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  • L'affaire Richard Millet...

    Les éditions Jacob-Duvernet viennent de publier un essai de Muriel de Rengervé intitulé L'affaire Richard Millet - Critique de la bien-pensance. Muriel de Rengervé, normalienne, agrégée d'histoire, est romancière.

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    " A peine quelques jours après la parution par l'écrivain Richard Millet du court texte Eloge littéraire d'Anders Breivik, le 24 août 2012, un emballement médiatique s'est déclenché. Tout ce que Paris compte d'intellectuels, d'écrivains, grands et petits, de penseurs, de critiques littéraires, de censeurs autoproclamés, s'est mobilisé pour organiser la mise à mort sociale, littéraire, intellectuelle, de Richard Millet.
    Qui a vraiment lu le texte de Millet ? Très rares ont été ceux qui ont accepté de débattre avec lui. Le Clézio, Annie Ernaux, à l'origine d'une pétition, Bernard-Henri Lévy, et d'autres participent à la curée. Ils auront gain de cause : le 13 septembre 2012, Richard Millet doit démissionner du comité de lecture de Gallimard, tout en continuant son travail d'éditeur. Les pressions médiatiques et les réactions individuelles l'ont emporté.
    Dans la France du début du XXIe siècle, le débat d'idées serait-il devenu impossible ? L'autre, celui qui professe une opinion différente, est refusé, rejeté, mis au ban, considéré comme un menteur et, insulte devenue courante, comme un fasciste. Une chape de plomb semble s'être abattue sur la vie intellectuelle et littéraire, où toute idée dissonante, tout propos dérangeant est immédiatement disqualifié.
    Le moralisme et l'antiracisme, nouveaux dogmes imposés à toute la société, se sont mués en maccarthysme. La France est-elle entrée dans l'ère du terrorisme intellectuel ? "

     

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  • Hommage à Costanzo Preve...

    Le philosophe italien Costanzo Preve est mort le 23 novembre 2013 à l'age de 70 ans.

    Cet intellectuel marxiste hétérodoxe était l'auteur de très nombreux essais dont trois ont été traduits en français ces dernières années, Histoire critique du marxisme (Armand Colin, 2011), Éloge du communautarisme - Aristote - Hegel - Marx (Krisis, 2012) et La quatrième guerre mondiale (Astrée, 2013).

    C'est Alain de Benoist, avec lequel il avait depuis plusieurs années noué un dialogue fécond, qui a contribué à faire connaître son œuvre en France au travers de sa revue Krisis.

    Nous reproduisons ci-dessous l'hommage que nous a adressé son traducteur Yves Branca.

     

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    Hommage à Costanzo Preve

      Les funérailles de Costanzo Preve ont été célébrées  le jeudi 28 novembre, à 10 heures, dans l’église paroissiale de la Bienheureuse Vierge des Grâces de Turin, Corso Einaudi, selon le rite orthodoxe grec, comme il l’avait demandé. 
     
      Le 30 novembre, Eugenio Orso m’a écrit :

    « C’est une perte irrémédiable pour le monde de l’anticapitalisme, de l’éthique communautaire, et pour le monde de la philosophie, en non seulement de la philosophie sociale.
        J’ai une dette inépuisable à son égard, et dont je ne pourrai jamais m’acquitter, pour tout ce que Costanzo m’a enseigné dans les années où je l’ai connu.
        A lui s’applique ce qu’a dit Bernard de Chartres, au XIIe siècle :
     « ….nos esse quasi nanos, gigantium humeris insidentes, ut possimus plura eis et remotiora videre, non utique proprii visus acumine, aut eminentia corporis, sed quia in altum subvenimur et extollimur magnitudine gigantea. » (…que nous sommes comme des nains juchés sur les épaules de géants [les Anciens], de telle sorte que nous puissions voir plus de choses et de plus éloignées que n’en voyaient ces derniers. Et cela, non point parce que notre vue serait puissante ou notre taille avantageuse, mais parce que nous sommes portés et exhaussés par la haute stature de ces géants.)
             Les quelques-uns qui comme nous, en Italie, ont eu le privilège d’avoir un tel Maître, d’avoir joui du trésor inestimable de ses enseignements, savent bien comme, juché sur les épaules des géants, on peut regarder plus avant, et apercevoir dans les lointains des temps nouveaux, et une nouvelle société humaine. ….. »
             Pendant une trop courte semaine d’avril 2010, j’ai eu l’honneur d’être en quelque sorte la canne de Costanzo Preve à Paris, lors de son dernier voyage en ce monde. Je dis « sa canne », tout simplement parce qu’il ne pouvait déjà presque plus marcher sans aide.
             Nous avions déjà correspondu par lettres, et je l’avais déjà traduit ; j’ai continué, mais après cette semaine de 2010, et jusqu’à la fin, nous nous appelions au téléphone, en moyenne, deux ou trois fois par mois.
             Je peux donc m’associer entièrement et fraternellement à ce que m’a écrit Eugenio Orso. Ses paroles, je me permets de les faire miennes.
             Adieu, cher Costanzo .

    Yves Branca

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  • Alain Finkielkraut et « L’identité malheureuse »...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Didier Marc, cueilli sur Polémia et consacré au dernier ouvrage du philosophe et essayiste Alain Finkielkraut, L'identité malheureuse (Stock, 2013), qui rencontre un succès mérité en librairie...

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    « L’identité malheureuse » de Alain Finkielkraut

    La sortie du dernier livre de l’auteur de « La Défaite de la pensée » a donné lieu dans une certaine presse à un déluge de commentaires absolument délirants ! Dans « Le Monde », Jean Birnbaum estime ainsi qu’Alain Finkielkraut « ne s’appartient plus lui-même », Jean-Marie Durand des « Inrocks » dénonce sa « mélancolie revêche », son « humeur maladive », Frédéric Martel dans « Slate  »  parle de « la faillite d’une grande intelligence », d’un « esprit devenu malade » et qu’il faut « combattre », enfin, pour Aude Lancelin de « Marianne » il n’est qu’ « un agité de l’identité ». Finkielkraut serait donc un aliéné, un malade qu’il faut enfermer, sinon abattre ! Ces propos totalitaires de plumitifs soi-disant libertaires suffiraient à justifier l’achat de « L’identité malheureuse », mais, au-delà de la réaction à de telles infamies, il importe de lire et de faire lire cet essai car son contenu est essentiel.

    La notion d’identité, réponse romantique à la notion d’égalité

    Avant de traiter le thème de l’identité stricto sensu, Finkielkraut aborde notamment la question de la « mixité française » en évoquant la question du port du voile ou de la burqa dont il approuve l’interdiction, au nom, certes, de la laïcité, mais surtout de la défense « d’un mode d’être, d’une forme de vie, d’un type de sociabilité », c’est-à-dire d’une « identité commune ». C’est à partir de ce concept qu’il s’attache au sujet principal de son livre (l’identité française), dans un long chapitre intitulé « Le vertige de la désidentification ».

    Il rappelle d’abord que c’est le romantisme qui a introduit la notion d’identité comme réponse à la notion d’égalité conçue par la philosophie des Lumières et mise en pratique par la Révolution. A la suite d’Edmond Burke, auteur de Réflexions sur la Révolution de France, les penseurs politiques du romantisme souligneront l’importance de « l’appartenance, de la fidélité, de la filialité, de l’inscription dans une communauté singulière ». Plus tard, Maurice Barrès écrira que « l’individu s’abîme pour se retrouver dans la famille, la race, la nation, et proclamera sa volonté de défendre avant tout son « cimetière », c’est-à-dire « la suite de [ses]descendants » qui ne font « qu’un seul et même être ».

    Contre « l’oikophobie », la détestation de son propre pays

    Depuis, certains intellectuels s’efforcent de déconstruire tout ce qui touche à l’identité nationale. A la prétendue xénophobie des Français, ils opposent « l’oikophobie », (oikos signifie « maison »), c’est-à-dire la détestation de son propre pays. Pour les « oikophobes », l’immigration de peuplement est une chance pour la France, et les étrangers doivent nous apprendre « au moins à devenir étrangers à nous-mêmes, à nous projeter hors de nous-mêmes, assez pour ne plus être captifs de cette longue histoire occidentale et blanche qui s’achève » (Alain Badiou).

    Commentant l’abandon du débat sur l’identité nationale et la dissolution de la Maison de l’Histoire de France, Finkielkraut  écrit : « La France n’occupe plus le tableau. […] Elle n’est plus un singulier collectif, le substrat d’une aventure ou d’un destin, mais un réceptacle d’histoires multiples ». Le dessein des « oikophobes » est de « neutraliser l’identité domestique, cette chimère assassine, au profit des identités diasporiques et identitaires ». Désormais, poursuit-il, « l’origine n’a droit de cité qu’à condition d’être exotique » et « notre identité n’est faite que de diversité ». Dans le même temps, alors que s’exerce une véritable dynamique « d’effacement des frontières et de nivellement des différences », le Système gère la désintégration nationale, phase ultime avant la mort de l’identité française.

    S’il dénonce avec virulence et pertinence les ravages de la société multiculturelle (on regrette cependant qu’il passe sous silence les méfaits de la mondialisation), Alain Finkielkraut prononce avant tout avec ce livre un vibrant et bienvenu plaidoyer en faveur de l’identité nationale. On ne peut que s’en réjouir !

    Didier Marc (Polémia, 4 décembre 2013)

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  • Le seigneur des écrivains...

    Accompagnant la sortie prochaine du deuxième volet du film de Peter Jackson, Le Hobbit, tiré du roman de J.R.R. Tolkien, la revue Lire sort un numéro hors-série, sous la direction de François Busnel, consacré à l’œuvre de l'auteur du Seigneur des anneaux. Un numéro bien ficelé et agréablement illustré que nous conseillons en particulier à ceux qui ne se sont pas encore lancés dans la lecture de ce grand auteur européen.

     

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    Au sommaire :

    Editorial

    Par François Busnel

     

    En bref

    Toute l'actualité Tolkien

     

    La vie

    De la naissance dans l'Etat libre d'Orange, en Afrique du Sud, aux années à l'université d'Oxford. De l'anonymat à la gloire.

    Le destin d'un Hobbit

    Extrait : Tolkien et la Grande Guerre, John Garth

    Reportage :L'homme d'Oxford, de notre envoyé spécial en Grande-Bretagne

    Un intellectuel hors du temps

    L'art de la discrétion

    Parlez-vous l'elfique?

     

    L’œuvre

    Du Hobbit au Silmarillion : géographie, personnages et légendes de la Terre du Milieu.

    Bienvenue en Terre du Milieu

    Terre du Milieu, mode d'emploi

    Une carte pour les retrouver tous

    L'histoire secrète du Seigneur des Anneaux

    Les 9 infos que vous avez toujours ignorées

    Tolkien, illustrateur du Hobbit

    La face cachée de la Terre du :Milieu

    Dictionnaire des personnages

     

    Les clés de l’œuvre

    Pour dépasser obstacles et malentendus, et comprendre la genèse d'une œuvre-monde.

    Entretien :Tolkien décrypté, Vincent Ferré

    Douce enfance

    Les sources d'un imaginaire

    On connaît la chanson

    Où sont les femmes?

    Comment traduire Tolkien? Christine Laferrière

     

    L'héritage

    Dans le sillage du maître de la high fantasy. Des adaptations à l'écran à la folie des jeux de rôle et des jeux vidéo.

    Le Trône de (savoir) faire

    Entretien :Les chemins de la fantasy, Susanna Clarke

    Fantasy, la bibliothèque idéale

    L'Anneau de tous les dangers

    Le maître des jeux

    Petite bibliographie tolkiénienne

     


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  • Nelson Mandela : l'icône et le néant ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une mise au point de Bernard Lugan, cueillie sur son blog et consacrée à la figure ambiguë de Nelson Mandela. Un portrait qui tranche avec le catéchisme mièvre des médias du système...

     

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    Nelson Mandela : l'icône et le néant

    Né le 18 juillet 1918 dans l’ancien Transkei, mort le 5 décembre 2013, Nelson Mandela ne ressemblait pas à la pieuse image que le politiquement correct planétaire donne aujourd’hui de lui. Par delà les émois lénifiants et les hommages hypocrites, il importe de ne jamais perdre de vue les éléments suivants :

    1) Aristocrate xhosa issu de la lignée royale des Thembu, Nelson Mandela n’était pas un « pauvre noir opprimé ». Eduqué à l’européenne par des missionnaires méthodistes, il commença ses études supérieures à Fort Hare, université destinée aux enfants des élites noires, avant de les achever à Witwatersrand, au Transvaal, au cœur de ce qui était alors le « pays boer ». Il s’installa ensuite comme avocat à Johannesburg.

    2) Il n’était pas non plus ce gentil réformiste que la mièvrerie médiatique se plait à dépeindre en « archange de la paix » luttant pour les droits de l’homme, tel un nouveau Gandhi ou un nouveau Martin Luther King. Nelson Mandela fut en effet  et avant tout un révolutionnaire, un combattant, un militant qui mit « sa peau au bout de ses idées », n’hésitant pas à faire couler le sang des autres et à risquer le sien.

    Il fut ainsi l’un des fondateurs de l’Umkonto We Sizwe, « le fer de lance de la nation », aile militaire de l’ANC, qu’il co-dirigea avec le communiste Joe Slovo, planifiant et coordonnant plus de 200 attentats et sabotages pour lesquels il fut condamné à la prison à vie.

    3) Il n’était pas davantage l’homme qui permit une transmission pacifique du pouvoir de la « minorité blanche » à la « majorité noire », évitant ainsi un bain de sang à l’Afrique du Sud. La vérité est qu’il fut hissé au pouvoir par un président De Klerk appliquant à la lettre le plan de règlement global de la question de l’Afrique australe décidé par Washington. Trahissant toutes les promesses faites à son peuple, ce dernier :

    - désintégra une armée sud-africaine que l’ANC n’était pas en mesure d’affronter,
     
    - empêcha la réalisation d’un Etat multiracial décentralisé, alternative fédérale au jacobinisme marxiste et dogmatique de l’ANC,
     
    - torpilla les négociations secrètes menées entre Thabo Mbeki et les généraux sud-africains, négociations qui portaient sur la reconnaissance par l’ANC d’un Volkstaat  en échange de l’abandon de l’option militaire par le général Viljoen[2].

    4) Nelson Mandela n’a pas permis aux fontaines sud-africaines de laisser couler le lait et le miel car l’échec économique est aujourd’hui  total. Selon le Rapport Economique sur l’Afrique pour l’année 2013, rédigé par la Commission économique de l’Afrique (ONU) et l’Union africaine (en ligne), pour la période 2008-2012, l’Afrique du Sud s’est ainsi classée parmi les 5 pays « les moins performants » du continent sur la base de la croissance moyenne annuelle, devançant à peine les Comores, Madagascar, le Soudan et le Swaziland (page 29 du rapport).
     
    Le chômage touchait selon les chiffres officiels 25,6% de la population active au second trimestre 2013, mais en réalité  environ 40% des actifs. Quant au revenu de la tranche la plus démunie de la population noire, soit plus de 40% des Sud-africains, il est aujourd’hui inférieur de près de 50% à celui qu’il était sous le régime blanc d’avant 1994[3]. En 2013, près de 17 millions de Noirs sur une population de 51 millions d’habitants, ne survécurent que grâce aux aides sociales, ou Social Grant, qui leur garantit le minimum vital.

    5) Nelson Mandela a également échoué politiquement car l’ANC connaît de graves tensions multiformes entre Xhosa et Zulu, entre doctrinaires post marxistes et « gestionnaires » capitalistes, entre africanistes et partisans d’une ligne « multiraciale ». Un conflit de génération oppose également la vieille garde composée de « Black Englishmen», aux jeunes loups qui prônent une « libération raciale » et la spoliation des fermiers blancs, comme au Zimbabwe.

    6) Nelson Mandela n’a pas davantage pacifié l’Afrique du Sud, pays aujourd’hui livré à la loi de la jungle avec une moyenne de 43 meurtres quotidiens.

    7) Nelson Mandela n’a pas apaisé les rapports inter-raciaux. Ainsi, entre 1970 et 1994, en 24 ans, alors que l'ANC était "en guerre" contre le « gouvernement blanc », une soixantaine de fermiers blancs furent tués. Depuis avril 1994, date de l’arrivée au pouvoir de Nelson Mandela, plus de 2000 fermiers blancs ont été massacrés dans l’indifférence la plus totale des médias européens.

    8) Enfin, le mythe de la « nation arc-en-ciel » s’est brisé sur les réalités régionales et ethno-raciales, le pays étant plus divisé et plus cloisonné que jamais, phénomène qui apparaît au grand jour lors de chaque élection à l’occasion desquelles le vote est clairement « racial », les Noirs votant pour l’ANC, les Blancs et les métis pour l’Alliance démocratique 

    En moins de deux décennies, Nelson Mandela, président de la République du 10 mai 1994 au 14 juin 1999, puis ses successeurs, Thabo Mbeki (1999-2008) et Jacob Zuma (depuis 2009), ont transformé un pays qui fut un temps une excroissance de l’Europe à l’extrémité australe du continent africain, en un Etat du « tiers-monde » dérivant dans un océan de pénuries, de corruption, de misère sociale et de violences, réalité en partie masquée par quelques secteurs ultraperformants, mais de plus en plus réduits,  le plus souvent dirigés par des Blancs.

    Pouvait-il en être autrement  quand l’idéologie officielle repose sur ce refus du réel qu’est le mythe de la « nation arc-en-ciel » ? Ce « miroir aux alouettes » destiné à la niaiserie occidentale interdit en effet de voir que l’Afrique du Sud ne constitue pas une Nation mais une mosaïque de peuples rassemblés par le colonisateur britannique, peuples dont les références culturelles sont étrangères, et même souvent irréductibles, les unes aux autres.

    Le culte planétaire quasi religieux aujourd’hui rendu à Nelson Mandela, le dithyrambe outrancier chanté par des hommes politiques opportunistes et des journalistes incultes ou formatés ne changeront rien à cette réalité.

    Bernard Lugan (Blog officiel de Bernard Lugan, 6 décembre 2013)


    Notes :

    [1] La véritable biographie de Nelson Mandela sera faite dans le prochain numéro de l’Afrique Réelle qui sera envoyé aux abonnés au début du mois dejanvier 2014.

    [2] Voir mes entretiens exclusifs avec les généraux Viljoen et Groenewald  publiés dans le numéro de juillet 2013 de l’Afrique réelle  www.bernard-lugan.com

     

    [3] Institut  Stats SA .
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  • A droite et à gauche... (4)

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    "Je retrouvai la maîtrise de moi-même dans l'abstinence d'alcool et de tabac et une excellente forme physique dans la pratique de la culture physique et des sports de combat. La lecture du Bushido, ou code des samouraïs, me portait vers une exaltation du combat, un goût pour le stoïcisme guerrier, la mort les armes à la main. J'aurais aimé être parachuté au siège de Diên Biên Phu, qui faisait la une de France-soir, pour prêter main-forte. J'aimais chez Dürer Le Chevalier et la Mort, la charge des chevaliers teutoniques sur le lac gelé dans Alexandre Nevski, d'Eisenstein, exaltée par la musique de Prokofiev m'enthousiasmait. J'aurais aimé faire partie de ceux qui chargeaient, dans cette puissante course vers le choc. Je trouvais l'Allemagne attirante à cause des Réprouvés d'Ernst von Salomon et des corps-francs combattant aux marches de de Courlande... Je trouvais imposant le film vu à la Cinémathèque de Leni Riefenstahl sur Nuremberg (1934). [...] Je lisais Nietzsche en prenant des notes : « Il faut dominer les passions et non point les affaiblir ou les extirper. Plus grande est la maîtrise de la volonté, plus on peut accorder de liberté aux passions. »

    « Il faut avoir gardé en soi un peu de chaos, pour enfanter une étoile dansante. » "

    Gérard Chaliand, La pointe du couteau (Robert Laffont, 2011)

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    " Les cris d'une centaine d'oiseaux blancs sur une lagune, au loin, me paraissaient préférables à la voix de mes compatriotes – des touristes culturels, pourtant, de ces professeurs à la retraite qui, visitant consciencieusement le monde, ne font qu'arpenter les décombres de la culture : ils semblent partout chez eux et consomment du culturel comme on fait une cure thermale ou ce que les théologiens de l'hygiénisme nomment, en France, un « parcours de santé ». Le monde entier ne sera d'ailleurs bientôt plus, gageons-le, qu'un parcours de santé politique et moral, un cauchemar totalitaire, une dégénérescence de l'idée de Bien. "

    Richard Millet, Eesti – Notes sur l'Estonie (Gallimard, 2011)

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    Alain Finkielkraut, dans un numéro de l'Express consacré aux Français juifs (10 octobre 2012) :

    « Nous avons pu jouer un rôle dans le désamour de la France vis-à-vis d'elle-même en contribuant à répandre une vision unilatérale et pénitentielle du devoir de mémoire ».

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    Du même :

    « Aussi inconséquents que tranchants, [les bobos] se prémunissent de cela même qu'ils font profession de vouloir. Ils prônent l'abolition des frontières tout en érigeant soigneusement les leurs. Ils célèbrent la mixité et ils fuient la promiscuité. Ils font l'éloge du métissage mais cela ne les engage à rien sinon à se mettre en quatre pour obtenir la régularisation de leur « nounou » ou de leur femme de ménage. L'Autre, l'Autre, ils répètent sans cesse ce maître mot, mais c'est dans le confort de l'entre-soi qu'ils cultivent l'exotisme. Sont-ils cyniques ? Sont-ils duplices ? Non, ils sont leurs propres dupes. Ils croient ce qu'ils disent. Seulement, ce qu'ils disent les mystifie et les égare en magnifiant ou en camouflant les dispositifs prosaïques du monde réel. A l'expérience qu'ils vivent, ils substituent un récit édifiant et ils sont les premiers à être abusés par ce tour de passe-passe. Mobiles, flexibles, fluides, rapides, ils choisissent pour figure tutélaire Mercure, le dieu aux semelles de vent, alors même que les immeubles où ils habitent sont protégés comme des coffres-forts par une succession de digicodes et d'interphones. La bigarrure dont ils s'enchantent, l'ouverture dont ils s'enorgueillissent sont essentiellement touristiques. Ils rendent grâce à la technique d'avoir aboli les distances et, avec celle-ci, l'opposition du proche et du lointain : tout ce qui avait le cachet mystérieux de l'ailleurs est disponible ici, toutes les musiques, toutes les cuisines, toutes les saveurs, tous les produits et tous les prénoms de la terre sont en magasin. Le temps des blinis et de la mozzarella est aussi celui où nul n'a plus besoin d'être russe ou italien pour appeler son enfant Dimitri ou Matteo : il suffit de se servir. Au moment précis où le monde commun éclate et s'ethnicise, la consommation se mondialise et les bobos font au nom de celle-ci la leçon à celui-là. Ils aiment à regarder leur déambulation gourmande dans les allées du grand bazar comme une victoire du nomadisme sur les préjugés chauvins. Ils impriment ainsi le sceau de l'idéal à la société de la marchandise. »

    Alain Finkielkraut, L'identité malheureuse (Stock, 2013)

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    Une scène de rue célinienne, tirée d'un roman de Jean Cau, Les paroissiens, écrit en 1958 alors que ce dernier était encore secrétaire de Jean-Paul Sartre :

    "  Si vous voulez y comprendre, je vous enseigne le truc, moi. D'un côté les Amerlos, de l'autre les Russes. Même farine. Les uns et les autres ne pensent qu'à une chose : nous posséder. Et si çchange pas, vous verrez, nous finirons par être cuits.

    - Si ça change pas quoi ?

    -Tout. Les ministres, le gouvernement, les responsables ? Trop de partis, trop de politique !

    - Parfaitement, dit le voyeur, de plus en plus excité. Du balai ! Tous à la porte !

    - D'abord, il y a trop d'étrangers, dit un type sans visage, blanc avec des yeux d'eau. Des bicots, des nègres, des Polonais, des Italiens, des Espagnols, la France est devenue une poubelle... des Chinois, des juifs. De ceux-là, on en voit plus qu'avant la guerre. Ils ont sans doute fait des petits dans le maquis.

    Il parle haut, le type. Il n'a pas peur. S'il y en a autour de moi qui se sentent morveux, qu'ils se mouchent ! Voilà ce qu'il a l'air de dire.

    - Vous ne croyez pas qu'ils ont faut des petits ?

    Le voyeur et un type de quarante-cinq ans aux oreilles poilues ont un rire sec , un peu gêné. Sûr, ils sont d'accord, mais dire des choses pareilles, ils n'oseraient pas. Ça leur fait plaisir de les entendre, c'est tout.

    - J'ai été à Dachau, Monsieur, et je n'y ai pas fait des petits. Je vous montrerai mon pyjama rayé si vous tenez à le voir.

    - Mets-le dans la naphtaline, il resservira.

    Le juif a ouvert de grands yeux, si grands qu'ils en étaient mouillés.

    - Salaud, espèce de salaud, de sale fasciste !

    L'homme l'a secoué, lui a fourré sous le nez une carte qui disait – le juif a lu – sous-officier, 1ère Armée et d'autres machins comme ça...

    - Tu vois, a dit le type. Eh bien, si je te blaire pas, c'est mon droit. Tu as peut-être été à Dachau, par force, parce qu'on en voulait à ta peau, à ton fric, parce qu'on t'a coincé, un jour...Alors, tu n'as pas à en être fier. Moi, tu vois, là (il frappe sur le carton avec son index), j'y suis allé volontaire! On ne me demandait rien. J'aurais pu rester chez moi, tranquille, au chaud et acheter du pain blanc et du sucre à tes copains qui se débrouillaient pour en vendre même en 43. J'y suis allé et j'ai risqué ma peau, tu comprends ? Et quand je suis revenu, vous en étiez sorti de Dachau, vous repreniez des kilos à toute allure, et vous recommenciez à foutre la pagaïe...

    Le juif s'éloigne, très vite, disparaît au coin de la rue. Personne ne dit plus rien. L'ex-sous-officier toussote et déclare :

    - Des fois, y'en a marre ! "

    Jean Cau, Les paroissiens (Gallimard, 1958)

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    " Nous avons vécu une société de la liberté, et nos libertés sont labourées par des exploitants industriels qui mesurent le profit à en tirer. L'histoire dira quelle part ont prise les intérêts des industriels de la vie et de la reproduction au combat pour le droit au « mariage pour tous », qui cache le transfert de la reproduction humaine vers l'industrie, la machine et le procédé. L'histoire dira quelle part ont prise les intérêts des industriels de l'appareillage du corps humain à la fabrique de sportifs handicapé et de performances des prothèses, voire au montage des jeux Olympiques pour handicapés, les jeux Paralympiques, salon payant des dernières techniques de remplacement du corps. Il est entendu que l'industrie permet de fabriquer des corps qui vont plus vite, sautent plus loin et qui déploient une force supérieure, une fois que leurs membres sont remplacés par leurs équivalents de synthèse, en titane ou en fibre de carbone. Et il est entendu que les mécanismes de la nature, la gratuité des écosystèmes le hasard de la reproduction humaine ou animale, les déterminations de l'origine, du sexe ou de l'âge seront heureusement remplacées par les prestations de l'industrie de la vie et des services du corps – que la disparition de la gratuité est le moyen le plus prometteur et le plus radical de la croissance. Peu avant la faillite de Lehmann Brothers, les humanistes de Goldman Sachs avaient annoncé que désormais, soucieuse du bonheur de ses employés, la banque remboursait les opérations de changement de sexe ! Voilà qui devrait pour le moins nous rendre défiants sur la liberté de sortie de la nature qui nous est offerte. "

    Hervé Juvin, La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013)

     

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    " Une écologie humaine est l'inverse de l'utopie de l'unité du genre humain. Elle repose sur la prise en compte des forces de séparation, des logiques de distinction et des passions discriminantes qui font l'honneur et la vie des sociétés humaines. Une nation qui ne décide pas des conditions d'accès à la nationalité et de résidence sur son sol n'est pas une nation libre. Il est permis de critiquer certaines, de juger que certaines sont meilleures que d'autres, que nous avons choisi des règles et que nous en refusons d'autres. Il ne l'est pas de dénier à une nation ce pouvoir. Une nation qui se voit dicter de l'extérieur les conditions d'accès à la nationalité, de résidence sur son sol, n'est plus une nation libre. C'est une nation ouverte à l'invasion. C'est une nation dont la langue, les lois, les mœurs ne sont plus siennes, mais celles que des mouvements de population, qu'elle constatera sans les avoir choisis, qu'elle subira sans les avoir voulus, vont décider à sa place. Il ne s'agit pas d'enfermer les uns et les autres dans un essentialisme borné, qui attribue des caractères définitifs à la religion, l'origine, la race ou la nationalité. Il n'est pas question non plus d'enfermer chacun dans son ethnie, dans sa foi ou dans ses origines et dans un déterminisme absolu. Mais il n'est pas davantage question de les identifier tous à un modèle unique, de les réduire au même, à la conformité et à la règle de l'unique. Elle se poursuit par l'expression politique de la primauté, de la diversité culturelle et identitaire sur l'unité opérationnelle des techniques et des règles. Une loi bonne au Texas n'a aucune chance de s'appliquer heureusement en Grèce. Une règle, un mode de "gouvernance" satisfaisants à Munich n'ont aucune chance d'être à Luanda ou Lusaka autre chose qu'un faux-semblant, ou un mensonge – et d'entraîner la société toute entière dans le mensonge institutionnel de la conformité des apparences. Notre tâche historique est considérable ; nous devons faire renaître la diversité collective ! Redécouvrir que l'histoire, l'origine, la race, la langue, la foi, la culture ont un sens – et que ce sens n'est pas celui des hiérarchies, des stades de développement et des barreaux successifs sur l'échelle du progrès. Ce qui allait de soi, de l'histoire, des dieux ou des fondations mythiques des pères passés, nous allons devoir l'inventer. "

    Hervé Juvin, La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013)

     

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    " L'adhésion à l'immigration et au multiculturalisme dépend avant tout de la capacité que l'on a d'ériger des frontières avec l'Autre à travers ses choix résidentiels ou scolaires. Quand on n'a pas les moyens de contourner les cartes scolaires ou de choisir l'endroit où l'on habite, on demande à un État fort de le faire pour nous. En clair, on ne perçoit pas l'immigration de la même manière selon que l'on gagne 10 000 euros ou 1000 euros par mois! [...] 

    Quand on me demande de parler de l'immigration, je raconte toujours l'histoire d'un village qui accueille une famille d'étrangers. Ça commence bien, puis arrivent les cousins, le reste de la famille, les choses se gâtent... Et à la fin, j'explique que le village dont je parle se situe en Kabylie et qu'il s'agit de l'immigration chinoise. Posez la question de l'immigration dans n'importe quel pays du monde, vous obtiendrez la même réponse: « Je ne veux pas devenir minoritaire.» Ce rapport à l'Autre est universel. Et c'est un enjeu d'autant plus crucial que nous vivons dans une société ouverte et mondialisée. Jusqu'aux années 1970, dans la France assimilationniste, la question ne se posait pas puisque l'« autre» devenait «soi ». Mais quand on est sûr que l'« autre » ne va pas devenir « soi », on veut savoir combien d'« autres » il y aura. C'est important de savoir si, dans son immeuble, on va vivre avec une ou douze familles tchétchènes ..."

     

    Christophe Guilluy (Causeur, novembre 2013)

     

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