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Points de vue - Page 403

  • Les Français apatrides sur leur propre terre ?...

    Les accusations de racisme lancées par les inquisiteurs de Mediapart à l'encontre des instances nationales du football nous donnent l'occasion de reproduire cette mise au point percutante de Malika Sorel, publiée sur son blog. Malika Sorel vient de publier aux éditions Mille et une nuits un essai intitulé Immigration, intégration : le langage de vérité.

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    Les Français apatrides sur leur propre terre, celle de leurs ancêtres

    L’inquisition a frappé, par la voix de Mediapart. La ministre Chantal Jouanno a donc fait rouler la tête du directeur technique, qui n’aura même pas eu droit à un procès, fût-il stalinien. Laurent Blanc, lui, verra peut-être sa tête sauvée car, dixit Chantal Jouanno : « Pour le connaître, il prône plutôt le métissage ». Il faudra que le soviet suprême nous dise un jour ce que « métissage » signifie exactement.

    Il est aujourd’hui important de se remémorer le comportement inqualifiable de certains joueurs de l’équipe de France de football lors de la dernière coupe du monde. Les langues s’étaient alors déliées pour porter à la connaissance du grand public l’absence totale de cohésion, le regroupement selon l’ethnie d’origine, la dictature exercée par certains joueurs pour lesquels on était allé jusqu’à imposer un certain nombre de contraintes à l’ensemble de l’équipe, y compris d’ordre alimentaire et sanitaire (douches séparées). Se souvient-on encore du préjudice énorme que cette « équipe » avait alors fait subir à la France en salissant son image devant les téléspectateurs du monde entier ?

    Au micro de RTL, Christophe Dugarry révèle que le soir de 1998 où la France vient d’être sacrée championne du monde, alors que les joueurs prennent des photos dans les vestiaires, Lilian Thuram lance un : « allez les blacks, venez on va faire une photo tous ensemble ! » Imaginez que c’eût été un joueur blanc qui ait lancé « allez les blancs, venez on va faire une photo tous ensemble ! »… Alors, c’était donc ça, la France black-blanc-beur de Jacques Chirac ?

    Un problème notable existe aussi du fait du comportement de joueurs dotés d’une double nationalité. Le Monde : « Lors de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, neuf footballeurs français ont joué la compétition avec une autre équipe que les Bleus, alors qu’ils avaient porté le maillot de l’équipe de France en sélection de jeunes. Ces “binationaux” sont nés et ont grandi dans l’Hexagone, mais ont choisi de jouer pour le pays d’origine de leurs parents. »

    La gauche comme la droite pratiquent depuis fort longtemps la discrimination positive au profit des personnes d’origine étrangère. J’en avais longuement parlé dans Le puzzle de l’intégration. Le critère ethnique est même mentionné en toutes lettres dans la Charte de la diversité instituée en octobre 2004 par Jean-Pierre Raffarin, alors Premier ministre.[1] Engagement n°3 de la Charte de la diversité : “Nous [les entreprises signataires] nous engageons à chercher à refléter la diversité de la société française et notamment sa diversité culturelle et ETHNIQUE dans notre effectif, aux différents niveaux de qualification.”

    La Charte de la diversité incite, dans les faits, les entreprises à favoriser le recrutement de ceux qui ne sont pas d’origine européenne. Cela se transforme en discrimination négative vis-à-vis des Français de souche européenne.

    Voici un extrait d’Immigration-intégration : le langage de vérité.

    « Sur le terrain, la pratique de la discrimination positive se transforme, de manière très concrète, en discrimination négative envers les Français de souche européenne : “L’Oréal fait de la discrimination positive et l’assume […], déclare le directeur général du groupe Jean-Paul Agon. Aujourd’hui, lorsque nous rencontrons un candidat qui a un prénom d’origine étrangère, il a plus de chances d’être recruté que celui qui porte un prénom français de souche.[2]” Ces propos discriminatoires à l’égard des Français de souche ont été tenus par le dirigeant d’un groupe qui emploie 12 000 personnes en France. Autre illustration : “À compétences égales, eh bien désolée, on choisira la femme ou on choisira la personne venant d’autre chose que le mâle blanc pour être clair.[3]” Ces propos discriminatoires à l’égard des hommes blancs ont été tenus par Anne Lauvergeon, patronne d’un groupe français qui emploie 50 000 personnes. Imaginons que de tels propos aient été tenus à l’encontre d’autres couleurs que la couleur blanche ; toutes les associations de France et de Navarre auraient rué dans les brancards. Là, il ne s’est rien passé. Comment expliquer, par ailleurs, que de tels propos et attitudes n’aient pas été sanctionnés par la loi ? Parce que le racisme est devenu, comme je l’ai précédemment évoqué, un concept à géométrie variable, qui ignore superbement les comportements qui frappent les Français de souche européenne. Le 14 mai 2009, le ministre de l’Immigration félicitait le groupe L’Oréal pour sa politique de recrutement et le gratifiait du “label diversité” [4]…
    […]
    Par exemple, le racisme dirigé contre les Français de souche européenne ne semble guère les émouvoir. Leur indignation est sélective. Eux qui font feu de tout bois, se gardent bien de s’interroger sur cette tendance aujourd’hui à l’œuvre sur le sol français : “Entre le 1er janvier et le 30 septembre 2010, 485 cimetières et lieux de culte ont été dégradés : 410 l’ont été au préjudice de sites chrétiens, dont 179 cimetières et 231 lieux de culte.[5]” Autrement dit, 85 % des dégradations de lieux de culte ont visé en 2010 des sites chrétiens ! Les Français ont-ils le sentiment que cette information a été relayée par les médias, ou que leurs représentants politiques ont témoigné la moindre compassion, à défaut d’indignation ? Le comportement de ces censeurs porte de surcroît atteinte au vrai combat contre le racisme, car, mettait en garde Claude Lévi-Strauss, “en banalisant la notion de racisme, en l’appliquant à tort et à travers, on la vide de son contenu, et on risque d’aboutir au résultat inverse de celui qu’on recherche.[6]”
     »

    Si vous y réfléchissez bien, nous ne sommes plus du tout en France dans une politique de méritocratie républicaine, mais dans une politique clairement fondée sur un critère de préférence extra-nationale. Et comme l’avait très bien relevé notre ami Jugurta, les Français d’origine extra-européenne qui ont réussi leur intégration et se sont assimilés subissent le même sort que les Français de souche européenne.

    Voici ce que déclarait Nicolas Sarkozy le 26 octobre 2005, en tant que Ministre de l’Intérieur, dans une conférence-débat sur le thème Un défi républicain : la discrimination positive à la française, le ministère de l’Intérieur s’engage : « La première fois, Ministre de l’Intérieur, où j’ai réuni les préfets, j’ai demandé à mes collaborateurs : “Y-a-t-il quelque chose qui vous choque ?” Ils m’ont répondu : “Rien du tout. Tout est normal.” Ben moi y’a quelque chose qui me choquait. Parmi les préfets, il n’y avait que des Christophe. Enfin, des Pierre, des Louis, des Jean et c’est amusant, et parmi les préfets ils étaient tous de la même couleur. Je vous laisse la deviner. »

    Encore un extrait d’Immigration-intégration : le langage de vérité : « Les Français se sentent aujourd’hui apatrides sur leur propre terre, celle de leurs ancêtres. Pour qu’ils reprennent confiance en eux et en l’avenir de la France, il est urgent qu’ils se réapproprient le droit élémentaire qui leur a été confisqué – celui d’exprimer et d’assumer ce que “Français” signifie dans leur tête, leur cœur, leur âme et surtout leur inconscient collectif ».

    Malika Sorel (Le blog de Malika Sorel, 4 mai 2011)

     

    [1] La Charte de la diversité en entreprise a été instituée en octobre 2004 (Jean-Pierre Raffarin). Elle comprend actuellement 3076 entreprises signataires, dont la liste peut être consultée ici

    [2] Jean-Paul Agon, « L’Oréal fait de la discrimination positive et l’assume », propos recueillis par Nathalie Brafman et Stéphane Lauer, Le Monde, 13 juillet 2007.

    [3] Propos tenus par Anne Lauvergeon lors du Women’s Forum à Deauville, Journal de France 2, 16 octobre 2009.

    [4] La création de ce label « diversité » a été annoncée par le Président de la République dans son discours à l’École polytechnique sur l’égalité des chances. Ce label a été créé par décret le 17 décembre 2008.

    [5] Lettre adressée par Brice Hortefeux, Ministre de l’Intérieur, de l’Outre-Mer et des Collectivités territoriales à Thomas Hammarberg, commissaire aux Droits de l’homme au Conseil de l’Europe, rendue publique le 2 novembre 2010.

    [6] Claude Lévi-Strauss, Didier Éribon, De près et de loin, Odile Jacob, 1988.

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  • Quand le crime paie...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte d'Hervé Juvin, publié sur son site Regards sur le Renversement du monde et consacré aux agissements criminels de la finance internationale...

     

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    Quand le crime paie

    Le monde de la banque et de la finance va-t-il s’émouvoir des accusations que, dans son dernier livre, John Le Carré porte sur elle ? En bref, et comme le résumait fort bien « le Monde des Livres » ( 6 avril 2011), l’argent de la drogue, des trafics et des mafias aurait sauvé les banques de la faillite en 2008, et plus généralement, en échange de quelles compensations, aurait servi à renflouer un système financier faisant eau de toutes parts. L’accusation n’est pas seulement romanesque. D’abord parce que les livres de John Le Carré ont toujours traduit un solide rapport au réel. Ensuite, parce que ce n’est pas la première fois que les maîtres du jour auraient considéré que l’argent n’a pas d’odeur, surtout quand il s’agit de survivre, eux, leur pouvoir et leurs gains. Surtout, parce qu’elle rejoint l’idée commune ; l’argent, il faut bien le trouver quelque part.

    C’est là précisément qu’il faut arrêter la comparaison, et cesser la spéculation romanesque. S’il est bien possible en effet que tel ou tel établissement ait été tenté de fermer les yeux sur la provenance de fonds qui lui étaient confiés, ou encore d’accueillir favorablement à son capital des actionnaires troubles, ou simplement inconnus, le système lui n’a aucun besoin d’accepter des capitaux, puisqu’il peut les créer. Les crédits font les dépôts. Les promesses de payer valent paiement. Paradoxe ? Non, réalité stratégique à l’œuvre, sachant que la capacité à promettre n’est fonction, en définitive, que de la puissance. C’est en particulier le tour de force des politiques dites de « quantitative easing », consistant, pour les Etats-Unis, à utiliser le privilège exorbitant d’émettre des dollars à un coût pratiquement nul ; 600 milliards de dollars de liquidités ont ainsi été émises par la Federal Reserve depuis l’automne 2010 ( voir l’article de l’Agefi actifs, 14-20 avril 2011) pour l’achat de treasuries, ce qui équivaut à un enrichissement sans cause des établissements bancaires et financiers américains, pour un montant que les mafias auraient du mal à concurrencer ! La Banque centrale européenne n’est pas à l’écart d’une démarche dont l’autre version consiste à accepter de racheter aux banques qui les présentent à ses guichets des papiers financiers de valeur incertaine, à leur valeur d’émission ; peu importe si le marché des investisseurs évalue à 80, à 60 ou à rien ce qui a été émis à 100, la Banque centrale rachète le papier à 100 ! Voilà une autre manière d’émettre de la fausse monnaie, et d’obtenir par un jeu d’écriture une autre forme de création de richesse, équivalent ici à un crédit gratuit, pour des montants supérieurs à tout ce que l’argent sale pourrait apporter dans les comptes des banques.

    Voilà pourquoi il n’y a guère besoin de l’argent du crime pour que la bulle financière se regonfle et que les acteurs des marchés financiers retrouvent leur superbe. Les techniques de refinancement permettent assez bien de faire disparaître la réalité des prix, comme la titrisation avait merveilleusement permis de faire disparaître la réalité des risques. Voilà aussi pourquoi, à l’évidence, les affaires monétaires et financières sont devenues des affaires stratégiques, de la plus haute importance pour la conduite des Nations, la confiance des individus et l’autonomie des peuples. Car ce n’est pas parce qu’elle n’a pas eu besoin de l’argent de la drogue et des mafias que la banque et la finance ne posent pas des questions de sécurité collective, de paix, et de sûreté. Les émeutes de la faim l’ont dit dès 2007 et commencent à le répéter ; la volatilité des prix tue. La paupérisation accélérée d’une partie de cette « classe moyenne » européenne qui croyait que les engagements étaient faits pour être tenus, va le dire bientôt ; la rupture du pacte social imposée par les marchés se paie. Et la réduction de la démocratie à l’accessoire – votez, nous nous occupons de ce qui compte vraiment ! – elle aussi se paiera, se paie déjà, dans les urnes et dans les rues. C’est que les peuples d’Europe ne sont pas dupes ; rarement un si petit nombre d’hommes aura autant nui à un si grand nombre, rarement une telle impunité aura été assurée à la mafia mondialiste des hedge funds, des intermédiaires financiers et des fabricants de prix de marché, rarement une telle captation publique aura été consentie à un si évident groupe de prédateurs. L’histoire l’enseigne ; quand quelqu’un prétend faire le travail de Dieu, il faut l’éliminer sans recours et sans délai. Le crime de démesure était le premier péché des Grecs. Que l’avons-nous oublié ?

    Tout regard sur les politiques des banques centrales, sur les décisions publiques de sauvetage des systèmes bancaires, sur l’organisation des marchés financiers, révèle à quel point les unes et les autres ont été les moyens d’enrichissement sans cause, d’acquisition d’actifs qui ne seront jamais payés, de détournement d’autres actifs, de destruction de la confiance et de mise sous dépendance de populations et de régions entière. Qui a dit que la finance de marché n’était pas stratégique ? Les Chinois semblent avoir bien compris ce que les Américains savaient déjà, à l’école il est vrai des Britanniques ; il est peu de gains de guerre que la finance de marché ne permette pas d’obtenir, sans la guerre. Affamer des populations ennemies ; se rendre maître des actifs stratégiques ; détruire des monnaies concurrentes ou rivales ; ruiner la foi publique, la confiance dans les engagements de long terme ; amener des systèmes sociaux à l’éclatement ; imposer la loi des investisseurs et des gérants, la loi universelle du plus fort rendement du capital investi, c’est-à-dire parachever la colonisation de la planète par la loi du capital, que le droit prépare, organise, et rend irrésistible ; drôle de paix, qui voit des situations d’appauvrissement et de déclassement, des mises sous dépendance et des ruines collectives comme seules les guerres avaient su les déterminer auparavant, tout cela au nom du développement, de la croissance et du Bien !.

    Face à ces situations, qui n’épargnent pas l’Europe, qui guettent l’Europe, l’historien rappelle que les prêts financiers non remboursés, d’Haïti à Madagascar et aux Philippines, ont été une constante raison de guerres et de colonisation. Le financier assure que rien n’a d’importance, tant que les affaires marchent. Le politique sera plus direct. Une partie de l’activité financière est à ranger parmi les activités criminelles, parce que leurs conséquences sont criminelles. Le déport magistral de richesse et de revenus vers la finance de marché est un enrichissement sans cause. Les facilités données aux établissements pour se refaire et continuer est un abus de biens publics. Les émissions de monnaie sans contrepartie sont une agression contre les autres monnaies, une OPA sur tous les actifs libellés dans ces monnaies, l’équivalent d’une agression contre les autres Nations souveraines. La volatilité des prix de la terre, des récoltes, de l’eau et de l’énergie, tue. Et les facilités de refinancement accordées par prise en pension de titres sans prix, sont une atteinte à la foi publique. Elle condamne l’avenir. Sans parler des situations de conflits d’intérêt systématiques en pareille situation, et des informations d’initiés abondamment utilisées. L’ensemble pose un tout autre problème, celui de la dérive criminelle de toute activité humaine sortie d’un territoire, d’une limite et du réel. Il suggère quatre décisions urgentes, nécessaires, vitales :

    -la suppression des opérations de marchés dérivés par compensation des positions prises ;

    -la séparation totale des opérations de dépôt-crédit et des opérations de marché, ces dernières ne disposant d’aucune garantie publique ;

    -la suppression de l’anonymat des acteurs des marchés, par les mécanismes de trustees et de nominees, aucune opération n’étant admise si l’opérateur final n’est pas identifié.

    -la renationalisation des Bourses, activité garante de la foi publique.

    Urgentes, nécessaires, exclues… N’est-ce pas le paradoxe de la situation politique actuelle, de l’affaiblissement de l’Etat et de l’épuisement des peuples, que des constats aussi aisés, des perspectives aussi graves, et un consentement aussi étendu à l’incapacité d’agir ? Et n’est-ce pas l’étonnement du présent ; la réalité dépasse la fiction ?

    Hervé Juvin, 15 avril 2011

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  • Mort de Ben Laden : le point de vue de Tariq Ramadan...

    Vous pouvez visionner ci-dessous une intervention du théologien musulman Tariq Ramadan sur I télé à propos de la liquidation de Ben Laden par les forces spéciales américaines. Une analyse qui ne manque pas de pertinence...

     

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  • Ben Laden... L'enfumage continuerait-il ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue de Jean-Paul Baquiast, cueilli sur le site d'Europe solidaire, à propos de l'opération d'élimination de Ben Laden (?) par les forces spéciales américaines...

     

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    Ben Laden... L'enfumage continuerait-il ?
    On ne peut que trouver suspecte la vague de pro-américanisme et d'atlantisme qui se déploie en Europe à la suite de l'annonce par Barack Obama de la mort de Ben Laden. Il semble que les Européens n'attendaient que ce prétexte pour redonner à l'Amérique toute leur confiance comme leader du monde dit occidental.
    Le récit traditionnel (narrative) quasi-hollywoodien auquel nous sommes habitués depuis la seconde guerre mondiale peut ainsi reprendre toute son efficacité. Finis les doutes sur l'affaissement de la puissance américaine, sur l'incapacité personnelle de Barack Obama à se comporter en grand leader global. Les sacro-saintes forces spéciales américaines, face auxquelles aucun lieu au monde ne peut se prétendre hors de portée, ont enfin abattu celui qui avait défié l'Empire.

    Peu importe que ce défi ait duré plus de dix ans, ait entraîné trois guerres censées faire disparaître la « terreur » qu'il inspirait, peu importe que Ben Laden (ou un personnage portant son nom) ait vécu assez tranquillement près d'Islamabad, à Abbottabad, ville située à une cinquantaine de km de Rawalpindi, le centre de l'establishment militaire Pakistanais, avec inévitablement la complicité du Pakistan, bien plus préoccupante au plan géostratégique que les attentats qu'auraient pu encore provoquer Ben Laden. L'Amérique telle Zorro est revenue, nous sommes tous de nouveau des Américains. Laissons donc ce grand chef de guerre qu'est Obama continuer à mener sa guerre en Afghanistan (en y engluant les Européens), face à un Karzai et à un gouvernement pakistanais ne voyant que des avantages à la poursuite de cet engluement occidental.

    Les risques terroristes qui menacent les Européens ne diminueront pas d'un cran avec la mort de Ben Laden. Ces risques sont indiscutables, mais tout à fait dans la norme, si l'on peut dire. Aujourd'hui les tentatives de destruction par l'intérieur sont quasiment systèmiques. Toute organisation un tant soit peu ordonnée génère en son sein ou à ses frontières des agents quasi viraux s'attachant à l'empêcher de fonctionner. A une toute autre échelle on le voit tous les jours en constatant les agressions subies par les utilisateurs du web ne songeant qu'à utiliser tranquillement les ressources du réseau. Mais dans ce cas, les utilisateurs du web ne peuvent attendre de défense que des anti-virus qu'ils mettront eux-mêmes au point. Il serait très imprudent qu'ils s'en remettent à l'aide des services de lutte contre le cyber-terrorisme proposés par la CIA ou la National Security Agency.

    Or face aux nouveaux risques, qu'ils soient terroristes, financiers, économiques, environnementaux , les Européens plus que jamais n'ont de secours à attendre que d'eux-mêmes, de leurs investissements, de leur travail. Moins que jamais, l'Amérique ne pourra se positionner vis-à-vis d'eux en leader du monde libre. Il est urgent que les Européens s'en rendent compte car, après la « guerre contre la terreur », progressivement tombée en désuétude, l'Amérique est en train de s'inventer de nouveaux ennemis pour tenter de fédérer autour de ses intérêts les pays tentés de se détacher d'un Empire en voie d'affaiblissement sur de nombreux fronts.

    C'est le cas notamment de la supposée menace représentée par l' « arrogance chinoise » contre laquelle, par exemple, Washington voudrait bien mobiliser l'Inde, sans succès jusqu'ici – comme elle tente de le faire avec l'Europe. Or que ce soit dans le cas des relations avec la Chine comme dans celui des relations avec la Russie, une Europe qui serait unie et solidaire n'aurait pas besoin de l'Amérique ni pour la représenter ni pour la défendre

    Avoir dans des conditions d'ailleurs plus qu'étranges réussi à supprimer le pantin Ben Laden ne devrait donner aux Américains, que ce soit au plan diplomatique ou économique, aucun droit à prétendre reprendre un leadership mondial. C'est à nous de nous organiser et de nous renforcer.

    On notera, petit événement mais significatif, que le même jour où l'on annonce la mort de Ben Laden, quelques Européens il est vrai encore bien isolés viennent de proposer la mise en place d'un Réseau européen de réflexion géopolitique , dont les premiers pas peuvent être suivis sur un blog dédié (voir l'adresse en note ). Ses promoteurs espèrent y rencontrer prochainement les habitués de ce site.

    Jean-Paul Baquiast (Europe solidaire, 2 mai 2011)

     
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  • La guerre civile à l'horizon de l'Europe ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article du magazine Flash, cueilli sur le site Mecanopolis, signé par Clovis Casadue, et consacré aux prévisions d'aggravation de la crise en Europe...

     

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    Pendant les révolutions et les catastrophes, la crise continue !

    Les révolutions arabes et la catastrophe nucléaire de Fukushima ont détourné notre attention de la crise des Etats européens depuis le début de l’année. Pourtant la situation continue de se détériorer. Malgré des réformes drastiques, le Portugal est tombé sous la tutelle du Fonds Européen de Stabilité Financière et du FMI. En Espagne, la situation économique se détériore tous les jours un peu plus et la plupart des analystes s’attendent à ce que le pays se retrouve en situation de cession de paiement au plus tard d’ici l’automne prochain.

    Malgré l’aide du Fonds Européen et du FMI octroyée en juin dernier, la Grèce est loin de retrouver un équilibrer budgétaire. Dans la salve de rapports qui ont ponctués les réunions organisées par le FMI et le G20 à Washington le week-end dernier (1), l’un d’entre eux pointe gravement du doigt Athènes. Le document évoque même une possible restructuration de la dette grecque. En clair, cela veut dire que le pays est à nouveau très proche du défaut de paiement. Un scénario catastrophe pour les banques qui détiennent les obligations d’Etat de la Grèce, en premier lieu l’Allemagne et la France. Deux solutions sont possibles pour éviter le pire : durcir les conditions du plan d’aide et mettre encore davantage à contribution la population grecque par de nouvelles mesures d’austérité, au risque de provoquer une crise sociale majeure, ou remettre de l’argent au pot par une rallonge du Fonds Européen et du FMI. Pour l’heure, Athènes, en présentant ce lundi d’autres mesures d’économies, telles que de nouvelles coupes budgétaires, a choisi la première solution.

    Dévaluation de l’euro

    Selon une note confidentielle publiée le 15 février dernier dans une publication allemande (2) plusieurs hauts responsables de l’UE auraient recommandé à leurs proches collaborateurs de transformer une part de leurs économies en métaux précieux. Le fait que des responsables de l’UE se préoccupent des investissements et de la prévoyance de leurs subordonnés est plutôt rare. Mais le document de l’UE explique la raison pour laquelle le vice-président fit une exception. Citation : « Nous nous attendons à une forte poussée d’inflation pour 2011, à une augmentation des taux d’intérêts directeurs et à un renchérissement massif des principales matières premières. Nous devons nous attendre à de nouvelles ondes de chocs sur les marchés financiers et l’euro va être pris dans une spirale de dévaluation. » Sur la plan de la crise sociale, le document est encore plus alarmant : « La conjonction dans les pays membres d’un chômage accru et d’un démontage de l’Etat social renforcera les dangers de violences. A moyen terme, nous devrons réduire la sécurité sociale à son minimum, même si cela devait provoquer des révoltes et de la violence

    De la nécessité de faire diversion

    Comme l’autorité de l’Etat ne peut en aucun cas être contestée, pas plus que le pouvoir – intimement lié – de l’oligarchie financière, il est donc nécessaire de trouver le moyen de faire diversion afin de catalyser la colère du peuple. L’islamophobie, qui ne cesse de croitre depuis plusieurs années et qui est en passe d’être renforcée grâce à la vague d’immigration venue des pays d’Afrique du Nord, peut être encore attisée afin de détourner les populations des réels problèmes de notre société. C’est ce qu’indique un rapport secret de la CIA publié le mois dernier (3). Et quand un document prétendument confidentiel de cette agence de renseignement devient public, c’est qu’il a pour but d’être utilisé à des fins de propagande. Ce rapport prétend mettre en garde contre « la possibilité de guerres civiles dans certaines parties de l’UE. » Selon le texte « 70% des délinquants incarcérés en Espagne et en France sont d’origine musulmane. L’Europe, avec son taux important d’immigrés, est considérée comme faible et proche du déclin. Le risque de troubles augmente d’année en année.» La CIA voit également dans les graves émeutes de jeunes de ces dernières années en France, au Danemark, en Suède, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne des « signes avant-coureurs » des guerres civiles à venir. « La raison en est le manque de volonté de s’intégrer d’une partie des immigrés qui créent des zones de non-droit par la force des armes alors que l’on désarme systématiquement la population. » indique encore le document, avant de conclure que cette situation va renforcer « l’apparition de mouvements nationalistes en Europe qui entraîneront, dans les années 2012 à 2016, des tensions ethniques et religieuses dans tous les Etats d’Europe et l’expulsion des musulmans. »

    Choc des civilisations

    La théorie du choc des civilisations n’est qu’un grossier mensonge. Mais il convient maintenant de lui donner une réalité, ce à quoi travaillent les officines de propagande et d’actions clandestines – ainsi que les laquais politiques qui sont à leurs ordres – de sorte à créer une déstabilisation psychologique des populations propre à manipuler l’imaginaire collectif. Les crises successives que nous traversons depuis 2008 ne servent en réalité qu’à restructurer l’économie mondialisée pour permettre la mise en place d’une société 20/80, à savoir celle dans laquelle le travail de 20 % de la population mondiale sera suffisant pour soutenir la totalité de l’appareil économique de la planète ; les 80 % restant étant superflus et destinés à disparaître. Les guerres civiles en cours d’élaboration et les autres catastrophes qui ne tarderont plus à s’abattre sur nos existences ne seront créées et utilisées que pour atteindre cet objectif.

    Néanmoins, ce monde cataclysmique que l’on veut nous imposer n’est en rien une fatalité. Comme nous l’avons indiqué à plusieurs reprises, nous devons nous garder d’oublier ce fait d’expérience que l’action de quelques individus, ou de groupes humains très restreints, peut, avec un peu de chance, de rigueur, de volonté, avoir des conséquences incalculables sur les évènements en cours.

    Clovis Casadue (Flash, 21 avril 2011)

    Notes :

    1. Les 16 et 17 avril 2011

    2. Vertrauliche Mitteilungen du 15 février 2011

    3. Inter Nachrichten n° 387, mars 2011, et Zeit-Fragen du 4 avril 2011

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  • Un risible procès...

    "Le Front national situé très haut dans les sondages, des chroniqueurs de radio ou de télévision qui se lâchent sans tabou sur l'immigration, l'islam ou la peine de mort... La société française est-elle devenue réactionnaire ?".

    Telle est la grave question que s'est posé Le Monde dans son numéro du 30 avril 2011 en ouverture de ses deux pages de débats. Au coeur de la cible, les trois agitateurs néo-réactionnaires : Eric Zemmour, Robert Ménard et Elisabeth Lévy... Nous reproduisons ci-dessous la réponse qu'Elisabeth Lévy, auteur de l'excellent Les maîtres censeurs (Livre de poche, 2002), a pu publier dans le "grand quotidien de référence"...

     

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    Risible procès des "néo-réactionnaires" - Le peuple n'a pas toujours tort d'avoir peur

    Etonnant. Une semaine après la parution d'un sondage sacrant le Front national "premier parti ouvrier de France", personne n'a encore songé à faire porter cette casquette-là à la "bande des cinq" désignée par l'appellation "nouveaux réacs". Je parle de "bande des cinq" pour être aimable puisque c'est le chiffre que retient Le Monde au terme de son article serré sur ce passionnant phénomène ("Profession réactionnaire", Le Monde du 5 avril). Mais ni l'effectif de ce club ni l'identité de ses membres ne font consensus. En compilant les diverses listes de suspects, on parvient à une dizaine de noms (dont le mien).

    Je ne voudrais pas être discourtoise mais cette affaire de "nouveaux réacs" commence à sentir le poisson. Daniel Lindenberg avait déjà levé ce lièvre en 2002, dans un petit livre judicieusement intitulé Le Rappel à l'ordre (Seuil). Dix ans plus tard, de nouveaux "nouveaux réacs" sont donc appelés à comparaître devant le tribunal médiatique. Qu'on se rassure, personne n'exige - en tout cas ouvertement - que l'on fasse taire "cette demi-douzaine de polémistes" qui, selon Le Monde, "cumulent chacun deux, trois, quatre collaborations rémunérées dans les médias les plus importants et une multitude d'invitations gracieuses dans les talk-shows", pendant que leurs valeureux adversaires résistent bénévolement dans des caves.

    Il est vrai que ces esprits chagrins ne songent qu'à entretenir leur fonds de commerce. C'est ainsi, le bon journaliste a une pensée, le "nouveau réac" une posture. En tout cas, entre régimes amaigrissants et pouvoir des francs-macs, leur puissance médiatique est devenue un "marronnier" de saison.

    Cette querelle picrocholine révèle une curieuse conception du pluralisme. D'éminents journalistes semblent découvrir avec stupéfaction et/ou indignation que quelques trublions qui ont le front de ne pas penser comme eux ont le droit de s'exprimer. Au temps de parole, "l'omniprésence" de ces mauvais coucheurs est très relative et plutôt instable, la plupart connaissant la précarité ordinaire des soutiers de l'audiovisuel. Surtout, personne ne songerait à se plaindre que l'on entende Jean-Michel Aphatie chaque matin sur RTL et qu'on le voie chaque soir sur Canal+. Après tout, on a bien le droit de préférer le débat entre gens du même avis. Il est cependant paradoxal de célébrer la diversité en toute chose sauf dans le domaine des idées.

    L'épouvantail "néo-réac" ressort des tiroirs au moment où ceux qui savent ce qui est bon pour le peuple réalisent, paniqués, que, malgré vingt ans de prêchi-prêcha, ce peuple ingrat, notamment sa composante la plus populaire, s'obstine à voter pour un parti désigné comme antirépublicain - mais accepté, on se demande pourquoi, dans le jeu républicain. L'ennui, c'est que le peuple est bon, d'où la nécessité de s'en prendre aux mauvais génies qui, en flattant ses plus bas instincts, l'ont encouragé sur cette pente déplorable.

    Au-delà du vote FN, la "droitisation" de la société française inquiète nos grandes consciences, comme s'il était par nature bien d'être de gauche et mal d'être de droite. C'est précisément cette transformation inconsciente d'opinions, légitimes du reste, en dogmes incontestables, qui interdit toute discussion sur des sujets méritant mieux que des condamnations sommaires. Seulement, il est plus gratifiant d'ironiser sur les peurs des petits Blancs frileux que de se demander s'ils n'ont pas quelques raisons d'avoir peur. Sophia Aram, qui a trouvé spirituel de traiter les électeurs frontistes de "gros cons", n'avait pas compris "que la ligne de démarcation séparant les bonnes et les mauvaises manières d'aborder le FN avait bougé". Des bonnes et des mauvaises manières, quel formidable aveu !

    Notre société qui adore "la transgression" passe son temps à traquer les "dérapages", terme indiquant clairement que certains points de vue sont autorisés et d'autre pas. Ainsi, l'immigration est nécessairement une bénédiction. De même, tout être sain doit s'enthousiasmer pour le grand métissage planétaire que l'on nous promet comme avenir. Je crois, pour ma part, que l'afflux massif et rapide d'immigrés a eu des effets déstabilisateurs pour la société - tout en freinant l'intégration de ceux qui sont là. Et si je reste convaincue que tout individu peut devenir un "bon Français", je ne vois pas pourquoi la France devrait accepter n'importe quelle pratique, fût-elle religieuse ou culturelle.

    Le Monde en conclut que je tiens un "discours franchement anti-immigré". La différence entre la critique de certaines pratiques, l'inquiétude face aux flux migratoires et le rejet des individus serait-elle trop subtile ? La délicate question de l'islam et de son acculturation en France relève de la même jurisprudence. Avancer l'hypothèse qu'un certain islam puisse poser certains problèmes, c'est évidemment proclamer sa haine des musulmans.

    Le pire est que mes accusateurs ne sont même pas de mauvaise foi : ils entendent ce qu'ils attendent. Alors, je l'avoue, je suis parfois tentée, chers confrères, de vous laisser débattre entre vous. Mais ne rêvez pas, ça ne dure jamais très longtemps.

     

    Elisabeth Lévy, journaliste, rédactrice en chef du site et du magazine "Causeur" (Le Monde, 30 avril 2011)

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