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  • Le retour de la guerre juste...

    Les éditions Vrin viennent de publier un essai de Céline Jouin, intitulé Le retour de la guerre juste - Droit international, épistémologie et idéologie chez Carl Schmitt. Céline est maître de conférence en philosophie à la faculté de Caen et a collaboré à l'ouvrage collectif intitulé Carl Schmitt : Nomos, droit et conflit dans les relations internationales (Presses universitaires de Rennes, 2013).

     

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    " Dans ses écrits de droit international, Carl Schmitt voit émerger une tendance économique et militaire qui conduit à relativiser les souverainetés nationales, tendance que relaie un droit international qui traduit les rapports de force et les équilibres diplomatiques en termes de moralisation du droit. Selon le juriste allemand, un concept discriminatoire de guerre s'est imposé au XXe siècle., fondé sur la distinction des ennemis en agresseurs et agressés au moyen de critères formels discutables. L'ancien concept de la "guerre juste" serait ainsi revenu dans une forme sécularisée et positivée, permettant de désigner un "ennemi absolu" (le non-démocrate, l'Etat-voyou. le terrorisme international, etc) avec lequel il est exclu de négocier. Ce livre ne se contente pas de présenter une synthèse des analyses du juriste en matière de droit international. Tout en soulignant l'idéologie présente dans la pensée schmittienne. il en propose une reconstruction à partir de son épistémologie et de sa "théorie de la vérité". La question de son rapport avec le marxisme y occupe une place stratégique. Il y est montré que Schmitt, représentant du fascisme européen qui s'est compromis avec le nazisme, n'a pas craint de s'approprier les théories marxistes de l'impérialisme pour les incorporer à sa théorie. "

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  • Des bonnets rouges partout !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la crise politique et sociale qui parait s'installer durablement dans notre pays...

     

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    Un seul mot d’ordre : des « bonnets rouges » partout !

    Crise de régime, crise de société ou révolution : selon vous, sommes-nous en 1958, 1968 ou 1788 ?

    J’aimerais être en 1788, et que se produise à nouveau une révolution. J’aimerais être en 1958, et qu’apparaisse un nouveau de Gaulle. J’aimerais être en 1968, et qu’il y ait à nouveau une grève générale. Mais nous sommes en 2013, et l’histoire ne repasse pas les plats. La crise actuelle a déjà provoqué une multitude de dégâts sociaux, mais elle n’a pas encore engendré la mutation culturelle qu’elle requiert. Les gens ne sont visiblement pas prêts à changer leur mode de vie. Ils attendent toujours le « retour à la croissance » en s’imaginant qu’une croissance matérielle infinie est possible dans un espace fini. Ils descendent dans la rue, mais en été ils partent en vacances et le soir ils regardent la télévision. Il n’en ira pas de même lorsque les rayons des supermarchés seront vides, qu’il n’y aura plus d’essence à la pompe et que l’État cessera de payer les retraites et les salaires des fonctionnaires. Mais on n’en est pas encore là.

    Le climat actuel est certes un climat délétère comme on en a rarement vu. La droite s’est discrédité politiquement, la gauche est en train de se discréditer socialement. Pessimisme, exaspération, défiance, colère, accablement, sont les mots qui reviennent partout. Mais comme l’a dit Dominique Jamet, « dix mille révoltes ne font pas une révolution ». La marmite sociale bouillonne mais ne déborde pas. L’explosion politique et sociale était un trait de la modernité. La postmodernité est plutôt l’époque de l’implosion. Il manque le grain de sable qui bloque la machine. Il manque l’étincelle qui met le feu à la plaine, comme disait le bon président Mao.

    Il reste à ceux qui n’en peuvent plus à comprendre que la situation actuelle ne s’explique pas seulement par la nullité de François Hollande, l’incompétence des « socialistes » (sic) ou le laxisme de Taubira, mais que nous sommes en présence d’une crise structurelle d’un « turbocapitalisme » financier déconnecté de l’économie réelle, d’une dictature des marchés financiers et des agences de notation, de l’enfermement volontaire des États-nations dans le système usuraire d’une dette qui ne pourra jamais être payée (aussi longtemps que la France devra trouver chaque année 50 milliards d’euros pour payer les seuls intérêts de sa dette, il est vain d’espérer quoi que ce soit). C’est une crise qui pose la question du politique face à l’économique, la question de l’état d’exception face à une « gouvernance » qui n’est que l’autre nom de la gestion du système en place. Face à cette crise, les dirigeants d’hier ne valaient pas mieux que ceux d’aujourd’hui, et ceux d’aujourd’hui ne sont sans doute pas pires que ceux de demain. C’est pourquoi on ne voit pas actuellement d’alternative, mais seulement des alternances possibles. L’alternance et l’alternative, ce n’est pas du tout la même chose.

    Pour l’heure, le plus significatif est que tous les mouvements de protestation ou de révolte d’une certaine ampleur auxquels nous assistons naissent en marge ou à l’écart des partis et des syndicats, lesquels ne sont de toute évidence plus capables d’incarner ou de relayer les aspirations du peuple. Tout aussi remarquable est que ces mouvements, nés d’une protestation ponctuelle (contre le mariage gay, contre le projet d’écotaxe), débordent très vite vers une protestation plus générale. En ce sens, les bonnets phrygiens de « la Manif pour tous » répondaient par avance aux « bonnets rouges » – ces bonnets dont la Convention avait décrété, le 18 septembre 1793, qu’ils étaient l’« emblème du civisme et de la liberté ».

    Alors, dans l’immédiat, un seul mot d’ordre : des « bonnets rouges » partout !

    Alain de Benoist (Boulevard Voltaire, 23 novembre 2013)

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  • Approches de la géopolitique...

    Les éditions Economica viennent de publier Approches de la géopolitique, de l'Antiquité au XXIème siècle, un ouvrage collectif dirigé par Hervé Coutau-Bégarie et Martin Motte. Spécialiste de la stratégie, Hervé Coutau-Bégarie, décédé en 2012, laisse derrière lui une œuvre monumentale ; quant à Martin Motte, maître de conférence en histoire à la Sorbonne et professeur de stratégie à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, il a dirigé plusieurs ouvrages collectifs, comme De la guerre ? Clausewitz et la pensée stratégique contemporaine (Economica, 2008) et Entre la vieille Europe et la seule France : Charles Maurras, la politique extérieure et la défense nationale (Economica, 2009).

     

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    " Sur l’océan des savoirs contemporains, la géopolitique est un continent fréquemment invoqué, mais bien peu exploré. Trop souvent la réduit-on à quelques auteurs, Ratzel, Mahan, Kjellén, Mackinder, Haushofer et Spykman, dont on ne retient qu’une formule absconse, Sea Power, Heartland, Rimland etc. On oublie au passage quantité de précurseurs, compagnons de route et successeurs plus ou moins avoués : Hérodote, Thucydide, Aristote, Strabon, Vauban, Montesquieu, Mably, les saint-simoniens, List, Durando, Orsini d’Agostino, les penseurs eurasistes, Renner, Brunhes, Vallaux, Gottmann, Lohausen, Gallois ou Brzezinski…

    Le présent ouvrage ne se contente pas d’exposer les idées des uns et des autres, il les situe dans leur contexte et en évalue la pertinence. Il précise ainsi les contours d’une discipline aussi fascinante qu’incertaine. Mêlant aperçus géniaux et pur charlatanisme, nationalismes exacerbés et espoirs de coexistence pacifique, emprunts à la science contemporaine et réminiscences magiques ou alchimiques via le romantisme, tentations technicistes et nostalgies écologistes, la géopolitique apparaît à la fois comme l’aboutissement d’une intuition plurimillénaire et comme un phénomène culturel emblématique de la modernité. "

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  • Europe : 1914-2014...

    Jean-Michel Quatrepoint reçoit Jean-Pierre Chevènement sur Xerfi Canal à l'occasion de la sortie de son livre 1914-2014, l'Europe sortie de l'histoire ? (Fayard, 2013). Ce dernier préconise une grande Europe des nations, de la Méditerranée à la Russie...

     

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  • Un zeste de méchanceté...

    Les éditions Max Milo viennent de publier un Dictionnaire de la méchanceté. Regroupant les contribution d'environ quatre-vingt auteurs, l'ouvrage est coordonné par deux universitaires, professeurs d'histoire, Christophe Regina et Lucien Faggion...

     

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    " Qu’est-ce que la méchanceté ? La philosophie, la sociologie, l’ont conceptualisée et l’ont déclinée sous ses multiples formes. La littérature, l’histoire, le cinéma, l’art dans toutes ses disciplines regorgent de personnages cruels et cyniques, à la fois fascinants et terrorisants. Mais personne jusque-là n’en a offert un panorama.

    Le Dictionnaire de la méchanceté propose au lecteur, à travers 169 notices rédigées par 80 spécialistes des sciences humaines et sociales, une variété de portraits historiques (Catherine de Médicis, César Borgia, Marie Tudor…), fictifs (la Marquise de Merteuil, Tatie Danielle, Voldemort…) ou mythologiques (Médée, Circé, Mélusine…), ainsi qu’une redéfinition des concepts liés à la méchanceté (tyrannie, perversité, cruauté…).

    Travail passionnant et accessible à tous, où l’iconographie classique rencontre le cinémascope et le dessin contemporain, Le Dictionnaire de la Méchanceté nous invite à une introspection globale, à une immersion dans les affres de la noirceur des âmes. "

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  • Le peuple est dans la rue...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de la philosophe Chantal Delsol, cueilli sur le site du quotidien Le Monde et consacré à la révolte du peuple français...

     

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    Le peuple perdu par la gauche est dans la rue

    Analyser le pourquoi des troubles actuels demanderait un ouvrage entier, tant les causes sont multiples et les acteurs divers. Appauvrissement économique, affaiblissement de l’Etat-nation qui a toujours occupé toute la place, doutes désespérés sur un modèle considéré comme parfait… Ce qui étonne le plus les analystes, c’est la nature de ces agitateurs. Ce sont des soulèvements populaires, mais ils n’appartiennent pas spécialement à la gauche : on s’y perd.

    Depuis quelque temps, comme on sait, la gauche a perdu le peuple. Le Front national recrute davantage que la gauche dans les classes populaires. La gauche a donc mis au point une stratégie gagnante pour répondre à ce problème crucial qui risque de lui coûter le pouvoir. Elle a réussi à ostraciser symboliquement une partie de la droite : à interdire littéralement tout ce qui vient du Front national. La droite en avait fait autant dans les années 1960 et 1970, en repoussant le Parti communiste dans les ténèbres afin de geler une partie de l’électorat de gauche.

    Le résultat de cette politique de l’escamotage est qu’elle engendre des aigreurs et des révoltes en progression constante. Une partie non négligeable de l’électorat a l’impression d’être laissé au bord de la route, dédaigné, détesté. Il constate que le pouvoir refuse de regarder en face les problèmes réels qu’il rencontre, et même traite de criminels ceux qui osent aborder ces problèmes. Un sentiment d’injustice croît alors, bientôt doublé d’une envie d’en découdre.

    LE PASSAGE DU POPULAIRE AU POPULISME

    Le peuple se rend bien compte qu’ayant cessé d’être la classe glorieuse par laquelle se font les révolutions, il est devenu une classe vulgaire, sauvage et finalement obscène. Il se rend bien compte que le passage du populaire au populisme indique la dégringolade en termes de respect et de considération. Désormais, tout lui est compté à charge.

    L’atmosphère de jacquerie que nous ressentons aujourd’hui tient sans doute à l’immense déception d’un peuple de gauche auquel encore une fois on a promis de raser gratis, et qui se voit livré à une crise sans fin et toujours plus profonde, tandis que les gens du pouvoir répètent leurs incantations rituelles sans paraître se douter de la réalité des provinces – situation somme toute révolutionnaire.

    Mais l’atmosphère de jacquerie tient aussi beaucoup à l’exaspération du peuple de droite, désormais nombreux et persuadé de n’être jamais écouté, pire encore, d’être considéré comme criminel (lepéniste) avant même d’avoir parlé. Quand on fait taire un peuple par l’invective permanente, il arrive un moment où il prendra d’autres moyens pour se faire entendre, comme mettre le feu à des bornages ou répandre des excréments devant les préfectures. Naturellement, c’est une réaction fruste et peu sympathique. Mais il est difficile pour l’élite qui pense de se mettre à la place de gens accablés, dont les pouvoirs se moquent en se souciant seulement de les invectiver parce qu’ils représentent la France moisie.

    UN GOUVERNANT INEFFICACE EN PÉRIODE FASTE

    Qu’il soit de gauche ou de droite, l’électeur de base a le sentiment (certainement discutable, mais réel) qu’il a en face de lui un président mollasson, bourré de diplômes et incapable de prendre une vraie décision, dénué de toute conviction, et fort seulement de ses grands airs et de son ton inspiré, qui cachent le vide. D’où la révolte. On peut s’offrir un gouvernant inefficace en période faste, mais, en temps de crise, c’est trop dangereux. Non merci. D’où les « bonnets rouges ».

    Les historiens savent bien que les grandes révoltes, et a fortiori les révolutions, ne viennent que lorsqu’un groupe suffisamment nombreux n’a plus grand-chose à perdre. Et jusque-là on pouvait penser que le peuple de France, composé essentiellement de petits-bourgeois, avait trop à perdre pour se lancer dans des aventures. Mais cela est de moins en moins vrai, au sens où beaucoup de gens ont de moins en moins à perdre. Il faut ajouter la conviction croissante que ces opinions populaires, traitées de criminelles parce que réactionnaires, sont en réalité majoritaires dans le pays.

    Les grandes manifestations de 2013 ont largement propagé ce sentiment. Les chiffres annoncés par la police étaient si ridiculement bas face à la marée humaine déroulée devant les yeux que, chaque fois, le mouvement de contestation se voyait confisqué. S’en est suivi un désespoir tenace, un jusqu’au-boutisme, une volonté d’en découdre à la mesure de ce qui était considéré comme une immense trahison antidémocratique. Il suffit de voir ce que François Hollande a dit à propos des référendums populaires pour comprendre à quel point le pouvoir a peur du peuple, car non seulement le peuple n’est pas de gauche, mais il est bien plus à droite que ne le croient les cadres raisonnables et cravatés de l’UMP.

    Une digue est en train de sauter. Il serait plus intelligent de mettre de côté l’idéologie et de cesser d’injurier : à l’injure ne peut répondre que la violence.

    Chantal Delsol (Le Monde, 22 novembre 2013)

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