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  • Crise économique ou crise du sens ?...

    Déjà auteur d'une excellente analyse des mécanismes de la crise de 2008 dans Crise économique ou coup d'état ? , Michel Drac élargit son propos dans Crise économique ou crise du sens ? , son nouvel ouvrage publié aux éditions Le retour aux sources, pour s'intéresser, au-delà de ses symptômes, à la maladie de l'Occident américano-centré...

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    "La crise économique déclenchée en 2007/2008 n’est que le symptôme d’une crise bien plus profonde. Au-delà des apparences, ce que vivent les sociétés occidentales, c’est une dramatique crise du sens.

    La raison pour laquelle l’Occident implose, en profondeur, c’est qu’il est devenu un Empire – une construction qui n’a plus d’autre finalité que son maintien et son expansion. Derrière la fin du « mythe de la croissance », le questionnement lancinant sur le règne de la quantité.

    200 pages percutantes, sans temps mort, sans diversions techniques superflues, pour dire le vrai problème : la crise ? Mais la crise de quoi, au juste? "

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  • L'argot est né de la haine

    Les éditions André Versailles viennent de publier L'argot est né de la haine, un recueil de textes courts, violents et passionnés de Louis-Ferdinand Céline, dont le célèbre et génial "A l'agité du bocal", adressé à Sartre (la "ventouse baveuse" !...). L'ensemble est présenté par Raphaël Sorin.

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    "“Non l’argot ne se fait pas avec un glossaire, mais avec des images nées de la haine, c’est la haine qui fait l’argot. L’argot est fait pour exprimer les sentiments vrais de la misère. Lisez L’Humanité, vous n’y verrez que le charabia d’une doctrine. L’argot est fait pour permettre à l’ouvrier de dire à son patron qu’il déteste : tu vis bien et moi mal, tu m’exploites et roules dans une grosse voiture, je vais te crever…
    Mais l’argot d’aujourd’hui n’est plus sincère, il ne résiste pas dans le cabinet du juge d’instruction. J’attends toujours le truand qui fera fuir le juge avec son argot. Dans les prisons d’aujourd’hui, on file doux :
    oui Monsieur, bien Monsieur. On y est bien sage et on n’y parle pas l’argot, j’en ai fait l’expérience. Le temps est loin où Mandrin risquait chaque jour la Grève.
    Il n’y a plus aujourd’hui que l’argot des bars à l’usage des demi-sels pour épater la midinette, et l’argot prononcé avec l’accent anglais à l’usage du XVIe.”


    Que ce soit dans des entretiens pris au vol, dans des textes écrits ou dans certaines correspondances, tout est occasion, aux yeux de Céline, pour crier sa haine contre les “hommes à idées” et pour défendre, avec plus de virulence encore, le style – rien que le style…
    La littérature et la haine, l’amour et la lecture, l’art et la mort, l’écriture et le cinéma… tout explose, à jet continu – parcelles et morceaux de lui-même, rassemblés autour de ses propres œuvres.
    Le style aussi, pour hurler sa rage contre Sartre ; le style encore, pour rendre hommage à Zola ; le style, enfin, pour un aveu sur Rabelais…"
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  • Les Russes sur la Lune !...

    Les éditions Delcourt viennent de lancer la série Jour J qui a pour vocation de s'intéresser à l'histoire alternative, ou uchronie, au travers de la bande-dessinée. Outre Les Russes sur la Lune de Buchet (dessin), Blanchard, Duval et Pécau (scénario), consacrée à la rivalité entre la Russie et les Etats-Unis dans la course à la Lune, plusieurs autres titres sont d'ores et déjà annoncés avec des thèmes comme l'occupation d'une partie de la France en 1945 par l' armée soviétique, ou encore la victoire de l'Allemagne en 1914... Une initiative intéressante à suivre !...

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    "18 septembre 1969. Les Soviétiques sont les premiers à se poser sur la Lune. À Washington, le président Nixon donne carte blanche à la NASA pour que l'Amérique devienne la première nation à établir une base lunaire permanente. Dix ans plus tard, alors que la tension monte entre les USA et l'URSS, la Lune se prépare à devenir le théâtre inédit d'un nouvel épisode de la guerre froide."
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  • Pierre Gripari, suite !

    Il y a décidément une actualité pour l'auteur de La patrouille du conte puisque les éditions Pardès viennent de publier dans leur collection "Qui suis-je ?" un Gripari, signé par Jacques Marlaud et Anne-Martin Conrad.

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    "Pierre Gripari a traversé son siècle comme un poète: il a mis en ordre avec des mots le chaos du monde, des images, des idées qui ont exalté, nourri ou détruit ses contemporains. Sa vie fut difficile, mais son engagement corps et âme dans la littérature nous laisse une œuvre précieuse pour tous ceux qui aiment lire.

    «J’écris pour être aimé, longtemps après ma mort, comme j’ai aimé Dickens. J’écris pour faire du bien, comme Jack London m’a fait du bien, à quelques individus que je ne connaîtrai jamais, dont les pensées ne seront pas les miennes, qui vivront dans un monde que je ne puis concevoir.»

    Connu et reconnu pour ses contes, il a aussi écrit 141 nouvelles, 14 romans, 34 pièces de théâtre, dont 21 pour la jeunesse, des anthologies, essais, poèmes… La tâche de l’écrivain est de revivre et de réinterpréter à neuf des situations et des archétypes qui sont de tous les temps. Gripari raconte des histoires avec délectation, humour et profondeur. Loin de la littérature de laboratoire, en vogue dans les années d’après-guerre, il obéit à l’élan du rythme de l’histoire qui veut naître, qui veut s’écrire, qui veut émouvoir. Le réalisme est banni de son oeuvre, mais la vérité y gagne: tout au moins celle qui nous confronte à la tragique condition humaine, tout en nous donnant aussi les clés pour l’affronter.

    Dans ce «Qui suis-je?» Gripari, les auteurs, qui l’ont bien connu, mêlent informations biographiques et description de livres à l’analyse, en particulier en ce qui concerne Dieu… traité, il est vrai, comme un personnage purement littéraire, d’une manière qui n’appartient qu’à Gripari. La sincérité caractérise toute l’oeuvre de Gripari, qu’elle s’adresse aux enfants ou aux adultes, mais elle se mêle à une grande pudeur. Ce livre tente de mettre en valeur et d’éclairer l’exemplaire destinée de cet écrivain si original."

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  • La patrouille du conte

    Les éditions L'Age d'Homme viennent de rééditer un classique de Pierre Gripari, La Patrouille du conte, qui était devenu introuvable.

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    « La démocratie est le pire des régimes, à l'exception de tous les autres », disait Churchill. C'est sûrement vrai. Sauf dans l'univers des contes pour enfants. Que deviendraient ces mondes imaginaires sans leurs reines et leurs rois, leurs ogres et leurs sorcières? De fades prêches puritains à l'eau plate qui ennuieraient les petits et les grands du monde entier. C'est pourtant ce qu'avait imaginé Pierre Gripari (1925-1990), l'un des maîtres de la littérature enfantine, dans sa Patrouille du conte, fable géniale qui, publiée en 1982 et enfin rééditée, décrit par avance les ravages du politically correct à la française. Une patrouille d'enfants reçoit pour mission d'aller faire la police dans le royaume des contes, afin de les purger « de tout ce qu'ils peuvent contenir de nuisible aux points de vue moral, social et idéologique [ ... ], en un mot, tout ce qui tient aux survivances d'une mentalité chrétienne, féodale ou monarchique ». Ainsi, les enfants vont, notamment, devoir convaincre le loup ou l'ogre de ne pas manger tout cru le Petit Chaperon rouge ou le Petit Poucet. Par la persuasion ou la menace. L'affaire se passe mal, comme on s'en doute. Car à trop vouloir faire l'ange démocratique, on fait la bête totalitaire. D'autant que, comme le rappelle Alain Paucard dans son avant-propos, les contes ne font que fixer et domestiquer, à travers des archétypes, de vieilles terreurs logées au fond de notre inconscient collectif. Ils sont à cet égard « indispensables à la survie mentale des hommes ». Laissons-les vivre, fussent-ils démocratiquement incorrects.

     

    François Bousquet (Le Spectacle du Monde, mars 2010)

     

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  • La justice ou la vengeance ?

    Nous reproduisons l'éditorial de Robert de Herte (alias Alain de Benoist) dans le numéro 135 de la revue Eléments. Ce numéro dont le dossier central est consacré à la justice est disponible en kiosque ou ici :

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    La justice ou la vengeance ?

    La justice est en France rendue « au nom du peuple français ». Elle n'est pas rendue au nom des victimes. On ne le dira jamais assez: dans un procès pénal, le but du jugement n'est pas d'abord de satisfaire le plaignant ou la victime, mais de dire le droit et de sanctionner sa transgression compte tenu des circonstances, atténuantes ou aggravantes, dans lesquelles celle-ci a eu lieu. Un crime ou un délit n'est pas jugé en priorité en fonction des dommages qu'il a provoqués, mais des circonstances dans lesquelles il a été commis. Si les circonstances n'étaient pas un élément essentiel de la décision du juge, le procès deviendrait à la limite inutile: il suffirait de disposer d'un barème prévoyant l'attribution automatique d'une peine donnée à chaque catégorie de crime. En ce sens, l'institution des tribunaux marque bien le passage du particulier au général, du privé au public, de la victime au tiers jugeant, représentant l'ordre symbolique du droit objectif. Comme le dit Hegel. l'institution judiciaire est censée répondre à 1'« exigence d'une justice dépouillée de tout intérêt» (Principes de la philosophie du droit, § 103).

     

    La notion même de justice s'est donc construite sur l'idée que l'élimination de la vengeance passionnelle privée nécessite l'éviction relative des victimes et de leur entourage du processus de réponse à l'infraction. Elle est née de la volonté de soustraire le règlement des litiges à la seule confrontation des parties en le confiant à un tiers théoriquement impartial, en l'occurrence l'institution judiciaire, seule investie du droit de punir au nom de l'ensemble de la société, et non de certains de ses membres.

     

    Or, c'est cette idée que conteste, depuis une trentaine d'années, la justice «réparatrice» ou «restauratrice» (restorative justice) , qui prétend combler les insuffisances de la justice pénale classique en se centrant sur le préjudice occasionné. Des lois sur les droits des victimes et leur participation aux procès, à titre de parties civiles, ont déjà été adoptées dans de nombreux pays. Ce droit a ensuite été étendu à des associations supposées représentatives. Mais la question se pose de savoir comment cette évolution, fondée sur la «reconnaissance» de la douleur des victimes - la condition de victime pouvant dès lors devenir très rentable -, est concevable sur un plan juridique normatif. La justice publique rendue au nom des victimes devient en fait nécessairement identique à la vengeance privée ou à la loi du Talion (cf. Exode 21,23-27). C'est une formidable régression.

    Un pas décisif a été franchi, dans une affaire récente (celle dite du « gang des Barbares»), lorsque, pour la première fois, le Garde des Sceaux, violant l'usage qui veut qu'une décision de faire ou non appel en pareille circonstance soit prise par l'avocat général qui a siégé à l'audience, a demandé au parquet général de faire lui-même appel de la condamnation par une cour d'assises des complices du principal accusé, Youssouf Fofana, répondant ainsi à la demande plusieurs associations juives qui avaient trouvé trop légères les peines prononcées. Me Thierry Lévy, qui avait déjà dénoncé avec beaucoup de talent la « pandémie victimaire» dans son livre Éloge de la barbarie judiciaire (Odile Jacob, Paris 2004) , est de ceux qui ont réagi avec force contre la façon dont, à la faveur de cette affaire, «la politique des intérêts particuliers s'est introduite dans les prétoires»: « Il ne s'agit pas, pour le Garde des Sceaux, de maintenir une cohérence dans une politique pénale, mais de remplir les exigences d'une partie privée. Les parties civiles auront désormais la voie ouverte pour s'adresser au gouvernement quand les décisions de la cour d'assises ne leur plairont pas, ce qui est inévitable dans un très grand nombre de cas» (Le Monde, 15 juillet 2009).

     

    La tendance actuelle à placer la victime au premier plan, justifiant ainsi l'idée que le désir de vengeance doit aller jusqu'à son terme, conduit évidemment à considérer la prescription ou l'amnistie comme des dénis de droit. La prescription désigne le laps de temps au-delà duquel une action en justice n'est plus recevable. En matière pénale, il en existe deux catégories: celle qui concerne l'action publique, c'est-à-dire les poursuites, et celle qui touche la peine, lorsque la personne condamnée a échappé à l'exécution de celle-ci. Quant à l'amnistie, elle représente, depuis la Grèce antique, la manière la plus classique de mettre un terme à un conflit civil - souvenons-nous de l'Édit de Nantes ! Elle incarne la force bienfaisante de l'oubli réciproque, 1'« interdiction d'aller remuer le passé pour y chercher les prétextes à nouveaux actes de vengeance» (Carl Schmitt).

     

    « De là, écrit Philippe Raynaud, naît une nouvelle sensibilité qui va chercher à faire triompher le droit subjectif sur l'injonction d'oubli et qui va ainsi délégitimer l'amnistie pour faire triompher l'irrationalité de la prescription de certains crimes et demander qu'on reconnaisse le caractère inaliénable du droit à une certaine réparation » (Le juge et le philosophe, Armand Colin, Paris 2008, p. 225). La même attitude prévaut, bien entendu, lorsqu'un criminel est reconnu comme irresponsable - alors que c'est un principe constant qu'un aliéné mental n'a pas à être puni, mais soigné. Certains voudraient maintenant que les parties civiles puissent systématiquement faire appel des peines qui ne leur conviennent pas, ce qui reviendrait à s'engager dans une spirale sans fin, car par définition aucune peine prononcée ne sera jamais à la mesure de la douleur des victimes. Il est aussi question que certains délits sexuels soient à leur tour frappés d'imprescriptibilité, le postulat sous-jacent étant, là encore, qu'il n'y a pas de « réparation» possible sans poursuites, sans procès et sans condamnation. La justice pénale se voit ainsi investie d'une « mission quasi thérapeutique» (Paul Bensussan), bien qu'on puisse se demander en quoi deux ans de prison de plus aideront à dissiper le traumatisme d'un viol, ou en quoi dix ans de prison de plus ramèneront à la vie un parent tué. Affirmer que faire droit à la douleur des victimes, c'est leur permettre de « faire leur deuil» et de se «reconstruire », revient à utiliser l'institution judiciaire à des fins thérapeutiques qui ne lui appartiennent pas.

     

    De façon générale, on constate donc aujourd'hui une dérive consistant à accorder aux parties civiles une place de plus en plus grande au détriment des droits de la défense. « Que l'on ne dise pas, dit encore MC Thierry Lévy, qu'il existe un déséquilibre à compenser entre l'accusé qui peut faire appel et la partie civile qui ne le peut pas. Cette situation, voulue par la loi, définit le rôle de la partie civile, qui n'est pas de requérir une peine, mais d'obtenir une réparation ».

     

    Il n'y a en soi, bien entendu, rien de contestable dans la volonté de se situer « du côté des victimes plutôt que du côté des criminels ». Mais sympathiser avec les victimes ne justifie pas que l'on change la nature du droit pénal ni celle de la justice. La façon dont la droite tend à approuver ceux qui se font justice eux-mêmes, en clair ceux qui se vengent (ou vengent la mort d'un de leurs proches), est révélatrice de cette déplorable tendance, dont on retrouve l'équivalent à gauche avec la faveur pour l'« imprescriptibilité » et le refus de la prescription ou de l'amnistie. Le goût de l'autodéfense ou de la vendetta et l'appel à la « repentance » se rejoignent bizarrement quand il s'agit de changer la nature du droit pénal. Aux uns comme aux autres, il reste à comprendre que la justice n'est pas la forme civilisée de la vengeance, mais son contraire absolu.

     

    Robert de Herte   (Eléments n°135, avril-juin 2010)

     
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