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Points de vue - Page 259

  • Pourquoi Valls sonne-t-il le tocsin ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 10 mars 2015 et consacrée à l'hystérie qui semble s'être emparée du premier ministre qui multiplie les déclarations outrancières à l'encontre du Front national à l'approche des élections départementale de la fin mars...

     


    "Manuel Valls peut tout jouer, mal mais tout... par rtl-fr

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  • Qu'est-ce qu'être français ? La réponse d'un Québécois...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Mathieu Bock-Côté, cueilli sur Figarovox et consacré à la question de l'identité française. Québécois, l'auteur est sociologue et chroniqueur à Radio-Canada et a déjà publié plusieurs essais.

     

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    Qu'est-ce qu'être Français? La réponse d'un Québécois

    Le Français de souche est victime d'un vilain paradoxe: officiellement, il n'existe pas, fondamentalement parce qu'il n'existerait plus. La nation française serait tellement métissée aujourd'hui qu'on ne saurait plus discerner quelque population de souche que ce soit. Il s'agirait d'un fantasme généalogique d'extrême-droite, référant à un âge d'or révolu de l'homogénéité ethnique qui aurait en fait été un enfer. En fait, il se pourrait même qu'il n'ait jamais existé: le métissage serait la véritable loi de l'histoire et d'une époque à l'autre, il aurait imposé ses codes à la France, qui n'existerait qu'au pluriel. Le Français de souche n'aurait même jamais existé, car il n'y aurait jamais eu d'époque d'avant l'immigration de masse.

    Et pourtant, de temps en temps, sans avertir, il revient à l'avant-scène, à la manière d'un affreux personnage qui sent très mauvais et qu'on évoque publiquement pour en dire du mal. C'est ce qui lui arrivé il y a quelques jours lorsque François Hollande y a fait référence pour préciser que les barbares qui avaient profané les sépultures dans un cimetière juif n'étaient pas seulement des «jeunes» parmi d'autres, pour reprendre la formule médiatiquement convenu, mais bien des Français de souche -autrement dit, ils n'étaient ni arabes, ni musulmans, et dans ce cas, il était tout à fait pertinent de rappeler leur origine ethnique sans que personne ne hurle à l'amalgame. On peut parler du Français de souche, mais seulement pour dire qu'il est un salaud.

    La chose n'est pas nouvelle et dépasse les seules préoccupations sémantiques. Il y a plus de dix ans, on s'en souvient, s'inquiétant de la persistance de l'identité française dans un pays qu'il aurait voulu soumettre au génie de la mondialisation et de la construction européenne, Philippe Sollers s'était permis une tirade contre la France moisie. Il pensait à la France béret-baguette, gouailleuse, enracinée, celle du terroir, qui préfère la souveraineté nationale au fédéralisme européen et qui s'imagine encore qu'il faut posséder quelques rudiments de culture française pour se dire français. Plus récemment, dans le débat sur l'identité nationale qu'il avait enclenché, Nicolas Sarkozy avait dit vouloir du gros rouge qui tache, manière comme une autre de tourner en dérision ce qu'il croyait être les préjugés de la France de souche devant les étrangers.

    D'une fois à l'autre, on le verra, c'est la même logique qui se met à l'œuvre: ce qui est spécifiquement français n'existe pas, et si cela existe, c'est très mal et il faut s'en distancier, s'en séparer, s'en débarrasser pour que naisse une nouvelle France post-identitaire, post-historique et post-nationale. Au mieux, ce sera pittoresque, et alors, on transformera cela en décor pour les touristes. Mais il n'est plus possible de se représenter autrement que négativement toute forme de substrat historique spécifique à la France. La poussée à l'indifférenciation qui traverse la mondialisation fait en sorte que ce qui est spécifique à un peuple et ne se laisse pas aisément traduire dans la culture globale des droits de l'homme est connoté négativement de manière automatique.

    C'est le paradoxe de l'identité française, en fait, et un semblable raisonnement pourrait s'appliquer aux autres nations occidentales, qui sont aussi soumises à la censure de fer propre à l'idéologie multiculturaliste. On dira que la France qui mérite d'être célébrée se distingue par les valeurs de la République, mais on oublie que ces valeurs, du moins, telles qu'elles se formulent aujourd'hui, ne se distinguent pas fondamentalement des valeurs revendiquées par d'autres nations, comme l'Allemagne, les États-Unis, le Canada, le Québec ou l'Italie. Autrement dit, la France cherche à se définir par ce qu'elle n'a pas de singulier, et refoule dans des stéréotypes négatifs ce qu'elle pourrait avoir en propre.

    Qu'est-ce qui fait que la France n'est pas le Danemark? On ne trouvera pas vraiment la réponse à cette question dans le seul universalisme républicain. D'une manière ou de l'autre, et en parlant ou non du Français de souche, il faudra bien rappeler les droits de l'histoire, ou si on préfère, des cultures historiques, celles qui font que les peuples ne sont pas interchangeables, qu'ils ont chacun une personnalité singulière, qui s'exprime dans l'appropriation des paysages, dans la cuisine (il est amusant de noter que dans Soumission, la jeune Myriam, qui l'a quitté pour Israël, exprime sa nostalgie de la France en parlant des fromages! Quant à lui, Éric Zemmour, dans la tournée de promotion du Suicide français, a donné le même exemple pour parler concrètement de l'identité française), dans la chanson, dans les contes et légendes, autrement dit, dans les mœurs, dans le mode de vie. Bien évidemment, le culte de la république à la française caractérise aussi le particularisme français.

    Devenir Français, cela ne consiste pas, alors, à se contenter d'une carte d'identité comme si un pays n'était qu'une association administrative s'ouvrant à n'importe qui s'y installe, mais cela ne saurait exiger non plus le partage d'une généalogie pluri centenaire. Mais cela consiste à s'approprier une culture, à s'en approprier la mémoire, aussi, pour la faire sienne. Cela consiste à envoyer les signaux, nombreux, qui témoignent de mille manières d'une appartenance héritée ou revendiquée à un peuple, à une identité qui a noué ses fils intimes au fil de l'histoire, et qu'il serait bien triste de voir aujourd'hui se dissoudre. Nous ne pourrons pas toujours vivre dans le déni des cultures.

    Mathieu Bock-Côté (Figarovox, 3 mars 2015)

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  • Je ne suis pas Frenchie...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et consacrée à la perte de notre langue comme symptôme de notre perte d'identité...

     

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    Je ne suis pas Frenchie.

          Le terme de « Français de souche » récemment employé par le chef de l’Etat pour tenter de renvoyer dos à dos les antisémites musulmans vivant en France et les indigènes français dont on voudrait passionnément qu’ils le fussent (selon une tradition d’antisémitisme « culturel » pourtant disparue avec la Deuxième Guerre mondiale), ce terme a « fait débat », comme le dit le langage publicitaire. Un débat qui s’est d’ailleurs résumé aux jappements de quelques politicards dont on avait oublié l’existence, et qui, c’est la fonction du « débat » dans l’« espace » démocratique, a pour fonction de faire oublier d’emblée ce qui « fait polémique ». Ce qu’il s’agissait d’oublier, en l’occurrence, c’étaient les propos, pourtant pleins de vérité, de Roger Cukierman, chef du Conseil représentatif des institutions juives de France, à propos de l’activisme antisémite d’origine musulmane (un activisme non pas djihadiste mais « ordinaire », comme on le martèle à propos des Français de souche). Depuis, l’ostentatoire réconciliation entre Cukierman et Boubakeur, pâtre pâteux de la mosquée de Paris, a permis à l’ordre spectaculaire de considérer que tout était réglé dans la meilleure des républiques possible.

          Jamais, quand bien même il serait reconnu que la haine la plus rigoureuse s’exerce à notre endroit,  la propagande ne fera crier : « Nous sommes tous des Français de souche ». C’est définitivement prohibé, quasi passible de la loi Gayssot. L’idéologie multiculturelle interdit tout recours à l’origine ethnique sauf, bien sûr, pour les « autres » (les Néo-Français, généralement musulmans, et éternellement flattés par le chic victimaire de leur origine), tout en souhaitant effacer toute idée de verticalité – cette traçabilité uniquement valable pour les animaux de boucherie dont une pieuse rumeur nous assure qu’ils disparaîtront bientôt de nos assiettes – mais non les poissons dont l’agonie est, heureusement, silencieuse et ne saurait donc inspirer de pitié anthropomorphique. Bref, il n’y aurait plus de Français de souche (j’allais dire de bouche, la langue ayant failli me fourcher), semble décréter le pouvoir par la voix, évidemment ironique, d’un président dont le patronyme fleure bon l’Europe tolérante, protestante et capitaliste.

          Si je ne puis plus être un Français de souche, ni même, osons-le, un Français dé-souché, ou un ex-Français de souche, je suis à peine invité à être un Français. Un Européen serait mieux vu ; un étranger davantage ; quant à un migrant, on le voit tous les jours, c’est le nec plus ultra – sauf pour les Roms, dont la condition migratoire est singulièrement passée sous silence, sans doute parce que chrétiens. Dans ces conditions, j’aurais plutôt tendance à me dire déraciné, quoique l’épithète sonne trop barrésienne. En vérité, je ne suis plus rien, me fait-on sentir de tous côtés, particulièrement « à l’international », où ce qui est français n’existe plus que dans un langage relevant non plus du franglais d’Etiemble, qui relevait du snobisme, mais du petit-nègre anglo-saxon : une composante de la nov-langue européenne. Ainsi puis-je espérer devenir ce que la propagande post-culturelle, appelle un  Frenchie  qui ne rêve que de franchir non pas la Manche mais le Channel, en affichant non plus ma caractéristique française mais ma French touch, non pendant la semaine de la mode mais au cours d’une fashion week, etc. Laissons à ce bellâtre de Louis Jourdan, qui vient de mourir à Hollywood, la gloire d’avoir incarné le « French lover ». Nous sommes tout autre chose, nous autres dissidents du sabir anglophone international.

          Car, plus de l’anglomanie, c’est de l’aliénation. Comment, dès lors, ne pas y voir une raison supplémentaire pour que l’immigration extra-européenne refuse de  s’intégrer ? Pourquoi s’assimiler à des indigènes qui n’ont d’autre souci que de mépriser une langue maternelle qu’on leur enseigne à peine et qui rêvent de s’exprimer en « américain », comme le font les pornographiques magazines féminins, les uns et les autres finissant par rejoindre les cohortes d’abrutis devenus des sous-Américains tout en demeurant in situ ? Le drame français (et sans doute européen) se joue dans cette constante déperdition entre le Néo-Français et le Sous-Américain, souvent réunis au cœur d’un même individu : ce vivre-ensemble-là est une aliénation sur laquelle l’islam a tôt fait d’apposer sa main disciplinante. L’islamisme communique d’ailleurs dans ce globish où il rejoint les slogans du capitalisme mondialisé : une langue non plus littéraire, depuis longtemps, ni même traditionnellement politique, mais leur simulacre, le puritanisme salafiste new look rejoignant le consumérisme des fashionistas et les « addictions » diverses, Elle et les Inrockuptibles fonctionnant ensemble dans une alliance objective avec Mediapart et les communiqués de l’Etat islamique, Tariq Ramadan et Madonna main dans la main pour dénoncer, rien moins, une Europe, particulièrement la France, qui rappellerait l’Allemagne nazie.

          Nous n’aurons bientôt plus que cet anglais-là pour dire ce que nous sommes devenus : pas même des Français émigrés hors de leur souche, mais restant coupables de n’être pas des sangs mêlés ni de religion exotique. De simples Français interdits de ce séjour minimal qu’est leur nom, le propre comme le générique, et dès lors appelés des loosers, oui, les grands perdants du grand remaniement ethnique et d’une dévastation culturelle dont les conséquences sont évidemment l’absence du propre et la perte de l’homme même*.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 1er mars 2015)

     

    *Manière de renvoyer au beau livre posthume de Jean-François Mattéi : L’homme dévasté, qui vient de paraître chez Grasset.

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  • L'américanité ou l'Europe...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Diego Fusaro, cueilli sur le site du Cercle Aristote et consacré à la domination qu'exerce les États-Unis sur l'Europe. Professeur d'histoire de la philosophie à l'université de Milan et déjà auteur d'une dizaine d'essais, Diego Fusaro est considéré comme le principal disciple de Costanzo Preve, mort en 2013.

     

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    L'américanité ou l'Europe

    Après la disparition des systèmes socialistes sous les décombres du Mur de Berlin (9 novembre 1989), et l’élimination subséquente de toute alternative politique digne de ce nom, l’ancien dilemme de Novalis « L’Europe ou la chrétienté » (de l’ouvrage du même titre) s’est  reconfiguré sous les traits d’une alternative perverse et macabre : celle de « l’américanité ou l’Europe ».

    La puissance sortie victorieuse de la Guerre froide a depuis lors renforcé ce processus délétère d’américanisation intégrale du « Vieux Continent », déjà entamé à partir de 1945. Cela s’est manifesté notamment dans la culture, non seulement celle de masse, avec l’américanisation de la musique populaire, mais aussi la culture scolaire, qui a subi toute une restructuration capitalistique de son logiciel, et qui s’est dès lors vu de plus en plus façonner sur le modèle entrepreneurial, selon la logique « dettes/crédits », faisant ainsi des professeurs des managers, et des étudiants des apprentis-consommateurs. Cela s’est également manifesté dans les politiques sociales, au travers de la démolition du système européen d’assistanat.

    De fait, dans l’histoire récente de l’Europe, de la chute du Mur jusqu’à l’implosion de l’Union soviétique (peut-être la plus grande tragicomédie géopolitique du XXe siècle), plusieurs événements successifs sont venus alimenter un plus vaste processus de substitution paradigmatique du modèle américain, fondé sur un capitalisme dépourvu de toute base éthique, au modèle européen, qui s’était lui constitué en haute lutte comme équilibre entre le capitalisme, le Welfare state et de solides fondations axiologiques. Aujourd’hui, on voit l’Europe devenir de plus en plus un protectorat américain, les États européens étant aux États-Unis ce qu’étaient les satellites du pacte de Varsovie vis-à-vis de l’URSS et de sa ligne de conduite marxiste.

    Dernière manifestation en date de ce scénario scandaleux, la stupeur déclenchée il y a quelques temps lors des révélations sur les pratiques obscènes d’espionnage des États-Unis à l’égard de leurs prétendus « alliés » (dans les faits leurs subordonnés).  Mais en réalité, pourquoi tant de stupeur ? Est-ce une nouveauté que cette absence de relation inter pares  entre les États européens et les États-Unis ? Qu’y a-t-il d’exceptionnel à cela ? Fallait-il s’attendre à ce que l’Empire du Bien traitât l’Italie, l’Allemagne, et l’Espagne comme des États libres et égaux à lui ?

    La « Quatrième Guerre mondiale » [1] (selon le concept de Costanzo Preve, sur la séquence historique qui s’étend de 1991 à nos jours) a vu la puissance américaine systématiquement entrer en lutte contre les forces qui résistaient à sa domination ; et, aussi bien avec l’Irak en 1991 qu’avec la Libye en 2011, l’on a vu à chaque fois ses soi-disant « alliés » se retrouver acculés à servir leur maître en prenant activement part à ses agressions impérialistes. L’on songe ici à ce que Carl Schmitt écrivait déjà en son temps dans La notion de politique (1927) : « Si, sous forme de sentence ou de quelque autre manière, un peuple se laisse prescrire par un étranger l’hostis (l’ennemi) qui doit être le sien, contre lequel il lui est permis ou interdit de combattre, c’est qu’alors il n’est plus un peuple politiquement libre, mais un peuple satellisé ou subordonné à un autre système politique ». Ces mots sont à l’image de l’Europe actuelle.

    Il apparaît chaque jour plus évident que cet État sorti vainqueur de la Guerre froide, qui œuvre aujourd’hui à la stigmatisation de toute contre-puissance se refusant à subir sa domination et sa vision du monde (elle se voit alors immédiatement condamnée comme rogue State, « État voyou »), repose sur une culture impérialiste foncièrement incompatible avec la perspective d’un véritable rapport à l’Autre : qu’elle le présente sous les traits du « terrorisme » ou de la « dictature », ou qu’elle le range avec mépris dans le champ du « Rest of the world », dans tous les cas, elle se refuse a priori à lui accorder la moindre légitimité. Cette règle n’épargne pas les États Européens : dans l’horizon de l’idéologie impériale américaine, ces derniers ont le droit d’exister tout au plus comme protectorat de la Mère-Patrie.

    A cette caractéristique, que l’on retrouve dans presque toutes les formes d’impérialisme de l’Histoire, doit être rajoutée une autre : le facteur explicatif majeur que constitue en soi la prégnance aux États-Unis du protestantisme puritain d’origine vétérotestamentaire. Telle est l’idéologie qui alimente la « monarchie universelle » [2] américaine : sous sa caution, les Américains tendent naturellement à se concevoir comme le « Peuple élu », si ce n’est même comme la seule nation digne de ce nom, entraînant par là des conséquences désastreuses sur la vie internationale.

    « America stands as the world’s indispensable nation », pouvait-on entendre dans le discours de Bill Clinton du 20 janvier 1997. Si l’Amérique est la seule nation indispensable au monde, alors toutes les autres ne sont plus bonnes à exister que comme ses colonies, au mieux ses subordonnées.

    Porte-drapeau d’une « Special mission » qui lui aurait été assignée par Dieu, « l’Empire du Bien » étiquette immédiatement comme « terroristes » toutes les formes de résistance que peuvent lui opposer les peuples opprimés ou les États (de l’Iran à Cuba, en passant par la Corée du Nord jusqu’au Venezuela),  qui, malgré des contradictions internes parfois très lourdes, ne se plient pas au diktat de la mondialisation capitaliste. Par leur positionnement géostratégique courageux, ces derniers rappellent ainsi aux Européens que résister est encore possible (pour prendre à-rebours le titre du peu glorieux best-seller de Walter Sitti : Résister ne sert à rien).

    Dans une opposition revendiquée aux chantres du Politiquement correct et à nos éternels « repentis », toujours prompts à discréditer comme pure nostalgie la récupération des catégories de pensée à même de déceler les contradictions de notre temps, la revivification de la critique de l’impérialisme est aujourd’hui d’une importance vitale. Face aux stratégies manipulatoires de la propagande officielle, capable de déclarer à son gré telle ou telle perspective critique comme complètement dépassée, l’impérialisme est aujourd’hui plus vivant que jamais – et que, par son pouvoir d’adaptation, il se soit métamorphosé sous un nouveau visage, compatible avec l’idéologie mondialiste, n’y change rien – ; face à lui, la tendance à le disqualifier comme une catégorie politique désuète  révèle une volonté mal cachée d’anesthésier toute critique en faisant passer pour mort l’objet pourtant bien vivant sur lequel elle est censée s’exercer.

    Comme Voltaire en son temps, nous n’aurons de cesse de le répéter : il ne pourra y avoir de démocratie en Europe tant que son territoire sera sous l’emprise de bases militaires états-uniennes. Il ne pourra y avoir d’Europe sans souveraineté géopolitique. Il ne pourra y avoir d’Europe démocratique d’États libres et égaux tant que le « Vieux Continent » continuera d’exister comme simple protectorat d’une monarchie universelle, ou simple pion de l’Eurocratie en place. S’étonner qu’une telle affaire d’espionnage ait pu avoir lieu est un privilège de vierges effarouchées. Il faut, au contraire, s’appliquer à éliminer à la racine les conditions qui rendent possibles des scandales comme celui-ci.

    Diego Fusaro (Cercle Aristote, 26 février 2015)

     

    Notes :

    Texte original en italien : Diego Fusaro, « Americanità o Europa », Lo Spiffero, Pubblicato Lunedì 08 Luglio 2013.

    [1] Constanzo Preve, La Quatrième Guerre mondiale, éd. Astrée, 2008, trad. 2013. Disponible sur : http://www.editions-astree.fr/BC/Bon_de_commande_Preve.pdf

    [2] On se réfère ici à l’« Universal monarchie » mentionnée par Kant dans son Projet de paix perpétuelle (1795)

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  • Et à la fin, c'est toujours Bruxelles qui gagne ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 26 février 2015 et consacrée à l'accord que le gouvernement grec mené par la coalition Syriza a passé avec les "institutions" européennes. L'analyse est d'une cruelle lucidité. Une leçon à retenir...

     


    "Les Grecs se sont couchés", juge Éric Zemmour par rtl-fr

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  • La lutte contre le racisme et l’antisémitisme, arme de destruction massive des libertés publiques...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas Bourgoin, cueilli sur le site Euro-Synergies et consacré au prétexte que constitue la lutte contre le racisme et l'antisémitisme pour la mise en place de lois visant à réduire la liberté d'expression. Nicolas Bourgoin est enseignant-chercheur à l'université de Franche-Comté...

     

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    La lutte contre le racisme et l’antisémitisme, arme de destruction massive des libertés publiques

    Droite du travail, gauche des valeurs. La politique du gouvernement Hollande semble se résumer à deux axes en apparence opposés mais en réalité convergents : mise aux normes mondialistes de l’économie française, pénalisation toujours plus forte du « racisme et de l’antisémitisme » sous couvert de lutte contre le djihadisme.  Pendant que le gouvernement Hollande s’active à dépouiller les travailleurs français de leurs dernières protections face à la violence de l’économie de marché, il fait mine de protéger les personnes supposées vulnérables à la discrimination ethnique ou religieuse par une législation toujours plus stricte. Dans les deux cas, la méthode est similaire : passage en force et autoritarisme. Le but également :  cette compassion victimaire (d’ailleurs à géométrie variable) sert le projet mondialiste en disqualifiant les oppositions à sa politique.

    Il y a des hasards de calendrier qui en disent long. Cette semaine a vu le passage en force de la loi Macron, sans doute la réforme la plus libérale votée sous la 5ème République, ainsi que l’annonce par la Garde des Sceaux d’un énième projet de loi contre le racisme et l’antisémitisme.

    La mécanique est bien rodée : surfer sur l’émotion collective provoquée par un événement dramatique pour faire passer une nouvelle loi liberticide. La dernière en date ne fait pas exception. La profanation d’un cimetière juif de Sarre-Union par cinq mineurs qui ont saccagé 250 tombes ainsi que les agissements de certains supporters de Chelsea qui ont empêché un homme noir de monter dans le métro ont servi de prétexte à un énième durcissement pénal. Le nouveau projet de loi de Christiane Taubira fait des actes racistes et antisémites des circonstances aggravantes dans de multiples infractions. Il crée en outre une plateforme dédiée aux personnes victimes de ces actes et donne la possibilité à celles-ci de se regrouper et d’agir ensemble. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme, décrétée par François Hollande « grande cause nationale » après les attentats du mois de janvier, faisait déjà l’objet d’une priorité expresse : par sa circulaire du 12 janvier 2015, Christiane Taubira avait demandé aux procureurs de la République de « faire preuve d’une extrême réactivité dans la conduite de l’action publique envers les auteurs d’infractions racistes ou antisémites » en insistant pour qu’une réponse pénale « systématique, adaptée et individualisée » soit apportée à chacun de ces actes. En clair : tolérance zéro pour ce type d’infraction, attitude qui contraste singulièrement avec le traitement réservé à la délinquance classique, un champ largement délaissé par le gouvernement.

    Si l’intention est louable, on peut s’interroger sur sa finalité. Et sur cette question, les dérives de la lutte antidjihadiste sont riches d’enseignement : pour simplement avoir refusé la minute de silence après les attentats de Charlie Hebdo ou avoir posté un message provocateur sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnes – parfois des collégiens – ont été inculpées d' »apologie du terrorisme », innovation juridique de la loi Cazeneuve votée en novembre dernier, passible de 7 années d’emprisonnement et 100.000 euros d’amende. Ces excès ont suscité l’inquiétude des associations de défense des droits de l’Homme. Et pour cause : nul futur terroriste derrière les barreaux mais de simples citoyens déclarés coupables d’avoir déserté la mobilisation générale pour la « guerre contre le terrorisme ».  De façon similaire, l’accusation d’antisémitisme sert surtout à disqualifier, et parfois même à criminaliser, les oppositions à la politique israélienne ou à la soumission de la France au lobby pro-israélien. Sous les tirs croisés de ces deux armes juridiques Yvan Benedetti, ancien dirigeant de L’Œuvre française, se voit poursuivi pour « apologie du terrorisme » et « antisémitisme » à cause de simples messages postés sur le réseau social twitter. Il faisait déjà l’objet d’une mise en examen depuis novembre dernier pour reconstitution d’une organisation dissoute.

    L’antisémitisme deviendrait-il synonyme de contestation de l’ordre dominant ? Il est en tout cas assimilable à la critique d’Israël selon Manuel Valls pour qui la « haine du juif » se nourrit de l’antisionisme. Dominique Reynié, politologue assermenté au micro de France-Inter identifiait même le Front de Gauche à un « foyer d’expression de l’antisémitisme ». Les électeurs de Marine Le Pen et les Français musulmans, victimes de la politique mondialiste du gouvernement socialiste, étaient pour l’occasion mis dans le même sac. Et sans surprise, la réponse consistant une fois de plus à museler Internet, en particulier les réseaux sociaux et les plateformes de partage de vidéos où « se retrouvent ces publics-là ».

    Outre une réduction drastique de la liberté d’expression publique, cette chasse aux sorcières aura pour conséquence de banaliser l’antisémitisme en l’assimilant de facto à une simple critique du système dominant. Dénoncer la main-mise de la finance internationale sur l’économie française, contester le pouvoir des banques, ou encore défendre la cause des peuples opprimés par l’impérialisme sioniste ou étasunien vaut excommunication. Le vrai antisémitisme est très minoritaire en France comme le montrent les études d’opinion mais il pourrait bien se développer à la faveur de ces campagnes à répétition qui visent à criminaliser l’expression d’opinions ou d’analyse dissidentes et qui finiront à force de durcissements par ne laisser au citoyen que deux options : se soumettre ou devenir un délinquant d’opinion.

    Nicolas Bourgoin (Blog de Nicolas Bourgoin, 20 février 2015)

     

     

     

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