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  • Comment l'ADN façonne notre personnalité...

    Les éditions Perrin et Presses de la cité viennent de publier un essai de Robert Plomin intitulé L'architecte invisible - Comment l'ADN façonne notre personnalité

    Robert J. Plomin, psychologue et généticien américain, est professeur de génétique comportementale à l'institut de psychiatrie, de psychologie et de neuroscience au King's College de Londres. Il est l'un des chercheurs en psychologie les plus réputés, notamment pour ses travaux sur la génétique du comportement.

     

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    " Le 1% de notre ADN qui nous rend unique détermine à plus de 50% ce que nous sommes. L'un des chercheurs en psychologie les plus réputés pour ses travaux sur la génétique du comportement apporte une démonstration passionnante du poids prépondérant de la "nature" sur la "culture".

    Depuis plus de 30 ans Robert Plomin étudie des paires de vrais jumeaux, dont certains ont été séparés à la naissance, et d'enfants adoptés dont on a pu comparer l'évolution avec celle de leurs géniteurs dont ils sont éloignés. Et ces multiples études démontrent que notre poids, notre taille, mais aussi nos aptitudes à la lecture, notre propension à la mélancolie, notre sensibilité à certains troubles psychologiques, toutes ces particularités qui font que nous sommes ce que nous sommes, dépendent à 50%, voire davantage, de notre capital génétique. Sans opposer nature et culture, ce vaste programme d'études permet de comprendre qu'il nous faut accepter que nos différences étant pour une grande part d'ordre génétique, nous pouvons en tenant compte de notre nature, l'accompagner, la domestiquer sans jugement de valeur. Notre environnement, familial, culturel, social va contribuer à faire aussi de nous ce que nous sommes, mais son pouvoir d'influence se révèle non prépondérant. "

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  • Démographie, immigration, grand Remplacement, … Rendez-vous en 2100 !

    Nous reproduisons ci-dessous un texte  cueilli sur le site de Dextra consacré à la question démographique...

     

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    Démographie, immigration, grand Remplacement,… Rendez-vous en 2100 !

    Le 15 novembre dernier naissait le 8 milliardième être humain. Pour rappel, nous étions 1 milliard en 1800, 2 milliards en 1927, 3 milliards en 1960, 4 milliards en 1974, 5 milliards en 1987, 6 milliards en 1999 et 7 milliards en 2011. Tout semble indiquer que nous courons vers la surpopulation ! Et pourtant, dans la dernière édition de World Prospect de juillet 2022, les Nations Unies ont estimé, avec une probabilité de 95%, qu’en 2100 la population mondiale ne se situerait qu’entre 8,9 et 12,4 milliards.

    Le taux de croissance démographique mondiale a atteint son sommet en 1965 (2%), il a diminué de moitié depuis et pourrait même devenir négatif dès 2100. A partir de cette date la population mondiale commencerait à baisser.

    Que se passe-t-il ? Il se passe que toutes les peuplades de la Terre sont en train d’opérer leur transition démographique : la limitation volontaire des naissances. Toutes ? Oui toutes ! Déjà plus des deux tiers de l’humanité vivent aujourd’hui dans un pays où le taux de fécondité est inférieur au seuil de renouvellement (2,1 enfants par femme).

    La première surprise est venue de l’Amérique Latine, de l’Asie, du Moyen-Orient et du Maghreb où le taux de fécondité a baissé bien plus vite que prévu (à l’exception d’un épisodique rebond dans les pays ayant participé au « Printemps arabe »).

    L’autre surprise est venue de l’Afrique intertropicale où la baisse de fécondité est réelle mais plus lente que prévue. Ce retard s’explique par un taux d’urbanisation de la population plus faible qu’ailleurs dans le monde et un moindre accès aux moyens techniques de contraception. Mais même au fin fond de la brousse les mentalités sont en train de changer.

    Cette chute brutale de la fécondité des pays du Sud est accélérée par les moyens techniques de notre époque, et le mode de vie qui va avec, et est donc beaucoup plus rapide, même en Afrique intertropicale, que celle observée en Europe et en Amérique du Nord au XIXème et XXème siècle.

    Les projections démographiques sont toujours incertaines car elles ne peuvent anticiper les imprévus de l’Histoire : la Peste Noire, l’extermination des indiens d’Amérique, les deux Guerres Mondiales, le baby-boom, la politique de l’enfant unique en Chine, l’effondrement de l’URSS, la politique nataliste de la Hongrie, les catastrophes naturelles, la production massive d’enfants par utérus artificiel, … La seule affirmation qu’il soit possible de faire est que, si aucun imprévu ne vient perturber significativement la dynamique en cours, les dés sont jetés et nous savons à quoi ressemblera la population mondiale en 2100 :

    Ainsi, jusqu’en 2100, la population mondiale va continuer d’augmenter à cause de l’inertie démographique : beaucoup d’adultes en âge d’avoir des enfants sont nés lorsque la fécondité était encore forte, ce qui entraîne un nombre élevé de naissances. Parallèlement, les personnes âgées ou très âgées sont peu nombreuses à l’échelle mondiale et le nombre de décès est faible. La démographie mondiale est comme une bicyclette ayant bénéficié d’un formidable élan et qui, bien que pédalant de moins en moins vite, accélère encore pour quelques temps grâce à son impulsion initiale avant de finalement ralentir.

    A cette époque, l’Océanie comptera 0,7% de la population mondiale, l’Amérique du Nord 4%, l’Europe un peu plus de 5%, l’Amérique du Sud 6%, l’Afrique 38% et l’Asie 46%.

    L’ensemble des peuples du monde devrait avoir un taux de fécondité convergent à 1,85 enfant par femme en moyenne. De sorte que, personne n’ayant plus de surplus démographique, nous pouvons imaginer que les phénomènes migratoires (hors catastrophes naturelles, climatiques, guerres, …) devraient être fortement réduit, voir inexistant.

    De même, les phénomènes de remplacement et d’hybridation de certaines populations (notamment les européens vivant dans des pays multi-ethniques) pourraient se figer à un certain stade et ne plus progresser, ou à la marge.

    Les communautés maintenant un fort taux de natalité, pour des raisons culturelles et/ou religieuses, pourraient, et ce très rapidement, devenir surreprésentées dans les pays où elles se trouvent. Des exemples actuels existent déjà avec les juifs orthodoxes en Israël ou les amish dans certaines régions des Etats-Unis et d’Amérique Latine.

    L’inquiétude principale réside dans le vieillissement extrêmement rapide des pays du Sud où la transition démographique est beaucoup plus resserrée dans le temps. En France, la fécondité a mis 150 ans pour passer de 5 à 2,5 enfants par femme. Le même phénomène a pris 18 ans en Chine et a eu lieu dans les années 1972 à 1990, avec des moyens de contraceptions plus rudimentaires que ceux actuels.

    Beaucoup des pays du Sud ont vu leur solidarité traditionnelle se dissoudre dans le mode de vie moderne sans qu’un système de solidarité intergénérationnel ne viennent prendre le relais.

    La perspective de la fin de notre siècle peut nous paraître lointaine. Nous en sommes pourtant déjà au quart et les enfants naissants actuellement ont toutes les chances de la voir. 2100, c’est demain.

    Il y aurait énormément de conclusions politiques à tirer de ces perspectives. Nous n’en retiendrons qu’une seule : les pays qui souhaitent conserver leur identité ont raison de se « préserver » même si ce choix politique présente un désavantage concurrentiel momentané (Japon, Europe de l’Est, …) car à long terme les pays aux politiques immigrationnistes (Europe de l’Ouest, Etats-Unis, …) n’auront plus les avantages d’une main d’œuvre bon marché mais n’auront plus que les désavantages d’une société multi-ethniques.

    Et pour les communautés souhaitant conserver leur identité et qui sont piégées dans ces pays multi-ethniques, la conclusion est la même : faire preuve de patience et maintenir une fécondité plus forte que les autres. Les dynamiques qui nous défavorisent actuellement ne dureront pas toujours.

    Dextra (Dextra, 3 janvier 2023)

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  • Boudicca, la furie celte...

    Les éditions Delcourt viennent de publier, dans leur collection Les Reines de sang, une bande dessinée de Philippe Nihoul et Fabio Mantovani intitulée Boudicca, la furie celte.

     

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    " Cela fait des dizaines d'années que Venta, la capitale des Icènes, est en paix avec Rome. Ses habitants se tiennent à distance et cela convient parfaitement à la princesse Bouddica. Mais depuis peu, les Romains s'intéressent à nouveau à son peuple et si son roi de père ne s'en inquiète pas outre mesure, l'instinct de Bouddica lui dit le contraire. L'avenir va malheureusement lui donner raison. "

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  • Les pires mensonges et manipulations des médias français...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous l'entretien donné le 11 janvier 2023 par Jean-Yves Le Gallou à Clémence Houdiakova dans le cadre de son émission Ligne Droite qu'elle anime sur Radio Courtoisie, pour évoquer la prochaine Soirée des Bobards d'or, qui se déroulera le 13 février prochain, au théâtre du Gymnase à Paris.

    Ancien haut-fonctionnaire et homme politique, président de la Fondation Polémia, Jean-Yves Le Gallou a, notamment, publié La tyrannie médiatique (Via Romana, 2013),  Immigration : la catastrophe - Que faire ? (Via Romana, 2016), Européen d'abord - Essai sur la préférence de civilisation (Via Romana, 2018), Manuel de lutte contre la diabolisation (La Nouvelle Librairie, 2020) et, tout dernièrement, La société de propagande - Manuel de résistance au goulag mental (La Nouvelle Librairie, 2022).

     

     

                                            

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  • Juridiquement correct...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de publier un essai de Bertrand Saint-Germain intitulé Juridiquement correct - Comment ils détournent le droit.

    Bertrand Saint-Germain est docteur en droit et universitaire. Il exerce également des fonctions d’élu local et de conseil en stratégie juridique. Cette position lui permet de porter un regard critique et lucide sur l’utilisation politique du droit dans les débats publics.

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    " Toute guerre se remporte avec des hommes et des munitions, y compris celle des idées. Aujourd’hui l’histoire, la politique, l’économie, la culture, le droit sont des champs de bataille. À nous d’y triompher de la pensée unique. Beaucoup ont déjà pris la plume, tels Jean Sévillia, Philippe de Villiers ou Mathieu Bock-Côté. Mais à cette aventure intellectuelle, le droit reste étranger. Chose curieuse, au regard de son immixtion dans nos vies, réglées comme des horloges suisses par ses rouages. Mal interprété, il regorge d’idées fausses, parfois sciemment entretenues par nos législateurs à des fins politiques. Remettre le droit à l’endroit ? C’est l’objet insolite de cet ouvrage.

    Les hommes naissent-ils réellement libres et égaux en droit ? Nos élus nous coûtent-ils trop cher ? La naissance d’un étranger en France le rend-elle nécessairement français ? Le droit européen est-il vraiment supérieur au droit national ? Trente questions pour y voir clair et combattre les idées reçues. "

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  • Alain de Benoist : « Je suis résolument hostile à l’immigration, pas aux immigrés »

    Nous reproduisons un entretien donné récemment par Alain de Benoist à la revue Monde & Vie dans lequel il évoque la question de l'immigration.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (La Nouvelle Librairie, 2021), L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021) et, dernièrement, L'exil intérieur (La Nouvelle Librairie, 2022).

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    Alain de Benoist : « Je suis résolument hostile à l’immigration, pas aux immigrés »

    MONDE & VIE : Peut-on encore parler de l’immigration de façon raisonnable ? Sur ce sujet, quelle est votre position ?

    ALAIN DE BENOIST. Faisons déjà un état des lieux. Depuis plus d’un demi-siècle, la plupart des pays d’Europe occidentale subissent une immigration massive mal contrôlée, voire pas contrôlée du tout. Au fil du temps, et avec l’instauration du regroupement familial, ces arrivées ont pris la forme d’une immigration de peuplement : en 2020, près d’un tiers des enfants nés en France avaient au moins un parent d’origine extra-européenne. En l’espace de quelques décennies, la France est ainsi devenue une société non pas tant multiculturelle que multiraciale.

         Paradoxalement, l’immigration rassemble aujourd’hui plus encore qu’elle ne divise. Toutes les enquêtes d’opinion dont on dispose montrent en effet qu’entre les deux tiers et les trois quarts des Français sont hostiles à l’immigration. Non par racisme (la société française est beaucoup moins raciste qu’il y a trente ou quarante ans), mais du fait des pathologies sociales associées au phénomène migratoire, notamment la délinquance et l’insécurité (la grande majorité des immigrés ne sont pas des délinquants, mais la grande majorité des délinquants sont issus de l’immigration), et parce que le « seuil de tolérance » a depuis longtemps été franchi. Cela signifie que de plus en plus de Français se sentent devenir eux-mêmes étrangers dans leur propre pays, parce qu’ils voient disparaître les modes de sociabilité qui étaient les leurs et qu’ils ne parviennent plus à se reconnaître dans la plupart des gens qu’ils côtoient.

         Bien conscients de cette évolution, rares sont désormais les partis politiques qui souhaitent toujours plus d’immigration. Il y a cependant au moins trois milieux qui y sont favorables : d’abord la majorité des libéraux, qui pratiquent la religion du libre-échange et militent traditionnellement pour la libre circulation des personnes et des biens, et donc pour la suppression des frontières. Le libéralisme n’envisageant les collectivités que comme des regroupements d’individus, l’immigration ne se définit à ses yeux que comme l’entrée sur un territoire donné d’un certain nombre d’individus qui choisissent de rejoindre d’autres individus. C’est ce qui permet aux libéraux d’affirmer que toutes les immigrations sont les mêmes, celles des populations sub-sahariennes comme celles de Italiens ou des Polonais. Le patronat, qui sait bien que l’immigration a toujours été l’armée de réserve du capital, appuie cette position : l’immigration à ses yeux se traduit par une simple augmentation du nombre des consommateurs et par l’arrivée d’une force de travail peu revendicative, ce qui favorise une pression à la baisse sur les salaires.

         Le deuxième milieu pro-immigration est celui des « humanitaires », qui pensent qu’il n’y a pas de problèmes que la « générosité » et l’amour désincarné ne puissent résoudre. Aspirant à la « communion universelle » capable de « surmonter toutes les barrières historiques et culturelles » dont parle l’encyclique Fratelli tutti, leurs armes favorites sont l’intimidation morale, l’appel à la repentance, la définition de l’accueil sans conditions comme devoir sacré, la victimologie compassionnelle et lacrymale – ce qui leur permet d’affirmer qu’ils incarnent l’empire du Bien. Il y a enfin une minorité plus radicale, qui en tient pour une conception « rédemptrice » de l’immigration, censée apporter un « sang neuf » à une société qui aurait besoin de plus « diversité », c’est-à-dire plus de métissage, et qui compte sur les immigrés pour subvertir et régénérer une France historique qui lui fait horreur.

         Le point commun de tous ces milieux est une adhésion inconditionnelle à l’idée d’une société « ouverte » (ou « inclusive »), dont l’objectif final est de remplacer un monde diversifié formé de peuples et de cultures relativement homogènes en un monde homogène formé de sociétés radicalement « créolisées ».

         Ma position est simple : comme la majorité des Français, je suis résolument hostile à l’immigration. À l’immigration, mais pas aux immigrés. À leur endroit, je n’ai aucune inimitié de principe, pas plus que je n’en ai pour leurs cultures d’origine ou pour les pays d’où ils proviennent. Je ne les tiens pas pour interchangeables, et je ne suis pas de ceux qui se réjouissent de voir un certain nombre d’entre eux se noyer en Méditerranée. Pierre Manent me disait récemment qu’il ne croyait ni à la laïcité, ni à l’assimilation, ni à la remigration. C’est aussi ma position.

    MONDE & VIE : Stephen Smith, à propos de l’abondance du flux migratoire en provenance de l’Afrique sub-saharienne, a pu parler, sans être démenti par personne, de « ruée vers l’Europe ». Est-ce la misère qui explique et qui justifierait l’immigration ? Quels sont dans les pays d’origine, ceux qui peuvent partir vers l’Europe ?

    ALAIN DE BENOIST. Au départ, la motivation est purement économique : il s’agit de trouver en Occident un travail mieux payé, fût-ce au prix d’une prise de risque vital. S’y ajoute l’illusion persistante, mais entretenue par la télévision, que l’Occident est un Eldorado. Sur place, bien sûr, on déchante – mais on reste. Cependant, de plus en plus d’immigrés invoquent aujourd’hui un motif familial plutôt qu’un motif de travail.

         Contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas les plus pauvres qui émigrent, mais plutôt des hommes appartenant à la fraction inférieure de la petite-bourgeoisie, souvent éduqués et parfois diplômés. Outre les dangers du parcours, qu’on aurait tort de négliger, la « ruée vers l’Europe » coûte cher (plusieurs milliers d’euros pour satisfaire aux seules exigences des passeurs). Il n’est pas rare que tout un village se cotise pour aider les candidats au départ. C’est une sorte d’investissement.

    MONDE & VIE : Que faut-il penser de ceux qui invoquent l’« État de droit » ou la Déclaration des droits de l’homme pour défendre une immigration sans limite ?

    ALAIN DE BENOIST. D’abord qu’il y a une certaine ironie à vouloir soutenir au nom des droits de l’homme des populations dont on nous dit par ailleurs qu’elles violent quotidiennement ces mêmes droits. Cela dit, on peut s’étonner de voir tant d’hommes « de droite » reprendre à leur compte sans état d’âme ces critiques directement héritées des Lumières, visant des mœurs « archaïques » ou « moyenâgeuses » qui sont exactement celles que l’on adressait autrefois aux sociétés traditionnelles et au catholicisme.

         Mais il y a aussi là un vrai problème de fond. Quand Michèle Tribalat dit qu’« on est passé d’une immigration de travail à une immigration fondée sur des droits », elle fait une observation qui va loin, bien que beaucoup ne s’en rendent pas compte. Autrefois, on cherchait à s’installer dans un autre pays pour toutes sortes de raisons. On déposait des demandes, on espérait être accepté, mais on ne faisait pas de l’immigration un « droit ». On ne disait pas : « Je veux rentrer chez vous parce que j’en ai bien le droit. » Ce glissement est lui aussi d’origine libérale : s’il n’y a que des individus et des « territoires », interchangeables les uns comme les autres, la libre circulation des personnes implique que n’importe qui peut s’installer où il veut.

         On touche par ailleurs ici à un autre aspect essentiel de la question. Beaucoup de gens s’imaginent qu’il suffirait, pour régler le problème des flux migratoires, de faire preuve de plus de volonté. C’est oublier que les politiques ont les mains liées par les juges, et qu’en dernière instance ce sont eux qui décident, et donc qui dirigent. Là encore, le libéralisme est fautif puisqu’il n’a jamais cessé de vouloir soumettre les souverainetés nationales et populaires à la « sur-souveraineté » des instances juridiques. C’est une décision de la Cour de justice de l’Union européenne, par exemple, qui a fait que le séjour irrégulier n’est plus un délit. De même est-ce le conseil d’État qui, en décembre 1978, a consacré le droit au regroupement familial que les pouvoirs publics voulaient limiter. Il ne fait pas de doute, pour prendre deux exemples simples, que si l’on décidait l’abolition du droit du sol ou que l’on décidait de ne plus admettre aucune demande d’asile sur le territoire français (les demandes devant obligatoirement être faites auprès des consulats dans les pays d’origine), les juges y mettraient pareillement leur veto.

    MONDE & VIE : M. Dupond-Moretti a expliqué naguère à la télévision, qu’il était pour l’immigration parce que grâce à elle il pouvait employer une femme de ménage à un prix abordable et trouver facilement un taxi. De quoi, selon vous, ce genre d’argumentation est-elle le symptôme ?

    ALAIN DE BENOIST. D’une forme typiquement postmoderne de néocolonialisme. Hier, on avait des « boys », aujourd’hui on a des livreurs de pizzas et des nounous à domicile. L’évolution des centres-villes en témoigne : à terme, on n’y trouvera plus que des bobos et des domestiques issus de l’immigration, convenablement exploités en toute bonne conscience au nom des lois du marché.

         C’est aussi une forme évidente de racisme de classe. Dans la France périphérique, les choses ne se passent pas comme ça. Les classes populaires, qui représentent près d’un Français sur deux, sont les plus hostiles à l’immigration parce que, contrairement aux habitants des beaux quartiers, ce sont elles qui en subissent de plein fouet les conséquences. Les classes populaires stigmatisées, les classes moyennes désaffiliées vivent aujourd’hui une triple insécurité : culturelle, politique et sociale. La sociabilité à la française est souvent leur seule référence culturelle, mais elles ont aussi besoin d’un État social et protecteur. C’est la raison pour laquelle le social et le culturel sont strictement indissociables dans leur hiérarchie d’attentes. C’est pour ne l’avoir pas compris qu’Éric Zemmour a perdu son pari, qui visait à réactiver le clivage gauche-droite, en abandonnant le social à la gauche.

    MONDE & VIE : Que pensez-vous de ceux qui entendent utiliser cette ruée démographique en défendant une immigration choisie (par les pays d’accueil) plutôt qu’une immigration sans contrôle ? Y a-t-il une autre solution que l’immigration choisie pour mettre fin au chaos migratoire que représentent les 500 000 migrants légaux et illégaux qui s’installent en France chaque année ?

    ALAIN DE BENOIST. Une immigration choisie est sans doute préférable à une immigration totalement incontrôlée. Mais choisie selon quels critères ? Il n’est que trop évident que ce seront des critères économiques, puisqu’aux yeux de la classe dominante l’immigration est avant tout un problème économique, et plus encore un problème « technique », étant donné que pour les libéraux les problèmes politiques ne sont en dernière analyse que des problèmes techniques. En termes clairs, on choisira les immigrés dont l’apport permettra de maximiser les profits du capitalisme libéral. Et du même coup, en écrémant les « meilleurs », c’est-à-dire les plus performants, on privera les pays d’origine d’un certain nombre d’élites dont ils auraient le plus grand besoin.

    MONDE & VIE : Pensez-vous que l’on puisse maîtriser le phénomène migratoire par une loi immigration, c’est-à-dire par un certain nombre de mesures issues de la technocratie étatique ?

    ALAIN DE BENOIST. Permettez-moi de vous rappeler que des « lois immigration », il y en a eu en moyenne une tous les deux ans depuis plus d’un demi-siècle, sans que le problème soit réglé pour autant. Cela montre que les pouvoirs publics ont toujours agi au coup par coup, en fonction des conjonctures économiques et des échéances électorales, en se bornant à répéter des pieux souhaits et des mantras. La vérité, comme le notait récemment le sociologue Smaïn Laacher, c’est qu’il n’y a jamais eu de doctrine française en matière d’immigration, doctrine dont on aurait pu déduire des principes et des règles d’action.

         Le problème, c’est que la mise au point d’une telle doctrine exigerait une véritable transformation des esprits. Pas de doctrine migratoire en l’absence d’une claire idée de ce qu’est un peuple (et non un agrégat d’individus), de ce qu’est un pays (et non un « territoire »), de ce qu’est une culture, une civilisation, une sociabilité spécifique, des valeurs partagées, etc. On en est plus loin que jamais.

    MONDE & VIE : L’Europe nous donne à voir un christianisme décomposé après une longue période de prospérité, en particulier missionnaire, et un islam recomposé après une longue léthargie. Quelle est la place du fait religieux dans le caractère anxiogène des flux migratoires aujourd’hui ?

    ALAIN DE BENOIST. Une place indéniable, mais qui n’est pas exempte de fantasmes. Qu’un grand nombre d’immigrés soient de religion musulmane complique évidemment les choses, surtout à un moment où l’on assiste au réveil d’un islamisme agressif dont l’actualité nous fournit des exemples quotidiens. Beaucoup interprètent cet islamisme comme synonyme de l’islam, ce qui reste à démontrer, et y voient un phénomène fondamentalement religieux, alors qu’à mon avis il s’agit d’un phénomène politique sous couvert d’habillage religieux.

         Vous êtes probablement de ceux qui estiment que le problème de l’immigration se réglerait beaucoup plus facilement si les nouveaux venus étaient catholiques, et non pas musulmans. Il y a du vrai dans cette opinion, mais il ne faut pas non plus la surestimer. Les États-Unis connaissent un problème d’immigration d’une ampleur redoutable, et pourtant la grande majorité de leurs immigrés sont des catholiques latinos. Tout centrer sur la religion revient à dire qu’un chrétien préfèrera toujours voir s’installer en France un Malien catholique plutôt qu’un athée norvégien, et qu’un païen préfèrera toujours voir s’y installer un animiste congolais plutôt qu’un catholique polonais ! On voit bien que ce genre de considérations ne mène pas bien loin. Il montre seulement que le problème de l’immigration ne peut pas se réduire exclusivement à des questions de croyance ou de religion.

    MONDE & VIE : Vous qui avez beaucoup réfléchi sur le problème de l’identité et qui republiez ces jours-ci votre ouvrage « Nous et les autres » aux éditions du Rocher, pensez-vous que dans cette crise migratoire l’Europe ait des valeurs à défendre ? Quelles sont-elles ? Comment pouvons-nous à nouveau dire « nous » et sur quels critères désignons-nous « les autres » ?

    ALAIN DE BENOIST. Pour répondre à cette question, il faudrait déjà s’étendre sur le périmètre de la « nostrité ». Qui est-ce « nous » dont vous parlez ? Les catholiques ? Les Français ? Les Européens ? Les Occidentaux ? L’Europe a certainement des valeurs à défendre, mais surtout une histoire et une personnalité à faire aimer. Malheureusement, le débat sur l’immigration s’enferme aujourd’hui dans une confrontation entre assimilation et intégration, universalisme et « communautarisme », qui n’est qu’une impasse. Le « communautarisme » que l’on pourfend au nom des « valeurs de la République » n’est qu’une caricature d’esprit communautarien, une manière inavouée de faire sécession pour mettre en place une contre-société. Les communautés véritables ne posent pas ce genre de problèmes, à commencer par la communauté juive, les communautés asiatiques, arméniennes, tamoules, etc., qui ont très bien su concilier particularismes et acceptation d’une nécessaire loi commune.

         Mon livre sur l’identité aborde ce vaste sujet sous toutes ses dimensions. Il montre que l’identité n’est jamais un sujet simple et que, sur la question de l’immigration, l’affirmation identitaire des nouveaux venus contraste singulièrement avec l’appauvrissement du sentiment d’identité en Europe. On dit souvent que les immigrés détestent la France. C’est en effet parfois le cas (pas toujours !). Mais l’idéologie dominante n’a-t-elle pas sa part de responsabilité dans cette détestation ? Écoutons plutôt Christophe Guilluy : « Quand on débarque de l’autre bout du monde, et qu’on nous dit que notre voisin est raciste, à moitié débile, à fond dans la consommation, son objectif de vie étant de bouffer et de regarder la télé, on ne va pas épouser ses valeurs ! »

    Alain de Benoist (Monde & Vie, janvier 2023)

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