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Les éditions Magnus publient cette semaine une enquête de Dora Moutot et Marguerite Stern intitulée Transmania - Enquête sur les dérives de l'idéologie transgenre. Dora Moutot est journaliste et Marguerite Stern est ex-Femen et réalisatrice de podcasts.
" Bienvenue dans un monde où Robert devient Catherine !
« Homme enceint », « non-binaire », « iel », « changer de sexe », « naître dans le mauvais corps », « transgenre », ces termes envahissent notre quotidien. Trans par-ci, trans par-là, partout c’est la transmania !
En France, il est possible d’être légalement reconnu comme femme tout en ayant un pénis. Des hommes se disant femmes remportent des compétitions sportives féminines dans le plus grand des calmes. Des hôpitaux se livrent à des expérimentations médicales sur des enfants dans le but de les faire « changer de sexe ». Et tout incrédule évoquant la binarité des sexes est traîné dans la boue.
C’est l’histoire de l’un des plus gros casses conceptuels du siècle que nous allons te raconter : l’idéologie transgenre est en train de s’infiltrer dans toutes les sphères de la société. Elle se présente comme un simple mouvement pour les droits d’une minorité opprimée, pourtant, derrière les paillettes, se trouve un projet politique néfaste qui s’apprête à bouleverser notre rapport au réel… "
Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par le linguiste Jean Szlamowicz au Figaro Vox, à l'occasion de la sortie de son essai , Le sexe et la langue (Intervalles, 2023), dans lequel il évoque la question de l'écriture inclusive.
«Narcissisme idéologique et mysticisme illuminé»: les logiques à l’œuvre derrière l’écriture inclusive
LE FIGARO. - L’écriture inclusive s’est largement répandue dans notre société, on peut la lire à l’université, sur de nombreux panneaux publicitaires... Comment expliquer son succès?
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Jean SZLAMOWICZ. - L'écriture inclusive n'existe que par la bonne volonté de certains décideurs convaincus qu'il faut adopter cette mode pour ne pas être ringardisé. Elle n'est pas une pratique spontanée des locuteurs. D'ailleurs, même ceux qui la pratiquent le font avec une grande incohérence. On la trouve essentiellement dans certains milieux sociaux qui s'imaginent être «progressistes»: c'est avant tout une image de soi que l'on propage avec l'écriture inclusive. Ce narcissisme idéologique consiste à montrer que l'on est une bonne personne et que l'on est au courant des dernières tendances du conformisme idéologique. La pression militante que chacun exerce sur les autres est le moteur de ce panurgisme politique.
Peut-on «rééduquer» une société par le biais de la langue?
C'est précisément sur ce point que l'écriture inclusive se révèle comme un mysticisme illuminé: peut-on sérieusement croire que le social est contenu dans la grammaire? Il est impensable d'imaginer que, mécaniquement, l'orthographe contribue aux progrès sociaux. Le monde ne dépend pas de la grammaire et les langues ne sont pas des objets dont on pourrait améliorer la conception: la recherche de «la langue parfaite» qui apporterait la rédemption au monde est une utopie relevant du fétichisme et de la sorcellerie!
Réformer le monde en ajoutant des petits «–e» pour symboliser le féminin est une farce. C'est un pur marketing politique, une exhibition vertuiste et une contrainte idéologique. Et puis, à partir de quels critères déciderait-on de cette «rééducation»? Cela suppose une élite éclairée qui se sent suffisamment arrogante pour définir ce que le peuple doit penser, ce qui est la définition d'un totalitarisme. Et, franchement, si ces savants sont assez stupides pour imaginer que le genre des mots conditionne la structure de la société, il ne faut leur accorder aucun crédit car leur magistère moral est fondé sur des interprétations farfelues! Personne ne devrait se sentir obligé d'adopter de telles élucubrations.
En 2021, le dictionnaire «Le Robert» a ajouté le pronom «iel». L'institutionnalisation de l'écriture inclusive est-elle inéluctable?
Un dictionnaire n'est pas une institution, justement, mais un éditeur privé. Or, il y a là un paradoxe: celui de l'adoption d'initiatives militantes, comme l'écriture inclusive ou le marquage des identités sexuelles, dans des cadres institutionnels, par exemple l'Éducation nationale. La laïcité, c'est avant tout la recherche d'une neutralité, par opposition à l'affichage d'une opinion, qu'elle soit religieuse, politique, sexuelle, etc. L'écriture inclusive pose une question de fond: si on l'accepte, alors cela signifie qu'il n'y a plus de référence commune.
Chacun peut alors introduire sa préférence comme norme et imposer sa pratique au nom de la cause qu'il défend. C'est introduire une forme de séparatisme dans les usages collectifs, ce que l'institution ne peut accepter sans faire exploser ses propres cadres. Par ailleurs, l'écriture inclusive signale une opinion idéologique, ce qui est discriminatoire —qu'on songe au signalement politique que cela représente sur une copie d'examen. La conventionalité et l'arbitraire de l'orthographe protègent justement des interprétations idéologiques sauvages et de l'interventionnisme militant.
Les féministes affirment que la règle grammaticale du masculin qui l'emporte sur le féminin est sexiste. La langue française est-elle par essence sexiste?
Une langue ne possède pas d'intention et n'impose pas de contenus idéologiques. C'est un anthropomorphisme simpliste de penser ainsi. L'interprétation de la règle que vous mentionnez fait semblant de confondre les signes linguistiques et les personnes pour faire comme si «le masculin» et «le féminin» des mots décrétaient une inégalité entre les individus: il ne s'agit que de l'accord de types de mots, ce qui est sans rapport avec le sexe des gens! Et la formulation d'une règle n'est pas la langue elle-même.
Vous écrivez qu'il ne faut pas «confondre le genre des mots et le sexe des gens». Qu'est-ce que le genre des mots?
La notion de genre est très confuse. C'est un anglicisme qui recouvre des significations différentes: pour les gens, on parle normalement de sexe, et pour les mots, la linguistique parle de classe nominale. Cela décrit des phénomènes d'accord et de catégorisations sémantiques qui ne recouvrent pas forcément le sexe: une vedette peut être un homme ou une femme… Il y a des langues avec une dizaine de classes nominales, d'autres avec trois, ou deux, etc. Et que penser des langues sans genre comme le persan ou le finnois, le turc ou le vietnamien? Leurs locuteurs auraient-ils du mal à distinguer les femmes des hommes?
Les fonctionnements grammaticaux ne sont pas superposables aux propriétés présumées des choses ou des êtres, sinon cela supposerait que leur identité intrinsèque devrait être marquée par leur forme, ce qui est une pensée magique. L'inclusivisme décrète que l'on devrait aligner les formes grammaticales sur l'identité sexuelle, mais les langues ne fonctionnent pas ainsi. C'est pareil pour le pluriel: on renvoie à une pluralité de personnes, il s'accorde pourtant au singulier et personne n'en tire une interprétation psycho-idéologique. De la même manière que le nombre grammatical n'est pas le nombre mathématique, le «genre» grammatical n'est pas le genre sexuel.
Vous parlez de «féminisme dévoyé». En quoi l'écriture inclusive trahit-elle la cause des femmes?
On ne peut pas fonder la défense d'une cause sur le mensonge, l'intimidation et la manipulation sans l'abîmer. Inventer un complot masculiniste pour expliquer le «masculin» du pronom dans il fait beau, imaginer qu'il existerait un privilège grammatical qui serait une injustice, exiger une représentativité sociopolitique de la morphosyntaxe, ce sont des démarches délirantes. De fait, l'égalité entre les personnes se joue ailleurs que dans la grammaire. Or, le militantisme orthographique se moque complètement des situations d'oppression réelles que vivent les femmes qui doivent subir excision, mariage forcé, pression morale du rigorisme religieux ou violences claniques. Cela signifie que cet inclusivisme n'est rien d'autre qu'une hypocrisie et un faire-valoir social pour une classe privilégiée et donneuse de leçons.
Jean Szlamowicz, propos recueillis par Emile Douysset (Figaro Vox, 1er septembre 2023)
Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média surTV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Floriane Jeannin.
Sommaire :
La météo de l’info : Entre humidité et sécheresse
L’image de la semaine : Macron au Japon, nippon et mauvais
Le dossier : La fabrique du mensonge, une enquête qui porte bien son nom
Le dossier bis : L’interdiction de l'hommage à Dominique Venner
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Les pastilles de l’info
Novlangue - Guerre et vocabulaire de guerre
Décryptage - La surveillance et le meilleur des mondes
Propagande, propagande - Genre : Les visionnaires du Monde
Top ou Flop - Aphatie chez les ricaneurs de Quotidien
Carton rouge - Bruno Le Maire et son “dilaté comme jamais” dans “Quelle époque”
Ça décoiffe - Complément d’enquête / Hanouna : c’est la guerre
Les éditions Le cherche midi viennent de publier un essai de Dany-Robert Dufour intitulé Le phénomène trans.
Philosophe, Dany-Robert Dufour est l'auteur de nombreux essais comme Le Divin Marché (Denoël, 2007), Le Délire occidental (Pocket, 2018), Baise ton prochain (Actes sud, 2019) ou dernièrement Le Dr. Mabuse et ses doubles ou l'art d'abuser autrui (Actes Sud, 2021) .
" Notre société libérale prétend que l'individu a désormais le pouvoir de prendre, pour lui-même, toutes les décisions. Les " choix de vie ", tant loués par la publicité ou la presse psychologique, font figure de libertés fondamentales arrachées héroïquement au conservatisme. C'est ainsi, par exemple, que nous pouvons changer de sexe comme on change d'apparence ou de fond d'écran. N'y aurait-il pas là une confusion, voire un mensonge ?
Si le sexe relève de l'anatomie et du réel biologique, le genre obéit quant à lui à la culture et à la sexualité – deux réalités très différentes. Or le concept postmoderne de genre, si cher à l'individualisme ambiant, introduit une grande nouveauté : une " simple " opération chirurgicale permettrait d'effacer la différence sexuelle. Dans le même ordre d'idée, on tient à présenter le transsexualisme comme une nouveauté. C'est oublier que depuis toujours, sous toutes les latitudes et pour mille raisons, des hommes se sont fait passer pour des femmes, des femmes pour des hommes. Le droit de fabuler sur son sexe et d'adopter des pratiques sexuelles sur-mesure s'avère aussi ancien que le droit de se tenir debout.
Dany-Robert Dufour décrypte ici avec précision les véritables enjeux du phénomène " trans ". Où l'on se rappelle que le fonctionnement de l'économie de marché dépend de désirs toujours renouvelés. Et où l'on comprend assez vite que le changement de sexe n'est qu'une option de plus dans le catalogue libéral. Peu importe son coût : sociétal, médical et anthropologique. "
Les éditions du Toucan viennent de publier un nouvel essai de Douglas Murray intitulé La grande déraison - Race, genre, identité. Diplômé d’Oxford et Eton, journaliste au Wall Street Journal, au Guardian et au Spectator, Douglas Murray est l'auteur de L'étrange suicide de l'Europe (Toucan, 2018).
" Dans ce nouveau livre, Douglas Murray examine des questions centrales du XXIème siècle : la sexualité, le sexe, la technologie et la race. Il montre que ces sujets vont être les détonateurs principaux de la violence dans les prochaines années. Il met en lumière, exemples à l’appui, les nouvelles guerres culturelles qui se déroulent dans nos lieux de travail, universités, écoles et foyers au nom de la justice sociale, de la politique identitaire et de «l'intersectionnalité».
A l’époque postmoderne, les grands récits religieux et politiques se sont effondrés. A leur place ont émergé un désir croisé de redresser les torts perçus et une militarisation de l'identité, toutes deux accélérées par la puissance des médias sociaux.
Des groupes d'intérêts étroits dominent désormais l'agenda alors que la société devient de plus en plus tribale.
Murray cherche à insuffler un certain bon sens dans et termine par un appel passionné à la liberté d'expression, aux valeurs communes et à la raison, dans une époque où règne chaque jour un peu plus l'hystérie de masse. "
" Dans son dernier livre Le Crépuscule des idoles progressistes, Bérénice Levet dénonce la nouvelle anthropologie mise en place dans les années 70 et fondée sur un « alibi » : l’individu serait d’autant plus libre, original et créatif qu’il serait délié de tout héritage… Cette idéologie a débouché sur un désastre civilisationnel. Nous avons posé un éteignoir sur le processus d’humanisation, qui se fait par la transmission de l’héritage. Il y a un épuisement de ces idoles, mais l’hégémonie culturelle continue de leur appartenir.
Confrontés à un communautarisme islamique toujours plus véhément, nous aspirons, cependant, à nous souvenir de qui nous sommes. Et nous sommes les héritiers d’un génie français : la clé de la transmission est de donner à connaître, mais aussi à aimer, cet héritage."