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  • L'histoire de France vécue par douze familles...

    Les éditions Edisens viennent de publier un récit de Nicolas Saudray intitulé L'histoire de France vécue par douze familles. Chef d’entreprise puis magistrat mais aussi écrivain, Nicolas Saudray est notamment l'auteur d'un roman d'anticipation grinçant, Voyage au pays des frogs (Balland, 1991), d'une excellente uchronie, Les oranges de Yalta (Balland, 1992) et d'une réflexion sur l'histoire, 1870 - 1914 - 1939 : Ces guerres qui ne devaient pas éclater (Michel de Maule, 2014).

     

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    " L'Histoire n'est pas une œuvre de fiction, elle est une réalité vécue dans le passé. Les découvertes, la création, la volonté, l'ambition, l'intention (bonne ou mauvaise), le hasard, les circonstances... l'amour même ! façonnent ce monde. Libre à chacun d'agir ou de subir. Dans cet ouvrage, l'auteur nous amène, avec finesse, à arpenter l'histoire de France en revisitant l'histoire de 12 familles de sa parentèle. Guidé par ces personnages, le lecteur combat avec Jeanne d'Arc à Patay, se cache après la révocation de l'édit de Nantes, passe la Bérézina sur un pont qui s'écroule, assiste impuissant à l'incendie du ministère des Finances en 1871, s'efforce d'arrêter les chars allemands de mai 1940... Et rencontre des femmes et des hommes illustres qui ont marqué leur époque, ou des inconnus - paysans, artisans commerçants - penchés sur leurs métiers. De batailles épiques en voyages intrépides, de découvertes scientifiques à l'initiation des sens, Nicolas Saudray nous amène à prendre conscience que notre quotidien sera, demain, l'Histoire. "

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  • La révolution du Bonheur et ses conséquences...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de un point de vue de César Cavallère, cueilli sur le nouveau site de l'Institut Georges Valois et consacré à la révolution du bonheur...

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    La révolution du Bonheur et ses conséquences

    Dans « la société de consommation », Baudrillard nous explique que la révolution a été un premier pas vers la société du bonheur, comble de l’individualisme que nous connaissons aujourd’hui. Faire du bonheur l’ultime horizon c’est être bien peu ambitieux. Aujourd’hui, le capitalisme du désir nous fait miroiter le bonheur à l’image d’un flot incessant de produits nouveaux à acheter et à consommer, agités par une mode toujours fluctuante.

    Jacques Julliard fait remonter au XIXe les deux écoles, les deux voies royales établies par la modernité pour atteindre le bonheur. La première repose sur l’organisation d’une société juste et peut prendre comme maître Saint-Just, l’autre se base sur le plaisir sans limite et a été initiée par Sade.

    Mais si Saint-Just appelait de ses vœux une tyrannie du bonheur, comme ravissement imposé par la puissance publique, ce qui en a résulté est l’injonction adressée à chaque individu de poursuivre le bonheur. Le projet de ressusciter le civisme antique en réglementant chaque aspect de l’intimité s’étant avéré impossible, c’est non pas à la l’État qu’a échu cette recherche d’une « révolution permanente » vers le bonheur, puisque chacun s’est vu reconnaître la Liberté.

    C’est partiellement conforme à l’idéal antique de la souveraineté de soi, de l’homme qui doit devenir maître de sa vie et cultivant sa vertu. Mais ce développement individuel ne pouvait trouver sa réalisation qu’à travers la Cité et la vie civique. C’est à ce titre qu’Hannah Arendt dit que dans la poursuite effrénée pour changer le monde, en émancipant l’individu de ses racines vivantes, on a perdu « la vie ».

    Les explications du système sur le bonheur en tant que fin ne sont pas plus convaincantes, car économicistes. Chaque année nous est présenté, décortiqué et commenté le PIB, comme si l’indicateur lui-même reflétait l’état moral du pays.

    Le bonheur comme fin de l’économie

    C’est une belle subversion qu’a opérée le Bhoutan en imposant l’indice du Bonheur national brut (BNB), en remplacement du Produit national brut. Sachant qu’il ne pouvait pas rivaliser avec les autres pays sur le terrain de la production, il désigne directement la fin recherchée par l’étude des phénomènes économique en accusant sa publicité pseudo-scientifique et la recherche d’une croissance infinie.

    Bien entendu c’est une vision matérialiste qui ne saurait contenter personne d’autres que les statisticiens : le bonheur n’est pas quantifiable par l’attribution de ressources, par une gestion plus ou moins bonne de l’économie ou par la sauvegarde de l’environnement. Le bonheur n’est pas mesurable, du tout.

    Cela dit, il est intéressant de voir que le Bhoutan convoque les traditions au titre des piliers fondamentaux du bonheur. Cette vision, qui pourrait être rapprochée de celle d’une Simone Weil ou d’un Maurice Barrès souligne l’importance de l’enracinement pour vivre une vie épanouie, en plus de faire un pied de nez aux occidentaux. Quand les pays industrialisés prennent comme Alpha et Omega de la plénitude l’abondance financière et matérielle, la recherche du Vide survit encore en Asie.

    Le Bhoutan indique que cet indice doit permettre d’évaluer une économie à l’aune du Bouddhisme. Et force est de reconnaître que seul un universalisme fou pourrait croire que l’économie, facteur du bonheur, se calcule pareillement au Togo et en Italie, alors même que la conception du bonheur n’y est pas la même. Entendre le bonheur comme seulement matériel, dépouillé du spirituel, est une chose sur laquelle la majorité ne serait pas d’accord.

    Dans « A lecture on human happiness » publié en 1825, John Gray accordait déjà aux questions de la production la condition du bonheur. Certes en négatif il comptait également l’anxiété, qu’il fallait faire disparaître pour atteindre le bonheur, où l’on peut retrouver l’ataraxie stoïcienne, soit l’absence de trouble. Mais cette anxiété, en l’espèce, n’est considérée que comme causée par un rendement insuffisant.

    L’Homo Economicus, homme nouveau, fils monstrueux du libéralisme et du rationalisme n’a pas de fin. Tant qu’il est en vie, il devra se comporter comme l’être le plus économiquement raisonnable, performant. Débarrassé du spirituel, avec le matériel seul en ligne de mire, seules des utopies peuvent apparaître.

    La quête du bonheur, maladie infantile du socialisme

    Le communisme est pensé, comme le remarque Jung, sur l’idée du Paradis. Une fois l’égalité réalisée et les travailleurs disposants de leurs moyens de production, bonheur perpétuel.

    « Le monde communiste, on le remarquera, possède un grand mythe. Ce mythe, c’est le rêve archétypique, sanctifié par un espoir millénaire, de l’Âge d’Or (ou Paradis), dans lequel chacun aura de tout en abondance, et où un grand chef, juste et sage, régnera sur un jardin d’enfants. Cet archétype puissant s’est emparé du monde communiste sous sa forme la plus puérile, mais il ne disparaîtra pas du monde parce que nous lui opposerons la supériorité de notre point de vue. Nous aussi, nous l’alimentons par notre propre puérilité, car la civilisation occidentale se trouve sous l’emprise de la même mythologie. Inconsciemment, nous nourrissons les mêmes préjugés, les mêmes espoirs et la même attente. Nous croyons aussi à l’État Providence, à la paix universelle, à l’égalité de tous les hommes, à nos droits éternels, à la justice, à la vérité, et (mais ne le disons pas trop haut) au Royaume de Dieu sur Terre. »

    Ce mythe de l’Âge d’Or est prégnant sous la plume de nombreux socialistes dont le souci, avoué ou apparaissant en filigrane, est le retour à la féodalité à travers les communes ou les phalanstères. il est cependant intéressant de noter que le communisme et le capitalisme partagent cette recherche de la production sans limite et que c’est cette abondance qui constitue l’idée du bonheur. Ce n’est pas étonnant pour Jung car le communisme constitue l’Ombre (au sens psychologique) du capitalisme. Maurras les rejetait dos à dos l’un et l’autre en tant que chacun est une émanation de l’individualisme moderne, s’opposant à la recherche du Bien commun.

    Le 20 décembre 1943, Georges Orwell publiait sous pseudo dans Tribune un article « can socialists be happy ? ». Dans celui-ci, l’anarchiste tory remarquait que « tous les efforts pour décrire un bonheur permanent {…} ont été des échecs. Les utopies ont été communes dans la littérature des trois ou quatre siècles passées, mais celles qui sont « favorables » sont invariablement insipides, et souvent aussi manquant de vitalité ».

    Ainsi à cette réalité figée qu’exprime la planification s’oppose le fascisme, terrifié par un monde trop lisse, trop confortable et trop rationnel. Orwell nous dit qu’au temps où les utopies huxleiennes sont techniquement possibles, la question est devenue « comment éviter de devenir cette utopie ? ». Jacques Julliard souligne l’aspect particulièrement puéril de ce projet d’inspiration rousseauiste, selon lequel il serait possible de protéger l’homme de la société et de son péché originel.

    On peut retrouver la même naïveté chez Kollontaï, féministe soviétique, avec son concept d’amour-camaraderie, amour non-exclusif qu’on désignerait aujourd’hui comme polyamour. Ce projet a échoué dans sa vie personnelle comme elle a causé des drames massifs en URSS (abandons d’enfants, délinquance juvénile, prostitution généralisée, augmentation significative du divorce, de l’avortement). Ce libertarisme sexuel était même généralisé chez Fourier qui arrivait à faire la jonction entre les délires de Saint Just et ceux de Sade. Sauf que celle-ci est règlementée strictement, ses acteurs sont hierarchisés et leurs rôles déterminés pour qu’à l’image de toute l’organisation communautaire, chaque action soit réalisée comme le papier à musique d’une symphonie totalitaire. L’utopie (littéralement « nulle part ») est donc le Neverland de Peter Pan, l’endroit de ceux qui ont refusé de grandir.

    Cet état de fait se retrouve aussi dans la confusion entre « révolution » et « libération ». d’après Baudrillard, la révolution devient un but en soi : « Désir de révolution – révolution du désir. Faire de la révolution un objet de désir, comme si le désir pouvait avoir un objet final, et comme si la révolution elle-même était une fin. Contresens égal à celui de faire du désir une force de subversion, une force de déliaison. Économie libidinale, révolution moléculaire, c’est le plus beau mixage du xxe siècle. [1]». Le capitalisme même se réapproprie l’esthétique révolutionnaire pseudo-subversive.

    Ainsi les présupposés socialistes reposent sur un but enfantin, aussi confortable que l’absence de liberté. Le but que nous devons poursuivre est de remplir les conditions de réalisation d’un Bien commun à la nation, bien loin des chimères internationalistes. Le bonheur ne se conquiert qu’à travers la Tradition et l’enracinement, ce qui est absent des thèses socialistes. Quand chez Barrès le tissu social se constitue à travers cet attachement charnel au pays, le socialiste qui met en avant l’importance de cette communauté sociale, semble avoir artificiellement et autoritairement mis ensemble des individus ne partageant rien pour vivre ensemble.

    César Cavallère (Institut Georges Valois, 24 septembre 2024)

    Note :

    [1] https://www.cairn.info/revue-lignes1-2001-1-page-15.htm#:~:text=Désir%20de%20révolution%20–%20révolution%20du,subversion%2C%20une%20force%20de%20déliaison.

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  • Demain la guerre civile ?...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°210, octobre 2024 - novembre 2024) est en kiosque!

    A côté du dossier consacré à la guerre civile qui vient, on découvrira l'éditorial, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés et des entretiens, notamment avec Troy Olson, Louis Furiet, Driss Ghali, Eric Werner et Bernard Wicht...

    Et on retrouvera également les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, de Nicolas Gauthier, d'Aristide Leucate, de David L'Epée, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers, d'Yves Christen, de Bastien O'Danieli, d'Ego Non, de Slobodan Despot, de Michel Marmin et de Julien Rochedy...

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    Au sommaire :

    Éditorial
    Les enfants terribles, par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien
    Troy Olson : « Trump a brisé le consensus antipopuliste des élites »
    Propos recueillis par Daoud Boughezala

    Cartouches
    L’objet disparu : le slow, par Nicolas Gauthier

    Une fin du monde sans importance, par Xavier Eman

    Cinéma fantastique à la française ? par Nicolas Gauthier

    Un homme, une revue : Louis Furiet présente « Écrits de Rome », propos recueillis par Xavier Eman

    Curiosa Erotica : grisettes, cousettes et midinettes, l’érotisme de la femme du peuple, par David L’Épée

    Champs de bataille : la petite guerre dans la Grande, par Laurent Schang

    Uranie, les nuisibles en rut (2), par Bruno Lafourcade

    Le droit à l’endroit : état civil et identité, par Aristide Leucate

    Économie, par Guillaume Travers

    Les châteaux d’Annie Le Brun, le regard d’Olivier François

    Bestiaire : cultures partagées, au-delà du vivre-ensemble, par Yves Christen

    Sciences, par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées
    Les duellistes : Delon & Belmondo, ou les deux corps du roi, par Laurent Schang et Christophe A. Maxime

    Le RN a-t-il achevé sa mue « nationale-libérale » ? Par David L’Épée

    Comment éviter la guerre des mondes avec Driss Ghali, propos recueillis par François Bousquet

    La vérité interdite : notre enquête sur le racisme antiblanc à l’école, par François Bousquet

    Qu’est-ce que l’économie comportementale ? Par Guillaume Travers

    Allemagne : droite patriote (AfD) et gauche anti-immigration (BSW), par Lionel Baland

    Le divers décroît : vers un monde unidimensionnel, par François Bousquet

    Pour une dynamique du réveil : la stratégie de l’électrochoc, par Hubert Calmettes

    Renaud Camus, de près : la géographie du grand écrivain, par Quentin Verwaerde

    Rentrée littéraire, les choix de la rédaction, par Daoud Boughezala, Xavier Eman et Anthony Marinier

    Le miracle Virginia Woolf : quand le féminisme avait du génie, par François Bousquet

    Dossier
    Notre avant-guerre civile

    « La fièvre » ou la guerre civile portée à l’écran, par François Bousquet

    La Nouvelle-Calédonie à feu et à sang, par François Bousquet

    Éric Werner et Bernard Wicht : l’avant-guerre civile dans une Europe Mad Max ? Propos recueillis par Gabriel Rivière

    La tectonique des peuples : meutes et émeutes au Royaume-Uni, par Pierre Saint-Servant

    Police partout, justice nulle part : les forces de l’ordre contre le peuple, par Xavier Eman

    L’extrême gauche face à la lutte armée, par Laurent Vergniaud

    États-Unis, bannière éclatée : la séparation plutôt que la sécession , par Lionel Rondouin

    « Civil War » d’Alex Garland : la guerre sans commentaire, par Thomas Gerber

    Panorama
    L’œil, de Slobodan Despot

    Reconquête : le salut par le rock, par Slobodan Despot

    La leçon de philo politique : les fables philosophiques d’Isaiah Berlin, par Ego Non

    Un païen dans l’Église : Saint-Étienne de Launois-sur-Vence, par Bernard Rio

    Anachronique littéraire : un Voltaire de poche, par Michel Marmin

    Rochedytorial : l’après-demain ou rien, par Julien Rochedy

    Éphémérides

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  • Face au Hezbollah, l’armée israélienne a-t-elle déjà gagné ?...

    Pour son émission sur TV Libertés, Chocs  du monde, Edouard Chanot reçoit Alexandre Aoun, journaliste indépendant, pour évoquer avec lui l'affrontement entre Israël et le Hezbollah.

     

                                                  

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  • Il est temps de déterrer la hache...

    Les éditions Magnus viennent de publier le nouvel essai de Laurent Obertone intitulé Guerre - Le combat dont vous êtes enfin le héros.

    Journaliste, Laurent Obertone est l'auteur de trois enquêtes essentielles, La France Orange mécanique (Ring, 2013), La France Big Brother (Ring, 2015) et La France interdite (Ring, 2018), qui ont contribué à fissurer l'édifice du politiquement correct, ainsi que du récit Utøya (Ring, 2013). Il a publié récemment un essai intitulé Game over - La révolution antipolitique (Magnus, 2022).

     

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    " « Du combat, seuls les lâches s’écartent. »

    Homère

     

    Otage du cirque démocratique, Monsieur Moyen vote, râle, consomme, renonce. Il se résigne à son destin confisqué, à sa nation défigurée. Plutôt fuir qu’affronter ses responsabilités. Plutôt ramper que se battre. Le mal gagne donc par forfait.

    Esprits forts, esprits libres, relevez la tête : le réel est de retour. Il y a une issue.

    Ce livre nomme l’ennemi, sonne la charge, vous prend par la main et vous mène sur le champ de bataille. La suite dépend de vous. Vous seul.

    Ce livre est un manuel de survie, exaltant, radical. L’âme barbare au secours du civilisé. L’appel de la forêt, le sentier de la guerre, la fierté retrouvée.

    Une stratégie détaillée pour vaincre nos failles, mobiliser nos forces, réarmer les survivants, sidérer ce pays criblé de lâches et de désespérés. Voici où frapper, comment gagner. Voici le seul combat qu’on ne peut pas perdre. Qu’on ne peut plus éviter.

    Il est temps de déterrer la hache. "

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  • La Pologne, quatrième grand en Europe ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Renaud Girard cueilli sur Geopragma et consacré à la montée en puissance de la Pologne en Europe. Grand reporter au Figaro, Renaud Girard est membre du comité d'orientation stratégique de Geopragma.

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    La Pologne, quatrième grand en Europe

    Pendant plus de sept générations, les Français n’éprouvaient que de la compassion quand ils parlaient de la Pologne. C’était une nation qu’ils aimaient, car catholique, romantique, courageuse ; Bonaparte et Clemenceau l’avaient rétablie dans ses droits, respectivement en 1807 et 1919.

    Mais les Français plaignaient aussi beaucoup la Pologne, tant elle fut maltraitée par l’Histoire contemporaine, qui la vit partagée trois fois (entre la Russie, la Prusse et l’Autriche) à la fin du XVIIIe siècle ; qui la vit trois fois se soulever en quête de sa liberté (1830, 1863,1944) dans des insurrections aussi vaines que sanglantes – les deux premières contre l’Empire russe, la troisième contre le IIIe Reich, sans que l’Armée rouge ne lève le petit doigt pour aider les insurgés ; qui la vit secrètement partagée puis attaquée en septembre 1939 par Hitler et Staline ; qui la vit sortir de la Seconde Guerre mondiale avec six millions de victimes (dont la quasi-totalité de ses trois millions de Juifs, assassinés par les nazis) ; qui la vit abandonnée au totalitarisme soviétique par les Occidentaux aux conférences de Yalta et de Potsdam (février et juillet 1945).

    Malgré leurs malheurs et les jougs qui leur furent imposés, jamais les Polonais ne perdirent leur ferveur nationale, ni la foi en leur destin. C’est à cette résilience, à ce courage, à cette espérance, que le président Charles de Gaulle voulut rendre hommage lors de son voyage de six jours en Pologne de septembre 1967. Le Général portait la culpabilité que l’état-major français (contre ses conseils de chef des chars de la 5e armée à l’époque) ait refusé d’attaquer en septembre 1939 le territoire de l’Allemagne nazie, après que cette dernière eut agressé la Pologne, alliée de la France. Le plus illustre des Français a aujourd’hui sa statue en plein cœur de Varsovie.

    Progrès constant

    À l’émergence du mouvement ouvrier Solidarité contre l’autoritarisme communiste en août 1980, les Français furent les premiers à aider la Pologne, à y envoyer des colis, à recueillir ses réfugiés.

    Aujourd’hui, il n’est plus question pour les Français de prendre la Pologne en pitié. Ils peuvent désormais l’admirer, voire l’envier, sans arrière-pensée, tant le progrès de ce pays de 38 millions d’habitants a été constant depuis qu’il s’est libéré du communisme à la fin des années 1980. Membre de l’Union européenne (mais pas de la zone euro) depuis vingt ans, la Pologne a remarquablement bien utilisé les considérables subsides qu’elle a reçus de Bruxelles (plus de 250 milliards d’euros) pour rénover ses infrastructures. Lors de son adhésion à l’UE en 2004, la Pologne en constituait le 9e PIB (Royaume-Uni exclu). Elle en est aujourd’hui le 6e. Le rapport du PIB par habitant polonais au PIB moyen par habitant européen, en parité de pouvoir d’achat, est passé de 51 % en 2004 à 79 % en 2022.

    La Pologne est encore derrière l’Espagne et les Pays-Bas en termes de PIB, mais elle va bientôt les rattraper, tant sa croissance est forte

    La croissance polonaise est tirée par trois secteurs très solides : les logiciels, l’agriculture, la manufacture de pièces pour l’automobile et l’électroménager. La Pologne est encore derrière l’Espagne et les Pays-Bas en termes de PIB, mais elle va bientôt les rattraper, tant sa croissance est forte.

    Politiquement, le pays est une démocratie qui fonctionne bien et qui connaît de réelles alternances. La Pologne vient de passer, sans la moindre anicroche, d’un gouvernement nationaliste de droite à un gouvernement de centre gauche, très pro-européen.

    Socialement, le pays ne connaît pas de gros problèmes : le taux de chômage est à 2 % ; l’assistanat n’existe pas ; les émeutes urbaines non plus ; l’immigration passe inaperçue. Il est vrai que les immigrés sont en grande majorité des Ukrainiens, lesquels sont, comme les Polonais, des Slaves chrétiens. En septembre 2015, lorsque la chancelière Merkel avait ouvert les vannes de l’immigration moyen-orientale en Europe, la Pologne avait déclaré qu’elle n’accueillerait pour sa part que des réfugiés chrétiens. Les Polonais sont sidérés par les problèmes que connaissent, avec leurs communautés musulmanes, des pays européens aussi anciennement avancés que la France, l’Allemagne ou la Suède. Il y a environ aujourd’hui trois millions d’Ukrainiens qui vivent en Pologne. Ils y ont tous trouvé un travail et y sont parfaitement intégrés.

    Bonne organisation et civisme

    Je viens de passer dix jours en Pologne, entre l’Oder et la Vistule, à visiter en profondeur ces trois régions (voïvodies) en expansion que sont la Basse-Silésie (chef-lieu Wroclaw), la Poméranie (chef-lieu Gdansk), la Mazovie (chef-lieu Varsovie). Dans les villes comme dans les villages, on est frappé par l’activité, la propreté, la bonne organisation, et le civisme des résidents. Dans certains quartiers, on se croirait presque en Suisse.

    Les pères fondateurs de la nouvelle Pologne, comme Tadeusz Mazowiecki ou Bronislaw Geremek, qui faisaient assaut de modestie lorsque je les interviewais comme jeune reporter, peuvent aujourd’hui se retourner de fierté dans leurs tombes. Fier aussi peut se montrer le courageux Leszek Balcerowicz, 77 ans aujourd’hui, le grand argentier dont le programme initial d’austérité lança, sur des bases saines, la nouvelle économie de marché polonaise, au début des années 1990.

    Géopolitiquement, après l’agression de la Russie contre l’Ukraine en février 2022, la Pologne est devenue l’avant-poste du combat européen contre l’expansionnisme poutinien. Il y a deux raisons pour lesquelles la Pologne est très respectée par les Américains au sein de l’Otan. La première est que la Pologne, contrairement à l’Allemagne et à la France (et à l’auteur de ces lignes…), n’a jamais cru en la bonne volonté de Vladimir Poutine. La seconde est qu’elle a fait passer ses dépenses de défense à plus de 4 % de son PIB. Quand on évoque devant les Américains l’article 5 de la charte de l’Otan (qui les oblige à défendre leurs Alliés), ils citent immédiatement l’article 3, qui exige de ses membres une préparation militaire suffisante pour pouvoir tenir lors d’un premier choc contre un adversaire commun (aujourd’hui la Russie).

    Toutes ces raisons font que le Triangle de Weimar (Paris-Berlin-Varsovie) est devenu aujourd’hui l’axe politique le plus important au sein de l’Union européenne et qu’il n’est pas illusoire d’affirmer que la Pologne deviendra prochainement le quatrième grand dans l’Union européenne.

    Renaud Girard (Geopragma, 23 septembre 2024)

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