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En Europe - Page 16

  • Affaire Murdoch : vers la chute d'un requin des médias ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Patrice de Plunkett, publié sur son blog, consacré à l'affaire Murdoch, dont l'importance est mal comprise en France. Rupert Murdoch est l'homme qui contrôle News Corporation, groupe de médias et de communication de niveau mondial implanté aux Etats-Unis , en Asie et en Europe. Ce "croisé de l'Occident et du free market" est un des piliers importants du système par sa puissance d'influence idéologique. Sa chute probable est, en tous les cas, le symptome d'une crise profonde de celui-ci, comme le souligne Philippe Grasset sur De Defensa...

     

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    Murdoch : le groupe francophobe... que la droite s'abstenait de critiquer

    Le 2/03/2011, une note de ce blog relayait l'alerte citoyenne internationale : « Murdoch va-t-il racheter la moitié des médias britanniques ? ». Le groupe australo-anglo-américain (Newscorp.) menaçait en effet d'acheter 100 % du bouquet de TV-satellite BskyB, ce qui lui aurait permis également de s'emparer de médias italiens (via Sky Italia) et allemands (Sky Deutschland)... Quatre mois plus tard, Rupert Murdoch, empereur octogénaire de Newscorp., renonce à BskyB, et l'avenir de Newscorp. semble obscurci. Poussé par ses actionnaires, Murdoch lui-même parle de se retirer.

    Que s'est-il passé ? Le scandale du crapuleux hebdo dominical anglais News of the World, 2,8 millions d'exemplaires... Propriété de News Corp., ses écoutes téléphoniques ont piraté la vie privée de plus de 4000 personnes, célébrités ou victimes d'attentats et d'accidents spectaculaires. Ces écoutes, pilotées par des détectives privés, étaient protégées par... le policier britannique chargé des enquêtes sur les écoutes illégales. « Et même par les gouvernements successifs », affirme l'acteur Hugh Grant, qui eut maille à partir avec le journal ! Coiffé par News International, branche britannique de News Corp. qui coiffait aussi le Times, le Sunday Times et le Sun, News of the World (« NoW ») était contrôlé de très près par le groupe Murdoch. Qui se trouve atteint de plein fouet par ce scandale.

    Mauvais quart d'heure pour la directrice générale de News International, la rousse flamboyante Rebekah Brooks, copine sans scrupules de Tony Blair et de David Cameron !

    Néanmoins Mme Brooks n'a pas présenté d'excuses aux 4000 victimes des écoutes de NoW ; elle n'en a fait qu'aux salariés de NoW, à qui elle a dit sa « tristesse ». Elle n'a pas osé parler d'atteinte à la libre entreprise ni de tyrannie des juges, mais c'était implicite.

    Trouve-t-on écho de ce scandale sur les sites français de droite ?

    Non. Parce que Newscorp., c'est aussi Fox News, la grande chaîne américaine de droite, qui martèle JT bidonnés et éditoriaux paranoïaques : fausses nouvelles, injures graves, diffamation démentes, complotite aiguë, soutien militant au Tea Party, et (en prime) francophobie maniaque... Sur les sites français de droite, vous ne trouviez pas de critiques envers Fox News : les amis de nos amis étant nécessairement nos amis, et les âneries du Tea Party étant le modèle de ce qu'il faudrait faire dans l'Hexagone, les grossièretés de la chaîne étaient passés sous silence.

    Aujourd'hui lesdits sites continuent à se taire sur le groupe de M. Murdoch. Le scandale de feu News of the World est pourtant crapoteux sur le plan moral, et l'on imagine ce que diraient ces sites (obsessionnellement à cheval sur la morale sexuelle) si le défunt hebdo avait été de gauche...

    « L'influence politique de News Corp. lui a toujours servi à protéger ses intérêts économiques », constate, dans Le Monde, un analyste londonien. Ce n'est pas une exclusivité du groupe Murdoch ; depuis que l'argent existe, les gros intérêts ont toujours cherché à se servir du politique. Il faut juste avoir l'honnêteté de le reconnaître, et ne pas faire semblant de croire aux prétextes idéologiques (?) brandis par ces intérêts.

    [*] Notre blog avait reçu plusieurs messages d'insultes pour avoir osé critiquer M. Murdoch, croisé de l'Occident et du free market.

    Patrice de Plunkett (Bloc-notes de Patrice de Plunkett, 15 juillet 2011)

     

     

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  • Le rêve du Celte...

    Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature 2010, consacre son dernier roman publié en Espagne aux éditions Alfaguara, El sueno del celta (Le rêve du Celte), à la figure originale de Sir Roger Casement, ancien diplomate britannique converti à la cause du nationalisme irlandais, qui a participé à la préparation du soulèvement de Pâques 1916, à Dublin, avant d'être arrêté, condamné à mort pour haute trahison et pendu le 3 août de la même année à la prison de Pentonville. Ce roman devrait être publié en France en 2011 par les éditions Gallimard. 

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    "Roger Casement est la première personne que Conrad a connue quand il est allé au Congo comme patron d'un bateau. Casement vivait au Congo belge depuis huit ans. Il connaissait tout. Ils sont devenus très amis et ont même vécu ensemble un certain temps. C'est Roger Casement qui a ouvert les yeux de Conrad sur les atrocités commises par l'administration du roi Léopold de Belgique. Casement était irlandais, mais à l'époque l'Irlande était sous la férule de l'Empire britannique. Il était donc diplomate britannique au Congo, tout en étant devenu secrètement un indépendantiste irlandais. Auparavant, au contraire, il était probritannique, anglican, pro-impérialiste - il croyait même que le colonialisme était l'instrument de la civilisation et de la christianisation. Au Congo, face à la réalité terrible, il a changé radicalement. Il est devenu militant anticolonialiste, et il a recensé pendant des années toutes les horreurs commises sur place. Son rapport sur le Congo l'a rendu célèbre, pas seulement en Angleterre, mais aussi en Europe. Le gouvernement britannique l'a alors envoyé en Amazonie parce qu'on disait qu'il s'y commettait des crimes contre les Indiens dans la région du caoutchouc, sur les bords du Putumayo, au Pérou. Il y est resté presque un an dans des conditions terribles, sans cesse menacé par les petits Blancs de l'Amazonie. Il a fait un rapport tout aussi extraordinaire. C'est un des premiers Européens qui a vraiment eu une conscience claire de la colonisation. Il a écrit avec une lucidité qui, pour l'époque, est absolument révolutionnaire contre le colonialisme et l'impérialisme. Puis il a été exécuté par les Britanniques en 1916. C'était un homme très en avance sur son époque en prenant courageusement la défense de cultures primitives."

    Mario Vargas Llosa (Bibliobs, 7 octobre 2010)

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  • Vikings !

    Le magazine allemand Der Spiegel a récemment publié un supplément historique consacré aux Vikings. Il est disponible en France dans tous les grands kiosques, et notamment dans les gares. Dotée d'une riche iconographie, ce très beau numéro n'est pas réservé aux germanistes... 

     

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  • Ernst Jünger : publication de ses carnets de la première guerre mondiale !

    Les éditions Klett-Cotta, qui éditent en Allemagne l'ensemble de l'oeuvre d'Ernst Jünger, viennent de publier sous le titre de Kriegstagebuch 1914-1918, les carnets qu'a tenu Jünger au jour le jour durant la première guerre mondiale et qui lui ont servi de support à la rédaction d'Orages d'acier, du Boqueteau 125 ou de Feu et sang.

    Les lecteurs français devront, bien entendu, patienter avant d'avoir accès à la traduction de ce document essentiel. 

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  • Peut-on romancer le terrorisme ?

    Tel est le débat italien dont Le Monde a eu la bonne idée de rendre compte dans un court article daté du 11 septembre 2008.

     

    "Le titre, La Carne e il Sangue (La Chair et le Sang, de Marco de Franchi, Barbera Editore) évoque un roman noir à l'italienne. C'en est un par bien des aspects, mais c'est aussi un ouvrage de plus à prendre pour toile de fond les années de plomb, ces années 1970 et 1980, pendant lesquelles l'Italie fut le théâtre de sanglantes violences politiques, de la part de l'extrême gauche et de l'extrême droite.

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    Un livre de plus ou un livre de trop ? L'exaltation de la figure du terroriste peut-il justifier - voire absoudre - le terrorisme ? C'est le débat ouvert par Il Giornale le 26 août. Ce quotidien, très marqué à droite, et propriété de Paolo Berlusconi, le frère du président du conseil italien, recense les romans écrits ces dernières années sur cette période pour conclure que "les années de plomb se transforment en mode littéraire". "Après les essais, les interviews, les mémoires, cette nouvelle tendance essaye de faire revivre ces années terribles sous une nouvelle lumière." Une tendance annoncée, ou du moins perçue, par Leonardo Sciascia, qui, dans L'Affaire Moro, écrivait : "L'impression que l'affaire Moro (du nom d'un dirigeant démocrate chrétien enlevé puis assassiné par les Brigades rouges en 1978) procède de la littérature vient du fait que tant de perfection ne peut surgir que de l'imaginaire, de l'invention, mais non pas de la réalité."

    Mettant en scène un débat entre deux tendances du terrorisme, Il Giornale interroge Erri de Luca, ancien leader de Lotta continua (extrême gauche), et Gabrielle Adinolfi, ex- "terroriste d'extrême droite", exilé de 1982 à 2000 à Paris pour des faits en relation avec l'attentat de la gare de Bologne, qui fit 85 morts en 1980. De Luca explique cette tendance à la "novélisation" de l'histoire par une sorte "d'absorption" des faits par le peuple italien : "C'est un mouvement très positif, explique-t-il, parce qu'il aide à réfléchir sur toutes ces périodes terribles que nous avons connues. Cela signifie que nous allons vers une révision et une analyse sérieuse des faits. Le peuple a absorbé le phénomène." Sans nostalgie, il explique : "Désormais le terrorisme a perdu. Qui s'est trompé doit payer, mais sans oublier que nous tous qui avons fait de la politique sommes responsables de ce qui est arrivé. Quand toutes les peines seront éteintes, alors on pourra se confronter sereinement sans intérêts partisans. Rappelons-nous toujours que, dans ces années-là, nous avons pu être étranges, mais innocents jamais."

    Autre point de vue tout à fait opposé, celui de Gabriele Adinolfi. Pour le fondateur de Terza posizione, ce genre romanesque est l'expression d'une nostalgie pour "une éternelle adolescence". Il ajoute : "Un roman sur les années de plomb est le fruit d'une nostalgie inutile d'individus isolés qui ne rendent pas justice à la lutte armée qui fut le choix de protestation d'une génération inquiète. Qui romance le passé ne respecte pas les victimes et fait du tort à l'histoire."

    Le lendemain, c'est au tour du critique et écrivain Luca Doninelli d'être appelé dans les colonnes d'Il Giornale pour trancher entre les positions irréconciliables de De Luca et d'Adinolfi. "Qu'un narrateur, écrit-il, soit fasciné par la figure d'un terroriste me semble quasiment physiologique : entrer dans la psychologie d'un criminel, chercher à comprendre comment on devient assassin répond à une curiosité quasi primaire et peut encore être, à certaines conditions, un acte de grande piété. Si ensuite quelques écrivains confondent la compréhension avec la justification, la faute n'est pas à porter au crédit de la littérature, mais de la stupidité personnelle et d'une culture dominante fondée sur l'autojustification. Un écrivain sérieux sait que la connaissance des actions humaines est faite de pitié pour le pécheur mais aussi d'un jugement inflexible sur le péché."

    De ce débat, Francesco Pagani ne veut pas entendre parler. Directeur du journal des détenus de la prison de Novarre, il fut un chef des Brigades rouges. En semi-liberté après vingt-deux ans de prison, il s'est confié au quotidien La Stampa pour revendiquer le silence. "Il est trop tôt pour l'histoire et trop tard pour le journalisme. Il faut encore du temps pour relire, la tête froide, les années de plomb. Cela ne peut être fait de façon approximative, avec un niveau artistique tellement bas." Et le terroriste repenti de conclure : "Le silence est un devoir."

    Philippe Ridet "

    Gabriele Adinolfi a publié en français aux éditions de l'Aencre un livre de souvenir sur son parcours de militant intitulé  Nos belles années de plomb.

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    "Dès la première moitié des années 70, l’Italie est plongée dans la période trouble des Années de plomb.
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    Durant cette guerre civile larvée où « tuer un fasciste n’est pas un délit », une répression impitoyable s’abat sur les organisations nationalistes.
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    Une poignée de jeunes nationaux-révolutionnaires romains fonde alors Lotta Studentesca en 1976.
    Rapidement, cette organisation s’élargit pour se transformer en Terza Posizione.
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    Désireux de remettre en cause le contrôle atlantiste d’une partie de l’extrême droite, ce mouvement révolutionnaire autonome se singularise rapidement dans sa mouvance d’origine. 
    « Ni front rouge, ni réaction ! » : fidèle aux idées traditionnelles et à une éthique guerrière exigeante, il s’imposa physiquement sur le terrain en évitant le piège de l’escalade de la violence et du terrorisme.
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    Sur le plan international, Terza Posizione, affirme vigoureusement une volonté d’indépendance nationale pour l’Italie et le continent européen face au duopole américano-sovietique de l’époque et apporte son soutien aux mouvements nationalistes révolutionnaires du tiers monde, tout en évitant l’écueil de la surenchère gauchisante.
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    Tout cela devint inacceptable pour les structures contrôlées par les américains qui tentèrent de faire endosser à Terza Posizione le meurtrier attentat de la gare de Bologne d’août 1980.
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    La répression qui s’ensuivit – malgré la condamnation des dirigeants des services secrets, reconnu coupables d’avoir créée une fausse piste contre TP -  décapita le mouvement et provoqua la fuite de ses principaux dirigeants pour un exil européen de vingt ans…
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    Ce témoignage poignant d’une génération sacrifiée abonde en révélations sur les dessous de l’histoire politique italienne des cinquante dernières années et brise le monopole d’une historiographie partiale en offrant aux jeunes  Européens l’évocation d’un mouvement qui fut, en de nombreux points, exemplaire."
     
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