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  • Martin Heidegger, entre catholiscisme, révolution et nazisme...

    Les éditions Perrin viennent de publier Martin Heidegger - Catholicisme, révolution, nazisme, une biographie du philosophe de Todtnauberg signée par Guillaume Payen. L'auteur est docteur en histoire et chercheur associé au CNRS.

     

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    " « Le national-socialisme est un principe barbare», écrit Martin Heidegger dans ses Cahiers noirs, ajoutant : « C'est ce qui lui est essentiel et sa possible grandeur. » Révolutionnaire radical, ayant vu et approuvé le caractère destructeur du nazisme, le recteur de Fribourg a réservé d'autres surprises dans ses journaux philosophiques, dans lesquels il évoque par exemple l'« auto-anéantissement du “juif"; ». Alors que le philosophe est devenu un objet d'incompréhension et d'horreur, nombre de spécialistes en appellent désormais à l'histoire. C'est cette réhistoricisation que l'auteur a entreprise dans ce livre. Refusant la polémique, l'adoration et la détestation, il s'emploie à comprendre l'homme et le penseur, de l'intérieur et en son temps, par le biais de toutes les sources disponibles : cours, lettres, textes de circonstance, de même que les Cahiers noirs qui suscitent tant d'émoi.
    Excédant largement le IIIe Reich, le cheminement de Heidegger fut heurté : il commença par un catholicisme intransigeant, qui laissa la place, après la Première Guerre mondiale, à une volonté farouche de révolution philosophique, terreau dans lequel son nazisme vint jeter de profondes racines qui survécurent à l'effondrement du régime d'Adolf Hitler. De cette biographie se dégage un portrait fait d'ombres et de lumières : grand philosophe, maître, ami ou amant de juifs ou d'étrangers, Heidegger fut aussi un nationaliste antisémite, inquiet de l'« enjuivement » de son peuple et soucieux de son rôle historique prééminent. "

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  • Les autruches et les terroristes...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à l'aveuglement des Européens face à la menace islamiste...

     

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    Les autruches et les terroristes

    « Cachez cet ennemi que je ne saurais voir », disent en chœur les Tartuffe oligarques aux autruches européennes !

    Les autruches européennes ne lisent pas Samuel Huntington

     Les autruches européennes refusent aujourd’hui avec effroi le concept de choc des civilisations analysé par Samuel Huntington dans son ouvrage paru en 1996 (1). La thèse d’Huntington était simple : les conflits n’auront plus de fondement politique avec la fin de l’affrontement Est/Ouest, mais civilisationnel, car le XXIe siècle voit le retour des grandes civilisations qui vont concurrencer la civilisation occidentale.

    Mais Huntington avait le tort d’être un conservateur et son analyse paraissait justifier la prétention du gouvernement américain à fonder un « nouvel ordre mondial ». Il avait aussi le tort d’affirmer le caractère irréductible des différentes civilisations, ce qui contredisait l’idéologie cosmopolite.

    C’est pourquoi le concept de choc des civilisations est politiquement incorrect chez les bisounours européens et ne s’enseigne pas dans les Ecoles de guerre.

    Il n’empêche que l’analyse de Huntington, même si on peut toujours contester les classements civilisationnels qu’il opère, correspond à une indéniable réalité. Mais les autruches ne sont pas autorisées à le dire.

    Huntington a vu juste

     Car le XXIe siècle se caractérise bien par le retour sur la scène mondiale des grandes civilisations et des grandes religions – et singulièrement de l’islam – qui avaient été éclipsées par la domination sans partage des Occidentaux depuis la Renaissance. Ces civilisations étaient en dormition mais aujourd’hui elles se réveillent. Alors que l’Europe, elle, ne sort pas de sa léthargie.

    Le XXIe siècle est pour cette raison à nouveau (2) le siècle de la concurrence et donc de la confrontation entre les civilisations : confrontation économique, culturelle mais aussi démographique, stratégique et militaire. Car, contrairement à ce que prétend la doxa libérale occidentale, la « mondialisation » ne se réduit pas à la seule concurrence économique et financière !

    Le XXIe siècle marque aussi le retour des grands mouvements de populations, des grandes migrations que l’on n’avait plus vues dans l’hémisphère Nord depuis la chute de l’Empire romain : migrations Sud/Nord mais aussi migrations Sud/Sud. Migrations provoquées par l’exode rural dans les pays émergents, par la surpopulation en Afrique, par l’instabilité croissante du monde, par l’affaiblissement des frontières et enfin par la facilité des transports. Et les migrations propagent le choc des civilisations en imbriquant des peuples de cultures et de religions différentes sur un même territoire.

    Mais justement, cette réalité, les autruches européennes ne veulent pas la voir.

    Les autruches européennes ne lisent pas Julien Freund non plus

    Les Européens ne comprennent pas le choc des civilisations parce qu’ils refusent d’abord de se penser eux-mêmes en termes de civilisation.

    Cinquante ans de rééducation « antiraciste » et de repentance, alliés à 50 ans de dressage conforme à l’idéologie des droits de l’homme, leur ont fait oublier qui ils sont et d’où ils viennent.

    Les autruches européennes croient même que les races n’existent pas et il est devenu extrêmement politiquement incorrect de se déclarer de race blanche. Cela frise le délit.

    Les autruches pensent aussi que l’identité se résumerait à un credo politique : chacun sait en effet que « l’identité de la France c’est la République » (3) ; et surtout qu’il ne faut pas « discriminer » les étrangers, car tout le monde « a le droit » de devenir européen ou français.

    Pourtant si les Européens refusent de reconnaître leur identité et s’efforcent consciencieusement d’effacer leur histoire de leur mémoire, il n’empêche que, pour toutes les autres civilisations, ils sont bien avant tout perçus comme des Européens blancs de religion chrétienne – et non comme des Africains, des Chinois ou des « hommes ».

    Comme l’a magistralement démontré en son temps le politologue Julien Freund (4), en effet, la relation polémique n’est nullement symétrique : le fait de ne pas considérer l’autre comme votre ennemi, comme le fait de refuser de voir l’autre comme un autre, ne vous empêche nullement d’être, vous, dans le monde réel, considéré comme ennemi ou comme autre par celui-ci.

    Mais les autruches européennes ne lisent pas Julien Freund non plus.

    Les autruches européennes ignorent que le monde a changé

    Dans les années 1930, les démocraties européennes, aveuglées par la Grande Guerre, se préparaient à regagner la guerre de tranchées, sans voir que la donne stratégique avait changé et que la guerre serait désormais celle du mouvement.

    Aujourd’hui, les autruches européennes ne savent pas non plus que le monde a profondément changé.

    Les Européens se sont habitués depuis la Renaissance à dominer en tout : au plan religieux avec le christianisme, au plan moral avec l’esprit des Lumières et aux plans économique, technique et militaire avec le monopole de la Science. Mais ce monde-là est terminé.

    Les Européens (5) sont désormais une proportion déclinante de la population mondiale, alors que jusqu’au XIXe siècle ils exportaient partout leur trop-plein de population. La natalité européenne est catastrophique, très en dessous du seuil de renouvellement des générations, sans parler des effets systémiques de l’avortement de masse. Compte tenu des tendances actuelles et avec l’immigration de peuplement, d’ici 2030 la majorité de la population des grandes villes européennes sera d’origine extra-européenne.

    Mais cela n’inquiète pas les autruches qui se réjouissent d’avance du « vivre ensemble » métissé de demain.

    L’Europe sans âme et désarmée

    De même, le christianisme est de moins en moins la religion des Européens : les croyants sont désormais majoritairement africains, sud-américains et asiatiques. La pompe vaticane cache de plus en plus mal que la parenthèse ouverte par la conversion des « barbares » du bas-Empire romain au christianisme est en train, en quelque sorte, de se refermer en Europe – et que l’islam s’installe à sa place.

    Quant à la puissance, elle se retire progressivement du Vieux Continent.

    Les Européens ont perdu le monopole de la science au profit de la Chine, de l’Inde, de la Silicon Valley et de la zone Pacifique. Le niveau des études ne cesse de décliner en Europe, compte tenu de l’idéologie laxiste et égalitariste qui y règne. Depuis les années 1990, l’innovation stagne, car l’Europe connaît à son tour la fuite des cerveaux.

    Au plan des forces militaires, l’Europe est désarmée et les jeunes Européens n’apprennent plus à se battre : ils comptent sur le parapluie américain et les armées mercenaires (6) pour se protéger, c’est-à-dire qu’ils comptent que les autres se sacrifieront pour eux. Un pari imprudent…

    Les médias de propagande, qui les inondent de films et de téléfilms américains où l’Oncle Sam étale sa puissance matérielle et où les policiers sont surarmés, se gardent bien de présenter aux autruches européennes l’état réel des forces mondiales et, par voie de conséquence, leur faiblesse relative. Ils se gardent bien, par exemple, de montrer que la plupart des pays riverains de la Méditerranée sont dotés de forces armées suréquipées, très supérieures en nombre, voire en qualité, à celles des pays européens.

    Mais chut ! La dissuasion nucléaire, nouvelle Ligne Maginot, et les droits de l’homme protégeront certainement les autruches !

    Le monde n’est plus bisounours pour les Européens

    Les autruches européennes ignorent enfin que le monde entier commence, au mieux, à les ignorer et, au pire, à les haïr.

    Elles sont toutes surprises d’être prises en otages ou pire encore quand elles partent faire du « trekking » ou « de l’humanitaire » en Afrique ou ailleurs. Le monde ne serait donc pas bisounours et « happy end » comme à la télévision ?

    Car les autruches européennes sont à la fois riches et faibles, ce qui a toujours constitué un cocktail incitant à la prédation et à la violence. Mais elles sont priées d’ignorer ce détail.

    Les autruches européennes font envie pour la vie facile qu’on mène en Europe et que le reste de la planète voit à la télévision ou au cinéma. Car il n’y a que les bobos ou les évêques pour croire que les « migrants » soient malheureux en Europe : pour les immigrants, au contraire, c’est le pays de cocagne, selon les standards africains ou maghrébins !

    Au temps de leur puissance les Européens étaient, certes, enviés mais surtout craints pour les pouvoirs mystérieux qu’ils semblaient posséder sur les autres peuples. C’est pourquoi quelques colons ou quelques conquistadors pouvaient s’imposer à des peuples entiers et maîtriser de vastes espaces.

    Mais ce temps est fini. Et seules les autruches ne le savent pas

    Le roi est nu : les Européens sont décadents

    Car, à l’âge de la mondialisation, du tourisme de masse et des téléphones portables, le monde entier assiste désormais en direct au déclin de l’Europe. Et les « valeurs » dont se targuent les autruches européennes font rire tout le monde. En Chine il n’y a même pas d’idéogramme pour dire « droits de l’homme ».

    Et grâce aux télécommunications modernes, tous les immigrants restent en contact avec leur pays d’origine et ils racontent à leurs familles ce qu’ils voient en Europe. Et ils sont abasourdis par ce qu’ils découvrent : notamment le laxisme des mœurs, l’implosion des familles et le tolérantisme vis-à-vis de la délinquance, toutes choses inexistantes dans leurs pays d’origine.

    La terre entière voit aussi la lâcheté des Européens incapables de protéger leurs frontières, leur territoire ou leur religion. Elle voit que l’éloquence verbeuse des « élites » occidentales sert de masque à l’impuissance.

    Les anciens colonisés découvrent avec stupeur que leurs anciens colonisateurs ne sont pas les géants qu’avaient connus leurs ancêtres, mais des rejetons gâtés qui ont peur de leur ombre. Ils ressentent comme une injustice que de pareils décadents vivent mieux qu’eux. Et cette stupeur fournit le terreau sur lequel prospèrent le mépris et bientôt la violence.

    Les autruches ne veulent pas savoir ce qui se passe

    Les Européens, formatés par les médias de propagande, ignorent ce qui se passe. Ils ne comprennent pas que le terrorisme marque l’entrée dans la confrontation civilisationnelle.

    Pourtant la forme que prennent les attaques terroristes est révélatrice que quelque chose est en train de changer, ce qui aurait dû attirer l’attention des autruches.

    Hier les terroristes se cachaient pour agir, car ils avaient peur d’être démasqués et parce qu’ils se trouvaient en situation d’infériorité stratégique par rapport à leur cible. Mais aujourd’hui les terroristes agissent au grand jour, comme pour mieux sidérer leurs victimes. Comme pour montrer aussi que la peur avait changé de camp.

    Mauvaise nouvelle pour les autruches !

    Mais il faut dire que l’oligarchie fait tout ce qu’elle peut pour empêcher les autruches de sortir leur tête du sable. Pas d’amalgame ! Ce n’est pas du terrorisme : seulement des actes de « déséquilibrés » ; seulement des actes « isolés ». Vite, une nouvelle « loi » pour garantir notre « sécurité ».

    Après chaque attentat l’oligarchie se prétend « en guerre » mais curieusement elle interdit de désigner les protagonistes et l’enjeu du conflit : sans doute pour ne pas effrayer l’électorat autruche ?

    On prie les autruches européennes de se préoccuper du réchauffement climatique mais pas du changement de civilisation qui s’annonce.

    Comme leurs grands-parents des années 1930, les autruches européennes ne voient pas qu’on les dirige vers une conflagration d’un nouveau genre, mais sans préparation. Car la confrontation est avant tout culturelle et morale, entre une Europe en dormition et le reste du monde en plein réveil : une confrontation qui risque donc de mal se terminer pour les autruches !

    Celui qui ignore les leçons de l’histoire se condamne à la revivre, dit-on.

    Il serait temps que les autruches européennes réapprennent à lire leur propre histoire….

    Michel Geoffroy (Polémia, 7 janvier 2016)

     

    Notes :

    1/ The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order.

    2/ Car par exemple le Moyen Age a bien été une période de confrontation civilisationnelle, notamment avec l’Islam.

    3/ Tweet de Najat Vallaud-Belkacem le 9 septembre 2015.

    4/ Notamment L’Essence du politique, Sirey 1965.

    5/ Et aux Etats-Unis les WASP, c’est-à-dire les Anglo-Saxons protestants et de race blanche.

    6/ On dit « armée de métier » en novlangue.

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  • L'avenir n'est écrit nulle part...

    Le nouveau numéro de la revue Eléments (n°158, janvier - février 2016) est disponible en kiosque le 16 janvier.

    Dans ce numéro, Pascal Esseyric, François Bousquet et Patrick Péhèle donnent à la nouvelle formule, en couleur, qui compte cent pages, son rythme bimestriel. La maquette est claire, l'iconographie superbe et le sommaire incisif !... Qui dit mieux ?

    A côté du grand entretien avec Jacques Sapir et du dossier consacré à la démondialisation et aux grandes migrations,  on trouvera les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama».

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

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    Au sommaire :

    Éditorial

    L'avenir n'est écrit nulle part, par Alain de Benoist

    Forum...

    L'entretien

    Jacques Sapir interpelle Jean-Luc Mélenchon

    Cartouches

    Le regard de Michel Marmin

    Chronique d'une fin du monde sans importance, par Xavier Eman

    Cinéma : Quoi de neuf ? Star Wars, hélas ! par Ludovic Maubreuil

    Champs de bataille : Moscou par Laurent Schang

    Littératures de l'imaginaire : Brussolo, le noir conteur, par Pierric Guittaut

    Carnet de route : Non-lieu, par Slobodan Despot

    Sciences, par Bastien O'Danieli

    Le combat des idées

    François hollande s'en va-t-en guerre, par Pierre Garnier

    Etat d'urgence : la revanche de Carl schmitt, par Paul Matillion

    Et Carl Schmitt créa Hitler !, par Agostino Carrino

    La France au défi de l'islam, entretien avec Pierre Manent, par François Bousquet

    Le retour de la puissance russe, par Laurent Cantamessi

    Patrick Coppens, poète québecois, entretien avec Michel Marmin

    Jean Clair : l'hiver de la culture, propos recueillis par François-Laurent Balssa

    Art contemporain : le "Super Bowl" des super-riches, par François Bousquet

    La théologie de la provocation, par Gérard Conio

    Edouard Limonov, mes retrouvailles avec le vieux pirate, par Thierry Marignac

    Giorgio Agamben : les domaines du biopouvoir, par Alain de benoist

    Dossier

    L'avenir n'est écrit nulle part

    Démondialisation : la fin de la « fin de l'histoire », par David l'Epée

    Les grandes migrations ne détruisent que les cités mortes, par Thomas Flichy de la Neuville

    Démographie : la bombe P n'est toujours pas désamorcée, par Fabien Niezgoda

    « Pour une démographie responsable » , entretien avec Didier Barthès

    L'angoissant avenir californien de l'Europe, par Fabrice Moracchini

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Mythographies contemporaines, par Grégory Pons

    Magazines féminins et féminisme, entretien avec Isabelle Chazot

    Anti-manuel de philosophie, par Jean-François Gautier

    L'esprit des lieux : Mythologies urbaines à Chicago, par Ludovic Maubreuil

    C'était dans Éléments : Pierre et Djemila au festival de Cannes, par Jean-Claude Valla

    Éphémérides

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  • Cologne : où sont passées les féministes ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Mathieu Bock-Côté, cueilli sur Figaro vox et consacré aux agressions de femmes commises massivement par des migrants partout en Europe. Québécois, l'auteur est sociologue et chroniqueur à Radio-Canada et a déjà publié plusieurs essais.

     

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    Cologne : où sont passées les féministes ?

    L'information circulait depuis quelques jours sur Internet sans qu'on ne parvienne vraiment à la valider: y avait-il eu vraiment une vague massive d'agressions sexuelles sur les femmes à Cologne, la nuit de la Saint-Sylvestre, par des migrants ou des bandes d'origine étrangère? Il a fallu que la rumeur enfle suffisamment pour que les autorités reconnaissent les événements et que le système médiatique consente à rendre compte du phénomène, dont on ne cesse, depuis, de constater l'ampleur, tellement les témoignages accablants se multiplient à la grandeur de l'Allemagne.

    On peut voir là une preuve de plus de la tendance du complexe médiatico-politique à filtrer les mauvaises nouvelles idéologiques qui peuvent, d'une manière ou d'une autre, compromettre la légende du vivre-ensemble diversitaire. Pour éviter que le peuple ne développe de mauvais sentiments à son endroit, on traitera les mauvaises nouvelles le concernant en les désamorçant le plus possible et en multipliant les mises en garde contre les amalgames. On les réduira à des faits divers, sans signification politique, et on ne commentera les événements qu'avec la plus grande prudence.

    On est loin du traitement de la photo déchirante du petit Aylan Kurdi mort sur la plage qui avait suscité une émotion immense dans les pays occidentaux, d'autant plus que les médias se livrèrent alors sans gêne à une séance de culpabilisation massive, comme si ce petit être au destin si atroce représentait à lui seul l'ensemble de la crise migratoire. À ce moment, l'amalgame était permis: tous les migrants étaient Aylan Kurdi. Chaque segment de la société devait céder à l'impératif humanitaire, ce qui n'est pas sans rappeler la formule d'Elie Halévy, qui voyait dans «l'organisation de l'enthousiasme» une marque distinctive du totalitarisme.

    Pour peu qu'on y réfléchisse, la nouvelle des agressions de Cologne représente l'envers absolu du grand récit de l'ouverture à l'autre, où ce dernier est chanté à la manière d'un rédempteur. On somme les sociétés occidentales d'embrasser une diversité qui pourrait les régénérer de l'extérieur, d'autant qu'elle serait toujours une richesse. On voit désormais qu'elle peut aussi prendre le visage d'une barbarie agressive, où des bandes organisées entendent imposer leur présence sur le territoire, avec la plus archaïque et la plus primitive des techniques de guerre, celle de la prise des femmes, à qui on indique qu'un nouveau pouvoir s'installe et qu'il s'exercera d'abord sur elles.

    C'est une régression civilisationnelle épouvantable qui heurte nos valeurs les plus intimes. La femme, ici, redevient une prise de guerre, comme un bien à prendre. On ne peut parler de simple délinquance. Qu'il s'agisse de bandes organisées ou non n'est pas l'essentiel. C'est d'une offensive brutale, dont on doit parler, où on cherche consciemment ou inconsciemment à faire comprendre à l'hôte qui est le nouveau maître des lieux. Il ne s'agit évidemment pas de faire porter la responsabilité de ces agressions à l'ensemble des migrants, ce qui serait aussi faux que cruel et imbécile. Mais manifestement, parmi ceux-ci, on trouve un nombre significatif de jeunes hommes qui arrivent en Europe avec une attitude conquérante et prédatrice.

    Le déni des cultures, qui laisse croire qu'il suffirait de quelques règles juridiques fondées sur les droits de l'homme pour permettre aux gens de toutes origines de cohabiter, pousse à une politique d'une irresponsabilité criminelle. Qu'on le veuille ou non, toutes les cultures ne sont pas interchangeables et elles peuvent entrer en friction. Une communauté politique est aussi une communauté de mœurs. Quoi qu'en pense Angela Merkel et les autres dirigeants de l'Europe occidentale, on ne fait pas entrer dans un pays des centaines de milliers de personnes aux mœurs étrangères sans provoquer un choc culturel ou si on préfère, un choc de civilisation.

    Devant cette agression, un désir de soumission avilissant se fait entendre. La mairesse de Cologne, Henriette Reker, a ainsi invité les femmes à adapter leurs comportements aux nouveaux venus. Elles devraient garder plus d'un bras de distance pour ne pas exciter des hommes qui ne sont pas encore habitués à la liberté sexuelle caractérisant la modernité occidentale. Les femmes sexuellement libérées sont-elles responsables de l'agression qu'elles subissent? Henritte Reker les invitera-t-elle demain à porter le voile pour faire comprendre qu'elles respectent les nouveaux codes de la pudeur multiculturelle et qu'elles sont vertueuses? Le multiculturalisme se présente ici plus que jamais comme une inversion du devoir d'intégration.

    On se demande ce qu'il faudra encore pour que les sociétés occidentales constatent à quel point l'utopie multiculturaliste pousse au désastre. Se pourrait-il que leurs élites politiques se croient engagées dans un processus inéluctable, pour le meilleur et pour le pire, et qu'elles se contentent, dès lors, de chercher à limiter ses effets néfastes. À bon droit, même si elles le font quelquefois avec une brutalité dérangeante, certaines petites nations d'Europe préfèrent fermer leurs frontières devant la déferlante migratoire, d'autant que le spectacle de l'immigration massive à l'Ouest de l'Europe n'a rien pour les convaincre des vertus de la société multiculturelle.

    Mais on ne leur permet pas. On connaît la doctrine de la souveraineté limitée, qui sous Brejnev, accordait une certaine autonomie aux pays sous sa domination sans leur permettre de s'affranchir du bloc de l'Est ou des principes du socialisme. L'Allemagne l'a récemment réinventée à l'endroit des petites nations d'Europe de l'Est qui ne voulaient pas se plier à l'impérialisme humanitaire germanique, comme si l'Allemagne voulait laver son passé en s'immolant au présent. Chaque nation, apparemment, devrait être entraînée dans cette mutation identitaire majeure à l'échelle d'une civilisation.

    Les gardiens du nouveau régime multiculturaliste ne veulent pas croire qu'ils pilotent allégrement nos sociétés vers quelque chose comme une guerre civile inavouée mélangée à un choc des civilisations. Ces termes sont peut-être exagérés - ou pas. Mais une chose est certaine, ce n'est pas en laissant croire que le régime multiculturaliste accouchera tôt ou tard d'un paradis diversitaire qu'on calmera les angoisses des peuples européens. Les tensions sociales se multiplieront. Cela nous ramène à la question première de la philosophie politique, soit la sécurité élémentaire des sociétaires. Celle des femmes européennes n'est manifestement plus assurée.

    Matthieu Bock-Côté (Figaro Vox, 11 janvier 2016)

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  • Quand le mythe fait l'histoire...

    Les éditions du Seuil viennent de publier un essai de Hans Blumenberg intitulé Préfiguration - Quand le mythe fait l'histoire. Philosophe allemand mort en 1996, Hans Blumenberg a consacré une partie de son oeuvre à la question du mythe.

     

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    " Dans son livre monumental de 1979, Arbeit am Mythos - Travail sur le mythe, Blumenberg effectuait une sorte de réhabilitation du mythe contre toute approche qui le renverrait à un passé archaïque ou à une forme provisoire vouée à être dépassée par la rationalité scientifique ; mais Blumenberg semblait avoir esquivé le problème de l'usage idéologique du mythe. Quand le mythe préfigure l'histoire aborde de front le cas Hitler et le" mythe nazi" tout en élargissant la question à ce qu'il appelle une logique de la" préfiguration" : dans l'incertitude de l'action historique, le passé, vu comme un réservoir de possibilités que l'on peut répéter, est constitué en mythe. Car l'action historique et la décision politique prennent parfois leur origine très loin du calcul et de la rationalité. Blumenberg révèle notamment comment des figures comme Alexandre le Grand, César et Frédéric II ont servi à légitimer actions et rituels politiques du régime nazi. Il suit les effets de cette mise en scène de l'action et du destin de l'Allemagne, qui finit par constituer un véritable" contre-monde" auquel adhèrent Hitler et son entourage et où des analogies historiques fragiles deviennent des éléments déterminants de la politique étrangère-impériale - voire de décisions stratégiques. Toute une série de" cas impériaux" permettent à Blumenberg de développer une réflexion sur les analogies, les images et les figures qui orientent l'action et les récits historiques. "

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  • Quand les "élites" ne parviennent plus à intimider le peuple...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 12 janvier 2016 et consacrée à la question de la déchéance de la nationalité et au débat que cette mesure suscite à gauche...

     


    "La nationalité française est d'abord une... par rtl-fr

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