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paix

  • Pour une approche munichoise en Ukraine...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Delcroix, cueilli sur Polémia et consacré à la nécessité d'une paix négociée entre la Russie et l'Ukraine.

    Juriste et ancien avocat, Eric Delcroix a publié notamment Le Théâtre de Satan- Décadence du droit, partialité des juges (L'Æncre, 2002), Manifeste libertin - Essai révolutionnaire contre l'ordre moral antiraciste (L'Æncre, 2005) et Droit, conscience et sentiments (Akribeia, 2020).

     

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    Pour une approche munichoise en Ukraine

    Une propagande insidieuse, depuis 1945, a convaincu la quasi-totalité de notre opinion publique, à l’instar de la plupart des Européens, que les accords de Munich de 1938 avaient été une catastrophe, grosse de la guerre qui allait commencer l’année suivante. Pour nos faiseurs d’opinion, tranche-montagnes mondains, « Munich » est le synonyme irréfléchi et gratuit de lâcheté. Pourtant, il était raisonnable d’essayer de s’entendre pour éviter la guerre, en réparant les conséquences les plus criantes de la paix léonine imposée à l’Allemagne en 1919, en se concertant entre Européens – ce qui ne se reproduira plus du fait de la survenance de l’hégémonie du suzerain (Overlord [1]) américain.
    Mon propos aura l’air, en survol sommaire et partial, voire provocateur, comme si les fauteurs de guerre contemporains, États-Unis et OTAN, n’étaient pas des provocateurs !

    Causes et buts de la guerre entre l’Ukraine et la Russie

    Sans entrer dans les entrelacs et les arcanes de la guerre en Ukraine, il apparaît tout de même que ce sont largement les menées américaines qui ont provoqué cette guerre, larvée depuis 2014 puis ouverte depuis la tentative d’invasion russe du 24 février 2022.

    Il est clair que les Américains, héritiers du bellicisme anglo-saxon (important en 1914 et 1939), ont tout fait après la chute de l’URSS, pour éviter que se constituent de solides accords continentaux entre les Européens de l’Ouest et la Russie. Accords inacceptables au regard de leur doctrine hégémonique mondiale, fondée sur la thalassocratie et donc la domination du monde.

    Et pour ce qui est de bellicisme, nul de nos jours n’égale la furia désordonnée des États-Unis semant le chaos au Moyen-Orient

    La chose est aussi inquiétante ici que là, une Troisième guerre mondiale, avec conflagration nucléaire, pouvant se déclencher inopinément (comme toujours) depuis ce radiant non maîtrisable.

    Le paradoxe est que les Européens, contre lesquels étaient tournées les provocations américaines vis-à-vis de la Russie, s’y sont ralliés, en vassaux à l’obséquiosité pathologique, suicidaire. Loin de la chrétienté médiévale, les vassaux européens d’aujourd’hui n’ont plus des cœurs de seigneurs rebelles, mais de laquais. Aussi ne tiennent-ils plus compte de leurs propres intérêts, fascinés par le verbe moralisateur du président américain quel qu’il soit…

    Aucune guerre n’est fraîche et joyeuse

    En prétendant semble-t-il envahir et soumettre l’Ukraine tout entière, en février 2022, la Russie s’est fourvoyée, sous estimant la volonté d’indépendance et de résistance de leurs cousins Petit-russiens, et ce fut l’échec militaire que l’on sait…

    Seulement, voilà et en revanche, la contre-offensive ukrainienne à l’été 2023 a été dans l’ensemble un échec aussi patent que celui de l’invasion russe. Alors, que faire ?

    L’histoire du Vingtième siècle montre que les guerres anglo-saxonnes sont sans fin ni merci, jusqu’à écrasement absolu de l’ennemi, comme tel considéré comme un ramassis de criminels, leurs dirigeants étant voués à une mort honteuse et à la privation de sépulture (cf. les condamnés de Nuremberg, Saddam Hussein, Oussama ben Laden ou Kadhafi).

    On croyait cette sauvagerie abolie en Europe depuis le traité de Westphalie (1648) et même la perfide Albion n’avait pas osé mettre en jugement Napoléon…

    Bref, au lieu de faire perdurer une guerre qui tue et estropie par dizaines de milliers de jeunes Ukrainiens comme de jeunes Russes, il serait temps de réunir une conférence de la paix. L’Ukraine y perdra sûrement la Crimée, cette conquête de la Grande Catherine donnant à la Russie l’accès aux mers chaudes…

    Méfions-nous des jusqu’au-boutistes qui n’ont jamais tenu un fusil, tel Zelensky.

    Il faut savoir cesser une guerre quand les forces sont en équilibre, c’est une question de mesure, de réalisme et non de lutte du Bien contre le Mal. En l’occurrence, nonobstant les réserves que suscitent la nostalgie soviétique de Poutine, il appartient aux Européens qui portent à bout de bras l’économie de guerre de l’Ukraine, d’imposer une solution réaliste et donc humaine.

    Eric Delcroix (Polémia, 7 décembre 2023)

     

    Note :

    [1]       Overlord, c’est-à-dire suzerain, nom donné par les Américains au débarquement en Normandie.

     

     

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  • Guerre en Ukraine : quelle voie de sortie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Renaud Girard cueilli sur Geopragma et consacré aux perspectives, encore lointaines, de sortie dans le conflit ukrainien. Grand reporter au Figaro, Renaud Girard est membre du comité d'orientation stratégique de Geopragma.

     

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    Guerre en Ukraine : quelle voie de sortie ?

    Comment arrêter la guerre fratricide d’Ukraine, déclenchée il y a trois mois par la Russie ? Il faut se rendre compte que ce conflit a déjà fait au minimum 20000 morts chez les Russes et un chiffre approchant chez les Ukrainiens. Les destructions sont gigantesques et pas seulement à Marioupol. Plus de six millions d’Ukrainiens, principalement des femmes, des enfants et des vieillards, ont quitté leur pays.

    Le bilan humain est donc déjà très lourd. On en n’est pas encore aux 100000 morts provoqués par l’invasion de l’Irak par les anglo-saxons il y a dix-neuf ans. Mais c’est un chiffre qu’on pourrait très bien atteindre un jour si le conflit se poursuivait à l’intensité actuelle. 

    Économiquement, les perspectives sont également sombres. Elles le sont pour les belligérants, mais aussi pour de nombreuses nations, en Europe et en dehors, qui sont pénalisées par l’interruption de leur commerce avec eux.

    L’Ukraine était devenue une superpuissance agricole, capable de nourrir quatre cents millions de personnes à travers le monde. Aujourd’hui elle a beaucoup de mal à exporter ses céréales. Ses débouchés sur la Mer Noire, les ports d’Odessa et de Mykolaev, subissent le blocus de la flotte russe de Sébastopol. Les exportations se font actuellement, au compte-goutte, par voie ferrée, via la Pologne, ce qui oblige à un pénible transbordement de wagon à wagon. L’écartement des rails n’est pas le même dans l’ancien empire russe qu’en Europe occidentale. 

    De nombreux pays d’Afrique (Egypte, Algérie, etc.) nourrissaient leurs populations grâce aux céréales ukrainiennes. Ce n’est plus possible. Le renchérissement des produits agricoles va créer des phénomènes de famine sur le Continent Noir.

    Une catastrophe économique se profile également pour la Russie. Elle a perdu des centaines de milliers d’ingénieurs du secteur de la high-tech, qui ont fui le pays dès le début de l’« opération militaire spéciale » de Poutine. Elle ne peut plus importer, depuis l’Occident, ou depuis les nations asiatiques alliées des Américains, les puces électroniques et les pièces détachées indispensables au fonctionnement de son industrie. Elle ne peut plus exporter une grande partie de son gaz et de son pétrole à ses clients européens habituels.

    En raison des sanctions qu’ils ont adoptées, les pays européens, obligés d’acheter du gaz de schiste américain liquéfié, vont payer des factures énergétiques astronomiques. Ils vont perdre aussi leurs débouchés commerciaux en Russie. Le marché russe représentait le quart des ventes de véhicules Renault. 

    Avec ses sanctions, l’Union européenne (UE) se tire une balle dans le pied, tout en avantageant commercialement les Américains, qui n’ont jamais entretenu de liens commerciaux importants avec le marché russe. Si les sanctions étaient politiquement efficaces contre les autocraties, cela aurait un sens. Mais l’histoire a prouvé qu’elles ne l’étaient pas. Les sanctions internationales n’ont nullement affaibli les régimes de Castro, Saddam Hussein, Khamenei, ou Kim Jong-un. Elles les ont renforcés. Il n’y a hélas aucune chance aujourd’hui pour que les sanctions fassent plier la Russie.

    Comme, en Occident, l’UE est la première pénalisée par cette guerre, elle devrait tout faire pour trouver une voie de sortie. Elle ne pourra pas compter sur ses alliés anglo-saxons. Ils sont indifférents à ce que le conflit se prolonge : il a permis à Boris Johnson de sauver son poste de premier ministre et à Joe Biden d’accroître la vassalisation politique et militaire de ses alliés européens.

    L’UE ne pourra pas compter sur la Russie non plus. La seule chose qui importe à Poutine est de sauver son régime. Peu importe que les Russes souffrent, l’important est que l’autocratie survive. Le président russe joue la montre, attendant la lassitude des pays européens et le retour des Trumpistes à Washington.

    Les Ukrainiens ne prendront pas non plus d’initiative de paix, car ils refusent, de manière compréhensible, de faire des concessions territoriales à l’agresseur, estimant qu’elles ne feraient que renforcer, dans le futur, son appétit.

    Il reste une étroite voie de sortie, qui est celle de l’Onu. Elle a été utile dans l’évacuation des soldats ukrainiens piégés dans l’usine Azovstal de Marioupol. La France pourrait saisir le Conseil de sécurité pour qu’un corridor naval strictement civil soit institué, depuis Odessa jusqu’au Bosphore. Asseoir à la même table les Ukrainiens et les Russes pour refaire de la Mer Noire un lac de paix est un défi relevable. Lever les sanctions empêchant les Russes d’utiliser les ports européens pour vendre leurs propres céréales ne représente pas un coût politique exorbitant. 

    Le jour où Russes et Ukrainiens accepteront de parlementer sur des dossiers techniques d’intérêt commun (exportations céréalières, gazoducs, etc.), une lumière apparaîtra au bout du tunnel.

    Renaud Girard (Geopragma, 2 juin 2022)

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  • Syrie : qui veut (vraiment) la paix ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur son blog Bouger les lignes et consacré à la question du retour à la paix en Syrie... Docteur en science politique et dirigeante d'une société de conseil, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et publie régulièrement ses analyses sur le site du Point et sur celui du Figaro Vox.

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    Syrie : qui veut (vraiment) la paix ?

     

    L'Occidental postmoderne goûte la lumière des évidences simples, la clarté des antagonismes légitimes. Il prend l'information pour de la connaissance, donne à fond dans la substitution de l'image au réel qui devient le quotidien de la politique et ne produit plus seulement une déformation du réel, mais une autre réalité. Et puis, la complexité le fatigue, le paradoxe le lasse, la mise en perspective l'égare. Il croit dans « le su parce que vu ». Il croit que les fake news tombent du ciel ou proviennent directement des enfers que seuls les bad guys et leurs hackers habitent. L'homme occidental a donc la conscience assoupie et les yeux bandés, mais sa sentimentalité exacerbée lui donne l'illusion d'avoir une conscience morale.

    Aussi bien ne voit-il aucune indécence, aucun cynisme dans la façon dont les médias occidentaux décrivent et montrent la situation militaire et humanitaire dans la Ghouta orientale. Et pourtant… La terreur bien réelle vécue par les populations civiles de cette banlieue damascène gangrénée depuis des années par les groupes djihadistes, le calvaire des enfants morts-vivants, pris sous les décombres des bombardements de l'armée syrienne appuyés par la Russie en prélude à une probable offensive terrestre dans l'espoir de réduire ce foyer islamiste qui bombarde régulièrement les faubourgs de la capitale dans un silence occidental assourdissant, sont présentés comme la marque d'une cruauté insensée, délibérée et ciblée des « forces du régime » et de ses soutiens contre la population civile effectivement prise au piège de cet affrontement sans merci. Comme si l’ogre Assad, chaque matin, réclamait à ses sicaires pour son petit déjeuner, son saoul de femmes et d’enfants démembrés et sanguinolents. Comme si ces malheureux civils étaient les cibles de ces bombardements et non les boucliers humains dont se servent impunément depuis des années les salafistes qui veulent faire tomber le président syrien et prendre le pouvoir à Damas pour le compte de leurs puissances mandataires. Des groupuscules ultraviolents qui le forcent ainsi à leur livrer son pays ou bien à faire la « guerre au milieu des populations » pour déclencher l'ire internationale et le diaboliser encore un peu plus…

    On s'est habitués au martyre au long cours du peuple syrien

    On a tellement voulu croire, et faire croire, que l'État islamique était le seul problème et qu'une fois sa réduction (relative) acquise, la guerre serait sans objet et s'étiolerait, que l'on a « oublié » qu'à côté des scories encore dangereuses de cette hydre spectaculaire se démènent toujours les groupes salafistes Al-Nosra et consorts qu'on laisse agir pour compromettre une victoire trop éclatante de l'axe Moscou-Téhéran-Ankara.

    Alors, pour ne pas parler de ce qui pose vraiment problème et nourrit le conflit, on braque les projecteurs sur une offensive gouvernementale, comme si on redécouvrait subitement que la guerre fait toujours rage et est insupportable… Pourtant, notre « coalition internationale » la mène contre le gouvernement syrien depuis 7 ans. Et l'on doit endurer les sommets de cynisme de l'ambassadrice américaine aux Nations unies qui reconnaît que « à cause de la Russie » le Conseil de sécurité « a manqué à son devoir » vis-à-vis des malheureux civils syriens en tardant à signer une résolution demandant un cessez-le-feu d'un mois. Elle ne dit évidemment pas pourquoi ce retard ! Car Moscou a voulu faire apporter quelques substantielles modifications au projet initial en excluant du cessez-le-feu les zones où sévissent encore les groupes terroristes, notamment Al-Nosra.

    La réduction militaire de l'abcès salafiste de la Ghouta devrait donc se poursuivre, les morts innocents se multiplier et nos inconscientes consciences, gargarisées de leur haute moralité abstraite et partiale, continuer de s'indigner. Quoi ? la guerre tue, est sale, injuste, laide, elle fait des victimes innocentes, surtout quand elle doit être menée au sein des populations civiles prises en otages ?

    Une indignation à éclipses pourtant depuis sept ans, mis à part quelques séquences stigmatisées comme la reprise d'Alep – alors que celle de Mossoul nous a laissés plus placides, car il s'agissait de nos bombes. Car on s'est habitués au martyre au long cours du peuple syrien. Tant que c'est à bas bruit, que ce sont nos frappes lointaines qui tonnent, que les morts que l'on fait sont « du mauvais côté » et point trop spectaculaires, on ne lève pas le nez de notre assiette. Sauf pour donner, de temps à autre, quelques leçons de morale de plus en plus inaudibles sur « le boucher Assad ennemi de son peuple » et les gentils rebelles insurgés au grand cœur qui veulent la démocratie et le bien-être de leurs concitoyens.

    De tragiques erreurs de jugement

    Cet ahurissant et persistant biais dans l'interprétation des faits a une origine. Depuis 7 ans en effet, on présente le conflit comme une lutte entre deux légitimités équivalentes qui seraient en concurrence finalement « normale » pour régir le pays. On fait comme si la Syrie n'était pas un État stable et sûr en 2011, comme si elle n'avait jamais eu de gouvernement légitime, mais un « régime » illégitime et honni, comme si c'était un territoire sans unité, un simple espace à conquérir, comme s'il ne s'agissait pas d'un pays souverain ; entré en résistance forcenée et nécessairement meurtrière, contre une agression tous azimuts venue de l'extérieur bien plus qu'aux prises avec une guerre civile, quelles qu'aient été la réalité et la légitimité des revendications politiques, sociales et économiques à l'origine des premières manifestations de 2011.

    Puis, de fil en aiguille, nous avons fini par nous convaincre de cette reconstruction des faits et par tomber dans un manichéisme dogmatique confondant, qui a déformé notre compréhension des choses et du coup a grandement affaibli notre capacité d'action. Nous avons cru que cette attitude néanmoins préserverait « nos intérêts ». Mais où en sommes-nous finalement de notre influence dans ce pays et même dans cette région dont nous nous préoccupons soi-disant tant ? Et quel poids nous accordent ceux qui dominent le jeu politique et militaire régional ?

    L'honnêteté impose d'admettre que nous sommes toujours largement hors-jeu, car nous ne voulons pas admettre nos tragiques erreurs de jugement et préférons ressasser les vieilles antiennes anti-Assad au lieu de chercher pragmatiquement à reprendre pied et langue dans le pays et à faire basculer les alliances dans le sens de l'apaisement et du compromis… dont les populations civiles seraient évidemment les premières bénéficiaires. Nous sommes malheureusement encore très loin d'une telle réforme intellectuelle et pour le coup « morale ». Alors, nous observons.

    Le trouble jeu américain

    L'affrontement Moscou-Washington bat son plein, attisé par les va-t-en-guerre néoconservateurs américains qui « environnent » fermement le président Trump et ont fait de l'Iran le nouveau rogue state à abattre. Washington veut miner la consolidation du « croissant chiite » qui traduit la renaissance de l'influence iranienne dans cette région stratégique et pour commencer, il veut que l'Iran sorte de Syrie. Les slogans très « calibrés » des récentes manifestations populaires en Iran ont clairement fait le lien entre le mécontentement « spontané » du peuple des provinces et les dépenses du pouvoir mises au service de la guerre menée en appui du pouvoir syrien. Le président Rohani ne s'y est pas trompé, qui a rappelé qu'il n'était pas comptable des fonds alloués aux gardiens de la Révolution sous tutelle du guide suprême Ali Khamenei.

    Alors, après l’échec de cette tentative de déstabilisation ou a minima de récupération d’une grogne populaire, pour pousser Moscou à lâcher son partenaire tactique iranien, l’Amérique remet une couche de sanctions (élément de chantage supplémentaire), une louche sur le délirant feuilleton du Russian probe du Procureur Mueller. Et en Syrie même, afin de contrôler les zones pétrolières de l'Est syrien pour peser sur la reconstruction économique et politique du pays, Washington s'engage militairement durablement aux côtés des Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes syriens (YPG) que Moscou ne défend pas vraiment des assauts turcs. Il semble en effet probablement plus important au Kremlin d'enfoncer un coin dans l'Alliance atlantique en laissant se développer l'affrontement Washington-Ankara à propos de ces mêmes Kurdes. L'Amérique se sert en tout cas des YPG – ce qui n'empêche pas ces derniers de demander parfois, comme à Afrin, le soutien des milices syriennes pro-Assad contre l'aviation et l'artillerie turques, car leurs liens avec le régime et l'armée sont anciens et puissants – pour empêcher de fait un règlement politique global sur lequel elle n'aurait pas la main, sachant que la Turquie, qui parraine le processus d'Astana aux côtés de Moscou et de Téhéran, ne peut admettre leur participation à un règlement politique.

    Cessons d'attiser les divisions intrasyriennes communautaires

    Parallèlement, ainsi que vient de le révéler la fuite d'un document diplomatique du Foreign Office, tout est fait pour casser le processus d'Astana (et celui de Sotchi), compromettre le succès des zones de désescalade (d'où la reprise des affrontements dans la Ghouta comme à Idlib) et redonner une crédibilité à celui de Genève, moribond et sans représentativité. À la manœuvre depuis janvier dernier, un « petit groupe américain sur la Syrie » composé des USA, de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Arabie saoudite et de la Jordanie… Et on s'étonne que la guerre ne finisse pas ! La guerre dont il est au demeurant toujours imprudent de clamer la fin.

    Plutôt que de s'indigner stérilement de la recrudescence des combats, on ferait mieux de cesser d'attiser les divisions intrasyriennes communautaires et confessionnelles en espérant encore démembrer ce pays pour lui dicter son avenir, chacun espérant se tailler la part du lion des marchés de la reconstruction. Le sentiment national syrien n'est pas un vain mot. C'est une réalité plus vivante que jamais, fortifiée par l'épreuve de la guerre et la résilience d'un peuple multiple, mais un, qui a refusé l'atomisation qu'on lui promettait. C'est autour d'un mot d'ordre de « la Syrie unie » que l'on devrait aujourd'hui chercher à faire naître un embryon de convergence des positions des puissances intervenantes au service des intérêts véritables du peuple syrien dans toute sa diversité, et non plus des leurs.

     

    Caroline Galactéros (Bouger les lignes, 28 février 2018)

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  • L'Hypercapitalisme mondial...

    Les éditions Odile jacob viennent de publier un essai d'Alain Cotta intitulé L'Hypercapitalisme mondial. Professeur d’économie à Paris-Dauphine, Alain Cotta est l'auteur de nombreux essais comme Le capitalisme dans tous ses états (Fayard, 1991), Le règne des oligarchies (Fayard, 2011) ou La domestication de l'humain (Fayard, 2015).

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    " L’hypercapitalisme progresse.

    Dans ce livre, Alain Cotta nous explique comment et à quel prix : corruption, inégalités croissantes et émergence d’une superoligarchie appuyée sur les classes moyennes...

    « Le triomphe du capitalisme d’entreprise va‐t‐il s’affirmer encore, comme le croient les fanatiques de la mondialisation, au point que le capitalisme d’État disparaisse, que les nations se dissolvent et que la paix universelle réunisse toute l’humanité ? Ou, au contraire, la scission actuelle des deux capitalismes ira‐t‐elle en s’approfondissant jusqu’à provoquer une guerre mondiale entre des pouvoirs inconciliables ? Guerre ou paix ? À moins qu’une autre voie, moins binaire, une lente fusion, redonne à ce système économique et social une identité homogène ? » A. C.

    Une réflexion magistrale sur une nouvelle féodalité. "

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  • Introduction à la géopolitique...

    Les éditions du Rocher viennent de publier un essai d'Olivier Zajec intitulé Introduction à l'analyse géopolitique - Histoire, outils, méthodes. Maître de conférences en science politique à l'Université Lyon III et professeur de géopolitique et de stratégie à l'École de Guerre, Olivier Zajec vient de publier Nicholas John Spykman - L'invention de la géopolitique américaine (Presses universitaires de la Sorbonne, 2016).

     

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    " Qu'est-ce que la géopolitique ? Pourquoi et comment cette méthode d'approche s'est-elle imposée ? Qui sont ses fondateurs, quelles étaient leurs théories ? Quels outils d'analyse indispensables met-elle à notre disposition pour comprendre les permanences et les ruptures des relations internationales contemporaines ? Illustrée de nombreuses cartes en couleurs, et de cas contemporains, cette introduction simplifiée et pédagogique permet une première approche de l'histoire, des outils et des perspectives de cette discipline.
    Paix, guerre, équilibres, ruptures : l'objectif est ici de clarifier " les enjeux de pouvoir sur les territoires ", dans toute leur diversité. "

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  • Et si les foules sentimentales se réveillaient ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 24 mars 2016 et consacrée au choix aux attentats commis par les terroristes islamistes à Bruxelles. Et si les "foules sentimentales" européennes, anesthésiées par 70 ans de paix, sortaient progressivement de leur torpeur, se demande l'auteur du Suicide français...

     


    Attentats à Bruxelles : "Les foules... par rtl-fr

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