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indo-européens

  • Le « Mal » dans la cosmogonie de Tolkien...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Ralf van den Haute cueilli sur Euro-Synergies et consacré à la question du Mal dans l'univers de J.R.R. Tolkien.

     

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    Le « Mal » dans la cosmogonie de Tolkien

    La lecture de l'épopée Le Seigneur des Anneaux [1] ne révèle pas toute la portée mythique de l'œuvre de J. R. R. Tolkien, qui fournit dans Le Silmarillion [2] la véritable clé de son univers. On y trouve une description de l'origine du monde, des dieux et du « Mal ». Le statut de ce dernier dans l'œuvre de Tolkien correspond à plusieurs égards aux différentes manifestations du Mal dans la mythologie germanique. Le but de cet article est d'examiner cet aspect et de retracer certaines similitudes entre le Mal dans l'œuvre de Tolkien et la mythologie germanique telle qu'elle nous est transmise par les Eddas [3].

    Le « Mal » dans l'œuvre de Tolkien ne correspond pas à la définition qui nous a été transmise par le monothéisme chrétien: il faut plutôt le considérer comme un ensemble de forces destructrices qui défient la vie et l'ordre divin, comme on le retrouve dans l'Edda.

    Dans la littérature fantastique, et plus particulièrement dans le genre appelé « fantasy héroïque », Tolkien jouit indéniablement d'une popularité inégalée. Éminent philologue, spécialiste de la grammaire comparée des langues germaniques et indo-européennes, il n'est pas seulement l'auteur d'un récit merveilleux et d'une épopée. Contrairement aux innombrables livres et productions cinématographiques pseudo-mythiques — qui sont dépourvus de toute dimension tragique —, l'œuvre de Tolkien constitue un système mythologique véritablement cohérent, basé sur un mythe cosmogonique et doté d'un cadre dans lequel peut se dérouler une épopée quasi homérique.

    Le Silmarillon, clé de l'œuvre de Tolkien

    Tout dans cette œuvre — des anneaux aux épées magiques, des représentants du « Bien » et du « Mal » — est l'expression d'un ordre intérieur propre à l'être humain, tant à l'individu qu'à la communauté du destin. Il s'agit d'un ordre immanent à ce monde, dont l'essence ne peut être comprise en lisant uniquement Le Hobbit [4] - qui a commencé comme une histoire que Tolkien a écrite pour ses enfants - et Le Seigneur des Anneaux. Dans Le Silmarillion, le lecteur séduit par la Terre du Milieu trouvera les clés indispensables. Bien qu'il ait été publié après Le Seigneur des Anneaux, l'auteur a commencé à écrire le texte dès son retour des tranchées en 1916. Initialement destiné à être inclus dans Le Livre des contes perdus [5] , le manuscrit partiellement inachevé a finalement été publié en 1977 par Christopher Tolkien, le fils de l'auteur.

    Dès le départ, Le Silmarillion apparaît comme un livre moins accessible que l'épopée de Tolkien : c'est l'histoire des origines, du commencement lointain – la nuit des temps – qui n'est pas sans rappeler la Völuspá, dans laquelle la mystérieuse Völva raconte les origines et le destin du monde. Le Silmarillion contient tout le contenu mythique qui permet de mieux comprendre Le Seigneur des Anneaux, d'autant plus que les événements du Silmarillion précèdent chronologiquement ceux du Seigneur des Anneaux et en décrivent les causes en détail. Le lecteur y découvre l'élaboration d'un véritable mythe cosmogonique originel, la présence d'un panthéon — dont les fonctions des divinités ne sont pas toujours complètement élaborées — et une vision de la fonction du « Bien » et du « Mal », qui atteindra son apogée dans Le Seigneur des Anneaux.

    Certains ont voulu voir dans cette dynamique entre deux forces opposées une allégorie — comme celle de la Seconde Guerre mondiale. Tolkien lui-même a rejeté cette interprétation. Il nous semble plus intéressant d'étudier le statut du « Mal » dans l'œuvre de Tolkien à la lumière de la mythologie germanique telle qu'elle est représentée dans l'Edda. Pourquoi spécifiquement la mythologie germanique ? Germaniste, Tolkien connaissait particulièrement bien plusieurs langues germaniques anciennes telles que le vieux norrois, le vieil anglais et le gothique, et a lui-même traduit et commenté plusieurs textes épiques et mythologiques. Sa connaissance des mythes et légendes germaniques était pour le moins très approfondie. Cette tentative d'analyse succincte n'exclut pas l'existence d'autres influences : certains noms dans le Silmarillon semblent notamment être tirés de l'épopée finlandaise Kalevala. Le quenya et le sindarin, langues elfiques créées par Tolkien, sont quant à elles basées sur le finnois et le gallois. Il est difficile de se prononcer de manière catégorique sur les parallèles entre le Silmarillion et le mythe de la création dans le Mahabarata, car on ne sait pas dans quelle mesure Tolkien connaissait le contenu de ce texte. Certains suggèrent que les sept rivières d'Ossiriand seraient inspirées des sapta sindhu, les sept rivières du Rigveda. Quoi qu'il en soit, il est possible de démontrer de manière convaincante que Tolkien a rédigé un mythe de la création, une mythologie et une épopée héroïque à part entière, qui s'inscrivent dans la lignée de la mythologie germanique et indo-européenne au sens large.

    Le mythe fondateur

    Le problème du « Mal » ne peut être dissocié de l'ensemble de la cosmogonie. Le mythe tolkienien de la création en fournit lui-même l'explication : il ne s'agit pas d'une création comme acte unique émanant d'une divinité unique et toute-puissante. Cette cosmogonie s'inscrit plutôt dans une conception de l'origine telle que l'a formulée Ernst Jünger dans Besuch auf Godenholm [6] : « La création (...) était possible à chaque point où les flammes de l'infiniment vaste éclataient. »

    Dans le Silmarillion, Eru, ou Ilúvatar (illustration) — un nom apparenté à l'allemand Allvater, l'un des nombreux noms d'Odin — crée les Ainur et leur donne trois thèmes musicaux qu'ils doivent élaborer et développer. Ils donnent ainsi forme à Arda, la Terre, et à , le « monde qui est », l'univers.

    Ilúvatar ne possède aucune des caractéristiques du dieu jaloux de la Bible ; au contraire, il semble incarner le principe du Devenir. N'envoie-t-il pas ses flammes éternelles à travers l'espace — les flammes de l'infiniment de Jünger —, flammes qui sont à l'origine des mélodies infinies, véritables sculptures musicales ? C'est ainsi que la Terre et l'univers deviennent réalité.

    Les Valar, les dieux de la cosmogonie tolkienienne, sont les meilleurs parmi les Ainur. Ils sont quatorze et leurs fonctions sont multiples. Certains Valar présentent des similitudes avec les dieux de notre panthéon familier : il y a ainsi un dieu de la mer (et des eaux en général). Ils correspondent à des forces de la nature, et l'on pourrait ici utiliser le terme de « religion naturelle », si Tolkien ne semblait pas veiller soigneusement à ne jamais inclure de culte religieux ou de forme quelconque d'eschatologie dans son œuvre.

    Les Valar, qui participent au chant éternel des Ainur, représentent en quelque sorte les forces de la nature qui façonnent et refaçonnent sans cesse le visage du monde. Ce chant symbolise le devenir : seuls des éléments créateurs peuvent exister. Un monde sans éléments destructeurs serait statique, incomplet et, en l'absence d'une dimension tragique, totalement inintéressant.

    Friedrich Gundolf, membre éminent du cercle de poètes autour de Stefan George, suggère que « les dieux subliment toutes les tensions humaines en forces créatrices » [7]. Ces tensions existent également dans l'œuvre de Tolkien ; elles en constituent même le fondement. Quels sont donc les éléments destructeurs nécessaires pour rendre possibles les tensions créatrices ? Le « Mal », en tant que force opposée au « Bien », apparaît déjà dans l'Ainulindalë, où Tolkien raconte le développement des mélodies par les Ainur.

    Alors que les Ainur et les Valar façonnent le monde et la vie à travers leur musique, Melkor — lui-même un Valar — développe ses propres mélodies, dissonantes et violentes, qui semblent consister en une négation des harmonies créées par les autres Valar. Les mélodies de Melkor s'ajoutent à l'ensemble des mélodies des Valar : à certains moments, les tonalités harmoniques prédominent, non sans difficulté ; à d'autres moments, c'est la musique dissonante de Melkor qui domine.

    Cet antagonisme, mais aussi cette alternance entre les deux forces, reflète la lutte entre les dieux et les Titans, entre l'ordre et le chaos, entre la vie et la mort. Les Valar sont ainsi constamment confrontés à la destruction de leur œuvre, voire à leur propre destruction. Les deux forces sont engagées dans une lutte éternelle, dans laquelle aucune des deux ne peut jamais se vanter d'une victoire définitive.

    L'eucatastrophe

    Mais Le Seigneur des Anneaux ne se termine-t-il pas par une eucatastrophe ? Tolkien lui-même mentionne l'eucatastrophe comme l'une des issues possibles dans un essai intitulé On Fairy-stories [8] . La définition qu'il donne à ce terme — dérivé du grec eu et katastrophê — est la suivante : « L'eucatastrophe est le revirement soudain et joyeux [...] une grâce soudaine et miraculeuse, sur laquelle on ne doit jamais compter pour qu'elle se reproduise. »

    Dans cet essai, Tolkien décrit comment la structure du conte de fées, notamment à travers l'eucatastrophe, trouve un écho lointain dans l'histoire du salut chrétien. Tolkien, qui a écrit cet essai une dizaine d'années avant de commencer ses récits, relativise lui-même cette notion lorsqu'il affirme que l'eucatastrophe n'est pas la seule fin possible. Cet essai traite des contes de fées en général, et non spécifiquement du Seigneur des Anneaux, dont la rédaction n'a commencé qu'une dizaine d'années plus tard.

    Dans l'eschatologie chrétienne, le Mal est définitivement vaincu lors du Jugement dernier, qui marque la fin de l'Histoire (qui, dans la tradition judéo-chrétienne, a commencé avec l'expulsion d'Adam et Ève du Paradis). Si l'œuvre de Tolkien contient des éléments chrétiens, c'est plutôt dans le personnage de Nienna, une déesse (Valar) qui présente certains attributs de Notre-Dame et plus précisément de la Mater dolorosa, à savoir la tristesse, la compassion et la miséricorde.

    Cependant, de nombreux indices suggèrent que le « Mal » n'est pas définitivement vaincu à la fin de la grande bataille dans Le Seigneur des Anneaux. Comme le fait remarquer Paul Kocher dans Master of Middle-Earth [9] : « À en juger par les Âges précédents, le Mal reviendra bientôt. »  Lors du dernier conseil avant la bataille, Gandalf, personnage emblématique de l'épopée, déclare que même si Sauron était vaincu et qu'un grand mal était ainsi banni du monde, d'autres se lèveraient.

    Par l'intermédiaire de Gandalf, l'auteur relativise davantage l'eucatastrophe, un concept qu'il définit et décrit certes dans un essai, mais dont les perspectives chrétiennes sont finalement absentes tant dans son récit cosmogonique que dans son épopée.

    Histoire cyclique

    Le « soleil invaincu » est un autre thème récurrent dans l'œuvre de Tolkien : vers la fin du Seigneur des anneaux, le soleil renaît à l'horizon. Tout cela indique que la vision de l'histoire n'est pas linéaire ici : tant que le soleil se lèvera le matin, les grands après-midis seront inévitablement suivis de crépuscules. La victoire du soleil sur les ténèbres, de l'ordre sur le chaos, est elle-même de nature cyclique.

    Le risque et le défi sont donc étroitement liés : la lutte entre les peuples libres (the free people) et les autres — les esclaves des ténèbres, porteurs de destruction et de chaos (les Orques, les Nazgûl, etc.) — revêt ici une dimension véritablement cosmique, mythique et intemporelle. On retrouve cette lutte dans la chasse effrénée du Vala Oromë (ill.), un dieu qui ressemble à Odin à plus d'un titre : le martèlement des sabots de son cheval annonce l'aube et chasse les ténèbres, qui réapparaissent immédiatement derrière lui.

    La guerre entre Melkor et les Valar est sans fin et de nature cyclique. Selon Mircea Eliade [10] , la notion de temps chez les peuples archaïques ou les sociétés indo-européennes traditionnelles n'est pas vécue de manière linéaire, mais cyclique. Les rites, les mythes et les fêtes reproduisent les actes originels des dieux, des héros ou des ancêtres mythiques et permettent aux participants de revenir à chaque fois à l'époque primitive (illud tempus).

    Eliade fait notamment référence à la tradition védique : les kalpas y sont des époques qui se succèdent à l'infini ; le rituel (agnihotra) permet la régénération du cosmos (au sens de l'Ordre). Eliade estime que le renouvellement périodique du pouvoir royal (dans les traditions iranienne et romaine) constitue une variante indo-européenne de la régénération cosmique.

    Lutte éternelle

    Peut-on alors compter Le Silmarillio parmi la tradition indo-européenne et plus précisément germanique, dont on sait qu'elle fut l'une des principales sources d'inspiration de l'auteur ? L'Edda nous raconte l'histoire des géants qui ont tué le géant primitif Ymir et ont utilisé les différentes parties de son corps pour façonner l'Univers et le Monde, avant d'être bannis aux confins du Monde par les dieux. Les géants se sont sentis humiliés, et c'est ainsi qu'a commencé une guerre sans fin entre les géants — représentants des forces brutes du commencement du monde et du chaos destructeur — et les dieux, symboles de l'ordre.

    Gustav Neckel y voit un élément mythique très ancien et démontre sa présence dans les récits perses, helléniques et celtiques (principalement irlandais). Dans Vom Germanentum [11] , Neckel parle de l'«*ewigen Kampf dieser entgegengesetzten Gewalten*» (lutte éternelle entre ces forces opposées), dans le même contexte que celui que l'on retrouve dans l'œuvre de Tolkien.

    La vision du monde des Indo-Européens considère la vie comme une lutte éternelle entre des forces qui s'opposent et qui constituent ensemble le Devenir. Tolkien oppose le monde ensoleillé des forêts et des paysages verdoyants et vallonnés, avec ses sources et sa magie, aux déserts, à la désolation des terres arides couvertes de nuages sombres.

    En ce sens, la cosmogonie et la mythologie de Tolkien, qui se déploient autour de ce *Streit der aufbauenden mit den niederreißenden Gewalten* (lutte entre les forces constructrices et destructrices, selon Neckel), sont à la fois crédibles et cohérentes.

    Les arbres de Yavanna

    Dans Le Silmarillion, Tolkien illustre ce cycle à travers l'histoire des deux arbres de Yavanna. Ces deux arbres sont étroitement liés à la mythologie germanique, et plus particulièrement à Yggdrasil, l'if sacré des Germains. Yavanna, tantôt déesse, tantôt arbre sacré reliant la terre et le ciel, veille sur Laurelin et Telperion, deux arbres qui partagent avec l'if sacré des Germains la notion de fertilité et de croissance, ainsi que la menace de leur destruction.

    Yggdrasil est en effet constamment menacé par un cerf qui broute son feuillage et par des serpents qui rongent ses racines. Grâce à la présence des Nornes du destin, qui vivent sous ces racines, il ne succombera pas aux attaques sans cesse renouvelées avant le Ragnarök. Yggdrasil reflète la condition humaine et celle du monde dans la mythologie germanique.

    Les deux arbres sous la protection de Yavanna finiront par périr, empoisonnés par Melkor : leur disparition marquera la fin de l'ère solaire et le début d'une période sombre, qui ne prendra fin que lorsqu'une des précieuses graines de Telperion redeviendra un arbre. Cela ne se produira qu'au moment où un roi légitime, héritier de l'épée de ses ancêtres les plus lointains et divins, aura reconquis le trône ancestral.

    Il s'agit bien sûr d'un mythe de régénération, qui n'est pas sans rappeler le cycle arthurien et les récits de la quête du Graal (Chrétien de Troyes, Wolfram von Eschenbach, mais aussi T. S. Eliot dans The Waste Land [12] ). Le rôle de ces arbres sacrés montre à quel point Tolkien nous plonge dans un univers qui nous est familier.

    Loki

    Quant au personnage de Melkor, lui aussi semble avoir ses homologues du côté germanique. Tout comme les géants, il a été banni de leur demeure par les dieux. Humilié, il ne cesse de penser à se venger. Il existe une parenté tout aussi évidente entre Melkor, qui est particulièrement rusé, et Loki, le dieu germanique du feu, que Felix Genzmer décrit dans Die Edda [13] comme un fauteur de troubles, un instigateur de tous les malheurs qui frappent les dieux.

    Georges Dumézil a consacré une étude approfondie [14] à ce dieu aux multiples facettes. Loki est en effet associé à la ruse et au mensonge. Il est après tout le père de la géante Hel, du serpent Midgard et du loup Fenrir, qui joueront un rôle important dans le Ragnarök. Melkor s'est également forgé une réputation de menteur qui trompe ses victimes par la ruse, la peur, la tromperie et la violence. Les Valar parviennent un jour à le précipiter dans le Néant (nothingness), mais sa place est immédiatement prise par Sauron. Il s'agit clairement d'une fonction essentielle, sinon il n'y aurait eu aucune nécessité de le remplacer.

    Loki a engendré des créatures monstrueuses : Melkor fait de même et forme, à partir d'êtres vivants capturés ou enlevés, des races dégénérées, primitives et laides. Les Orques, son chef-d'œuvre — une race monstrueuse et cruelle — sont en effet une dégénérescence de la noble race des Elfes.

    La parenté ainsi établie entre Melkor et Loki soulève une question pertinente: alors que Loki vit parmi les Ases à Asgard, Melkor est banni aux confins du monde. Pourquoi les dieux ne se débarrassent-ils jamais complètement de Loki, qui sera finalement responsable de la mort de Balder, le dieu germanique du soleil — un événement qui annonçait le début du Ragnarök et correspond à l'empoisonnement des arbres sacrés par Melkor ?

    Après la mort de Balder, les dieux soumettent Loki à d'horribles tortures. À une autre occasion, lorsque Loki se moqua et insulta les dieux, Thor menaça de lui fracasser le crâne avec son marteau. Dans les deux exemples cités, Loki réussit toutefois à échapper à cette punition.

    Il en va de même pour Fenrir : bien qu'Odin sache qu'il sera dévoré par ce loup au moment du Ragnarök, il ne le tue pas, mais l'enchaîne. Thor et un géant réussirent un jour à capturer le serpent Midgard ; eux non plus ne le tuèrent pas, mais le laissèrent au contraire libre dans les profondeurs de l'océan, afin qu'il puisse accomplir sa tâche fatidique lors du Ragnarök.

    Dans chacun des cas mentionnés, le représentant du Mal — dans toute sa dimension cosmique — parvient à chaque fois à s'échapper alors qu'il est sous le pouvoir des dieux.

    Ce motif revient d'ailleurs dans Le Seigneur des anneaux, avec le personnage de Gollum. Dans le chapitre du Silmarillion intitulé « De la venue des Elfes et de la captivité de Melkor », les Valar capturent Melkor et lui lient les mains avec une corde magique, qui rappelle les chaînes de Fenrir. Pourtant, en échange de quelques vagues promesses, les Valar ne font rien de mieux que de lui rendre sa liberté.

    Quand, bien plus tard, ils parviennent enfin à se débarrasser de lui, un successeur endosse immédiatement le même rôle.

    Melkor, Loki, Fenrir et le Serpent de Midgard ne sont rien d'autre que les adversaires nécessaires, les ennemis qui confèrent aux dieux leur dimension tragique. Ce sont ces adversaires indispensables qui créent les tensions nécessaires à l'élan créateur du monde.

    Gustav Neckel voit dans cette tendance à épargner un ennemi qui s'avérera mortel à l'avenir l'expression mythique d'un ordre cosmique nécessaire, car imposé par le Destin. Même si les dieux avaient voulu détruire ces acolytes du Chaos, ils n'y seraient pas parvenus, car, précise Neckel, le destin est scellé.

    Paul Kocher remarque que la survie des héros dans Le Seigneur des anneaux dépend de la chance, de la providence et du destin. Certains personnages de cette épopée connaîtront un destin tragique et héroïque et mèneront une vie risquée.

    Quête de régénération

    Melkor incarne donc plusieurs aspects du Mal, tels qu'ils sont exprimés dans l'Edda. Soulignons tout d'abord la place du Mal dans la cosmogonie germanique et tolkienienne, telle qu'elle est exposée dans l'Ainulindalë, le premier chapitre du Silmarillion. Il existe ensuite des similitudes indéniables entre la fonction de Melkor et celle de Loki au sein de leurs panthéons respectifs. Melkor n'est pas le diable du monothéisme, mais plutôt un démiurge tragique, sans doute apparenté à Loki, voire à Prométhée.

    Ce point de vue est diamétralement opposé à la réinterprétation catholique de l'œuvre de Tolkien. Bien qu'il soit incontestable que Tolkien lui-même était catholique, toute trace d'eschatologie chrétienne est absente de son œuvre.

    Dans l'œuvre de Tolkien, on ne trouve aucune trace d'une création du monde ex nihilo. Tout tourne autour d'un mythe de la création dans lequel le Devenir prend forme à travers l'harmonie (l'Ordre), la disharmonie (le Chaos) et la lutte éternelle entre les deux. Melkor, comme Ymir dans la cosmogonie germanique, fait partie des êtres qui précèdent les dieux et n'est pas un ange déchu. Melkor, qui est doté de tous les dons, aspire à l'autonomie et à la domination. Il est le créateur du Chaos, comme les Titans et autres géants dans la tradition indo-européenne.

    Et ce Chaos, composante indispensable du devenir, en fait partie intégrante. Melkor confère au monde une dimension tragique qui rend possible l'apparition du héros — une notion qui fait défaut au christianisme, qui préfère vénérer les martyrs qui aspirent à une récompense transcendante.

    Nous pouvons conclure que la mythologie créée par Tolkien — même s'il était lui-même catholique — n'a pas un caractère théologique, mais véritablement mythologique, caractérisé par la lutte éternelle entre des forces à la fois opposées et complémentaires: l'Ordre et le Chaos, comme dans les mythes de la création de la tradition indo-européenne.

    Le Bien et le Mal dans l'œuvre de Tolkien n'ont pas une dimension morale, mais purement ontologique. Le christianisme aspire au salut ; dans le monde de Tolkien, nous assistons à une quête de  régénération, de rétablissement d'un équilibre entre les forces cosmiques. Tout comme dans le Ragnarök, la destruction et la renaissance sont ici indissociables.

    Ralf Van den Haute (Euro-Synergies, 27 novembre 2025)

     

    Notes:

    [1] Tolkien, J. R. R. Le Seigneur des anneaux. Londres : George Allen & Unwin, 1955.

    [2] Tolkien, J. R. R. Le Silmarillion. Éd. Christopher Tolkien. Londres : George Allen & Unwin, 1977.

    [3] Ralf Van den Haute. Indo-European and traditional mythological elements in Tolkien: A comparative study of the pantheon in « The Silmarillion » and « The Edda », Université libre de Bruxelles, 1984.

    [4] Tolkien, J. R. R. Le Hobbit ; ou, Aller et retour. Londres : George Allen & Unwin, 1937.

    [5] Tolkien, J. R. R. Le Livre des contes perdus. Partie I. Édité par Christopher Tolkien. Londres : George Allen & Unwin, 1983.

    [6] Ernst Jünger. Besuch auf Godenholm. Francfort-sur-le-Main : Vittorio Klostermann, 1952

    [7] Gundolf, Friedrich. Goethe. Berlin : Georg Bondi, 1916.

    [8] Tolkien, J. R. R. « On Fairy-Stories ». Dans Essays Presented to Charles Williams, édité par C. S. Lewis, 38–89. Oxford : Oxford University Press, 1947.

    [9] Kocher, Paul H. Master of Middle-earth: The Fiction of J. R. R. Tolkien. Boston : Houghton Mifflin, 1972.

    [10] Eliade, Mircea. Le Mythe de l’éternel retour : Archétypes et répétition. Paris : Gallimard, 1949

    [11] Neckel, Gustav. Vom Germanentum : Ausgewählte Aufsätze und Vorträge. Leipzig : Harrassowitz, 1944.

    [12] Eliot, T. S. The Waste Land. New York : Boni and Liveright, 1922.

    [13] Genzmer, Felix (trad.). Die Edda. Iéna : Eugen Diederichs, 1912-1920.

    [14] Dumézil, Georges. Loki. Paris : G. P. Maisonneuve, 1948

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  • Le guerrier impie...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Ralf van den Haute cueilli sur Euro-Synergies et consacré au mythe indo-européen du guerrier impie.

     

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    Le guerrier impie

    C’est Georges Dumézil qui, par son travail monumental en mythologie comparée, a donné à cette discipline ses lettres de noblesse scientifiques, encourageant les jeunes chercheurs Claude Sterckx et Frédéric Blaive [1] à suivre leur intuition et à démêler le mythe indo-européen du «guerrier impie».

    La pertinence de ce thème, largement abordé dans la revue Ollodagos – Actes de la Société belge d’études celtiques, dans Studia Indo-Europaea et dans Latomus – revue d’études latines, se reflète dans le nombre de philologues qui ont poursuivi la recherche académique sur ce sujet, principalement du côté francophone : Alexandre Tourraix, Dominique Briquel, Marcel Meulder et Bernard Sergent.

    Le mythe du guerrier impie est partagé par plusieurs peuples parlant une langue indo-européenne et semble totalement absent en dehors de cette aire linguistique. Blaive et Sterckx ont d’abord trouvé de nombreux exemples indiens, iraniens, scandinaves et latins de ce mythe. Plus tard, des exemples ont été découverts dans la plupart des langues indo-européennes, même celles dont les plus anciens documents manquent, comme l’antiquité slave, les ballades ossètes, certains textes de la littérature médiévale. Ce mythe ne semble en tout cas pas exister en dehors de l’aire indo-européenne : aucun exemple chinois, arabe, berbère, ouralien ou turco-mongol n’est connu.

    Une autre particularité de ce mythe : Blaive et Sterckx, familiers de la structure trifonctionnelle de la mythologie indo-européenne, constatent que les trois avertissements ou erreurs qui précèdent la fin du guerrier impie ne peuvent être assimilés à cette structure trifonctionnelle. La triade, en tant que telle, se retrouve en effet, indépendamment de la structure trifonctionnelle propre aux mythes indo-européens, aussi fréquemment ailleurs.

    Outre le mythe du guerrier impie, il existe aussi un mythe autour des trois péchés du guerrier, qui sont liés aux trois fonctions de Dumézil [2] : un meurtre, un viol (ou rapt ?) et un sacrilège, qui reflètent respectivement la deuxième, la troisième et la première fonction. Les trois péchés du guerrier précèdent le mythe du guerrier impie, qui commet d’abord ces trois péchés, s’attire ainsi une malédiction, puis est confronté aux présages de cette malédiction, les ignore et finit par mourir.

    L’un des plus anciens exemples connus d’un tel héros négatif est Ravana, dans l’épopée hindoue du Ramayana. Ravana tue un messager, enlève une femme et défie les dieux. S’ensuivent les présages de sa mort : une pluie de sang, des chevaux qui trébuchent et pleurent. Le cheval apparaît d’ailleurs fréquemment dans les différentes manifestations de ce mythe.

    Dans la mythologie grecque, le héros Achille de l’Iliade semble, après examen, répondre à plusieurs critères du guerrier impie. Son cheval ne prédit-il pas sa mort devant les portes de Troie s’il tue Hector ? Mais il y a plus : Achille est connu pour ses accès de colère incontrôlables, d’abord contre Agamemnon, puis contre Hector, et il menace à plusieurs reprises le dieu Apollon.

    L’une des traditions indo-européennes les plus archaïques, la celtique, connaît une variante particulière de ce mythe: les Celtes impies commettent évidemment aussi les erreurs qui mènent à leur perte, mais les commettent à contrecœur et sous la contrainte absolue d’une obligation supérieure. Dans la légende irlandaise Togail Bruidhne Dhadhearga, le haut roi Conaire Mor est soumis à une série de tabous qu’il ne peut que transgresser progressivement jusqu’à sa chute finale.

    Le plus célèbre héros celtique, Cuchulainn, subit un destin similaire le dernier jour de sa vie: il ignore les incantations des femmes qui sentent sa mort approcher et d’autres présages sombres, comme sa propre fibule qui tombe de ses mains et blesse son pied, son cheval Liath Macha qui refuse d’être attelé et lui montre trois fois son flanc gauche. Il part néanmoins combattre l’armée ennemie qui ravage l’Ulster. En chemin, il rencontre trois sorcières qui font rôtir un chien sur un feu de branches de sorbier. Elles aspergent le chien de poison et prononcent des malédictions. Cuchulainn est soumis à un geis, un tabou qui lui interdit de passer devant un feu sans partager le repas qui y est préparé. Un autre tabou lui interdit de manger la viande de son homonyme : or, le surnom du héros irlandais est justement « chien de Culann ». Cuchulainn fait mine de ne pas remarquer les sorcières, mais elles l’interpellent et lui offrent de la main gauche – autre mauvais présage – un morceau du chien. Cuchulainn ne peut que l’accepter, ce qu’il fait de la main gauche, et le mange. Il perd aussitôt la moitié de sa force. Il part tout de même au combat, mais ses ennemis parviennent à le placer à nouveau devant un dilemme fatal, et il succombe finalement, désarmé.

    La plupart des épopées mythiques indo-européennes connaissent un héros négatif sous la forme d’un guerrier au caractère excessif et arrogant, pour qui rien ni personne n’est sacré et qui ne respecte aucun ordre, même divin. La vie d’un tel guerrier ne peut être que criminelle jusqu’à ce que le champion du camp opposé le vainque et rétablisse l’ordre du monde.

    La nature fatale et prophétique du cheval dans différentes cultures indo-européennes a déjà été décrite à la fin du XIXe siècle, principalement par des philologues allemands. Le présage du cheval qui pleure ou trébuche (tombe) est fréquent et annonce la mort du guerrier impie. Meulder a constaté que l’absence totale de ce motif dans d’autres cultures, comme la tradition populaire hongroise ou chez les Kirghizes où c’est au contraire un bon présage, confirme qu’il s’agit d’un mythe purement indo-européen.

    Le mythe du guerrier impie a des prolongements dans la littérature européenne. Chez Jacob Grimm, par exemple, le faux pas du cheval annonce un malheur. Dans la Njallsaga norvégienne, la saga de l’incendie de Njall, cela arrive à Gunnar, un guerrier impie. Mais aussi dans la Saga du roi Harald de la Heimskringla, le cheval du roi Harald se cabre au moment où celui-ci veut attaquer l’Angleterre. Le roi d’Angleterre espère à haute voix que cela signifie la fin de la chance de Harald. Et en effet, celui-ci est mortellement touché par une flèche.

    Il existe encore de nombreux exemples où le motif du guerrier impie semble pertinent : l’empereur païen Julien dans sa lutte contre les Parthes, Charlemagne, Jules César. Tout guerrier qui semble impie ne l’est pas forcément : il convient de noter que les historiens romains étaient particulièrement habiles à noircir les dernières années de vie de leurs adversaires politiques, ce qui peut donner l’impression que le mythe du guerrier impie est très présent dans la culture latine – alors que les formes archaïques de la mythologie indo-européenne étaient à peine encore présentes dans l’Empire romain.

    Cette contribution n’est rien de plus qu’une brève introduction à ce mythe indo-européen fascinant. Ceux qui souhaitent en savoir plus sur ce sujet devront principalement se tourner vers la littérature francophone des auteurs mentionnés plus haut. Une certaine familiarité avec le mythe du guerrier impie et celui des trois péchés du guerrier devrait permettre de découvrir soi-même ces motifs dans les textes archaïques.

    Ralf Van den Haute (Euro-Synergies, 21 novembre 2025)

     

    Notes:

    [1] Frédéric Blaive en Claude Sterckx : Le mythe Indo-européen du guerrier impie, L’Harmattan, Parijs 2014

    [2] Georges Dumézil (1898-1986) a réussi, grâce à la mythologie comparée, à ouvrir une nouvelle voie et à mettre au jour les structures idéologiques sous-jacentes des mythes auxquelles ceux-ci doivent leur cohérence interne. Le résultat en est la découverte du système trifonctionnel comme idéologie principale dans la pensée indo-européenne archaïque. Dumézil a principalement étudié des textes sources de l’Inde archaïque, de Rome et de la Scandinavie : ces textes sont accessibles et contiennent des couches mythologiques très anciennes et bien conservées.

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  • Une question taboue posée par Julien Rochedy...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Yves Le Gallou consacré à l'ouvrage que Julien Rochedy vient de publier, Qui sont les Blancs - Généalogie d'une identité interdite (Hétairie, 2025).

     

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    Qui sont les Blancs ? Une question taboue posée par Julien Rochedy

    Une question taboue

    « Qui sont les Blancs ? » : avec ce nouveau livre, Julien Rochedy s’attaque à un tabou.
    Pour les décolonialistes et les « progressistes », la réponse est simple : ce sont des « salauds », coupables de la Shoah, de la colonisation, de l’esclavage, du réchauffement climatique. Pour beaucoup d’autres, les Blancs sont « cancellisés », niés. Ils n’existent pas, ou s’ils existent, il est plus prudent de n’en point parler ! Car l’essentialisation est recommandée pour les autres groupes humains, mais interdite pour eux.

    Et pourtant, quiconque prend le métro dans une grande ville d’Europe trouve vite la réponse à la question : « Qui sont les Blancs ? » — la nouvelle minorité. La « question blanche » se pose ici et aujourd’hui comme il y eut hier une « question noire » dans les périphéries urbaines américaines.

    Rochedy affronte le problème sans faux-semblants ni complexe, en commençant par l’origine : l’ethnogenèse lors de la préhistoire et de la protohistoire, c’est-à-dire la fusion de trois groupes de peuples très proches :

    • Les chasseurs-cueilleurs, artistes de la grotte Chauvet, à l’origine de nos « 30 000 ans d’identité » selon Dominique Venner, dont les caractères ont été sélectionnés par les exigences de l’âge glaciaire ;
    • Les agriculteurs anatoliens arrivés il y a 7 000 ans, porteurs de la révolution néolithique et des mégalithes ;
    • Et, il y a 5 000 ans, la grande vague des Yamnayas, issus eux aussi des chasseurs-cueilleurs, apportant les langues indo-européennes et une vision du monde fondée sur les trois fonctions que l’on identifie dans toute l’histoire européenne.

    Rochedy insiste sur l’unité biologique des Européens : du Portugal aux pays baltes, de l’Italie à l’Irlande, on retrouve les mêmes composantes génétiques d’origine — variables dans leurs proportions, mais marquant une grande homogénéité. Ce socle, absent chez d’autres peuples plus diversifiés, est resté inchangé et imperméable à toute immigration externe jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle.

    Le récit civilisationnel : de la Grèce au nihilisme contemporain

    Après ce développement sur les origines, Rochedy passe au récit civilisationnel. De généticien pensif, il devient historien méditatif. Après les millénaires de la préhistoire glaciaire viennent les périodes historiques:

    • La rationalité, avec l’empreinte grecque — Grèce, Rome, Moyen Âge (Aristote et les thomistes), Renaissance, Lumières ;
    • Le pragmatisme, avec Rome et son droit : « pour schématiser, le monde grec imprime l’Être du Blanc, celui de Rome inspire son Faire » ;
    • La moralité, avec l’empreinte chrétienne ;
    • La force, avec l’empreinte germanique — le Moyen Âge y est vu comme un « sas de décompression avec l’origine orientale du christianisme » ;
    • L’individualisme, avec la Renaissance ;
    • Le sentimentalisme, avec les Lumières, perçu comme une « réponse à une bascule anthropologique tragique », substituant aux liens anciens des affects volatils et un altruisme abstrait ;
    • Le travail, avec l’empreinte industrielle ;
    • Le nihilisme, avec l’époque contemporaine.

    Pour Rochedy, les maux actuels — wokisme et transhumanisme — prolongent des tendances anciennes : le constructivisme social des XIXe et XXe siècles, mais aussi l’hybris grecque. Ce qui nous bouleverse aujourd’hui vient de loin, mais aussi de nous-mêmes. D’où la nécessité de retrouver des contrepoids : mesure, limites, héritage commun, continuité historique. Face à la déferlante démographique de l’immigration, il y aurait urgence.

    Un essai polémique dans la tradition des penseurs européens

    Ce livre s’inscrit dans une lignée d’ouvrages sur la civilisation européenne : La Formation de l’Europe de Gonzague de Reynold, Le Génie de l’Occident de Louis Rougier, L’Europe a fait le monde d’André Amar, ou Histoire et tradition des Européens de Dominique Venner.

    Rochedy s’en distingue par le choix du terme « Blanc », assumé, justifié par la minorisation démographique mondiale et par les apports récents de la génétique. Il soutient que la sélection naturelle des peuples européens sous le froid glaciaire a marqué durablement leur civilisation. Certains y verront un « matérialisme biologique » irritant pour les culturalistes.

    Des passages susciteront débat, notamment sur le christianisme, que Rochedy crédite d’un rôle moral, intellectuel et même eugénique — favorisant le brassage des familles et la faible consanguinité européenne. D’autres critiqueront son approche téléologique : chez lui, ce qui advient devait advenir, comme si l’urinoir de Duchamp se trouvait déjà au pied de la grotte de Lascaux.

    Il reconnaît cependant, dans sa conclusion, la part de l’imprévu : la démographie du Nigeria face à l’Europe pourrait « plier le match », mais il croit encore à un sursaut.

    Livre polémique, certes, mais solidement construit, Qui sont les Blancs ? relance un débat ancien sur l’identité et la continuité de la civilisation européenne. Rochedy, « loup solitaire » ardéchois, y apparaît aussi comme une chouette qui réfléchit — et nourrit le débat.

    Jean-Yves Le Gallou (Polémia, 17 octobre 2025)

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  • Aux origines de l’aristocratie européenne...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte publié par l'Institut Iliade, issu du site de l'Instituto Carlos V* et consacré aux origines de l'aristocratie européenne.

    *L'Instituto Carlos V (Charles Quint) est le frère espagnol de l'Institut Iliade, qui a également, depuis quelques mois, un frère italien avec l'Istituto Eneide.

     

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    Aux origines de l’aristocratie européenne

    Le mot « aristocratie » provient de la racine grecque aristos (ἄριστος), dérivée du terme « areté » (ἀρετή) et fait référence à l’excellence ou à la vertu. En pratique, les aristoi (ἄριστοι) étaient ceux qui possédaient des qualités exceptionnelles qui les rendaient aptes à gouverner.

    Pour comprendre quelle était l’essence de cette supériorité, se pose alors naturellement la question suivante : dans quelle mesure étaient-ils meilleurs ?

    Cette question a été abordée par le biais de perspectives très différentes. Alors que certains mettent en avant une série de caractéristiques spirituelles, ou des qualités éthiques et intellectuelles, d’autres adoptent une vision critique et soupçonnent que l’emploi de cette terminologie répond davantage à un mécanisme de manipulation utilisé par les classes dominantes pour justifier leur pouvoir. Sans écarter ces interprétations, qui peuvent éclairer des aspects importants du phénomène, nous allons ici travailler sur une hypothèse différente en examinant s’il est possible d’envisager l’aristocratie comme une question de manipulation de la Nature et non du statut économique.

    Pour développer notre argumentation, nous devons d’abord remonter aux conditions qui ont précédé la forge de notre culture telle que nous la connaissons. L’archéologue et anthropologue Marija Gimbutas a démontré dans son livre The Gods and Goddesses of Old Europe, en se basant sur l’analyse de sociétés tribales contemporaines et sur des vestiges matériels de la préhistoire, qu’en « vieille Europe » (expression utilisée pour désigner les sociétés sédentaires, d’abord de chasseurs-cueilleurs puis agricoles, qui ont prospéré durant la période préhistorique du continent européen), la capacité procréatrice de la femme occupait une position de préférence, car il était considéré que les femmes étaient les conductrices des forces cosmiques qui produisent la fertilité. Cette croyance correspond également à l’institution de sociétés matriarcales et matrilinéaires, c’est-à-dire des communautés dans lesquelles les femmes détenaient le pouvoir politique et religieux, et où l’héritage se transmettait par voie maternelle.

    Les preuves archéologiques les plus anciennes de cet ordre de valeurs sont les nombreuses statuettes dédiées à la « Déesse Mère », ou « Grande Mère », qui ont au moins vingt-cinq mille ans d’ancienneté, comme la célèbre Vénus de Willendorf. Cette tendance s’est maintenue, et même s’est exacerbée à la suite de l’émergence de l’agriculture, durant la période néolithique. Nous pouvons corroborer cette hypothèse en examinant le site de Çatalhöyük, situé dans la péninsule d’Anatolie, où ont été découvertes des figures datant d’environ 6000 av. J.-C. représentant la Grande Mère. De même, la religion minoenne tournait également autour de divinités féminines, comme la Déesse Serpente, dont l’image a survécu jusqu’à nos jours grâce à une statuette datant de 1600 av. J.-C. trouvée dans le palais de Cnossos. De plus, la prolifération de ce type de divinités à travers le monde permet de théoriser qu’il s’agit d’un phénomène transculturel, caractéristique d’une époque où l’être humain était très vulnérable face à la Nature.

    Aussi, la période historique de l’Europe où le rôle de la femme était prépondérant coïncide avec un moment où l’humanité ne comprenait pas encore le fonctionnement de la gestation. Autrement dit, l’homme était incapable d’identifier sa propre participation à l’acte de procréation, ce qui l’amenait à attribuer la grossesse à un pouvoir spécial des femelles pour communiquer avec la Nature et assumer en elles-mêmes la puissance reproductive. Dans son livre The family among the Australian Aborigines. A sociological study, Bronisław Malinowski explique que les tribus qui ont maintenu un mode de vie préhistorique ignorent encore que la procréation a un lien de cause à effet avec l’acte sexuel. Quoi qu’il en soit, le contexte matriarcal qui a prospéré en Europe entre 7000 et 3500 av. J.-C. se caractérisait, selon Gimbutas, par une existence pacifique, coopérative et égalitaire.

    Cependant, cet ordre social n’a pas pu contenir l’élan des migrations indo-européennes, également appelées indo-aryennes, qui se sont étendues dans toutes les directions sur une période pouvant aller de mille à trois mille ans, et qui ont complètement changé non seulement la physionomie de l’Europe, mais aussi celle du reste du globe. Ces populations émergent dans l’Histoire en tant que cavaliers et pasteurs nomades formant des groupes stratifiés, hétéropatriarcaux et bellicistes. Gimbutas explique comment ces envahisseurs, des guerriers montés à cheval venant du sud de l’actuelle Russie, selon l’hypothèse des Kurganes qu’elle défend, ont dominé les sociétés agricoles à travers trois vagues migratoires qui se sont succédé entre 4000 et 1000 av. J.-C. Pour certaines intellectuelles affiliées au féminisme, comme par exemple l’auteure de Le calice et l’épée, Riane Eisler, l’émergence de la culture indo-européenne et patriarcale a signifié la propagation de la guerre, de l’inégalité, de l’aliénation et de la destruction de l’équilibre des écosystèmes, représentant un cataclysme dont nous devons nous lamenter. À ce stade de l’étude, inutile de s’arrêter sur cette polémique, nous poursuivons notre exposé pour revenir sur ce sujet à la conclusion.

    Pour que l’expansion soit rendue possible, les Indo-Européens ont utilisé des avancées techniques singulières (instruments comme les brides ou la roue) et, principalement, la domestication du cheval. En raison du flux migratoire intense, la religiosité des peuples qui gouvernaient désormais les populations indigènes des terres européennes s’est progressivement infiltrée dans la culture européenne, sur un substrat de spiritualité tellurique. En conséquence, les divinités associées à la Nature ont été reléguées au second plan, comme cela se produit en Grèce avec les divinités chthoniennes, ou avec les Vanir de la mythologie nordique. Le culte indo-européen, qui tournait autour de Deus Pater, avait un caractère céleste (un « esprit ouranien », selon la terminologie de Julius Evola) et n’était plus lié à la fertilité, mais aux valeurs culturelles d’une aristocratie guerrière en plein essor. De même, l’ordre familial a également été altéré, établissant un système patrilinéaire et patrifocal dérivé des observations sur le lien de parenté réalisées par les pasteurs indo-européens, qui démentaient le préjugé matriarcal fondateur selon lequel l’homme n’intervient pas dans le processus reproductif.

    Il est important de souligner que le phénomène décrit ne s’applique pas seulement à l’expansion indo-européenne. Au contraire, des dynamiques similaires se reproduisent sur tous les continents au fil de l’Histoire. Prenons l’exemple de la relation entre les peuples tutsi et hutu. Bien que la population native de l’actuel Rwanda soit constituée de Hutus, les Tutsis se sont érigés en une élite aristocratique qui a administré de manière parasitaire ce vaste territoire jusqu’au XXᵉ siècle, bien qu’ils ne représentent que dix-sept pour cent de la population. L’exemple de ces deux tribus a été analysé par Pierre van den Berghe dans Race and Racism : A Comparative Perspective (1967, 12), ce qui l’a amené à soutenir que les Tutsis ont développé par eux-mêmes toute une forme de pensée raciste qui revendique leurs traits physiques (nez aquilin, grande taille, constitution fine, etc.), tout en méprisant et définissant comme inférieurs les traits de ceux qu’ils soumettent.

    Des cas similaires se retrouvent par exemple en Chine, qui n’a pas été conquise uniquement par les Mongols, mais aussi par les Mandchous a posteriori. Ces deux groupes ethniques ont quelque chose en commun : leur origine en tant que pasteurs dans les montagnes du nord. De plus, les Mandchous, tout comme les Tutsis, ont imposé un système basé sur la discrimination raciale pour préserver leur culture et leurs traits génétiques, afin de ne pas être assimilés par la vaste population d’autochtones, comme cela était arrivé aux Mongols. Comme l’avait déjà pressenti l’historien arabe Ibn Khaldoun au XIVᵉ siècle, nous pouvons identifier une constante dans l’histoire de l’humanité : les peuples nomades conquièrent les sédentaires et imposent leur loi.

    Nous pouvons attribuer le succès de ces peuples, selon les théories énoncées par Costin Alamariu dans Selective Breeding and the Birth of Philosophy, à trois facteurs principaux : l’alimentation, la culture et l’environnement. Tout d’abord, l’alimentation des pasteurs-nomades est principalement basée sur la consommation de produits laitiers, de viande et de fruits, provenant des arbres éparpillés sur la géographie qu’ils traversent. La consommation de doses élevées de protéines, maintenue au fil des générations, produit des individus d’une taille supérieure et d’une constitution osseuse et musculaire bien plus robuste, ce qui est approprié pour mener des efforts militaires. Cette alimentation ne pourrait pas être plus différente de celle des communautés sédentaires, qui vivent attachées à la terre qu’elles cultivent. Ainsi, l’alimentation de ces dernières se basait sur des végétaux et des légumineuses, avec une consommation très faible de produits carnés.

    Deuxièmement, d’un point de vue culturel, la conquête correspond beaucoup mieux à la cosmovision d’un peuple de pasteurs, qui ne voit pas la terre comme une possession statique, mais qui est habitué à être propriétaire de son bétail. De plus, le bétail est un bien beaucoup plus facile à dérober, ce qui amène les pasteurs à développer une compétence supérieure pour exercer la violence. Enfin, le fait d’habiter des zones montagneuses conduit également à cultiver des valeurs étroitement liées à la guerre. Les régions montagneuses ont toujours été des scènes de conflits, que ce soit dans les Highlands écossaises ou dans les Balkans.

    Une fois que nous avons révélé les origines de l’aristocratie, nous sommes prêts à mieux comprendre la conception aristocratique du monde. D’abord, les preuves recueillies permettent de comprendre pourquoi les aristocrates ont toujours rejeté le travail manuel et les tâches agricoles. Par ailleurs, parmi l’aristocratie, il est récurrent de construire des résidences de campagne où la famille peut se retirer, comme si le sang les poussait hors des villes et leur demandait de se reconnecter avec l’esprit sauvage de leurs ancêtres. La pratique de la chasse et de l’équitation semble remplir une fonction similaire dans la préservation du contact avec la Nature.

    L’obsession pour le lignage peut également s’expliquer si nous revenons aux origines pastorales de l’aristocratie. En concentrant tous leurs efforts sur l’élevage, les pasteurs ont pu découvrir les rudiments de l’eugénisme, cherchant à faire en sorte que leurs spécimens se distinguent de ceux de leurs concurrents. Ce processus justifie évidemment l’un des principes de l’aristocratie : les ancêtres transmettent des caractéristiques à leurs descendants. Les pasteurs et éleveurs n’ont pas seulement découvert comment améliorer la qualité de leur bétail par le biais de la reproduction sélective (sélection des spécimens qui reproduiront des traits désirables chez leurs descendants), mais ils ont également appliqué ce principe à eux-mêmes et mis en œuvre de nombreuses procédures eugéniques, telles que des restrictions à l’union matrimoniale ou, à la manière de Sparte, des examens médicaux pour écarter les enfants faibles ou déformés, ainsi que des entraînements visant à améliorer les compétences des nouvelles générations.

    En résumé, lorsque les pasteurs devenus aristocrates pratiquaient certaines formes d’eugénisme, ils n’appliquaient rien d’autre qu’à l’homme ce qu’ils avaient observé en élevant leurs animaux. Par conséquent, l’aristocrate est celui qui pense qu’il est destiné à gouverner les autres, et il l’est non par hasard, mais en vertu de sa nature, qui est supérieure à celle des autres, tout comme d’autres personnes sont également destinées à servir en raison d’une inclination naturelle. Il ne faut pas chercher plus loin pour trouver ce type d’affirmations chez Platon et Aristote, qui reconnaissaient l’existence de différentes natures pour chaque être humain, une idée que l’ordre démocratique contemporain juge comme irrationnelle et inhumaine.

    Cependant, ces considérations resteraient stériles si nous ne tentions pas de distiller des conclusions qui font directement appel aux circonstances qui nous concernent. Après tout, nous ne pouvons ignorer que l’être humain ne peut être réduit à l’espèce. Comme le dirait Martin Heidegger, l’être humain n’est pas une substance fixe, mais un être-là (Dasein) en perpétuel devenir. En tenant compte de cette vision particulière, selon laquelle l’être humain ne peut être compris en tant que tel que dans le cadre qui lui est propre, c’est-à-dire dans l’espace-temps historique, certaines voix soulignent la nécessité de revenir à un paradigme similaire à celui des sociétés sédentaires et matrifocales. Mais comme le montrent les preuves historiques, les valeurs attribuées à ce type de sociétés, même si elles sont célébrées aujourd’hui, ont condamné la « vieille Europe » à être dominée par d’autres groupes humains mieux préparés au conflit. De plus, il convient également de prendre en compte dans quelle mesure l’égalitarisme de ces communautés lèse la capacité d’individuation de leurs membres.

    Bien qu’il soit vrai que le culte de la Déesse Mère de la préhistoire corresponde à la prolifération de populations régies par des principes matriarcaux, nous ne devons pas supposer que ces sociétés ont inspiré des concepts tels que celui de la liberté. Les philosophes écoféministes qui ignorent ce fait et aspirent à un retour à la Nature, supposant que cette restitution signifierait l’abolition de toute exploitation et souffrance, ne font que reproduire la croyance en la nécessité de sortir de l’Histoire, qui a à la fois une version eschatologique-religieuse et une version utopique-matérialiste. Mais il est vrai que, loin de représenter une alternative libératrice, les sociétés matrifocales étaient marquées par deux ingrédients que l’on tente de dissimuler : la rareté et l’impuissance face aux caprices des phénomènes naturels.

    D’autre part, en raison des processus naturels que doit suivre une économie agricole, la vie de ces êtres humains était monotone et, à long terme, incompatible avec les instincts des jeunes hommes. En conséquence, les sociétés sédentaires de la préhistoire inhibaient les jeunes hommes par des conventions sociales qui garantissaient une vie plus sûre. Comme le souligne James George Frazer dans Le Rameau d'or, l’homme primitif ignore la différence entre convention et Nature, puisque la loi non écrite lui semble aussi naturelle que les cycles de la terre et du soleil. En fin de compte, l’habitant des populations sédentaires préhistoriques n’était pas un sujet libre, comme l’imaginent les héritiers de Rousseau, mais l’homme le plus asservi qui ait jamais existé.

    Les jeunes hommes indo-européens, en revanche, ont fait de la vitalité leur plus grande vertu et ont formé l’aristocratie qui a fondé les cités-États de l’Âge du Fer. La constatation du pouvoir reproductif féminin, que les hommes primitifs attribuaient à une origine magique, a conduit les hommes à réaffirmer leur capacité créative, au-delà du corps, par le biais de la téchne (production ou fabrication matérielle). Grâce aux outils produits artificiellement, les êtres humains ont accru leur capacité d’agir sur la réalité, atténuant leur vulnérabilité face à la Nature. Évidemment, la fabrication d’outils, qui implique la capacité et le désir de transcender les limites de l’espèce et de fonder une seconde nature (la culture), constituait l’essence du genre Homo pratiquement depuis ses origines. Cependant, c’est en Europe, dans ce que Oswald Spengler appelle l’esprit faustien occidental, que : « la lutte entre la nature et l’homme, qui avec son existence historique se rebelle contre la nature, a été pratiquement menée à son terme. »

    L’expression artistique qui représente le mieux ce changement de tendance se retrouve dans les statues grecques connues sous le nom de Kuroi (κοῦροι), qui immortalisent de jeunes athlètes victorieux. À en juger par la transition esthétique citée, cette nouvelle société ne vénérait plus la Grande Mère, mais les valeurs liées à la jeunesse et à la beauté. La ville européenne qui se crée à partir de cette floue période préhistorique se définit par sa volonté de tenter de conserver, dans un environnement urbain, la liberté des peuples nomades et de la jeunesse barbare, exaltant les tendances d’un mode de vie qui a un impact positif sur les manifestations culturelles développées dans le contexte privilégié de la pólis. La clé de la civilisation européenne réside dans son refus d’essayer de supprimer les ambitions de la jeunesse, même si celles-ci peuvent sembler déstabilisatrices, mais dans leur exaltation et leur perfectionnement par le biais du gymnase, de la palestre et des autres expressions de l’ἀγών (le mot « agón » fait référence à la compétition, qu’elle soit sportive, artistique, militaire ou dialectique).

    Cela dit, la connaissance de ce processus de sélection et d’élevage pratiqué par les élites des sociétés « civilisées » depuis l’Antiquité soulève également des conséquences qui devraient nous amener à réfléchir. Après avoir domestiqué le monde vivant, les aristocrates ont pris en charge leur propre autodomestication, et cette souveraineté sur eux-mêmes leur a permis de se consolider en tant qu’élite et de domestiquer les masses. Autrement dit, l’articulation de sociétés hiérarchiques dépend de la relation qui s’établit entre les maîtres et les domestiqués, que ces derniers soient des natures inertes, comme la matière-énergie, ou des natures vivantes, comme les animaux ou d’autres êtres humains. À la lumière des événements survenus ces dernières années, nous prévoyons que la sophistication des techniques de domestication augure d’un avenir à court ou moyen terme où ces différences entre maitres et domestiqués ne feront que s’intensifier.

    Marcos G.

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  • Qui sont les Blancs ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la présentation par Julien Rochedy de son nouvel essai intitulé Qui sont les Blancs ? - Généalogie d'une identité interdite (Hétairie, 2025).

    Publiciste et essayiste, Julien Rochedy, qui est une figure de la mouvance identitaire, a déjà publié plusieurs essais dont Nietzsche l'actuelL'amour et la guerre - Répondre au féminisme, Philosophie de droite et dernièrement Surhommes et sous-hommes - Valeur et destin de l'homme (Hétairie, 2023).

     

                                              

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  • Généalogie d'une identité interdite...

    Les éditions Hétairie viennent de publier un essai de combat de Julien Rochedy intitulé Qui sont les Blancs ? - Généalogie d'une identité interdite.

    Publiciste et essayiste, Julien Rochedy, qui est une figure de la mouvance identitaire, a déjà publié plusieurs essais dont Nietzsche l'actuelL'amour et la guerre - Répondre au féminisme, Philosophie de droite et dernièrement Surhommes et sous-hommes - Valeur et destin de l'homme (Hétairie, 2023).

     

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    "Les « Blancs » sont le sujet le plus controversé de notre époque. D’un côté, on répète qu’ils n’ont aucune réalité ; de l’autre, on parle d’eux sans relâche, toujours pour les blâmer. Partant de cette contradiction, ce livre propose la généalogie d’une empreinte ― climatique, culturelle, spirituelle ― qui a façonné une identité aux contours multiples mais toujours reconnaissable.
    Comment un même peuple, aux mille variations, s’est-il métamorphosé sans jamais cesser d’être lui-même ? Énergie, effort, militarisme, sens de la propriété, esprit d’indépendance, pragmatisme, curiosité, rationalité, individualisme, morale intériorisée, altruisme, sentimentalisme, universalisme, impérialisme, goût de la règle et de la liberté : autant de traits hérités, amplifiés et transmis pendant des millénaires jusqu’à nous.
    Ni autocélébration, ni autoflagellation ici : une enquête qui commence dans les hivers glaciaires et se poursuit jusqu’aux excès du XXe siècle, en passant par les cavaliers indo-européens, l’héritage gréco-romain, la matrice chrétienne, les invasions germaniques, la Renaissance, les Lumières et la révolution industrielle. Les Blancs existent-ils vraiment ? Et si oui, qui sont-ils ?

    Un essai personnel mais honnête ― polémique, certes, précisément parce qu’il ose affronter une question taboue et pourtant obsessionnelle, aux enjeux colossaux.

    - Un essai qui ose poser une question tabou et pourtant centrale : qu’est-ce qu’être blanc aujourd’hui ?
    - Un sujet brûlant, sous-jacent à mille débats, rarement traité de front.
    - Une enquête qui mêle histoire, anthropologie et philosophie.
    - Un angle inédit : comprendre l’identité blanche au-delà des clichés et des condamnations.
    - Enfin une synthèse sur l’identité européenne, qui manquait.
    - Une approche singulière : montrer la continuité identitaire des Blancs depuis des millénaires. Une histoire longue et passionnante.
    - L’explication causale de toutes les réussites, grandeurs et errements de la civilisation européenne.
    - Comprendre l’essentiel sur les Indo Européens, les Grecs, les Romains, les Germains, la Renaissance, les Lumières, la société industrielle, le nihilisme du XXe siècle.
    - Réfléchir sur l’incidence profonde du christianisme dans la longue durée européenne.
    - Découvrir pourquoi les Blancs sont fondamentalement les enfants du froid.
    - Savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va : de nos spécificités génétiques issues de la préhistoire au monde actuel.
    - Défendre une exceptionnalité civilisationnelle aujourd’hui en grand danger."

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