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  • Les émeutes à la lumière de Nietzsche : le nihilisme des « hors-sol »...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre Le Vigan consacré au nihilisme des émeutiers qui ont sévi dans notre pays au début du mois de juillet.

    Urbaniste, collaborateur des revues Eléments, Krisis et Perspectives libres, Pierre Le Vigan a notamment publié Inventaire de la modernité avant liquidation (Avatar, 2007), Le Front du Cachalot (Dualpha, 2009), La banlieue contre la ville (La Barque d'Or, 2011), Écrire contre la modernité (La Barque d'Or, 2012), Soudain la postmodernité (La Barque d'or, 2015), Achever le nihilisme (Sigest, 2019), Nietzsche et l'Europe (Perspectives libres, 2022) et La planète des philosophes (Dualpha, 2023).

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    Les émeutes à la lumière de Nietzsche : le nihilisme des « hors-sol »

    D’une manière générale, la jeunesse veut la vie, c’est pourquoi elle peut aussi bien être héroïque que mettre son énergie au service de ce qu’il y a de plus médiocre. Dans notre époque, où l’horizon proposé n’est plus la grandeur d’un pays, ni les cimes du dépassement de soi, où les classes dirigeantes ne se cachent pas pour exprimer leur mépris du peuple, une certaine jeunesse se tourne vers le consumérisme et la médiocrité d’une société marchande sans culture. Les mariages dans certains milieux communautaires sont caractéristiques : locations de voitures de luxe, conduite sauvage, occupation physique et sonore du domaine public, drapeaux étrangers, mépris affiché pour les classes laborieuses, elles-mêmes pourtant en bonne partie immigrées. En un mot : appropriation du territoire et démonstration de force. Goût de la spectacularisation et consumérisme forcené. Le pire de l’Occident. Les pires des malchances pour la France.

    « Un nihiliste, disait Nietzsche, est un homme qui juge que le monde tel qu’il est ne devrait pas exister, et que le monde tel qu’il devrait être n’existe pas » (Fragments posthumes, 1887, IX, 60). Pour les émeutiers et casseurs, le monde tel qu’il est leur convient. La loi de la jungle est leur loi et leur convient. C’est aussi la loi de l’argent, par quoi ils sont jumeaux de l’oligarchie d’en haut, à laquelle mille liens les rattachent, dont la même vue du monde, une vue postnationale avec l’argent comme seul étalon de référence. Certains gagnent de l’argent avec de la drogue non autorisée, d’autres avec des spéculations financières autorisées ou de faux vaccins autorisés. La différence est de forme et de style. Mais ce que veulent détruire les casseurs nihilistes, c’est ce qui résiste encore à la marchandisation du monde. Ce sont les services publics. Ce sont les vestiges d’une France qui fut assimilatrice (mais quand les immigrés étaient dix fois moins nombreux et ne pouvaient venir sans travailler) et dont ils ne veulent plus.

    Le désert des émeutiers

    Une partie de cette jeunesse se caractérise par un mélange de sadisme, d’infantilisme et d’ivresse de toute-puissance. La volonté de puissance devient une volonté de détruire. « La vie est à mes yeux instinct de croissance, de durée, d’accumulation de forces, de puissance : là où la volonté de puissance fait défaut, il y a déclin », dit encore Nietzsche dans L’Antéchrist. Un instinct de croissance, mais de quoi ? Il s’agit pour les émeutiers de faire croître le désert. Le désert du rien, le désert de toutes les institutions, par destruction des écoles, des gymnases, des médiathèques. Le désert des bédouins. Seules les institutions communautaires en réchappent : les mosquées ne brûlent pas. Et si les émeutiers brûlent plus volontiers les écoles que les églises, c’est que, bien que fort peu cultivés, ils ont compris que l’État français laïque se contrefiche de la destruction des églises (voire s’en réjouit. Belle occasion de les transformer en musée, en office de tourisme, en lieu de création culturelle « inclusive » !), mais pas de celle des écoles.

    Qui bascule dans le nihilisme ? Une certaine jeunesse, en majorité issue de l’immigration, qui est surtout celle qui vient des pays les plus dépourvus de culture nationale (États artificiels issus de la colonisation plutôt qu’originaires de vieux pays comme l’Égypte, la Turquie, l’Inde, la Chine, etc.). Plus on est dans le doute sur son identité, plus on ressent la fragilité de celle-ci (fragile ne veut pourtant pas dire médiocre), plus on est dans le ressentiment, « le plus contagieux des sentiments » (François Bousquet). Plus on est, aussi, dans la destruction. Une certaine jeunesse ne se sent pas chez elle, ici, et elle hait le pays d’accueil qu’est la France, qui offre pourtant (trop) généreusement sa nationalité et de toute façon a effacé toutes les frontières entre citoyens et non citoyens. Mais la générosité par faiblesse ne vaut rien. Plus la conscience est fausse conscience, plus la haine est forte. Ceux qui ont tous fait pour venir en France alors qu’ils ont tout fait pour chasser les Français de chez eux sont ceux qui la haïssent le plus : sans cette haine, ils se rendraient compte qu’ils sont dans une position de schizophrènes, consistant à vouloir vivre absolument dans un pays qu’ils haïssent. Et consistant à se réclamer d’un pays qu’ils ont fui parce qu’il n’y avait pas d’avenir dans celui-ci. Le choix de ces gens dans une situation folle est simple : soit la haine de la France, soit la haine de soi.

    La haine de la France

    Une certaine jeunesse n’est pas la majorité de la jeunesse de banlieue, ni de la jeunesse immigrée, majorité qui travaille ou étudie et est rendue invisible par les casseurs et agresseurs de gens paisibles, comme le rappelle Christophe Guilluy dans un entretien à Marianne (6 juillet 2023). Mais il y a une fraction de la jeunesse qui déteste la France, et y est encouragée par les rappeurs et autres « artistes » financés et promus par l’oligarchie. Cette fraction de jeunesse est une minorité, mais pas une infime minorité. Restera-t-elle une minorité, ou deviendra-t-elle majoritaire, l’impunité des jeunes mineurs, notamment, faisant basculer la majorité de la jeunesse issue de l’immigration vers la délinquance et le saccage ? C’est l’un des aspects de la question. C’est pourtant de la population immigrée que viennent les condamnations les plus nettes de cette violence, dont elle est la première victime, car ce ne sont pas les quartiers de Neuilly-Auteuil-Passy qui sont dévastés (encore qu’ils soient parfois marginalement touchés). Un paradoxe que cette condamnation des émeutes non par les bobos parisiens, ancrés dans la « culture de l’excuse », mais par les immigrés d’un certain âge ? Non, c’est une contradiction culturelle. Les gens issus d’une culture traditionnelle sont les plus offusqués par des émeutes et destructions gratuites. Les jeunes sans culture représentent une génération perdue, sans autre valeur que l’argent, et l’argent facile, celui de la drogue. Qu’il amène une partie de leur famille à jouir de cet argent facile, cela ne fait pas de doute, et c’est pourquoi, comme le dit justement Gabrielle Cluzel, les parents devraient être tenus responsables sur leurs deniers des dégradations faites par leurs enfants mineurs. Encore faudrait-il au moins qu’il n’y ait pas la possibilité d’une grève des greffiers à un moment aussi crucial que celui que nous vivons !

    Haine de la France : c’est bien de cela qu’il s’agit. Un banlieusard, 40 ans, origine maghrébine, dit à son voisin dans un autobus : « Ce n’est pas le Coran qui est en question, c’est la haine de la France. » Bien vu. Ces jeunes n’ont pas lu le Coran. Ils ne connaissent rien non plus à la France. Rien non plus de leur pays d’origine, sauf, parfois, la propagande débile de leur gouvernement, se défaussant de sa corruption et de son incapacité sur un soi-disant « héritage colonial », plus de soixante ans plus tard ! À cette jeunesse, on ne dit rien de fort. On lui parle de la « république », sans même préciser la République française.

    Ce que cette jeunesse déteste, c’est la France et tout ce qui la représente, les mairies, les commissariats, les pompiers, y compris les équipements construits pour eux, les centres sociaux, les équipements sportifs, etc. S’il y a une France qu’une certaine jeunesse trouve méprisable,  c’est bien celle qui ne s’affirme pas comme France, mais comme « pays des droits de l’homme » et « pays de la laïcité ». La négation officielle de la violence comme fait anthropologique inévitable à canaliser mais non à supprimer, le fait que plus d’émeutes se traduisent toujours par plus de subventions et de déclarations d’amour à ces « jeunes en souffrance » (sic) et autres « petits anges »  fait que la violence devient hystérique. On parlera à juste titre, avec Léon Bloy, de « mendiants ingrats ». Faut-il s’en étonner ? Le misérabilisme n’entraîne que le mépris. « C’est la société, notre société policée, médiocre, castrée, qui, fatalement, fait dégénérer en criminel un homme proche de la nature, venu des montagnes, ou des aventures en mer. Ou plutôt, presque fatalement : car il est des cas où un tel homme se révèle plus fort que la société », disait Nietzsche (Crépuscule des idoles, « Divagation d’un inactuel », 45). Et de fait, ces jeunes, qui ne viennent plus des montagnes mais des zones de trafic de drogues, imposent leur loi à la société. Car s’il y a nihilisme destructeur, il y a aussi l’expression d’un rapport de force, et quand l’affaire prend des proportions excessives, l’ordre est ramené dans les quartiers par les caïds (ceux qui détiennent les armes, les moyens pour acheter les mortiers d’artifice, etc.), de façon à ce que le trafic reprenne « normalement », si on peut dire. Le caïdat n’a pas d’intérêt à chercher l’affrontement avec un pouvoir qui tolère parfaitement le trafic. Celui-ci permet de payer les loyers, et il empêche tout mouvement social face au chômage de masse et aux emplois précaires, chômage qui serait accru si un certain nombre de gens ne vivaient pas du trafic de drogue. Cet anesthésiant social et psychologique fait très bien les affaires de l’oligarchie qui, pour partie, est en outre dans sa bonne clientèle.

    Les nomades qui mettent en coupe réglée les sédentaires

    Reste qu’il y a des émeutes malgré cet anesthésiant. Pourquoi ? Parce qu’une société médiocre ne fait plus peur. Elle devient l’enjeu d’un défi qui lui est lancé par cette jeunesse. Parce qu’il est régulièrement nécessaire aux bandes de rappeler que ce sont elles, et non l’État, qui fait la loi en banlieue, les émeutes sont ainsi l’expression d’un rapport de force que l’on veut imposer, et non une révolte sincère devant un décès dramatique. Car la mort ne révolte pas les jeunes : s’il y a des victimes de bavures policières – et assurément, l’enquête devrait être menée par une autorité totalement indépendante –, il y a beaucoup plus de victimes de la violence des bandes de jeunes parmi d’innocents voisins : passants écrasés en traversant la rue par un conducteur sans permis ou fuyant les forces de l’ordre,  victimes de fusillade ayant eu le seul tort d’être présent au mauvais endroit et au mauvais moment, etc. Plus encore, les affrontements entre « jeunes » (et moins jeunes) à propos de dettes de trafic ou de conflits de territoire font beaucoup plus de morts que les fameuses bavures policières. Il n’y a de pire conflit de territoires qu’entre les hors sol. Chassez la nature, elle revient au galop ! L’homme a un instinct territorial. Et quand on ne connaît pas grand-chose à l’histoire, il ne reste que les bagarres au couteau entre bandes de Maisons-Alfort contre celle d’Alfortville. Un conflit de civilisation, cela ? Pourquoi pas une querelle théologique tant que vous y êtes ! Laissez-moi rire.  

    Si la faiblesse de l’État, et celle de la justice, appelle au rapport de forces contre l’État, rien ne serait possible sans un climat, sans un état d’esprit métapolitique, qui est le nôtre. C’est l’ethno-masochisme qui nous gouverne. C’est la haine de soi sous la forme de la haine de notre nation qui est devenue la doctrine officielle de la post-gauche wokiste (la « droite » des Pécresse et autre Copé ou Darmanin n’étant qu’une gauche un peu en retard). Cette idéologie est la suite logique de l’égalitarisme. Car ce dernier n’est pas seulement l’égalité des chances. Il est l’égalité de nature de tous les hommes. Il est l’identité de nature. Pour être sûr qu’il y a égalité, le plus simple n’est-il pas qu’il y ait identité ? Voulons-nous vraiment l’égalité entre hommes et femmes ? Affirmons, pour être certain de l’atteindre, que les hommes et les femmes, c’est la même chose !

    « La doctrine de l’égalité ! Mais c’est qu’il n’y a pas de poison plus toxique : car elle semble prêchée par la justice même, alors qu’elle est la fin de toute justice… Aux égaux, traitement égal, aux inégaux, traitement inégal : telle serait la vraie devise de la justice. Et ce qui en découle : ‘’Ne jamais égaliser ce qui est inégal’’ », écrit Nietzsche (Crépuscule des idoles, 48). Mais qui peut croire que les émeutiers casseurs veulent vraiment l’égalité. Ils ne rêvent que de domination. « Niquer la France » : c’est un mot d’ordre de prédateur et de violeur.  Ils veulent dominer. Ils veulent être les nouveaux caïds. Ils sont les nomades qui mettent en coupe réglée les sédentaires. Les Anywheres contre les Somewheres (David Goodhart). Les casseurs qui ne veulent comme socle social qu’une connexion internet contre les gens de quelque part qui veulent la sécurité culturelle et deviennent populistes contre des élites qui les privent de celle-ci.

    Une guerre contre la civilisation

    Les « hors la loi » (HLL) sont ceux qui rançonnent ceux qui travaillent légalement (et qui peuvent, bien entendu, avoir, ou pas, les mêmes origines ethniques). Et comme les sédentaires et les travailleurs sont des hommes de la transmission, y compris celle des savoir-faire professionnels, les nouveaux barbares veulent la fin de toutes les transmissions.  Moins qu’une guerre de civilisation, c’est une guerre contre la civilisation qui est la leur. Et qui est donc la nôtre puisqu’ils ont désigné la France comme ennemi. Refusant l’histoire, le passé, ne lisant pas (sauf les notices des explosifs), ces jeunes vivent dans ce que Karl Heinz Bohrer appelait « un présent absolu ».  C’est un présent qui n’actualise ni le passé ni le futur – le contraire du présent chez Giorgio Locchi. Pour faire sortir cette jeunesse de ce « présent absolu », il faudrait que la France redevienne une terre et un peuple, et remette au premier plan le récit d’une transmission. Bernanos écrit à propos d’une époque qui annonçait les désastres moraux de la nôtre : « Non seulement ce malheureux pays n’avait plus de substance grise, mais la tumeur s’était si parfaitement substituée à l’organe qu’elle avait détruit, que la France ne semblait pas s’apercevoir du changement, et pensait avec son cancer ! » (La grande peur des bien-pensants).

    Pour renouer avec un récit français, il faudrait pour cela sortir d’une définition universaliste de la France. Chaque territoire est une voie d’accès à l’universel, mais précisément, il faut en passer par un territoire et une culture singulière. Comme le note Alain de Benoist, « il n’y a pas d’accès à l’universel sans médiation ». Nous ne sommes pas loin de l’idée que développait Hegel, comme quoi le concret est toujours supérieur à l’abstrait. Or, le concret, c’est notamment le charnel, le matériel au sens de ce qui a uns substance physique, ce qui se touche, et non pas l’abstraction de mots d’ordre comme « pays des droits de l’homme », « progrès », « vocation universelle de la France », qui est la version moderne de la « fille aînée de l’Église », et autres calembredaines, etc. Aimer une terre, c’est être capable de trouver, à partir d’elle, un horizon, être capable de définir un but à sa vie, de tracer un sillon, et de s’y tenir. La vita activa dont parle Hannah Arendt, c’est ce rapport à la terre, qui inclut à la fois le travail, l’œuvre, l’action. À la fois la peine des hommes, le dur labeur, et la création (l’œuvre), et la participation à la vie publique, communale d’abord, locale, nationale ensuite. Cette vie active nécessite de se reconnaitre dans plusieurs cercles d’appartenance. Elle nécessite la territorialisation de nos vies. Mais une certaine jeunesse peut-elle aimer la terre de France ? Sa place est là où est son cœur. Et si le cœur de cette jeunesse n’est pas en France, nous n’y pouvons rien.  Si ce n’est en tirer des conclusions. Par exemple en termes de déchéance de nationalité pour ceux, nombreux, qui sont Français par les papiers et ne se sentent visiblement pas Français.

    Pierre Le Vigan (Site de la revue Éléments, 18 juillet 2023)

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  • La mémoire vive d'Alain de Benoist...

    Document exceptionnel sur le parcours intellectuel et métapolitique d'Alain de Benoist, Mémoire vive, publié en 2013 chez De Fallois, risquait de devenir introuvables après la disparition de cette maison d'édition suite à la mort de son fondateur Bernard de Fallois en 2018. La Nouvelle Librairie a donc récemment réédité ces entretiens accordé par Alain de Benoist à François Bousquet pour les rendre à nouveau disponibles.

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    " Alain de Benoist, qu’on a longtemps présenté comme le chef de file de la «Nouvelle Droite», reste aujourd’hui mal connu. Intellectuel atypique, qui a toujours voulu être fidèle à la pensée critique, il appartient au petit nombre des penseurs français étudiés à l’étranger. En France, il reste ostracisé dans certains milieux, qui ne l’ont généralement pas lu. Trop de malentendus sont venus brouiller la perception de son œuvre.

    Mémoire vive est l’occasion de les dissiper. Dans ces entretiens menés à bâtons rompus, Alain de Benoist s’explique pour la première fois sur son parcours personnel et sur son itinéraire intellectuel, centré sur la philosophie politique et l’histoire des idées. Il dit pourquoi il a choisi de se tenir à l’écart de l’action politique et comment il n’a jamais voulu se laisser prendre au piège des postures partisanes dans lesquelles Ortega y Gasset voyait une forme d’hémiplégie morale.

    Paul Valéry mettait en garde contre la « comédie de la sincérité » à l’œuvre dans toute entreprise autobiographique. Le risque pour tout penseur est de camper sur des positions acquises. Rien de tel ici. Lecteur infatigable et auteur prolifique, Alain de Benoist se confie à cœur ouvert, offrant le portrait d’un homme à l’affût de tout, très loin des clichés et des caricatures. À mi-chemin de l’autobiographie et du bilan philosophique, cet intellectuel engagé fait défiler au fil des pages un demi-siècle d’histoire.

    Des hommes et des idées, des livres et des rencontres. Le tout esquissant la physionomie de l’époque et le visage de l’auteur."

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  • Le risque du despotisme démocratique...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une nouvelle vidéo d'Ego Non dans laquelle il évoque la menace du despotisme démocratique au travers de l’œuvre d'Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique.

     

                               

     

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  • La gauche collabo : une histoire gênante ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous le nouveau numéro de la Revue d'Histoire Européenne, dirigée par Laurent Berrafato. Ce trimestre le lecteur trouvera un dossier consacré à la gauche collaborationniste, des articles variés et les rubriques régulières : actualités, interview, mémoire des lieux, portrait, l’autopsie d’une bataille, l’histoire dans l’art,… 

    Il est possible de se procurer la revue en kiosque ou en ligne sur le site de la Librairie du collectionneur.

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    EXPOSITION

    L'HISTOIRE EN ACTUALITÉ

    MÉMOIRE DES LIEUX
    La cathédrale de Beauvais

    DE L'HISTOIRE 
    Georges Duby, l'historien total

    ENTRETIEN 
    Paul-Georges Sansonetti, historien de la Tradition primordiale

    DOSSIER
    La gauche collabo

    LES CHANTS DE L’ARMÉE FRANÇAISE
    Des origines "maudites"

    LE 14e RCP EN ALGÉRIE 
    Des doutes à la révolte

    AULD ALLIANCE
    Une alliance multiséculaire entre la France et l’Écosse

    AUTOPSIE D'UNE BATAILLE
    29 août 1914 : La bataille de Guise

    UN TABLEAU, UNE HISTOIRE
    Le couronnement de Charles Quint

    CINÉMA 
    Le Napoléon de Ridley Scott

    CONSEILS DE LECTURE

     

     

     

     

     

     

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  • Néo-vacanciers : de si gentils robots...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de David Cesena cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré aux néo-vacanciers de la société liquide...

     

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    Néo-vacanciers : de si gentils robots

    Ils sourient hagards. C’est l’été. Les voilà prêts à quitter La Défense pour s’égailler à Ibiza, Los Angeles ou Bodrum. Peu importe la destination, pourvu qu’ils aient l’ivresse du voyage. Oh, rien de très dépaysant, ils comptent bien retrouver les mêmes chaînes de magasins, les mêmes cocktails et les mêmes séries dans ce qui leur tient lieu d’imagination. 

    Ont-ils déjà posé les pieds dans nos ghettos ethniques ? De toute manière, Kevin et Mateo épousent le sabir d’Ahmed. Leur lingua franca a écrabouillé tous les adverbes pour en recracher un gloubi-boulga réduit à sa plus simple expression. Faut-il en rire ou en pleurer, à l’heure où la queer theory triomphe, ils n’ont plus que le mot genre à la bouche. « Genre, tu vois genre, j’ai trop kiffé genre ». Une syntaxe schtroumpfement riche ! L’adjectif stylé se greffe sur le beau, le bien et le juste. « Trop stylé, genre ! ». 

    Dès L’abîme se repeuple (1997), Jaime Semprun dénonçait la déréliction du langage propre aux sociétés industrielles avancées. Nous n’en sommes plus là. Car de langage, il n’y a plus. Les mots, ou leurs substituts, sortent comme des sabres des gueules de ces fakirs involontaires. Des sentiments ou des pensées abstraites les font paniquer. Ils n’ont plus les mots, les choses, ni les esprits pour les concevoir. Un bégaiement trahit parfois leur désarroi… de courte durée. Heureusement, leur conscience s’est endormie avec leur âme.

    Le néant consumériste

    Si le monde entier est devenu un aéroport, comme Michel Houellebecq le prophétisait dans Plateforme, ils en sont les voyageurs sans bagage. Salariés du tertiaire, ils jouissent d’un pouvoir d’achat à réinjecter dans l’industrie des loisirs. Aussi longtemps que l’Intelligence artificielle ne les aura pas remplacés. En attendant cette apocalypse programmée, ils tuent le temps sur les réseaux sociaux, suivent des influenceuses, se photographient devant des spritz et gomment leurs défauts grâce aux filtres magiques de la Toile.

    Leurs parents ne leur ont rien légué ou si peu. Quelques souvenirs. Du numéraire. Tout autant que les classiques, la littérature et le cinéma populaire français leur sont étrangers. Molière, Fernand Raynaud ou Le Splendid, connais pas. Renoir père ou fils, même combat perdu d’avance. Y a-t-il eu seulement une vie avant Facebook ?

    Qui sont ces enfants de personne, suivant l’expression qu’avait trouvée Jacques de Guillebon du temps de sa jeunesse perdue ? Des cadres inférieurs, supérieurs ou moyens, suivant leur ancienneté et leur degré de progression dans l’organisation. Ils ont entre 25 et 45 ans. Netflix supplée à leur imagination. Uber Eats à leur alimentation. Amazon Prime à leur divertissement. 

    Du monde, ils n’ont connu qu’un Occident cramoisi par la paix perpétuelle. Les attentats islamistes n’auront eu raison de leur pacifisme. Ces robots faits hommes sont si ingénus qu’ils croient leurs congénères solubles dans le consumérisme pacificateur. Par principe, ils se disent écologistes, antiracistes et bienveillants.

    De Mickey à Barbie

    Ne vous risquez pas au second degré avec ces internautes-nés. Ils n’entendent rien aux vannes acides de Pierre Desproges sur le cancer ou le racisme. Ils croiraient raciste le sketch de Guy Bedos et Sophie Daumier sur les vacances au Maroc. Vous qui entrez ici avez aboli toute ironie…

    Toute négativité a quitté leur univers. S’y insinuent bien quelques maladies, des crises, voire la mort avec sa grande faux qu’il convient d’expulser en Ehpad. En transhumanistes à petit pied, ils se croient immortels. Rien ne les angoisse comme la mort, dont ils taisent jusqu’au nom. Un mauvais esprit se demanderait pourquoi ils tiennent tant à survivre. L’immortalité, pour quoi faire ? Ils sont ce qu’ils possèdent, c’est-à-dire un compte en banque convertible en marchandises. Nous vivons au milieu des holothuries, ces gentils concombres de mer qui se contentent d’une bouche et d’un anus pour ingérer puis déféquer.

    Il faudra vous y faire : nos congénères sont innocents, comme le mur contre lequel on fusille les communards, ironisait Bertrand Delcour dans Pourquoi nous sommes morts. La nouvelle bourgeoisie inculte – au sens quasi littéral du mot – a trouvé son président. À force de « cranter un truc » (sic), Macron représente le parfait compromis entre cette Civilisation des prénoms chère à Renaud Camus et la masse des retraités accrochés à leur épargne. Le Petit Remplacement qu’ils incarnent ne console pas du grand. Il nous y enfonce la tête la première.   À son maquilleur qui s’étonnait de l’assassinat de Kennedy, De Gaulle aurait répondu : « Qu’attendez-vous d’un peuple d’adultes qui lit Mickey ? » Maintenant que la lecture, fût-ce la plus débilitante, a laissé place aux images, qu’escomptez-vous d’un troupeau d’adultes qui regarde Barbie ?

    David Cesena (Site de la revue Éléments, 8 août 2023)

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  • Le bestiaire philosophique de Friedrich Nietzsche...

    Les éditions Dualpha viennent de publier un essai de Jill Manon Bordellay intitulé Bestiaire philosophique de Friedrich Nietzsche. Docteur en philosophie et en littératures comparées, Jill Manon Bordellay est professeur de philosophie.

     

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    " Près du petit village d’Eze sur un sentier caillouteux serpentant la colline d’environ quatre cents mètres d’altitude ; Friedrich Nietzsche randonne en ce printemps 1884 chaque matin et fin d’après-midi au moment où le soleil commence et finit sa course.

    Sous ce cœur rougeoyant du ciel de la Provence, le philosophe reprend goût à la vie après sa dispute avec Richard Wagner et sa déconvenue avec Lou Andréa Salomé. Il reconnaît que cet astre lui confère une vitalité intense : « C’est du soleil que j’ai appris cela, quand il se couche, du soleil trop riche : il répand alors dans la mer ; l’or la richesse inépuisable. »

    Pour lui, le soleil est un dieu véritable : « Ici, je crois au soleil comme la plante y croît. »

    Ainsi l’or de ses rayons irradie à l’infini le bleu intense de la mer. Le philosophe marche, marche sur ce chemin aux semelles de poussière. Ce vagabondage traversant des espaces ombragés aux senteurs de thym et de lauriers roses au parfum de miel et des nappes exposées au soleil, l’inspire particulièrement pour écrire Ainsi parlait Zarathoustra.

    Nietzsche suit le cycle de la nature et profile l’éternel retour : « Tout meurt, tout refleurit, le cycle de l’existence se poursuit éternellement. »

    Il n’y a rien d’étonnant lorsqu’il parcourt ce sentier escarpé surplombant la mer de ressentir une véritable émotion créatrice. Les fragrances d’oliviers, de buddleias, de pois de senteur activent la danse des papillons, mais surtout la réflexion du promeneur solitaire.

    Cet univers aux confins de la terre et de la mer contribue pour l’auteur de la Naissance de la tragédie à rêver à la naissance d’un nouveau prophète en Zarathoustra. Les grottes où se cachent de discrets animaux, des ruisseaux où se baignent des ragondins, des creux d’arbres où niche l’oiseau de Minerve ; le philosophe cueille toute cette merveilleuse vie animale pour la transcrire dans l’œuvre majeure de sa pensée.

    Au-dessus de lui, survolent les aigles royaux, à ses pieds se lovent les couleuvres près d’un cours d’eau. Toute la mythologie nietzschéenne semble née dans ce lieu à la végétation luxuriante où chaque animal exprime sa force vitale.

    Nietzsche reconnaît que la gestation de son œuvre, un peu comme Zarathoustra dans celle de la caverne, contribue à lui redonner le goût de la vraie vie. La vie telle qu’il l’entend pour l’homme qui sait se dépasser, l’existence pleine et entière du surhomme. « J’ai bien dormi, j’ai beaucoup ri et j’ai retrouvé une vigueur et une patience merveilleuses. » "

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