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front républicain

  • Le “front républicain” : seulement contre la droite...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Christophe Boutin cueilli sur Figaro Vox et consacré au front républicain, arme du système contre la droite. Professeur de droit constitutionnel, Christophe Boutin est notamment l'auteur d'un essai intitulé Politique et tradition (Kimé, 1992), consacré au penseur italien Julius Evola. Il a également co-dirigé la publication du Dictionnaire du conservatisme (Cerf, 2017), du Dictionnaire des populismes (Cerf, 2019) et du Dictionnaire du progressisme (Cerf, 2022).

     

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    Christophe Boutin: «Pourquoi le “front républicain” ne s'applique qu'à la droite»

    Un politique peut aujourd'hui se réclamer du trotskisme le plus échevelé et obtenir sans coup férir le nombre de parrainages nécessaires pour être candidat à l'élection présidentielle, quand bien même son courant ne représente-t-il jamais, élection après élection, que moins de 1 % des suffrages exprimés.

    Nul journaliste, quand Fabien Roussel tonne contre l'invasion russe en Ukraine, ne lui rappelle ce 11 janvier 1980 où, en direct de Moscou, le premier secrétaire du PCF, Georges Marchais, justifiait l'invasion de l'Afghanistan par des troupes soviétiques uniquement soucieuses de libérer les populations locales de féodaux moyenâgeux pratiquant le «droit de cuissage».

    Certains le regrettent. On nous permettra pourtant de penser que l'on doit au contraire s'en féliciter, en considérant que le pluralisme, nécessaire dans une démocratie, traduit finalement plus sa vitalité qu'il n'augmente ses faiblesses, et que les erreurs des uns n'ont pas à entacher les choix des autres.

    Dans le même temps pourtant, lorsque des politiques se voient attribuer malgré eux un label «d'extrême droite» qu'aujourd'hui quasiment tous les spécialistes universitaires du sujet remettent en question, considérant qu'il ne concerne guère qu'une infime minorité et nullement une force politique de l'ampleur de celle qui a amené Marine Le Pen pour la seconde fois au second tour de l'élection présidentielle, et Éric Zemmour, qui faisait là sa première apparition, à un score de 7 % au premier tour, tout change.

    Plus question en effet de pluralisme: «Pas de liberté pour les ennemis de la liberté» tonnent nos modernes Saint-Just, se félicitant alors sans pudeur des parrainages refusés, des meetings interdits, de l'ostracisme professionnel frappant militants ou candidats, quand ce n'est pas de leur agression.

    Ce «deux poids, deux mesures» a-t-il toujours existé ? Sous les noms successifs de «front républicain», «pacte républicain», «digue républicaine» jusqu'où remonter ? Au front républicain des origines de la IIIe République, constitué face aux menaces bonapartistes et monarchistes ? À cette discipline républicaine qui allait permettre au Front populaire d'arriver au pouvoir au sortir du 6 février 34 ? Les menaces sont réelles alors: on pouvait se demander en 1880 si le régime nouveau allait durer, et s'inquiéter en 1936 de la montée du fascisme. Mais derrière l'affichage idéologique de ces alliances - qui laissent sur leur gauche, socialistes, utopistes et anarchistes violents - on ne saurait oublier l'élément tactique, la conquête du pouvoir. Sous la IVe République ainsi, les fronts républicains ne visent plus qu'à permettre à une vaste alliance centrale de se le partager, écartant à droite les gaullistes et à gauche les communistes.

    Sous la Ve République, cette stratégie devient initialement un instrument d'hégémonie au profit de la seule gauche, qui fait peser sur toute alliance avec le Front national qui progresse un interdit moral que Jacques Chirac valide politiquement. À partir du milieu des années 80, la droite qui s'auto-baptise dès lors «de gouvernement» parce qu'elle interdit à d'autres d'y participer n'hésite pas aux alliances avec la gauche, sanctionnant ceux de ses membres qui violent le nécessaire «cordon sanitaire». Ce nouveau Front républicain culmine en 2002 avec le happening de l'entre-deux tours d'une élection présidentielle où s'opposent Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac. Et si, à partir de 2011, la théorie du «ni, ni» (ni FN, ni PS) est celle de Nicolas Sarkozy, le Front républicain, qui continue d'ouvrir la voie vers les maroquins par la grâce médiatique, conserve ses adeptes en 2022, même si la flambée de l'abstention et du vote blanc en montre pourtant les limites.

    Un Front donc, une digue, mais contre quoi, et pourquoi à sens unique ? Car s'il est aujourd'hui très difficile de qualifier le programme du Front national de Marine Le Pen «d'extrême droite», quand il n'est qu'une version édulcorée de celui du RPR des années 80, ou de trouver dans son entourage des fascistes assumés et dans ses références historiques un culte des années sombres, on peut en effet être plus réservé à l'encontre de partis de gauche où foisonnent les disciples d'Hugo Chavez, les admirateurs du Che et, où, plus largement, on n'entend guère remettre en cause les principes de l'idéologie la plus meurtrière du XXe siècle. Quant à lutter contre les hordes en chemise brune, nul ne saurait s'y opposer, mais encore faudrait-il qu'elles existent. Or, depuis des dizaines d'années, la violence politique qui se manifeste en France n'est certes pas prioritairement le fait de milices fascistes, mais bien de groupuscules d'extrême gauche.

    Il est vrai que cette violence-là sert le pouvoir en place, ainsi légitimé pour réprimer avec une rare violence les manifestations ou imposer des mesures de contrôle de la population de plus en plus attentatoire aux libertés. Et pour permettre demain le «vote utile» des électeurs de la «droite de gouvernement» sur ses candidats ou ceux qu'il aura adoubés, ce même pouvoir a tout intérêt à agiter le spectre du «grand soir» des «partageux» : les «Versaillais» du «parti de l'ordre» le rallieront à nouveau, comme au moment de la crise des «gilets jaunes».

    Ainsi, contrairement à ce que pensent ceux qui ne veulent y voir que la conséquence du poids d'une intelligentsia médiatique fortement ancrée à gauche, le «deux poids, deux mesures» doit apparaître en ce printemps 2022 pour ce qu'il est: un instrument permettant à un bloc politique central constitué aujourd'hui autour d'Emmanuel Macron, mais le dépassant largement - ce «bloc élitaire» évoqué par Jérôme Sainte-Marie, ce rassemblement des «anywhere» décrit par David Goodhart, ces gagnants de la mondialisation des métropoles dont parle Christophe Guilluy -, de rester au pouvoir.

    N'ignorant pas qu'il partage avec la gauche, y compris la plus radicale, une même vision du monde progressiste, ce pouvoir est trop subtil pour se tromper d'ennemi: la révolte de leurs petits-fils et fils n'amène qu'un sourire nostalgique sur les lèvres des ex-soixante-huitards ou lycéens en lutte contre la «réforme Devaquet» - tous maintenant macronistes -, et les rodomontades du «Premier ministre élu» ne les impressionnent pas plus. En sus de ce poids incapacitant d'une pseudo-morale largement acquise aux idées de gauche qu'il ne faut pas négliger, il n'y a en fait aucun intérêt tactique à dénoncer les alliances qui peuvent se faire entre l'ancienne «gauche de gouvernement» et une gauche plus radicale ou plus sectaire.

    Mais que s'affirme un courant national-populaire disposant d'une doctrine et prêt à remettre en cause la «liquidation», pour reprendre le titre d'un ouvrage de Frédéric Rouvillois sur le macronisme, entreprise depuis maintenant bien des années, voilà qui ne saurait être toléré. «Nous avons changé d'époque», disent les représentants autoproclamés du «cercle de la raison», voulant indiquer par là «qu'il n'y a pas d'autre alternative», comme le clamait Margaret Tatcher, et que la fuite en avant doit continuer pour permettre à la société rêvée d'advenir. Grâce à la gauche, spectre utile quand elle est révolutionnaire et caution morale quand elle se veut intellectuelle, et contre cette droite à laquelle, et ce n'est donc pas un hasard, l'oligarchie réserve ses coups.

    Christophe Boutin (Figaro Vox, 4 mai 2022)

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  • Vers un "front républicain" des traîtres et des cocus !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Eman, cueilli sur son blog A moy que chault ! et consacré au retour du "front républicain" contre Marine Le Pen.

    Animateur du site Paris Vox, rédacteur en chef de la revue Livr'arbitres et collaborateur de la revue Éléments, Xavier Eman est l'auteur de deux recueils de chroniques intitulés Une fin du monde sans importance (Krisis, 2016 et la Nouvelle Librairie, 2019), d'un polar, Terminus pour le Hussard (Auda Isarn, 2019) et, dernièrement, d'Hécatombe - Pensées éparses pour un monde en miettes (La Nouvelle Librairie, 2021).

     

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    Vers un "front républicain" des traîtres et des cocus

    A peine les deux protagonistes du second tour connus, alors même que le dépouillement des votes n’était pas terminé, le premier réflexe de la quasi-totalité des candidats éliminés a été, dans un bel ensemble, d’appeler à « faire barrage à l’extrême droite » en votant pour Emmanuel Macron le 24 avril. S’il fallait encore une preuve de l’affolement apeuré qui s’empare du système des copains et des coquins à la perspective de l’élection d’un président patriote, celle-ci suffirait amplement.

    C’est le communiste Roussel qui s’est précipité le premier pour exhorter ses faibles troupes à voter pour l’homme de la retraite à 65 ans. Le reste de la « gauche » a ensuite défilé pour entonner le même refrain, le petit doigt sur la couture du pantalon, auxiliaires empressés de l’homme du capital. Jean-Luc Mélenchon, pour sa part, s’il n’a pas appelé directement à voter Macron, a invité ses partisans à « ne pas donner une seule voix à Mme Le Pen ». Seule Nathalie Arthaud, de Lutte ouvrière, n’a pas donné de consigne de vote, renvoyant dos à dos les deux candidats.

    Les « damnés de la terre » vont donc apporter massivement leurs scrutins à l’enfant de Rothschild et de McKinsey, au grand casseur social, à l’éborgneur de Gilets jaunes, au démolisseur des services publics… Si la situation de notre pays n’était pas si tragique, on en rirait volontiers.

    Alors que nous commémorons le fameux « 21 avril 2002 » (fameux à plus d’un titre), c’est donc reparti pour un tour, la momie « front républicain » est sortie de son tombeau et on s’apprête à agiter de nouveau les bannières mitées de « l’antifascisme de salon ». « No pasarán ! », va-t-on hurler dans les rues, comme les grands ancêtres en 1936 à Barcelone, et, espérons-le, avec la même efficacité. Rien ne semble avoir changé, tout est prêt pour deux semaines de propagande intensive à base de « valeurs républicaines », d’« heures les plus sombres » et de « dangers de l’extrémisme ». Les Français sont-ils toujours dupes ? On peut, hélas ! le craindre, tant le battage médiatique est imposant et permanent, mais on peut aussi espérer que la dégradation de leurs conditions de vie et le progressif effacement de la France à laquelle ils restent attachés leur fassent enfin choisir une véritable alternative. Nous le saurons dans deux semaines cruciales pour l’avenir du pays.

    Quoi qu’il en soit, une fois encore, face aux périls qui menacent la France et les travailleurs français, la gauche dite « radicale » s’est déshonorée et a démontré qu’elle n’est qu’une désolante supercherie qui a définitivement abandonné le combat social au profit de ses lubies sociétales et de ses passions xénophiles et immigrationnistes. Quant à la droite « libérale » – en tout cas aux débris qui en restent –, elle a été égale à elle-même : ridicule et lâche. 

    Xavier Eman (A moy que chault !, 12 avril 2022)

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  • Feu sur la désinformation... (136)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : Élection présidentielle, le vrai visage des journalistes
      Audrey Pulvar, Laurent Ruquier, Nathalie André, ces journalistes dévoilent leur vrai visage : Non à Le Pen, oui à Macron. La charte déontologique des journalistes, de l’objectivité et de l’information, est tombée dans l'oubli.
      Conséquence évidente, un traitement médiatique partial. Exemple : Quand le Monde publie une tribune dénonçant "l’entrave du Front National à la liberté d’informer" , le journal oublie d'évoquer les médias russes (Sputnik et RT France) interdits d’accès au quartier général d'Emmanuel Macron.
    • 2 : Le zapping d’I-média
      Aboyer pendant 3 heures contre le Front National : Olivier Sagazan désire "réveiller les consciences contre les dangers du FN" en jappant sur le parvis de la Défense. Pour donner du poids à cette performance sûrement plus ridicule qu’insolite, l’AFP s’était déplacée pour filmer la prestation de « l’artiste ».
      Robert Ménard charge France info : Le maire de Béziers était l’invité de « Com Pol » sur France info. Pour Robert Ménard, la chaine du service public est « un tract pour Monsieur Macron ».

    • 3 : Front républicain, l'inquisition En Marche
      Pour faire barrage au Front National, la classe politique doit faire bloc : Mélenchon serait un irresponsable qui prône le « ni-ni », Nicolas Dupont Aignan est « nazifié » par son soutien à Marine Le Pen. Faites place aux pestiférés de la société.
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Le dessinateur Plantu phagocyte la Une de Monde. Depuis 30 ans, le dessinateur nous sert le même humour, les mêmes caricatures du Front National : des "néonazis" tapant sur des Africains.
    • 5 : Ondes Migratoires
      Ondes Migratoires, la chronique de Nicolas Faure sur les migrants dans les médias : les ONG qui portent secours aux migrants traversant la méditerranée sont-ils de véritables anges gardiens ? Info ou intox ?

     

                                   

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  • « Nous ne sommes plus à l’époque où le FN n’était qu’un parti contestataire marginal »...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la question de la violence...

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    « Nous ne sommes plus à l’époque où le FN n’était qu’un parti contestataire marginal »

    BHL l’a dit : « L’union nationale, c’est le contraire de la France aux Français. » Après la manifestation du 11 janvier, l’unité nationale semble être de mise. Mais à quoi peut rimer une union nationale lorsque le Front national, premier parti de France aux dernières élections européennes, en est exclu ?

    De même que tout unanimisme est suspect, parce qu’on ne peut jamais ramener à l’unité la diversité des opinions et des aspirations, de même le thème de « l’union nationale » est-il toujours mystificateur, et pour la même raison : il s’énonce dans l’ordre du général, mais c’est toujours au profit d’un particulier. Cela dit, votre question me paraît naïve. Car si l’on parle aujourd’hui d’« unité nationale », ce n’est pas malgré l’exclusion du FN, mais bien au contraire pour la justifier. Bernard-Henri Lévy l’a dit sans fard dès le 8 janvier : « L’union nationale, c’est le contraire de la France aux Français. » Ce n’est donc qu’une reformulation de la thématique du « front républicain » ou, si l’on préfère, la version élégante de la formule « UMPS », en même temps qu’un appel à resserrer les rangs face à la montée d’un parti dont François Hollande n’hésite pas à dire qu’il ne respecte pas les « valeurs républicaines » (comprendre : libérales, atlantistes et « droits-de-l’hommistes »), afin de mieux défendre les privilèges de la classe dominante – au risque, ce faisant, de confirmer que la frontière entre le PS et l’UMP ne correspond plus à rien.

    Le chef de l’État l’a très bien compris, qui se réclame maintenant de « l’esprit de janvier ». Il sait que la marche des Charlie n’a rien été d’autre que la répétition de la grande manifestation anti-FN qui aura lieu au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle si Marine Le Pen se retrouve au second. Cependant, l’idée était dans l’air depuis quelque temps. Le 26 mai 2014, Bernard-Henri Lévy – encore lui – avait déjà appelé, dans Le Monde, à la mise en place d’un « gouvernement d’union nationale ». Bien des hommes politiques rêvent aujourd’hui de la renaissance d’un « grand centre » à la Giscard, qui associerait aussi bien Juppé et Raffarin que Valls ou Macron. C’est une idée dont on n’a pas fini d’entendre parler.

    Et cela peut marcher ?

    Le problème, c’est que nous ne sommes plus à l’époque où le FN n’était qu’un parti contestataire relativement marginal, automatiquement exclu du second tour lors des consultations électorales. Aujourd’hui, non seulement il accède presque toujours au second tour, mais il y accède souvent en tête. La compétition entre les deux partis de gouvernement se joue dès lors dès le premier tour, et non plus au second. Or, cette donnée nouvelle fait en même temps obligation à l’UMP ou au PS, lorsqu’un de ces deux partis est éliminé à l’issue du premier tour, de faire voter au second pour celui qu’il combattait la veille, ce qui déstabilise son électorat, renforce son incrédulité et le convainc plus encore que la formule « UMPS » correspond bien à la réalité. Situation particulièrement inconfortable pour l’UMP, dans la mesure où elle se prétend dans l’opposition. Comment rester crédible quand, après avoir fait campagne contre la « désastreuse politique » du gouvernement, on demande à ses électeurs de voter pour ce gouvernement plutôt que pour le Front ? Adopter la tactique du « ni-ni » (« faire barrage au FN » tout en laissant aux électeurs leur liberté de choix) est à peine plus convaincant. Et c’est ainsi que l’UMP, qui était autrefois accoutumée à siphonner les suffrages du FN, devient maintenant son réservoir de voix.

    Tiraillée en tous sens, l’UMP n’a aujourd’hui plus aucune ligne directrice, et ses consignes deviennent de ce fait inaudibles. Nicolas Sarkozy s’est emparé du parti, mais il ne parvient pas à s’imposer. Son « grand retour » est d’autant plus compromis que les milieux d’affaires misent désormais sur Alain Juppé. Un tel parti est de toute évidence voué à éclater, ou à se désagréger, ce qui devrait faciliter, avant ou après 2017, la recomposition du paysage politique « centriste » autour d’un axe Juppé-Bayrou-Valls-Macron, d’orientation libérale-mondialiste et antipopuliste, dont les modalités restent à déterminer.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 10 février 2015)

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  • Le tocsin sonne...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Thierry Benne, cueilli sur Causeur et consacré à la vacuité des appels au front républicain contre le Front national...

     

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    FN : après Brignoles, le tocsin sonne

    Face à la montée du Front National et au lendemain de l’élection cantonale de Brignoles, le tocsin sonne à toute volée dans les états-majors des partis. La République est en péril et chacun d’invoquer le pacte républicain, qui correspond  au code de bonne conduite des élus politiquement présentables.  La Gauche, de marteler qu’il faut absolument  dresser en sus un front républicain pour faire échec si nécessaire  à l’intrus. Bien entendu, le pacte républicain, comme le Front républicain, sont censés reposer sur des valeurs républicaines dont, comme de juste,  les seuls partis de pouvoir ou de coalition détiennent l’absolu monopole. Pourtant, si dans l’esprit de la plupart des nos concitoyens ces valeurs demeurent encore vivantes, force est de reconnaître qu’elles sont aujourd’hui bien mal en point. Qu’on en juge plutôt !

    On commencera par le contournement sournois de la volonté du peuple français par la triple collusion de l’Exécutif, du Parlement et, dans une moindre mesure, du Conseil constitutionnel pour faire échec au Non des Français au referendum de 2005 sur l’adoption d’une nouvelle constitution européenne. Cela fait partie des trahisons qui marquent. Toujours à propos de représentation nationale, on comprend mal comment un parti qui réunit à grand peine moins de 5% des suffrages de la Nation réussit à avoir quasiment vingt fois plus de députés qu’un mouvement qui mobilise régulièrement près d’un électeur sur six. De même, comment le principe républicain d’égalité se conjugue-t-il avec le monopole de la représentation syndicale qui aboutit à ce que seule compte ou presque la voix de  8 % des salariés (surtout publics) , quand les 92% qui restent (surtout privés !)  sont pratiquement réduits au silence. Enfin, comment ose-t-on prétendre conduire démocratiquement le processus de réforme des retraites, sans que 16 millions de retraités puissent déléguer un seul représentant ni au Conseil d’orientation des retraites, ni au Conseil économique, social et environnemental ?

    Le Conseil constitutionnel, lui-même, dont on vient de célébrer en grande pompe le 55ème anniversaire avec celui de la Constitution, n’échappe pas davantage à la critique. C’était, on l’a vu,  avec son aval complaisant que le pouvoir put en 2008 mettre à la corbeille le referendum de  2005.  Mais dix années avant, le Conseil avait déjà sciemment validé les comptes de  deux candidats à la présidence, en sachant parfaitement qu’ils étaient pour l’un parfaitement faux et pour l’autre gravement irréguliers. C’est encore ce même Conseil qui avait cru pouvoir le 30 juillet 2010 “louvoyer” avec l’illégalité flagrante de l’ancienne procédure de garde à  vue en fixant  à l’Exécutif  pour la régulariser un délai de rien moins que 11 mois  qu’il n’était normalement pas au pouvoir du juge d’accorder.

    La laïcité, l’une des valeurs-phare de notre République, se fissure sous les coups de boutoir de ceux qui y voient un obstacle à leurs ambitions prosélytiques ou pas. Il est patent désormais qu’en violation des règles européennes,  une bonne partie  des abattages se font sur notre sol  selon le rite hallal, alors que la population musulmane ne représente pas 1/5 de la population française et qu’en son sein, les tenants purs et durs d’un  islamisme radical sont encore infiniment moins nombreux. L’interdiction du voile ne franchit pas la porte de nos universités, comme si ces dernières bénéficiaient par rapport à la République d’un privilège d’extraterritorialité. Et que dire de ce qui subsiste encore des horaires “aménagés” de certaines  de nos piscines, des menus “alignés” de nos cantines scolaires,  des pans entiers de notre histoire que nos enseignants ne peuvent plus aborder sans mettre leurs classes en ébullition ou encore de ces admissions hospitalières en urgence qui s’opposent à l’intervention d’un soignant masculin ?

    Que dire aussi de l’attaque en règle contre les familles ? De l’ambition exorbitante d’une Éducation Nationale, qui prétend s’arroger, y compris à l’encontre des  parents, le droit d’éduquer les enfants, alors qu’elle peine – et le mot est faible – à seulement les instruire ? Comment justifier l’acharnement fiscal contre les avantages des familles, dont beaucoup n’avaient  rien d’exorbitant, mais expliquaient l’efficacité de notre politique nataliste ? Que vaut enfin cette prévalence constante de l’assistanat qui, tout en asphyxiant ceux qui le financent  et en déresponsabilisant ceux qui en profitent,  veut faire  croire à chacun qu’un bon vote  peut remplacer l’effort ?

    Parlons maintenant de la Justice. Comment peut-on admettre qu’un syndicat influent de magistrats puisse mépriser les justiciables et le personnel politique au point de dresser  impunément un mur des cons, qui tend d’ailleurs un redoutable miroir à ses pitoyables auteurs? Comment ensuite la Justice pourra-t-elle donc exiger du citoyen le respect qu’elle-même ne lui accorde pas? Que penser de tous ces meurtres dont on ne peut même plus dire que l’auteur soit un récidiviste,  tellement il se trouve dans une démarche constante, uniforme  et continue d’infraction? Comment les citoyens peuvent-ils être contraints de croiser régulièrement dans leurs cités des individus, dont la dangerosité avérée est telle qu’aucun juge en charge de famille  n’admettrait  leur liberté  dans le voisinage immédiat de son propre domicile?

    Par ailleurs, le peuple français est un peuple libre et il supporte de plus en plus mal que l’on embrigade ou que l’on ampute sa mémoire, au prix d’une infantilisation qui en dit long sur le sens  démocratique  de ceux qui ont exigé  ces  “souvenirs imposés”. Et de se demander en quoi  ce qui a été commis  sur le plan de l’atrocité et de la barbarie par le nazisme doit seul être retenu, alors que des massacres en tous points comparables ou pires (voir l’exemple de Katyn),  mais commis par des Staline, Mao, Pol Pot ou consorts  peuvent  être soigneusement oubliés et  retranchés de l’Histoire comme s’il ne s’était rien passé.

    Mais cette revue serait incomplète si elle ne s’attachait pas à quelques affaires récentes qui, pour être plus personnelles, n’en  révèlent pas moins des dérives préoccupantes. D’abord l’actuel Président de la République avait lors de sa campagne électorale pris le pays à témoin qu’avec lui c’en était fini de l’interférence des affaires privées et des affaires publiques. Or, en en plein marasme, la République prend à sa charge tout ou partie des frais d’une dame qui n’a -semble-t-il- aucun lien de droit avec son Président  et qui se permet en outre par un tweet malvenu de torpiller la candidature électorale de son ex-rivale. Une autre fois, c’est le compagnon d’une  importante ministre qui éructe publiquement et un jour de Fête Nationale  sa bave  antimilitariste, avant de récidiver quelque mois plus tard  en insultant  directement le Ministre de l’Intérieur. Mais le comble de la confusion entre les affaires privées et les affaires publiques, c’est incontestablement l’affaire Cahuzac où il est clairement apparu que le responsable de la collecte des impôts s’arrangeait pour échapper lui-même aux efforts qu’il exigerait de tous les autres, le tout en mentant effrontément à la représentation nationale.

    Certes, ce modeste tour d’horizon ne saurait prétendre à l’exhaustivité, mais il n’en révèle pas moins l’écart béant  qui existe entre les vertus supposées du Front républicain et  le contenu de plus en plus faisandé de ces emballages fort trompeurs. le plus important pour que vive la République, ce n’est assurément pas la survivance du  pacte républicain, encore moins celle du front républicain, mais la pérennité des vraies vertus républicaines, celles qui font que tout un peuple peut encore faire raisonnablement confiance à ceux qui le dirigent.

    Thierry Benne (Causeur, 7 octobre 2013)

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