Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Points de vue - Page 255

  • France-Russie : hypocrisie et incohérences...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Philippe Migault, cueilli sur le site d'information Sputnik et consacré aux incohérences des positions de la France l'égard de la Russie, notamment au regard de celles qu'elle adopte vis-à-vis des pétromonarchies du Golfe...

    Hollande_Arabie saoudite_Russie.jpg

    Russie-France : Sortir de l’hypocrisie, du double standard et des incohérences

    Le rythme haletant de l’actualité, peu propice à la réflexion, offre quelquefois l’occasion de saisir en quelques instants toute l’incohérence d’une politique bien plus sûrement qu’une longue analyse.

    Le Président de la République française, François Hollande, après une escale au Qatar, où il a signé un contrat portant sur la vente de 24 avions de combat Rafale, est reçu en Arabie Saoudite, invité de surcroît par le Conseil de Coopération du Golfe (CCG), « geste sans précédent pour un dirigeant occidental depuis la création de cette instance en 1981 » selon Le Figaro.

    Parallèlement un article du même quotidien assure que l'option de couler en haute mer les Bâtiments de Projection et de Commandement (BPC) destinés à la Russie aurait été envisagée comme porte de sortie par les autorités françaises, ne sachant que faire des navires, tous deux achevés et prêts au service mais immobilisés à quai pour peut-être encore de longs mois.

    Le décalage est tellement énorme que l'on a peine à y croire. Au demeurant l'information du Figaro relève peut-être d'un «canard » de journaliste crédule.

    Se réjouir de la vente des Rafale d'une part et de l'autre couler, en haute mer, deux joyaux de la technologie militaire française flambants neufs, semble parfaitement inenvisageable tant le geste serait symboliquement désastreux, à moult titres.

    D'abord parce que la dernière fois que la flotte française a sabordé des bâtiments modernes parfaitement en état de combattre c'était à Toulon, en 1942, afin qu'ils ne tombent pas aux mains de l'Allemagne nazie. Souvenir peu glorieux et parallèle que les meilleurs connaisseurs russes de l'histoire française ne manqueront pas de faire.

    Ensuite parce qu'on imagine mal le gouvernement socialiste, courtisant assidument les écologistes en vue des élections présidentielles de 2017, faire accepter aux « Verts », même les plus désireux de décrocher un maroquin ministériel, une opération consistant à envoyer par le fond 33 000 tonnes d'acier, de câbles électriques et d'éléments polluants divers. Cela ferait sûrement un splendide récif artificiel au large de nos côtes mais une solution similaire avait déjà été évoquée lorsque nous ne savions plus quoi faire de la coque du porte-avions Clemenceau: Ce scénario avait suscité l'opposition des amoureux de l'environnement.

    Pensons aussi aux employés des chantiers navals de Saint-Nazaire, aux salariés des groupes de construction navale DCNS et STX. Couler le produit de leur travail, de leur fierté, comme on procède à un vulgaire dégazage serait-il socialement acceptable? Quel message aussi pour la technologie française? Est-ce en traitant comme un déchet industriel un fleuron de nos bureaux d'étude et de nos chantiers que nous convaincrons les prospects envisageant d'acquérir des navires français?

    Un tel sabordage, enfin, s'apparenterait symboliquement à celui de nos relations avec la Russie. Lorsqu'on choisit de détruire une marchandise, payée par un Etat, en acceptant de le rembourser plutôt que de lui livrer, c'est que l'on est proche d'un point de rupture. Or ce n'est pas l'inflexion que souhaite prendre la diplomatie française, même si certains esprits influents l'y encouragent.

    Pourtant comment ne pas noter la gigantesque différence entre l'attitude de la France vis-à-vis de la Russie et celle qu'elle adopte vis-à-vis des pétromonarchies du Golfe?

    François Hollande a décidé de suspendre la livraison des Mistral à la Russie, alors que la France est légalement parfaitement en droit de transférer ces navires, suite à l'annexion de la Crimée et à la crise ukrainienne. C'est son droit, légitime, de chef d'Etat. Au demeurant il n'est pas le premier à le faire. Charles de Gaulle a décidé de ne pas livrer des armes commandées et payées par Israël au lendemain de la guerre des Six jours. Dmitri Medvedev a choisi en 2010 de ne pas livrer les S-300 commandés par l'Iran.

    En revanche il est pour le moins incohérent d'accepter dans le même temps de vendre des armes à des Etats du Moyen-Orient, engagés au Yémen dans une opération armée relevant de l'ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat, sans aucun mandat des Nations Unies susceptible de légitimer leur intervention, le tout en utilisant des armes à sous-munitions interdites par le droit international comme vient de le signaler l'ONG Human Rights Watch.

    Plus qu'une incohérence, cela révèle le double standard qui est systématiquement appliqué à la Russie depuis les débuts de la crise ukrainienne. Tolérance pour nos clients arabes, qui bombardent à visage découvert, aucun passe-droit pour les Russes, dont le patron de la Direction du Renseignement Militaire français a récemment affirmé qu'ils n'avaient jamais manifesté la moindre velléité d'invasion de l'Ukraine.

    Les autorités françaises sont aujourd'hui en situation difficile. Comment, sans assumer publiquement son hypocrisie —qualité indispensable à tout responsable politique mais peu courue dans l'opinion publique- concéder aux uns ce que l'on refuse à d'autres?

    Pourquoi devrions-nous refuser le livrer des armes à la Russie, matériel dûment payé par ailleurs, alors que nous acceptons des montages financiers pour satisfaire nos clients arabes et vendre le Rafale coûte que coûte, quitte à prélever des appareils sur des lots destinés à l'armée de l'air française? Parce que la Russie n'est pas un Etat « démocratique »? Les médias français, y compris publics et proches du pouvoir, ont fait part de leur gène vis-à-vis des ventes d'armes aux monarchies du Golfe, dont certaines, bien loin de tout idéal démocratique, encouragent le terrorisme islamique, pratiquent avec assiduité la peine de mort et ont une notion du « vivre ensemble » qui ne semble guère s'appliquer aux Chrétiens.

    Soit la France décide de poursuivre la même politique. C'est son droit le plus strict et elle se déconsidérera aux yeux de partenaires étrangers et d'une partie de son opinion publique.
    Soit elle choisit de défendre ses intérêts, à visage découvert, en cessant de mêler morale et relations internationales, posture qui exige d'être exemplaire en tous points, exercice impraticable. Sans doute les autorités françaises se déconsidérons-t-elles aussi, de la sorte, auprès de quelques intellectuels officiels. Sans doute recevront-t-elles une « volée de bois vert » des chancelleries « occidentales ». Mais François Hollande y gagnera une stature de chef d'Etat, y compris vis-à-vis de ceux qui ne l'apprécient pas. Parce que c'est l'intérêt de la France de vendre des Rafale au Qatar et à l'Egypte. Que c'est l'intérêt de la France de livrer les Mistral à la Russie. Et parce que les Français sont des grognards qui apprécient particulièrement les chefs prêts à braver la tempête pour imposer leur vision, y compris à eux-mêmes. 

    Philippe Migault (Sputnik, 7 mai 2015)

    Lien permanent Catégories : Géopolitique, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Comment liquider proprement un peuple ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Julien Jauffret , cueilli sur le site de l'hebdomadaire Minute et consacré à la réforme des programmes des collèges.

     

    Moutons de Panurge.jpg

    Comment liquider proprement un peuple

    Le pays tout entier a été pris d’une crise de fou rire quand ont été dé­voilés, à la mi-avril, les nouveaux programmes scolaires et la langue ridicule qui les accompagne. Même David Pujadas sur France 2, pas spécialement réputé pour son esprit de rébellion, s’est tapé la cuis­se en évoquant les perles du jargon pédagogique : « traverser l’eau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête » (nager), « rechercher le gain d’un duel médié par une balle ou un volant » (jouer à la raquette) ou « aller de soi et de l’ici vers l’autre et l’ailleurs » (apprendre une langue étrangère).
    Cette réaction quasi unanime témoigne certes d’une bonne santé mentale et d’un bon sens que l’époque n’a pas encore complètement anéanti. Mais elle a aussi son revers, très français : elle prend les choses à la légère, elle ironi­se… puis elle passe à autre chose en haussant les épaules.
    Ce charabia est pourtant beaucoup plus grave qu’il n’y paraît et dit tout de la philosophie de ces nouveaux programmes et de leur vo­lonté délibérée de se placer hors du réel. Il n’est pas besoin d’être parano pour imaginer en outre que ce jargon n’a pas passé accidentellement tous les filtres du Conseil supérieur des programmes (CSP) et qu’il n’est par conséquent pas là par hasard. Il obéit donc à un but : le con­trefeu ; un hochet envoyé aux médias qui s’en sont saisi avec gourmandise et sont ainsi tombés dans le panneau. Les quatre minutes de re­portage du JT de France 2 passées à se moquer de la novlangue pédagogique sont autant de mi­n­­utes perdues à s’interroger sur le fond du pro­gramme : un vrai massacre qui renoue avec les délires pédagogiques que l’on croyait révolus.
    L’esprit, on le connaît : l’apprentissage à l’école ne doit plus être une bête accumulation de con­naissances mais un « facteur de progrès global de la personne ». Plus que des savoirs arbitraires, ce sont les différents aspects de la vie sociale qu’il faut enseigner à l’élève dans une école transformée en « lieu de vie ». Dans cette optique, la grammaire devient « l’étude de la langue » : l’enfant « ob­serve » les phrases et en tire lui-même les règles qu’il n’apprend plus par cœur.
    On ne soulignera jamais assez le caractère idéologique de ces méthodes qui ne sont pas là pour donner à l’enfant un socle de connaissance mais pour le libérer de tout assujettissement, et principalement celui de la langue vécue comme une domination. Influencés par les philosophes de la modernité, les « néo-pédagos » (socialistes libertaires et chrétiens de gauche pour la plupart) considèrent en effet avec Foucault que les règles régissant la langue s’inscrivent dans une logique de dressage visant à contrôler les mentalités et les comportements. L’obéissance à ces règles (orthographe et grammaire) aurait ainsi pour seule finalité d’inculquer le respect automatique de la norme. C’est donc bien la grammaire, l’orthographe et la dictée, piliers de l’ordre bourgeois, qu’il fal­lait détruire pour faire de l’école le lieu d’une redistribution du pouvoir. L’objectif est largement atteint avec à la clef  20 % d’illettrés en classe de 6e.
    Pour le reste, on a suffisamment parlé de la fin programmée des langues anciennes, de la culture générale, des classes préparatoires et des classes bi­lingues, jugées trop élitistes, pour qu’il soit né­cessaire d’y revenir. Notons simplement avec Julia Sereni (Figaro Vox du 21 avril) qu’à partir du moment où « la transmission du savoir reste vécue comme une violence reproductrice d’inégalités, c’est à la transmission elle-même que l’on s’attaque pour diminuer les inégalités ».
    Mais le plus grave dans ces nouveaux programmes est sans doute le traitement réservé à l’Histoire. Le CSP distingue, pour les classes de 5e, 4e et 3e, des thèmes obligatoires et des thè­mes laissés au choix de l’enseignant. Avec cette particularité inouïe : l’étude de l’islam sera désormais obligatoire, celle du christianisme médiéval facultative. Et encore les professeurs choisissant ce thème auront-ils l’obligation de l’aborder sous l’angle de l’« emprise de l’Eglise sur les mentalités rurales ». Une histoire nationale de plus en plus facultative, avec quelques obligations néanmoins : l’esclavage, la colonisation, la colla­boration. Autrement dit, les repères com­muns donnés aux collégiens seront cons­titués de l’histoire glorieuse des autres… et de notre histoire honteuse. Comment ne pas voir dans cette haine de soi poussée au paroxysme l’accompagnement pédagogique d’un grand remplacement souhaité ?
    La formidable Histoire d’Alsace de François Waag, récemment rééditée chez l’éditeur breton Yoran Embanner, débute par cette citation de l’historien tchèque Milan Hübl que l’on aurait intérêt à méditer : « Pour liquider les peuples, on commence par leur enlever leur mémoire. On détruit leurs livres, leur culture, leur histoire. Puis quelqu’un d’autre leur écrit d’autres livres, leur donne une autre culture, leur invente une autre histoire. Ensuite, le peuple commence lentement à oublier ce qu’il est, et ce qu’il était. Et le monde autour de lui l’oublie encore plus vite. »   

    Julien Jauffret (Minute, 30 avril 2015)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Aveuglement européen devant les offensives des pays du Golfe...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Paul Baquiast, cueilli sur son site Europe solidaire et consacré à l'offensive économique des pétromonarchies du Golfe en direction de l'Europe, et notamment de la France...

     

    Hollande_Arabie saoudite.jpg

    Aveuglement européen devant les offensives des pays du Golfe

    Le pouvoir en France se réjouit du fait que François Hollande ait été l'«invité d'honneur» du sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Ce serait le premier chef d'Etat occidental à bénéficier de cet « honneur », ce dont Barack Obama, jusque là l'allié le plus fidèle des dits pays du Golfe, n'a jamais pu faire.
    Pourquoi cette défaveur momentanée des Etats-Unis? Parce que ceux-ci négocient un accord avec l'Iran sur le nucléaire. Parce que, également, les intérêts américains dans le Golfe ne recoupent pas nécessairement ceux de certains des Etats du Conseil de Coopération. François Hollande ne souffre pas de ces handicaps. Il s'est montré l'héritier le plus fidèle de la politique américaine des années précédentes. Il a même à plusieurs occasions endossé les aspects les plus extrémistes de cette politique, contre Bashar al Assad notamment. Il peut par ailleurs jouer un rôle utile d'intermédiaire entre les pays du Golfe et l'Union européenne, notamment lorsque celle-ci manifeste des inquiétudes en matière de droits de l'Homme ou de liberté de la concurrence.

    Bien évidemment, les services rendus par la France aux monarchies pétrolières justifient quelques contreparties. C'est le cas notamment du contrat Rafale au Qatar, qui pourrait être suivi d'un contrat du même ordre en provenance de l'Arabie saoudite. Pour que la France ne se fasse pas d'illusions cependant, le Qatar et ses alliées du Golfe n'ont pas tardé à présenter la contre-partie attendue de ce modeste avantage, notamment l'ouverture de lignes aériennes supplémentaires pour Qatar-Airways, au détriment immédiat du groupe Air-France/Lufthansa. Ce dernier vient de rappeler qu'il risque de ne pas s'en relever. Déjà en difficulté, il pourra ne pas résister à la concurrence des compagnies du Golfe. Concernant Air France, en s'installant dans des aéroports régionaux français, les avions qataris risquent de détourner le trafic vers le hub de Doha, au détriment de Paris. Air France sera sans doute obligé de revoir le nombre de ses vols, entrainant les pertes d'emplois en conséquence.

    Les Émirats arabes unis, qui sont, eux aussi, intéressés par des avions de combat, pourraient faire la même demande auprès des autorités françaises pour leur compagnie aérienne Etihad. L'Etat, bien que participant au capital d'Air France, ne fera pas pourtant la moindre objection.

    On ne fait pas les comptes

    Cette affaire a mis en évidence une situation défavorable à l'Europe que nul gouvernement n'ignorait mais que tous acceptent car on ne discute pas avec des Etats arabes riches des milliards que nous leurs versons indirectement par notre insatiable appétit de pétrole, au lieu de rechercher avec plus de détermination des énergies de substitution. Aucune autorité ne fait le bilan de ce que rapportent aux Européens les cadeaux de certains Etats du Golfe, en contrepartie des coûts actuels et futurs des pertes de souveraineté qu'ils leur consentent. Concernant les compagnies aériennes, ainsi, l'Europe qui continue à afficher haut et fort sa volonté de faire régner en son sein une concurrence libre et non faussée, ferme les yeux sur la concurrence déloyale des compagnies du Golfe, qui touchent de la part de leur gouvernement des subventions estimées à plus de 40 milliards de dollars pour ces dernières années.

    Ces subventions permettent, entre autres, à ces compagnies d'acquérir les dernières générations d'avions, d'y offrir des services aux passagers sans égal et bien évidemment de travailler à perte aussi longtemps que nécessaire pour éliminer la concurrence. Elles peuvent aussi, plus directement acheter purement et simplement des compagnies européennes en difficulté, comme ce fut récemment le cas d'Alitalia rachetée agressivement par la compagnie d'Abou Dhabi Etihad. Si les Etats européens ne réagissent pas pour imposer, y compris au sein de la Commission européenne, un néo-protectionnismedans les secteurs stratégiques, ce sera bientôt aussi le sort d'Air France et de Lufhansa. Le passager européens naïf croira continuer à voler sous les couleurs européennes, sans s'apercevoir qu'il sert dorénavant les intérêts d'ennemis déterminés de l'Europe.

    Les autres secteurs stratégiques

    La cas des compagnies aériennes n'est que la façade aujourd'hui visible de l'entrée, concurrence libre et non faussée oblige, des capitaux pétro-arabes dans de nombreuses entreprises et services publics européens. Certains de ceux-ci ne sont pas considérés comme stratégiques (comme en ce qui concerne le Musée du Louvre...encore que...), mais d'autres le sont évidemment, comme en ce qui concerne les industries de technologies avancées, travaillant ou non pour la défense.

    Or les capitaux du Golfe ne se bornent pas à rester dans le rôle de « sleeping partners » ou partenaires dormant, uniquement soucieux de récupérer quelques profits. Ils participent directement à une conquête de l'Europe, non seulement économique mais politique. Celle-ci se fait bien évidemment en premier lieu au détriment des travailleurs et des représentations politiques européennes. Le lobbying exercé par les représentants occultes de ces capitaux arabe s'exerce en permanence et influence dorénavant toutes les décisions, tant des Etats nationaux que de la Commission européenne. Mais personne n'en parle.

    Qui connait dans nos démocraties l'influence sur les décisions diplomatiques et économiques du prince saoudien multi-milliardaire Al Waleed bin Talal bin Abdulaziz al Saud. Soyez certains qu'il ne se borne pas à investir dans les casinos. L'avenir de l'Europe repose dorénavant en partie entre ses mains et celles de ses semblables.

    Jean Paul Baquiast (Europe solidaire, 5 mai 2015)

    Lien permanent Catégories : Economie, Géopolitique, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • L'excellence, voilà l'ennemi !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une excellente chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 30 avril 2015 et consacrée à la réforme des programmes scolaires...

     

    Lien permanent Catégories : Multimédia, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Peut-on éradiquer un terrorisme ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur le site du nouvel Économiste et consacré à la lutte contre le terrorisme.

    Criminologue, enseignant à l'université de Paris II, Xavier Raufer a récemment publié Les nouveaux dangers planétaires - Chaos mondial, décèlement précoce (Editions du CNRS, 2009) et Géopolitique de la mondialisation criminelle - La face obscure de la mondialisation (PUF, 2013).

     

    Xavier Raufer 2.jpg

    Anéantir pour l’essentiel un terrorisme, cela se peut. Récemment, l’Algérie, l’Inde, Ceylan en sont la preuve

    Qui peut abattre une innocente jeune femme pour lui voler sa voiture en préparant le massacre des fidèles d’une église, n’est qu’un chien enragé.

    Qui peut tirer à bout portant dans la tête d’enfants devant une école, après avoir tué en jubilant des militaires désarmés, n’est qu’un chien enragé.

    Qui peut tuer les clients d’une épicerie venus faire leurs courses, en préparant le massacre des autres, n’est qu’un chien enragé.

    Des fanatiques prétendant “venger le prophète” et massacrant des journalistes n’ayant fait que des dessins (drôles ou pas, est une autre question) ne sont que des chiens enragés.

    Toujours, des innocents désarmés, des enfants : oui, des chiens enragés et fort lâches. Face à eux, alors, que faire ?

    Quand le désarroi officiel devient palpable ; quand sa foi en un renseignement intérieur défaillant sonne chaque jour plus faux ; quand les appels à l’union nationale sentent désormais leur juin 1940, il faut d’abord affirmer ceci :

    - L’État-nation n’a pas été créé pour fixer la date des soldes, ni le salaire des infirmières, mais pour assurer la sécurité du pays. C’est sa raison d’être et l’aune à laquelle il faut le juger.

    - Assurer la sécurité intérieure n’est pas se lamenter dans des cortèges, ni arpenter le pays, ou la planète, pour gémir sur des cercueils. À tout prix, cela consiste à briser l’emprise terroriste sur la France et à éliminer ces chiens enragés.

    Cela ne se fait pas par l’apaisement, ni la communication. Voilà un siècle, Charles Péguy avertissait : “Une capitulation est essentiellement une opération par laquelle on se met à expliquer au lieu d’agir, et les lâches sont des gens qui regorgent d’explications”.

    Mais la terreur n’est ni nouvelle, ni bornée à l’Europe. Observons ainsi deux pays victimes du terrorisme, leurs décisions et ce qui en a résulté.

    Le Pakistan. Aujourd’hui, 20 % de ce pays de 800 000 kilomètres carrés est sous la coupe d’une centaine de hordes islamistes armées, talibans, etc. Opérant ouvertement, elles ont tué, depuis septembre 2001, 30 000 civils et 15 000 militaires pakistanais. Parmi elles, le Lashkar e-Tayyaba, coupable prouvé du carnage de Bombay en novembre 2008 (170 morts), fonctionne à ce jour comme un parti politique légal. Voué à massacrer des chrétiens et des chiites pakistanais, le Lashkar e-Jhangvi y sévit sans encombre.

    Or la puissante armée pakistanaise (650  000 hommes) pourrait sans tarder liquider ces islamistes. Violents ou pas, soulignons-le, ceux-ci sont fort minoritaires dans ce pays à 95 % musulman, et n’ont jamais dépassé 5 % des sièges au parlement d’Islamabad. Seul motif du sanglant chaos : l’indécision de dirigeants incapables d’éliminer ces islamistes pour de bon.

    Ceylan - d’abord, ceci : l’auteur a souvent parcouru le pays tamoul. En Inde comme à Ceylan, difficile de trouver un peuple plus pacifique et accueillant que les Tamouls. Or, de persécutions en discriminations, les Ceylanais bouddhistes ont enragé certains Tamouls de l’île, au point qu’ils créent en 1976 les “Tigres de l’Elam tamoul”, sanguinaire groupe terroriste comme le monde en a peu connu.

    D’où, de 1983 à 2009, une guerre civile provoquant 100 000 morts ; trains et autocars attaqués à l’explosif, passagers massacrés ; camions et voitures piégés, victimes par centaines ; des présidents et ministres assassinés lors d’attentats suicides, dont Rajiv Gandhi, en 1991.

    En 2005, le nouveau président ceylanais décide d’anéantir les Tigres. Début 2009, ceux-ci sont encerclés au nord de l’île, parmi 100 000 Tamouls. En mai 1989, c’est l’assaut final :

    Bombardements… fusillades… Tous les dirigeants des Tigres sont éliminés, avec sans doute 40 000 civils. Parmi les atrocités, des exécutions sommaires de prisonniers ; le fils de Velupillai Prabhakaran (chef des Tigres) est abattu à 12 ans. 300 000 Tamouls croupissent alors dans des “camps de prisonniers”. Aujourd’hui encore, Ceylan compte, après l’Irak, le plus grand nombre de “disparus” au monde.

    Oui mais, en janvier 2015, un président bouddhiste modéré est élu à Ceylan ; une timide réconciliation nationale s’y amorce. Et depuis désormais six ans, le terrorisme a disparu de l’île.
    Anéantir pour l’essentiel un terrorisme, cela se peut. Récemment, l’Algérie, l’Inde, Ceylan en sont la preuve. Des cas très divers certes, mais un point commun : une volonté sans failles, une poigne de fer.

    Xavier Raufer (Le Nouvel économiste, 1er mai 2015)

     

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Insécurité, islamisme : du déni de réalité à l’orchestration de la peur...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à l'utilisation de l'insécurité et de la peur par l'oligarchie pour consolider son pouvoir... Une analyse qui recoupe celle d'Eric Werner dans son essai L'avant-guerre civile récemment réédité chez Xénia.

     

    Sentinelle.jpg

     

    Insécurité, islamisme : du déni de réalité à l’orchestration de la peur, la nouvelle stratégie de l’oligarchie

    La novlangue au service du déni d’insécurité

    Face à l’augmentation de la délinquance, conséquence de l’idéologie laxiste qu’elle a mise en œuvre, l’oligarchie a d’abord inventé dans les années 1980 le fameux sentiment d’insécurité, une sorte de phobie d’extrême droite qui faisait, selon elle, voir la réalité sous un jour trop sombre. Elle a aussi inventé le concept d’incivilités qui permettait de banaliser la progression des délits, notamment ceux imputables aux jeunes issus de l’immigration.

    On nous a ainsi expliqué, par exemple, qu’il était traditionnel de brûler des voitures à la Saint-Sylvestre. Car chaque fait divers se trouvait dépeint sous des couleurs les plus lénifiantes possibles : on nous présentait les délits voire les crimes comme incompréhensibles car intervenant toujours jusque-là dans des quartiers populaires mais tranquilles ou sans histoire (*). On ne comprenait donc pas le coup de folie qui avait pu saisir les auteurs de ces actes : sans doute parce qu’un banal vol de sac à main, une drague ou une bagarre par balles avait mal tourné. Bref, ce n’était pas vraiment la faute de ces individus bien connus des services de police, mais plutôt le fait de victimes de la malchance, du chômage et de la discrimination.

    La novlangue au service du déni d’islamisme

    L’apparition de délits commis par des personnes se réclamant de l’islam a subi le même traitement politico-médiatique. On a ainsi assisté à la négation systématique du caractère islamiste de ces agissements, comme par exemple lors des attaques commises en France à la Noël 2014.

    L’oligarchie a donc mis l’accent sur le caractère isolé de ces loups solitaires, victimes d’une autoradicalisation pathologique. Même si ensuite on découvrait que leurs proches faisaient l’objet de poursuites ou que des filières avaient été démantelées !

    Ou bien on les présentait comme des individus au comportement incompréhensible ou incohérent, comme par exemple dans le cas du profanateur du cimetière de Castres. Ou bien encore des individus dérangés, ce qui permettait d’ôter toute signification autre que médicale à leurs actes. On a même été jusqu’à nous présenter l’auteur musulman d’un attentat à l’arme automatique en Belgique comme un amateur d’armes !

    Pas d’amalgame

    Dans le souci de ne pas faire d’amalgame avec l’islam on a aussi beaucoup insisté sur le fait que ces criminels n’étaient pas de vrais bons musulmans, ou bien des convertis de fraîche date, donc connaissant mal leur nouvelle religion. On nous a dit aussi que finalement les victimes étaient… les musulmans eux-mêmes dont l’image risquait de pâtir de ces agissements.

    Ce type d’argumentaire est largement répandu en Europe. On se souvient, par exemple, de ce que déclarait le premier ministre anglais à la suite de l’assassinat horrible d’un militaire décapité en pleine rue : « Ce n’était pas seulement une attaque contre la Grande-Bretagne et le mode de vie britannique. C’était aussi une trahison de l’islam et des communautés musulmanes qui apportent tant à notre pays. Rien dans l’islam ne justifie un tel acte épouvantable » (**).

    Le même discours a été entendu en France.

    Le déni de la cathophobie

    On a aussi systématiquement nié le caractère antichrétien de certains délits ou agressions.

    Ainsi, pour nos médias les églises ou les cimetières chrétiens ne sont jamais profanés, à la différence des sépultures juives ou musulmanes. Ils sont seulement dégradés ou à la rigueur vandalisés.

    Pour la même raison on n’a mis l’accent que sur les actes antimusulmans ou antijuifs : une façon de dénier toute réalité aux actes antichrétiens et à l’existence d’un racisme antifrançais ou antiblanc que, curieusement, la justice n’arrive jamais à identifier.

    Enfin, les médias nous ont beaucoup parlé du fait religieux en général (cf. notamment la dernière enquête sur le fait religieux dans l’entreprise) : une manière de cacher la progression des revendications musulmanes.

    Bref, l’oligarchie a mobilisé la novlangue et tout le puissant appareil médiatique au service du déni de réalité.

    Une nouvelle stratégie

    Cette stratégie a cependant fait long feu en 2015.

    Certes, l’oligarchie reste attachée à la ligne pas d’amalgame, dans le souci de ne pas se couper de l’électorat musulman d’ici 2017. Les différents plans contre le racisme et l’islamophobie remplissent la même fonction séductrice.

    Mais il n’empêche que la réalité est plus forte que la novlangue. La progression de la délinquance ne peut plus être cachée par les services de police et de gendarmerie, pas plus que celle de la violence islamiste.

    L’oligarchie a donc progressivement décidé de changer de stratégie en 2015 : de passer du déni de réalité à l’orchestration de la peur. Pour plusieurs raisons.

    Le déni n’est plus crédible

    D’abord parce que la situation lui échappe de plus en plus.

    Derrière les annonces périodiques relatives aux coups de filets, aux attentats miraculeusement déjoués, censés démontrer l’efficience de nos forces de l’ordre, ou relatives à l’inflexion prétendue des statistiques de délinquance, l’actualité migratoire ou criminelle, en France ou à l’étranger, rend de moins en moins crédible la stratégie du déni. Et l’EI se charge de son côté de la démentir.

    Mais surtout l’oligarchie a compris qu’elle avait tout à gagner à orchestrer la peur.

    Opération Je suis Charlie

    L’opération Charlie Hebdo autour des attentats de janvier 2015 marque le coup d’envoi de la nouvelle stratégie du pouvoir.

    Car du jour au lendemain on ne nous parle plus de loups solitaires ou d’actes incompréhensibles : désormais on ne nous parle plus que de filières djihadistes, d’attentats terroristes commandités de l’étranger, de caches d’armes et de complices. La langue officielle et médiatique se délie comme par enchantement. Et les incendiaires d’hier revêtent la tenue des pompiers.

    Dans un premier temps l’opération Charlie Hebdo tente de rejouer la séquence du président de la République chef de guerre et de l’union nationale contre le terrorisme : ce sera la marche républicaine censée remettre en selle un pouvoir à l’impopularité abyssale et destinée aussi à créer un nouveau cordon sanitaire contre la progression du Front national, pour le plus grand profit de l’UMPS.

    Cette tentative a cependant échoué : l’image de marque du gouvernement socialiste retombe aujourd’hui progressivement à son niveau d’avant le 11 janvier. Et le Front national est devenu en nombre de voix le premier parti de France lors des élections départementales.

    De nouveaux leviers d’action

    Le déni de réalité avait l’inconvénient de priver l’oligarchie de prétextes : s’il n’y a pas de péril sécuritaire ou islamiste, il n’y a pas de raison d’agir contre. Reconnaître, au contraire, la réalité permet de réclamer de nouveaux moyens d’action.

    Le prétexte de la lutte contre le terrorisme permet ainsi de faire passer la loi sur le renseignement qui a pour objectif réel de censurer Internet et de mettre en place une surveillance généralisée de la population. Comme partout ailleurs en Occident. Par ce biais, les dispositifs liberticides de surveillance mondiale des communications dénoncés par les lanceurs d’alerte américains se trouvent aussi légitimés. Coup double pour l’oligarchie !

    Bien entendu, comme l’a indiqué ingénument le ministre de l’Intérieur lors du débat sur la loi sur le renseignement, cette surveillance portera sur la détection des discours de haine, également imputés aux milieux identitaires, par exemple.

    La liberté de censurer désormais reconnue

    L’effet « Je suis Charlie » a permis, en faisant croire que les islamistes visaient la liberté d’expression, de renforcer la chape du politiquement correct antiraciste et contre l’islamophobie en France.

    La prétendue liberté d’expression sert à promouvoir la liberté de censurer en toute bonne conscience puisqu’il s’agit de garantir le vivre ensemble ou les valeurs de la République – et, par exemple dans le cadre du nouveau plan de lutte contre le racisme, de remettre en cause ouvertement les protections offertes par la loi sur la liberté de la presse de 1881.

    Vive la peur !

    L’oligarchie a finalement très bien compris le caractère contre-productif de la stratégie du déni de réalité. Elle sait maintenant que plus les citoyens ont peur pour leur sécurité, leur emploi ou leurs économies, moins ils peuvent se mobiliser sur d’autres causes, a fortiori s’agissant des autochtones vieillissants. D’ailleurs, il n’y a aujourd’hui que la communauté asiatique, identitaire et dynamique, qui manifeste contre l’insécurité en France ! Les vieux Européens n’osent rien dire.

    Et il suffit de regarder les télévisions pour se rendre compte que l’on programme consciemment partout la mise en scène de la peur et de la violence : aux actualités sanglantes s’ajoutent les séries policières, les histoires de juges, de femmes-flics ou de femmes harcelées, les affaires criminelles, sans oublier les émissions édifiantes montrant nos forces de l’ordre en pleine action contre la délinquance. Sans parler des militaires qui patrouillent désormais dans les rues.

    La peur soutenait déjà un fructueux commerce sécuritaire. Elle devient aujourd’hui un puissant moyen de sidération des autochtones à qui l’on apprend ainsi très tôt à raser les murs.

    Rien de tel pour mâter le populisme en Europe et consolider le Système !

    Michel Geoffroy (Polémia, 27 avril 2015)

     

    Notes :

    (*)     Ex. : « Sid Ahmed Ghlam, étudiant sans histoires et terroriste amateur », Le Monde du 24 avril 2015.
    (**)   LeMonde.fr du 23 mai 2013.

     

     

     

     

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!