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Entretiens - Page 196

  • Sur la théorie du genre...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien avec Alain de Benoist, réalisé par Kontre Kulture et consacré à la théorie du genre , à l'occasion de la sortie récente de son essai intitulé Les démons du Bien (Pierre-Guillaume de Roux, 2013).

     


    Entretien avec Alain de Benoist sur la théorie... par kontrekulture

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  • Le Front national : un parti gaulliste ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et dans lequel il souligne la transformation en profondeur des notions traditionnelles de droite et de gauche... 

     

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    Au-delà de la droite et de la gauche : le FN, dernier parti gaulliste ?

    Ces temps derniers, les médias évoquent souvent la « droitisation » de la vie politique française. Diagnostic pertinent ?

    Tout dépend de quoi l’on parle. La « droitisation » n’a absolument pas le même sens selon que l’on entend par là une radicalisation politique de la droite classique, un supposé glissement de la majorité des opinions vers la droite (ce qui impliquerait un déplacement de l’axe médian du débat politique) ou une évolution générale de la société – PS compris – vers une sorte de consensus libéral regardé naguère comme droitier (auquel cas, c’est l’offre politique de la gauche qui se serait elle-même déplacée, cette gauche devenue sociale-libérale s’étant ralliée au système du marché et au consumérisme bobo). Parle-t-on d’une « droitisation » résultant de l’offre politique ou d’une demande de l’électorat ? Tant que l’on n’a pas répondu à ces questions, parler de « droitisation » n’est que du bavardage.

    La question posée implique par ailleurs qu’il y ait une droite et une gauche dont la définition puisse faire l’objet d’un consensus. Or, ce n’est plus le cas aujourd’hui, non seulement parce qu’il y a toujours des droites très différentes (libérale, conservatrice, républicaine, contre-révolutionnaire, etc.) et des gauches très différentes, mais aussi parce qu’on assiste depuis trente ans à une instabilité grandissante des critères déterminants du clivage droite-gauche. Dès lors que l’on assiste à une redéfinition ou à une transformation en profondeur des notions traditionnelles de droite et de gauche, il est difficile d’affirmer que l’une de ces catégories l’emporte sur l’autre.

    Ce que les sondages traduisent en fait le plus, c’est que la plupart des gens pensent que les notions de « droite » et de « gauche » ne veulent plus rien dire…

    Il y a des raisons à cela. À date récente, on a vu se diffuser « à droite » des thèmes comme la critique de l’individualisme, l’appel aux garde-fous sociaux, voire le souci d’une véritable « écologie humaine », qui se situaient autrefois plutôt « à gauche ». S’y ajoutent un certain refus du laisser-faire en matière économique et un soutien plus prononcé à des interventions de l’État permettant d’encadrer le marché. La critique de la PMA et de la GPA, par exemple, traduit une inquiétude face à l’envahissement de la logique ultra-libérale qui tend à transformer le vivant lui-même en marchandise. Cet appel à une maîtrise politique de l’économie est « à droite » un fait nouveau. Les sondages montrent qu’aujourd’hui, les électeurs de droite sont plus favorables à l’intervention de l’État dans l’économie que ne l’était l’électorat de gauche en 1988 ! Surtout en période de crise, la demande d’autorité d’un État fort et protecteur traverse les clivages partisans.

    Les sondages révèlent aussi une forte réévaluation positive des valeurs d’ordre, de tradition et d’autorité, ainsi qu’une montée des opinions critiques en matière d’immigration et de sécurité. Mais s’agit-il là vraiment de valeurs « de droite » ? Culturellement, les classes populaires ont toujours été conservatrices, même quand elles votaient à gauche (dans les années 1950, c’est le Parti communiste qui stigmatisait la contraception comme un « vice bourgeois » !). Ce qui est exact, en revanche, c’est qu’on constate aujourd’hui « à droite » une prise de conscience des enjeux culturels qui était naguère inexistante. Il n’y a jamais eu autant de différences sur les questions culturelles entre la « droite » et la « gauche » que depuis la fin des années 1990.

    Dans le même temps, d’autres autorités morales évoquent la « lepénisation des esprits ». Langue de bois ou langue de pute ?

    La poussée du FN, tant dans les sondages qu’aux élections, est interprétée par la doxa dominante comme une preuve de « droitisation ». Comme on constate parallèlement une porosité grandissante de la frontière séparant jusqu’ici le FN et l’UMP, on accuse cette dernière de se « droitiser » pour se calquer sur l’évolution de l’électorat. Or, le FN refuse de se situer par rapport au clivage droite-gauche et il ne fait pas de doute que c’est son programme économique et social « de gauche » qui rallie vers lui nombre d’anciens électeurs du PS et du PC. Le succès du FN pourrait même être interprété comme la preuve d’une « gauchisation » de l’opinion face aux problèmes économiques et sociaux : refus du creusement des inégalités, rejet des dégâts sociaux de la logique libérale et de la dogmatique du libre-échange qui a abouti à la mondialisation. La force de Marine Le Pen est de surfer à la fois sur la « droitisation » et sur cette « gauchisation », à la façon dont le gaullisme, en son temps, s’était employé à concilier aspiration nationale et aspiration sociale. C’est ce qui en fait le parti du moment.

    Mais ici, c’est moins sur la « droitisation » qu’il faudrait insister que sur le divorce entre la gauche et les classes populaires. Il y a trente ans, les cadres votaient surtout à droite et les ouvriers surtout à gauche. Depuis 2007, c’est l’inverse. Les ouvriers restent aujourd’hui conservateurs en matière culturelle et antilibéraux en matière économique, tandis que les cadres sont devenus à la fois partisans du libéralisme économique et du libéralisme « sociétal ».

    Si Jean-François Copé et ses pains au chocolat incarnent la « droitisation », et si François Hollande et sa détestation des « riches » sont la gauche, que reste-t-il à l’homme de bon sens ?

    Il lui reste d’abord à comprendre qu’il n’y a pas que les « Français de souche » pour aimer le pain au chocolat, ensuite que François Hollande, depuis son arrivée au pouvoir, n’a pas cessé de servir la soupe à ces « riches » qu’il disait détester. L’essentiel est que la « droite » a pris le dessus en matière d’imaginaire collectif parce que la gauche au pouvoir a renoncé à son programme social et qu’elle se retrouve aujourd’hui complètement désarmée face aux exigences populaires. N’ayant plus rien à proposer, ayant perdu toute consistance idéologique, elle devient inaudible. D’autant que le rêve européen, que Mitterrand avait vendu au PS comme substitut à la construction du socialisme, a maintenant viré au cauchemar. Jean-François Kahn remarquait récemment que « la sociale-démocratie a contribué à inculquer le sentiment que rien n’est plus possible […] au moment même où les gens aspirent à un changement profond du modèle de société ». Autrement dit, l’espoir a changé de camp.

    Alain de Benoist, recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 27 mars 2013)

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  • Art contemporain et Etat culturel...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Aude de Kerros, cueilli sur Contrepoint et consacré à l'art contemporain, un "art" très largement subventionné en France...

    Aude de Kerros est l'auteur de plusieurs essais consacré à la question de l'art, comme L'art caché - Les dissidents de l'art contemporain (Eyrolles, 2007), Sacré Art Contemporain (Jean-Cyrille Godefroy, 2012) ou 1983-2013 Années noires de la peinture (Pierre-Guillaume de Roux, 2013), avec Marie Sallantin et Pierre-Marie Ziegler.

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    Aude De Kerros : « L’Etat culturel a détruit la création française »

    Qu’est-ce que l’art contemporain ? Quelle est sa caractéristique principale ?

    L’art contemporain est une forme de création centrée, contrairement à l’art, sur le concept. Depuis les années 60 il a connu plusieurs métamorphoses Aujourd’hui l’AC veut être une expression de la mondialisation. Pour cela il doit être hyper-visible et rentable. Ainsi l’artiste d’AC1 est devenu un concepteur d’objets, mis en forme par des designers, fabriqués en « factory », sous différents formats et en nombres adaptés aux stratégies de diffusion. Ces objets sont conçus pour habiter tous les circuits de consécration, de l’espace urbain au musée et à la galerie. Cette adaptabilité à chaque lieu assure sa visibilité et sa vente. L’objet destiné aux Institutions et au grand collectionneur rapporte souvent moins que la vente de tous les produits dérivés et des droits sur l’image. Aujourd’hui l’AC fonctionne comme un produit financier composite, fondé sur un produit manufacturé sur mesure. Ce produit financier voit fabriquer sa valeur en réseau dont le centre est le grand collectionneur et ses amis. Ce système fonctionne comme un trust et une entente réunis. Il satellise marchands, salle des ventes, institutions et médias. Son privilège sur les autres marchés financiers est de ne pas être régulé.

    Sur quelles structures repose l’art contemporain ?

    La consécration de « l’art » se faisait lentement par la reconnaissance des pairs, des amateurs et d’un marchand. « L’art contemporain » a changé la donne, sa valorisation se fait en réseau. Au début des années 60, la consécration devient rapide grâce à des réseaux centrés autour de grandes galeries qui lancent un nom en deux ans. A partir de la fin des années 90 c’est autour des grands collectionneurs que se fabrique la valeur, cette fois-ci en réseau fermé. Il faut y appartenir pour collectionner sans risques mais pour ce faire il faut une fortune hors normes. Le marché de l’AC comprend un deuxième cercle de « suiveurs », collectionneurs solitaires qui ont les moyens de « se faire plaisir ». Ils se veulent découvreurs, à leurs risques et périls d’artistes « émergeants » encore accessibles parce que non cooptés par le premier cercle. Grâce à cela, ils côtoient le monde prestigieux des grandes fortunes internationales. Certains manifestent ainsi leur candidature à entrer dans la cour des grands.

    Le troisième cercle, celui des « innocents » appartiennent à ceux qui croient en l’AC comme on croit à une religion. Ils pratiquent le culte en achetant l’œuvre d’artistes candidats à l’émergence.

    Comment expliquer que c’est l’art contemporain qui est devenu cette clé d’accès ? Qu’est-ce qui le caractérise ?

    C’est un art visuel accessible au-delà des langues et des cultures car il a adopté les images de la grande consommation culturelle, dite « mainstream ». L’AC a capté les codes des marques internationales, du pop, de toutes les représentations partagées d’un bout de la planète à l’autre. L’AC acquiert ainsi un pouvoir fédérateur grâce à ce langage minimum, non verbal. C’est une communion dans le presque rien. Son contenu est souvent critique, nihiliste et dérisoire, il permet un consensus négatif et passe ainsi par dessus les obstacles liés à la foi religieuse, aux goûts culturels, à l’attachement national, aux convictions intellectuelles et politiques.

    Mais pourquoi ce réseau s’est-il structuré autour d’un art ? Après tout, les associations de riches ne sont pas récentes…

    Après la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide culturelle, l’AC a été « reprogrammé ». Il est devenu à la fois produit financier, industrie culturelle, divertissement planétaire. Il a été le prétexte le plus adapté d’évènements et de fêtes destinées à une hyper-classe internationale liée par des intérêts d’argent. Lieux de rencontre aux quatre coins du monde, occasions périodiques, sans qu’aucune idée commune ne soit nécessaire à partager… Quoi rêver de mieux ? En résumé l’art contemporain, c’est le réseau social des très riches.

    Pour autant, lorsque l’on regarde la nouvelle génération d’entrepreneurs (Marc Zuckerberg, Elon, Musk, Richard Bronson, Jeff Bezos et en France Xavier Niel), semble-t-elle répondre aux mêmes codes comportementaux ? N’y a-t-il pas chez eux un rejet de ce type de réseau ?

    Il m’est difficile de juger ces personnes, il faudrait que je les connaisse mieux. Cependant je constate que l’hégémonie culturelle américaine en vigueur depuis la chute du mur de Berlin, se trouve confrontée à une résistance de plus en plus forte de la part des pays émergents qui ont l’ambition de développer leur singularité culturelle. Si l’Amérique défend « le multiculturalisme dans tous les pays », les pays qui ont les moyens financiers souhaitent créer leurs propres industries culturelles et exprimer leur identité sur leur propre sol et rayonner au-delà en particulier auprès des pays du même « bassin culturel ».

    Dans votre livre vous expliquez qu’il y a un problème spécifiquement français. Pouvez-vous nous expliquer ce dont il s’agit ?

    Marie Sallantin, Pierre Marie Ziegler et moi-même avons décrit, dans « 1983-2013 – Les Années Noires de la Peinture – Une mise à mort bureaucratique ? » 2, le système si particulier qui régit l’art en France. Nous avons évoqué avec précision le domaine des arts plastiques mais il n’en demeure pas moins que l’interventionnisme radical est aussi appliqué dans les autres domaines de l’art.

    La situation actuelle est le résultat d’une longue histoire qui a mis la France au cœur de la guerre froide culturelle après la 2ème guerre mondiale. Son pouvoir de référence et son prestige devaient disparaître au profit des deux grandes puissances en conflit. L’Amérique a gagné cette guerre en faisant de New York la place de consécration financière de l’art dans le monde et en rendant obsolète toute autre forme de consécration.

    En France à partir de 1983, le Ministère de la Culture se transforme en Ministère de la création. En l’espace de trois mois sont créées des institutions bureaucratiques dotées d’un budget conséquent qui vont permettre l’encadrement de la vie artistique.

    Pendant trente ans, cette administration, grâce à l’action d’un nouveau corps de fonctionnaires : les « inspecteurs de la création », a dit promouvoir un art d’avant-garde, révolutionnaire, d’essence conceptuelle. En réalité ces « experts » ont dépensé, pendant 30 ans, 60% du budget destiné à acheter des œuvres à des artistes vivants, à New York, dans des galeries newyorkaises, d’artistes « vivant et travaillant à New York ». Ainsi mourut la place de Paris.

    Pourquoi cette exclusion de la peinture ?

    La peinture, la sculpture, la gravure, ne surgissent pas de nulle part, elles sont la suite d’une longue histoire. C’est vrai de tous les lieux qui ont produit un grand art. L’exception française réside en ce que tous les moments de la peinture y ont été reçus et assimilés… un avenir de la peinture y est donc possible.

    La direction étatique de la création en France, cas unique dans un Etat non totalitaire, a eu pour conséquence l’existence d’un art officiel. L’administration a fait le choix exclusif du conceptualisme et a donc rejeté de façon systématique la peinture, comme n’allant pas « dans le sens de l’Histoire ». En peu de temps l’Etat est devenu le seul réseau de consécration en France. Il a satellisé grands médias, université et quelques collectionneurs, mécènes et galeries. Ce qui est surprenant c’est que la peinture n’a pas été simplement exclue mais diabolisée. Nous en apportons la preuve dans les « Années Noires ». La conséquence a été que les marchands du secteur privé n’ont pas pu supporter la concurrence déloyale de l’Etat. L’invisibilité médiatique, la disparition des commandes et achats de l’Etat ajoutés à la condamnation officielle de la peinture ont rendu toute consécration impossible par des circuits privés.

    Pour que l’art conceptuel puisse être « le seul art contemporain » il fallait que la peinture disparaisse. Pour que cela soit définitif, l’administration a interrompu la transmission du grand métier, en changeant le contenu des enseignements des Ecoles d’Art dépendant de l’Etat,

    En 1983 l’Etat français a nationalisé banques et assurances mais a échoué dans sa tentative de monopole de l’éducation en raison d’un soulèvement populaire. La « nationalisation » de l’Art a eu lieu sans provoquer une telle indignation. Aujourd’hui le conformisme de droite et de gauche s’en accommode. Il est vrai que les médias ont occulté systématiquement tout débat sur ce sujet pendant trente ans (exception faite entre novembre 1996 et mai 1997). Les élites françaises sont peu intéressées par ce sujet dont ils ne comprennent pas les tenants et aboutissants et en ignorent l’Histoire.

    Les banques et les sociétés d’assurance ont été re-privatisées mais l’art est resté en France un monopole d’Etat. Les « inspecteurs de la création » sont toujours là alors que les « ingénieurs des âmes » créés par Staline pour remplir les mêmes fonctions d’encadrement et de distribution de subventions ont disparu depuis un quart de siècle.

    Ne voyez-vous aucun signe d’amélioration ces toutes dernières années ?

    Les médias ont célébré en 2013 le trentième anniversaire des institutions culturelles crées en 1983 : trente ans d’art dirigé donc ! Ils y ont interviewé les fonctionnaires. Ceux-ci ont ajouté un zeste élégant d’autocritique. Colloques, rapports et écrits faisant un bilan critique de cette longue administration n’ont eu de visibilité que sur Internet, malgré la sollicitation qui a été faite aux grands médias d’en tenir compte où de publier dans leurs « pages débat » des points de vue plus critiques.

    Ce positionnement dans le refus du débat concerne également les grands médias de droite où de gauche. De même, si la dissidence française dans le domaine de l’art a produit une critique cultivée et approfondie du système en place, c’est en dehors d’un positionnement politique. C’est un problème de liberté nécessaire à l’art.

    Il y a cependant progrès puisque le débat sur l’art est aujourd’hui présent sur Internet de façon intense. Les internautes ont le choix, je citerais entre autres les sites : « Sauvons l’art », « Face à l’Art », « Les chroniques de Nicole Esterolle », « Le grain de sel » de Christine Sourgins, etc.

    Le débat sur l’art est accueilli par ailleurs, à droite comme à gauche, par les différents sites d’information générale, de Médiapart à Causeur en passant par Contrepoints et tant d’autres supports représentant enfin le kaléidoscope de l’opinion française.

    Aude de Kerros , propos recueillis par PLG (Contrepoint, 22 mars 2014)

     

    Notes

    1. AC, acronyme de Art contemporain employé par Christine Sourgins dans « Les Mirages de l’Art contemporain », aux Editions de la Table Ronde. Cela permet de distinguer cet art conceptuel qui se dit seul contemporain avec tout l’art d’aujourd’hui et la peinture notamment.

    2. Editions Pierre Guillaume de Roux, 2013. 

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  • Le point de vue d'Alain de Benoist sur la Crimée...

    Alain de Benoist, directeur des revues Nouvelle Ecole et Krisis et éditorialiste de la revue Eléments, répond aux questions de la radio iranienne francophone, IRIB, à propos des réactions des Etats-Unis et de l'Union européenne  après la décision de Vladimir Poutine d'accepter l'entrée de la Crimée au sein de la Fédération de Russie.

     

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  • A propos des nouveaux bien-pensants...

    Le 4 mars dernier, Pascal Esseyric et Patrick Péhèle, les animateurs de la revue Eléments, recevaient Michel Maffesoli et Hélène Strohl dans leur émission de Radio Courtoisie, Les Chroniques de la vieille Europe, à l'occasion de la sortie aux éditions du Moment de leur essai Les nouveau bien-pensants.

    Vous pouvez écouter ci-dessous cette émission.

     

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  • « Redonner la parole au peuple est toujours une bonne chose»...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la démocratie et à son exercice... 

     

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    Plus une démocratie est représentative, moins elle est démocratique !

    Le peuple suisse a voté récemment à propos de l’immigration de masse. Du coup, certains s’indignent qu’on ait demandé au peuple de trancher. Mais le peuple a-t-il toujours raison ?

    Le peuple n’est évidemment pas infaillible (les élites le sont encore moins), mais ce n’est pas dans ces termes que se pose le problème. Pour décréter que le peuple a « tort » ou « raison », il faut pouvoir se référer à des critères surplombants qui n’existent tout simplement pas : de tels critères renvoient toujours à une opinion personnelle ou à une idéologie qui, telle l’idéologie des droits de l’homme, cherche à placer l’exercice de la démocratie sous conditions. Comme tout autre vote, un référendum n’a pas pour but de dire où est la vérité, mais de révéler ce que pensent les gens. On ne fait pas voter les citoyens pour se prononcer sur la valeur de vérité de la théorie de Darwin ou des décisions du concile de Trente, mais pour savoir ce qu’ils pensent politiquement !

    La démocratie est un régime qui se fonde sur la souveraineté du peuple, ce qui signifie qu’un pouvoir, pour être légitime, doit pouvoir recueillir l’approbation ou le consentement des citoyens. Mais la démocratie est aussi, et surtout, le seul régime politique qui permet à tous les citoyens d’exprimer leur sentiment sur les questions qui les concernent. C’est donc une erreur de n’y voir qu’un régime fondé sur la « loi du nombre ». Le suffrage universel n’est en réalité qu’une technique permettant de révéler des préférences. La notion-clef en démocratie n’est pas le suffrage, mais la participation.

    En France, pareillement, le Front national – pour ne citer que lui – assure vouloir redonner la parole au peuple. Et ces jours-ci, on manifestait à Paris pour exiger un référendum sur l’immigration. Est-ce forcément une bonne idée ?

    Redonner la parole au peuple est toujours une bonne chose. Surtout lorsque l’on sait qu’il n’a jamais été appelé à s’exprimer sur la plupart des transformations de société qui ont le plus affecté son existence quotidienne, qu’il s’agisse de l’immigration, de la construction européenne, du « mariage pour tous », etc. Le référendum est en outre une procédure relevant de la démocratie directe, c’est-à-dire de cette démocratie participative qui est aujourd’hui la seule susceptible de corriger les défauts d’une démocratie représentative qui ne représente plus rien. Plus une démocratie est représentative, moins elle est démocratique, disait très justement Carl Schmitt : dans une démocratie représentative, le peuple abandonne en effet sa souveraineté à ses représentants. C’est ce qu’avait également observé Rousseau. Surtout quand il est issu de l’initiative populaire, comme en Suisse, le référendum est de nature à corriger une crise de la représentation née de la confiscation de la décision par la Nouvelle Classe politico-médiatique. Cela dit, le référendum n’est pas une panacée : quand le peuple s’est exprimé par voie de référendum, ce qui compte, c’est ce qui vient après, en l’occurrence la façon dont l’opinion révélée par le vote se transpose ou non dans la réalité. C’est là en général que les difficultés commencent.

    Il faut aussi que la question soumise au référendum soit bien formulée. Pour porter un jugement sur la démarche de ceux qui déclarent « vouloir un référendum sur l’immigration », j’attendrai de connaître le libellé de la question qu’ils voudraient voir posée.

    Pour expliquer son opposition à la demande de la Crimée d’obtenir son rattachement à la Russie, Laurent Fabius a doctement déclaré « qu’en droit international, on ne peut pas faire un référendum pour modifier des frontières ». « Imaginez un département de France qui demande son indépendance ! », a-t-il ajouté. Qu’en pensez-vous ?

    Laurent Fabius n’a jamais brillé par ses compétences juridiques. La déclaration que vous citez se contente de répéter ce qu’a déclaré Barack Obama, ce qui ne saurait surprendre, le gouvernement de François Hollande prenant ses ordres à la Maison-Blanche. L’actuel ministre des Affaires étrangères ignore sans doute qu’en septembre prochain, les Écossais se prononceront par référendum sur leur éventuelle indépendance. Pourquoi les habitants de la Crimée se verraient-ils interdire de s’exprimer à la façon des Écossais ? La phrase : « Imaginez un département de la France qui demande son indépendance ! » est encore plus grotesque. Laurent Fabius a apparemment oublié qu’en 1962, trois départements français (Alger, Oran et Constantine) se sont proclamés indépendants pour devenir la République algérienne, et que cette indépendance a été formellement consacrée par un référendum qui s’est déroulé en Algérie le 1er juillet 1962 (99,72 % de « oui »), lui-même précédé en France, le 8 janvier 1961, par un référendum sur l’autodétermination de l’Algérie (74,99 % de « oui »).

    Alain de Benoist , propos recueillis par Nicolas Gauthier(Boulevard Voltaire, 10 mars 2014)

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