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  • Israël/Gaza : un scénario noir pour l’administration Biden...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Leslie Varenne, signalé par Geopragma et consacré à l'échec politique américain au Moyen-Orient. Leslie Varenne est directrice de l'Institut de veille et d'étude des relations internationales et stratégiques (IVERIS).

     

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    Israël/Gaza : un scénario noir pour l’administration Biden

    Commencé avec la débâcle de Kaboul, le mandat de Joe Biden pourrait se terminer par un conflit généralisé au Moyen-Orient. Entre-temps, il y eut l’Ukraine où plus personne n’oserait parier sur une victoire de Kiev et de ses alliés de l’OTAN. Un mois après le début du brasier à Gaza l’administration démocrate se retrouve dans la pire des configurations possibles. Elle est coincée entre son soutien inconditionnel à Israël et la colère des opinions publiques arabes qui la renvoie à la détestation de l’Amérique sous l’ère Georges W. Bush. « Nous n’avons pas à choisir entre défendre Israël et aider les civils palestiniens. Nous pouvons et devons faire les deux. » a déclaré Anthony Blinken. Cependant, plus l’asphyxie et les bombardements sur l’enclave palestinienne se prolongent, plus ce numéro d’équilibriste devient dangereux. 

    L’arbre qui cache la forêt.

    L’attaque du 7 octobre a surpris tout le monde. Une semaine plus tôt, le conseiller à la sécurité nationale, Jack Sullivan prononçait cette phrase déjà entrée dans l’histoire : « le Moyen-Orient n’avait jamais été aussi calme depuis deux décennies ». Cela s’appelle avoir de bons capteurs et une intelligence des situations dans une région où pourtant les Etats-Unis sont omniprésents. En plus de leurs nombreuses emprises militaires et de leurs imposantes ambassades, le Pentagone dispose également comme le révèle Intercept, d’une base secrète au cœur du désert israélien du Néguev, à seulement 32 kilomètres de Gaza. Mais les militaires surveillaient l’Iran au lieu de regarder ce qu’ils avaient sous leurs yeux.

    Deux autres événements majeurs n’auraient pas dû passer inaperçus.

    Après 15 ans de luttes intestines et de très longues négociations, en octobre 2022, à Alger, 14 factions palestiniennes se sont officiellement réconciliées. Islamiques ou laïques comme le Hamas, le Djihad Islamique ou le Front Populaire de libération de la Palestine (FPLP), ces organisations se sont réunies sur la base de la cause palestinienne au-delà de leurs différences religieuses et idéologiques. Ce sont les branches armées des factions citées qui opèrent sur le front de Gaza.

    L’autre fait marquant fut la coupe du monde à Doha où cette cause s’est affichée massivement dans les tribunes à tel point que certains journaux titraient : « La Palestine a remporté la coupe du monde ». Comment dès lors continuer à penser que cette lutte était devenue surannée et invisible ? Comment imaginer que les milliers de prisonniers dans les geôles israéliennes, l’embargo sur Gaza, la colonisation en Cisjordanie pouvaient durer indéfiniment ?

    L’aveuglement américain a été tel qu’il a malgré tout fait des accords d’Abraham sa priorité au Moyen-Orient. Ces accords, initiés sous le mandat de Donald Trump, signés par les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc, rejetés par l’Autorité Palestinienne comme par le Hamas, sont pourtant basés sur le postulat que la cause palestinienne était définitivement enterrée.

    Mieux, de manière incompréhensible, alors que cette normalisation avec Israël est en partie responsable de l’explosion en cours, les diplomates américains continuent à s’entêter et à multiplier les pressions sur Mohamed Ben Salmane pour qu’il la signe.

    La stratégie du poulet sans tête

    Depuis le 7 octobre, la Maison Blanche mène une politique encore plus erratique qui montre à quel point elle est démunie. Une semaine après le début du conflit, le Secrétaire d’Etat s’est rendu en Egypte et en Jordanie avec, comme l’a raconté sur France Inter l’ancien envoyé spécial de l’ONU en Libye, Ghassam Salamé, : « l’idée folle de mettre les Palestiniens au Sinaï ». En réalité, le plan consistait à transférer les Gazaouis en Egypte et les Cisjordaniens en Jordanie. Organiser une deuxième Nakba, comme en 1948, avec des tentes en dur ? Selon une source libanaise proche du dossier, devant les ponts d’or qui lui étaient promis, le maréchal Sissi aurait un temps hésité, mais l’armée a opposé un non catégorique. Le roi Abdallah ne s’est pas montré plus enthousiaste.

    Toute la stratégie américaine est à l’avenant. D’un côté, les dirigeants américains répètent inlassablement le mantra : « Israël a le droit de se défendre » ; la Maison Blanche envoie deux porte-avions en Méditerranée ; le Pentagone fournit les armes en ne traçant pas de lignes rouge quant à leur utilisation ; le Congrès vote une aide de 14 milliards de dollars à Tel Aviv. De l’autre, elle demande à Benjamin Netanyahu de protéger les civils. Après avoir, dix jours plus tôt, mis son véto à une résolution du Conseil de Sécurité demandant une pause humanitaire, Anthony Blinken a demandé à Tel Aviv… une pause humanitaire ! Il espérait ainsi obtenir la libération des otages détenteurs d’un passeport américain. Tsahal a répondu à cette proposition en intensifiant les bombardements. Les appels de Joe Biden à cesser la colonisation et la répression en Cisjordanie, ont reçu une réponse similaire. Résultat, le Secrétaire d’Etat repartira encore bredouille de son deuxième voyage dans la région.

    La colère du monde       

    Le conflit Israël/Palestine dure depuis 75 ans, ce qui signifie qu’environ 98% des habitants de la planète sont nés avec cette crise en héritage, le monde arabe la porte dans ses gènes. Au 5 novembre, le bilan des bombardements israéliens faisait état, selon le Hamas, de 9.488 personnes dont 3900 enfants auxquels il faut ajouter plus de 25 000 blessés. Pour les opinions publiques de la région, ce soutien inconditionnel à Israël fait de Washington le complice de ce décompte macabre. Retour à la période de la guerre en Irak, de Guantanamo, de l’Afghanistan, avant Obama et son fameux discours du Caire…

    Dans tout le monde arabo-musulman, de l’Egypte à l’Indonésie les manifestations de soutien aux Palestiniens sont impressionnantes. Les éditorialistes se sont beaucoup émus de celles qui ont eu lieu en Turquie accompagnées des propos durs à l’endroit d’Israël tenus par Recep Tayyip Erdogan. Mais le président turc parle beaucoup, agit peu, tient ses troupes et n’est pas prêt de quitter l’OTAN. En revanche, il faut prêter attention aux cortèges encore plus massifs qui se sont déroulés au Pakistan, pays de 250 millions de musulmans.

    En Afrique, le Maghreb est vent debout, y compris au Maroc qui a signé les accords d’Abraham. Dans les pays d’Afrique subsaharienne, malgré les nombreux évangélistes, qui pour des raisons bibliques vénèrent Israël, l’empathie se porte majoritairement vers les Palestiniens. Une Ivoirienne membre de cette communauté explique « Nos églises nous demandent de soutenir les Israéliens, mais nous sommes nombreux à considérer que c’est une affaire politique. De toute façon, entre notre religion et les peuples colonisés notre solidarité va à ces derniers ».   

    En Amérique du Sud, la contestation prend une autre forme, avec la rupture des relations diplomatiques comme en Bolivie, ou le rappel des ambassadeurs en poste à Tel Aviv par la Colombie, le Honduras ou encore l’Argentine.

    Les Etats-Unis font face également à leurs divisions internes, notamment au sein de la jeunesse démocrate, woke et décolonialiste. Ils doivent aussi affronter une bronca sourde au sein de leur propre administration, de l’ONU et des ONG (1-2-3). Il faut reconnaître qu’un tel bilan : décès de 88 employés des Nations Unies, de 36 journalistes sur une période aussi courte est sans précédent. Le siège moyenâgeux de Gaza, les bombardements sur les populations et les infrastructures civiles remettent également en cause le droit international que ces organisations sont censés défendre. Ce deux poids, deux mesures des Etats-Unis, par rapport à leur position sur d’autres théâtres, qui affaiblit tant l’Occident fragilise aussi, de manière inédite, l’édifice des organisations multilatérales.

    Zéro pointé

    A la veille d’entrer en campagne électorale, le bilan de la politique étrangère de Joe Biden est un désastre. Les faits sont implacables. Les Etats-Unis se sont mis, et avec eux leur alliés occidentaux, une grande partie du monde arabo-musulman à dos et le reste des pays dits du Sud ne sont guère plus bienveillants. Alors que, précisément leur stratégie consistait à reconquérir ce « Sud global » pour peser dans leur confrontation avec la Chine. Raté.

    La défaite ukrainienne est sur le point d’être actée. Il faudra en assumer la responsabilité d’autant que cette guerre aura renforcé le Kremlin sur le plan militaire et démuni les alliés de l’OTAN de leur armement. Dans le même mouvement, les sanctions à l’encontre de la Russie ont considérablement affaibli les économies des pays de l’Union européenne, pendant que l’axe Moscou/Pékin/Téhéran se renforçait. 

    Lors de son discours du 4 novembre, le patron du Hezbollah, Hassan Nasrallah a clairement expliqué que l’élargissement à une guerre régionale, tant redoutée par la Maison Blanche, était corrélé à la poursuite des hostilités en Palestine. Dans ce cas, avec quels alliés les Américains feront-ils face à tous les fronts ? Ils sont en première ligne et seuls, l’Europe est divisée, atone et plus aucune voix ne porte dans son camp. Les dirigeants arabes, proches de Washington, ne pourront intégrer une coalition en l’état de la colère de leurs peuples.

    Les bases américaines en Syrie en Irak sont déjà régulièrement attaquées. Du côté de la mer Rouge, les Houtis du Yémen ont déclaré la guerre à Israël en tirant des missiles sur Eilat et le Soudan voisin est aussi la proie des flammes. Ce conflit est un autre échec américain patent. Alors que la médiation internationale sous leur égide était censée ramener la démocratie, elle a créé les conditions de l’explosion. Les conséquences sont là aussi catastrophiques : six millions de déplacés, un million de réfugiés, des milliers de morts dont le décompte est impossible tant la situation est chaotique.

    Au Moyen-Orient, plus les heures passent et plus la situation se dégrade. Si les Etats-Unis n’obtiennent pas un cessez-le-feu à Gaza rapidement et ne trouvent pas une issue politique, inévitablement l’embrasement aura lieu. Ils seront embourbés dans une région dont ils pensaient s’être débarrassée pour focaliser leur énergie et leurs moyens sur la Chine. Encore raté…

    Leslie Varenne (Iveris, 5 novembre 2023)

     

    Notes :

    (1) https://www.trtfrancais.com/actualites/conflit-israelo-palestinien-demission-dun-haut-responsable-du-departement-detat-americain-15461571
    (
    2) https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20231104-la-d%C3%A9mission-d-un-haut-responsable-de-l-onu-symbole-d-un-monde-divis%C3%A9-sur-l-offensive-%C3%A0-gaza
    (
    3) De manière assez inédite toute la communauté humanitaire a signé un communiqué appelant à un cessez-le-feu
    https://interagencystandingcommittee.org/inter-agency-standing-committee/we-need-immediate-humanitarian-ceasefire-statement-principals-inter-agency-standing-committee 

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  • Le Totalitarisme sans le goulag...

    Les éditions des Presses de la Cité viennent de publier le nouvel essai de Mathieu Bock-Côté intitulé Le Totalitarisme sans le goulag. Québécois, Mathieu Bock-Côté est sociologue et chroniqueur et est déjà l'auteur de plusieurs essais comme Le multiculturalisme comme religion politique (Cerf, 2016), Le nouveau régime (Boréal, 2017) ou L'empire du politiquement correct (Cerf, 2019).

     

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    « Les Occidentaux ont voulu se faire croire après la chute du communisme que l'histoire du totalitarisme était derrière eux, qu'elle ne les concernait plus. Au pire redoutaient-ils l'apparition d'un totalitarisme doux, à visage humain, mais ils ne le croyaient pas vraiment, ne le prenaient pas au sérieux. Et pourtant, le totalitarisme revient. Dans l'incrédulité générale, puisqu'il revient sans goulag, car il n'en a plus besoin. Et il revient sous une forme paradoxale.
    Nos sociétés veulent croire que ce qu'elles appellent "l'extrême-droite" les menace existentiellement, comme si elle sortait des enfers pour les y ramener avec elle.
    Cette catégorie politique fantomatique, in définissable, manipulée et instrumentalisée, sert essentiellement à étiqueter tous ceux qui s'opposent au régime diversitaire. Mais pas seulement : toute personnalité de gauche n'adhérant pas à la doxa ambiante est désormais frappée de cette marque de l'infamie.
    La lutte contre la prétendue "extrême-droite" justifie aujourd'hui une suspension progressive des libertés, le retour de mécanismes d'ostracisme et un contrôle social croissant, prétendant éradiquer le mal du cœur de l'homme. En d'autres mots, ce n'est pas "l'extrême-droite" qui nous menace, mais la lutte contre "l'extrême-droite" qui nous conduit au totalitarisme. Je sais cette thèse contre-intuitive. Je me donne la mission ici de la démontrer. »
    Mathieu Bock-Côté

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  • La Révolution conservatrice selon Georges Sorel...

    Le 5 novembre dernier, Sylvain Durain recevait Rodolphe Cart sur Tocsin pour évoquer avec lui la figure et les idées de Georges Sorel. Collaborateur occasionnel de la revue Éléments, Rodolphe Cart est l'auteur d'un essai intitulé Georges Sorel - Le révolutionnaire conservateur (La Nouvelle Librairie, 2023).

     

                                            

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  • L'histoire falsifiée : la riposte des historiens...

    Le numéro 69 du mensuel conservateur L'Incorrect est en kiosque. On peut notamment découvrir à l'intérieur un dossier central consacré à la riposte des historiens face aux falsifications de l'histoire et des entretiens avec les essayistes Eugénie Bastié et Laurent Obertone, avec le cinéaste québécois Denys Arcand et avec le chroniqueur Christophe Bier, ainsi que les rubriques habituelles "L'époque", "Monde", "Idées", "Culture", et "La fabrique du fabo"...

    Le sommaire complet est disponible ici.

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  • Les hypocrites, les cyniques et leurs Golems...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Ghislain de Castelbajac cueilli sur Geopragma et consacré aux pistes d'un apaisement géopolitique qui passe par le retour à une vision gaullienne de la politique étrangère de la France... Membre fondateur de Geopragma , Ghislain de Castelbajac est spécialiste des questions d'intelligence économique et enseigne à l’Ecole de Guerre Economique.

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    Les hypocrites, les cyniques et leurs Golems

    Du Donbass au Haut-Karabagh, de Téhéran à Sanaa, d’Israël à Gaza, du Kivu à Kabul, des peuples souffrent, se battent, fuient les massacres, le nettoyage ethnique, les pogroms, meurent sous les bombes, les actes de barbarie, la torture, le viol.

    Le tableau est plus qu’alarmant, au-delà de révoltant.

    Une guerre mondiale sournoise, sans début et sans doute sans fin : une guerre sans merci, où l’horreur et la terreur sont filmées, commentées sur les réseaux sociaux, où chaque victime est le macabre trophée d’une cause jetée contre le camp adverse dans une agora mondiale où couve un feu attisé par des satrapes revanchards et des messianiques apocalyptiques.

    Il est parfois saisissant de relier les idéologies de certains leaders, ou de leurs financiers, pour comprendre que notre monde est entre les mains de gens souhaitant sincèrement sa fin :

    • La fin d’un ordre post-guerre froide et la revanche des empires. C’est en premier lieu le cas de la Russie de Vladimir Poutine, qui tente de reprendre pied après la perte de territoires et d’influence de la Russie tsariste puis soviétique. Cet esprit revanchard territorial classique, est mû par une idéologie civilisationnelle « Orient orthodoxe contre Occident décadent », et Eurasisme contre atlantisme. C’est aussi le cas de l’Azerbaïdjan d’Aliev et de la Turquie d’Erdogan, qui ne s’arrêteront pas à la reprise en main du Haut-Karabagh, enclave arménienne distribuée par Staline à la RSS Azerbaïdjan.
    • La fin d’un ordre post-colonial qui n’en finit pas de mourir, avec ses clientèles faciles, ses frontières découpées en Etats-nations qui écrasent le fait ethnique pour la dictature de la majorité, et nient donc les spécificités des minorités tribales qui composent de nombreux pays d’Afrique par exemple. C’est le cas au Mali, Niger, mais aussi au Congo oriental (Kivu) et dans la région des grands lacs. Les nouveaux chefs d’Etats autoritaires, souvent issus de coups d’Etats, n’hésitent plus à redessiner les cartes à l’aune d’une redistribution des ressources et des fidélités tribales et ethniques.
    • La fin d’une civilisation multimillénaire, celle des chrétiens d’Orient, qui composaient récemment une part importante des populations du Levant arabe et de Mésopotamie, et qui a été victime d’un génocide silencieux depuis près d’un siècle, avec un dernier coup frappé au coeur de la chrétienté d’Orient par l’exode massif le plus rapide de l’Histoire lors de l’exil des Arméniens du Karabagh en 48 heures.
      Il s’agit là de l’effacement pur et simple d’une civilisation, gênante pour les tenants de la purification ethnique (pantouranisme) et religieuse (oumma).
    • La fin d’un monde mercantile ouvert aux échanges, au progrès et aux libertés, mais aussi à leurs corolaires idéologiques dégénérescents d’une humanité interchangeable, déracinée, transhumanisée, asexuée.
    • La fin de l’hypocrisie, dénoncée par ce qu’il est convenu d’appeler le Sud « global », et qui regrouperait une nouvelle génération bercée aux guerres de l’hyperpuissance américaine et ses tapis de bombes démocratiques. Originellement assoiffée de libertés individuelles et dégoutée de la corruption généralisée, elle se révolte depuis les intifadas, les « printemps arabes » et les révolutions de couleur, sans succès.
      Dégoutée par l’hypocrisie des médias occidentaux, des risibles recomptages électoraux aux Etats-Unis, elle applaudit à tout ce qui pourrait affaiblir cet occident : une guerre de blancs en Ukraine, une armée française déboutée du Sahel par des putschistes, un massacre en Israël… Quitte à préférer le cynisme et la cruauté de leurs nouveaux modèles, à l’hypocrisie des occidentaux.
      L’hypocrite étant particulièrement voué aux gémonies dans le Coran, certains y trouvent en plus une justification religieuse.1

    Cette galaxie d’idéologues, d’ultrareligieux et de nihilistes croient que la purge d’un conflit mondial permettra la venue de leur messie et l’éradication de leurs ennemis : « les juifs à la mer », « les palestiniens chez les pays arabes voisins », « les arméniens hors du Caucase », etc.

    C’est dans cette arche d’alliances des ténèbres que certains politiciens à courte vue et au cynisme déroutant, fomentèrent des stratégies imbéciles, cultivant ainsi des Golems (de l’hébreu ( 2גולם qui se retournent systématiquement contre leurs créateurs, ou leurs alliés :

    • Al-Qaïda enfantée par les errements de la CIA
    • Le Front Islamique du Salut algérien, encouragé par le département d’Etat américain
    • Da’esh, conséquence directe de l’invasion/destruction de l’Irak par l’armée américaine
    • Les jihadismes sahéliens, réveillés par la destruction de l’Etat libyen par la France et sa coalition
    • Le Hamas, renforcé par la politique du Likoud du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.

    Jamais jugés, jamais condamnés pour leurs erreurs, ils portent une responsabilité dans le chaos et l’horreur terroriste à laquelle les peuples font face, de Mossoul à Paris et d’Israël au Sahel.

    Il y a aussi les financiers, ceux qui inondent d’argent les groupes les plus dangereux, du Darfour à la Syrie et du Sahel à Gaza. Pompiers pyromanes, ils se portent en intermédiaires « indispensables » lorsque survient l’apogée d’une crise d’otages. Ces Etats et leurs souverains estiment que l’argent achète tout, résout tout : un but en or au championnat de France vaut bien un pogrom !

    Ils déversent leur morgue et leur mépris des victimes jusqu’à héberger les cerveaux d’un groupe terroriste qui lance des appels au meurtre (bien reçus en France malheureusement) depuis leurs lofts luxueux en bord de mer…à un jet de pierre d’une importante base américaine. Quel courage !

    Enfin, il y a le groupe des « survivalistes ». Souvent autoritaires, ces pays connaissent de l’intérieur leurs populations et les risques de débordement.

    C’est en premier lieu le cas de l’Egypte du maréchal al-Sissi, qui est co-responsable du blocus des civils de Gaza, en fermant l’unique poste frontière de Rafah. Il faut comprendre le contexte, alors que des terroristes du Hamas s’étaient infiltrés dans le Sinaï égyptien pour y massacrer des militaires. Berceau de l’organisation des Frères Musulmans, ceux-ci sont interdits et pourchassés depuis la destitution du président Morsi.

    Depuis le 7 octobre, le pouvoir egyptien montre d’ailleurs muscles en faisant défilé des systèmes d’armes dans le Sinaï dont le message est clair : Vu la situation sécuritaire à sa frontière avec Gaza, l’Egypte montre par la même occasion à sa population une apparente fermeté vis-à-vis d’Israël.

    Les Emirats Arabes Unis leurs emboitent le pas, ainsi que la plupart des pays arabes frontaliers ou non d’Israël : ils redoutent avant toute chose un afflux de réfugiés gazaouis et la répétition d’un « septembre noir » de 1970, ou une nouvelle guerre civile comme au Liban entre 1975 et 1978 où les feddayin de l’OLP et du FPLP usaient de méthodes similaires à celles du Hamas contre les civils libanais, pourtant leurs hôtes contraints…

    Echaudés de la politique du Golem telle qu’elle fut pratiquée par l’Arabie Saoudite avant 2001 par exemple, ils pourchassent les groupes idéologiques apocalyptiques liés au terrorisme tels que les Frères Musulmans, le Hamas, le groupe EI ou al-Qaïda.

    Loin est le temps où Oussama ben Laden chassait au faucon avec ses cousins princes du désert.

    Nous pourrions citer également l’Algérie, dont les citoyens ayant fuit les années de plomb connaissent les imbrications de certains services dans la poussée verte du FIS et les années de guerre civile qui s’en suivirent.

     

    Et la France dans tout cela ?

    Première nation arabe d’Europe, la France est aussi la plus grande nation juive du monde après les Etats-Unis et Israël.

    Son approche gaullienne et les instants de lucidité de notre diplomatie sous la présidence de Jacques Chirac notamment, donnent encore à Paris la capacité de parler à toutes les parties du conflit israélo-palestinien. C’est en revanche bien moins le cas concernant le Karabagh et l’Ukraine.

    Alors que le président Macron vient de se rendre en Israël et Jordanie, il a pu tenter de porter une volonté de trêve humanitaire. C’est mieux que rien, mais ce n’est évidemment pas suffisant pour régler ce problème qualifié d’insoluble par les plus rationnels.

    Puis, comme pris d’une triste manie, il s’est contredit en reprenant les termes du Likoud pour une ‘coalition’ internationale contre le Hamas, cadrée sur celle qui eut lieu contre Da’esh… Cette saillie présidentielle malheureuse risque d’internationaliser non pas le combat, au sens d’une action coordonnée et concrète contre le Hamas, mais plutôt le ressenti des arabes contre nous ! Il est en effet évident, que si la France jouait un rôle, ce qui est souhaitable, l’internationalisation doit être d’une discrétion absolue, dans un jeu intelligent et mesuré de règlement, ou du moins de désamorçage, de plusieurs conflits régionaux.

    Malgré cette maladresse, nous pourrions peut-être encore affirmer que cette nouvelle tragédie en Terre Sainte est l’occasion pour Paris de se sublimer en proposant une feuille de route régionale et même globale pour éviter un nouveau bain de sang, et un possible conflit mondial sans doute plus meurtrier que les deux précédents.

    Il faudrait pour cela que la France s’arme de courage, et de discrétion, et propose notamment :

    1.Une trêve permettant d’éviter des bombardements aveugles dans Gaza en échange de la libération de tous les prisonniers civils israéliens et double nationaux, y compris bien entendu les Français. Mais pas d’échange de prisonniers dans le cas des civils.

    2. Un échange de prisonniers militaires (le Hamas détiendrait même un général de Tsahal) contre des prisonniers palestiniens.

    3. La tenue d’élections tant à Gaza qu’en Israël, dans un lapse de temps court, pour permettre notamment un changement d’interlocuteurs entre les parties, et que justice fasse son oeuvre… Il est évident que cette étape, surtout à Gaza, ne pourra se faire sans le soutien extrêmement convaincant des européens, de Washington, et…de Doha, qui devront agir de concert pour faire pression sur les deux camps pour l’organisation d’élections libres.

    4. La reprise de négociations de paix qui permettront la création d’un Etat palestinien, ou d’une solution confédérale, en échange d’une reconnaissance d’Israël par l’ensemble des Etats Arabes.

    5. En corollaire, et dans une dynamique proactive, le détournement de l’attention et l’assèchement de l’armement et des financements occidentaux en faveur de l’Ukraine forceront aussi les parties à une « paix des braves » alors qu’une Ukraine exsangue, dans un conflit ayant fait plus de 500 000 victimes, ne pourra bientôt plus compter que sur elle-même.
    Là aussi, la France doit reprendre pied et permettre au peuple ukrainien de tourner la page pour mieux se reconstruire. La perte d’un Donbass russophone détruit et vidé de ses habitants pourra être proposé en balance d’un partenariat fort, voire d’une adhésion à l’UE, qui inclut déjà des mécanismes de défense au sein du parapluie de l’OTAN. Ici aussi, cela passera par la nécessité de forcer la main aux parlementaires ukrainiens qui ne permettent aucune reprise de négociations avec Moscou.

    6. Concernant l’Arménie, possible prochaine victime d’une annexion d’une partie de son massif du Zenguezour par Bakou (avec le soutien d’Ankara) pour permettre la ‘réunification’ des turcs face aux « gêneurs » arméniens, elle s’est tournée en dernier recours vers Paris et Téhéran.

    C’est aussi une opportunité pour Paris de régler certaines questions liées à l’Iran avec du miel. En proposant à l’Arménie et à l’Iran un soutien à la protection de leurs frontières face à l’irrédentisme pantouranien dans le Caucase, Paris pourra montrer que les occidentaux ne souhaitent pas -à priori- le dépeçage de l’Iran millénaire, mais comprennent le rôle régional de cette puissance en (re)devenir. Les conditions à ce soutien auprès du Conseil de Sécurité de l’ONU et auprès de Washington et d’Ankara, seront que l’Iran renonce à l’ensemble de ses prétentions nucléaires militaires, et normalise ses relations avec Israël…à la suite d’une paix signée entre le Liban (donc le Hezbollah) et l’Etat hébreu, ce qui passera entre-autres par un accord sur les fermes de Shebaa.

    Un refus de Téhéran d’accepter ce processus impliquerait par ricochet une exacerbation des soutiens aux irrédentismes des minorités azéris, kurdes et arabes d’Iran pour précipiter la chute d’un régime qui aurait alors refusé la main tendue de la France.

    Nos alliés kurdes d’Irak seraient alors ravis d’ouvrir une route à l’Est pour étendre leur autonomie au Kurdistan iranien. Quant aux 23 millions d’Azéris d’Iran, ils pourraient se réunir avec Bakou et reformer une province riche et stable. Cela signerait la fin du régime des mollahs, mais aussi la fin de la volonté de l’Azerbaïdjan de passer par l’Arménie pour recoller les morceaux de ses exclaves du Nakhitchevan…car la jonction méridionale serait alors ouverte via ses cousins azéris du Sud.

    Il est probable qu’une telle feuille de route s’opposera aux intérêts de nombreux acteurs qui souhaitent en venir aux mains, mais tant qu’il y a une volonté, il y a un chemin !

    Ghislain de Castelbajac, (Geopragma, 30 octobre 2023)

     

    1 « Al munafiqun » : cf : Sourate 63 du Coran

    2 Un Golem fut créé par un rabbin de Prague au moyen-âge. Censé protégé les juifs des pogroms, le rabbin écrivit « EMETH » (vérité) sur son front. Mais devenu trop dangereux, il dut ôter le Alef (la première letre), pour que sur le front du Golem soit inscrit « METH » (mort) et que la créature redevienne un tas d’argile. Pour cela le rabbin dut u

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  • René-Yves Creston, artiste Seiz Breur et ethnologue...

    Les éditions Ouest France viennent de publier un ouvrage de Saphyr Creston intitulé René-Yves Creston, artiste Seiz Breur et ethnologue. Le Seiz Breur («Sept Frères» en breton) est un mouvement artistique breton de l’entre-deux guerres, qui a réuni près de cinquante artistes dans diverses disciplines : architecture, art du bois, musique, sculpture, céramique, etc. Ses membres voulaient s'appuyer sur le fonds identitaire celte pour créer un style nouveau, à la fois moderne et populaire.

     

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    " Co-fondateur du groupe des Seiz Breur en 1923, René-Yves Creston (1898-1964) fut un illustrateur renommé, dessinateur hors pair, céramiste, décorateur de théâtre, peintre et grand voyageur. Il a nourri son œuvre du quotidien populaire. Fortement attaché à l’identité bretonne et à la modernité de son temps, son travail, tout en restant toujours figuratif, est marqué par une sorte de géométrisation des formes. Les Seiz Breur est un mouvement artistique breton créé entre les deux guerres. Leur esthétique utilise souvent la technique très reconnaissable de la gravure sur bois. Ils retravaillent les objets du quotidien à partir de matériaux bruts et de formes simples, une idée qui amènera à la naissance du design. "

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