe à la trappe le fait que les républicains français valorisaient, au contraire, la nation, la patrie et le pacte social que concluent entre eux les citoyens (et non les étrangers ou les résidents).

    On veut nous faire oublier que les républicains du XVIIIe puisaient leurs références autant et sinon plus dans l’antiquité romaine que dans la lecture des œuvres, au demeurant ambiguës, de Rousseau.

    Les républicains de la IIIe République avaient, en outre, une conception unitaire de la nation : rien à voir avec la promotion actuelle du communautarisme ou avec le « droit à la différence » !

    Les valeurs : un hold-up sémantique

    Les « valeurs républicaines » d’aujourd’hui bafouent la citoyenneté et la nation, puisque l’oligarchie considère que les étrangers sont « chez nous chez eux » et qu’elle souhaite leur donner les mêmes droits politiques et électoraux que les citoyens français, alors qu’elle leur accorde déjà les mêmes droits sociaux, sinon des avantages supérieurs.

    Ces valeurs ne sont donc absolument pas républicaines, car il n’y a pas de res publica, justement, quand on détruit la souveraineté des citoyens et les fondements de la nation. Il s’agit d’un hold-up sémantique sur le mot république, alors que le Pouvoir adopte en tout une pratique contraire aux principes républicains.

    Ainsi, par exemple, quand il nous parle aujourd’hui de laïcité c’est pour faire tout le contraire de la laïcité républicaine : il ne s’agit pas de séparer l’Etat de l’Eglise, mais au contraire d’encourager les collectivités publiques à faciliter l’installation de mosquées en France !

    Les valeurs : un argument terroriste

    Quand l’oligarchie nous parle de « valeurs », non seulement elle ment, mais elle cherche une fois de plus à sidérer ses contradicteurs, par un argumentaire terroriste.

    Ses prétendues « valeurs » ne désignent que son idéologie libérale/libertaire/cosmopolite. Il est donc tout à fait légitime de les contester, comme il est légitime de contester, par exemple, le principe de l’indépendance des banques centrales européennes, qui constituerait, paraît-il, une valeur intouchable, au motif qu’elle figurerait dans un traité international.

    En procédant ainsi, l’oligarchie s’efforce de placer au-delà du débat démocratique les fondements de son pouvoir. C’est d’ailleurs exactement ce que déclarait le président de la Commission européenne : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens (1).

    Ce qui revient à constitutionnaliser en quelque sorte le pouvoir de l’oligarchie, en refusant, au surplus, au peuple le droit de changer de constitution !

    Les valeurs qu’on veut nous imposer sont mortelles

    Les « valeurs » de nos jours sont donc trompeuses. Mais elles sont au surplus mortelles pour la civilisation européenne. C’est d’ailleurs pourquoi les ennemis de l’identité européenne s’empressent de s’en réclamer.

    Car que range-t-on exactement aujourd’hui dans la catégorie de nos « valeurs » prétendues : l’avortement (qui serait un droit de la femme ), le mariage des homosexuels, la licence des mœurs (2), le refus de reconnaître la diversité humaine et notamment celle des sexes, la repentance permanente, l’accueil permanent des « réfugiés », c’est-à-dire en réalité des immigrants en Europe, la suppression de la peine de mort pour les criminels (mais pas pour les victimes), l’abolition des frontières, la perte de la souveraineté monétaire et financière des Etats au profit des banques et des marchés, le gouvernement des juges (3), l’idée que les étrangers doivent avoir les mêmes droits que les Français, même quand ils ne respectent pas nos lois (4), etc.

    Et bien sûr aussi le principe dit de non-discrimination en vertu duquel nous sommes censés renoncer à une liberté essentielle : la liberté de préférer vivre au milieu de nos semblables et de rester nous-mêmes.

    L’inversion des valeurs

    En fait, ces « valeurs » sont morbides car elles constituent l’inversion des principes sur lesquels repose toute société humaine. Ce qui explique aussi que seuls les Occidentaux décadents s’en réclament.

    En effet, celui qui s’en tient à ces commandements refuse de défendre ses frontières et son territoire ; il laisse les étrangers s’installer chez lui ; il considère que les croyances de ces étrangers sont respectables et même meilleures que les siennes ; il abdique sa souveraineté au profit des mécanismes abstraits du marché ; il laisse le crime impuni, il ne fonde pas de famille et ne se reproduit pas. En fait, il est condamné à disparaître et c’est bien ce qui est en train d’advenir en Europe, dans le cadre du Grand Remplacement !

    Nous ne vivons donc pas dans un monde de « valeurs », comme veut nous le faire croire l’oligarchie occidentale, mais dans un monde où justement les valeurs ont été inversées –c’est-à-dire détruites– en Occident : elles n’incarnent pas le Bien mais assurent au contraire la promotion d’un Mal absolu : la fin de notre civilisation.

    L’usage impropre du mot valeur

    L’usage actuel du mot valeur traduit lui-même cette inversion radicale : car à l’origine des langues européennes le mot valeur ne désigne qu’une chose : le courage du guerrier valeureux, face à la mort.

    La valeur relève ainsi de la seconde fonction (la fonction guerrière) et non du calcul marchand. Elle désigne ce qui dépasse la vie humaine et lui donne de la valeur précisément : l’honneur, la foi et la sauvegarde de sa communauté et de sa fratrie notamment.

    Nous sommes donc aux antipodes de la doxa libérale/libertaire qui considère que l’individu est en lui-même sa propre finalité ou qui estime qu’il faut fonder la société sur le vice (c’est-à-dire sur l’intérêt marchand et sur l’égoïsme individuel) et non sur la vertu !

    Les valeurs contre la vertu

    Précisément, la promotion bruyante de ces prétendues valeurs, sert de nos jours à faire disparaître toutes les vertus civiques qui non seulement s’enracinent dans notre identité européenne, mais permettent seules à une communauté d’exister et de se projeter dans l’avenir. Car ce que l’on promeut sous le terme de valeur constitue tout simplement l’antithèse de toute vertu.

    Le mot « valeur » est désormais en toutes choses suspect et devrait toujours s’écrire entre guillemets. Car il appartient à la langue de nos ennemis. Car il traduit le projet de nos ennemis.

    C’est pourquoi il ne faut pas employer ce mot, qui recouvre des marchandises frelatées et des intentions perverses.

    Nous avons besoin de vertus et non de valeurs

    Aujourd’hui les Européens n’ont que faire de valeurs, car l’heure n’est plus aux débats scholastiques.

    Nous avons, par contre, un urgent besoin de retrouver en Europe les vertus de nos ancêtres, notamment :

    –     le courage d’abord, y compris physique, de défendre notre civilisation, notre peuple et notre territoire, aujourd’hui menacés ;

    –     la volonté de surmonter les obstacles à la survie de notre civilisation, au lieu de la lâche résignation à l’inacceptable ;

    –     le dévouement à la chose publique, la préférence pour l’intérêt général sur les intérêts particuliers et l’engagement du citoyen dans la vie de sa cité, au lieu de s’en remettre en tout à l’Etat ;

    –     la préférence charitable pour notre prochain dans le malheur et dans le besoin et la préférence pour nos concitoyens (et non la préférence pour les Autres) ;

    –     la tempérance, au lieu de s’abandonner au consumérisme compulsif ;

    –     la foi dans l’avenir de notre civilisation ;

    –     la fidélité à nos ancêtres et à leurs sacrifices (et non la repentance perpétuelle et manipulée) ;

    –     le sens de l’honneur et le respect de la parole donnée ;

    –     le sens de la liberté, non comme une autorisation de licence, mais comme maîtrise de soi et de son destin ;

    –     la préférence pour la vérité (alors que le Système est aujourd’hui bâti sur le mensonge).

    Les « valeurs » ont la tromperie facile car elles ne sont qu’une rhétorique. C’est pourquoi les politiciens s’en parent si facilement de nos jours. Les vertus, elles, se démontrent par les actes car elles incarnent des principes de vie.

    L’avenir de l’Europe ne réside pas dans les mensonges mortels qu’on veut nous imposer. Il réside dans nos anciennes vertus, qui sont aujourd’hui en dormition : les vertus gauloises, les vertus franques et scandinaves, les vertus gréco-romaines et les vertus chrétiennes. Car ce sont ces vertus seules qui ont bâti notre civilisation et qui lui ont permis de rayonner.

    A bas leurs valeurs ! Vivent nos vertus !

     

    Michel Geoffroy (Polémia, 25 novembre 2015)

     

    Notes :

    1- Jean Claude Juncker, le 29 janvier 2015.

    2- On dit libération des mœurs en novlangue.

    3- On dit indépendance de la justice en novlangue.

    4- On dit sans-papiers ou réfugiés en novlangue.

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  • La voie virile ?...

    Les éditions Le Retour aux sources viennent de publier La voie virile, un essai de Jack Donovan, préfacé par Piero San Giorgio. Américain, Jack Donovan évolue dans la mouvance survivaliste et anarcho-nationaliste de son pays et collabore à la revue American Renaissance. Il nous livre une mixture idéologique assez étrange qui tient à la fois de Fight Club et de Délivrance... A consulter par curiosité...

     

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    " Qu’est-ce qu’un homme ?
    Comment fonctionne-t-il ?
    Quelles valeurs l’animent depuis toujours ?
    Pour Jack Donovan, ces valeurs éternelles sont : Force, Courage, Maîtrise et Honneur.
    Depuis un certain temps, la société occidentale a déclaré la guerre à la virilité : théorie du genre, féminisme, mondialisme, déracinement.
    Jack Donovan relève le défi.
    Il balaie l’échiquier d’un poing rageur.
    Son projet : détruire cette civilisation pour libérer les hommes afin qu’ils retrouvent leur vraie nature.
    Il nous invite à accomplir un vrai « retour aux sources »… "


    Qu’est-ce que la « masculinité » ? Introduction... par Scriptomaniak

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  • Courage, vraiment ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Philippe Bilger, cueilli sur son site Justice au singulier et consacré à l'inflation des grands mots dans le langage politique contemporain...

     

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    Courage, vraiment ?

    Il faut arrêter de galvauder les vertus fondamentales, les valeurs essentielles.

    A la suite de l'intervention multipliée du président de la République et des mesures qu'il a annoncées à trois mois du premier tour de l'élection présidentielle, l'UMP, inspirée par Jean-François Copé, a d'une seule voix vanté le "courage" de Nicolas Sarkozy (Le Figaro).

    Sur Twitter, il y a quelques jours, j'avais plaisanté lorsqu'avant même l'émission présidentielle, Jean-François Copé avait donné le mot d'ordre du "courage". Je m'étais demandé si son "courage" était de se représenter.

    Mais, au-delà de cette boutade, cette invocation du courage pose un problème beaucoup plus sérieux. Sommes-nous en guerre ? Le président affronte-t-il la mort en Afghanistan ? Vit-il dans certaines cités où des malfrats et trafiquants interdisent l'accès à la police ? Au quotidien, le risque pèse-t-il sur son existence ? Le confort a-t-il déserté le pouvoir élyséen ?

    Je ne me moque pas. Je voudrais seulement qu'on n'appliquât pas à des attitudes politiques, sincères ou tactiques, un qualificatif qui les rehausse et les fasse prendre pour une audace inouïe quand tout au plus elles représentent un pari, un défi, au mieux, si on est indulgent, du courage intellectuel.

    Mais ce serait du courage intellectuel véritable de la part d'une personnalité qui n'aurait pas manifesté depuis longtemps - pourquoi ne pas la croire ? - qu'un second quinquennat n'était pas son obsession et que sa vie, s'il était battu, pourrait se poursuivre agréablement, luxueusement. En effet, depuis 2007, tous les citoyens ont mesuré à quel point l'argent représentait, pour Nicolas Sarkozy, une donnée capitale : celui qu'on donne, qu'on prend, dont on rêve. Je ne ferais pas la même analyse pour un François Mitterrand mettant son ambition en jeu en soulignant, à un moment crucial, son hostilité à la peine de mort. Il brûle symboliquement ses vaisseaux alors qu'il était tenaillé par l'envie de naviguer jusqu'au bout et qu'il l'a, enfin, assouvie.

    Au-delà du contenu intrinsèque des propositions formulées par le chef de l'Etat, je ne suis pas convaincu par cette coquetterie permanente et à la longue lassante qui est aussi éloignée de l'authentique courage que la caricature de son modèle. On ne peut que constater, avec ce louvoiement qui ne trompe plus personne, que le président, candidat depuis longtemps, le sera donc jusqu'au bout (Le Monde).

    Surtout, j'ai toujours dénié qu'il y ait du courage dans l'expression d'une intelligence libre. Combien de fois, sans présomption, me suis-je insurgé contre l'assimilation qui était faite, avec une infinie amabilité à mon égard, entre la spontanéité d'un propos et un quelconque courage ! Pour moi, le tour de force aurait été au contraire de dissimuler ma pensée mais, n'étant pas un politique, cette ascèse m'a été épargnée.

    Trop souvent, cette surestimation ne vise, pour les pleutres, les trop polis et les lâches, qu'à se faire pardonner de ne même pas livrer un combat sans danger. Le courage intellectuel est l'excuse de ceux qui en manquent - comme s'il en fallait pour penser, parler et écrire - ou le privilège trop exploité de ceux chez qui il coule de source, comme une évidence, puisqu'après la pire empoignade qui soit, les esprits demeurent saufs comme les corps.

    Même pour un soutien inconditionnel, on devrait réfléchir. Il y a d'autres qualités qui peuvent être prêtées au président par ses partisans. Le courage, non, quand sur le terrain, en France et loin de notre pays, pour les soldats, les policiers, tant de gens exposés, cette vertu n'est pas un mot mais une réalité qui est leur honneur et, parfois, un ultime et vain barrage contre leur mort.

    Philippe Bilger (Justice au singulier, 30 janvier 2012)

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  • Le philosophe, le voyou et le légionnaire...

    Nous reproduisons ci-dessous un très beau texte de Michel Lhomme, cueilli sur le site Theatrum Belli. Professeur de philosophie, Michel Lhomme collabore régulièrement aux revues Eléments et Nouvelle Ecole.

     

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    Le philosophe, le voyou et le le légionnaire

     

    "Le guerrier est grand non parce qu’il tue, mais parce qu’il meurt. Ou parce qu’il sait qu’il va mourir et y consent, et que ce n’est pas si simple que cela, d’accepter de mourir".                                                                   

    Charles Péguy.

     

    Pour trop d’éducateurs formatés, il y aurait une incompatibilité entre l’institution militaire et l’enseignement philosophique et l’image commune de l’enseignant de philosophie demeurerait celle d’un libertaire crasseux ou d’un anarchiste névrosé, réprouvant l’ordre et la discipline et enseignant à ses élèves la révolte et l’insoumission. Pourquoi ?

    La philosophie en appelle à la pensée et comme aimait à le répéter le vieux radical Alain, "penser, c’est dire non". On imagine le philosophe nihiliste, ami des délinquants et copain des voyous. Disons-le de suite, au risque de déplaire, il y a un peu de vrai dans l’image. Le premier acte mythique d’Apollon, dieu de la parole, fut de cracher dans la bouche de son premier devin. L’attitude philosophique consiste à s’arrêter en face de faits qui vont apparemment de soi et à les remettre en question. Remettre tout en question, ce n’est pas, on le comprendra aisément, la tasse de thé des officiers, fussent-ils anglais, comme des policiers ! Le nouvel enseignant de philosophie qui débarque dans un lycée militaire, semble demeurer une source d’inquiétude pour son proviseur. Pourtant, on imagine mal s’en prendre dans les lycées à la philosophie alors que tout à l’extérieur conspire à anéantir l’esprit critique des étudiants. La philosophie risque même d’être, dans le désarroi général des pédagogies de la compétence, des psychologies de la résilience, et des accompagnements personnalisés, le seul espace, l’unique espoir de stimuler le désir d’en savoir plus, par l’aiguillon de la parole et le retour sur soi, une primitive méditation qui ferait découvrir, au seuil de chaque classe franchie, l’émerveillement de l’intellect et la stupéfaction de la connaissance. Une fois sorti de la tourmente de l’interrogation et du refus, le regard du jeune sceptique s’illumine en comprenant que toute l’éducation ne vise qu’à bien savoir conduire sa vie, à faire percevoir ce que nous sommes destinés à devenir, à combattre.

    On pourrait rédiger une longue étude sur cette puissance formatrice de la formation littéraire classique, mise au sommet de notre éducation au moment précis de la déthéologisation révolutionnaire. Pour instaurer l’école laïque, on introduisit l’enseignement philosophique comme une rhétorique moralisatrice qui prétendait se substituer à la religion. Une éloquence conceptuelle supplanta l’éloquence jésuitique devenue trop littéraire et latine. Les professeurs de philosophie endossèrent alors sans le dire le manteau des grands prédicateurs et des grands prêcheurs pour éduquer et moraliser les apprentis citoyens.

    Pourtant, face à face, sur l’échiquier de la vie et au fond de la classe, on retrouvait, souvent, côte à côte le voyou et le futur légionnaire. Le voyou se plonge dans le refus et la négation parce qu’en réalité, il n’acquiesce qu’à lui-même. Le légionnaire se sacrifie, il passe Noël loin des siens et même pour certains, - requiescat in pace, pax animae suae - ne finissent pas l’année parce qu’ils obéissent sur le front en se refusant à eux-mêmes. Le voyou et le légionnaire posent le plus fort des dilemmes qui se pose à un homme : devons- nous supporter ou nous surmonter et comment ? Par les sens, ou par la transcendance ? En fait, nous n’avons rien d’autre à tester que cette double possibilité : peser et penser par les sens ou par la transcendance ! Supporter ou se surmonter comme méthodologie de la liberté, doigt militarisé sur la couture du pantalon avec le sens canaille de la magnanimité et de la gâchette ou l’esprit rebelle du règlement de compte au pied d’une barre d’immeuble désaffecté de Marseille.

    Le travail philosophique est artisanal. Il n’a rien du professionnalisme des armées. Pour le voyou, la philosophie n’apporte rien d’autre que l’art de retrouver la bonne voie, la rectitude c’est-à-dire la joie même du refus initial. Cette notion de liberté fondamentale qu’est la liberté de vouloir est le plus souvent un mot galvaudé. Généralement pour l’homme non-philosophe, la « vraie » liberté, celle qui a un sens, c’est l’ensemble des libertés d’agir. Et, l’éducation n’est devenue justement que cela, une somme de libertés d’agir, de revendications stridentes, de droits affichés au détriment des devoirs, des politiques éthiques construites au gré de lois mémorielles qui muent les oublis en délits véritables ? Quand allons-nous enfin nous « surmonter », apprendre à chevaucher des cavales rétives et des étalons sauvages, réentendre le bruit de sabots d’une horde de chevaux qu’on rentre au haras, après un pari européen victorieux ?

    Dans ses Principes de la Guerre, le maréchal Foch écrivait qu’"être discipliné ne veut pas dire encore se taire, s’abstenir ou ne faire que ce que l’on croit pouvoir entreprendre sans se compromettre, l’art d’éviter les responsabilités, mais bien agir dans le sens des ordres reçus, et pour cela trouver dans son esprit, par la recherche, par la réflexion, la possibilité de réaliser ces ordres ; dans son caractère, l’énergie d’assurer les risques qu’en comporte l’exécution" (1).

    Le voyou, la caillera qui fuit la peur au ventre avec son scooter dans les parkings de la cité pour échapper aux flics après un larcin, le militaire engoncé dans son char ou son matériel sur une route cabossée et poussiéreuse de Kapisa, connaissent quelque chose de la vie, cette correspondance si étroite entre le corps et l’âme, ce mariage si problématique qu’on ne saurait sous la peau distinguer l’un de l’autre puisqu’il faut bien, au final, ramener l’âme au corps comme on ramène à la caserne son camarade blessé pour lui sauver la peau, oui, et, risquer sa peau. Dans la peur, le jugement se perfectionne et l’âme se raffermit. Quand le choc des armes brise le corps et paralyse les membres, la raison chancelle, l’esprit et la langue s’embarrassent. Tout s’affaisse à la fois et manque sa cible.

    La philosophie n’enseignerait que la force du refus et mesurerait par cette force de résistance aux penchants du corps les degrés variables de la qualité des âmes. C’est l’image d’Alexandre le Grand : à la traversée d’un désert, l’empereur macédonien, mourant de soif reçoit un casque plein d’eau. Boire, tremper ses lèvres, avaler une gorgée, tel est le désir d’Alexandre le plus naturel et le plus pressant. Or, Alexandre ne boit pas, ne boira pas. Il n’aura pas l’indécence d’étancher sa soif devant son armée, tout autant assoiffée que lui. Il est empereur et seul peut être autorisé à gouverner celui qui se gouverne lui-même. Ce fut d’ailleurs la leçon indirecte de l’affaire DSK : la providence écarte naturellement l’homme injuste. Alexandre s’interdit de boire car il sait qu’on ne peut pas légitimement demander aux autres plus qu’on ne se demande à soi-même. Ainsi, Alexandre, formé par Aristote, peut-il être conducteur d’hommes, ainsi pourra-t-il obtenir d’eux le courage de marcher malgré les affres de la soif et de la chaleur, des vapeurs et des mirages du désert. Le geste d’Alexandre force l’estime des soldats mais aussi l’estime qu’Alexandre peut avoir pour lui-même. Dans ce déploiement de la force d’âme formée philosophiquement, l’empereur fait resplendir les valeurs morales au nom desquelles s’effectue la vertu. Alexandre, c’est la vertu du légionnaire.

    Reste la racaille, la "caillera", la petite frappe, le bouffon. Il se laisse aller, il n’est heureux ou malheureux que selon que les choses qui lui surviennent, selon qu’elles sont, pour lui, agréables ou déplaisantes. Il a l’esprit du système du corps pas celui de corps. Finalement, il est conformiste dans l’art du consommable malgré la force de refus que nous avions cru pouvoir déceler en lui un peu plus tôt, au début, lorsqu’il se mettait au fond de la classe. On comprend que tous les hommes ont cette force de refus mais que tous n’ont pas le même courage et n’en font pas du tout le même usage. Il y a ceux qui l’exercent avec droiture et ceux qui, par lâcheté ou pour n’avoir pas reçu d’enseignement philosophique, manquent d’âme. On n’a pas par nature une âme de lâche ou de courageux mais on fait preuve dans l’acte de courage ou de lâcheté. Et cela ne va pas sans une éducation nécessaire de la volonté, sans l’apprentissage par des exercices spirituels et moraux.  La volonté n’est pas un effet de mère nature mais elle est une conquête de la volonté raisonnable et réfléchie, une conquête intellectuelle par l’action et pour l’action. En ce sens, la formation philosophique de l’âme est pragmatique et non pas imaginaire, comme si elle aurait pu être, telle la position critique et bien naïve des déconstructeurs postmodernes, qu’un rapport imaginaire à soi-même, l’effet d’affects morbides ou le résultat de stratégies sociales de pouvoir, acharnées à discipliner et à réprimer l’énergie désirante.

    L’expérience du philosophe, du voyou et du légionnaire est une attention équivoque au terrain des expériences de la vie, à toutes ces expériences bigarrées qui ne se vivent que comme un affrontement de tensions contradictoires, de déchirements internes entre des postulations opposées, horizontales ou verticales, descendantes ou ascendantes. Tout homme parce qu’il a forcément, un jour, un peu trop bu, a eu l’expérience de ce genre de débat interne, il a connu les affres du désir et c’est peut-être pour en rendre compte que toute une tradition orale et vivante de la transmission philosophique ne cesse de se dérouler, dans certains cours, à la fois comme une transmission psychique et une tradition somatique. Concevoir le vrai de l’homme dans l’unité de forces physiologiques contradictoires, de dimensions psychiques hétérogènes résumerait alors en soi tout le projet philosophique. Mais alors comment puis-je être à la fois le voyou et le légionnaire, celui qui a soif et celui qui s’interdit de boire, celui qui s’irrite et celui qui garde son sang froid ? Il y a là, pour le philosophe et l’officier commandeur d’hommes, une étrangeté typique de l’humanité. De fait, sous l’empire de la soif, l’animal boit ou meurt ; sous l’empire de la peur, il fuit. Le courageux, au contraire, met en œuvre une force qui domine la peur, contrôle le tremblement nerveux et s’avance fermement au devant du danger, fut-il légal ou illégal.

    Finalement, le voyou et la racaille incarne, par son absence de contrôle, la figure déchue du commerçant, le légionnaire, celle noble du guerrier, du templier fondateur d’empires européens.  Le philosophe porte trace du clerc célibataire et inutile, dernier témoin de l’école de la discipline civique, bouclier ultime contre la rébellion que la "caillera", au contraire du légionnaire, n’hésitera pas à poignarder, dans une scène hallucinée, comme un pistolet pointé contre tous les manuscrits en menace de l’agonie littéraire. L’agonie, l’agôn, le mot signifie, originellement, lutte et combat. Ce peut être un combat hilarant mais aussi un ring déchirant contre les mots et les choses qui s’enfuient. La leçon du voyou et du légionnaire : il n’y a pas de compréhension possible du monde ;  il n’y a qu’un usage sans cesse recommencé et aléatoire du monde. La connexion entre les deux ne tient que de l’antagonisme, dans l’aveuglement du rêve qu’ils poursuivent gaiement.

    Le philosophe souffre parfois de terribles maux de têtes. Il ne peut ni dormir ni écrire, expérimentant pendant quelque temps la douleur de l’incompréhension de nombreux textes à déchiffrer. Cette douleur mentale, faite aussi de migraines médicales, lui permet de parvenir à séparer sa tête de soi-même. Platon, Hegel et Marx ont souvent ironisé sur cette tête à l’envers du penseur mais cette douleur devient indissociable de ce qui lui arrive dans la vie comme une sorte d’instinct paranoïaque. Le voyou exhale dans le crime une forme de puissance alors que la meilleure chose à faire est de s’offrir à l’action aussi pure que possible.

    Nous ne saurions pardonner à toute la classe politique d’avoir engendré de la boue pour des générations à venir. La rébellion et le sacrifice sont des distorsions mais ils continuent de tenir du beau et du vrai alors que les politiques ne produisent que du chagrin, de la déception, de l’injustice et de la cruauté. En face, la philosophie est militante dans son exigence à la fois héroïque et sacerdotale de poser la destinée humaine comme ouverte et tragique.

    Michel LHOMME, professeur de philosophie (Theatrum Belli, 2 janvier 2012)

    (1) Maréchal Foch, Des principes de la guerre, Paris, Berger-Levrault et Cie, 1903, p. 94

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  • Des nouvelles des Pikkendorff...

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    Les Pikkendorff incarnent dans l'oeuvre de Jean Raspail les valeurs de la vieille aristocratie européenne, celles de l'honneur, du sens du devoir, du courage et de la lucidité. Le dessinateur de bandes dessinées Jacques Terpant a donc décidé de leur consacré une saga, dont le premier cycle est composé des trois tomes de Sept cavaliers... publiés chez Delcourt entre 2008 et 2010, et le deuxieme, intitulé Le Royaume de Borée est à paraître et comportera quatre volumes

     

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    "Le blasonnement des armoiries des Pikkendorff est : coupé de sinople sur gueules, à un faisceau de trois lances de combat d'or brochant, deux en sautoir et une en pal, brisée. Illustration de la devise: Je suis d'abord mes propres pas. 
         On notera que ces armoiries sont irrégulières au regard de l'héraldique puisqu'on ne peut mettre ni couleur sur couleur, ni métal sur métal. Ce sont des armes dites "à enquerre" qui incitent à s'enquérir des raisons pour lesquelles on a contrevenu aux lois du blason (tel Godefroy de Bouillon portant : d'argent à la croix potencée d'or). L'origine en est en général un haut fait d'armes..."

     

    Vous pouvez visionner ci-dessous un entretien très intéressant avec le dessinateur Jacques Terpant à propos de son adaptation et de son interprétation de l'oeuvre de Jean Raspail...

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