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Points de vue - Page 423

  • Le nouvel ordre moral...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent article d'Eric Branca publiés dans Valeurs actuelles à la suite de la condamnation d'Eric Zemmour pour “provocation à la discrimination”...

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    Le nouvel ordre moral

    La condamnation d’Éric Zemmour le démontre une fois de plus : au nom du principe de “non-discrimination”, certaines associations s’érigent en arbitres du débat public.

    Constater un fait, est-ce propager la haine ? Depuis le 18 février, date de la condamnation d’Éric Zemmour pour “provocation à la discrimination envers un groupe de personnes à raison de leur origine”, la question est posée. Zemmour, on le sait, était poursuivi par cinq associations (SOS Racisme, la Licra, le Mrap, l’UEJF et J’accuse) pour deux phrases distinctes et sans rapport entre elles. L’une de dix-huit mots, prononcée en direct le 6 mars 2010 sur le plateau de Salut les terriens (Canal plus) : « Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait. » L’autre de cinq : « Mais ils ont le droit », lâchée au cours d’un débat, également le 6 mars 2010, organisé par la chaîne France Ô, puis mise en ligne sur le site Dailymotion… Cette dernière phrase répondait à la question suivante, posée par un interlocuteur : « Quand, par exemple, certains employeurs s’adressent à des directeurs d’agence d’intérim et leur disent : “S’il vous plaît, je ne veux pas d’Arabes et de Noirs”, c’est injuste, quand même, non ? Reconnaissez-le. »

    Le délit de “diffamation raciale” n’a pas été retenu au sujet des trafiquants, comme le réclamait la Licra, mais Zemmour a néanmoins été condamné pour “provocation à la discrimination” par la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Même sanction, même motif pour les mots : « Mais ils ont le droit », s’appliquant aux employeurs qui préfèrent recruter des candidats selon des critères qui leur sont propres... Pour résumer, il n’est donc pas diffamatoire de dire que “la plupart des trafiquants sont noirs et arabes”, mais rendre ce constat public est constitutif d’une provocation !

    Certes, Éric Zemmour n’est condamné qu’avec sursis à deux amendes délictuelles de 1 000 euros. Mais cette mansuétude vaut avertissement : qu’il se permette d’aborder les mêmes sujets dans les mêmes termes, et la peine sera exécutoire, assortie des majorations liées à sa qualité de “récidiviste” – celles-là mêmes que beaucoup de juges renoncent à réclamer à des délinquants condamnés plusieurs fois pour le même délit…

    Surtout, il va devoir verser près de 11 000 euros aux associations plaignantes sans compter l’obligation humiliante de payer les frais de diffusion d’un communiqué relatant sa condamnation sur les ondes de la chaîne France Ô.

    Le jugement n’est pas avare de détails quant à l’exécution de la peine : « Ce texte sera lu à l’antenne au début d’une émission […] tandis qu’il sera également visible à l’écran où il devra apparaître ou se dérouler de manière à être clairement visible, pendant la lecture qui en sera faite. »

    Peut-on mieux signifier que, désormais, tout débat devra être soigneusement cadré et chaque intervenant chapitré afin de ne pas donner lieu à l’irréparable : l’irruption d’un sujet hors la loi ?

    L’analyse du passage dans lequel Zemmour prononce, en une courte incise, les mots « mais ils ont le droit » est un morceau d’anthologie. Le jugement de la 17e chambre ne consacre pas moins de deux pages au contexte dans lequel ils ont été prononcés. Le prévenu regrettait- il cette discrimination (comme le suggère le “mais”) ou approuvait-il ce que la loi punit ? Que voulait-il dire quand, quel ques minutes plus tôt, il constatait que la vie était « injuste » et les discriminations partout ? Cela devait-il être mis à son crédit ou, au contraire, à sa charge ? Autant de circonlocutions rappelant involontairement les procès en sorcellerie d’antan : le prévenu est-il ou n’est-il pas inspiré par le Malin ?

    Tout démontre en tout cas l’importance déterminante prise, dans nos institutions, par certaines associations s’autoproclamant “représentatives” – la dernière-née étant le Cran, pour Conseil représentatif des associations noires de France – et le poids, symétriquement décroissant, de la puissance publique, censée garantir le droit des gens et l’intérêt général.

    Jusqu’à la loi Pleven de 1972, en effet, seules deux instances étaient habilitées à saisir la justice pour “diffamation ou injure raciste” : la personne s’estimant diffamée ou discriminée et le parquet, en sa qualité de représentant de la société, s’il s’agissait d’actes susceptibles de porter atteinte à l’ordre public (par exemple, un texte publié dans la presse contraire à l’honneur d’une communauté voire susceptible d’entraîner des violences contre celle-ci). Toutes choses régies par la loi de 1881.

    Mais, depuis trente ans, tout a changé : ce n’est plus seulement la personne qui s’estime diffamée ou le ministère public, s’agissant d’un groupe, qui sont habilités à saisir la justice. Mais toute association s’autoproclamant représentative de tel ou tel intérêt, ou de telle ou telle communauté. Y compris en l’absence de plainte individuelle préalable ! C’est ainsi que le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, a pu être mis en cause par le Mrap à propos d’une plaisanterie adressée à un militant UMP d’origine maghrébine – militant qu’on voit rire de bon coeur sur la vidéo incriminée et qui, pour avoir pris la défense d’Hortefeux, sera à son tour menacé.

    Conçue, à l’origine, pour punir les actes authentiquement racistes – au début des années 1970, point de départ de l’immigration de masse, les ratonnades n’étaient pas rares –, cette loi a rapidement dépassé ce cadre, en soi louable, pour devenir un instrument d’influence aux mains de toutes les minorités, se saisissant du moindre mot de travers comme d’une arme retournée contre l’adversaire.

    D’où l’inflation régulière des contentieux qui tend, non seulement à faire du juge l’arbitre des causes les plus variées, mais aussi et surtout à privatiser l’action publique en autorisant les associations à la déclencher. Tout, dès lors, devient possible. Et les textes, se nourrissant des jurisprudences ainsi créées, ne cessent de renforcer cette évolution.

    La judiciarisation des opinions menace-t-elle la démocratie ?

    En 1990, ce fut la loi Gayssot, instituant des peines de prison pour punir certains délits (notamment le négationnisme) – au risque, selon la plupart des historiens, d’instituer une vérité officielle renforçant paradoxalement les fantasmes que la loi était censée combattre. Puis, sont venues la loi du 9 mars 2004, portant de trois mois à un an la prescription relative aux délits de presse “racistes” ou présumés tels, et surtout celle du 30 décembre 2004, qui a donné naissance à la Halde.

    Or, on l’oublie trop souvent, cette dernière fut votée contre l’avis de la Commission nationale consultative des droits de l’homme qui en avait rejeté la philosophie en se référant à la tradition juridique française, hostile au communautarisme, « parce que c’est l’être humain en tant que tel, et non en raison de certains traits de sa personne, qui doit être respecté et protégé. […] Cette segmentation de la protection des droits de l’homme remet en question leur universalité ».

    Argument prémonitoire : comme le disait le regretté Philippe Muray, c’est moins désormais la justice qui y trouve son compte, que la « fièvre cafteuse » de tous contre tous, prenant prétexte d’un mot, d’une phrase, d’un sous-entendu même, pour régler ses comptes avec la communauté d’en face… Le contraire, en somme, du droit, dont la vocation est de désamorcer les conflits plutôt que de les relayer !

    Éric Branca (Valeurs actuelles, du 24 février au 2 mars 2011)

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  • Alain de Benoist et la question de l'immigration...

    Vous pouvez visionner ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist à Alexandre Douguine, portant sur la question de l'immigration. Enregistré en 2005, au moment des émeutes de l'automne en banlieue, ce document n'en conserve pas moins tout son intérêt.

     

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  • Un Etat ? Mais quel Etat et dans quel état ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Flavia Labau, paru sur le site de Metamag, le magazine de l'esprit critique (qui porte bien son nom !...), et consacré au délitement de l'Etat, au travers de l'affaire MAM et de celle de l'ineffable Boris Boillon, ambassadeur, sarkoboy et éphèbe de plage...

     

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    Un Etat ? Mais quel Etat et dans quel état ?

    L’année 2011 a décidément fort mal commencé pour la France. Et pour Michèle Alliot-Marie, son éminente représentante internationale. Notre ministre des Affaires étrangères s’est trouvée d’abord impliquée personnellement, puis avec son compagnon, également Ministre, et enfin avec ses parents, dans une promiscuité vacancière puis dans des relations financières avec des personnages politiques et des affairistes d’un régime qui ne fut pas un modèle de probité. Sans attendre que la boue des révélations lui monte petit à petit jusqu’au cou et déconsidère à la fois sa personne et sa fonction, MAM, présentée comme le prototype du gaullisme pur  et dur, aurait dû démissionner sans état d’âme. Et anticiper l’autre mise en cause. 


    Celle de son administration, aveugle et sourde aux prémisses de mouvements sociaux et politiques. Non seulement notre ambassadeur avait la tête ailleurs, mais aucun des relais dispersés sur ce territoire francophone n’a fait remonter le moindre indice. Pierre Ménat a été rappelé au Quai d’Orsay. 

    A-t-il été envoyé à Bagdad en remplacement de Boris Boillon qui, à peine arrivé à Tunis, fait un esclandre magistral ? Est-ce par une sorte de mimétisme envers le langage du Président de la République, dans la galaxie duquel il aurait évolué, qui a conduit ce diplomate quadragénaire, aux allures de golden boy en lunettes fumées, à employer envers des journalistes des termes fort peu diplomatiques ?

    Les leçons de la rue tunisienne

    Sans doute la « carrière » n’a-t-elle plus le lustre des Paul Claudel ou Cambon. Et les ambassadeurs sont devenus des voyageurs de commerce, avec les pratiques concomitantes. Mais se faire donner des leçons de comportement diplomatique par la rue tunisienne est aussi cuisant pour notre pays que le coup d’éventail d’un bey sur la joue.

    Elevé dès le berceau comme tout bon Français dans la culture de l’excuse, Monsieur Boillon (comme avant lui d’autres éminents personnages politiques et fonctionnaires de gauche comme de droite) nous a fait le dérisoire numéro de l’enfant tancé : je ne m’en suis pas  rendu compte; je ne recommencerai plus. A l’heure où cet article est écrit, il est toujours en poste alors qu’il aurait dû démissionner illico. Lui a-t-on même demandé ? Qui l’aurait fait ? Son ministre qui est toujours au Quai, toute honte bue.


    L’Etat France - déficit budgétaire de 150 milliards d’euros (7,7% du PIB), une dette qui va atteindre les 1.500milliards d’euros (100% du PIB) - est en faillite, comme l’a dit en 2008 François Fillon, sans en tirer sérieusement les conséquences ; toujours la culture de l’excuse. Il est mortellement atteint dans sa substance intellectuelle et morale, pour plagier ce bon Renan. On se gausse de la Belgique sans gouvernement depuis 249 jours, mais ses gouvernements régionaux fonctionnent. 

    Notre Etat jacobin n’a lui qu’une seul tête, grosse et malade. Il n’est plus en mesure d’assurer les fonctions régaliennes qui sont le siennes, au premier rang desquelles les Affaires Etrangères. Mais on pourrait décliner le constat à la Justice pitoyable ces jours-ci dans son corporatisme irresponsable et inique dans ses procédures et jugements (dernière en date l'affaire Zemmour), à l’Education Nationale totalement disloquée ou à la Défense Nationale qui compte ses morts inutiles (encore un ce week-end) des guerres sans fin.

    Qu’importe, dormez bonnes gens, vous êtes protégés. Patelins, Nicolas ou Dominique vous le promette-ront. Vous êtes bien 60% à ne pas leur faire confiance. Mais cela ne change rien, pour le moment.

    Flavia Labau (Metamag, 21 février 2011)



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  • Balkans, boucherie et bidonnages...

    Retour douze ans en arrière sur l"ingérence humanitaire" des troupes de l'OTAN contre les Serbes au Kosovo... Xavier Raufer revient sur ce conflit et sur la campagne de désinformation massive à laquelle il a donné lieu, dans un article publié par Le nouvel économiste le 15 février 2011...

     

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    Balkans, boucherie et bidonnages

    Bienvenue dans la boucherie balkanique, rayon Kosovo. Fin janvier, l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe adoptait un rapport du sénateur helvétique Dick Marty, dont le contenu, de type Grand Guignol, fait dresser les cheveux sur la tête.

    On y lit que de l'été 1998 à octobre 1999, alors que l'UCK contrôle peu ou prou le Kosovo, des chefs de cette guérilla mafieuse kosovare ont fait assassiner des prisonniers, surtout serbes, détenus dans des camps secrets. Les organes de ces victimes étant ensuite prélevés et vendus, aux fins de greffes, sur le marché noir international.

    Une immense machine criminelle internationale s'était alors constituée : un réseau extensif de planques et de cliniques existait, entre le Kosovo et le nord de l'Albanie, jusqu'à l'aéroport de Tirana, servant aux "livraisons". Plus, nombre de complices étrangers, intermédiaires louches, médecins ripoux, cliniques véreuses, etc.

     

    Combien de victimes pour ce crime contre l'humanité chimiquement pur ? "Des centaines de Serbes, de Roms ou d'Albanais "collabos" ont été séquestrés et torturés dans des camps secrets de l'UCK", dit le rapport Marty. Là-dedans, une désormais inévitable enquête devra dire si les victimes des Frankenstein de Pristina se comptèrent alors par dizaines ou bien par centaines.

    Silence gêné sur les deux rives de l'Atlantique à la publication du rapport Marty, les Etats-Unis et nombre de pays d'Europe ayant, à l'époque, soutenu, armé et financé l'UCK, avant de lancer la croisade anti-Serbes du printemps 1999. Silence d'autant plus lourd que cette histoire d'organes était, dans la région, le secret de Polichinelle, nul n'ignorant, de Washington à Ankara, que le Kosovo n'est en fait qu'une zone grise criminelle. Un drame pour la population locale, étouffée par la féroce loi du silence imposée par ses propres mafieux et facilitée par ses "libérateurs" qui, tel Bernard Kouchner, proconsul local de 1999 à 2001, déclarait au quotidien suisse Le Matin (24/11/2000) : "Ne croyons pas à la légende de ce pays mafieux."

    Tous ces silences, cette muette complicité, au nom de la "stabilité" : plutôt la mafia que le désordre. Tout plutôt qu'on apprenne que, voici dix ans, deux millions de malheureux furent livrés à des mafieux, sous la botte desquels ils vivent encore. Mais il y a pire encore, car si l'enquête Internationale sur les trafics d'organes humains fait bien son travail, elle devra forcément s'intéresser aux conditions mêmes dans lesquelles la "guerre de libération" du Kosovo s'est engagée. Là, elle tombera sur la plus incroyable campagne mondiale de désinformation de l'histoire récente - qui pourtant n'en manque pas.

    Voyons plutôt :

    - En janvier 1999, quelque quarante cadavres d'hommes, tués par balles, sont découverts entassés près du village de Račak, au Kosovo. Tempête immédiate ! Le "Massacre de Račak" enflamme (imprudemment) les médias mondiaux. Sauf que : nul ne sait si les victimes sont des civils, ou des guérilleros de l'UCK tués au combat de par le Kosovo et regroupés pour les besoins du show ; nul ne sait (omerta oblige...) si les victimes proviennent de Račak ou de la région ; un seul corps porte des traces de poudre révélant un tir mortel à bout touchant. Les médecins légistes finlandais chargés des autopsies révéleront ensuite avoir subi de longues, d'intenses pressions, pour consentir à parler de "massacre". Fort prudente, l'assemblée parlementaire de l'OTAN parlera enfin, du bout des lèvres, de "massacre présumé de Račak, qui n'a toujours pas été élucidé".

    - En avril 1999 (deux semaines avant le début des frappes aériennes sur la Serbie), Joshka Fisher, ministre allemand des Affaires étrangères, annonce, mélodramatique, que le plan secret de l'état-major serbe, visant au nettoyage ethnique du Kosovo, a été découvert : les Albanais, dit ce ministre, doivent y être massacrés par l'armée yougoslave, puis chassés vers la Macédoine et l'Albanie. Sans rien vérifier, la presse du monde entier révèle alors cette "opération Fer à cheval". Un faux, révèle en février 2000 le général allemand Heinz Loquai, associé au bidonnage ("Serbian ethnic cleansing scare was a fake, says general", Sunday Times, 22/02/2000). Si grossier le faux, que le terme utilisé pour fer à cheval, "Potkova", n'est pas un mot serbe, mais... croate ! Par la suite, l'OTAN se déclare pudiquement "incapable de retrouver l'origine de l'histoire "fer à cheval"". Au même moment, Washington parle du "comportement génocidaire" des Serbes au Kosovo. Le 14 avril 2000, le Monde titre sur "Les sept cent mille fantômes du Kosovo" ; et M. Antoine Garapon, humaniste émotif, lamente à Télérama (23/06/1999) les "centaines de milliers de Kosovars massacrés". Rappel : Le Tribunal pénal international estime en août 2000 (Le Monde, 19/08/2000, une "brève" de 15 lignes) que "le nombre définitif des corps découverts... se situera sans doute entre 2.000 et 3.000"

    Bien sûr, les mafieux et bouchers albano-kosovars doivent être châtiés - notre total rejet de la culture de l'excuse ne s'arrêtant pas aux portes des Balkans. Cependant, ceci : les mafieux des Balkans ne sont pas de grands Machiavels. L'auteur de ces lignes en a côtoyé plus d'un : ils sont violents, madrés, émotifs, sadiques parfois - mais pas très doués. Séculairement, dans leurs fiefs, ils tendent à calquer leur attitude sur ceux qui, à l'instant, les dominent. Leur expérience est millénaire ! Byzantins, Ottomans, Austro-Hongrois, communistes - ils ont tout vu passer chez eux.

    D'où leur sens inné de la réciprocité - comme tu es, je suis ; comme tu agis, j'agis.

    Ainsi, multiplier sous les yeux mêmes des mafieux locaux les coups de voyou comme ceux ci-dessus dépeints - pire, les y associer ; nier (à leur grande joie) l'existence même des mafias, tout cela stimule en eux la pulsion criminelle. Agir en voyou dans les Balkans garantit, ô naïfs de Washington et de Bruxelles, de voir les voyous s'y déchaîner.

    Xavier Raufer (Le nouvel économiste, 15 février 2011)

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  • Cocaïne : l'ère du vide...

    Nous reproduisons ici un article intéressant de Xavier Eman publié sur le blog du Choc du mois et consacré à la banalisation de la consommation de la cocaïne...

    Nous vous rappelons que le Choc du mois (février 2011) est actuellement diponible en kiosque.

     

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    Cocaïne

    Les sectateurs acharnés de la démocratisation tous azimuts et de l’égalitarisme généralisé peuvent se réjouir : jadis drogue des élites politiques, des rock stars écorchées vives et des traders épuisés par leurs gesticulations boursières, la cocaïne est en passe de devenir le stupéfiant de monsieur tout le monde, la came du citoyen lambda, le passeport pour la défonce de tout un chacun.
    C’est au milieu des années 2000 que la poudre blanche a glissé des mains des nantis à paillettes pour se répandre dans l’ensemble de la société et dans la plupart des secteurs professionnels, tout particulièrement le BTP, la restauration ou le commerce, souvent à titre de stimulant (1).

    La cocaïne est ainsi devenue la deuxième drogue la plus consommée en France (et en Europe), juste derrière le cannabis qui voit sa domination menacée. Le petit joint n’a en effet plus vraiment la cote auprès des nouvelles générations pour lesquelles il s’est tellement banalisé qu’il n’offre désormais plus le degré minimum de frisson transgressif. Les post-soixante-huitards enfumés du bulbe, qui trouvaient très « sympa » et très « progressiste » de rouler leurs « bédots » devant leurs rejetons et même d’en partager avec eux, en sont donc pour leurs frais. Pas plus qu’elle ne désire s’habiller comme eux, leur progéniture ne veut se cantonner aux drogues de papa-maman. Passage donc à la vitesse supérieure : en route pour la cocaïne !
    Les causes de cette spectaculaire extension de la consommation de « poudre blanche » sont multiples. Tout d’abord, il y a la saturation du marché américain qui a vu les flux de trafics se réorienter vers la vieille Europe. Une hausse de l’offre qui a entraîné une importante diminution des coûts pour le consommateur. Ainsi, de 1997 à 2007, le prix du gramme de cocaïne a chuté de moitié, passant de 120 à 60 euros environ.

    Le « rail » coupe d’abord l’axe Auteuil, Neuilly, Passy

    Les plus importants pays producteurs de cocaïne sont situés en Amérique latine, la Colombie, le Pérou et la Bolivie se partageant le marché. Selon les sources officielles américaines, les plantations d’arbustes à coca en Amérique latine produisent annuellement de 900 à 1 000 tonnes de cocaïne, démontrant au passage l’échec total de la « guerre à la drogue » cornaquée par les Etats-Unis dans la région.
    Dans l’Union européenne, selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, 10 millions d’adultes entre quinze et soixante-quatre ans ont consommé cette drogue au moins une fois. 4,5 millions en ont consommé au cours des douze derniers mois et 2,5 millions durant les trente derniers jours.
    En France, le nombre de consommateurs de cocaïne parmi les 12-75 ans est estimé à environ 1 million de personnes, avec une hausse spectaculaire en dix ans, ce nombre ayant plus que doublé de 1995 à 2005.
    La cocaïne est désormais partout et il n’a jamais été aussi facile de s’en procurer. Si les lascars de banlieues ne dédaignent pas d’ajouter la « CC » à leur panoplie de Tony Montana de supérettes Franprix, c’est toutefois essentiellement dans les classes moyennes et moyennes-supérieures des centres-villes que la « mode » de la ligne de poudre tend à devenir un véritable phénomène sociétal.

    Les ados accros ? Des toxicos mornes et sordides

    Les adolescents des lycées « chics » en consomment notamment de plus en plus jeunes et de plus en plus fréquemment. Ayant déjà expérimenté le cannabis et les cigarettes dès la cinquième ou la quatrième, leur curiosité et leur goût de la transgression sont titillés dès leur passage en seconde par l’image de la cocaïne, cette drogue largement représentée à la télévision et au cinéma, généralement dans un cadre considéré comme « valorisant » par les jeunes (luxe, fêtes, « gangsters », show-biz…).
    Largement pourvus en argent de poche par des parents souvent démissionnaires cherchant à compenser matériellement leur absence physique ou affective, les adolescents peuvent alors recourir à la « coke » pour meubler l’ennui trop nourri de leurs soirées, stimuler leur libido déjà blasée et noyer sous les délires hallucinés leur nihilisme et leur absence de perspectives autant que de passions. Cette drogue ?, stimulant les « performances », leur permet également de s’arracher à cette espèce d’introversion angoissée, proche de l’autisme, caractérisant une génération étouffée de technologie et de virtualité qui ne maîtrise désormais que très imparfaitement les modes de communication « directe », ceux ne permettant pas l’usage d’un écran protecteur et rassurant.
    Bien informés, les ados connaissent parfaitement les risques et dangers de la cocaïne (même s’ils minimisent généralement, comme tous les toxicomanes, leur « addiction » au produit), mais les effets qu’ils recherchent priment sur la crainte de conséquences toujours considérées comme lointaines.

    Des salariés qui se « dopent » comme de vulgaires coureurs du Tour de France

    Ce qui frappe le plus dans l’observation de ce mode d’utilisation de la cocaïne, c’est que son caractère prétendument « festif » disparaît assez vite au profit d’une consommation morne et compulsive. Les adolescents et jeunes adultes ne sortent même plus des appartements où ils se réunissent pour « sniffer » et où la drogue devient peu à peu le centre unique d’attention, la seule raison d’être du rassemblement, le sujet exclusif des conversations. Une hiérarchie sordide s’établit alors au sein de la bande de zombies, en fonction des quantités possédées par les uns ou les autres, de la complaisance à laisser les filles « taper » sur ses propres rails ou de la qualité du produit « offert » au groupe.
    Souvent, pour remplacer ou compléter les mannes parentales, les jeunes consommateurs de cocaïne n’hésitent pas à « dealer » dans leur entourage des produits généralement coupés pour en améliorer le bénéfice. Ce développement d’un « micro-trafic » de proximité, assez difficilement contrôlable, est également l’un des facteurs du développement drastique de l’usage de la cocaïne en France, ces dernières années.
    Dans le monde du travail, l’usage de cocaïne peut revêtir deux principaux aspects. Soit il est la continuité à l’âge adulte de ces pratiques « adolescentes » devenues « addictives », soit il peut être « causé » par l’environnement professionnel lui-même, le travail moderne étant, dans de nombreux secteurs, toujours plus stressant et exigeant en termes d’efficacité et de rendement. L’activité professionnelle travail étant devenue un sport de haut niveau au sein duquel les participants doivent chaque année améliorer leurs performances, les salariés se « dopent » comme de vulgaires coureurs du Tour de France.

    L’ère du vide et de la poudre blanche

    Selon la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, plus de 10 % des salariés ont ainsi besoin de drogue pour affronter leur travail. Un pourcentage qui ne cesse de croître, notamment du fait de la pression libérale exercée sur les secteurs jadis « protégés ».
    Si les professions les plus touchées par la consommation de cocaïne sont celles des banques, des transports routiers, du BTP, de la restauration et du monde médical, les services publics en cours de privatisation sont également de plus en plus exposés. Ainsi les services médicaux de toxicologie traitent-ils par exemple un nombre croissant de salariés de la Poste, établissement qui cherche à offrir toujours davantage de services avec de moins en moins de personnel, les guichetiers récoltant alors le mécontentement et parfois la violence, verbale ou physique, des usagers mécontents.
    Qu’il soit dit « festif » ou « productiviste », l’usage exponentiel de cocaïne est indéniablement un nouveau symptôme de ce « désir de mort » qui semble caractériser notre modernité occidentale subclaquante.
    Ajoutant la fuite en avant chimique à l’échappatoire virtuelle, nos contemporains cherchent à s’extraire le plus totalement possible d’une réalité devenue insupportable à force de désenchantement et de désacralisation. Pour meubler l’attente du tombeau, ils tentent donc, hagards et épuisés, de trouver dans les stimuli artificiels de la poudre blanche et de ses avatars quelques lueurs perçant encore la désespérante obscurité d’un quotidien qu’ils n’ont plus la foi ni la force de vouloir révolutionner.   


    Xavier Eman (Le Choc du mois, février 2011)

    1 - Le Code du travail interdit les prélèvements urinaires ou sanguins  en entreprise pour détecter d’éventuelles traces de drogues, en dehors des postes dits « de sécurité ».

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  • Tant qu'il y aura des bulles...

    Nous reproduisons ci-dessous l'éditorial de François Bousquet, directeur de la rédaction du Choc du mois, publié dans le numéro de février 2011.

     

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    Tant qu’il y aura des bulles

    Chaque civilisation a développé sa forme propre, laquelle nous en dit beaucoup sur la façon dont les hommes conçoivent le monde. Les Egyptiens avaient les pyramides, les Romains les aqueducs et les arcs de triomphe, les Arabes les figures géométriques. Nous, on a les bulles et leur création de valeur virtuelle. Ça gonfle et puis ça fait pschitt, du Coca-Cola au chewing-gum, en passant par l’immobilier et même la BD. C’est comme un phénomène contagieux, bulle spéculative, bulle Internet, bulle législative, bulle migratoire, bulle climatique, etc., etc. Tout est dans tout et la bulle est partout, jusque dans l’obésité, bulle calorique cette fois-ci.

    Oui, décidément, les bulles nous fascinent, tant elles sont éthérées, flottantes, plus légères que l’air. C’est comme si elles avaient le pouvoir de nous libérer de la dure loi du réel : la pesanteur, la matérialité des choses, le poids du monde. Précurseurs en chaque chose, les Américains ont très tôt compris la fonction déréalisante et ludique des bulles. Quand ils débarquèrent en 1944, pareils à des dieux irrésistibles, comme provenant d’une planète plus avancée, ils apportèrent avec eux, outre les Lucky Strike, les rasoirs Gilette et le swing, la gomme à mâcher, de loin leur arme la plus redoutable. C’est grâce à elle qu’ils ont gagné la guerre, elle et la fission nucléaire. Depuis, ils ont conquis le monde.
    Nos ancêtres avaient mis plus d’un siècle à adopter la pomme de terre. En quelques semaines à peine, le chewing-gum allait s’imposer. Une vraie révolution digestive. L’ère des bulles commençait, en Europe comme ailleurs. Plus rien ne l’arrêterait. Cette bullomanie rappelle la tulipomanie qui s’empara des Pays-Bas dans la première moitié du XVIIe siècle, où les oignons de tulipe pouvaient se négocier au prix d’une maison de maître, jusqu’au jour où ils ne valurent plus rien. Mais les bulles ont depuis longtemps quitté leur étroit domaine horticole pour soumettre le monde entier. Elles constituent désormais notre destin. Or, le destin des bulles est d’éclater, comme la grenouille dans la fable de La Fontaine qui s’enfla si bien qu’elle creva.
    Et c’est ainsi que, de bulle en bulle, on en arrive à la bulle des bulles, la bulle-monde. C’est le capitalisme qui veut cela. Si le communisme était un boulet, la théorie économique chère à Adam Smith et Alain Minc affectionne, elle, les bulles, la lutte finale s’étant muée ici en bulle finale.
    En deux siècles de marche en avant ininterrompue, le libéralisme économique a acquis la conviction étrange qu’il allait pouvoir faire grimper les courbes jusqu’au plafond. Et ce qui vaut pour la finance vaut pareillement pour la démographie, l’immigration, les échanges commerciaux et quantité d’autres domaines. Dans la vision capitaliste du monde, la croissance est illimitée, les marchés éternellement haussiers et les richesses inépuisables. Le monde a beau être fini, on a décidé une fois pour toutes d’en user comme s’il était infini. Ou substituable (le jour où il sera fini). Icare, avant sa chute, ne raisonnait pas autrement. Mais rien n’est éternel, les bulles moins que le reste, dont John Maynard Keynes disait qu’elles étaient pareilles aux arbres : il ne leur est pas donné de pouvoir grimper jusqu’au ciel, même si elles peuvent parfois donner l’impression de le toucher.
    Quand, en 1720, la Compagnie des mers du Sud s’effondra à la suite d’un krach vertigineux, le Parlement anglais vota le Bubble Act, la première loi sur les bulles. On demanda au maître de la Monnaie d’alors, Isaac Newton lui-même (autre temps, autres mœurs, autres gens), ce que cette affaire lui inspirait. Il répondit poliment qu’il pouvait « calculer les mouvements des corps célestes, mais pas la folie des gens ». Nous non plus. C’est pourtant elle qui fonde notre monde.
    Autant dire qu’il est aussi instable que les Twin Towers avant leur effondrement et la tour de Babel avant sa dispersion, car il en va des bulles économiques comme des bulles migratoires. Ça gonfle et ça fait pschitt. In bullo veritas, c’était écrit d’avance.

    François Bousquet (Le Choc du mois, février 2011)

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