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  • Un lamentable atlantisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist à Nicolas Gauthier et publié sur Boulevard Voltaire. Alain de Benoist y évoque la crise syrienne et l'alignement de notre pays sur les positions américaines...

     

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    Sarkozy-Hollande : un lamentable atlantisme, fondé sur une solidarité de classe

    Que ce soit à propos de la Syrie ou d’autres pays « posant problème », il est fréquemment fait état de la « communauté internationale ». Combien de divisions cette « communauté » peut-elle aligner, hormis les États-Unis, Israël et l’Angleterre ?

    Les mots ne sont pas les choses, et la « communauté internationale » n’existe tout simplement pas. Comme le pluriel de majesté qu’emploient parfois les écrivains, c’est une pompeuse fiction. En général, ce sont les puissances occidentales qui emploient cette expression pour dissimuler leur ethnocentrisme et donner l’impression qu’elles représentent l’univers. Aujourd’hui, dans le cadre de l’affaire syrienne, elle ne désigne plus que l’alliance de la France et des États-Unis, façon pâté de cheval et d’alouette. C’est la communauté réduite aux laquais. Mais cette pompeuse fiction est également une notion nocive. Pour qu’existe vraiment une communauté internationale, il faudrait qu’existe aussi un gouvernement mondial. Comme la politique ne se conçoit que s’il y a au moins deux entités en présence, cela signifierait que le monde serait totalement dépolitisé. Ce serait un monde unipolaire – un univers et non pas un « plurivers », c’est-à-dire un monde multipolaire, riche de sa diversité.

    La Russie en première ligne et la Chine, un peu, tentent manifestement de faire entendre à nouveau leur voix dans le concert des nations. Pensez-vous qu’à long terme elles puissent persister ?

    Je le souhaite en tout cas. L’une et l’autre ont au moins le mérite de penser le monde à long terme, alors qu’un François Hollande ne doit même pas savoir ce que peut bien être le « Nomos de la Terre ». C’est pourquoi ces deux pays sont appelés à jouer un rôle de pôles de régulation dans la mondialisation. Aujourd’hui, la Chine et surtout la Russie ont compris le sens réel du projet d’agression de la Syrie, dont l’objectif est de généraliser le chaos au Proche-Orient, en attendant de s’attaquer au plus gros morceau : l’Iran. Elles ont compris aussi que la discussion sur la question de savoir qui a fait usage d’armes chimiques en Syrie n’est que poudre aux yeux, le seul fait important étant de savoir si l’on doit ou non respecter le droit international.

    Le droit international interdit la guerre d’agression, définie comme une guerre entreprise contre un pays souverain qui n’a ni attaqué ni menacé les puissances qui l’attaquent. L’idée qu’il y a des pays qu’il faudrait « punir » parce que l’on réprouve tel ou tel de leurs actes de politique intérieure est totalement étrangère au droit international. C’est à cette conception du droit que s’oppose frontalement le « droit d’ingérence », qui transforme la guerre en intervention « humanitaire » ou en « opération de police » internationale, opérant ainsi un retour au stade pré-westphalien de la « guerre juste » médiévale. Comme l’a dit Régis Debray dans sa superbe lettre ouverte à Hubert Védrine (« La France doit quitter l’OTAN », Le Monde diplomatique, mars 2013), le remplacement du militaire par l’humanitaire, c’est le droit des plus forts à s’ingérer dans les affaires des plus faibles. Une spécialité dont sont familiers les Américains, dont le désir constant est de s’instaurer en shérif planétaire en utilisant pour ce faire tous les moyens de terreur qu’ils font reproche aux autres de vouloir employer. Dans un tel contexte, c’est le courage et la fermeté de Vladimir Poutine qui méritent d’être salués.

    Et l’Europe, dans tout ça ? Les médias ne la confondent-ils pas, à dessein ou non, avec l’Occident ?

    « L’Occident » est un mot qui a constamment changé de sens au cours de l’histoire. Aujourd’hui, il désigne l’ensemble des pays développés, et plus spécialement le « partenariat » transatlantique. D’un point de vue géopolitique et géostratégique, c’est un pur non-sens. On l’utilise pour faire croire qu’il existe une convergence d’intérêts entre la puissance continentale européenne et la puissance maritime des États-Unis d’Amérique. C’est le contraire qui est vrai. Depuis l’époque des « Pères fondateurs », rien n’est plus étranger aux valeurs fondatrices de la culture européenne que les valeurs américaines. L’histoire du monde, disait Carl Schmitt, est avant tout l’histoire d’une lutte éternelle entre les puissances de la Mer et les puissances de la Terre. L’Europe est une puissance de la Terre. Elle n’appartient pas à l’« Occident », mais au grand ensemble continental eurasiatique. À une époque où la « guerre froide » a été remplacée par la « paix chaude », défendre l’Europe implique de s’opposer par tous les moyens à l’Occident, c’est-à-dire à l’américanisation et à la marchandisation du monde. Chaque jour qui passe le montre de façon plus évidente : l’avenir de l’Europe est à l’Est.

    Et la France, pour finir ? Grande est l’impression que sa voix est devenue inaudible. Ce ne fut pourtant pas toujours le cas, au Moyen-Orient principalement. Comment expliquer cette déshérence de notre politique internationale ?

    C’est dans le domaine de la politique étrangère que les hommes d’État se distinguent le mieux des politiciens. Une décision dans ce domaine exige une capacité d’analyse physiognomique des situations qui n’a rien à voir avec les petites manœuvres électorales et les bons mots. En arrimant son pédalo aux destroyers de l’US Navy, François Hollande ridiculise et humilie son pays en même temps qu’il démontre qu’il n’est pas un homme d’État. L’acte le plus infâme de la présidence Sarkoy, avec l’agression contre la Libye, qui a déstabilisé toute la région du Sahel, a été la honteuse réintégration de la France dans l’OTAN. L’acte le plus infâme de la présidence Hollande a été, jusqu’à présent, sa grotesque posture antisyrienne. La France, depuis le général de Gaulle, avait su donner l’exemple d’un pays soucieux de son indépendance. Elle se retrouve aujourd’hui le seul allié d’une Amérique affaiblie, qui n’a plus de stratégie et ne se détermine plus que sous l’influence des lobbies. Sarkozy-Hollande : un commun atlantisme, fondé sur une solidarité de classe. C’est lamentable.

    En apportant son appui aux salafistes wahhabites pour complaire à Obama, Hollande joue en outre avec le feu. Damas, comme en 1914 Sarajevo, peut parfaitement être le point de départ d’une guerre mondiale. La prétention des Américains à une frappe « limitée » fait de ce point de vue bon marché des capacités de riposte du pays attaqué, comme des possibilités d’escalade et d’extension du conflit. On sait quand commencent les guerres, plus rarement où elles finissent. Comme le dit un proverbe : « Ne pointe jamais une arme sur quelqu’un, sauf si c’est pour le tuer. » Nous sommes aujourd’hui à la veille d’un embrasement généralisé. Les médias, eux, préfèrent parler de la rentrée scolaire, de la prochaine Coupe du monde et des faits divers marseillais. Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre.

    Alain de Benoist , propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 13 septembre 2013)

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  • Tour d'horizon... (52)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Marianne, Jack Dion souligne le succès diplomatique majeur du président russe Vladimir Poutine...

    Poutine, l'homme qui les rend tous fous

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    - sur Boulevard Voltaire, Xavier Raufer revient sur la polémique entre Emmanuel Valls et Le Figaro à propos des chiffres de la délinquance...

     Crimes : les chiffres qu'on vous cache !

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  • Vers l'autodéfense civique ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 13 septembre 2013 et consacrée à la révolte de ces citoyens qui décident de se défendre eux-mêmes face à la montée de la criminalité...

     


    L'autodéfense en question après le drame de Nice par rtl-fr

     

     

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  • Aymeric Chauprade et la chronique du choc des civilisations...

    Nous vous signalons la parution aux éditions Chronique de la troisième édition, revue et actualisée, de l'ouvrage d'Aymeric Chauprade, Chronique du choc des civilisations. Professeur de géopolitique et auteur d'un traité qui fait autorité sur le sujet, Géopolitique - Constantes et changement dans l'histoire (Ellipse, 2013 pour la dernière édition), Aymeric Chauprade a été évincé de son poste de professeur à l'Ecole de guerre en raison de sa liberté d'esprit. Il anime désormais le site Realpolitik.tv.

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    " L’atlas de géopolitique de référence de la dissidence – Une édition refondue avec de nouveaux chapitres : la guerre en Syrie, la révolution égyptienne, les véritables enjeux pétroliers et gaziers derrière la crise grecque, la nouvelle Libye islamiste, la montée des conflits en Asie… "

     


    Chronique du choc des civilisations 3ème... par realpolitiktv

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  • Syrie : vendre la guerre...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec François-Bernard Huyghe, cueilli sur le site de TV5 Monde et consacré à l'analyse de la propagande mise en œuvre pour convaincre l'opinion publique de la légitimité d'opérations de guerre contre la Syrie. François-Bernard Huyghe est l'auteur de nombreux essais consacrés à l'infostratégie comme L 'Ennemi à l'ère numérique, Chaos, Information, Domination (PUF, 2001) ou  Maîtres du faire croire. De la propagande à l'influence (Vuibert, 2008). Il a dernièrement publié avec Alain Bauer Les terroristes disent toujours ce qu'ils vont faire (PUF, 2010).

     

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    Syrie : de l'art de vendre la guerre à une opinion récalcitrante

    Pédagogie, explications, information de la part des dirigeants politiques occidentaux pour la promotion de l'utilisation de la force, mais propagande lorsque Bachar al-Assad s'exprime : la propagande n'existe donc pas en France et aux Etats-Unis et seulement ailleurs, comme en Syrie ?

    Il est bien connu que nos idées sont des idées vraies, et que les idées des autres sont des idées mensongères et dangereuses ! L'usage du mot propagande fait lui-même partie de la propagande. Et il est entendu, que nous, les occidentaux, nous faisons de la communication, de la pédagogie, parce que, vous savez, le peuple n'est pas très malin, il faut un petit peu l'éclairer, tandis que les autres (qui ne sont pas nos alliés, ndlr) sont par essence mauvais, ils n'obéissent pas comme nous à un désir de justice et ils ont des intérêts immondes. Donc, leur parole est par nature mensongère. Le jeu pour qualifier l'autre de propagandiste est le jeu le plus classique de ce que l'on peut appeler "la vente de la guerre", une sorte de mise en forme de la guerre. La preuve de ce que je dis remonte à 1918, avec un Lord anglais, Lord Ponsonby qui a dénoncé les mensonges de guerre de son propre pays, l'Angleterre, lors de la première guerre mondiale. Il a donné un certain nombre de règles, de points (voir encadré, les méthodes de propagande en cas de conflit). Il y a par exemple, "nos adversaires utilisent des armes illicites, nous pas", et aussi "nos adversaires mentent et font de la propagande, nous pas", et surtout, "ceux qui croient ce que disent nos adversaires sont soit des imbéciles, soit victimes de la propagande".
     
    Mais, c'est aussi ce que font les dirigeants des pays comme la Syrie ou l'Iran ?

    Bien entendu, on  peut lire les échos de ces pays par leurs agences, en anglais et en français : les arguments sont retournés, ce sont les occidentaux qui sont par nature des impérialistes. Par exemple, Bachar el-Assad a expliqué que les Français étaient les "toutous du Qatar". C'est un élément intéressant dans la propagande effectuée de l'autre côté : il donne une grille où ce sont les sunnites qui égarent les pauvres occidentaux pas très malins comme les Français, enfin leur président, en tout cas. Ce qui amène les Américains à faire des choses contradictoires avec leurs propres intérêts, puisque comme nous dit souvent Bachar, "vous êtes en train d'aider Al-Qaïda et les gens qui ont fait le 11 septembre."
     
    Assiste-t-on à une sorte de "vente de la guerre", présentée comme un produit auquel il faut adhérer, une guerre parée de vertus ? Il faudrait croire à une sorte de guerre nécessaire, qui ne s'en prend pas aux populations, mais seulement aux symboles du régime syrien  ? Difficile à croire, non ?

    Les arguments de vente sont importants : le produit est sans danger puisque grâce aux frappes chirurgicales vous ne toucherez que des méchants et vous ne serez responsable d'aucune victime civile innocente. Notez que les victimes civiles sont toujours innocentes. Vous ne prendrez aucune risque puisque des missiles très très perfectionnés vont faire le travail à distance. On insiste quand même sur le côté "aucun soldat ne sera perdu", et puis qu'Obama est beaucoup plus malin que Bush : il n'envoie pas des soldats sur un sol étranger. Enfin, il y a l'argument éthique qui est très important, puisqu'on nous dit que si nous ne faisons rien, nous serions des salauds, au sens "sartrien" du terme, c'est-à-dire indifférents à la souffrance des autres. Cette guerre, si elle se déclarait, a pour but de faire une punition morale, elle n'a donc en aucune façon l'objectif d'acquérir un territoire ou un avantage. Elle est désintéressée. C'est une guerre policière, nous sommes chargés par la communauté internationales, même si l'ONU vote contre nous, d'être les chevaliers de l'universel. On retrouve les trois éléments de la rhétorique d'Aristote : Ethos, pathos, logos. Ethos, avec l'obligation morale de faire cette guerre, pathos, avec le "regardez comme c'est horrible", et logos avec le "oui, c'est logique de la faire, en plus on va la gagner".
     
    L'adhésion de l'opinion est nécessaire pour les dirigeants, mais l'opinion se cabre : peut-on penser que les citoyens occidentaux, après les révélations des mensonges sur la guerre d'Irak de 2003, puis les fuites de Wikileaks, celles d'Edward Snowden, ne croient plus vraiment dans la parole de leurs dirigeants ?

    Il y a plusieurs couches dans la réponse : un premier fait est évident, c'est qu'après s'être fait balader avec le canon de Saddam qui allait tirer des gros obus à gaz sur Jérusalem, les faux cadavres de Timisoara, le génocide du Kosovo où on allait retrouver des charniers partout, les armes de destruction massive de Saddam qui allait avoir la bombe atomique dans les trois semaines, le public est devenu très sceptique, il n'est pas idiot. Cela va de pair avec un scepticisme plus général : il y a de moins en moins de confiance dans la classe politique mais aussi envers les média. Dans le cas d'Obama, s'être fait élire en disant "je mettrai fin à la guerre d'Irak", ce qui est un mensonge puisque les accords de départ des soldats d'Irak ont été signés par les Républicains, avoir le prix Nobel de la paix en envoyant le même mois 30 000 soldats en Afghanistan, etc, c'est un peu difficile à avaler. Obama était dans l'image du bon démocrate pacifique opposé au crétin-sanglant Bush, et ce type merveilleux qui incarnait Martin Luther-King en joueur de golf, ce type merveilleux, ne libère pas les gens de Guantanamo, surveille la presse, laisse s'organiser une chasse aux sorcières de ses opposants par les services fiscaux. L'archange Obama est en train de défendre Prism, XKeyscore (les programmes de surveillance numérique planétaire de la NSA, ndlr). Sur la preuve de la responsabilité du régime syrien dans l'attaque chimique du 21 août, ce sont des écoutes qui sont censées être des preuves. Mais les écoutes n'ont pas été divulguée par le gouvernement américain, il y a seulement des retranscriptions où l'on entend un haut responsables du régime syrien poser des questions et qui dit : "mais qu'est-ce que c'est que ça, il y a eu une attaque chimique, est-ce que c'est nous qui avons fait cette chose là ?" Mais on n'a pas la réponse.
     
    Que peuvent faire ceux, qui souhaitent l'intervention militaire ? Parler de Munich, comme Kerry, effectuer un parallèle entre Assad et Hitler ?

    Chez nous, on est dans une rhétorique où Bachar est "le Hitler de l'année", le méchant qui tue son propre peuple. L'hitlérisation est un grand classique de la propagande. C'est ce qui est appelé le "point Godwin", une théorie qui établit que dès qu'une discussion devient un peu polémique et un peu stupide, l'un des participants va comparer l'autre à Hitler. Hitler est devenu un peu le pilier symbolique de notre civilisation, le "référent horrifiant", comme j'ai l'habitude de dire : ça paralyse totalement le raisonnement. Une des armes de la propagande dans ces domaines là, est de prêter des sentiments horribles ou des desseins horribles à l'autre. Vient ensuite l'argument, qui est déjà utilisé aux Etats-Unis, sur le fait que l'on ne fait que se défendre : si on laisse faire Bachar el-Assad cette fois-ci, tous les dictateurs feront pareil, et c'est donc très dangereux pour la sécurité des Etats-Unis.
     
    On en vient à penser que la propagande est générale, et qu'il ne faut plus croire personne : comment savoir ce qui est de l'ordre de l'information et ce qui est de l'ordre de la propagande ?

    Ca c'est un travail qui est dur : Churchill disait "la première victime de la guerre, c'est la vérité". On peut dire que la propagande est extrême, donc tout doit être fait pour faire disparaître l'intelligence et la nuance. Mais je ne suis pas totalement pessimiste : il y a pas mal de mensonges de guerre, de bidouillages, qui ont été découverts, documentés après coup. Les lanceurs d'alerte américains révèlent pas mal de choses sur les malversations de leur pays. Des militaires américains ont dénoncé en Irak le fait que des néo-conservateurs étaient présents en grand nombre et faisaient remonter en permanence des informations redondantes qui allaient dans leur sens mais pas les autres. C'est une technique de propagande, là aussi, de manipulation de l'opinion : vous faites travailler des tas de gens des services de renseignement sur le terrain, etc, et ces gens gens là sont le plus souvent fort honnêtes. Mais il y a un moment où il faut que vous synthétisiez l'information, et si vous ne retenez que les éléments à charge, oubliez les autres, citez cinq fois ce qui va dans un sens et que vous évoquez à peine ce qui va dans un autre, vous obtenez des choses particulières. On peut penser à ce document de Matignon, présenté il y a quelques jours, comme preuve de la responsabilité du régime syrien dans l'attaque chimique et qui a été écrit par un énarque. Il n'y a aucune preuves dans ce document, mais un faisceau de présomptions, des convictions.
     
    L'opinion pourrait-elle se retourner, en fin de compte, en faveur de l'intervention, une fois la "vente" de cette guerre effectuée : au cas où la proposition russe de destruction des armes chimiques ne fonctionnait pas ? Il est souvent discuté du façonnage de l'opinion, de la fabrique du consentement…

    Très souvent, quelques jours avant une guerre, il est normal que les gens ne veuillent pas faire la guerre et sont plus portés pour qu'on cherche une solution politique. Ensuite, il y a le réflexe de légitimité une fois le premier coup de canon donné. Puis, la légitimité est concentré le plus souvent par des révélations d'horreur qui sont découvertes. Là, en général, la "côte", si j'ose dire, de la guerre, remonte, surtout chez les plus de 50 ans, parce ce que sont des générations qui sont plus touchées par le sujet. Dans le cas de la Syrie, si il y avait intervention, il n'est pas certain que la légitimité "du premier coup de canon" fonctionne. Les images d'exécutions de soldats par des rebelles, celles du rebelle cannibale, sont un repoussoir. Plus le fait de ne pas vouloir faire la guerre avec Al-Quaïda, qui est un message qui prend bien aux Etats-Unis, comme celui, en France, d'être au service de l'Arabie saoudite et du Qatar, donc d'aider à massacrer des chrétiens. Ca n'aide pas. Surtout pour la France : quand on veut être les chevaliers universels mais sans preuves, sans l'ONU, sans l'Europe, et considérer des pays munichois pourris et immondes comme la Russie, la Chine, l'Inde, le Brésil, l'Allemagne et le Vatican, puisque le Pape est contre, là c'est dossier qui n'est en fin de compte pas très bien vendu dès le départ.
     
    François-Bernard Huyghe, propos recueillis par Pascal Hérard (TV5 Monde, 11 septembre 2013)
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  • Théologie politique...

    Nous vous signalons la parution d'un nouveau numéro de la revue Nouvelle Ecole (n°62, année 2013), dirigée par Alain de Benoist, dont le thème est consacré à la théologie politique. Le numéro, qui compte 170 pages et comporte une très riche iconographie, sera très prochainement disponible sur le site de la revue Eléments. Les parisiens pourront également le trouver à la Librairie Facta.

     

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    Au sommaire de ce numéro :

    Théologie politique, une introduction (Alain de Benoist)

    Contribution à une étude préhistorique du droit constitutionnel (Cédric Milhat)

    Les fondements théologico-politiques de la pensée politique européenne (Eric Maulin)

    Schmitt, Peterson, Blumenberg : le grand débat sur la théologie politique (Alain de Benoist)

    Le Christ et le peuple ! Retour sur la Théologie de la Libération (Michel Lhomme)

    Religions séculières, religions civiles et religions politiques : entre sécularisation et sacralisation du politique (Eric Maulin)

    Sartre - Camus - Clamence (Jean-Louis Prat)

    Propos sur le réalisme politique (Jerónimo Molina)

    De l'Etat de droit au néo-constitutionnalisme (Luis-Maria Bandieri)

    Bibliographie

    Nécrologie

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