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Points de vue - Page 403

  • Les intermittents du chaos...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Claude Bourrinet publié sur Voxnr et consacré aux bons petits soldats du système que sont intermittents du spectacles ou autres clowns transgressifs et artistes de rue décalés...

     

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    Les intermittents du chaos

    Jeudi 9 juin, Quimper. Le spectacle n’annonçait réjouissant. Pensez-donc : des clowns ! Les collégiens s’en pourléchaient le zygomatique. Le titre de la prestation était bien en anglais : Christmas Forever, mais bah ! il ne faut pas être plus royaliste que le roi… Drôle de nom, quand même, pour une troupe italienne : Tony Clifton Circus. Mais re-bah !, Johnny est bien considéré comme un chanteur national. Et puis, nos pré-ados en ont eu plein les mirettes : d’abord une grosse limousine noire qui se gare.

    Mais voilà comment un témoin, le principal du collège, raconte la suite : « On a eu affaire à quelque chose de totalement surréaliste et d'invraisemblable. Subitement, la troupe a commencé à balancer des paquets de cigarettes dans la foule alors que nous nous battons toute l'année contre le tabac. Une poupée gonflable a fait son apparition puis un homme complètement dénudé. C'était de la provocation. Les élèves étaient atterrés et choqués. Ce spectacle n'avait pas sa place dans une cour de récréation. »

    Les réactions ont été, et tant mieux !, très virulentes, de la part des parents, des autorités, et la reprise du « spectacle » a été annulée.

    A vrai dire, c’est la surprise qui est surprenante. Certains coins de France sont tellement habitués à ce genre de plaisanteries de mauvais goût qu’on n’y fait même plus attention. La presse, d’ailleurs, s’empresse d’applaudir à des performances festives qui « décoiffent », font « penser », « font table rase des préjugés », « animent les rues trop tristes » etc. Toute la topique du libéralisme potache et cucul y passe. Et nous sommes contraints, comme pour l’art contemporain, d’acquiescer, sous peine d’être taxés d’ « archaïques », d’ « incultes », de « réacs », voire de « cons ». On nous dit que c’est le monde d’aujourd’hui. On veut bien le croire.

    A quoi servent donc ce qu’on a l’habitude d’appeler les « intermittents du spectacle » - terme trop large, auquel qu’il vaut mieux, en l’occurrence, adjoindre la précision « de rue » ?

    Il faut se défaire de préjugés culturels, historiques et politiques.
    Le premier discours attendu, pour celui qui a encore une vision du théâtre marquée par l’après-guerre, serait celui de la Culture, de l’humanisme militant, de l’éveil du peuple par la transmission de la beauté et du savoir. Cette ligne est directement héritière de la génération de Jean Vilar, qui plaçait haut le métier d’artiste. Mais il faut se résigner à constater l’émergence d’un autre type de spectacle, qui relève de l’entertainement, du divertissement, parfois prétentieux lorsqu’il dérive vers l’agit prop. , ainsi qu’il s’avère avec le théâtre de rue, souvent de médiocre prestation. Et quand s’y mêle un discours idéologique, il est plaqué sur les poncifs de la nouvelle classe moyenne. Dans le fond, la rhétorique et l’éthos des luttes d’intermittents épousent la vision libérale mondialiste. Les nouveaux héros sont les sans papiers, les journalistes, les ONG, les sidéens, les homosexuels etc. La dialectique du réel est remplacée par une approche compassionnelle, droitdel’hommiste, où la victime a toujours raison. Dans les pratiques culturelles, le livre et la tradition (celle de la classe ouvrière) sont passés à la trappe de la néophilie, et les nouveaux moyens de communication, l’information par réseaux, la posture « rebelle » sont des marqueurs obligés. Les valeurs libertaires, contestataires ont été retournées comme des gants pour servir à la déterritorialisation, au déracinement, à l’émergence des flux marchands. L’intermittent du spectacle moderne est ignorant au sens classique, mais empli de vents médiatiques. Au lieu de lorgner sur Moscou ou Pékin, il a pour New York ou la Californie une préférence marquée. Il aime la langue anglaise, les goûts esthétiques anglo-saxons.
    La haine des intermittents du spectacle pour les nationalismes (sauf certains) ou tout simplement les frontières, le patriotisme, les traditions, le passé, relève d’une mentalité complètement attachée à l’idéologie marchande contemporaine, jusqu’à lier flux des choses et flux des hommes, nomadisme et liberté absolue.

    Il faut dire que la société marchande est friande d’un fait culturel qui lui rend tant service. Le nombre d’entreprises culturelles a subi une augmentation spectaculaire : de 1996 à 2003, par exemple, elle a été de 42% (jusqu’en 1999, le rythme annuel a été de 3%, puis à partir de 2000 de 6,5%, le spectacle vivant a crû de 54% de 1996 à 2000, contre 28% pour l’audiovisuel.
    Ce phénomène s’explique par ce que Philippe Muray nomme l’assomption de l’homo festivus. Les festivals se sont multipliés, les villes et les départements, les régions ont voulu attirer un public varié, souvent estivant. C’est là un secteur économique non négligeable, qui nourrit l’argumentaire des « luttermittents ». Ces entreprises hautement commerciales véhiculent un message très clair, tout à fait compatible avec la société libérale : il faut détruire le vieux monde, instaurer celui du jouir immédiat, de l’éternel présent, disloquer par des mises en situations décalées, « déjantées », les certitudes habituelles, les valeurs traditionnelles, et, comme l’explique bien Muray, occuper le territoire urbain pour le rendre invivable (qui a fréquenté un festival de spectacle de rue sait de quoi je parle). Derrière le paravent « ludique » (mot tarte à la crème, s’il en est) se dissimule une stratégie idéologique extrêmement élaborée, le pendant de celle des entreprises Walt Disney, dont l’alpha et l’oméga est de convaincre qu’il suffit de peu (de « délire ») pour rendre la société de consommation formidable. Les faux airs rebelles, qui s’attaquent surtout aux « beaufs », et réjouissent les ados en leur faisant croire qu’ils s’engagent, malgré leur superficialité stupéfiante, donnent un crédit fallacieux à ce business déstabilisant. Et quand bien même on voudrait, par mauvaise foi, que certains spectacles soient, comme l’était l’agitation soixanthuitarde, « subversifs », il suffit de rappeler que de nombreuses communes ou départements, qui ne sont bien sûr pas révolutionnaires, mais qui obéissent à des objectifs clientélistes ou électoraux, tombant ainsi dans le pire snobisme, financent généreusement ces agressions contre le bon goût et la société. Nous en sommes là : bêtise ou cynisme, militantisme ou intérêt, les autorités de notre pays contribuent à défaire ce que des siècles ont construit, dédaignant par ailleurs des types de spectacles autrement plus valorisants, mais qui ont le malheur, à leurs yeux, d’être « ennuyeux ». A moins qu’on ne reprenne Carmen et Le Cid pour en faire des plaisanteries d’après soûlerie de fin de semaine.

    Il faut dire que cette « esthétique » est parfaitement adéquate avec les réquisits du nouveau capitalisme. La « praxis » professionnel des intermittents correspond étonnamment aux nouveaux rapports sociaux-économiques. Le personnage romantique du saltimbanque a été remplacé par le travailleur créatif et flexible, emblème du management issu des années 70. La création artistique est en effet revendiquée par le nouveau capitalisme, soit dans le domaine productif, soit dans le domaine sociétal. Elle irrigue par la publicité hédoniste, ludique, l’imaginaire des consommateurs, et l’art « contemporain », sous toutes ses formes, lui offre des thématiques idoines.

    Claude Bourrinet (Voxnr, 12 juin 2011)

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  • Eloge du colonel Olrik ?...

    C'est avec un certain dégout mais avec le souci d'informer nos lecteurs que nous reproduisons ci-dessous un texte particuliculièrement odieux qui prétend faire l'éloge du sinistre colonel Olrik. Le coeur au bord des lèvres, nous rappellerons brièvement, à l'attention de nos plus jeunes lecteurs, le parcours cet individu qui, par ses actes,  s'est de lui-même exclu du genre humain...

    Formé à la Junkerschule de Bad Tölz, l'école des officiers de la Waffen SS, Olrik échappe à la tourmente de la fin du Troisième Reich et disparaît de la circulation. D'après son biographe Edgar P. Jacobs, il aurait pu être récupéré et retourné par le KGB. C'est seulement dans les années 50 qu'on retrouve sa trace à Lhassa parmi les conseillers du tyran Basam Damdu. A l'évidence, il est l'un des promoteurs du programme de fabrication d'armes de destruction massive. A la tête du service de renseignement militaire au moment de l'offensive de l'Empire jaune, il va devenir l'un des artisans les plus féroces de la répression qui s'abat sur les résistants à l'oppression. Il s'illustrera dans la bataille du Raz de Musandan dans le détroit d'Ormuz au cours de laquelle il n'hésitera pas, pour s'emparer de la base secrète de la résistance, à  donner l'ordre d'utiliser des armes chimiques. Cherchant à éviter la disgrâce à la suite de sa défaite, il sera celui qui préconisera avec le plus d'énergie l'utilisation de l'arme atomique contre les forces du monde libre. Disparu dans l'effondrement de l'Empire jaune, il sera condamné à mort par contumace pour crime contre l'humanité au procès de Singapour. Pendant les trente années qui suivront, il échappera à toutes les polices du monde et poursuivra une carrière de mercenaire au service de divers états voyoux ou du crime organisé. On perdra définitivement sa trace à la fin des années 80. Sa présence sera néanmoins signalée, sans preuve tangible, en Corée, en Syrie, en Chine ou dans les zones tribales du Pakistan. Notons cependant que ses deux adversaires les plus résolus, le colonel Francis Blake et le physicien Philip Mortimer, qui n'ont jamais cessé de le traquer à travers le monde, sont curieusement décédés le 11 septembre 2001 dans le vol 93 d'United Airlines qui devait s'abattre sur le Capitole...

     

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    Eloge du colonel Olrik
     
    Par Jean-Jacques Langendorf
     
    Éloge du colonel Olrik, homme de goût, de savoir et d’action, chef du 13e Bureau pour la sûreté de l’État, directeur des services d’espionnage de l’Empire, conseiller de l’empereur Basam Damdu

    Dès la deuxième image du premier album des aventures de Blake et Mortimer, il s’impose, souverain et élégant. Entouré par un état-major d’hommes jaunes et déférents, issus d’un croisement nippo-himalayen, il inspecte chars lance-flammes et fusées à charges nucléaires dans le grand arsenal de Lhassa. Arrêtons-nous d’abord sur sa capote vert foncé, au col de vison, aux épaulettes discrètes, d’une coupe parfaite, œuvre du premier tailleur de la capitale tibétaine. Examinons ensuite sa toque de fourrure, dont la face supérieure est doublée de satin rouge, marquée de l’étoile dorée. Mais il y a autre chose encore, qui suscite immédiatement sympathie et respect : son visage aux traits fins et aristocratiques, sa lèvre supérieure bordée d’une fine moustache à la Clarke Gable, sa chevelure jeais et son haut front d’intellectuel que nous pourrons admirer lorsque il condescendra à enlever son couvre-chef. Revêtu de son uniforme, nous ne nous lasserons jamais de le contempler. Le voilà debout, près des énormes roues d’un bombardier, des jumelles sur sa poitrine, des sangles supportant un ceinturon qui retient un étui à revolver ou, plus exactement, à Browning, à ses pieds un petit bijou de MG 42. Cette fois, c’est une casquette bordée de jaune qui remplace la toque de fourrure. Quant aux bandes, également jaunes, du pantalon de cheval gris souris, mais un gris souris tendre, très tendre, qui virerait presque au rose, elles sont l’apanage de l’officier d’état-major de la grande armée impériale. À n’en pas douter, nous avons là un colonel tsariste, style 1904-1905, observant la progression des tirailleurs japonais lors de la bataille de Taampin, avec toutefois l’anormale présence de soldats nippo-himalayens derrière lui. Mais aussi un aristocrate, la manière dont il tient son fume-cigarette l’attestant à satiété. Dans toutes les circonstances de la vie d’ailleurs, circonstances qui lui sont souvent contraires, il ne se départit pas de cette correction vestimentaire, qu’il erre dans le désert (culotte de cheval, bottes d’équitation, chemise de coupe coloniale), qu’il vaque à ses affaires dans les souks du Caire (costume blanc, chemise noire, cravate jaune tendre, feutre mou), qu’il enquête sur l’île atlantique de Sao Miguel (complet bleu foncé à fines rayures, chemise assortie, mais d’un bleu plus léger, nœud papillon), qu’il séjourne à Paris pour s’y occuper de questions météorologiques (à nouveau complet bleu mais sans rayures, chemise blanche, noeud papillon bordeau), qu’il inspecte les catacombes de la Ville Lumière (complet brun, chemise crème, cravate noire pointillée de jaune, feutre beige). Et que dire de sa robe de chambre rouge, à gros pois blancs, revêtue au débotté ? Mais je m’arrête là pour ne pas tomber dans la revue de mode...
    Pour mieux saisir le niveau, on serait tenté de dire l’altitude, où se situe cette élégance, et derrière cette élégance, le personnage, il suffit de la comparer à la déliquescence vestimentaire des adversaires hargneux et acharnés du colonel, le professeur Mortimer et le capitaine Blake. Tous deux sont les rois de la confection, du prêt à porter et, certainement, des soldes. Voyez Mortimer qui, sur la quatrième de couverture, adresse un aguichant « hello » à ses lecteurs qu’il tient – fatale erreur – pour des admirateurs. Quelle tenue ! Celle du comptable d’une firme de sous-préfecture importatrice de pneus. La chemise s’affaisse sur une ceinture qui cerne un indécent bedon. La disharmonie entre un veston caca d’oie et un pantalon lie de vin, qui se prolonge par des souliers de souteneur napolitain, constitue une insulte à l’oeil. Et quelle est cette manière de faquin de s’adresser à son public, la pipe au bec ? À condition de revêtir l’uniforme, Blake s’en sort mieux, sauf s’il porte ces indécents shorts coloniaux, qui lui descendent jusqu’aux genoux. En tenue civile, cependant, il fleure le sous-officier qui, voulant échapper aux regards de ses supérieurs, se glisse subrepticement vers un lieu mal famé.
    Au-delà du vestimentaire, c’est ensuite le courage, la tranquille intrépidité d’Olrik, qui retiennent notre attention. D’emblée, ils s’affirment sous nos yeux, lorsqu’avec l’élégant chasseur « l’aile rouge », il poursuit le « Golden Rocket », le laid bombardier dans lequel les Dioscures britanniques s’efforcent de lui échapper. Un vrai pilote, qui court sus à l’ennemi et qui ne craint jamais d’affronter les situations les plus périlleuses. Ainsi, lorsqu’il se fait passer pour un prisonnier anglais échappé afin de pouvoir s’introduire dans la base secrète des Britanniques, qui contrôle le Détroit d’Ormuz, dans laquelle il sabotera la station de pompage fournisseuse d’énergie, puis s’enfuyant, dissimulé sous une tenue de scaphandrier, alors que les services de sécurité de la base sont à ses trousses. Il n’a pas son égal pour se glisser là où on l’attend le moins, car son ingéniosité est sans limite et cette ingéniosité quelqu’un qui est revenu à plusieurs reprises de derrière les lignes soviétiques en possède une bonne dose. Pour répondre aux nécessités du moment, pour s’introduire là où il veut s’introduire, il se fera éminent archéologue allemand, spéléologue, chef d’une tribu barbare, agent à bord d’un sous-marin, égoutier, bourgeois cossu, locataire d’un élégant appartement parisien, et j’en passe.
     
    "Les généraux - hommes qui se situent nettement au-dessus des hommes"

    L’étude de ses actes et de ses pensées me permettent de conclure que le personnage est un remarquable stratège. Ce n’est pas pour rien que Basam Damdu, qui connaît les hommes, et mieux encore les généraux – hommes qui se situent nettement au-dessus des hommes – lui confie la conduite des opérations devant permettre de réduire la base secrète, nid redoutable abritant les derniers parangons de la démocratie agonisante, qui plus est parangons agressifs, prêts à se défendre. Et il va s’acquitter de sa tâche d’une main de maître ! D’ailleurs, ayant achevé sa mission de sabotage dans la base, ayant tout risqué (et gagné) avec une admirable détermination, ayant échappé à la mer qui avait menacé de l’engloutir, échoué sur une plage, que je situe sur l’actuelle côte iranienne, entre les bourgades de Gerk et de Serik, vêtu d’un méchant pantalon qui vient à peine de sécher, d’un maillot de corps, digne des vacances payées d’un syndicaliste du front populaire, il accueille les éléments aéroportés de l’armée nippo-himalayenne. Le général qui les commande l’informe aussitôt de l’estime dans laquelle on le tient, au sommet, et même au sommet du sommet : « Colonel, par ordre spécial de Sa Majesté, toutes les troupes disponibles ont été mises à votre disposition sous votre commandement direct. » Immédiatement, l’interpellé se penche sur la carte, prend ses dispositions tactiques, ordonne l’attaque, écarte les remarques pusillanimes d’un général : « Oh ! Certes, l’opération coûtera du monde, mais l’enjeu en vaut la peine. »). Puis il songe à son uniforme, car il ne sait que trop ce qu’il lui doit : « Et maintenant, Messieurs, permettez-moi d’aller revêtir une tenue digne de mon grade ». L’opération échoue, en raison de l’intervention du super-avion Espadon (d’une beauté fulgurante ; trop beau pour avoir été conçu par le professeur Mortimer comme on veut nous le faire croire) mis au point par les Britanniques. Mais n’est-ce pas là un épisode qui symbolise le drame de ces généraux aux capacités supérieures, de ces esprits éminemment tactiques et stratégiques qui, vers la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ont succombé à la supériorité facile des Alliés, parce que matérielle ?
    La base du détroit d’Ormuz ! De ce rocher, jumeau de Gibraltar, situé près du cap Mussendon, situé par 57° de longitude est et 26° 8 de latitude nord, si j’en crois la belle carte publiée par le Bombay Marine Office après les expéditions organisées en 1821 et 1825, parlons-en ! Et parlons-en parce qu’il a joué un rôle non négligable dans mon existence. Lors du périple du début des années 1960 entrepris par Gérard Zimmermann et moi-même à la recherche des vestiges des monuments croisés au Proche-Orient, fatigués de tant d’architecture romane et gothique dans des lieux insolites, un appel s’est fait entendre en nous, germanique dans sa simplicité : Nach Osten ! Nach Osten ! Alors, vers cet Osten nous avons roulés : Ankara, Sivas, Erzerum, Tabriz, Téhéran, puis une inflexion vers le sud, puis le sud-ouest : Persepolis, Isfahan, Schiraz, puis encore un peu plus vers le sud-ouest : Bender Bouchir (où Wassmuss assuma les fonctions de consul du Reich avant 1914) en traversant une guerre brutale, d’ailleurs occultée jusqu’à nos jours, dont nous avons à peine pris conscience. Enfin, par des pistes ne méritant pas ce nom, sans cartes, virage en direction du sud-est, vers ce détroit d’Ormuz jacobsien et mythique, dans un paysage affichant effectivement, à peu de choses près, les caractères de celui du Secret de l’Espadon. Mais nous n’atteindrons jamais le lieu magique, l’armée impériale non pas de Basam Damdu mais de S.M.I. le Schah, ayant lancé à nos trousses deux jeeps et une automitrailleuse (l’automitrailleuse du Secret ?) afin de mettre un terme à cette ballade inconsciente dans une région alors aux mains des rebelles tengistanis, ceux-là mêmes soulevés par Wassmuss durant la Première Guerre mondiale.


    Lire la suite sur Le Polémarque

    On peut remercier Laurent Schang pour la mise en ligne de cet excellent texte de Jean-Jacques Langendorf !...

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  • Supprimer les lois : c'est la logique libérale !...

    Nous reproduisons ci-dessous un bon point de vue de Patrice de Plunkett, publié sur son blog, qui souligne à partir d'un fait divers symptomatique, l'anomie de la société ultralibérale qui nous entoure.

     

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    Moeurs, bioéthique, business, finance : supprimer les lois, c'est la logique libérale

    On dirait un gag, mais l'histoire est authentique. Elle se déroule en ce moment. Enseignant âgé de 59 ans, M. Stéphane Nicot veut être une femme ; sur la photo il porte une perruque blonde et une robe violette. A-t-il subi une opération chirurgicale ou une hormonothérapie ? On n'en sait rien : il refuse d'en parler. Il est donc toujours un homme aux yeux de l'état-civil. Il vit avec une femme : quoique celle-ci se déclare lesbienne, aucun argument légal ne s'oppose à leur mariage. Mais M. Nicot est un militant(e), cofondateur d'une association LGBT... Il veut donc donner à ce mariage une dimension « transgenre » et en faire une provocation : il proclame que ce sera un mariage homosexuel, tout en refusant de prouver être devenu  physiologiquement une femme !

    Cette provocation vise à disqualifier tout critère objectif et toute norme légale. Il s'agit de forcer la loi à s'incliner devant les exigences individuelles.

    L'association de M. Nicot, citant une résolution de l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (2010), exige en effet que les « personnes transgenres » reçoivent « des documents officiels reflétant l'identité de genre choisie, sans obligation préalable de subir [...] une opération de conversion sexuelle ou une thérapie hormonale ».

    En clair : un homme se voulant femme n'aurait même pas à le devenir physiologiquement. Son « choix » ferait loi, et l'état-civil n'aurait qu'à s'incliner.

    Si cette procédure devenait la norme, il y aurait de quoi détruire non seulement la notion d'homme et la notion de femme, mais la notion d'état-civil, la notion de loi, donc la notion de pacte social... Seules compteraient les pulsions individuelles. C'est la mentalité libérale-libertaire, ce que Boltanski et Chiappello ont appelé « le nouvel esprit du capitalisme » : le mirage de la déréglementation de tout.

    Un groupe d'élus français (de la région de M. Nicot) vient de se déclarer en faveur du « droit au changement d'état-civil sur simple demande, pour les personnes transidentitaires » : autrement dit la validation légale de toute exigence individuelle subjective. Ces élus qualifient cela de « républicain » : détournement de sens qui abat le pilier de la notion de « république », l'autorité de la loi votée par les représentants du peuple.

    La forme politique du vivre-ensemble est ainsi attaquée par trois pressions : une pression (latérale) du lobby LGBT, une pression (de bas en haut) de groupes d'élus, une pression (de haut en bas) du Conseil de l'Europe.

    Cet exemple d'anomie – suppression de toute loi normative – concerne le domaine des nouvelles moeurs fabriquées par la société ultralibérale, où le consommateur (et ses « pulsions ») a remplacé le citoyen (et son « civisme ») ; depuis une quinzaine d'années, on appelle d'ailleurs « citoyennes » les pulsions du consommateur, pour achever le brouillage.

    Mais le domaine des moeurs n'est pas le seul concerné : cette liquéfaction des repères s'applique à tous les secteurs de la vie sociale. Les transgenres ne font que réclamer, dans leur style, le même anomie que celle dont bénéficie la sphère financière depuis vingt ans. L'ultralibéralisme s'est emparé de tout... L'urgence est d'aider les gens à s'en rendre compte, avant que cette société devenue factice ne leur tombe en morceaux sur la tête.

    Patrice de Plunkett (Blog de Patrice de Plunkett, 3 juin 2011)

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  • Le libéralisme mondialiste : un antihumanisme radical...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Michel Geoffroy, publié sur le site de Polémia et consacré à l'idéologie libérale mondialiste.

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    Libéralisme mondialiste : un antihumanisme radical

    La Secte a porté différents noms dans l’histoire. Les traditionalistes l’appelaient « modernité », les socialistes et les marxistes « bourgeoisie » ou « capitalisme ». Aujourd’hui les membres de la Secte se nomment « libéraux ». Leurs ennemis les désignent comme « mondialistes ». Mais peu importent les dénominations. Il serait oiseux, en effet, de vouloir établir des différences entre ces divers concepts car tout est lié de nos jours : le libéralisme s’est incarné dans le capitalisme, qui a rendu possible la mise en œuvre de ses principes ; le capitalisme est mondialiste ; et tous constituent aujourd’hui le visage de la modernité occidentale.

    La Secte

    La Secte a pris sa forme actuelle en Europe au sortir des guerres de religion. Elle s’est renforcée au XIXe siècle, après les guerres révolutionnaires et napoléoniennes.

    Elle repose sur une croyance, de laquelle tout découle. A savoir, comme l’écrit D. Hume, que « Tout homme doit être supposé une canaille ». L’homme serait non seulement incapable de Bien, incapable de vivre sans nuire à ses semblables, mais tous les malheurs du monde viendraient justement de sa prétention à vouloir détenir la vérité sur le Bien.

    De ce postulat anthropologique, qui rejoint certaines des croyances des anciens Cathares pour qui le monde était le royaume du Mal, la Secte en déduit que le seul moyen d’éviter le retour de ces malheurs consisterait à passer du gouvernement des hommes à celui des choses ; à mettre en place une machinerie sociale qui éliminerait justement toute référence transcendante au Bien et qui fonctionnerait de la façon la plus axiologiquement neutre possible, par un système de poids et de contrepoids automatiques. Cette machinerie aurait pour ressorts les mécanismes de l’économie de marché et du droit procédural.

    Si l’on peut toujours chercher à peser, voire à opposer, les différentes façons d’être « libéral », toutes se réfèrent à cette croyance commune car elle est essentielle à ce système de pensée.

    Le renversement des valeurs européennes

    Jusqu’à la constitution de la Secte, on croyait en Europe qu’une société devait reposer sur la vertu des citoyens et l’obéissance aux lois morales. On tenait l’égoïsme et l’indifférence à l’égard d’autrui comme autant de péchés ou de crimes. On pensait avec les Grecs que l’homme était un « animal politique » et qu’il ne pouvait se concevoir hors d’une Cité, hors de la communauté de ses semblables. On jugeait par référence à ce qui était Bien ou Mal pour la communauté, la tradition ou la religion. On pensait que, si l’homme était faillible, il était aussi capable d’amour et capable de faire le Bien. On admirait et respectait aussi l’œuvre des saints, des philosophes, des héros, des grands hommes, des grands capitaines, des explorateurs, des lettrés ou des savants qui nous avaient précédés et qui avaient forgé le monde, souvent en se sacrifiant eux-mêmes. Une large partie de la population autochtone en Occident croit encore à tout cela, au grand dam de la Secte, d’ailleurs.

    Mais pour les libéraux, nos pères étaient dans l’erreur. Le passé n’est que ténèbres.

    Ils affirment, en effet, qu’il faudrait fonder la société non plus sur les vertus mais sur les vices humains ; que seul l’intérêt individuel – c'est-à-dire l’égoïsme – permettrait de prendre les meilleures décisions possibles pour l’ensemble de la société, dès lors qu’il s’exprime au sein d’un marché libre de toute contrainte et de toutes préférences collectives.

    Le marchand et l’argent étaient jusqu’alors tenus en suspicion, mais les libéraux en font leur idéal humain. Ils affirment que c’est du commerce et non de l’Eglise, de la Loi ou de l’Etat que viendra la paix entre les hommes. Les nouveaux héros seraient désormais les marchands et les plaideurs.

    Les membres de la Secte déclarent croire que le moins mauvais ordre social naîtra non de la promotion de l’entente et de la solidarité entre les hommes, mais du choc permanent des instincts et des intérêts, libérés de toute retenue collective. C’est le miracle permanent de la « main invisible » du marché qui réaliserait cette performance jamais vue jusqu’alors.

    La Secte affirme enfin que le droit n’aurait pas à dire où est le Beau, le Bien et oùle Mal : ces distinctions ne seraient qu’une affaire purement privée. Le droit se résumerait à une procédure techniquement neutre qui doit seulement servir à éclairer les choix individuels, en se bornant, en outre, à ne fixer que ce qui est interdit.

    Un antihumanisme radical

    Même si ses membres se présentent aujourd’hui sous la forme de politiciens médiatiques, de puissants grands patrons, d’économistes distingués et de professeurs de faculté renommées, la Secte n’en professe pas moins un antihumanisme radical.

    Elle fournit une justification commode à l’expression des plus bas instincts et à la régression de l’homme. Car pour la Secte un égoïste n’est pas un vicieux : c’est, au contraire, quelqu’un qui prend de bonnes décisions qui bénéficieront finalement à tous, grâce à la magie du marché et du « doux commerce ». De même, un homme politique vertueux serait celui qui laisserait l’économie fonctionner toute seule et non pas celui qui chercherait à la maîtriser.

    La Secte affirme que tous les choix individuels seraient licites finalement – elle dit dans son langage que tous les hommes « naissent libres » – dès lors qu’ils ne nuisent pas à la liberté d’autrui, c'est-à-dire aux choix des autres. Pour ces croyants le Bien n’est donc plus la mesure de la liberté humaine. La liberté ne trouverait sa limite qu’en elle-même. Il fallait y penser et c’est surtout très pratique !

    La révolte contre les hommes

    Ces croyances bizarres seraient restées une curiosité intellectuelle, une hérésie parmi d’autres, si la Secte n’était parvenue à cumuler les pouvoirs politique, culturel et économique en Occident à la fin du XXe siècle et à s’incarner dans ce que l’on désigne aujourd’hui sous le vocable de « superclasse mondiale » ; et si elle n’avait accédé ainsi aux moyens de mettre en œuvre, en vraie grandeur et si possible à l’échelle de toute la planète, ses solutions miraculeuses.

    Car les « libéraux », hélas, ne se bornent pas à prôner gentiment un « laisser faire, laisser passer » et à faire que chacun puisse vaquer tranquillement à ses affaires. Depuis qu’ils sont au pouvoir, ils ne sont plus du tout « tolérants » ni « permissifs ». Car, comme ils veulent notre bien, ils n’ont de cesse de nous imposer leurs choix. Ce faisant, ils se comportent de la même façon que ceux dont ils prétendaient écarter les méfaits. Mais cela ne semble pas les troubler outre mesure.

    La déconstruction permanente de tout ordre social

    Les difficultés naissent, en effet, de ce que le libéralisme conséquent suppose la déconstruction permanente de tout ordre social, c’est-à-dire l’organisation d’une communauté humaine par rapport à des fins, des raisons et des normes hiérarchisées qui dépassent le seul intérêt immédiat de ceux qui la composent ici et maintenant. Car les bons apôtres libéraux nous expliquent que la « main invisible » n’est malheureusement censée fonctionner à son optimum que si la société est atomisée en individus. Mais, nous disent-ils, ce n’est pas grave puisque de ce chaos naîtra le moins mauvais des mondes possibles. C’est dans cette attente messianique que vit la Secte mais elle a hâte, hélas, d’annoncer la bonne nouvelle au reste du monde.

    En Novlangue la dérégulation

    Les « libéraux » se sont donc acharnés, avec la fureur des iconoclastes, à détruire tout ce qui fondait jusqu’alors l’ordre politique et l’état social de l’homme : l’Etat, la souveraineté politique, la suprématie des lois sur les traités internationaux, la souveraineté monétaire, les frontières économiques puis les frontières tout court, la citoyenneté (les étrangers ont les mêmes « droits » que nous, n’est-ce pas ?). On appelle cela en novlangue la dérégulation.

    Ils se sont aussi attaqués aux traditions qui rythmaient la vie sociale et donnaient un sens au vivre ensemble. La volonté de nous faire travailler le dimanche ne date pas de J. Attali, en effet : Marx la relevait déjà au XIXesiècle !

    La Secte s’est, bien sûr, efforcée aussi de délégitimer et de déconstruire toutes les protections sociales collectives, censées empêcher les individus de bien choisir sur le marché où serait leur véritable intérêt ; et aussi de s’adapter, vite, aux exigences de ce même marché. C’est ce qu’a toujours fait la Secte : qu’on se souvienne de la loi Le Chapelier portant dissolution des corporations sous la Révolution. La corporation – c'est-à-dire le regroupement des hommes en corps organique, conscient de son identité – voilà bien l’ennemi permanent de la Secte ! Car elle ne rêve que d’une société d’individus, d’un monde à la Robinson Crusoé.

    Il y a dans cette fureur iconoclaste une sorte de révolte symbolique contre le père, que certains ont déjà relevée : contre les dieux, contre l’Etat, contre l’autorité, contre la politique, contre la société des hommes justement. Ce n’est évidemment pas un hasard si la Secte n’a eu de cesse de délégitimer les valeurs viriles sur lesquelles était construit l’ancien monde et d’encourager le féminisme.

    Le dogme de la libération

    On a donc longtemps été trompés par le spectacle de l’extrême gauche pourfendant le capitalisme ou défendantla cause des « travailleurs » devant les caméras. Comme sur ce qui séparerait le libéralisme politique et social, d’une part, et le libéralisme économique, d’autre part.

    Ces oppositions sont factices car tous agissent dans le même sens pour la bonne raison qu’ils puisent aux mêmes racines idéologiques : à l’esprit des Lumières, c'est-à-dire à la prétention à reconstruire une société selon la seule raison, la leur.

    La révolution des mœurs introduite dans les années 1960 en Occident a servi, non pas à nous éviter le capitalisme, mais au contraire à accélérer la destruction de l’ordre social et la mise en place de la société des individus que réclamaient les libéraux. Le marché s’est très bien et très vite accommodé de ces révoltés qui portaient des « blue jeans », écoutaient de la musique pop et préconisaient de « jouir sans contraintes ». L’expression novlangue « libération des mœurs » ne vise qu’à essayer de positiver cette vaste opération de déconstruction.

    La Secte aime bien, en effet, nous dire à tout instant qu’elle nous « libère » et qu’elle nous apporte la « démocratie » ; que chaque avancée dans son sens serait une nouvelle « libération » et la disparition d’un affreux « tabou ». Elle aime d’ailleurs tellement les peuples qu’elle veut les « libérer », même quand ils ne demandent rien. Et s’ils ne se décident pas assez vite, elle ne répugne pas à employer la force des armes. Comme au bon vieux temps des guerres de religion.

    Mauvaise nouvelle : le Messie tarde à venir

    On n’insistera pas sur le fait que les résultats mondiaux ne sont cependant guère à la hauteur des promesses de la Secte des libéraux. Le Messie « abondance paisible » se fait curieusement attendre, du moins du plus grand nombre.

    La Secte prétendait posséder la recette certaine de la paix universelle. Mais en déconstruisant l’ordre social elle a surtout réussi à créer la guerre de tous contre tous. La fameuse société des individus est un oxymore, comme la « société ouverte ». Car l’homme « libéré » est un être qui devrait justement abandonner tout ce qui fait son humanité : son identité, sa culture, ses préférences (il ne faut pas « discriminer », n’est-ce pas ?), ses attachements (à son métier, à sa terre, à ses croyances) et ses solidarités ; bref, tout ce qui l’empêche d’être « performant ». Et il n’y a pas de démocratie sans peuple constitué.

    Les sociétés ainsi « libérées » sont curieusement devenues violentes, inquiètes et dépressives, des sociétés où la démographie et le travail déclinent mais où les interdits, les prohibitions, les proscriptions prolifèrent.

    Que dire aussi du remarquable succès obtenu par la suppression de frontières et l’encouragement « libéral » au développement des migrations de population (ne faut-il pas la liberté de circulation et d’installation pour tous ? N’est-ce pas un « droit de l’homme » ?) !

    Les diaboliques

    A l’égard de ceux qui sont de plus en plus nombreux à s’inquiéter des conséquences économiques, sociales et humaines de ses curieuses théories, la Secte répond, d’une façon péremptoire, que tout autre système serait bien pire encore.

    Hors le libéralisme, point de salut ! Sinon le totalitarisme, qui nous livrerait à la « bête immonde » qui sommeillerait toujours au fond de nous. On nous explique ainsi, sur l’air des lampions, que ce qui nous menacerait le plus aujourd’hui ce ne serait pas le chaos humain dans lequel on nous a précipités avec la destruction programmée des frontières et des Etats : non ce serait le terrible… protectionnisme.

    Ce qu’il y a d’ennuyeux, en outre, c’est que tout ce que nous voyons sous nos yeux a déjà été décrit et analysé dans le détail, notamment par les socialistes et les marxistes il y a bientôt 200 ans.

    Rappelons par exemple ce que K. Marx écrivait en 1848 : « La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner les instruments de production et donc les rapports de production, c'est-à-dire l’ensemble des rapports sociaux (…). Tous les rapports sociaux stables et figés, avec leur cortège de conceptions et d’idées traditionnelles et vénérables, se dissolvent ; les rapports nouvellement établis vieillissent avant d’avoir pu s’ossifier. Tout élément de hiérarchie sociale et de stabilité d’une caste s’en va en fumée, tout ce qui est sacré est profané ».

    Ces lignes restent d’actualité pour la simple raison qu’elles décrivent le même processus, à la différence toutefois qu’il est désormais mondial et non plus seulement anglais ou allemand.

    Moralité : si vous critiquez la Secte, bon sang mais c’est bien sûr, c’est que vous êtes un affreux communiste, un socialiste débile ou pire encore.

    Car la Secte aime bien invoquer le Diable, à l’encontre de ceux, de plus en plus nombreux, qui doutent et qui murmurent.

    Mais quand on voit le monde dans lequel elle nous contraint de vivre, on finit par regretter, par aimer et par désirer ce qu’elle diabolise.

    Michel Geoffroy (Polémia, 29 mai 2011)

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  • Ça balance !...

    Nous reproduisons ci-dessous un article décapant de Philippe Randa, cueilli sur Voxnr, et consacré aux différentes "affaires" qui défraient la chronique...

     

     

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    Roubignolles propres, tête haute

    Ça balance terrible… comme dans la célèbre chanson de Zanini, sauf que le salle de danse est différente : il s’agit du monde politique français et le tempo est rythmé : une dénonciation-délation-révélation par semaine. Georges Tron à peine chassé du gouvernement, c’est Luc Ferry qui accuse sur Canal + un ancien ministre d’avoir eu des relations pédophiles au Maroc. Sa prestation lui a aussitôt valu une volée de bois vert non seulement de la gauche qui se sent étrangement visée en général et de Jack Lang en particulier, alors qu’il n’a nommément désigné personne… mais également de son propre camp, d’Alain Juppé à Rachida Dati, de Dominique Paillé à François Baroin et Christian Jacob.

    Tous le somment de donner un nom ou de se rétracter, le menaçant sinon – et même de toute façon – de terribles représailles judiciaires…

    À croire finalement que ce n’est pas les déboires ancillaires de Dominique Strauss-Kahn ou les tripotages plantaires du Maire de Draveil qui vont ouvrir la boîte de pandore des vilaines pratiques sexuelles de nos politiques, mais bien plus sûrement les révélations de l’ex-Ministre de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche de Jean-Pierre Raffarin.

    Il est certain que de telles accusations laissent planer le doute sur toute la classe politique, du moins celle qui est au Pouvoir depuis une trentaine d’années, gauche et droite confondues.

    Quel « Premier Ministre » a-t-il confirmé à Luc Ferry la partouze pédophile de “quel ministre” présent ou passé et en quelle année ? À cette question, une réponse est déjà terriblement révélatrice : le nombre de coupables potentiels et présumés… à défaut d’innocents présumés potentiellement coupables !

    Pour preuve, la réaction paniquée de Jack Lang “prêt à défendre son honneur devant la justice”, qui déclare au Figaro ne pas souhaiter se mêler de ces histoires pour l’instant (“Je m’exprimerai en temps et en heure. Cette affaire est tristement banale"), mais ajoutant aussitôt que “seront poursuivis pénalement tous ceux – journaux et personnes – qui mettront (son) honneur en cause.”

    N’importe quel quidam attirant ainsi l’attention sur lui se retrouverait immédiatement en garde-à-vue sous les quolibets des policiers, trop heureux à l’idée qu’on leur mâche à ce point leur enquête.

    Mais outre les indignations saugrenues de l’auto-proclamé “ministre éternel de la culture” en “éternel chômage ministériel” depuis une dizaine d’années, Luc Ferry a porté le fer rouge dans une plaie qui ne demandait sans doute qu’à s’ouvrir.

    Rétorquant qu’il n’a fait que relayer une information publiée dans le Figaro magazine du week-end précédent, il a surtout parlé de “bal des faux–culs”, propos qui n’auraient sans doute guère eu de retentissement s’il n’avait aussi prononcé ces quelques mots terribles : “Probablement nous savons tous, ici, de qui il s’agit…”

    Tous ? C’est-à-dire pas seulement les journalistes présents à l’émission, mais la classe politique UMPS. Tous au courant, tous silencieux… et donc tous complices ! Pour le ministre pédophile et ses frasques marocaines comme pour le “chimpanzé en rut”, ancien Président du FMI et ex-candidat à la Fonction Suprême sans que la “France politico-médiatique d’en haut” ne s’en soit jamais offusqué.

    Qu’importe alors que ce fut un homme de droite ou de gauche qui fut ou est actuellement Ministre dans un gouvernement de gauche ou de droite, aujourd’hui ou hier, on concevra aisément qu’il n’y a là aucune préoccupations idéologique, mais l’évidence même du pourrissement morale de la classe politique.

    Comment alors ne pas penser au “pourrissement moral” de notre voisine italienne – sur fond maffieux, elle – voilà quelques vingt ans. L’opération judiciaire “mani pulite” (mains propres) lancée en 1992 contre la corruption du monde politique italien abouti, souvenons-nous en, à la disparition de partis comme la Démocratie chrétienne (DC) et le Parti socialiste italien (PSI).

    L’arrestation de DSK, le limogeage de Georges Tron et la dénonciation d’un “ministre” pédophile, même fantôme – pour combien de temps ? – débouchant finalement sur une identique opération judiciaire française contre la débauche du monde politique français, pourrait bien être le prélude à la disparition de partis comme l’UMP et le PS…
    Alors, pourquoi pas une opération “Roubignolles propres”, en quelque sorte ! Voire “Roubignolles propres, tête haute”, si affinité !

    Philippe Randa (Voxnr, 3 juin 2011)

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  • L’Afrique n’est plus le (seul) berceau de l’Homme moderne...

    La parution du numéro de la revue Sciences et Avenir de juin 2011 consacré aux "nouvelles histoires de l'homme" est importante. Elle rend publique la fin d'un des dogmes les plus tenaces de la paléoanthropologie, celui de la théorie appelée "Out of Africa" qui postulait  une origine africaine de l'homme moderne ; théorie avec laquelle on nous bassine depuis plus de quarante ans... Nous reproduisons ci-dessous un excellent texte de Bernard Lugan, publié sur son blog, qui expose clairement les enjeux de cette petite révolution scientifique...

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    L’Afrique n’est plus le (seul) berceau de l’Homme moderne

    Déclarant à la revue Science et Avenir (n° 772, juin 2011) que « L’Afrique n’est pas le seul berceau de l’Homme moderne », Yves Coppens fait voler en éclats le postulat de l’exclusivité des origines africaines de l’humanité. Il évacue également d’une phrase plusieurs dizaines d’années d’un hallucinant « bourrage de crâne » scientifique construit autour du paradigme du « Out of Africa ». Pour mémoire, selon ce dernier, les Homo sapiens seraient sortis d’Afrique sous leur forme moderne entre moins 100 000 ans et moins 60 000 ans, et ils auraient partout remplacé les populations antérieures, ce qui fait que nous sommes tous des Africains…

    C’est en prenant en compte les découvertes récentes qu’Yves Coppens a radicalement révisé ses anciennes certitudes. Désormais, pour lui, ni l’Homme moderne européen, ni l’Homme moderne asiatique ne descendent de l’Homme moderne africain puisqu’il écrit : « Je ne crois pas que les hommes modernes aient surgi d’Afrique il y a 100 000 à 60 000 ans (…) Je pense que les Homo sapiens d’Extrême-Orient sont les descendants des Homo erectus d’Extrême-Orient ».

    Comment serait-il d’ailleurs possible de continuer à soutenir que les Asiatiques ont une origine africaine quand, dans une Chine peuplée en continu depuis 2 millions d’années, les découvertes s’accumulent qui mettent en évidence la transition entre les hommes dits archaïques et l’Homme moderne dont les Chinois actuels sont les très probables descendants (Dong, 2008 : 48)[1]. Il en est de même avec les Européens.

    Les importantes découvertes archéologiques qui ont permis une totale révision des modèles anciens ne sont pas des nouveautés pour les lecteurs de l’Afrique Réelle. Dans un dossier publié dans le numéro 11 du mois de novembre 2010[2], il a ainsi été montré que l’Homme moderne, qu’il soit asiatique, européen ou africain est issu de souches locales d’hominisation ayant évolué in situ. Un peu partout dans le monde, nous voyons en effet et clairement des Homo erectus se « sapiensiser » et donner naissance à des lignées locales, peut-être les plus lointains marqueurs des « races » actuelles.

    Ces « sapiensisations » observables à la fois en Asie, en Europe, dans le monde méditerranéen et en Afrique, réduisent à néant le postulat du diffusionnisme au profit de l’hypothèse multi régionaliste que je défends depuis de nombreuses années[3]. Les découvertes qui s’accumulent, de la Georgie[4] à l’Espagne[5], de la Chine au Maroc ou encore d’Israël à l’Australie et à la Mongolie vont ainsi toutes dans le sens d’hominisations indépendantes de (ou des) l’hominisation africaine.

    Cette déferlante ayant fait céder les fragiles digues dressées par la pensée unique, ses derniers défenseurs en sont réduits à jongler avec les faits. Le célèbre généticien André Langaney n’a ainsi plus qu’un pauvre argument à opposer aux nombreuses et très sérieuses études faites en Chine puisqu’il ne craint pas d’écrire : « Des scientifiques orientaux au nationalisme mal placé veulent à toute force que l’homme de Pékin ou d’autres fossiles chinois soient leurs ancêtres » (Sciences et Avenir, page 63). Fin du débat !

    Le dossier de Science et Avenir constitue une étape essentielle dans la libération des esprits car il va toucher le plus grand nombre. En dépit d’inévitables scories idéologiques qui font surface ici ou là, et de concessions appuyées au politiquement correct, sa publication signifie qu’il n’est désormais plus possible de cacher au grand public une vérité que les spécialistes connaissaient mais qu’ils conservaient prudemment dans leurs tiroirs afin de ne pas désespérer le « Billancourt de la paléontologie »… La théorie de « l’Eve africaine » et celle d’ « Out of Africa » peuvent donc être désormais rangées dans le rayon des idéologies défuntes, quelque part entre la « lutte des classes » et le mythe de la « colonisation-pillage ».

    Bernard Lugan (Blog de Bernard Lugan, 2 juin 2011)

     

    [1] Dong, W., (2008) « Les premiers hommes vus de Chine ». Les Dossiers de la Recherche, n°32, août 2008, pp. 47-49.
    [2] Pour les synthèses les plus récentes, voir l’Afrique Réelle n°11 (novembre 2010) et Lugan, B., (2009) Histoire de l’Afrique des origines à nos jours. Ellipses, pp.15-19.
    [3] Notamment dans un livre paru en 1989 et aujourd’hui dépassé sur plusieurs points qui a pour titre Afrique, l’Histoire à l’endroit.
    [4] Lieberman, D.E., ( 2007) « Paleoanthropology : Homing in on early Homo ». Nature, n° 449, 20 septembre 2007, pp. 291-292.
    [5] Carbonell, E et alii ., (2008) « The First European ? » Nature, n° 452, 27 mars 2008, pp. 465-469.

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