Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

notre-dame

  • Feu sur la désinformation... (327)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : L’image de la semaine
      Des inscriptions considérées comme islamophobes ont été taguées sur les murs d’un centre culturel musulman à Rennes. L’émoi politico-médiatique qui a suivi a été impressionnant.
    • 2 : Notre-Dame : l’enquête patine, les médias enfument
      Deux ans jour pour jour après le terrible drame de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, l’enquête semble au point mort. Les médias, comme le gouvernement, avaient très vite écarté l’hypothèse d’un acte criminel. Un empressement étrange.
    • 3 : Revue de presse
    • 4 : Le scandale autour du fils de Joe Biden s’intensifie
      Hunter Biden, le fils de l’actuel président des États-Unis, est au cœur d’un scandale politico-financier qui a été soigneusement caché par les médias américains et français durant la campagne présidentielle.

     

                                           

     

    Lien permanent Catégories : Décryptage, Manipulation et influence, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Feu sur la désinformation... (232)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours de Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : Sri Lanka. Attentat islamiste, attentisme médiatique
      Alors que la police locale a rapidement désigné les islamistes comme les coupables, les médias français ont été beaucoup plus prudents.
    • 2 : Le Zapping d’I-Média 
      BFM TV est en extase devant Aya Nakamura, la chanteuse à succès du moment. Les journalistes n’hésitent pas à glorifier son « vocabulaire ».
      Sur France 5, Samuel Laurent des Décodeurs s’humilient en direct en enchaînant les erreurs factuelles. Gênant pour un « fact checker » !

    • 3: Le rat et Loiseau
      Avec Nathalie Loiseau, la tête de liste La République en Marche, prenez une leçon de ce qu’il ne faut absolument pas faire face à la diabolisation médiatique.
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Les Décodeurs du Monde jouent à plein leur rôle de milice du politiquement correct en publiant un article sans aucun intérêt journalistique sur l’un des membres de la fameuse « fachosphère ». Une délation scandaleuse.
    • 5 : Notre-Dame, l’inquiétude monte en flèche
      Alors qu’une loi d’exception va être mise au vote, les médias mettent largement en avant les architectes voulant moderniser la flèche de Notre-Dame.

     

                                

    Lien permanent Catégories : Décryptage, Manipulation et influence, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • La libération de Notre-Dame...

    Nous reproduisons ci-dessous un pont de vue de Slobodan Despot cueilli sur son site Antipresse et consacré à l'incendie de la cathédrale Notre-Dame. Éditeur, directeur de la lettre hebdomadaire Antipresse, Slobodan Despot a publié deux romans, Le miel (Gallimard, 2014) et Le rayon bleu (Gallimard, 2017).

    Gargouilles_Notre-Dame.jpeg

    La libération de Notre-Dame

    Notre-Dame de Paris. Le nom sonne si tendre, si incarné qu’on en oublie que c’est un édifice de pierre. Il y a belle lurette que ce nom ne désigne plus une construction, mais un être vivant. Une femme, une déité, une mère, la nôtre qui plus est, qui veille sur Paris, sur la France et par conséquent sur le monde entier. Car le plan qui va de l’église Notre-Dame au Louvre et du Louvre à l’Arc de Triomphe est incrusté dans la géographie intime de toute l’humanité civilisée, par-delà ses langues, ses traditions et ses religions.

    Les Français d’aujourd’hui sont les dépositaires d’un héritage qui les dépasse et qui appartient à l’humanité entière. Quelques générations, bien avant eux, ont touché à ce souffle intemporel et universel de l’être dont l’universalisme intellectuel n’est qu’une pâle transposition. Notre-Dame n’est pas plus française, ni moins, que le Taj Mahal n’est moghol, que Pétra n’est jordanienne ou que Sainte-Sophie n’est turque. Notre-Dame est l’une de ces enclaves de l’absolu qui parlent la langue commune de l’humanité, n’appartenant à personne mais intelligible de tous. C’est pourquoi le sort de Notre-Dame concerne toute l’humanité civilisée. Et c’est pourquoi la jubilation sur ses cendres désigne ceux qui ne méritent d’appartenir à aucune forme de société, tout juste de recevoir leur pitance à travers les barreaux de la cage. Le fait qu’un grand nombre de ces Orques et Gobelins aient été non seulement tolérés, mais encore nourris et protégés par l’Afrance d’aujourd’hui éclaire dans toute sa fatalité la logique de l’immolation de Notre-Dame. Dans l’Afrance d’aujourd’hui, cette nef qui a traversé neuf siècles de troubles avait plus de raisons de flamber que de rester intacte.

    Notre-Dame de Paris. Dans nos têtes, infailliblement, le nom évoque bien plus qu’une architecture. Il rappelle «la double solennité, réunie depuis un temps immémorial, du jour des Rois et de la Fête des Fous». Il réveille le joyeux chahut des escholiers et des moinillons, il anime les silhouettes du bon peuple de Paris s’amassant dans ce qui était alors le plus vaste espace couvert au monde, et qui servit aussi bien, des siècles durant, à célébrer Dieu qu’à abriter les mules et les va-nu-pieds.

    Notre-Dame fut bâtie une première fois par des générations de maçons et une deuxième fois par un seul homme, posté nu devant son lutrin et giclant frénétiquement, en moins de trois ans, à la plume d’oie pâteuse sur d’immenses feuilles de papier, un univers complexe dont ses malingres descendants armés de traitements de texte et de bases de données ne pourraient esquisser la centième partie sans s’y noyer. Notre-Dame de Paris, depuis deux cents ans, est mariée dans sa démesure au génie extravagant du plus grand romancier qui fut.

    Qu’elle s’ancre dans l’obscure persévérance des compagnons ou la fulgurance démoniaque de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris témoigne du passage d’une autre race sur cette terre, d’une race de géants. Échouée au nanométrique XXIe siècle, elle y «brille comme une vieille épée qu’on déterre» (Tsernianski), comme une de ces armes dont on se demande, en les voyant aujourd’hui, quel poignet pouvait les manier. Et quelle chair survivre à leurs coups.

    La négligence est pire que le crime

    Voici des décennies qu’elle gisait là, comme Gulliver à Liliput, entravée d’un réseau de câbles, envahie d’un grouillement de touristes, truffée d’une forêt de dispositifs et de règles de sécurité. Et voici que la grâce des flammes l’a libérée— pour quelques années au moins — de ce servage industriel indigne d’une servante de Dieu.

    «Notre-Dame s’est échappée!» Je roulais ce lundi soir vers ma maison pendant que mon téléphone posé sur le siège passager faisait défiler les images que m’envoyait un ami. Ce n’était pas possible! Ma gorge hésitait entre le rire et le sanglot. «Elle s’est échappée!» ai-je fini par dire, tout haut. «Affranchie!»

    Notre-Dame était une scandaleuse irruption d’éternité dans le poulailler de l’instant-culture. Elle était l’otage d’un temps et d’une population — peut-on encore parler de peuple? — incapables de la comprendre et trop faibles pour la sauvegarder. Avant même d’avoir maîtrisé l’incendie, on l’a proclamé accidentel, enclenchant d’emblée l’appareillage de la restriction mentale devenue obligatoire lors de chaque traumatisme collectif.

    Accidentel, soit! Un avion se crashe par accident: on désigne aussitôt le pilote, le fabriquant, l’aiguilleur — bref quelqu’un. Cinq jours plus tard, à Notre-Dame, c’est toujours personne. La buée de l’émotion est plus dense encore que les sinistres fumées jaunes de lundi. Soupirer tant qu’on veut, ne surtout pas réfléchir: doctrine appropriée pour les humains au «cœur dur et à la tripe sensible» comme Bernanos diagnostiquait ses contemporains.

    Accidentel, nécessairement! Toute autre hypothèse est impensable et, surtout, insoulevable pour les épaules malingres des nains gestionnaires. On a vu l’ex-architecte de la Dame étaler sa stupéfaction chez Pujadas: ça ne brûle pas comme des allumettes, le chêne presque millénaire! «Il faut mettre beaucoup de petit bois pour y arriver!», lâcha-t-il en plaisantant à moitié, créant la gêne sur le plateau. Dès le lendemain, le gouvernement mit en place une «communication davantage centralisée» afin que les architectes et autres gardiens du patrimoine ferment leur bec.

    Les rois foireux

    On fuit comme la peste l’idée du geste intentionnel. Comment affronter des terroristes qui auraient le pouvoir de frapper ce pays en son cœur même? Et que faire si l’analyse rationnelle devait aboutir à un scénario de type «incendie du Reichstag», ou tout du moins à une exploitation cynique d’une catastrophe historique par le pouvoir en place? Prendre les armes? Qui, parmi ces conspirationnistes de réseaux sociaux, aurait la force d’aller au bout de ses conclusions?

    La piste criminelle est un cauchemar, mais la piste accidentelle est pire. D’un côté, on aurait affaire, dans le «système» ou hors de lui, à des criminels hideux mais capables. De l’autre, à des jean-foutre absolus, sans aucune valeur, qui auraient tellement dépouillé et désorganisé l’État qu’il n’est plus capable de veiller efficacement sur le premier monument de France (et son plus gros atout touristique)(1).

    Mais la Dame n’en a cure, de ces discussions académiques. La Dame s’est envolée vers le ciel drapée dans ses volutes jaunes. On peut bien promettre pour dans cinq ans une cathédrale reconstruite «plus belle qu’avant», blanchir les milliards des évadés fiscaux, appeler au «geste architectural contemporain» (= provocation prétentieuse en langue de bois d’énarque), rivaliser de mauvais goût et de transgressions. Rien ne rendra au socle de pierre sa «forêt» de chênes que quatre générations de bûcherons et de charpentiers affinèrent avant d’oser la hisser sur les ogives. Le nom du nain qui l’a laissée partir en fumée est d’ores et déjà gravé — ce seul exploit y suffit — dans la lignée des rois foireux, après celui qui, le jour même de son investiture, fut contraint par la foudre de retourner penaud sur son tarmac au lieu d’aller montrer patte blanche à la reine teutonne, à Berlin (2). Le doigt de Dieu n’est pas une plaisanterie. Notre-Dame de Paris, le roman aussi monumental que le temple, ne s’ouvre-t-il pas sur le mot ANÁΓKH (anankè): fatalité?

    Slobodan Despot (Antipresse, 21 avril 2019)

     

    NOTES
    1. Comme l’a résumé le grand diplomate et militant humanitaire Craig Murray: «Comme d’autres Etats occidentaux, la France possède d’incroyables technologies, amassées à coups de trillions d’euros, capables de détruire des villes entières en un instant. Mais elle a investi dans des échelles et des lances trop modestes pour sauvegarder Notre-Dame et son héritage…»

    2. Élucidant du même coup le quatrain d’Onuphre que je citai dans mon éditorial du Nouvelliste le 18 mai 2012: «Lorsque Hollande Hongroys vaincra/Et tiendra couronne de France,/Ciel son vol foudroyera/Par despit de male alliance.»

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Vers une Notre-Dame recyclable et inclusive ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Olivier Babeau, cueillie sur Figaro Vox et consacré à la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame, à la suite des déclarations d'Emmanuel Macron indiquant sa volonté de la faire rebâtir "plus belle ", "en cinq ans", et avec une flèche "adaptée aux enjeux de notre époque", selon son Premier ministre... Olivier Babeau est professeur d'université.

    Notre-Dame_Projet.jpg

     Olivier Babeau: «Pitié, ne nous faites pas une Notre-Dame recyclable et inclusive!»

    On pensait qu’avec la fin de l’incendie, le pire était passé. Il semblerait que de plus grands périls menacent la cathédrale. Le futur chantier s’est transformé en quelques jours en un champ de bataille. C’est plus qu’une version nouvelle de la querelle des Anciens et des Modernes qui fait désormais rage. C’est la mémoire de la France elle-même que certains voudraient, de façon explicite, enterrer. C’est l’Histoire de notre pays qui s’apprête à être réécrite, sous couvert d’innocentes mises au goût du jour.

    Faut-il restaurer la cathédrale du XIIIe siècle, auquel cas il faudrait aussi repeindre les statues et les façades de couleurs vives comme à l’époque, ou bien respecter Viollet-le-Duc? Le débat sur ce que peut signifier l’authenticité d’un monument maintes fois remanié est loin d’être clos. Pour l’heure, c’est à notre sens une autre question qui se pose, beaucoup plus fondamentale. Les déclarations étranges se multiplient: Édouard Philippe annonce l’organisation d’un concours pour concevoir une nouvelle flèche «adaptée aux enjeux de notre époque». D’autres proposent de remplacer l’ennuyeuse toiture providentiellement partie en fumée par une magnifique serre qui serait un «espace laïc transparent». «Sans abattage d’arbre» est-il précisé. D’autres enfin, comme le site RollingStone, remarquent que le monument était un symbole très lourd d’une «Europe chrétienne idéalisée qui n’a jamais existé» (sic). Un architecte de l’université d’Harvard, Patricio del Real, aurait déclaré: «le bâtiment était si chargé de significations que son incendie semble un acte de libération». Et Rolling Stone d’enfoncer le clou: «toute reconstruction doit être une réflexion non sur la vieille France, ou sur la France qui n’a jamais existé — la France non-laïque blanche — mais sur la France d’aujourd’hui, une France qui est en train de se faire». L’idée de reconstruire à l’identique serait «naïve», le futur bâtiment devant être une expression de «ce que nous sommes aujourd’hui».

    A-t-il été «naïf» de reconstruire l’opéra de la Fenice ou le parlement de Bretagne à l’identique? Attend-on des Grecs qui relèvent le Parthénon un geste architectural pour mettre Phidias au goût du jour? Ajoutera-t-on à la Joconde une marque des «enjeux de notre époque» lors de sa prochaine restauration? En quoi au juste serait-il nécessaire qu’un bâtiment historique rénové soit plus remanié que ne l’est un tableau ancien?

    Notre-Dame court le risque d’être confisquée par notre siècle. La rénovation servant de prétexte de bon aloi pourrait bien n’être que le faux-nez d’une volonté plus pernicieuse de profiter des travaux pour stériliser ce symbole gênant d’une époque que l’on veut oublier. Certains y voient clairement l’occasion rêvée de faire progresser leur agenda révolutionnaire, en transformant le témoin d’un passé haï en une célébration de l’ordre nouveau. Le débat autour du chantier de Notre-Dame est révélateur des fondamentalismes sur lesquels est bâtie notre modernité.

    Le culte de la terre-mère, d’abord, voudrait interdire le «sacrifice» d’arbres pour rebâtir, ignorant la possibilité d’une gestion raisonnée des forêts. L’être humain étant considéré comme un parasite à la surface du globe, tout monument est en soi une provocation qu’il convient d’expier. Les totems écologiques que sont les éoliennes ne suffisant plus car leur effrayant bilan réel commence à être connu, d’autres gestes ostensibles de soumission seront réclamés. Quoi de plus visible que le toit de Notre-Dame? Il lui sera demandé demain, au minimum, d’être à énergie positive et recyclable.

    La seconde obsession contemporaine qui s’exprime dans certaines prises de position est la célébration permanente du progressisme, présenté comme l’aboutissement heureux de l’histoire morale après des millénaires d’errements. L’incendie de Notre-Dame est ainsi transformé en une sorte de nouveau bûcher des vanités. Les Savonarole modernes nous crient de renier nos anciennes passions, d’oublier ces absurdes ferveurs qui ont conduit des gens vivant il y a huit siècles à édifier ces vaisseaux de pierre désormais passés de mode. En réalité il ne s’agit pas d’un combat des chrétiens contre les autres religions, des croyants contre les non-croyants, mais d’une l’opposition entre ceux qui reconnaissent l’importance (et l’existence!) de nos racines, et les apôtres de la nouvelle foi égalitaire. Selon cette dernière, l’ordre ancien doit faire l’objet d’une damnatio memoriae méthodique afin d’y substituer le visage riant d’une modernité inclusive, solidaire, durable et festive.

    Pitié pour Notre-Dame! La faire vivre avec son temps serait la rendre intempestive. Ne lui faisons pas porter d’autre message que celui que ses bâtisseurs ont voulu transmettre. Respectons le témoignage de ferveur et de courage qu’ils nous envoient à travers les âges et laissons notre époque à la porte de la cathédrale. N’exigeons pas d’un tel monument qu’il rentre dans notre siècle, précisément parce que c’est en restant intemporel que sa portée restera universelle.

    Olivier Babeau (Figaro Vox, 18 avril 2019)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Feu sur la désinformation... (231)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours de Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : Possible acte criminel ? Silence de cathédrale des médias
      L’expression du moindre doute sur le caractère accidentel sur l’incendie de Notre-Dame semble provoquer la fureur des médias. Inquiétant.
    • 2 : Le Zapping d’I-Média 
      Si France Info en est toujours à réaliser des enquêtes pour s’assurer que certaines zones de Paris sont bien en proie à l’insécurité, le constat que l’immigration extra-européenne est un handicap est réalisé partout en Europe, jusqu’en Finlande.

    • 3: Emotion totale… ou presque !
      Pour les médias, l’émoi provoqué par l’incendie de Notre-Dame a été total. Mais certains commentaires indécents sur les réseaux sociaux mettent à mal cette vision utopique.
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Greta Thunberg pleure pour appeler à « sauver le climat » et un Cyril Hanouna recrute l’ancien rédacteur en chef des Inrocks, licencié suite à des affaires de harcèlement en marge de la « Ligue du LOL ».
    • 5 : Julian Assange arrêté : service médiatique minimum
      Face à l’arrestation inquiétante du journaliste le plus célèbre de la planète, les médias français ont décidé de rester plutôt discrets.

     

                                               

     

     

    Lien permanent Catégories : Décryptage, Manipulation et influence, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Autour de Notre-Dame en feu, l'écho d'une âme collective ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Maffesoli, cueilli sur Figaro Vox et consacré aux manifestations de recueillement qui ont été observées autour de Notre-Dame en feu.

    Penseur de la post-modernité, Michel Maffesoli a publié récemment  Les nouveaux bien-pensants (Editions du Moment, 2014) , Être postmoderne (Cerf, 2018) et dernièrement La force de l'imaginaire - Contre les bien-pensants (Liber, 2019).

     

    Notre Dame_Recueillement.jpg

    Maffesoli: «Que signifie la piété collective au pied de Notre-Dame en feu?»

    En cette nuit funeste Notre-Dame de Paris brûlait! Et tout autour, peu à peu, une immense foule se rassemblait. Impuissante, mais comme en communion de destin avec cet esprit de pierre tout en incandescence. Peuple silencieux. Puis, soudainement, chantant ou priant le «Je vous salue Marie». Place Saint Michel, Quai d’Orléans, Pont Saint Louis, l’émotion se sublimait en un chant n’ayant rien d’offensif, mais où l’on entendait comme un écho d’une âme collective, qui, depuis le Moyen-Âge, entoure cette figure protectrice de la cité.

    Nombreux sont ceux ayant célébré, tel Victor Hugo «Notre-Dame de Paris» (1831). Ne soulignent-ils pas que ses cloches, son bourdon en particulier, émeuvent les esprits les plus rassis et certains jours, enflamment l’ensemble de la ville.

    Ce qui frappe est le climat de piété régnant autour de la cathédrale. Quelque chose d’une pensée méditante. Me vient à l’esprit la remarque de Heidegger, considérant «la pensée comme un exercice de piété». Piété caractéristique de ceux qui sont pieux. Le pieu c’est, également, cette pièce de bois droite permettant d’être assuré et solide.

    Notre-Dame comme un pieu fiché en terre, pour servir de fondation à tout être.

    On entend ça et là des personnes déplorer cet incendie, car il met en danger l’attraction qu’exerçait cette église, mondialement connue et attirant 14 millions de touristes par an. La mettant, ainsi, sur le même plan que Disneyland.

    Réduction utilitariste à bien courte vue, ne saisissant pas la force de l’imaginaire, cause et effet d’une telle construction. Les bâtisseurs des cathédrales étaient animés par un autre objectif: une incarnation du sacré. Et l’émotion collective éprouvée en voyant cette cathédrale brûler n’est pas autre chose que l’irréfragable perdurance de ce que Joseph de Maistre nommait «le résidu divin».

    Résidu comme solide substrat de toute société, voire de toute culture. Résidu qui comme le pieu de la piété est, certes, enraciné en un lieu donné, mais ne manque pas de rayonner d’une manière on ne peut plus large. Et il suffisait d’entendre , dans la foule compacte, les murmures prononcés en nos langues latines, pour comprendre «l’unidiversité» dont Notre-Dame de Paris est le symbole. Elle rassemble ce qui est épars. C’est le prototype de l’enracinement dynamique. Celui du «commerce», en son sens large, qui était pré-moderne, et qui sera, certainement, postmoderne.

    «Commerce» que l’on retrouve dans le roman de Victor Hugo, où Quasimodo, Esmeralda, la Gitane et le beau Phoebus de Châteauperce se mêlent en une symphonie baroque où le parler en langues diverses n’en souligne pas moins l’unicité fondamentale autour d’un principe commun. En la matière, la nostalgie de l’ailleurs, celle de l’homme de désir, toujours taraudé par la transcendance.

    C’est bien cela que les prières, les chants jaillissant spontanément, les pleurs surgissant sans honte traduisaient: une transcendance immanente, confortant, réconfortant un peuple rassemblé.

    Durkheim parlait des «rites piaculaires»: rites de pleurs. Moments où l’émotion collective a une fonction charismatique, c’est-à-dire une fonction d’union, de communion. Renaissance d’un lien que l’individualisme moderne n’a pas réussi tout à fait à rompre et qui à certains moments retrouve une force et vigueur indéniables. Certes le bavardage médiatique ou politique «pérore» sur l’attraction touristique de la cathédrale, ce qui est bien loin d’être essentiel. Car au-delà ou en deçà du tourisme, la véritable attraction est spirituelle ou même sacramentelle. C’est-à-dire à l’image du sacrement, ce qui rend visible une force invisible. En la matière le besoin d’un au-delà à l’enfermement égotiste propre à la modernité. Dialogie du visible et de l’invisible faisant fi de la marchandisation dominante.

    Ainsi, au-delà de la destruction d’un joyau du patrimoine de l’humanité, la crainte se lisant sur les visages apeurés, c’était celle de voir disparaître un véritable «matrimonium» collectif. Lieu servant de matrice spirituelle à toute vie en société.

    Mais tout comme dans une carrière humaine, il faut, selon l’expression de Saint Augustin: «In te ipsum redi», rentrer en soi-même afin de renaître à un plus-être. Tout est symbole. Dans la nef, la croix lumineuse sur l’autel central a continué à briller. Peut-être faut-il comprendre cet incendie comme une «catabase»: une descente aux enfers qui est aussi l’indice d’une résurrection à venir. C’est bien cela que l’on ressentait dans la piété collective autour de Notre-Dame de Paris en feu !

    Michel Maffesoli (Figaro Vox, 16 avril 2019)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!