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  • Le sursaut corse : l’identité plutôt que l’indépendance...

    Les éditions L'Artilleur viennent de publier un essai de Nicolas Battini intitulé Le sursaut corse : l’identité plutôt que l’indépendance. Militant nationaliste corse depuis sa prime jeunesse, Nicolas Battini a été incarcéré huit ans. Il a fondé et dirige aujourd’hui le mouvement nationaliste U Palatinu.

     

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    " Le temps est venu d’offrir à la Corse une grande mise à jour intellectuelle.

    Depuis les années 1970, il fallait, pour revendiquer sa culture, sa langue et son identité de peuple autochtone, être une victime de l’Histoire. Un peuple colonisé, une communauté de martyrs et de descendants d’opprimés.

    Comme d’autres, les mouvements politiques corses ont utilisé cette logique « tiers-mondiste », jusqu’à couper le Peuple corse de façon tout à fait artificielle de son ancrage civilisationnel.

    Ce mensonge est désormais néfaste.

    La mutation de la gauche occidentale entraîne cette dernière vers la remise en cause fondamentale des bases traditionnelles de la civilisation (famille, coutumes, hérédités, culture) qui sont les fondations de toute identité autochtone en Europe.

    Soumis au bon vouloir des élites cosmopolites du continent, les cadres du nationalisme corse glissent de plus en plus vers l’acceptation des folies sociétales.

    Emprisonné plusieurs années, Nicolas Battini a fait l’expérience d’un européen de culture chrétienne en situation de minorité ethnique. Ce que l’assassinat d’Yvan Colonna par un islamiste a attesté de façon éloquente.

    Il a réalisé alors que l’important n’était plus du tout la lutte pour l’indépendance mais bien le combat pour la reconquête culturelle. "

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  • Le combat de la Corse pour la reconquête culturelle...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Nicolas Battini, militant autonomiste corse, président de Palatinu, à Liselotte Dutreuil et à François Bousquet pour Ligne droite, la matinale de Radio Courtoisie à l'occasion de la sortie de son essai Le sursaut corse - L'identité plutôt que l'indépendance.

     

                                            

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  • Propositions pour un renouveau autonomiste et sécessioniste en Bretagne...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Julien Dir, cueilli sur Breizh-Info et consacré à l'avenir de l'autonomisme breton alors que l'effondrement de la France s'accélère.

     

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    Propositions pour un renouveau autonomiste et sécessionniste en Bretagne

    La Bretagne est en passe d’être entrainée en même temps que la République française dans le plus grand naufrage de sa longue Histoire. Elle pourrait même être effacée, civilisationnellement, identitairement, culturellement, ethniquement, d’ici quelques générations, si les Bretons encore conscients ne prennent pas rapidement les choses en main, pour contribuer, à leur niveau, à se relever, aux côtés de tous nos frères d’Europe.

    Aujourd’hui, force est de constater que :

    • La proportion de Bretons de souche, qu’ils habitent en Bretagne ou qu’ils fassent partie de la diaspora, y compris parisienne, diminue.
    • La proportion d’extra-européens en Bretagne augmente significativement, dans les métropoles comme dans la ruralité, parallèlement à une augmentation elle aussi significatives d’Européens qui viennent en Bretagne sans que celle-ci ne signifie quoi que ce soit pour eux, si ce n’est une résidence secondaire, ou un appartement métropolitain suffisamment près de Paris pour continuer à travailler, suffisamment loin pour fuir les maux qu’ils ont eux mêmes parfois contribué à enfanter. Ajoutez à cela une partie de retraités de la génération des boomers qui voient dans la Bretagne un « Eldorado climatique » ou une possibilité d’y finir leurs vieux jours tranquillement, et vous avez une addition de population qui n’a plus grand chose à voir avec la Bretagne de nos ancêtres.

    Dans le même temps, on déplore, en Bretagne (mais ce constat est aussi valable pour une bonne partie de l’hexagone) : 

    • Une paupérisation massive des classes moyennes, qui rejoignent les classes populaires dans l’obligation de se serrer la ceinture à la fin du mois, d’acheter des produits alimentaires de mauvaise qualité, de multiplier les combines pour nourrir sa famille, de compter chaque centime pour acheter de l’essence ou payer sa facture d’électricité
    • Un effondrement du service public en Bretagne – celui qui justifiait éventuellement, je dis bien éventuellement, un lien quelconque entre les Bretons et la République. L’instruction n’a jamais été aussi lamentable, il suffit d’ouvrir n’importe quel programme scolaire du primaire au lycée pour s’en apercevoir. L’histoire et les langues de Bretagne ne sont par ailleurs pas enseignées à tous les élèves de Bretagne ce qui contribue à fabriquer des générations d’acculturés.
    • Le service public hospitalier manque de bras, et de moyens, faute d’une administration tentaculaire, d’une sélection draconienne en médecine, d’études trop longues, de salaires dérisoires eu égard des tâches effectuées par infirmières ou aide-soignantes. Et surtout d’un manque de volonté politique à maintenir sur tout le territoire breton des hôpitaux, des maternités, des urgences accessibles dans la demi-heure à toute la population. Plus globalement, on assiste à une pénurie de soignants sans précédent, qui fait que vous ne pouvez plus trouver de dentistes, d’ophtalmos, d’ORL, à moins de vous déplacer à des centaines de kilomètres parfois.
    • La sécurité des habitants de Bretagne est de moins en moins assurée. Combien de cambriolages déclarés pour combien de cambriolages résolus par les autorités ? Combien de gamins agressés ici ou là, à la sortie d’une boîte de nuit, en pleine rue ? Combien de gamines agressées sexuellement par des individus qui savent pertinemment que la Justice ne suivra pas derrière. Combien de dealers qui vendent la mort à toute une partie de la jeunesse (et de moins jeunes), à la vue et au su de tous, dans les quartiers des métropoles comme dans la ruralité oubliée ?
    • Les autochtones de Bretagne ne peuvent plus se loger. Pour être propriétaire aujourd’hui sur sa propre terre bretonne, il faut déjà tirer une croix sur toutes nos côtes eu égard de faibles salaires et de banques qui ne suivent plus, eu égard aussi de la pression immobilière exercée par des spéculateurs venus d’ailleurs, et par des populations plus fortunées venues de Paris ou d’autres métropoles françaises. Pour trouver un logement, ne serait-ce qu’à louer, cela devient tout autant compliqué. Dans toute la Bretagne. Il y a beaucoup plus de demande que d’offre. Parce que la pression démographique est trop importante. Parce que depuis des années, des élus locaux font en sorte de faire venir de nouvelles populations, tout en dépossédant les autochtones de leurs propres terres. Le logement social ? Il est de plus en plus réservé à certaines catégories bien particulières de la population, qui font que certains quartiers des métropoles, de Nantes à Brest en passant par Rennes ou Saint-Brieuc, ou même Vannes, sont devenus des ghettos. Des ghettos que fuient ceux qui ont encore la possibilité de le faire, pour ne plus se voir imposer un « vivre ensemble » qui ne fonctionne que dans la tête de ceux qui vivent dans leurs quartiers protégés, de manière totalement déconnectée du réel.

    Le contrat qui lie les Bretons avec la République française est rompu depuis belle lurette. On paye tous les jours des taxes, des charges, des impôts, des redevances, dont on ne voit plus la couleur. Les routes sont globalement bien entretenues, c’est peut être une des seules notes positives. Même le secteur associatif, pourtant gavé de subventions publiques, perd de son dynamisme, la notion de bénévolat et d’investissement de soi au service de sa communauté devenant de plus en plus caduque, puisque la notion même de communauté s’effrite.

    « Breton, tes impôts flambent dans les banlieues françaises » pouvait-on lire il y a vingt ans sur les affiches du parti nationaliste Adsav. Qui peut lui donner tort a posteriori ? Où va l’argent ? Pourquoi est-ce que l’Etat laisse augmenter l’essence sans baisser les taxes ? Pourquoi est-ce que la TVA ne baisse pas ? Pourquoi est-ce que les entrepreneurs et les artisans ne sont plus incités à embaucher à des salaires décents ? Pourquoi est-ce que les salariés sont globalement, de plus en plus mécontents de leurs conditions de travail ?

    Partant de tous ces griefs qui sont légitimes vis à vis de la République française et de ses représentants y compris en Bretagne, ne serait-ce pas le moment de réfléchir, enfin, autour d’une table, à la constitution d’une plateforme politique résolument autonomiste bretonne, résolution sécessionniste vis à vis de la République française ?

    N’est-il pas venu le moment de proposer aux citoyens, localement, régionalement, d’enfin pouvoir décider ensemble de leur avenir. Ne peut-on pas imaginer demain, que des citoyens, lors des prochaines élections municipales, forment des listes non partisanes, dont le seul objet serait de dire « Notre liste s’engage, à soumettre chaque décision municipale à un référendum local ». « Notre liste s’engage à récolter les doléances de chaque habitant de la commune, et à soumettre celles qui recueilleront le suffrage d’une certaine proportion d’habitants, à un référendum local ». « Nous ne serons plus des élus, mais des administrateurs chargés d’appliquer vos décisions ». Ne peut-on pas imaginer que ce qui soit local demain, devienne cantonal, et régional après demain ? Pour que la démocratie renaisse en Bretagne, par et pour le peuple ?

    Il est temps d’arrêter de croire que des élus de plus en plus mal élus d’ailleurs, souvent par une minorité d’électeurs, ont une quelconque légitimité, pour prendre les grandes décisions politiques, pour lever l’impôt et redistribuer l’argent public (souvent à des fins électoralistes d’ailleurs, en ce qui concerne les subventions aux associations). Il est temps d’arrêter de tout attendre de l’Etat, qui ne rêve que d’instaurer un revenu universel pour vous soumettre tous (revenu universel, crédit social, et mise en subordination totale des citoyens d’avec l’Etat). Il est temps de cesser de penser que les autorités vous veulent du bien, elles qui ne jouent que sur les peurs, le stress global, la division, les intérêts particuliers, pour assurer une reproduction sociale perpétuelle des élites qui dirigent.

    Un grand mouvement autonomiste et sécessionniste en Bretagne, outre le fait d’appeler à la démocratie directe totale, pour ne pas rapidement faire du jacobinisme breton à la place du jacobinisme français, doit se mettre autour d’une table, et se poser les questions suivantes :

    • Qui est Breton, qui ne l’est pas ? Qui est Européen, qui ne l’est pas ? Quelles sont nos frontières ? Quelles sont les critères qui permettent à une communauté de fonctionner de manière juste et apaisée ? Qui peut aspirer à vivre en Bretagne et qui ne le peut pas ? Qui peut être aidé par la communauté, qui ne le peut pas ?
    • Partant de ces définitions, de ces critères, qui pourra demain prétendre à être propriétaire d’un logement sur le territoire breton ? Qui pourra prétendre à être aidé pour le devenir ? Qui pourra prétendre à un logement social en Bretagne ? Qui pourra prétendre à une résidence secondaire sur le territoire ?
    • Puis, il faudra décliner, sur toutes les thématiques qui préoccupent les habitants de Bretagne aujourd’hui. Qui peut bénéficier d’un emploi en priorité ? Sous quelles conditions de salaires les patrons, ainsi que les administrations régionales, doivent-elles rémunérer ? Qui peut prétendre à se faire soigner gratuitement, qui ne peut pas y prétendre ?

    Une Bretagne émancipée de la République française et de la religion des Droits de l’homme qui va avec, pourra par ailleurs fermer la page des dogmes obligatoires, se questionner. Sur le sort à réserver à ceux qui écoulent de la drogue sur tout notre territoire, rendant dépendante toute une partie de la jeunesse, et provoquant une large partie des affaires judiciaires que nous connaissons aujourd’hui. Quel sort à réserver à ceux qui entrent illégalement sur notre territoire ? Quel code pénal devons-nous construire pour assurer à nos compatriotes la sécurité qui fait qu’ils acceptent de « vivre ensemble » ? La justice doit-elle être rendue par des professionnels, parfois idéologues, ou bien par des citoyens chargés uniquement d’appliquer le Code Pénal que les Bretons auront élaboré (et pourquoi pas des intelligences artificielles, sans doute plus neutres que des individus…si l’on pousse le bouchon plus loin…) ? La sécurité des Bretons doit-elle être assurée par une Police régionale, ou bien par une forme de milice permanente, qui ferait que chaque citoyen de Bretagne, durant un certain nombre de mois ou d’années, doit se rendre disponible, ici pour être gendarme, là pour être policier, là encore pour être secouriste, ambulancier, et même agent du service hospitalier ? Se former et servir sa communauté, tout au long de sa vie professionnelle, en accord avec les employeurs, n’est-ce pas finalement la garantie de mettre fin aux corporatismes, aux intérêts particuliers, aux dérapages, mais surtout, n’est-ce pas la possibilité d’être une nation d’hommes et de femmes libres et responsables vis à vis de leurs proches, de leurs voisins, de leur peuple ?

    Qu’on est loin en lisant ces lignes, de l’évocation de thématiques traditionnellement chères à ce qu’on a appelé Le Mouvement Breton (ou Emsav), et qui ont fait qu’aujourd’hui comme hier, il n’a jamais pesé sur la société bretonne parce qu’il ne voulait pas prendre conscience de ses préoccupations et de ses aspirations. Les seuls qui ont réussi à peser politiquement, dans ce milieu, sont ceux qui ont prêté allégeance à la République française, et à certains partis politiques de pouvoir dont le rôle est de sans cesse, assurer la survie de la 5e République. Tout un programme…

    Il est urgent que les bonnes volontés de Bretagne se réunissent, se mettent autour d’une table, et proposent une plateforme résolument tournée vers le 21ème siècle, résolument consciente des principaux enjeux qui détermineront si la Bretagne et le peuple Breton existeront encore demain. Qui dit bonne volonté, dit enfin de faire sans les sectaires qui veulent interdire de citer ceux qui ne pensent pas comme eux, sans les idéologues de salon, sans ceux qui, depuis des décennies, se sont évertués à échouer ou à regarder s’échouer le navire. C’est une nouvelle direction pour la Bretagne qu’il faut prendre, dès maintenant, dès demain.

    Sans ce rassemblement nécessaire, notamment autour de la volonté d’instaurer la Démocratie directe dans une Bretagne qui aura divorcé de la République française, alors nous creusons notre tombe et, pire encore, celle de nos enfants et globalement, celle du peuple Breton. Alors au travail, chacun sait ce qu’il lui reste à faire pour convaincre, et enfin en finir avec le sectarisme et la trouille de déplaire, deux pathologies malheureusement bien trop répandues y compris parmi ceux qui aspirent aux libertés bretonnes.

    Bevet Breizh Dieub !

    Julien Dir (Breizh-Info, 24 septembre 2023)

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  • L'"ami américain" : quand amitié rime avec vassalité...

    Le 28 avril 2022, l'émission "64' - Le monde en français", sur TV5, recevait Eric Branca pour évoquer avec lui son livre L'ami américain - Washington contre De Gaulle 1940-1969 (Perrin, 2017).

    Journaliste et historien, Eric Branca a publié notamment des livres comme Histoire secrète de la droite, 3000 ans d'idées politiques ou Le Roman des damnés (Perrin, 2021). On lui doit également, avec Michel Marmin, dans la collection Le tour de la question, Gauche/Droite (Chroniques, 2016).

     

                                                 

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  • Algérie : le piège gaulliste...

    Les éditions Perrin viennent de publier une étude historique d'Henri-Christian Giraud intitulée Algérie : le piège gaulliste - Histoire secrète de l'indépendance. Journaliste, ancien directeur adjoint de la rédaction du Figaro Magazine, il a publié plusieurs solides études historiques, dont, en particulier, Une histoire de la révolution hongroise (Rocher, 2006) et De Gaulle et les communistes (Perrin, 2020).

     

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    " « Je ne me sens bien que dans la tragédie. » – Charles de Gaulle

    Au terme de sa longue traversée du désert, Charles de Gaulle s'empare de la cause de l'Algérie française pour prendre le pouvoir en 1958.
    Loin des hésitations et des tâtonnements que certains historiens prêtent au Général à cette époque, Henri-Christian Giraud dresse le portrait d'un homme déterminé, guidé par une idée qu'il suivra tout au long de l'affaire algérienne : l'indépendance ne fut jamais pour lui une concession accordée à contrecœur, pas plus qu'une noble initiative anticolonialiste placée sous le signe du temps. Elle fut un moyen, un prétexte pour la France de s'extraire d'une colonie dont elle n'avait plus rien à espérer.
    Convaincu de servir l'intérêt supérieur de son pays, de Gaulle doit faire face à de nombreux obstacles : l'armée, l'opinion publique, le gouvernement, le peuple français, la presse, les agitateurs, les Européens d'Algérie... Autant d'intransigeants que ce " prince de l'ambiguïté " entend surmonter à sa façon. Faisant miroiter l'association aux uns, la sécession aux autres, louvoyant entre représentants de l'URSS, du FLN, du GPRA et de son propre camp, de Gaulle orchestre d'une main de maître, et par une série de coups montés, le piège dans lequel tous les acteurs du conflit vont être amenés à glisser, jusqu'à la tragédie finale.
    Un document capital, fondé sur des archives inédites, notamment soviétiques, et des observations presque quotidiennes de nombreux témoins clés des événements. "

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  • Pologne, Hongrie… Et bientôt France ? Manifeste pour une alliance des conservateurs au Parlement européen

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de David Engels, professeur à l’université libre de Bruxelles et à l’Instytut Zachodni à Poznań, et de Krzysztof Tyszka-Drozdowski, analyste dans une agence gouvernementale polonaise, consacré au besoin d'une union politique des populistes et conservateurs européens pour transformer l'Europe en puissance géopolitique indépendante.

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    Sommet des droites populistes et conservatrices à Madrid, le 29 janvier 2022

     

    Pologne, Hongrie… Et bientôt France ? Manifeste pour une alliance des conservateurs au Parlement européen

    Les partis conservateurs les plus importants de l’Europe ont enfin trouvé un accord de principe sur leurs valeurs et leur future collaboration – un accord qui pourra bientôt se manifester en une alliance politique au sein du Parlement européen. Certes, cette alliance pourrait devenir l’une des formations les plus fortes de cette assemblée ; néanmoins, vu la configuration politique actuelle, il y a peu d’espoir de rompre le “cordon sanitaire” et de passer d’une opposition de principe vers la réforme fondamentale dont ont si besoin les institutions européennes à la dérive.

    Assurément, la Pologne et la Hongrie montrent de jour en jour les succès qu’un gouvernement patriotique et conservateur peut remporter, mais la pression à laquelle elles sont soumises est telle que leur influence sur l’évolution de l’Europe reste restreinte. En revanche, une victoire électorale du RN (ou du mouvement d’Éric Zemmour en France) ou des deux partis conservateurs en Italie pourrait avoir l’effet d’une avalanche. Bien sûr, tout comme naguère aux États-Unis après l’élection de Donald Trump, le deep state et les élites bien-pensantes feront tout leur possible pour saboter un tel gouvernement, et surtout en France, il sera difficile d’apporter un changement sans majorité parlementaire. Néanmoins, l’ébranlement de l’ordre mondialiste serait considérable, surtout s’il s’inscrivait dans la logique d’une étroite collaboration avec les autres partis et gouvernements conservateurs en Europe.

    Dans le cas de la France, cela signifierait surtout de se tourner vers la Pologne – enfin, l’on serait tenté de dire, car le relatif désintérêt des élites conservatrices pour le gouvernement polonais actuel est une erreur tactique importante. Quels pourraient être les enjeux et perspectives d’une telle potentielle coopération entre le PiS polonais et la droite patriotique française, surtout en vue du dédoublement actuel des candidats présidentiels de cette dernière et de l’incertitude idéologique qui est en train de s’y installer ?

    Évolution interne

    Pendant longtemps, les conservateurs européens ont été si fractionnés qu’il serait pertinent de se demander si le terme même de “conservateur” a encore un sens. Souverainisme contre occidentalisme, russophilie contre atlantisme, christianisme contre laïcité, libéralisme contre chrétien-socialisme – le conservatisme est un univers à part avec des divisions internes souvent plus marquées que celles, largement feintes, entre la “gauche” et la “droite” bien-pensantes. Sera-t-il possible de surmonter ces divisions historiques, exacerbées bien souvent par de vieilles rancunes historiques entre factions, partis et États ? Oui, mais il y a un prix à payer : celui d’enterrer une série de ressentiments (et d’espoirs) afin de focaliser toute l’énergie sur les points essentiels à la victoire politique.

    La Pologne constitue un excellent exemple pour cette démarche, et les choix idéologiques du gouvernement actuel semblent pouvoir constituer une inspiration réaliste et pragmatique pour les autres partis conservateurs en Europe.

    Ainsi, la Pologne a opté pour l’euroréalisme : au lieu de viser une dissolution de l’Union européenne (qui ne mènerait qu’à l’émergence des vieilles asymétries politiques européennes et serait d’ailleurs fortement impopulaire chez le citoyen), la Pologne préfère miser sur une réforme fondamentale des institutions, et considère la coopération dans des domaines comme la défense, la politique migratoire, l’infrastructure, la lutte contre la criminalité, la recherche ou l’harmonisation économique et légale comme essentielle.

    Dans le domaine identitaire, la Pologne insiste sur l’importance de l’héritage chrétien, et considère la laïcité telle qu’elle est pratiquée en France, c’est-à-dire avec un biais clairement anti-chrétien et islamophile, comme une impasse : seule la défense d’une forte culture nationale ancrée dans une attitude positive face aux valeurs spirituelles du passé pourra permettre d’éviter l’atomisation résultant de la doctrine multiculturaliste. Dans le domaine économique, finalement, la Pologne insiste sur l’obligation de l’État de protéger le citoyen contre les dérives de l’ultra-libéralisme et a lancé un programme social d’une grande envergure afin de protéger les classes inférieures et moyennes.

    Ajoutons à cela une position extrêmement claire sur la migration, l’idéologie LGBTQ, l’avortement, le natalisme et l’euthanasie ; il devient rapidement clair que le gouvernement polonais a mis en place depuis de nombreuses années déjà une politique correspondant en de nombreux points aux revendications des conservateurs français. Une alliance approfondie entre le parti le plus fort de la droite française et le parti gouvernemental polonais pourrait donc être hautement intéressante pour les deux côtés afin de constituer un moteur puissant de la nouvelle alliance conservatrice européenne.

    Équilibre politique en Europe

    À première vue, la droite française devrait donc avoir tout en commun avec les conservateurs polonais. Nous sommes d’accord sur les échecs de l’Union européenne. Nous sommes d’accord sur la question de l’immigration. Nous sommes d’accord pour dire que le libéralisme est, comme l’exprime John Milbank, une erreur anthropologique, car la communauté doit primer sur les désirs de l’individu, élevés aujourd’hui au rang d’absolu. Nous sommes d’accord pour dire que les individus se développent pleinement à travers la communauté et non en dehors d’elle, que le bonheur dépend de l’enracinement, alors que le déracinement et le reniement du passé le sapent. Pourtant, malgré ces points communs, il n’y a pas seulement une pomme de discorde – la Russie –, mais bien une deuxième : l’Allemagne.

    La question russe est évidente : de nombreux intellectuels français entretiennent une vision romantique de la Russie, remontant au XIXe siècle et alimentée par le conservatisme patriotique de Vladimir Poutine. S’il est vrai qu’idéologiquement ce dernier peut sembler a priori plus en phase avec une vision traditionaliste du monde que la politique poursuivie par le gouvernement américain actuel, les Français feraient bien de ne pas fermer les yeux sur le côté obscur du gouvernement de Poutine dont la corruption défie toute comparaison, où les dissidents ne sont pas seulement privés de leurs comptes twitter et Facebook, mais aussi de leur liberté, et qui poursuit un agenda expansionniste et hégémonique, clairement opposée à l’inviolabilité des frontières si fondamentale pour l’équilibre européen – et si vitale pour la survie d’États comme la Pologne, le Bélarus, l’Ukraine et les pays baltiques. Dès lors, un compromis entre conservatisme polonais et français ne sera possible que sur la base d’une équidistance entre Est et Ouest.

    Cette équidistance se heurte à la deuxième pomme de discorde : l’Allemagne. Il est incontestable que l’Allemagne est (re)devenue le pouvoir hégémonique en Europe. Or le plus grand allié de la Russie en Europe n’est pas la France mais l’Allemagne. Un seul exemple, le plus récent : ce n’est pas la France qui a construit Nord Stream II. Il est vrai que les Français ont une vision romantique de la Russie, mais l’élite française vit surtout dans une illusion sur l’Allemagne. Le couple franco-allemand est une expression qui n’est utilisée que dans l’Hexagone ; les Allemands ne l’utilisent jamais.

    Ainsi, c’est l’Allemagne d’Angela Merkel qui a fait éclater le règlement de Dublin sur les immigrés, lorsque la chancelière a fait venir, sans demander l’avis de personne – et surtout sans tenir compte des peuples européens –, la vague d’immigrés qui a inondé l’Europe ; c’est l’Allemagne de Merkel qui a rejeté le projet de taxe européenne sur les géants du numérique, proposé par Bruno Le Maire, afin d’éviter une hausse des droits de douane sur les voitures allemandes ; c’est l’Allemagne qui a imposé une politique d’austérité ruinant durablement le sud du continent afin de pouvoir bénéficier d’un euro (allemand) sous-évalué et imposer son hégémonie industrielle ; c’est l’Allemagne qui est en train d’imposer à l’Europe son agenda idéologique écolo-gauchiste par le biais du Green deal d’Ursula von der Leyen, etc.

    Certes, il ne faut pas tomber dans le piège du nationalisme, car l’hégémonie allemande sur l’Europe a cette particularité qu’une grande partie des Allemands sont bel et bien persuadés d’être exploités par cette même Europe, allant même jusqu’à souhaiter la sortie de l’UE.

    Ils n’ont pas tort : tout ce pouvoir politique et économique cumulé par l’élite allemande ne bénéficie nullement au citoyen allemand dont la fortune médiane est de loin inférieure à celle de la plupart de ses voisins, mais alimente une machinerie politico-économique bien distante du commun des mortels. Ainsi, le contribuable allemand est réquisitionné pour financer les subsides européens versés en grande partie à des États à l’est de l’UE – mais les surplus générés là-bas ne reviennent pas seulement en grande partie à l’Allemagne, mais y enrichissent essentiellement banques, multinationales et holdings qui mettent ces gains en sécurité hors Europe.

    Dès lors, il est grand temps pour les conservateurs européens de reconnaître cette asymétrie et de tenter de la résoudre. Puisque, dans la situation politique actuelle, une restructuration volontaire de l’économie allemande semble exclue, la France ferait bien de se rappeler l’éternelle tradition française qui, de l’Ancien Régime à de Gaulle, a cherché à faire en sorte que l’Europe ne tombe jamais sous l’hégémonie d’une seule puissance. La France a exercé sa plus grande influence sur les événements du continent lorsqu’elle a rassemblé autour d’elle des États qui voulaient rester libres et ne voulaient pas de l’hégémonie d’un autre. Aujourd’hui, cette politique doit être recréée. La France seule est trop faible pour décider du sort du continent, tout comme la coalition d’Europe centrale. Une alliance entre Paris et les petites et moyennes nations restaurera une Europe des patries, dans laquelle l’Allemagne pourra trouver une place plus favorable à l’équilibre des pouvoirs et plus juste par rapport au contribuable.

    Recouvrir la souveraineté économique, numérique et énergétique

    L’idée de la souveraineté européenne n’appartient pas à Macron. C’est une idée gaulliste, car nous devons voir en de Gaulle le vrai père de l’Europe unie, plus encore que dans ceux que nous avons salués, à la mode américaine, comme des pères fondateurs. Aujourd’hui, tous les populistes et conservateurs européens intelligents devraient être gaullistes.

    L’Europe ne deviendra pas une puissance géopolitique indépendante tant qu’elle ne retrouvera pas sa souveraineté énergétique, industrielle et numérique. Cependant, cette souveraineté se heurte à des barrières idéologiques. L’énergie nucléaire, qui est le moyen le plus rapide de parvenir à la décarbonisation – comme l’a montré l’expérience de la France ou de la Corée du Sud – inspire encore des craintes, alimentées par un radicalisme vert désuet datant d’il y a 50 ans. Les progrès en matière d’énergie nucléaire sont freinés par une hystérie idéologique sanctionnée par les déclarations du gouvernement Merkel. Le New Green Deal doit être orienté vers le développement et la modernisation, et non vers le démantèlement de l’industrie européenne et l’abaissement du niveau de vie.

    Nous devons nous opposer à une écologie punitive qui veut non seulement nous priver du mode de vie européen, mais étouffer également toutes les forces de développement. Dans le même temps, il est nécessaire de prendre conscience que l’économie post-industrielle est un mythe, et que quiconque y croit se condamne à la faiblesse. L’Allemagne n’y a jamais cru, elle a conservé sa base industrielle et c’est d’elle que découle sa puissance économique, bien qu’elle soit de plus en plus mise en cause par l’idéologie suicidaire des Verts et de la gauche qui sonnerait non pas seulement le glas de l’Allemagne elle-même, mais de toute l’Europe. Une politique de réindustrialisation réfléchie à l’échelle du continent, liée à une large coopération sur les grands projets, est une condition de la souveraineté européenne. Pour la restaurer, il faut ramener les fabricants européens en Europe par des mesures incitatives et contraignantes. Il ne s’agit pas seulement de croissance économique mais aussi de sécurité. Pendant la crise du virus chinois, nous avons vécu ce que signifiait le déplacement des chaînes d’approvisionnement vers l’Asie : pas de masques, pas de médicaments essentiels. Il s’est révélé qu’il n’y avait même pas une seule usine de paracétamol en Europe.

    La reconquête de la souveraineté numérique ne passera pas seulement par un financement accru de la R&D et la création d’un réseau européen de coopération dans ces domaines. Un protectionnisme raisonnable doit être proposé, sans lequel les équivalents européens des GAFAM ne verront pas le jour.

    Parallèlement au protectionnisme visant à créer des géants européens du numérique, la situation des travailleurs européens doit être reconsidérée. La pression à la baisse sur les salaires ne cessera pas si nous n’arrêtons pas l’immigration. Les travailleurs européens sont notre priorité, c’est pourquoi la préférence européenne est à introduire. Ceux qui sont nés en Europe, dont les pères ont construit notre civilisation, ont le droit de travailler à son avenir.

    Les avantages d’une alliance conservatrice européenne centrée sur l’axe Paris-Varsovie paraissent donc évidents, et il serait à souhaiter que non seulement les hommes politiques, mais aussi les intellectuels et académiques conservateurs, puissent approfondir leurs contacts et lancer des échanges bilatéraux aboutissant en des projets stratégiques concrets. Le modèle polonais, nous en sommes persuadés, pourrait servir d’inspiration pour clarifier les dissensions internes à l’intérieur de la droite patriotique française.

    L’un des points les plus urgents d’une telle coopération serait d’approfondir la collaboration dans le domaine médiatique et académique, car de part et d’autre, les opinions sur les partenaires conservateurs voisins restent fortement dominés par les préjugés et diffamations véhiculés par les médias mainstream clairement orientés à gauche et les “experts” universitaires également biaisés : le citoyen ne pourra estimer la vérité sur les enjeux et acteurs des défis contemporains que s’il dispose d’une information de qualité et sans déformation idéologique.

    Nous, les autres conservateurs européens, nous avons attendu trop longtemps, raté trop d’occasions. Nous savons tous que ce n’est que si nous sommes unis que nous pourrons relever les défis du monde multipolaire. Nous ne pouvons nous rassembler ni sur la base d’illusions idéologiques, ni sur la base de faux calculs. Il serait naïf de penser que rien ne nous divise. Ce serait cependant une grande erreur de ne pas saisir le potentiel de ce qui nous unit.

    David Engels et Krzysztof Tyszka-Drozdowski (Visegrád Post, 16 février 2022)

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