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  • Crise de la dette : et demain ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue de Philippe Milliau, publié sur le site Novopress (dont nous vous conseillons de découvrir la nouvelle maquette). Une Europe identitaire et puissante, c'est la solution à la crise. Mais il nous manque les hommes d'Etat européens pour la construire...

     

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    Crise de la dette : et demain ?...

    Le contexte de la crise des dettes dites souveraines, et qui paraît s'emballer, comporte plusieurs causes profondes.

    La plus fondamentale est celle de l'habitude de la fuite en avant, celle qui ne permet de réaliser des équilibres budgétaires que dans le cadre d'une double croissance, économique et démographique.

    Or, Nolens volens, il faudra bien que le monde s'habitue à une double décroissance ou pour le moins à une double a-croissance. En effet, qui peut sérieusement penser que notre planète continuera à empiler un milliard d'humains de plus tous les treize ans comme elle le fait depuis le milieu du siècle dernier ?

    Qui peut sérieusement envisager une croissance continuelle qui mènerait à un mode de vie à l'américaine pour dix milliards d'hommes en 2050 ? Les ressources de quatre planètes y suffiraient à grand peine.....

    Il FAUDRA donc bien que les collectivités publiques, comme les ménages, révisent leurs façons de faire, et parlons clair, leur train de vie...... Il FAUDRA bien que les pays (voire les continents entiers, comme l'Afrique) qui n'ont pas achevé leur transition démographique la réalisent au plus vite et par tous moyens utiles.

    La seconde cause majeure est celle de la dictature des marchés financiers, qui sont aujourd'hui, bien plus que les puissances politiques, les maîtres de nos destinées. Leur bras armé : les trois agences de notation anglo-saxonnes. Notons au passage que si la Chine vient de créer son agence, l'Europe ne s'est toujours pas résolue à cette nécessité. Deux conséquences pratiques : des taux d'emprunt à long terme qui varient de 3% à 17 % (cas actuel de la Grèce, avec même des pointes à 31 % !). Et comme ce sont les notes décernées par les agences qui dictent le taux... Le taux des USA reste au plus bas, celui de la Grèce au plus haut. Ils sont pourtant, au regard de leurs finances publiques dans une situation quasi identique.... A noter, plus grave encore, que si le reproche fait à la Grèce d'avoir caché voire trafiqué les comptes publics est fondé, les USA qui n'ont pas provisionné des obligations douteuses, ni comptabilisé à plein programmes de relance ou déficits, ont une situation réelle probablement bien pire, et sur une autre échelle !

    La troisième est le fait d'une Communauté Européenne qui se trouve dans la situation du milieu du gué ; l'eau monte, et certains crient « retour en arrière toute, revenons sur la rive que nous avons quittée », d'autres « il est plus que temps d'avancer vite vers l'autre rivage ». Oui, il est aberrant d'avoir une monnaie unique dans un continent dépourvu de toute souveraineté politique ; oui il est absurde de laisser des divergences macro-économiques profondes se creuser entre pays européens ; oui, il est ridicule d'avoir un budget communautaire de l'ordre de 1% du PNB, incapable d'assurer les nécessaires convergences économiques, fiscales, stratégiques et sociales entre pays de l'Eurogroupe au moins (ceux qui sont en zone Euro).

    La Grèce a été mal gérée ; lorsqu'une collectivité locale est en France dans ce même cas, que fait on ? La puissance publique (le préfet, et non les marchés !) place sous tutelle, restructure la dette à bas taux et restaure, après un audit approfondi, une situation compromise. Rappelons que plus de la moitié de la dette grecque est maintenant causée par les taux d'intérêts exorbitants prélevés par les marchés...

    Ne nous le cachons pas : nous sommes sur un baril de poudre. Les intérêts mondialisés sont tellement croisés, l'interdépendance tellement forte que personne ne veut allumer la mèche et faire sauter l'édifice. Alors, il est politiquement correct de dire que tout compte fait, c'est une bonne chose que cette dépendance de chacun vis à vis de tous. Voire : un accident est si vite arrivé, et l'on s'aperçoit alors un peu tard que le bateau qui ne coule pas est celui qui est capable de rendre étanche une partie de ses compartiments, pas celui du mondialisme qui n'en comporte plus qu'un seul. Sans doute est ce la raison pour laquelle la Chine comme les USA ont conservé certains moyens d'indépendance, tout en préconisant aux autres de les abandonner méthodiquement.

    Quelles issues possibles ? Première question : où se situera l'épicentre d'un séisme qui est de plus en plus probable. Les Anglo-saxons font tout pour que ce soit en Europe, raison pour laquelle leur presse financière, leurs agences de notation, leur establishment et leurs valets nous balancent des torpilles successives et de plus en plus fortes et rapprochées à mesure que leur situation empire. Grèce, Irlande, Portugal ; et en mode récent et plus redoutable par la dimension, Espagne et Italie.

    Un pouvoir médiatique et politique digne de ce nom aurait répliqué Californie, Ohio, New York, et plafond de la dette US relevé 74 fois en 10 ans …... Clairement, ils jouent l'effritement de l'Euroland, jusqu'à la fin de la timide concurrence que l'Euro commence à faire au Dollar. Ils sont aidés par l'impuissance des instances européennes, conséquence prévisible des freins permanents que les gouvernements des états-nations placent devant toute marche en avant d'un véritable empire fédéral européen. Le maintien de ces rétractions nationales, aidées hélas par certaines positions de courants populistes, signifieraient la sortie durable des Européens de l'histoire du monde.

    Mais en fait rien n'est joué, il suffit pour s'en convaincre de voir les résultats d'un récent sondage dans lequel nos concitoyens s'exprimaient massivement en faveur d'un protectionnisme à l'échelle continentale.

    En symbiose donc avec le peuple, les identitaires français et d'autres pays d'Europe vont intensifier leurs campagnes et propositions en ce sens. Signature d'un nouveau pacte de stabilité en Eurozone et limitation d'adhésion à ceux qui le respectent. Impossibilité constitutionnelle de proposer l'entrée de pays non européens. Ministre des finances européen disposant des outils d'investigation nécessaires. Augmentation significative du fonds de secours financier, et création d'Eurobonds, pour dégager les dettes souveraines des griffes des marchés. Rigueur budgétaire en contrepartie de vastes projets et d'une véritable Europe identitaire et puissante, porteuse de rêves et d'espoirs ; interdiction de vente du patrimoine (par exemple celui qu'incarne l'un des plus grandioses sites sacrés de notre culture, le Parthénon). Détaxation de la proximité et barrières douanières aux frontières de l'Europe. Véritable souveraineté européenne sur la monnaie, les technologies stratégiques et de défense, sécurisation des approvisionnements énergétiques en partenariat Europe / Russie. Et bien évidemment montée en puissance du budget européen par contrepartie de la baisse corrélative des budgets nationaux.

    Oui, notre triple identité est locale par notre vie concrète, nationale par l'histoire et la langue, et européenne par la civilisation et la puissance. Pour cette dernière, les incantations ne suffisent pas, il faut aussi s'en donner des moyens. De cette crise les Identitaires proposent de sortir par le haut.

    L'histoire ne repasse pas les mêmes plats...


    Philippe Milliau (Novopress, 18 juillet 2011)

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  • Ils mentent comme ils respirent !...

    Dans le numéro 70 de Flash, le journal gentil et intelligent, on s'intéresse à ces gros menteurs que sont les hommes politiques, mais aussi à ces sociétés militaires privées qui alignent maintenant des mercenaires sur tous les théatres d'opérations, à Eva Joly, la verte qui nous prend pour des pommes, ou encore à Maxime Brunerie, l'homme qui a tenté d'assassiner Jacques Chirac ... Bonne lecture !

     

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    Au sommaire :

    L'homme et la politique : sexe, pouvoir... et tromperies ! DSK ou le mensonge pour concilier gauche du fric et droite de la frime ; Jacques Chirac, mémoires d'un menteur professionnel : le dossier  qui fait le point sur l'affaire

    Les confessions de Maxime Brunerie: neuf ans après sa tentative d'assassinat sur Jacques Chirac, qu'est-il devenu ? Flash back...

    Arnaud Guyot-Jeannin : "Pierre-André Taguieff voit des antisémites camouflés un peu partout..." Dérive d'un chercheur devenu paranoïaque.

    Contractors et nouveaux mercenaires : même les guerres sont privatisées !

    Eva Joly : écologiste en surface mais politicienne et opportuniste avant tout. Le portrait qui la met à poil ?

    Les Dogons : vestiges d'un peuple oublié exposés au Quai Branly.

    Benoit Poelvoorde en raciste sympathique. Rien à déclarer mais tout à voir...

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  • Le bac, un droit pour tous ?...

    85,6 % de reçus au baccalauréat ! Trop fort ! Ca déchire grave !... Mais ce rabat-joie de Pierre Jourde vient casser l'ambiance et rappeller quelques cruelles vérités dans un texte publié sur son blog Confitures de culture...

     

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    Le bac, un droit pour tous

    Donc, le cru 2011 du bac s’avère excellent : 85, 6 % de reçus. On est bien contents.

    Un peu avant ces résultats, absolument inattendus, chaque année, ça ne manque pas, dans tous les médias, les marronniers fleurissent. Chaque année, c’est le même feuilleton haletant : comment bien réviser? Comment se préparer à la terrible épreuve? Chaque année, de doctes professeurs viennent expliquer dans le poste qu’il ne faut pas bachoter la veille mais se reposer et se détendre (contrairement au travail acharné auquel s’adonne le lycéen moyen au cours de son année). Chaque année, de doctes médecins viennent conseiller la même poudre d’ailes de chauve-souris qui boostera les facultés cérébrales pour affronter la terrible épreuve. Chaque année, micro en main, les grands reporters, n’écoutant que leur courage, font la sortie des centres d’examen et demandent aux rescapés si l’épreuve n’a pas été trop terrible.

    Et, à la fin, imperturbablement, 85,6 %.

    Ce brillant résultat appelle quelques remarques.

    D’abord, est-il absolument nécessaire de rejouer sans cesse, année après année, le même feuilleton à suspens et frissons, lorsqu’on sait que le happy end est inéluctablement au bout ? ça finit par ressembler à une comédie que le pays se donnerait pour se faire croire qu’il y a un enjeu. Comédie coûteuse.

    D’autre part, 14,4 % de recalés, cela signifie en gros que n’ont pas leur bac, mettons 10 % de gens qui ont commis des efforts désespérés dans le but de ne strictement rien foutre.( Ce qui ne garantit à personne, néanmoins, de ne pas l’obtenir.) Reste le petit 4,4% incompressible de ce que Coluche appelait les mal comprenants.

    Il y a là une injustice qui saute aux yeux : ce n’est pas parce qu’on est débile ou fainéant qu’on n’a pas le droit d’avoir son bac. Les crétins sont des hommes comme les autres. Inscrivons le droit inaliénable au bac dans la constitution!

    Ce qui nous amène à une première conclusion, qui a l’avantage d’allier la justice sociale et l’économie, ce qui n’arrive pas tous les jours : pourquoi ne pas tout simplement donner le bac à tout le monde ? Enfin, disons, allez, à tous ceux qui auront fini leur année de terminale ? Ce ne sont pas 14,4 % de reçus en plus qui changeront grand-chose à la qualité globale du recrutement.

    De nombreux experts estiment que la France doit produire plus de diplômés. Voilà un moyen bien simple d’en produire, moyen que l’on pourrait utilement étendre à tout le cursus universitaire, puisque l’idée, que dis-je le mot même de sélection est une sorte d’obscénité aux yeux des responsables politiques et des syndicats universitaires ? Jusqu’à présent, l’université s’emploie hypocritement à faire semblant de délivrer des diplômes au mérite, alors qu’il s’agit en réalité, réforme après réforme, de trouver tous les moyens possibles de les délivrer en très grande quantité. Soyons au moins cohérents, et donnons-les à tout le monde (disons à tous les étudiants assidus, sauf certificat médical, comme de juste). Là encore, le droit à la licence est en passe de devenir une conquête sociale fondamentale.

    Qu’il faille plus de diplômés, tout le monde en est d’accord. Reste le problème suivant: une longue pratique de la première année d’université permet de réaliser qu’une proportion notable d’étudiants, heureux titulaires du bac, disons, à vue de pays, un bon 50 % (à affiner, certes):

    - Ne saurait pas situer l’Irak sur un atlas. Ni la Tchéquie, d’ailleurs.

    - Ne parle couramment aucune langue vivante, après sept années à en étudier une ou deux.

    - Ne connaît rigoureusement rien des dogmes d’aucune religion.

    - Est convaincu que Napoléon a vécu au XVIIe siècle.

    - Ignore en quel siècle a vécu Mahomet et qui diable pouvait bien être Luther (un chanteur? )

    - Possède quatre cents mots de vocabulaire.

    - N’a lu aucun livre entièrement.

    - Commet 10 fautes par page.

    Seulement, si je dis ça, je suis réactionnaire. Ce qu’il faut que je dise, c’est qu’il est nécessaire que tout le monde soit diplômé, et qu’en outre les diplômes mesurent une vraie compétence. Là, je suis sympathique et moderne. Bon, alors d’accord.

    Tout de même, je voudrais bien comprendre, parfois, ce qui est arrivé à ces étudiants pendant leur parcours scolaire.

    Mais je préfère ne pas y penser, je ne veux pas être réactionnaire.

    Pierre Jourde (Confitures de culture, 16 juillet 2011)

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  • L'infiltré...

    Nous vous signalons la parution en DVD, chez Studio Canal, de L'infiltré, un film remarquable du réalisateur italien Giacomo Battiato, consacré à l'infiltration par les services français, dans les années 80, du groupe palestinien, dissident de l'OLP, Abou Nidal. Basé sur des faits réels (le personnage central, le colonel Carrat est un double du général Rondot), le film nous fait pénétrer dans le fonctionnement d'un service de renseignement et au coeur d'un groupe terroriste avec un réalisme impressionnant. C'est aussi une réflexion forte sur la raison d'état et sur la paranoïa auto-destructrice propre à l'extrêmisme violent. Le film est servi par des acteurs remarquables : l'excellent Jacques Gamblin, Jean-François Balmer, Mehdi Dehbi et Salim Daw... Si vous avez apprécié Carlos, d'Olivier Assayas, ou Les patriotes, d'Eric Rochant, ce film est fait pour vous !

    Une scène à ne pas rater : celle de l'accueil à la DST, par le policier joué par Laurent Lucas, d'un envoyé du Mossad...

     

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    "Pendant les années 1980, alors que le terrorisme se déchaîne en Europe, les services secrets français tentent d'éviter que la France et les intérêts français soient attaqués, et d'endiguer la dérive terroriste de la Palestine. Le devant de la scène est occupé par Abou Nidal (le «père de la lutte"), un patriote palestinien devenu chef d'une organisation terroriste responsable d'attentats et d'assassinats dans le monde entier ; sa carrière meurtrière finira par discréditer son propre peuple tout en aidant indirectement la droite sioniste israélienne."
     
     
     
     
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  • A propos des pertes françaises en Afghanistan...

    Nous reproduisons ci-dessous une bonne analyse de François-Bernard Huyghe, cueillie sur son site huyghe.fr, à propos des récentes pertes militaires françaises en Afghanistan et du piège tragique dans lequel se trouve coincée notre armée...

     

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    Pertes françaises en Afghanistan

    Il s'agit sans doute d'une coïncidence : les talibans ont difficilement plus planifier deux attaques qui coïncident si bien avec une visite surprise de Sarkozy et avec le 14 juillet (notion difficile à traduire en pachtou). Il n'empêche qu'ils auraient eu du mal à faire plus spectaculaire ou mieux coordonné. Un soldat français tué dans une embuscade dans la Kapisa le jour de l'unité nationale, cinq autres mardi dans un attentat suicide, dans la même province. Et cela au moment où le président annonce qu'il faut savoir terminer une guerre. Et pendant que celle de Lybie, ne ressemble plus du tout à la glorieuse promenade humanitaire rêvée par BHL.

    Ceci se produit dans un contexte qui est tout sauf encourageant, en dépit des déclarations sur les progrès de la stabilisation ou de l'afghanisation du conflit (vous vous souvenez de la vietnamisation ?).
    Les talibans ont récemment inscrit à leur actif :
    - l'évasion de 541 prisonniers de la prison de Kandahar
    - l'attentat contre des officiers supérieurs à l'hötel Intercontinental de Kaboul
    - peut-être l'assassinat du frère de Karzaï (à moins que celui-ci n'ait été abattu par ses relations d'"affaires"
    - une augmentation des pertes US de plus de 56% en neuf mois par rapport à la même période l'année précédente.
    - le tout en circulant de mieux en mieux avec le Pakistan.

    Tout cela ne démontre pas exactement le succès de la méthode Petraeus, ni ne rend très plausible les propos sur les talibans qui en seraient "réduits" à l'attentat-suicide à cause de la pression alliée sur le terrain.


    Sur le plan politique, la guerre d'Afghanistan décidé conjointement par les socialistes et la droite dans l'enthousiasme du "nous sommes tous des Américains" post 11 septembre, a longtemps été soutenue à peu près unanimement par la classe politique. Cette situation est en train de changer, et pas seulement parce que le PS a besoin de se différencier en période électorale. Il tient à affirmer qu'il faut partir aussitôt que possible, tandis que l'UMP soutient qu'il faut partir, mais en restant autant que nécessaire.

    Ces raisons tiennent à l'ambiguïté initiale de la guerre et de ses buts :

    - lutter contre les terroristes ? Les principaux centres d'al Qaïda ont été détruits dès 2001 par l'alliance du Nord et non par des forces occidentales. Depuis, elles se sont opposées essentiellement aux force des talibans et à des insurgés dont la principale motivation est justement leur présence. Dix ans après, et après la mort de ben Laden au Pakistan, il est difficile de prétendre empêcher un nouveau 11 septembre. Peut-on sérieusement expliquer à un Afghan de vingt ans que l'on est là pour le protéger (ou se protéger) de terroristes étrangers ?

    - assurer la transition avec un régime démocratique ? avec Hamid Karzaï ? après dix ans d'échec ? au moment où les forces afghanes sont moins capables que jamais de tenir le pays ? Encore une décennie pour construire un Afghanistan démocratique et sans drogue, voué à la bonne gouvernance, et, pourquoi pas, au développement durable ? Encore un siècle ?

    - défendre nos valeurs ? aider les petites filles à aller à l'école ? On a beau nous fournir des statistiques encourageantes sur les progrès de la condition féminine dans la vallée du Panchir. On notera pour la petite histoire que le motif invoqué par les Soviétiques pour envahir l'Afghanistan en 1989 était la lutte contre les mœurs féodales de ce pays qui pratiquait le droit de cuissage.

    - soutenir nos engagements avec nos alliés ? Sur ce point, l'annonce du retrait français suivant l'annonce faite par Obama (au fait, lui, a-t-il consulté Sarkozy avant de la faire ?) donne l'impression que nous sommes de simples supplétifs. Mais surtout, ce sont les États-Unis qui portent la responsabilité d'une certaine incohérence. Comment Obama peut-il soutenir en 2010 qu'il faut appliquer à l'Afghanistan un "surge" à l'irakienne, engager massivement des troupes pour un effort lent de reconquête du terrain qui paiera à long terme, et décider de retirer 10.000 soldats en année électorale ?

    - reste une dernière raison : partir ce serait perdre la face. Donner l'impression de perdre en se hâtant serait pire que de continuer à s'enliser. L'objectif serait alors de ne pas faire aussi mal que les Américains au Vietnam et presque aussi bien que les Soviétiques, partis, après tout, en laissant les clefs à un Najiullah qui a tenu jusqu'en avril 1992.

    Difficile pourtant de vendre cet argument - il faut continuer parce que ça va mal - à l'opinion. Et ceci est totalement tragique si l'on songe aux soldats français qui sont tués là-bas en notre nom, qui savent en partant qu'ils risquent leur peau et qui se conduisent de façon parfaitement honorable, avec autant de succès sur le terrain que le permettent les circonstances . Des soldats dont le plus lucides savent maintenant qu'ils se battent pour ne pas être déshonorés et qu'ils le feront sans doute au prix du soutien de l'opinion.

    François-Bernard Huyghe (Le site de François-Bernard Huyghe, 14 juillet 2011)

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  • Refaire l'histoire ?...

    "Quand un événement se produit, nous nous acharnons à en chercher les causes, à en établir les faits à partir des traces, des indices et des témoignages disponibles. En enquêtant, il faut choisir, laisser de côté des éléments, faire silence sur d'autres ou les valoriser. Sachant ce qui s'est passé, nous reconstruisons la marche du temps en oubliant de ce fait combien l'avenir est apparu chaque fois incertain."

     

    Nous vous signalons la réédition en collection de poche, aux éditions Odile Jacob, de Et si on refaisait l'histoire ? des historiens Anthony Rowley et Fabrice d'Almeida. L'ouvrage propose quelques essais d'histoire virtuelle ou contre-factuelle, ou, pour le dire autrement, aborde d'une façon sérieuse et raisonnée les uchronies chères aux auteurs de science-fiction. L'exercice, couramment pratiqué par les historiens dans les pays anglo-saxon - voir la série des What if ? de Robert Cowley, ou le Virtual history (Basic Books, 2000) de Niall Ferguson - est beaucoup plus rarement tenté en France. D'une lecture agréable, l'ouvrage, par rebond, amène à réfléchir sur les choix du présent... L'Histoire est ouverte !

     

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    "Il y a des moments où l'histoire hésite. Alors, la décision d'un homme, le sort d'une bataille, la découverte ou l'accident imprévus représentent autant de carrefours au sortir desquels l'histoire d'un peuple, voire du monde, prend une direction précise. Si Ponce Pilate avait gracié Jésus, si les Arabes avaient gagné la bataille de Poitiers contre Charles Martel, si Louis XVI avait réussi à quitter la France et Napoléon III à empêcher la guerre de 1870, si les Allemands avaient gagné en un mois celle de 1914 et si les Américains n'avaient pas lâché la bombe atomique sur le Japon... Chacun sent bien que la longue durée historique autant que certains aspects de la vie quotidienne en auraient été modifiés. C'est sur ces hypothèses surprenantes que s'écrivent les histoires potentielles ici racontées."

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