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argent - Page 4

  • L'émergence des guerres criminelles...

    Nous reproduisons ici un article du criminologue Alain Bauer, cueilli sur le site du Nouvel Economiste et consacré à la montée en puissance des organisations criminelles dans le monde chaotique qui nous entoure.

     

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    L'émergence des guerres criminelles

    Longtemps on a vu le criminel comme un individu singulier, parfois épaulé par un petit groupe (une bande, un gang, un posse…) qui, au rythme d’une carrière plus ou moins spectaculaire, construisait une légende ou un mythe. Chefs de gang, meurtriers en série ou de masse ont ainsi construit leur image au rythme du développement des moyens de communication. Quel média pourrait survivre sans sa (ses) page(s) de faits divers ?

    Public, journalistes, et parfois policiers étaient eux- mêmes fascinés par ces “beaux voyous” et quelques road-movies plus ou moins imaginaires mais basés sur des faits réels, condensés dans le temps et dans l’espace.

    Depuis la reconnaissance, un peu forcée, par Edgar Hoover de l’existence de la Mafia aux Etats-Unis, après le “raid d’Apalachin” fin 1957, le crime organisé a trouvé sa place. Mais pendant longtemps, il n’était identifié que par des chefs de file de familles, ayant développé des “business models” marqués par des opérations criminelles classiques (racket, prostitution, trafics) largement sous-estimées. L’industrialisation financière du crime a connu sa première étape marquante dans les années 80 par le siphonage des caisses d’épargne américaines (160 milliards de dollars) puis des banques hypothécaires japonaises (plus de 800 milliards de dollars détournés). Les organisations criminelles russes ne rateront pas les opportunités de la privatisation des années 90 en détournant près de 100 milliards de dollars. Les Mexicains prendront immédiatement la suite en prélevant près de 120 milliards durant la crise “Tequila” en 1994/1995. Puis le crime organisé thailandais en 1997, les Argentins en 1998, avant le retour de la crise des subprimes en 2009 qui cette fois-ci atteindra la planète entière.

    Non seulement la mondialisation criminelle n’a pas attendu celle des Etats, mais elle les a atteints au cœur. De plus, considérant la faiblesse de certains Etats, les cartels criminels ont décidé de recréer des territoires qui ne sont plus limités à quelques jungles difficiles d’accès, comme ce fut le cas pour les FARC en Colombie ou du Triangle d’or birman.

    Ainsi, depuis quelques années, les conflits entre cartels mexicains au nord du pays se sont traduits par des massacres dont la quantification dépasse désormais le bilan des conflits afghans etirakiens réunis. Dans certaines villes mexicaines, de véritables armées, équipées et en uniforme, tentent de prendre le contrôle des localités dans des batailles rangées. C’est d’ailleurs irrégulièrement le cas lors de confrontations avec les garde-frontières américains confrontés à des véhicules blindés des cartels.

    Le 20 septembre dernier, l’un des cartels a ainsi “livré” en pleine ville de Boca del Rio une cargaison de 35 cadavres, la plupart torturés ou mutilés.

    A Karachi, une ville de 20 millions d’habitants, la guerre se poursuit au quotidien et dépasse largement les opérations commandées par des talibans contre l’Etat pakistanais ou les Occidentaux.
    La situation se dégrade au jour le jour au Guatémala, fief des Maras. La piraterie se développe à un rythme quasi exponentiel dans le golfe d’Aden et au large de la Somalie, gagnant des territoires maritimes de plus en plus étendus.

    Les autorités chinoises, souvent discrètes, ont ainsi annoncé publiquement avoir démantelé des triades fortement implantées et arrêté plusieurs milliers d’individus en raison de leurs activités criminelles.

    Les actions de la criminalité organisée sont devenues de véritables opérations militaires, disposant de moyens de plus en plus modernes et capables de se confronter aux forces étatiques les plus structurées, et pas seulement dans des Etats échoués.

    Il semble encore difficile à certains grands Etats d’admettre la réalité d’un monde chaotique qui se développe malgré eux. Les structures publiques rêvent encore d’un espace disparu où seules des superpuissances feraient régner un ordre supérieur, uniquement perturbé par quelques opérateurs criminels se contenant du tout-venant habituel. Il sera toujours temps de forger un concept médiatique pour traiter, après “l’hyperterrorisme”, de “l’hypercriminalité”. En attendant cette révélation tardive, le crime se développe. Il est devenu un acteur financier majeur. Il est en train de se construire un espace géopolitique impressionnant.

    Le rôle des criminologues ne se limite pas à celui de Pythie désespérée ou de Cassandre désabusée. Avec mes collègues Xavier Raufer ou François Haut, dans ces colonnes et ailleurs, notre rôle est d’informer et d’alerter, y compris en tentant de sortir du conformisme ambiant. Nous ne prévoyons ou n’anticipons rien qui n’aurait, sur cette question, déjà eu lieu. Rien de ce qu’un esprit honnête ne puisse constater par lui-même. Le temps stratégique s’accélère au rythme d’Internet. Comme l’enracinement criminel un peu partout sur la planète.
    Il serait temps de se rendre compte de la réalité. Au Mexique, au Pakistan, en Amérique centrale… Et ailleurs.

    Alain Bauer (Le nouvel Economiste, 30 septembre 2011)

    1. Voir notamment son excellent Quelles guerres après Oussama ben Laden, Plon 2011.

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  • DSK Mea culpa TV !...

    Vous pouvez lire ci-dessous un bon billet d'humeur de l'avocat Gilbert Collard, cueilli sur Nations Presse.Info et consacré à l'affligeante opération de com' organisée sur TF1 par la journaliste (?) Claire Chazal au profit de son bon ami DSK...

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    DSK Mea culpa TV

    En France, on disait que tout finit par des chansons, même si c’était « le ça ira » ! Aujourd’hui, tout finit par des émissions de télévision, même si, un jour, çà n’ira plus du tout. Et voilà, comme au bon temps d’Anne Saint Clair, Claire Chazal, claire aussi, qui reçoit DSK au confessionnal cathodique, le seul vrai tribunal de notre temps temps. Il fallait bien que cette affaire de cul triste finisse par…une émission… Peu importe que la présentatrice soit une amie de l’épouse et que le rédacteur en chef la connaisse bien du temps impérial de sept sur sept… Les prises d’intérêts amicales n’ont pas d’intérêt pour les média, qui ne se privent pourtant pas de faire la leçon de morale.

    Et voilà la valse des sondages sans lesquels il n’est pas de rigueur apparente : 53 % des français souhaitent que DSK quitte la politique et 22 % qu’il annonce sa candidature ; 22 % ! On rêve. La presque majorité des français semble se foutre (excusez) de ce qui s’est passé dans la chambre des humiliations. Une belle explication à la télé est le tour est joué, la « réconciliation avec la France commence », comme dit un communiquant de DSK. Et Nafissatou aura-t-elle un droit de réponse ? Sera-t-elle l’invitée du salon où l’on cause d’elle, de sa vie, de son honneur ? Cette unilatéralité est intolérable ! Elle révèle le pouvoir absolu de sélection arbitraire de certains média sur les gens, les images, les paroles, les angles ; ici on invite DSK, pas la plaignante, là, on choisit les ahuris de service pour les interviewer, on traque les crânes rasés, quitte même à les tondre pour les exhiber, on guette le doigt dans le nez, l’instant de sieste, le lapsus, la grimace, la pose ridicule rentable. Jusqu’où ira-t-on dans la caricature médiatique qui réduit l’homme à une fraction de seconde immortalisée par des marchands de méchanceté. Ils se sont regardés ? Ils se sont vus, ces railleurs rémunérés au mois pour se payer la gueule de l’autre ?

     

    Mais, dimanche soir, tout était propre, précis comme l’écriture d’un scénario dit par deux acteurs rodés, robotisés dans les questions et les réponses, du petit cinéma télévisuel. On a eu le DSK vêtu de noir, en deuil de son destin, contrit, repentant, repenti, auteur d’une « faute morale dont on ne peut pas être fier », comme si l’on pouvait être, un jour, fier « d’une faute morale » ? Un DSK qui a confessé « une légèreté qu’il a perdu pour toujours. » Légèreté ? Quel mot léger pour une si lourde histoire. Un DSK qui s’accrochait au rapport du procureur qui n’a pas osé affronter un jury par crainte d’un échec. Ce qui n’est pas un non-lieu. Un DSK aux ambitions inhibées mais qui demeurent voraces. J’ai pensé, tout au long de l’interview, à la femme noire, immigrée, abandonnée, pauvre, traitée de menteuse, qui, quelle que soit la vérité que j’ignore toujours, n’était pas dans cette chambre pour son plaisir. A coup sûr ! Et puis, miracle, soudain, on passe de la chambre au coffre-fort monétaire, et là, l’homme redevient le technicien froid, capable de sauver la finance internationale. Il reprend sa place perdue à cause d’une intrigante illettrée qui en voulait à son fric. Je ne sais ce qu’en penseront les français, les sondages nous le dicteront, mais j’ai ressenti cette émission comme une chose indécente, vulgaire, où l’envie de pardon n’agissait pas. Je peux me tromper. Ce serait alors ma sensibilité qui me tromperait. En tout cas un mot aurait passionné un psychanalyste, un seul mot, lâché en fraude de l’inconscient dans une phrase, « en sus de dizaine de mensonges » En sus ! Sur l’écran noir de la vérité comment s’orthographie ce mot ?

    Gilbert Collard (Nations Presse.infos, 19 septembre 2011)

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  • Qu'est-ce que l'écologie ?...

    Nous reproduisons un texte de Laurent Ozon sur l'écologie comme façon de penser le monde dans sa compléxité et sa diversité. Laurent Ozon, pour ceux qui ne le connaissent pas, s'est beaucoup investi dans la diffusion des idées écologistes et a, notamment, dirigé la remarquable revue Le recours aux forêts, malheureusement disparue.

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    Qu'est-ce que l'écologie ?

    L’écologie comme science apparaît à la fin du XIXe siècle au carrefour de plusieurs disciplines scientifiques (la pédologie, la botanique, l’agrochimie, la phytogéographie et la biologie), de la nécessité d’étudier les espèces vivantes en contexte, c’est-à-dire sur leur lieu de vie et dans le réseau de liens qui les lient aux autres espèces. Cette méthode sera spontanément adoptée par les scientifiques qui, à partir du XVIIe siècle se lancent dans l’exploration du monde pour étudier et découvrir ce que ne pouvait leur révéler l’étude d’individus isolés dans des espaces artificiels. Il parut clair que cette approche offrait beaucoup plus de potentialités. Elle impliquait que les individus en question étant fortement dépendants de leurs communautés multiples d’appartenance, il n’était possible de comprendre certaines de leurs particularités physiologiques ou comportementales qu’en les replaçant dans le système naturel de relations complexes au sein duquel ils remplissaient des fonctions particulières et dont ils dépendaient par ailleurs pour leur survie, à savoir leur milieu. Leur milieu, c’est-à-dire le contexte le plus approprié pour leur fournir les informations nécessaires à l’adoption d’un comportement conforme à la préservation de leur équilibre.  

    Le mot « Oekologie » sera forgé par le biologiste allemand Ernst HAECKEL (1834-1919), et utilisé pour la première fois en 1866 dans la première édition de sa Morphologie générale des organismes . Il est formé de deux racines grecques : oïkos et logos, la science.
    Le mot, « écologie » est construit comme « économie » et dérive comme le note Pascal ACOT , « pour une partie, du thème indo-européen weik, qui désigne une unité sociale immédiatement supérieure à la maison familiale. Ce thème donna, entre autres, le sanskrit veçah (maison), le latin vicus qui désigne un quartier, et le grec oïkos, l’habitat, la maison ».


    L‘écologie signifie donc littéralement « la science de l’habitat » . Haeckel la définit ainsi : « par écologie, nous entendons la totalité de la science des relations de l’organisme avec l’environnement, comprenant au sens large toutes les conditions d’existence ». Cette définition constitue encore le fond de la plupart des définitions actuelles de l’écologie scientifique. L’écologie est une science tout entière tournée vers l’étude des relations entre les groupes. On pourrait presque dire que, pour les écologistes, et du point de vue de la priorité donnée dans l’approche de leur objet d’étude : la relation précède l’essence.

    Victor Émile SHELFORD, pionnier de l’écologie américaine la définira lui comme “la science des communautés” et écrira : « Une étude des rapports d’une seule espèce donnée avec son environnement, qui ne tient pas compte des communautés et, en définitive, des liens avec les phénomènes naturels de son milieu et de sa communauté, ne s’inscrit pas correctement dans le champ de l’écologie »

    De fait, biosphère, semble, à bien des égards engagée dans un processus dominant menant à une progressive et mortelle entropie sous la pression croissante de l’impact des activités humaines. Les exemples qui en témoignent sont nombreux :

    La France comptait plus de 4000 espèces de pommes au début du siècle, Il est devenu difficile d’en recenser une centaine et 5 espèces assurent à elles seules 95 % de la consommation. En France, là où étaient répertoriées au XIXe siècles 88 variétés de melons, on n’en trouve plus guère que 5. Jacques Barrau, un ethnobotaniste, écrit, qu’en 1853, les frères Audibert, pépiniéristes provençaux offraient à la vente 28 variétés de figues, alors qu’on n'en trouve plus guère que 2 ou 3 aujourd'hui. On pourrait continuer comme cela durant des heures.
    Le biocide est aussi à l’oeuvre pour écraser la diversité interspécifique et intraspécifique des communautés humaines. Pensons aux cultures, régionales, locales, en France, mais aussi partout en Europe et dans le monde. Nous pensons  à ces communautés chassées de leurs terres par des projets pharaoniques imposés par les multinationales et leurs relais, en Inde, ou ailleurs. Pensons à ces peuples broyés par la mécanique implacable de la loi des marchés : Les indiens guaranis parqués comme du bétail et qui ne survivent plus qu’en louant leurs bras aux industries d’alcool qui les empoisonnent comme avant eux plus de 90% des indiens d’Amazonie ont déjà disparu. Ailleurs, ce sont Les Bushmen chassés de leur territoire pour faire place aux industries touristiques, Les Aborigènes déplacés de leurs terres ancestrales pour y effectuer des essais nucléaires, les paysans en Europe en Afrique ou ailleurs. Pensons encore aux tibétains dont les autorités chinoises organisent méthodiquement le génocide par l’assimilation, l’acculturation et la terreur policière, pendant que le chef de l’Etat français se fait en Chine le VRP d’une industrie qu’il croit encore nationale.  
    Cette homogénéisation culturelle conduit, précisément, par un significatif phénomène de rétroaction à l’accélération de l’homogénéisation et de la standardisation des paysages. Car les paysages que nous connaissons, en Europe en particulier sont le résultat d’une longue interaction entre les communautés humaines et l’ensemble des autres espèces vivantes qui composent son milieu, comme de la nature de ses sols et de son climat.

    Et parce que l’homme est un être qui intervient sur son milieu, à la diversité des écosystèmes répond la diversité des cultures et des modes de représentation du monde et rétroactivement, à la diversité des modes de représentations du monde répond la diversité des écosystèmes.

    Pour le dire autrement, lorsque les hommes vivent, parlent et pensent différemment, ils interviennent différemment sur leurs milieux, et leurs activités peuvent ainsi contribuer à renforcer la typicité d’un paysage.
    La diversité des cultures participe ainsi de et à la diversité des écosystèmes. En conséquence, dans une vision écologiste qui reconnaît l’humanité comme espèce et comme partie de la nature, la diversité culturelle - et l’organisation spécifique qui lui correspond - sont à la fois une valeur et une nécessité.
    Aujourd’hui, de nombreux penseurs écologistes défendent bien la thèse selon laquelle, un système, en augmentant sa diversité, élargit la gamme des pressions écologiques auxquelles il est capable de faire face. En un mot que la biodiversité accroît la stabilité d’un système en augmentant ses possibilités d’adaptation aux discontinuités qui le menacent.
    Nous dirons plutôt que c’est l’accroissement de la complexité (à ne pas comprendre avec la diversité), qui augmente la stabilité du vivant. Même si, évidemment, la diversité des parties d’un ensemble est la condition sine qua non de sa capacité de complexification. Il faut comprendre le terme « complexe » dans son sens étymologique, « ce qui est tissé ensemble » , non pas les parties différentes d’un conglomérat aléatoire, mais les parties ordonnées d’un système vivant.
    Pour être plus clair, la diversité n’est facteur de stabilité pour les systèmes vivants que si les parties sont complémentaires, homéothéliques c’est-à-dire de simplement différenciées, deviennent « complexes », organisées en écosystème, à l’intérieur duquel ils remplissent tous une fonction compatible avec la préservation de l’écosystème tout entier.
    Jean DORST écrivait « Le maintien de la diversité de la nature et des espèces est la première loi de l’écologie ».
    L’écologie, est une culture qui nous porte à vouloir connaître les lois à l’oeuvre dans le monde afin de mieux penser, de mieux comprendre et donc de mieux agir sur les problèmes auxquels nous sommes confrontés. Aux antipodes des utopies économiques du XVIIIe, des utopies sociales du XIXE et des utopies politiques du XXe siècle, l’écologie s’oppose à toute réflexion décontextualisée, utopique.
    Pour les écologistes et au contraire des libéraux, l’économie n’est pas une sphère d’activité humaine autonome, fonctionnant selon ses propres lois et pour ses propres fins, indépendamment des nécessités et des lois qui gouvernent tous les autres processus à l’oeuvre dans la nature.
    Nous nous inscrivons en rupture avec l’économisme dans sa prétention à réduire notre rapport aux autres, humains où non, , à une somme d’intérêts matériels, à une marchandise et donc à une quantité de cet équivalent universel qu’est l’argent, et à l’aune duquel on veut saisir, mesurer, maîtriser, réquisitionner, instrumentaliser, la totalité du vivant.
    Évidemment, nous ne nions pas pour autant l’importance et la nécessité des fonctions de production, d’échange et de consommation. Mais ces fonctions restent pour nous indissociables des rapports sociaux, politiques et culturels, bref d’une identité collective dans laquelle elles s’enracinent, se subordonnent et s’harmonisent.
    Ainsi, la fonction économique reste « contextualisée », réaliste, c’est-à-dire insérée dans un espace social, politique, culturel, la Nation, mais aussi plus largement naturel et vivant.  
    Contrairement au libéralisme qui s’appuie sur un corpus scientifique obsolète, l’écologie cherche à établir des lois pour l’organisation des sociétés humaines en s’inspirant et en s’instruisant de l’observation scrupuleuse des lois de la biosphère. L’écologie comme mouvement culturel, consiste en une valorisation a priori de la diversité organisée du vivant (la biocomplexité), cette diversité menacée des espèces, des paysages et des cultures qui font la beauté et la richesse du monde que nous aimons. L’écologie ne consiste pas en une simple succession de revendications à caractère environnemental ou en on ne sait quel projet d’unification planétaire sous les auspices d’une spiritualité de pacotille. Elle est un mouvement de décolonisation intégral qui se propose de mettre fin à la colonisation multiforme (économique, culturelle et technologique) du monde par la civilisation industrielle et l’idéologie libérale pour que reprenne la poursuite de la différenciation et du perfectionnement de la vie sous toutes ses formes.
    Laurent Ozon (Blog politique de Laurent Ozon, 5 juillet 2011)
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  • Affaire Murdoch : vers la chute d'un requin des médias ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Patrice de Plunkett, publié sur son blog, consacré à l'affaire Murdoch, dont l'importance est mal comprise en France. Rupert Murdoch est l'homme qui contrôle News Corporation, groupe de médias et de communication de niveau mondial implanté aux Etats-Unis , en Asie et en Europe. Ce "croisé de l'Occident et du free market" est un des piliers importants du système par sa puissance d'influence idéologique. Sa chute probable est, en tous les cas, le symptome d'une crise profonde de celui-ci, comme le souligne Philippe Grasset sur De Defensa...

     

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    Murdoch : le groupe francophobe... que la droite s'abstenait de critiquer

    Le 2/03/2011, une note de ce blog relayait l'alerte citoyenne internationale : « Murdoch va-t-il racheter la moitié des médias britanniques ? ». Le groupe australo-anglo-américain (Newscorp.) menaçait en effet d'acheter 100 % du bouquet de TV-satellite BskyB, ce qui lui aurait permis également de s'emparer de médias italiens (via Sky Italia) et allemands (Sky Deutschland)... Quatre mois plus tard, Rupert Murdoch, empereur octogénaire de Newscorp., renonce à BskyB, et l'avenir de Newscorp. semble obscurci. Poussé par ses actionnaires, Murdoch lui-même parle de se retirer.

    Que s'est-il passé ? Le scandale du crapuleux hebdo dominical anglais News of the World, 2,8 millions d'exemplaires... Propriété de News Corp., ses écoutes téléphoniques ont piraté la vie privée de plus de 4000 personnes, célébrités ou victimes d'attentats et d'accidents spectaculaires. Ces écoutes, pilotées par des détectives privés, étaient protégées par... le policier britannique chargé des enquêtes sur les écoutes illégales. « Et même par les gouvernements successifs », affirme l'acteur Hugh Grant, qui eut maille à partir avec le journal ! Coiffé par News International, branche britannique de News Corp. qui coiffait aussi le Times, le Sunday Times et le Sun, News of the World (« NoW ») était contrôlé de très près par le groupe Murdoch. Qui se trouve atteint de plein fouet par ce scandale.

    Mauvais quart d'heure pour la directrice générale de News International, la rousse flamboyante Rebekah Brooks, copine sans scrupules de Tony Blair et de David Cameron !

    Néanmoins Mme Brooks n'a pas présenté d'excuses aux 4000 victimes des écoutes de NoW ; elle n'en a fait qu'aux salariés de NoW, à qui elle a dit sa « tristesse ». Elle n'a pas osé parler d'atteinte à la libre entreprise ni de tyrannie des juges, mais c'était implicite.

    Trouve-t-on écho de ce scandale sur les sites français de droite ?

    Non. Parce que Newscorp., c'est aussi Fox News, la grande chaîne américaine de droite, qui martèle JT bidonnés et éditoriaux paranoïaques : fausses nouvelles, injures graves, diffamation démentes, complotite aiguë, soutien militant au Tea Party, et (en prime) francophobie maniaque... Sur les sites français de droite, vous ne trouviez pas de critiques envers Fox News : les amis de nos amis étant nécessairement nos amis, et les âneries du Tea Party étant le modèle de ce qu'il faudrait faire dans l'Hexagone, les grossièretés de la chaîne étaient passés sous silence.

    Aujourd'hui lesdits sites continuent à se taire sur le groupe de M. Murdoch. Le scandale de feu News of the World est pourtant crapoteux sur le plan moral, et l'on imagine ce que diraient ces sites (obsessionnellement à cheval sur la morale sexuelle) si le défunt hebdo avait été de gauche...

    « L'influence politique de News Corp. lui a toujours servi à protéger ses intérêts économiques », constate, dans Le Monde, un analyste londonien. Ce n'est pas une exclusivité du groupe Murdoch ; depuis que l'argent existe, les gros intérêts ont toujours cherché à se servir du politique. Il faut juste avoir l'honnêteté de le reconnaître, et ne pas faire semblant de croire aux prétextes idéologiques (?) brandis par ces intérêts.

    [*] Notre blog avait reçu plusieurs messages d'insultes pour avoir osé critiquer M. Murdoch, croisé de l'Occident et du free market.

    Patrice de Plunkett (Bloc-notes de Patrice de Plunkett, 15 juillet 2011)

     

     

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  • Au coeur du pouvoir...

    "Si vous ne me croyez pas, allez faire un tour, à condition que l'on vous laisse entrer, à l'Automobile Club de France (hôtel Crillon), place de la Concorde, un soir où Le Siècle, le club de cette superclasse dirigeante, se réunit pour dîner. A défaut, vous verrez au moins les chauffeurs des limousines noires qui attendent patiemment la sortie de leurs maîtres. A l'intérieur, des hommes en costume gris et quelques femmes en tailleur sobre échangent des opinions, des adresses, des tuyaux, des services, parfois des fonctions, des positions sociales, voire des amants ou des maîtresses. Dans ce milieu fermé où les socialistes ont leur place à côté des gros bataillons de la droite française, fermente l'idéologie de la classe dominante: modernisme discret, bien-pensance sociale et culturelle, conformisme économique, respect absolu de la puissance de l'argent. La pensée unique, comme dit Jean-François Kahn, est là, et bien là. Il existe, derrière les apparences successives des combinaisons ministérielles, un gouvernement de facto, un gouvernement invisible des élites financières et institutionnelles, qui à défaut de dicter sa loi, fournit la pensée et inspire l'action des élites françaises."      Jacques Julliard, dans l'article DSK, la gauche et l'argent, publié dans Marianne (4 au 10 juin 2011)

     

    Pour en savoir plus sur Le Siècle, le club de la superclasse dirigeante, il faut évidemment se procurer la nouvellle édition d'Au coeur du pouvoir, l'ouvrage, publié aux éditions Facta, que le journaliste indépendant Emmanuel Ratier, par ailleurs directeur de la lettre d'informations Faits et documents, lui a consacré. Une très utile présentation d'une des coulisses les plus discrètes du pouvoir...

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    "« Les membres du Siècle ne se contentent pas d’occuper les fauteuils ministériels : ils détiennent pratiquement tous les postes stratégiques, ceux qui, en dehors de leur importance technique, ont un rôle politique déterminant. En fait les cent premières entreprises françaises sont, pratiquement sans exception, représentées au Siècle. De même, tous les grands journaux, tous les grands corps de l’État, comme la Cour des comptes, le Conseil d’État, la Cour de cassation, l’état-major militaire, l’Inspection des Finances, etc. » Cet extrait de La République mondaine, un ouvrage paru en 1975, n’a rien perdu de son actualité. Le club Le Siècle, fondé en 1944, réunit, depuis plus de 65 ans, la quasi-totalité du pouvoir politique, économique, financier ou médiatique français. Soit environ 600 personnes qui concentrent entre leurs mains l’essentiel du pouvoir. Tout gouvernement, qu’il soit de droite ou de gauche, a du tiers à la moitié de ses membres qui y appartient.

    Cette volonté de secret, associée à un contrôle de pratiquement tous les grands médias et de toutes les maisons d’édition, fait qu’aucun ouvrage n’a jamais été consacré au club Le Siècle. Pour la première fois, Au coeur du pouvoir dévoile les arcanes de ce club très secret, que d’aucuns ont comparé à la franc-maçonnerie ou à la Synarchie. Se fondant sur des centaines de documents internes et confidentiels, Au coeur du pouvoir révèle l’itinéraire sinueux de son fondateur, de son empire de presse et d’influence qu’il développa durant un demi-siècle. Dans une entière indépendance mais aussi une stricte objectivité, il décrit le déroulement de ses réunions et dîners, son système de cooptation, et raconte ce qui s’y trame, s’y noue et s’y décide, de la chute des ministères aux alliances entre banquiers ou capitaines d’industrie.

    Ce livre n’est pas fait pour juger sommairement du Siècle, de ses membres et de son fonctionnement. Savoir s’il s’agit d’un « complot » ou non ne présente qu’un intérêt strictement secondaire. En revanche, ce livre sera d’une grande utilité pour mieux comprendre le sens de telle ou telle nomination, le rachat d’une entreprise par une autre, la montée en puissance d’hommes politiques recrutés très jeunes, le silence des médias sur certains sujets, la solidarité évidente dont bénéficient ses membres, le réseau relationnel et les alliances inhabituelles, etc. Autant d’éléments que la plupart d’entre eux n’ont jamais souhaité voir exposés au grand public. Et sur lesquels Le Siècle avait jusqu’alors réussi à conserver la confidentialité la plus totale.

    Au coeur du pouvoir comporte aussi un très important annuaire biographique qui retrace la carrière de ses 2000 membres ou invités du début des années 1970 aux années 2010."

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  • "C'est du pain pour un siècle entier de littérature"...

    "C'est du pain pour un siècle entier de littérature", c'est ce qu'écrivait Céline à Gaston Gallimard pour lui proposer le manuscrit du Voyage au bout de la nuit. Entre 1931 et 1961, Céline a entretenu une correspondance agitée avec les éditions Gallimard (la N.R.F) et ses principaux responsables, dont on retrouve la trace dans ce volume, intitulé Lettres à la N.R.F., publié dans la collection Folio.

     

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    Mon cher Éditeur et ami,
    Je crois qu’il va être temps de nous lier par un autre contrat, pour mon prochain roman « RIGODON »... dans les termes du précédent sauf la somme – 1 500 NF au lieu de 1 000 – sinon je loue, moi aussi, un tracteur et vais défoncer la NRF, er pars saboter tous les bachots !
    Qu’on se le dise !
    Bien amicalement votre
    Destouches

    De l’envoi du manuscrit de Voyage au bout de la nuit en 1931 à cette dernière missive adressée la veille de sa mort, ce volume regroupe plus de deux cents lettres de l’auteur aux Éditions Gallimard et réponses de ses interlocuteurs. Autant d’échanges amicaux parfois, virulents souvent, truculents toujours de l’écrivain avec Gaston Gallimard, Jean Paulhan « L’Anémone Languide » et Roger Nimier, entre autres personnages de cette « grande partouze des vanités » qu’est la littérature selon Céline.



     

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