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bien-pensance - Page 11

  • Le féminisme et ses dérives...

    Les éditions de Paris viennent de rééditer Le féminisme et ses dérives - Rendre un père à l'enfant-roi, un essai de Jean Gabard, qui avait été initialement publié en 2006. Professeur, l'auteur a commencé son parcours dans les années 70 dans la contre-culture libertaire, pacifiste, écologiste et féministe avant d'en arriver, au fil du temps et de l'expérience , à devenir très critique sur les dérives de l'idéologie féministe et sur les dégâts qu'elle a provoquée dans l'éducation des enfants.

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    "Oser critiquer un certain féminisme valait, il y a peu, d'être taxé de réactionnaire, mais aujourd'hui le sujet peut être traité sans œillères. Cet essai vient relancer le débat. Il montre comment, au nom d'une certaine idée de la liberté et de l'égalité, une idéologie " moderniste " qu'il faut bien appeler " féministe " puisqu'elle s'oppose radicalement à l'idéologie mise en place par l'homme, devient à son tour dominante. Il ne s'agit pas de ressusciter ici la traditionnelle guerre entre l'homme et la femme, mais de rappeler les rapports difficiles entre le sexe dit fort et le sexe prétendu faible. Après avoir dessiné les grandes lignes d'une confrontation qui va de l'installation de la société patriarcale à sa contestation moderne, l'auteur dénonce la " bien-pensance " actuelle vis-à-vis de l'idéologie féministe. En effet, au nom de la nécessaire émancipation de la femme et de la juste lutte contre l'oppression qui, dans bien des pays, fait d'elle un sujet de condition inférieure, le féminisme en vient à nier la différence des sexes et à diaboliser l'homme perçu comme inutile. Ce nouveau dogme gynocentriste, qui est en train d'accoucher d'une société sans pères et sans repères, a de redoutables conséquences dans les domaines de l'évolution de la famille et de l'éducation des enfants. Dans cet essai, l'auteur ne se contente pas de dénoncer les dérives féministes (qui sont aussi celles de la démocratie), il s'attache aux racines mêmes du malaise de notre société et dénonce aussi le machisme et l'intégrisme qui, partout, se font menaçants. Procédant selon une approche pluridisciplinaire, il aborde le sujet sous les angles historique, sociologique, psychologique, politique, économique, symbolique...En ciblant tour à tour les faiblesses de l'idéologie machiste et celles de la nouvelle idéologie féministe, l'auteur invite les hommes et les femmes à ne pas s'enliser dans un manichéisme stérile mais à sortir de la confusion et des illusions pour inventer ensemble un projet adulte. "

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  • Chérie, j'ai rétrécie le peuple !...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Christophe Guilluy publiée sur le site Les influences. Christophe Guilluy est l'auteur d'un essai intitulé Fractures françaises (Bourin, 2010), qui a bousculé quelques dogmes de la bien-pensance.

     

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    Chérie, j'ai rétrécie le peuple

    Dans l’espace médiatique et politique, certains think tanks pèsent plus que d’autres. C’est le cas, dans la période récente, de la fondation progressiste Terra nova et de l’Institut Montaigne. Si l’un est classé à gauche et l’autre plutôt à droite, les deux sont libéraux et donc en phase avec les choix économiques de la classe dirigeante ce qui n’est pas vraiment surprenant puisque, de gauche ou de droite, ces laboratoires d’idées sont financés par les mêmes donateurs, pour l’essentiel, on retrouve des entreprises du CAC 40.

    Le problème est que ces cercles de réflexions ne se contentent pas de faire la promotion du libre-échangisme. Ils produisent aussi de « la représentation sociale ». Et, force est de constater, que, en la matière, ils ont été plutôt efficaces. Les analyses sociales de la fondation Terra Nova ont ainsi très largement été adoptées par le parti socialiste. L’idée que la gauche devrait se concentrer sur un nouvel électorat constitué par des couches supérieures et les minorités, en abandonnant au passage la classe ouvrière, imprègne déjà le PS d’en haut. De la même manière, l’institut Montaigne contribue à imposer l’idée que l’avenir des classes populaires et de la jeunesse se joue désormais en banlieue. L’ennui est que l’essentiel des classes populaires et de la jeunesse populaire ne vit pas sur ces territoires. De gauche à droite, les think tanks libéraux diffusent ainsi une vision très restrictive des classes populaires. Le problème est que cette représentation est désormais adoptée par une majorité des classes dirigeantes.

    L’invisibilité des classes populaires majoritaires à l’écart des grandes métropoles

    Il faut dire que l’idée d’une société divisée entre des classes supérieures et moyennes et des catégories populaires issues de l’immigration a un grand mérite : elle permet de mettre en avant des catégories sociales en phase avec la mondialisation. Cette sociologie est d’ailleurs précisément celle des grandes métropoles c’est-à-dire des territoires qui ont le plus bénéficié de la mondialisation. Dans cette représentation, les catégories populaires, pourtant majoritaire, et qui vivent à l’écart des métropoles dans des espaces périurbains, ruraux et industriels, disparaissent, avec elles, la question sociale. Cette dernière laisse alors la place à une question sociétale, celle de la place des minorités ; soit une thématique bien peu subversive pour les tenants du libre-échange mondialisé.

    Exit la question sociale, exit aussi la recomposition sociale sans précédent à laquelle on assiste avec l‘implosion de la classe moyenne et l’émergence d’une nouvelle classe populaire. S’il n’existe pas de conscience de classe, l’employé du lotissement pavillonnaire, l’ouvrier rural, l’indépendant, le chômeur du bassin minier mais aussi le petit paysan se reconnaissent dans une perception commune de la mondialisation et de ses effets. Cet ensemble forme désormais un ensemble socio-culturel cohérent et définit les contours d’une nouvelle « classe populaire ». Une classe populaire qui s’abstient beaucoup pour les élections, à l’exception notable des Présidentielles.

    Christophe Guilluy (Les infuences, 22 octobre 2012)

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  • La candidate du puritanisme éthique...

    La candidate du puritanisme éthique ?... Vous l'avez reconnue, cette candidate aux présidentielles de 2012, c'est Eva Joly... Et Philippe Bilger ne la rate à la suite de sa sortie grotesque sur le 14 juillet... Le texte est tiré de son blog Justice au singulier.

     

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    Eva Joly est dangereuse

    La mort, le deuil et les absurdités.

    J'en veux beaucoup à Nicolas Hulot, qui a fait gagner Eva Joly à force de maladresses politiques tellement ostensibles qu'elles apparaissaient délibérément suicidaires. Puisque la meilleure, Cécile Duflot - encore remarquable il y a quelques jours sur France Inter -, désirait passer son tour, on aurait préféré, pour le combat présidentiel, cet homme plutôt que cette femme, ce Français plutôt que cette Franco-Norvégienne, le maniement de notre langue plutôt par celui-là que par celle-ci, la culture et l'histoire de l'un plutôt que celles de l'autre.

    Parce que Marine Le Pen s'est étonnée à plusieurs reprises de la légitimité de cette candidate - si François Bayrou avait cédé à ses exigences, elle serait aujourd'hui au MoDem ! -, je sais qu'il est interdit d'enfourcher la même monture (jdd.fr). Il n'empêche que la dernière "sortie" d'Eva Joly remet dans le débat cette question lancinante. Ne faudrait-il pas soumettre les candidats à l'élection présidentielle aux mêmes apprentissages et épreuves que ceux qu'on impose aux étrangers désirant séjourner durablement dans notre pays ?

    Eva Joly a annoncé qu'elle supprimerait le défilé militaire du 14 juillet pour le remplacer par un défilé citoyen si la démocratie française tombait sur la tête et l'élisait (lefigaro.fr). Il n'y a pas de quoi s'indigner. C'est plutôt pathétique, comme l'a souligné à juste titre Henri Guaino. Cette intention, qui se veut provocatrice, est surtout ridicule et démagogique. Elle flatte la pente facile du pays et croit jouer sur du velours alors s'elle s'exprime sur du sang versé et un courage au quotidien dont nous ferions bien de nous inspirer dans nos missions civiles. Je ne doute pas une seconde que certains applaudiront Eva Joly, persuadés qu'on est profondément française parce qu'on a su placer en détention provisoire des puissants ou prétendus tels et qu'on a le culot, en pleine tragédie internationale, de lancer, pour voir en quelque sorte, un brûlot bête et méchant.

    Je parie aussi que l'avenir nous confrontera de sa part à d'autres inepties du même type. Il est évident qu'elle ne cessera de nous menacer d'un puritanisme éthique qui est aussi éloigné de la morale publique que j'appelle de mes voeux, que la République d'une authentique liberté d'expression. Je crois également ne pas me tromper en prévoyant des médias aussi enivrés par l'autorité et le simplisme de cette personnalité atypique qu'ils l'ont été dans les portraits qu'ils lui ont consacrés à foison sans que jamais ils aient osé introduire de la réserve et de la critique dans la relation d'un parcours professionnel qui les aurait justifiées.

    Parce que  je ne rêve pas, comme elle, d'une présidence "des accents et du sang mêlé" - quel conformisme rentable !- pas plus qu'ambiguë dans ses choix, ses fonctions ici ou là et ses inclinations, qu'on ne vienne pas m'opposer que je serais un suppôt du racisme. Je ne fantasme sur aucune pureté française ni ne m'enivre d'un quelconque "pétainisme". Je n'ai pas le moindre goût pour les expulsions gratuites. Je ne veux pas vider la France de ceux qui l'aiment et la respectent. Les étrangers, de quelque nationalité qu'ils soient, nous honorent grâce à leur présence quand ils honorent la France et ses valeurs. Je me contente seulement d'aspirer à un président de la République qui serait français sans équivoque ni confusion et dont la première mesure ne serait pas de porter atteinte à une date, à un symbole, à l'histoire de notre pays.

    Ce serait la moindre des choses, non ?

    Philippe Bilger (Justice au singulier, 15 juillet 2011)

     

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  • Robert Ménard : “On n’ose plus braver la censure”

    Nous reproduisons ici un entretien entre François d'Orcival et Robert Ménard, ancien responsable de Reporters sans frontières, publié par Valeurs actuelles dans son numéro du 1er avril 2010.

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    Il a animé pendant vingt ans l’association Reporters sans frontières qu’il avait fondée, défendant sur tous les fronts la liberté des journalistes. Aujourd’hui directeur de la revue "Médias", il a publié (en 2003) un livre intitulé "la Censure des bien-pensants" avant de raconter ce que fut sa bataille contre la censure chinoise dans "Des libertés et autres chinoiseries", en 2008. Robert Ménard fut porté en triomphe par ces mêmes médias qui le dénoncent aujourd’hui, pendant que quelques sites Internet font de lui la cible d’attaques ignobles. Pourquoi ? Il s’en explique pour "Valeurs actuelles".

    Où en est la liberté d’expression? En France, tout le monde est “pour” mais chacun ajoute : “sauf…”. On a remplacé ce que fut la censure de l’Église aux siècles anciens, ou la censure d’État, par celle des associations. Chaque lobby, chaque sensibilité, chaque communauté se crée ainsi un espace où il est désormais impossible de parler librement. Des coalitions d’intérêts se sont constituées, qui, chacune dans sa “niche”, entendent faire la loi. À quoi s’ajoute une judiciarisation générale. Chaque fois que vous prononcez un mot qui n’a pas l’heur de plaire à tel ou tel, on vous menace des tribunaux. D’où l’effet d’autocensure : la seule menace d’un procès fait de vous un paria, vous êtes disqualifié et vous finissez par perdre toute liberté.

    Le plus surprenant est que les médias se soient à ce point mis de la partie… Comme les journalistes ne veulent pas prendre le risque de choquer tel ou tel, d’avoir des soucis avec tel ou tel lobby, l’autocensure qu’ils pratiquent est bien plus puissante que toutes les pressions économiques ou politiques. Un exemple : responsable des Éditions Mordicus, je viens de publier un livre intitulé Peut-on tout dire ? avec Dieudonné et Bruno Gaccio. Avant que ce dernier n’accepte, nous avons eu les pires difficultés à trouver un contradicteur à Dieudonné : des “grandes gueules” comme Bedos ou Tapie ont refusé de figurer en couverture par peur de se compromettre. Des libraires ont même affirmé qu’ils ne vendraient pas ce livre et qu’ils envisageaient de boycotter la maison d’édition ! Dieu sait si je ne partage pas les idées de Dieudonné, mais l’ostraciser n’arrange rien ! Les journalistes qui aiment tant dénoncer les pouvoirs se transforment à leur tour en censeurs au petit pied : l’un a le droit de parler, tandis que tel autre ne le “mérite” pas. La France a pourtant besoin de débats, y compris entre points de vue extrêmes : c’est cela qui renforce la cohésion nationale.

    Quels sont donc les sujets qui ont provoqué ces attaques contre vous ? Il y en a deux. D’abord, sur Paris Première, j’ai expliqué, à propos du projet de diffusion dans les écoles d’un dessin animé sur deux petits poissons homosexuels, que ce genre de débat me semblait prématuré en classe primaire. J’ai ajouté que, en tant que parent, je préférerais que mes enfants ne soient pas homosexuels… Évidemment, si l’un d’eux l’était, je ne l’aimerais pas moins. Mais la vie est suffisamment compliquée pour leur souhaiter des difficultés supplémentaires… Que n’avais-je dit ? J’ai immédiatement reçu un tombereau d’injures, on a publié mon adresse sur Internet, menacé ma femme. Quant à ceux qui étaient d’accord avec moi, ils m’ont conseillé de ne plus aborder le sujet. On m’a même demandé des excuses publiques : mais s’excuser de quoi?

    Un mois plus tard, au micro de France Inter, j’ai affirmé à propos de la peine de mort que son application à un criminel comme Dutroux ne m’aurait pas vraiment empêché de dormir… Ajoutant que j’en ai assez de voir classer l’humanité en deux catégories : les gentils opposés à la peine de mort et les barbares de l’autre côté. Là encore, un déluge. J’avais, il est vrai, aggravé mon cas en affirmant, à propos de l’Église et du mariage des prêtres, que la modernité ne me semblait pas être une valeur en soi…

    N’avez-vous pas l’impression que cet état de censure ne cesse d’empirer ? Personne n’ose plus s’y opposer. Même les mots sont pipés.Vous ne devez plus dire “Noir” mais “Black” ou même “non- Blanc”… Désormais, chacun se pose en victime. C’est la loi des groupes de pression. Les politiques en ont peur et les médias abdiquent. Après tout, la formule d’Éric Zemmour était peut-être à l’emporte-pièce, mais enfin, il avait bien le droit de le dire !

    Propos recueillis par François d'Orcival (Valeurs actuelles, du 1er au 7 avril 2010)

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  • Les fers de l'opinion

    Professeur de sciences politiques, Philippe Bénéton a publié en 2000 aux PUF un livre essentiel, intitulé Les fers de l'opinion, qui explique de façon magistrale comment, dans la société qui est la nôtre, les questions qu'il est convenable de disputer se resserrent progressivement, mais inexorablement, comme nous avons pu le constater encore ces derniers jours avec les tentatives de mise à l'index d'Eric Zemmour, de Robert Ménard ou de Philippe Bilger, par exemple... Nous en reproduisons ici un court extrait.
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    "La logique de l'opinion apparaît ainsi comme un mécanisme à double détente. D'un côté (versant relativiste), elle tend à neutraliser les distinctions intellectuelles et morales traditionnelles : telle conduite, c'est son affaire ; telle discipline, elle vaut les autres ; telles cultures, elles sont égales... Corrélativement (versant dogmatique), elle définit de nouvelles règles : quiconque parle autrement manque de tolérance ou manque à l'égalité. Le processus fonctionne comme une machine à trier les jugements autorisés et les jugements non autorisés. La pente de l'opinion ne conduit pas à l'abolition de la morale mais à sa redéfinition. De quelle manière ? Dans le monde dont nous avons hérité, le mal prend mille formes et taraude le cœur de chacun. Dans le nouveau monde moral, le mal est clairement circonscrit, il se resserre, il s'incarne tout entier dans les propos et les attitudes qui blessent l'égalité, la démocratie, les droits de l'homme entendus dans leur version contemporaine ou radicale. Plus particulièrement, il s'incarne dans les mots et les actes convaincus à tort ou à raison de racisme, de sexisme, d'élitisme, d' « homophobie ». Entre les deux morales, il y a sans doute des croisements et des recoupements, mais l'essentiel n'est pas là : le centre de gravité a changé. Il n'est plus dans des vertus objectives auxquelles la liberté est ordonnée, il est dans le nouveau principe d'égalité qui, à certains égards, affranchit la liberté et à d'autres la borne."

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  • La face cachée de l'immigration

    Nous reproduisons ici un texte de Marianne2.fr consacré au livre de Michèle Tribalat, intitulé Les Yeux grands fermés (cf. notre note du 23 mars 2010).

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    Michelle Tribalat dévoile une face cachée de l'immigration

    Dans Les yeux grands fermés, la démographe Michèle Tribalat pourfend la bien-pensance de rigueur en matière d'immigration: statistiques, mensongères, refus de considérer le coût de l’immigration, absence des débats. L’auteur s'inquiète de l'aveuglement complice des pouvoirs publics.

    Le livre aurait pu s’appeler La face cachée de l’immigration. Celle que la France ne veut pas voir sous des prétextes aussi bienveillants que fallacieux.

    « Le modèle français » assimilationniste s’effondre sous nos yeux, et le pays s’interdit les analyses et débats scientifiques qui permettraient de regarder cette France en voie de « désintégration » en face.

    Directrice de recherche à l’Institut national des études démographiques, et spécialiste de l'immigration, Michèle Tribalat tente de pallier cette lacune. La France ne dispose que des chiffres sur les entrées d’étrangers en provenance de pays n’appartenant pas à l’espace économique européen ou encore le solde migratoire qui indique la différence entre les entrants et les sortants, sans prise en compte de la nationalité.

    Des statistiques au « doigt mouillé » selon la démographe mais surtout des statistiques politiquement convenables  puisqu’elles interdisent toute discussion sur le sujet du coût de l’immigration, le développement des mariages mixtes d’où « une ignorance généralisée et des difficultés à imaginer les politiques efficaces ».
    Le syndrome orwellien « qui consiste soit à présenter sous un jour favorable des faits qui dérangent, soit à les dissimuler, soit à incriminer le porteur de mauvaises nouvelles ».

    Le migrant, prototype de l'homme mondialisé

    Michèle Tribalat donne des chiffres. Par exemple ceux des mariages célébrés à l’étranger qui échappent aux statistiques, et qui ces dernières années ont fortement progressé. Dans 56% des cas, ils aboutissent à une régularisation en France. Elle relativise l’apport des populations immigrées sur la fécondité ou le rajeunissement de la fécondation française. « Le coup de jeune est suspendu à la perpétuation de cette immigration et au fil du temps, les filles d’immigrées se trouvent en position d’avoir des enfants mais pas plus que les autres Françaises ».

    Suit une avalanche de chiffres. En 1999, en France, 14 millions de personnes étaient d’origine étrangère soit un quart de la population pour majorité originaires d’Europe du sud (5,2 millions) contre 3 millions d’origine maghrébine.
    En Ile de France, la proportion des populations d’origine étrangère est passée de 16% à 37% entre 1968 et 2005.
    A Blois, un tiers des jeunes sont d'origine étrangère, alors qu'ils n'étaient qu'un sur vingt à la fin des années 60 ; à Grigny, dans l'Essonne, 31 % des jeunes sont d'origine subsaharienne, soit trois fois plus qu'en 1990, ce qui constitue le record de France.

    Les phénomènes de « concentration » s’additionnent. Ainsi la ségrégation sociale s’ajoute à la ségrégation ethnique. Dans le 18è arrondissement 37% des jeunes sont d’origine maghrébine, subsaharienne ou turque et 62% de leurs voisins sont de même origine. Autant de symptômes du déclin de la mixité que Michèle Tribalat assimile à des « stratégies d’évitement ». Un constat, qui impose la nécessité impérieuse de recourir à des données qualitatives : « Elles ont des implications politiques évidentes. Nul doute que les écoles où les petits camarades d’origine française se font rares nécessitent des investissements particuliers ».  

    Sur un plan plus politique, Michèle Tribalat tente de démontrer comment les législations européennes, l’idéologie « droitdelhommiste », l’intrusion du pouvoir juridique et les fantasmes de gouvernance mondiale ont -presque- réduit à néant la marge de manœuvre migratoire française. « Puisque le migrant est le prototype du monde qui vient, il faut une instance supranationale qui s’ajuste à l’univers mondialisé du migrant ». C’est la soupe experte qu’on nous sert.   
    Autre cible, le climat idéologique dans lequel s'élaborent les discours sur l'immigration à partir des sondages sur le racisme commandés par la Commission nationale consultative des droits de l'homme.

    L'immigration comme symptôme d'une société en voie de désintégration

    Un conte de fée global que rien ne doit venir contester et surtout pas la statistique. Se basant sur des études britanniques, la démographe minimise l’argument selon lequel les immigrés sont indispensables à nos économies car « ils exerceraient les emplois que les natifs ne veulent pas faire ». Dans les années 2000, l’afflux massif d’immigrés en Angleterre n’a pas réduit le nombre d’emplois souffrant de pénuries. Il est resté voisin de 600.000 car l’immigration accroît à la fois la demande et l’offre de travail. La France s’interdit toute étude de ce type.

    Salutaire à bien des égards, le livre de Tribalat a les défauts de ses qualités, une approche trop scientifique du sujet. Et c’est chez Baudrillard dans un texte intitulé « Nique ta mère » (1) que l’on trouvera un début d’explication, aussi lumineux que dérangeant, de cet aveuglement : « L’immigration et ses problèmes ne sont que les symptômes de la dissociation de notre société aux prises avec elle-même. La vérité inacceptable est là : c’est nous qui n’intégrons même plus nos propres valeurs et, du coup, faute de les assumer, il ne nous reste plus qu’à les refiler aux autres de gré ou de force. Une bonne part de la population se vit ainsi, culturellement et politiquement, comme immigrée dans son propre pays, qui ne peut même plus lui offrir une définition de sa propre appartenance nationale. Cette société doit affronter une épreuve bien plus terrible que celle de forces adverses : celle de sa propre absence, de sa perte de réalité, telle qu’elle n’aura bientôt plus d’autre définition que celle des corps étrangers qui hantent sa périphérie, de ceux qu’elle a expulsés et qui, maintenant, l’expulsent d’elle-même, mais dont l’interpellation violente à la fois révèle ce qui se défait en elle et réveille une sorte de prise de conscience. Si elle réussissait à les intégrer, elle cesserait définitivement d’exister à ses propres yeux ».

    Régis Soubrouillard (Marianne2.fr, 29 mars 2010)
    (1) Note de Métapo infos : cet excellent texte de Jean Baudrillard est disponible ici.
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