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Décryptage - Page 83

  • Communication contre politique : discours publicitaire et déni du réel...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de François-Bernard Huyghe, cueillie sur son site Huyghe.fr et consacrée à trois exemples qui illustrent parfaitement la déconnexion entre les détenteurs du pouvoir et le peuple...

    Spécialiste de la guerre de l'information, François-Bernard Huyghe est l'auteur de nombreux essais et a publié dernièrement La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2016).

     

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    Communication contre politique

    Discours publicitaire et déni du réel

    Sur l'espace d'une semaine, la gauche ou ce qu'il est convenu d'appeler la gauche, commet trois erreurs de communication majeures. C'est du moins ce que disent les médias, unanimes à fustiger la ringardise de la forme et l'inefficacité du discours. Cela ne signifie pas que la droite ne pourrait faire pire, mais cela indique que la rhétorique des détenteurs du pouvoir - surtout lorsqu'ils veulent reconquérir les classes ou les courants culturels sur qui ils estiment devoir compter de droit-, échoue systématiquement. Mais est-ce une question de "com" ?

    Passons rapidement sur l'échec de la "Belle alliance populaire", réunion de bistrot (ce n'est pas une injure : cela se passait au Paname Café) sensée rajeunir une version branchée de la gauche plurielle. Sur les trois points ("beauté", unité et popularité), les uns ont ironisé sur le caractère "populaire", d'un rassemblement qui réunit des ministres, des membres de la bourgeoisie d'État, des dirigeants d'association subventionnées, des représentants "de la société civile" très cathodiques, mais guère de prolétaires. Les autres ont fait remarquer que la dimension unitaire d'un rassemblement de gens qui sont déjà rassemblés par des intérêts communs et coopèrent au quotidien est un peu redondante : ils n'ont guère besoin "d'élaborer une alternative au libéralisme ambiant et au nationalisme montant", ou de démarches innovantes et de "coconstruction politique", pour continuer à se redire ce qu'ils se disent depuis quelques années. Pour notre part, c'est la dimension "esthétique" de la chose qui nous le plus surpris, sauf à trouver un sens symbolique pop au logo du mouvement visiblement inspiré de la marque Celio.

    Le second échec de la semaine est celui du président dont l'émission ne réussit ni à rassembler un taux d'audience décent, ni à faire la première page des journaux, ni surtout à changer l'opinion de qui que ce soit. Il est vrai que l'exercice qui consistait- en récitant chaque fois sa fiche chiffrée par son cabinet et en réaffirmant que le mal n'est que dans nos esprits (la France a d'énormes atouts, la situation commence à s'améliorer) - à rassurer des gens qui vivent des drames ou des angoisses tout à fait réels a ses limites. L'empathie est surjouée - on comprend la patronne, la mère de jihadiste, l'électeur FN, le jeune qui va retourner à la Bastille peut-être pour scander "tout le monde déteste le PS", on est du côté de tout le monde et face à nulle part- et surtout dialoguer ne consiste pas à assurer aux gens que l'on compatit et qu'avec un peu de pédagogie, ils vont se sentir mieux. Le style très technocratique de la démonstration faisait penser aux pires prestations de Giscard d'Estaing initiant des citoyens aux "réalités" du monde et de l'économie, c'est-à-dire à des nécessités. À trop refuser le principe d'autorité (ce qui encourageait ses interlocuteurs à le traiter de manière quasi agressive), à vouloir être trop "proche des gens", toujours dans la compassion, et surtout à ne rien dire que "nous allons faire plus du même", chiffres à l'appui, le président échouait dans une mission qui était peut-être impossible.

    Troisième faute, reconnue hautement, celle d'Emmanuel Macron. L'homme qui fait se pâmer les rédactions avec des idées comme "ni droite, ni gauche, en marche", ou "ayons des idées nouvelles, accueillons tous les talents et dépassons tous les clivages" avait commencé par produire un clip qui n'était pas sans évoquer les publicités des banques ou de Coca Cola des année 80 (il empruntait pas mal de plans à des banques d'images américaines). Mais sa "bêtise" reconnue consistait surtout à se faire encenser par Paris Match dans un style qui, lui, évoque le marketing politique à la Kennedy : couple idéal en dépit de la différence d'âge, introduction dans l'intimité familiale, sourire perpétuel, autocongratulation, sans oublier les indispensables allusion à la modernité et au dynamisme de gens en accord avec leur époque. Rebelotte lorsque le jeune surdoué plein de galanterie révèle qu'il s'agit d'une "bêtise" de sa femme pas très habituée au système médiatique et que l'on ne recourra plus jamais à cette stratégie (ah bon, c'était une stratégie).

    Dans tout ce qui précède, il y a des maladresses personnelles (ou celles des spin doctors surpayés qui ont concocté tout cela) et il y a, ce n'est pas très original de la dire, la traduction d'un incroyable fossé entre la vision du monde des élites et celle du peuple. Mais, au-delà des petits gags sur lesquels il est facile d'ironiser, un symptôme plus grave : ces gens sont entrés en post-politique. Ils vivent mentalement dans un monde régi par l'économie en dernière instance, un monde parachevé où il suffit d'un peu plus de gouvernance d'Europe et de PNB pour que les choses s'arrangent, un monde où il n'y a pas d'intérêts divergents ni d'ennemis mais des problèmes à résoudre tantôt par une gestion plus "moderne" et une meilleure allocation des ressources, tantôt par un peu de pédagogie (chasser les peurs, comprendre ses atouts, éclairer les "gens" tentés par le populisme ou le découragement...). C'est peut-être ce monde-là auquel ne croient plus que ceux qui en agitent le fantôme.

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 16 avril 2016)

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  • Feu sur la désinformation... (86)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : Nuit debout, du neuf pas si neuf.
    • 2 : Le zapping d’I-Média.

    • 3 : Macron chouchou des médias nouveau candidat.
    • 4 : Tweets d’I-Média.
    • 5 : Dialogue Citoyen, Field aux ordres de l’Elysée.
    • 6 : Le bobard de la semaine.

     

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  • Une guerre mondialisée des propagandes ?...

    A l'occasion d'une conférence donnée devant le Cercle Aristote le 29 février 2016, Christian Harbulot évoque pour TV Liberté la manière dont les Etats, les militaires, la société civile et les acteurs économiques se servent de la propagande pour arriver à leurs fins. Directeur de l'Ecole de guerre économique, Christian Harbulot vient de publier un essai intitulé Fabricants d'intox (Lemieux, 2016).

     

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  • Feu sur la désinformation... (85)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : Panama Papers, la fabrique d’un scandale
      « Panama Papers » le scandale d’évasion fiscale mondialisée. 300 journalistes ont travaillé pendant 1 an. D’où viennent ces données? Qui a financé l’investigation ? Quels sont les méthodes de travail ?
      Décryptage dans I-média.
    • 2 : Le zapping d’I-Média.

    • 3 : Panama Papers : choisissez votre cible
      Poutine, Bachar al Assad en « une » du monde, mis en cause par l’affaire des Panama Papers. Les journalistes ont fait leur choix. Un choix de cible idéal pour mieux masquer la mise en cause de Patrick Drahi ou du prince Ben Zayed président des Emirats.
    • 4 : Tweets d’I-Média.
    • 5 : Canal +, quand un montage vidéo fabrique un faux gagnant
      Interview de Marine le Pen par Anne Marie Dussault. Une Interview de 30 minutes résumée et coupée par le petit journal en quelques secondes. Le petit journal source unique des médias français, autre son de cloche au Québec.
    • 6 : Le bobard de la semaine.

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  • Les Torquemadas "bienveillants" du journalisme...

    Vous pouvez ci-dessous découvrir un entretien, réalisé le 5 avril 2016 par Martial Bild pour TV Libertés, avec Ingrid Riocreux, agrégé de lettres modernes, à l'occasion de la sortie de son essai intitulé La langue des médias - Destruction du langage et fabrication du consentement (Toucan, 2016).

     

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  • Jusqu'à preuve du contraire...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous le nouveau numéro de Jusqu'à preuve du contraire, la chronique narquoise du mensonge médiatique réalisée par Christopher Lings en collaboration avec l'Observatoire des journalistes et de l'information médiatique...

    Au menu :

    "On commence par le formidable tweet du journaliste de Canal+, Guillaume Auda, tout fier d’avoir enfin trouvé la preuve définitive que le candidat à l’élection présidentielle américaine Donald Trump était un super-méchant : une photo de ses partisans en tenue de l’effroyable Ku Klux Klan !

    Pour la suite, commencez tout doucement à faire jouer vos muscles zygomatiques… On passe ensuite au Télégramme qui, sans complexe, fait parler des militants de la cause des migrants comme si c’étaient des citoyens lambda, et évidemment sans prévenir ses lecteurs…

    On s’arrête ensuite sur la sidérante et coûteuse campagne médiatique du gouvernement, « Tous unis contre la haine ». L’histoire est taquine, la campagne a débuté à la veille des attentats de Bruxelles, autrement dit à la veille de l’explosion de la seule haine qui ne figurait pas dans ces spots de prévention gouvernementaux ! Le clip aurait pourtant été facile à faire : trois islamistes en train de tirer à la kalachnikov sur des innocents attablés à une terrasse tandis qu’en off était récité le prêche d’un imam. On avait même le slogan : « l’islamisme, ça commence par des mots, ça finit par des massacres ». Mais le gouvernement a préféré nous montrer des bons vieux skins du monde de papa agressant des pauvres musulmans sans défense... De toute façon, vous apprendrez dans Jusqu’à Preuve du Contraire que ce racisme contre les Blancs ne peut en aucun cas être comparé aux autres… Et là, c’est marrant, on rigole moins !"

     

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