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  • La force de l'imaginaire...

    Les éditions Liber viennent de publier un essai polémique de Michel Maffesoli intitulé La force de l'imaginaire - Contre les bien-pensants. Penseur de la post-modernité, Michel Maffesoli est l'auteur de nombreux ouvrages marquants comme La violence totalitaire (1979), L'ombre de Dionysos (1982), Le temps des tribus (1988), La part du diable (2002),  Les nouveaux bien-pensants (Editions du Moment, 2014) ou, dernièrement Être postmoderne (Cerf, 2018).

     

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    " La polémique n’est pas toujours bonne conseillère. Mais son piment n’est pas inutile pour donner quelque saveur à ces plats fort peu ragoûtants que l’on confectionne trop souvent dans les insipides arrière-cuisines universitaires. Elle est même parfois fort utile quand elle s’emploie à redynamiser un débat intellectuel languissant ou par trop conformiste. Débat et non critique ad hominem, ainsi que le réclamait Karl Marx lorsqu’il voulait invalider un de ses ennemis. Et il est fréquent dans la décadence contemporaine que certains continuent d’une manière adolescente à se poser en s’opposant. D’où les médisances, les calomnies, les à-peu-près, en bref l’agressivité de plus en plus répandue dans ces garderies d’enfants que sont devenues nos pauvres universités. Un essai corrosif et stimulant de Michel Maffesoli contre la bien-pensance intellectuelle et les lieux-communs de notre époque qui nous plombent dans un fatras idéologique, mélange indigeste d’individualisme, de rationalisme et d’inévitable utilitarisme. "

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  • Réseaux 5G : encore une révolution qui échappe à l’Europe ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Christopher Coonen cueilli sur Geopragma et consacré aux enjeux pour l'Europe de la technologie 5G. Membre de Geopragma, Christopher Coonen a exercé des fonctions de directions dans des sociétés de niveau international appartenant au secteur du numérique.

     

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    Réseaux 5G : encore une révolution qui échappe à l’Europe ?

    Le mot « 5G » sera sur toutes les lèvres lors du « Mobile World Congress » du 25 au 28 février prochains, grand-messe mondiale annuelle de la téléphonie mobile à Barcelone. Pourquoi ? Car c’est l’héritier tant attendu du standard actuel, la 4G.

    Nous utilisons nos smartphones en France et en Europe depuis 2012 à leur plein potentiel grâce à la 4G. Ce fut alors une petite révolution, car la 4G offrait deux atouts : premièrement, elle permettait la circulation des appels vocaux directement par Internet et non plus par le réseau téléphonique. Deuxièmement, la 4G s’appuyait sur le « multiplexage » (passage de différents types d’information par le même canal) permettant d’augmenter les flux d’informations et des données.

    Le réseau 4G donne un aspect superlatif au terme haut débit. A juste titre : ses débits théoriques sont nettement supérieurs à la génération précédente (3G), allant de 42 Megabits / seconde à 300 Megabits / seconde pour la « LTE » (Long Term Evolution). La « LTE Advanced » va au-delà de 1 Gigabit/seconde.

    Les inventeurs de WhatsApp ne s’y étaient pas trompés, lançant en 2009 une application Android et iOS permettant un service de messagerie, de MMS (envoi de messages enrichis de photos, vidéos et messages vocaux), et d’appels vocaux, tous gratuits sous réseau WIFI, faisant trembler les opérateurs traditionnels de téléphonie mobile qui voyaient déjà leurs millions d’abonnés les déserter. Pour la petite histoire, ces démissionnaires de Yahoo! avaient postulé chez Facebook et vu leurs candidatures rejetées, avant de se faire racheter à prix d’or quelques années plus tard en 2014 par le même Facebook pour la modique somme de 19 milliards de dollars…Facebook impliqué dans le scandale de l’usurpation de données via Cambridge Analytica, et décrié par certains de ses anciens employés pour une insoutenable légèreté de l’être s’agissant du traitement des données personnelles. Facebook a 1,7 milliard d’abonnés au niveau mondial, WhatsApp 1,5 milliard – de lourds enjeux.

    Nous voici au cœur du sujet : avec la 5G, le débit de données sera 10 à 100 fois plus puissant qu’avec la 4G. Au-delà des calculs et des quantités de débit, il existe un calcul de pouvoir, d’influence et de renseignement qui devrait inquiéter au plus haut point tous dirigeants politiques, militaires et d’entreprises. En effet, contrairement à la 4G, les données ne seront plus uniquement transportées d’un point A vers un point B, mais bien interactives dans tous les sens et depuis de multiples sources, rendant la gestion des villes connectées, les utilisations des voitures autonomes ou encore des drones civils et militaires bien plus efficaces avec des réactions en contexte et en temps infiniment réel. C’en sera fini de la « latence technologique ».

    Or, face à ces enjeux de souveraineté colossaux, comme d’ailleurs sur bien d’autres sujets, l’Europe se retrouve de nouveau coincée entre les Etats-Unis et la Chine.

    Les grandes manœuvres ont débuté pour l’attribution des licences 5G à l’échelle mondiale, ainsi que les appels d’offre organisés pour la construction de ce réseau révolutionnaire qui comprendra des « backbones » de fibre optique terriens et sous-marins, des routeurs et des réseaux du dernier kilomètre. Les entreprises qui les installeront auront à gérer leur part de réseau et les données y transitant, et pourraient assez facilement créer des « portes arrière » pour capter et potentiellement copier celles-ci.

    Imaginons le revers de la médaille. Ces applications tellement plus puissantes et versatiles auront aussi leur talon d’Achille : les hackers d’Etat, petits ou grands, ou des pirates informatiques privés, pourront créer de véritables crises et failles en déréglant la circulation de véhicules en ville, paralysant totalement ces mêmes villes, ou encore en faussant le ciblage de la livraison d’un colis ou d’un missile…Il n’existe pas pour le moment de standard de cryptographie et de sécurité associé à la 5G.

    Entre temps, sur l’autre rive de l’Atlantique, le Président Trump a pourtant adressé aux agences fédérales en octobre 2018 l’un de ses « Memorandum » : « il est impératif que les Etats-Unis soient les premiers dans la technologie cellulaire de cinquième génération (5G) », soulignant que la course à la 5G avec la Chine était une priorité de sécurité nationale. Mais en oubliant de mentionner l’importance de la cyber-sécurité de ces nouveaux réseaux et abrogeant même des dispositions prises par la « Federal Communications Commission » de l’administration du Président Obama pour que les réseaux de la 5G soient sécurisés en amont par des standards pour réduire les risques d’intrusions et de cyberattaques…

    C’est donc un vide sidéral de part et d’autre face à des dangers très tangibles et incroyablement destructeurs. S’affrontent sur cette question de standards gouvernements et acteurs privés, et ces derniers ont bien plus de chance d’innover rapidement et de se mettre en ordre de bataille avant que ne le fassent les bureaucraties d’Etat ou pire la bureaucratie communautaire avec telle ou telle « directive » ; notre regard peut s’arrêter sur l’impuissance et même l’inconscience des nations sur ces sujets depuis vingt ans sur toutes sortes de questions liées à la technologie… En l’absence de standards et de supervision, tout est possible.

    Avec la 5G se dessine donc un combat mondial entre les géants qui construisent et gèrent déjà nos réseaux 4G en Europe : Cisco (US), Ericsson, Nokia et Alcatel (EU) –qui tous trois possèdent des parts de marché minoritaires aujourd’hui – et deux géants chinois, ZTE et Huawei. Cette dernière a fait les choux gras des quotidiens récemment, avec la détention de sa DAF (surtout fille du fondateur) au Canada sous mandat d’arrêt des Etats-Unis pour violation potentielle des sanctions mises en place contre l’Iran. Huawei s’est vue qualifiée par la Commission Européenne de société « inquiétante » car les terra datas qu’elle traite pourraient tomber dans la nasse des services de renseignements chinois. Huawei est en pleine ascension en Europe, ayant doublé ses effectifs entre 2013 et 2018 pour atteindre 14.000 employés, avec une part de marché des infrastructures de réseaux européens estimée à 15-20%. Son chiffre d’affaires en 2018 s’est établi à 100 milliards de dollars, plus que Cisco et même IBM. Elle a détrôné Apple pour devenir le deuxième vendeur de smartphones au monde, derrière Samsung.

    Contre ce mastodonte, les Etats-Unis mènent une campagne de pressions notamment envers les opérateurs télécom en Europe, ainsi qu’envers nos gouvernements pour sortir Huawei de cette « course aux armements » du 21ème siècle d’un nouveau genre. L’Administration américaine a dépêché des émissaires au Royaume-Uni, en Allemagne, et en Pologne en 2018 pour faire passer un message très clair : les gains de coûts associés au fait d’utiliser un prestataire tel que Huawei sont sans commune mesure avec les risques (et coûts) d’intrusions chinoises dans les infrastructures de l’OTAN…et la possible remise en cause de la construction d’une base de l’armée américaine en Pologne évaluée à USD $ 2 milliards. L’effet de cette campagne s’est même fait ressentir jusqu’en Australie qui a sorti Huawei des appels d’offres liés à la 5G.

    Lorsque Huawei et ZTE ont remplacé les puces américaines par des chinoises dans leurs smartphones, le gouvernement des Etats-Unis a sommé ses deux plus importants opérateurs de téléphonie mobile, AT&T et Verizon, d’arrêter la vente de ces smartphones dans leurs boutiques. Ils s’y sont pliés sans broncher.

    La crainte des Etats-Unis repose en partie sur une loi de l’Empire du Milieu datant de 2017, la « Loi Nationale d’Intelligence », qui enjoint les sociétés chinoises de soutenir et de coopérer avec les services de renseignement chinois, où qu’elles opèrent.

    Mais cette posture du gouvernement américain est imprégnée d’une hypocrisie sans vergogne. Car dans cette affaire, il existe aussi un angle « NSA » (National Security Agency), les « Grandes Oreilles » de notre grand allié qui sont allées jusqu’à épier les téléphones mobiles de chefs d’Etat « amis ». En 2013, son directeur, l’Amiral Michael S. Rogers, avait interdit aux dirigeants des opérateurs télécom américains d’inclure Huawei ou tout autre acteur chinois dans leurs appels d’offre. Ensuite, grâce aux révélations d’Edward Snowden, nous savons qu’une opération de piratage conduite à partir de 2010 par cette même agence, nommée « Shotgiant », lui a permis de s’immiscer dans les systèmes d’information du géant à son QG à Shenzhen. Cette intrusion n’aurait apparemment pas révélé l’existence de codes sources « malins » ou de programmes systématiques de collecte de données.  Le gouvernement américain continue à ce jour de démentir l’existence d’une telle opération.

    Et l’Europe, où est-elle dans tout cela ? Elle est loin sur son propre territoire, de reconstruire et même simplement de rénover son propre réseau avec les seuls acteurs nordiques et français. Elle se retrouve coincée entre les acteurs publics et privés chinois et américains. Peut-être pourrait-elle donner l’exemple comme elle l’a fait avec la RGPD, encore faudrait-il qu’il y ait une véritable prise de conscience et une ambition stratégique de la part de nos leaders politiques pour « sécuriser » cette révolution technologique, protéger les données confidentielles de nos entreprises et de nos gouvernements, et même pour s’en emparer. Il y a urgence. La mise en place de la RGPD est en effet d’ores et déjà elle-même menacée par le « Cloud Act II » voté par le Congrès américain en 2018.

     

    Christopher Th. Coonen (Geopragma, 11 février 2019)

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  • Etat de siège...

    Les éditions Jean-Claude Lattès viennent de publier un roman de politique-fiction intitulé Article 36. Rédacteur en chef-adjoint du Parisien, Henri Vernet est aussi l'auteur de Frères ennemis (Calmann-Lévy, 2015), une enquête sur la violence en politique.

     

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    " 13 janvier 2020 à l’aube. Les chars Leclerc pénètrent dans Paris. À Marseille, des unités d’infanterie et des blindés légers quadrillent les quartiers nord en liaison avec la police et la gendarmerie.
    Sur toutes les ondes et l’intégralité des réseaux sociaux, le président de la République décrète la mise en œuvre de l’article 36 de la Constitution  : l’état de siège est proclamé sur tout le territoire. Les militaires prennent le contrôle du pays. Tout ce qui relève de la sécurité nationale relève désormais des généraux, qui ont la haute main sur les forces de l’ordre et mettent en place des tribunaux militaires. Le cours normal de la vie publique est aussitôt suspendu. Médias, syndicats, mondes enseignant et étudiant, corps intermédiaires civils et politiques, etc., sont comme gelés.
    L’article 36, un dispositif oublié, hérité des régimes troublés du XIXsiècle, qui n’a jamais été mis en œuvre depuis la deuxième guerre mondiale… mais que tous les pouvoirs successifs ont tenu à garder dans notre Constitution en songeant qu’ils pourraient peut-être en avoir besoin un jour. Si le Président s’y est résolu, faisant appel au général Maxime Gerfaut qui vient de s’illustrer par une action humanitaire d’éclat en Syrie, c’est que le pays, frappé par une nouvelle vague d’attentats monstrueux, est en proie à de graves émeutes en  banlieue et à des tentatives de sédition de groupes extrémistes.  
    Mais après un bref rétablissement de l’ordre républicain, la situation va vite échapper à tout contrôle politique. Le général Gerfaut veut aller plus loin… Le pays se coupe en deux, une partie de la population applaudit l’autre se révolte.
     
    Pure fiction  ? Oui bien sûr, ce livre est un thriller politique, pas un essai ni un document « vécu  ». Mais il est le fruit d’une enquête patiente et rigoureuse, nourrie de témoignages et d’entretiens avec des responsables clés des armées, des services de renseignement, de la police et de la gendarmerie  ; avec des juristes, des constitutionnalistes, des spécialistes de l’opinion publique, des femmes et des hommes politiques… Ce qui est raconté et décrit dans l’ouvrage est imaginaire, mais tout pourrait parfaitement arriver, et nous montrons comment. C’est tout l’enjeu de cette fiction «  vraie  ». "

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  • Quand la société n'est pas un marché...

    Le 4 mars 2019, Olivier Pichon et Pierre Bergerot recevaient sur TV libertés, dans l'émission Politique & Eco, Alain de Benoist, pour évoquer son dernier essai, Contre le capitalisme (Rocher, 2019). Philosophe et essayiste, Alain de Benoist est directeur des revues Nouvelle École et Krisis.

     

                            

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  • L'erreur et l'orgueil...

    Les éditions du Toucan publient cette semaine un essai de Roger Scruton intitulé L'erreur et l'orgueil - Penseurs de la gauche moderne. Philosophe conservateur anglais, Roger Scruton est l'auteur de nombreux essais dont quelques uns ont été traduits en français, comme De l'urgence d'être conservateur (Toucan, 2016) ou Conservatisme (Albin Michel, 2018).

     

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    " Le philosophe anglais Roger Scruton passe en revue les thèmes et ouvrages des principaux penseurs qui ont influencé la gauche occidentale des cinquante dernières années  : E. P. Thompson, Michel Foucault, Ronald Dworkin, R. D. Laing, Jurgen Habermas, Gyorgy Lukacs, Jean-Paul Sartre, Jacques Derrida, Slavoj Zizek, Ralph Milliband, Eric Hobsbawm et Alain Badiou.
    Qu’est-ce que la gauche pour ces intellectuels  ?  Par quels détours le combat historique de la gauche pour l’égalité a-t-il pu délaisser la classe ouvrière pour les minorités  ?  Quelles responsabilités pour les intellectuels de gauche dans les désordres, déséquilibres et fragmentations de la société contemporaine  ?  Peut-il y avoir une base pour la résistance à l'agenda de gauche sans foi religieuse ?
    Après les évaluations critiques de chacune des œuvres des penseurs choisis, le livre propose une section biographique et bibliographique qui résume leurs carrières et écrits les plus importants. "

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  • Le retour du peuple, communauté de lutte...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jure Georges Vujic, cueilli sur Polémia et consacré au retour du peuple au travers de la révolte des Gilets jaunes... Avocat franco-croate, directeur de l’Institut de géopolitique et de recherches stratégiques de Zagreb, Jure Georges Vujic est l'auteur de plusieurs essais, dont Un ailleurs européen (Avatar, 2011) et  Nous n'attendrons plus les barbares - Culture et résistance au XXIème siècle (Kontre Kulture, 2015).

     

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    Le retour du peuple, communauté de lutte

    Il n’y a pas si longtemps, Pierre Rosanvallon, dans Le peuple introuvable, posait la question de la  représentation effective du peuple dans nos vieilles démocraties parlementaires. Les apôtres  du libéralisme ayant proclamé le règne de l’individu-roi, la souveraineté du peuple – qui reste pourtant le fondement de la démocratie – se voyait sacrifiée au nom de la société de marché, la plus conforme au capitalisme tardif, de la séduction et du désir. Et pourtant, le peule insaisissable, le peuple essentialisé et sanctifié par les idéologies de la modernité, revint au-devant de la scène politique, dans la rue avec les gilets jaunes, parfois de façon brutale, mais en tant que force de contestation incontournable.

    Cette présence du peuple au réel, au quotidien, n’est plus une abstraction, mais l’évidence même du principe politique de la démocratie, une réalité agonale qui unifie le principe naturel Fichteien du « droit du sang »  et la communauté de volonté Renanienne qui en appelle à « un plébiscite de tous les jours ».
    C’est cette réalité, ce come back du peuple enraciné en tant que moteur de l’histoire, que l’hyperclasse globaliste s’efforce de nier et de réprimer. Alors que la démocratie parlementaire constituait, depuis deux siècles, l’horizon intouchable du bien politique, aujourd’hui elle semble trahie et toucher à son terme. Aujourd’hui, le divorce entre peuple et oligarchie globale gouvernante se gargarisant de ses discours, est bel et bien consommé, et les lignes de front seront à la fois sociales et communautaires.

    Nous assistons de plus à l’émergence d’une conflictualité intra-étatique et non plus inter-étatique. Une conflictualité au sein de laquelle le peuple en tant que communauté de destin se définira à l’avenir, comme le souligne Charles Chaumont, par « l’histoire de ses luttes », une histoire qui reste à écrire…

    En effet, Pour Charles Chaumont, contrairement au droit international classique, fondé sur la volonté des seuls gouvernants, le droit international contemporain se caractérise par l’irruption du peuple comme réalité historique dans la scène internationale. Une irruption qui introduit une véritable rupture critique dans la manière de penser l’ordre juridique international.
    Deux siècles plus tard, on assiste à la convergence entre la « communauté de destin » de l’austro-marxiste Otto Bauer, qui permet d’opérer une articulation entre le peuple-en-soi et le peuple-nation, ce nouveau « bloc historique » Gramscien, porteur de transformation sociale. En effet, c’est la grande leçon de Gramsci qui avait bien vu les limites d’une telle conception anti-nationale et pour lequel l’expression de peuple-nation (« popolo-nazione ») s’insérait dans le cadre du bloc historique et d’hégémonie, tout en étant l’expression du sentiment national mise en perspective selon une stratégie sociale révolutionnaire stratégique inclusive et émancipatrice.

    C’est bien cette rencontre entre la dimension « populaire-nationale » et la lutte sociale, qui échappe aux carcans des partis de la droite bourgeoise, ainsi qu’au monopole idéologique de l’antifascisme sansfrontiériste et internationaliste, qui fait la singularité d’un peule en lutte qui devient « fait social total ». En effet, la gauche antifasciste reste profondément réactionnaire, bourgeoise et anti-populaire, car prisonnière d’une approche anti-identitaire et a-nationale, elle n’a jamais su ancrer sa vision de « société des producteurs » dans une vaste communauté organique enracinée, dans le cadre d’une identité historique propre.
    La même aporie est vérifiable chez le marxisme messianique historique qui transfère cette téléologie historique (« le sens de l’histoire ») de la nation vers le prolétariat international (ou plus exactement transnational) en oubliant que toute révolution sociale s’inscrit dans une culture nationale spécifique. C’est aussi la raison pour laquelle le capitalisme libéral contemporain, qui glorifie le marché transnational et le cosmopolitisme culturel a trouvé un allié privilégié dans le discours sans-frontiériste libéral-libertaire de gauche.

    Depuis l’ordre international Wilsonnien qui, à la fin de première guerre mondiale, instrumentalisa le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes afin de décoloniser le monde et d’assurer le démantèlement des empires multiethniques, la notion de peuple comme « force créatrice » dans la dynamique du droit international fut peu à peu évacuée au profit de la volonté des seuls gouvernants, et du discours sociétal sur les droits de l’homme et sur le droit des minorités.
    L’actuelle progression des mouvements populistes, le réveil des couches populaires et moyennes socialement marginalisées et déclassées de part l’Europe, démontrent que le peuple reste une force de contestation à la fois sociale et identitaire incontournable. Le principe des luttes de libération nationale de l’époque coloniale cède le pas au droit des peuples à témoigner d’eux-mêmes, le droit à l’auto-détermination se transformant en droit à l’auto-conservation et du droit à rester eux-mêmes à l’époque post-nationale et face à la logique marchande et uniformisante des Etats oligarchiques, satellisés par les instances supranationales et globalistes. Nul ne sait si ce phénomène général de clivage entre peuple et élites engendrera à long terme une possible inversion des jeux de puissance et des retournements qui peuvent, à terme, changer l’état de la société internationale.

    Jure Georges Vujic (Polémia, 25 février 2019)

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