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frères musulmans

  • Le frérisme et ses réseaux...

    Les éditions Odile Jacob viennent de publier une enquête de Florence Bergeaud-Blackler intitulée Le frérisme et ses réseaux - L'enquête. Florence Bergeaud-Blackler est anthropologue, chargée de recherche au CNRS.

     

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    " Ce livre présente le mouvement islamiste issu de l’internationalisation du mouvement des Frères musulmans, tel qu’il s’est développé en Europe: Florence Bergeaud-Blackler le nomme frérisme. Elle explore ici, de façon factuelle et documentée, l’origine du mouvement, son fondement doctrinal, son organisation et ses modes opératoires, ainsi que ses méthodes de recrutement et d’endoctrinement. Elle montre comment il étend son emprise au cœur même des sociétés européennes en s’appuyant sur leurs institutions, en subvertissant les valeurs des droits de l’homme ou en « islamisant » la connaissance.
    Ni réquisitoire ni dénonciation complotiste ou militante, c’est le résultat d’une enquête de fond étayée et référencée, menée selon les méthodes des sciences humaines, et qui cerne précisément un objet, l’islamisme frériste, qui construit un système-islam décliné dans trois directions : une vision, une identité, un plan. Le propos ne vise ni une religion ni une communauté de croyants, mais décrit un mouvement qui cherche à se servir d’eux pour imposer une stratégie d’islamisation des pays non musulmans dans toutes sortes de domaines, de l’économie à l’écologie, de l’école à l’université.

    Un document de référence, qui éclaire un phénomène souvent mal cerné. Un livre précieux pour sa mesure et sa lucidité, qui nourrit le débat de faits plutôt que d’anathèmes idéologiques. "

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  • Feu sur la désinformation... (385)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Jules Blaiseau.

    Au sommaire :

    • 1 - L'image de la semaine
      Découvrez avec nous les images des manifestations de dimanche dernier à Belgrade. Des événements boudés par la presse française.
    • 2 - Algérie : Macron fait le paillasson
      Le déplacement officiel de Macron en Algérie est un véritable succès ! Du moins à en croire nos chers médias nationaux. Les médias algériens et les images sur place racontent une autre version de l'histoire. Revenons ensemble sur l'humiliation de Macron à Alger.
    • 3 - Revue de presse
    • 4 - Hassan Iquioussen : l'imam en cavale
      Voilà un feuilleton dont les médias ont raffolé cet été : l'âpre bataille judiciaire entre Gérald Darmanin et Hassan Iquioussen. L'imam, proche des Frères Musulmans, est aujourd'hui en cavale. Retour sur la plus grosse opération de communication de l'été.

     

                                               

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  • Gagner la guerre contre l’Islam radical : une question de cohérence...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du général Jean-Bernard Pinatel, cueilli sur Geopragma et consacré à la nécessaire mise en cohérence de l'action diplomatique de notre pays que devrait imposer une lutte sérieuse contre l'islamisme sur le territoire français... Officier général en retraite et docteur en sciences politiques, Jean-Bernard Pinatel a déjà publié plusieurs essais dont Russie, alliance vitale (Choiseul, 2011) et Carnet de guerres et de crises 2011-2013 (Lavauzelle, 2014).

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    Pour gagner la guerre contre l’Islam radical, une définition précise de la menace et une mise en cohérence de notre politique intérieure et étrangère constituent un impératif vital

    Depuis mars 2012, la France est confrontée à un nombre d’attentats islamistes sans précédent qui ont causé 267 morts et probablement plus de 700 blessés au sein de notre population. Le dernier en date étant la décapitation de Samuel Paty, professeur d’Histoire et de Géographie à Conflans-Sainte-Honorine le 16 octobre 2020 qui avait montré à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression. Il faut aussi prendre en compte nos pertes militaires dans des opérations extérieures contre les djihadistes de l’Islam radical :  90 morts et près de 1000 blessés en Afghanistan depuis 2003 et 46 morts et plus de 300 blessés au Sahel depuis le début de l’opération Serval. 

    Ce rappel des morts et des blessés sur notre territoire national et lors d’opérations extérieures démontre clairement que nous sommes en guerre. Après la prise de conscience du Président Macron et ses paroles fortes, se borner à prendre des mesures uniquement sur le territoire national ressemblerait à un coup d’épée dans l’eau. 

    Nos dirigeants doivent d’abord prendre conscience de la nature réelle de la menace. C’est pourquoi la France ne peut se désintéresser de la déstabilisation du pourtour méditerranéen et du Moyen-Orient. Non pas en y contribuant de façon irresponsable en voulant imposer comme en Syrie ou en Libye la démocratie par la force des armes mais en aidant les pays et les peuples de ces régions à conforter leurs structures étatiques et à se développer. La non-intervention militaire dans les affaires intérieures d’un Etat, sauf si les autorités légitimes nous en font expressément la demande, doit redevenir la règle dans les relations internationales. A contrario, l’intervention secrète ou armée dans un but préemptif comme les Etats-Unis de Bush junior l’ont fait en Irak au nom d’une menace potentielle inexistante ont abouti à la destruction des structures étatiques irakiennes et ont fait le lit de l’Islam radical. 

    De même, l’intervention dans un but humanitaire telle que la Grande-Bretagne et la France l’ont menée en Libye et en Syrie doit être bannie. Car ce type d’intervention est susceptible de générer le chaos et de coûter plus de vies qu’il n’en sauve. En conséquence, pour gagner cette guerre et assurer la sécurité des Français, la France doit comprendre la nature réelle de la menace et mettre en cohérence sa politique intérieure et sa politique étrangère : sur le territoire national, en Europe et hors d’Europe.

    Sur le territoire national

    Le préalable à la définition d’une stratégie efficace contre l’islamisme radical n’est pas rempli car l’unanimité est loin d’être totale parmi nos dirigeants sur la nature de la menace à laquelle nous sommes confrontés. Désigner clairement l’ennemi est un préalable pour le combattre. Nos responsables politiques et militaires déclarent à l’envie « nous sommes en guerre ». Mais, pour la plupart d’entre eux, ils n’ont pas compris ou ne veulent pas comprendre la nature du conflit dans lequel nous sommes engagés. Nous ne sommes pas confrontés à une guerre asymétrique, concept si cher aux américains. Nous faisons face à une guerre révolutionnaire mondiale à finalité religieuse, menée par les wahhabites de l’Etat islamique et d’Al-Qaida qui se voient comme des moudjahidines[1] et par les Frères Musulmans qui veulent, par la prédication et par une action coercitive de long terme, installer des Etats islamiques fondés sur le droit (la Charia) et les pratiques de l’Islam du temps de l’Hégire.

    Mais depuis 2012, tant à l’Elysée que sur les plateaux de télévision tout s’est passé comme si le tout Paris politique et médiatique s’était bouché les yeux et les oreilles : « Barbares, énergumènes, psychopathes, tous les qualificatifs étaient bons pour écarter la référence à la foi »[2]. Une grande partie de la classe politique de gauche et de ses maîtres penseurs qui monopolisent la parole dans les médias est responsable de la négation ou la minimisation du fait religieux. Les idéologues athées, matérialistes ou hédonistes qui sont actuellement au pouvoir ne peuvent pas comprendre que les djihadistes préfèrent « une belle mort à une belle vie » et que pour les djihadistes « la mort n’est pas un sacrifice nécessaire à la victoire, elle est la victoire même »[3]. La gauche, encore profondément marquée par Marx, la révolution libertaire de 1968 et Nietzsche, pense que Dieu est mort. Se bouchant les yeux et les oreilles pour ne pas accepter les faits, elle cherche des causes à cette « folie suicidaire » dans l’inadaptation sociale, la pauvreté économique ou une dérive à partir de la petite délinquance. Il est vrai que de nombreux dirigeants de la communauté musulmane préfèrent souvent ce discours simplificateur et erroné. Il leur évite de devoir admettre publiquement que, depuis l’Hégire, la guerre religieuse fait rage au sein même de l’Islam[4]

    Mais une partie de la droite ne fut pas de reste. Les liens particuliers qu’avait établis Nicolas Sarkozy avec l’émir du Qatar ainsi que la politique d’investissements que ce pays réalisait en France ont contribué à occulter l’importance du soutien que le Qatar apportait à l’Islam radical au travers des Frères Musulmans et de la chaine Al Jazeera international. 

    Cette évaluation erronée de la menace a conduit nos dirigeants politiques de gauche comme de droite à bâtir une stratégie d’action inefficace sur le long terme. Ils ont ainsi focalisé leurs actions sur tous les lieux de « radicalisation » : les banlieues sensibles, les prisons, Internet. Ils ont créé des centres de « dé radicalisation » qu’ils ont inondé de subventions d’Etat. Lorsqu’on en fera un vrai bilan honnête, on constatera qu’il est aussi affligeant[5] que le bilan qu’ont fait les américains de leurs centres d’entrainement des rebelles modérés en Turquie. En refusant de considérer les djihadistes comme des convertis à une déviance radicale de l’Islam, ils ont continué d’autoriser les imans salafistes et les Frères Musulmans à poursuivre leur endoctrinement, à condition toutefois qu’ils ne prononcent pas dans les médias des paroles de haine contre les Juifs ou contre l’égalité homme femme, etc. 

    Ainsi la France depuis 15 ans a conduit une stratégie qui a accru la menace au lieu de la réduire. Nicolas Sarkozy a renversé Kadhafi et François Hollande a mené une guerre en Syrie pour déstabiliser Assad. Ces actions militaires ont occasionné leur lot de dégâts collatéraux qui ont renforcé la haine de la France chez les Musulmans. 

    A l’intérieur du territoire national ils se sont contentés d’instaurer un Etat d’exception policier et judiciaire, d’organiser de grandes manifestations compassionnelles pour les victimes des attentats, de grands défilés pour rappeler les valeurs républicaines, et de créer des centres de dé radicalisation. Cette stratégie était condamnée à l’échec et je l’ai dénoncée dans mon dernier livre[6].

    Avec elle, nous ne pourrons pas venir à bout de cette menace. Tout au plus nous pourrons la rendre acceptable encore quelque temps. Ne voulant pas reconnaître que nous sommes confrontés à des convertis et non pas à des radicalisés, nos dirigeants sous-estiment le pouvoir religieux et laissent se propager cet Islam radical dans la communauté musulmane[7]

    Sans cette prise de conscience tardive du Président Macron, qui doit être suivie par des actes concernant les imams propagandistes et les lieux où ils exercent leur daw’a, tout porte à croire que nier le fait religieux déboucherait sur la fin décrite si brillamment par Michel Houellebecq dans son essai « Soumission »[8], ou alors sur une guerre civile.

    En Europe

    La question migratoire et le contrôle de ses flux doivent devenir le premier des sujets de préoccupation et d’action des instances et des chefs d’Etat européens. L’Europe-passoire qui accueille sans contrôle des flux de migrants non identifiés et dont on ne connait ni les intentions ni le niveau d’adhésion à cette déviance de l’Islam n’est plus acceptable.

    Cela passe par la renégociation des accords de Shengen et la création d’un corps de garde-frontières et de garde-côtes à la hauteur de cet enjeu afin d’être à même de résister au chantage d’Erdogan. Le rattachement et les moyens de cette organisation devront dépendre directement des chefs d’Etats européens qui en fixeront les règles. Durant le temps nécessaire à la mise en place de ces moyens nous devons fermer nos frontières, l’épidémie COVID nous en fournit le prétexte.

    Comment accepter en effet ce constat d’impuissance de Loïc Garnier, chef de l’unité de coordination de la lutte antiterroriste, estimant que 200 « revenants » de Syrie[9] sont déjà en janvier 2017 sur le territoire national parce qu’ils « sont sortis de nos radars en prenant des routes improbables » et qu’ils sont arrivés à tromper la vigilance de nos services de police.[10]

    Il s’avoue incapable d’évaluer dans cette population le nombre de ceux qui sont missionnés pour commettre des attentats ou encore de ceux qui restent à un niveau dangereux plus ou moins élevé. Evidemment cette action doit être menée aussi au niveau de la Cour européenne de justice pour signifier que la France refuse de se soumettra à ses condamnations. Et cela va arriver vite quand le gouvernement au lieu de libérer les terroristes qui arrivent en fin de peine les placera dans un centre de rétention de son propre chef ou sous la pression populaire.

    Hors d’Europe 

    Il n’est pas possible de gagner une guerre sans avoir créé le contexte international qui conditionne la victoire. Il doit être clair pour tous que le seul ennemi de la France est aujourd’hui l’Islam radical et la guerre qu’il nous mène. Sont donc également nos ennemis ceux qui n’ont pas condamné explicitement ses actes ou qui diffusent une idéologie qui les justifie. 

    Notre politique étrangère doit donc être définie en appliquant comme premier critère que nos ennemis sont aussi les Etats, les organisations publiques ou privées, terroristes ou non, les personnes qui aident de quelque façon que ce soit ces organisations ou ces cellules terroristes dont le discours et les actes permettent de les rattacher à la mouvance wahhabite, salafiste ou à celle des Frères Musulmans. Cela signifie à contrario que tous ceux qui les combattent directement ou indirectement sont « de facto » nos alliés. C’est vrai en premier lieu pour la Fédération de Russie qui est confrontée sur son sol à la même menace. Les Frères Musulmans sont interdits sur son territoire et considérés comme une organisation terroriste depuis 2003[11]. La France devra donc demander la suspension immédiate de toute sanction à son égard. C’est également vrai pour les régimes syrien et irakien, quelles que soient nos réserves sur leur fonctionnement interne.

    Il faudra aussi signifier clairement au Président Erdogan qui revendique son appartenance aux Frères Musulmans en faisant leur signe de ralliement (la Rabia) dans ses apparitions publiques que nous n’accepterons plus son double jeu. La politique néo-islamiste et pan-Ottomane qu’il déploie avec la complicité passive des Etats-Unis et de l’OTAN en Méditerranée orientale, menaçant deux pays de l’Union européenne (la Grèce et Chypre) intervenant directement en Libye et dans le Haut-Karabagh en y injectant des milliers de djihadistes et des forces spéciales, ne peut plus être tolérée. La France doit désormais durcir sa pression pour que l’Union européenne prenne des sanctions contre la Turquie et sur les Etats-Unis pour qu’elle l’exclue de l’OTAN. Nous avons un moyen de pression : c’est la menace de retrait de la France de l’organisation militaire comme l’avait fait en son temps le général de Gaulle.

    De même nous devons nous adresser fermement à l’Arabie Saoudite et au Qatar en leur demandant de prendre des mesures efficaces pour que tous leurs sujets, qu’ils appartiennent ou non à la famille princière, ainsi que les banques saoudiennes et qataries stoppent leur aide financière ou de tout autre nature à ces organisations, à leurs combattants, à leurs imans, et à la diffusion de leur daw’a. 

    Il faudra également signifier aux Etats-Unis et à nos alliés européens que nous considérerons désormais comme hostile toute action secrète qui, pour quelque raison que ce soit, apporterait une aide directe ou indirecte à ces organisations. En effet, comment un chef d’Etat ou un ministre pourrait-il à l’avenir prononcer des paroles de réconfort à des familles de victimes et les regarder dans les yeux en sachant que par son inaction ou par sa vassalisation à des intérêts qui ne sont pas ceux des français, il est co-responsable de leur malheur. L’indignité, le mensonge, le cynisme et l’indifférence affective au sommet de l’Etat ne sont plus acceptables et les Français l’ont enfin compris.

    Pour triompher de cette guerre révolutionnaire mondiale à finalité religieuse que mène l’Islam radical, il est essentiel et de mettre fin à l’évaluation erronée de la menace et des risques qu’elle fait courir à la France et à notre République et de réaliser la mise en cohérence totale de notre politique intérieure et étrangère.

    Général (2s) Jean-Bernard Pinatel (Geopragma, 26 octobre 2020)

     

    Notes :

    En arabe : combattant de la foi qui s’engage dans le Djihad

    [2]Un silence religieux, Jean Birnbaum, la gauche face au djihadisme, seuil janvier 2016

    [3]Un silence religieux, op.cit. page 2014

    [4]La division entre chiites et sunnites est apparue dès la mort du prophète et s’est encore accentuée au milieu de XVIIIème siècle avec l’apparition du wahhabisme. Comment, pour un croyant modéré, ne pas être tenté d’occulter les millions de morts musulmans que cette guerre religieuse et en particulier la daw’a mortifère, des wahhabites a entrainé parce que les islamistes radicaux considéraient ces musulmans comme des shirks, des takfirs ou des Kanaris.

    [5]http://www.marianne.net/deradicalisation-quand-amateurisme-tourne-arnaque-100245770.html

    [6]Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent, Lavauzelle ; Mai 2017, 315 pages

    [7]En leur temps les vizirs ottomans avaient nié pendant près d’un demi-siècle tout caractère religieux aux «révoltés » du Nedj.  Ils considéraient le wahhabisme comme un discours justificatif de leurs razzias et de leurs conquêtes.

    [8]J’ai lu, 2015

    [9]Sans parler des terroristes dans nos prisons qui en fin de peine doivent être placés dans des centres de rétention et s’ils sont étrangers ou double-nationaux être expulsés de notre territoire

    [10]Le Figaro, 18/1/2017 page 2.

    [11]. C’est aussi le cas en Egypte, en Cisjordanie et en Syrie où les Frères Musulmans ont toujours eu une branche armée secrète et ont commis des centaines d’attentats notamment contre Israël

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  • L'holywoodisation de la politique...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par François-Bernard Huyghe au site Info Syrie dans lequel il analyse les méthodes de désinformation utilisées par l'Occident.

     

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    "On assiste à une hollywoodisation de l'information..."

    -La désinformation a longtemps été considérée, chez nous, comme une réalité essentiellement soviétique. Quand commence-t-on à prendre conscience d’une désinformation « à l’occidentale » ?

    -F.-B. Huygue : La désinformation soviétique était une désinformation de services secrets et s’exerçait via des supports classiques comme la presse écrite, ou les documents écrits – qu’on se souvienne par exemple des faux carnets secrets d’Hitler ; la désinformation occidentale a, bien sûr, toujours existé. On a en simplement réalisé toute l’ampleur avec la première guerre du Golfe où il y avait, via CNN, un monopole américain de la représentation du conflit : en bref, si les Irakiens voulaient se voir mourir, il fallait qu’ils regardent CNN. Les autorités américaines tenaient là leur revanche de la guerre du Viet Nam, où ils avaient, en quelque sorte, été trahis par leur propre presse, qui relayait à l’envi toutes les atrocités et bavures commises par l’armée américaine, et qui se livrait, dans les faits, à une véritable campagne de démoralisation de cette armée. Rien de tel en Irak où la presse a collaboré avec l’institution militaire, qui délivrait les accréditations aux journalistes « embeded » – intégrés aux unités militaires et littéralement commandés par les « communication officers« . On s’est vite rendu compte que l’énorme couverture médiatique de cette guerre n’a absolument pas empêché la floraison – et la diffusion mondiale – des bobards de guerre, comme le plus gros canon (irakien) du monde, la marée noire provoquée par Saddam, les bébés koweiti sous couveuse débranchés par les soldats irakiens, sans parle du statut flatteur de « quatrième armée du monde » décerné à l’unanimité de la presse occidentale aux troupes de Saddam Hussein. Au même moment – 1990-91 -, le bloc de l’Est s’effondre, ce qui donne à l’Ouest, et singulièrement aux Américains, le monopole de la désinformation d’échelle universelle.

    Bien sûr, toutes ces manip’s ont été assez vite décelées, dénoncées, analysées ; j’ai moi-même participé à nombre de colloques où l’on s’est penché sur cette désinformation made in USA. Ce qui n’a pas empêché l’intox de se poursuivre, notamment lors de la deuxième guerre du Golfe en 2003 avec les fameuses et imaginaires « armes de destruction massive  » de Saddam. De toute façon, la désinformation, ça ne marche qu’a une seule et unique condition : si elle répond aux attentes du récepteur ; bref, la désinformation ne peut se faire qu’avec le consentement de l’opinion, qui n’a ni le temps ni l’envie de remettre en cause ses préjugés sur telle ou telle question. Et plus le public aura été préparé psychologiquement par les médias, plus il réagira comme le souhaitent les manipulateurs : on est donc là en présence d’un cercle assez vicieux.

    La désinformation est, aujourd’hui et maintenant, essentiellement liée à ce que mon maître Régis Debray désigne comme « vidéosphére » : tout passe par l’oeil de la caméra qui a de plus en plus tendance à « scénariser » l’information, avec ce qu’il faut de drames, de « gentils » évidents et de « méchants » indéfendables. On assiste depuis vingt ans, sous l’influence des moyens et de l’idéologie des Américains, à une hollywoodisation de l’actualité, où l’Amérique et ses alliés sont, bien sûr, les bons et des gens comme Saddam Hussein, Milosevic, Ahmadinejad, Kadhafi – Poutine dans une certaine mesure – et, plus récemment, Bachar al-Assad sont les méchants de ce film.

    Ce phénomène est porté encore par deux grands événements : d’abord la démocratisation de l’information par internet pour faire circuler, ou même fabriquer, de l’information, ou de la désinformation. Tout le monde peut se connecter à tout le monde en un  temps record. Ca peut donner les mots d’ordre et convocations à des manifs politiques lancés par de jeunes Tunisiens et Egyptiens sur Facebook et Twitter. Evidemment, l’impact du message d’un individu va être néanmoins fonction des moteurs de recherche, ou des communautés disposées à relayer ce message.

    Ensuite il y a ce phénomène contemporain que j’appellerai le scepticisme de masse : s’il se passe par exemple un événement comme le 11 septembre, il peut se trouver beaucoup de gens pour nier sa réalité, parler de complot et de trucage. Cette négation, cette méfiance sont nourris par la désidéologisation, la fin des grands récits idéologiques (communisme, libéralisme triomphant), le discrédit des discours officiels. L’atomisation des sources de l’information – on n’est plus à l’époque où le 20 heures de Poivre d’Arvor était une grand-messe fédératrice de l’information – facilite les discours et interprétations dissidents : l’internaute est seul devant son écran, séparé du monde par lui et il peut, plus facilement, se fabriquer son propre univers, sa propre info.

    On aurait pu croire que cette méfiance, cette prise de distance d’avec les vérités médiatiques assénées aurait un effet positif, dans le sens d’un meilleur esprit critique du citoyen, qui n’accepterait plus les bobards d’antan. Eh bien pas du tout ! Les bobards existent plus que jamais, et si d’aventure ils sont découverts, il est trop tard, comme en Irak. Et surtout, il existe une désinformation par le scepticisme : on nie les évidences, au profit de thèses conspirationnistes ou carrément fantaisistes, impliquant jusqu’aux extra-terrestres.

    Et puis il y a internet, arme à double tranchant ; d’un côté on a, notamment aux Etats-Unis, des enquêteurs du web très consciencieux et sérieux : ce sont par exemple des internautes américains qui ont démonté la supercherie de la liesse populaire au moment du renversement de la statue de Saddam à Bagdad, en montrant les camions qui avaient acheminé la poignée de manifestants encadrés par les G.I.’s. Mais d’un autre côté, ce scepticisme de masse peut être exploité par une foultitude de complotistes et de détraqués pour qui, comme dans la série des X-Files, « la réalité est (forcément) ailleurs« .

    Et puis, bien sûr, des puissances politiques ont intérêt à la désinformation. En cette ère de l’image, il est devenu essentiel de décrédibiliser les images fournies par le camp opposé. L’exemple qui me vient à l’esprit est celui de cet enfant palestinien tué dans les bras de son père par des balles israéliennes au cours de la seconde intifada ; cette image terrible est devenue une icône pour la cause palestinienne ; à tel point que des spécialistes des services israéliens se sont acharnés à la décrédibiliser en faisant une sorte de révisionnisme, en affirmant que les images de la mort de l’enfant ont été truquées en arguant de l’angle de tir, de la nationalité palestinienne du cameraman ayant filmé la scène, en parlant d’ombre impossible, etc.

    La vérité devient d’autant plus difficile à cerner et à imposer que, dans un monde divisé et compliqué, il peut y avoir de vrais complots, de même qu’un paranoïaque peut faire l’objet d’une vraie persécution ! Et puis, circonstance aggravante de la confusion, on peut mentir pour une cause vraie ou justifiée : il y a certainement eu des bilans exagérés de morts du côté palestinien, il n’empêche que Tsahal tue des civils palestiniens et que la cause palestinienne est éminemment défendable.

    -Voilà qui nous amène à la Syrie, avec cette histoire de lesbienne damascène persécutée par le pouvoir qui se révèle être un Américain barbu de 40 ans installé en Ecosse..

    -FBH : Exactement, ce type en substance a expliqué qu’il avait menti, mais pour témoigner d’une réalité vraie ! On pourrait bien sûr parler de la fausse démission de l’ambassadeur de Syrie dont on a (mal) imité la voix. Et les fameux réseaux sociaux sont souvent des amplificateurs de trucages ou de fausses nouvelles. On ne peut pas dire que la corporation des blogueurs sorte renforcée de cette histoire. En ce qui concerne les journalistes professionnels qui répercutent ces montages, il faut dire à leur décharge relative qu’ils travaillent souvent dans des conditions d’urgence, avec des moyens limités, qui ne leur permettent pas de vérifier dans les délais voulus l’authenticité d’une nouvelle.

    -Mais, tout de même, il y a des ressorts idéologiques ou géopolitiques à la désinformation, en Syrie comme ailleurs…

    -FBH : Bien sûr ! L’idéologie, c’est quand les réponses précèdent les questions, comme disait Althusser. L’idéologie, c’est une interprétation de la réalité, qui nous structure, et la vie serait probablement invivable sans idéologie. En Occident, la majorité des gens fonctionnent avec ce que j’ai pu appeler la « soft-idéologie », minimaliste car réduite aux droits de l’homme et à une liberté abstraite, et basée sur le principe qu’il n’existe pas d’alternative au système et à ses valeurs. Du coup, en Syrie, comme en Tunisie ou en Egypte, le consommateur d’infos occidental va spontanément se ranger du côté des manifestants luttant pour la « liberté », surtout si ces manifestants par leur côté jeune et branché ou au moins « démocrate » ont un air de parenté avec les Occidentaux, et que les régimes auxquels ils s’opposent paraissent dictatoriaux, archaïques ou au moins psychorigides. L’identification est d’autant plus facile chez l’internaute français ou anglais qu’il lui suffit d’un clic pour s’associer, sans trop de risque, au mouvement. Et puis on ne sait pas – et on ne réfléchit pas – au type de régime que pourraient mettre en place ces manifestants : il se peut, en Egypte comme en Tunisie – comme en Syrie aussi – que les insurgés portent finalement au pouvoir des islamistes du type Frères musulmans, pas vraiment « cools » d’un point de vue jeuniste occidental !

    Mais si on objecte ça l’opinion dominante a tôt fait de vous faire passer pour un salaud soutien des dictateurs, ou désinformateur au service du Baas (par exemple), risque que je prends moi-même en ce moment en vous disant ceci sur votre site (rires). Mais encore une fois, on est confronté à un phénomène d’hollywoodisation de l’info, les blogueurs, mais aussi les médias »sérieux », étant de plus en plus dans le storytelling, la belle histoire avec une fin édifiante qui verrait la victoire des « gentils » sur les « méchants ». Et tant pis pour le manichéisme, le refus de la complexité du monde.

    -Il y a aussi certainement chez les journalistes un tropisme du changement, une forme de « bougisme » appliqué à l’actualité internationale…

    -FBH : Sans aucun doute. Mon ami le chercheur en médiologie Daniel Bougnoux a résumé le problème des médias par cette formule trinitaire : « l’argent-l’urgent-les gens ». L’argent, c’est l’exigence de la rentabilité et d’un bon taux d’audience ; l’urgent, c’est la disponibilité réduite, brève, de l’attention du public, et la brièveté croissante du délai d’enquête ou de vérification dont dispose le journaliste, dans un monde de concurrence exacerbée et accélérée ; les gens, c’est les journalistes, milieu réduit et fort différent, dans son mode de vie et ses opinions, du reste de la population : il y a une déformation globale et importante de la vision du monde et de la société qu’a la caste médiatique par rapport à celle de la population « moyenne ».

    -Pour en revenir à la Syrie, percevez-vous dans le traitement médiatique de l’actualité de ce pays des zones d’ombre, de la désinformation d’obédience ou d’origine américaine ? La version « standard » de manifestants à mains nues affrontant un pouvoir surarmé et brutal est-elle crédible ?

    -FBH : Moi, je ne doute pas que le régime baasiste soit capable d’ordonner à sa police de tirer. Cela dit, il est évident que des questions se posent, et des remarques s’imposent. D’abord, c’est une révolte contre des chiites, ce qui fait bien l’affaire de certains pays, musulmans mais pas chiites, surtout quand des tentatives de déstabilisation de l’Iran ont fait long feu. Tout ça ne prouve pas que Damas soit victime d’un complot saoudien ou américain, mais il est permis de se poser des questions. Et puis il y a ce problème récurrent, en Occident, du « deux poids, deux mesures » : on s’indigne de la répression en Syrie, et on passe sous silence celle pratiquée au Bahrein par l’armée saoudienne qui a étouffé le mouvement populaire menaçant la dynastie alliée à Ryad (et à Washington).

    -Que pensez-vous des affirmations du gouvernement syrien faisant état de la mort de militaires et policiers tués par des insurgés armés ? On a vu des cadavres en uniforme, à Jisr al-Choughour, dans le nord du pays…

    -FBH : Il m’est difficile d’être affirmatif, chacun fait sa propagande. Maintenant il n’est pas du tout impossible que les troupes de Damas se soient heurtés à des insurgés armés islamistes. Et si groupes armés il y a, ils sont forcément soutenus par des puissances étrangères : mon père a été résistant, il recevait ses armes des Anglais ! Mais pour les médias occidentaux, il vaudra mieux – toujours dans le cadre du storytelling édifiant et politiquement correct – tourner l’objectif vers des civils jeunes et désarmés, plutôt que sur des barbus en armes. Dans le cas des soldats apparemment tués à Jisr al-Choughour, on se retrouve dans le cas de figure suivant : la méta-propagande occidentale dit que les images syriennes sont de la propagande ! Ca me rappelle tout à fait cet épisode de la guerre de l’OTAN contre la Serbie quand Milosevic a reçu Ibrahim Rugova, figure de proue des Albanais du Kosovo, et dont les médias occidentaux avaient fait une sorte de Gandhi balkanique. Quand la télévision serbe a diffusé les images de cet entretien, pourtant bien réel, entre le « Gandhi » albanais et l’ »Hitler » serbe, l’OTAN a décrété qu’il s’agissait d’un montage, Rugova étant certainement au fond d’une geôle serbe : toujours ce besoin de décrédibiliser les images de l’adversaire.

    Il est vrai qu’il est de plus en plus difficile au citoyen-téléspectateur moyen de s’y retrouver, la confusion et les contradictions, sinon l’imposture, sont partout : regardez Barak Obama, que nos médias ont « vendu » comme un mix de John Kennedy et Martin Luther King, on lui a décerné le prix Nobel de la Paix, moyennant quoi il envoie 50 000 G.I.’s en Afghanistan, avant ensuite d’annoncer un début de retrait américain dès cet été. A propos de l’Afghanistan, tout le monde sait, à commencer par les militaires, que c’est une guerre perdue. Mais les Etats occidentaux continuent officiellement d’entretenir la fiction d’une mission démocratique difficile, certes, mais qui doit être poursuivie. Ca aussi c’est de la désinformation, ou de la fuite en avant.

    -Depuis le temps que vous travaillez sur les médias et les manipulations qu’ils peuvent relayer, n’êtes-vous pas découragé ? La vérité, ou la dénonciation du mensonge, enseignent-elles vraiment ? Il y a eu l’Irak (deux fois), la Serbie, l’Iran, la Côte d’Ivoire et, aujourd’hui, la Libye et la Syrie, pays qui ont en commun d’être ou d’avoir été en butte à l’hostilité occidentale et d’avoir suscité un discours officiel et unanimiste dans les médias, dont beaucoup des termes se sont avérés faux. Bref, la désinformation continue, en dépit des travaux et colloques, en dépit de la contre-information parfois disponible sur internet…

    -FBH : Oui, la désinformation continue, parce que c’est une arme politique et géopolitique. En ce qui concerne les médias, on doit incriminer, comme je l’ai déjà dit, les exigences d’un métier confronté de plus en plus à la concurrence et à la rapidité ; on doit aussi pointer la paresse et le conformisme idéologique de nombre de journalistes. Au fond qui fabrique l’info, en matière de politique étrangère ? Il y a les conseillers de la Maison Blanche, les « spin doctors » qui donnent souvent le la aux chancelleries – et aux médias – occidentaux. Et parfois ces spin doctors n’agissent pas, ou pas seulement, pour la grandeur et la sécurité de l’empire américain : entre autres, le conseiller aux affaires étrangères du candidat républicain John MacCain était payé par les Georgiens, des alliés stratégiques de Washington dans le Caucase. Et Dick Cheney, l’éminence grise néoconservatrice de George Bush Jr, un des grands artisans de la guerre d’Irak, avait des intérêts dans les entreprises travaillant à la reconstruction du pays, après la chute de Saddam Hussein…

    Reste que, en dépit de tous les moyens employés à faire passer le message officiel dans les opinions, les promoteurs de la propagande disons « occidentale » sont soumis aux aléas de la démocratie d’opinion sur laquelle ils s’appuient : en clair, les « croisés de la Vertu », en Libye, en Afghanistan ou ailleurs, ont des obligations de résultats rapides. Car l’opinion occidentale se lasse vite, et pratique, comme les journalistes d’ailleurs, le « zapping » géopolitique. Si Kadhafi tient encore deux ou trois mois, par exemple, que pourra faire la coalition ? Pour en revenir au dossier syrien, on est bien obligé de constater une absolue concordance entre les buts géostratégiques américains et les mots d’ordre, campagne de presse et discours qu’on nous assène, de laCôte d’Ivoire à la Syrie en passant par l’Iran, le Soudan ou la bande de Gaza.

    -Une dernière question : quel pourrait être le prochain pays à susciter une désinformation ?

    -FBH : L’Iran me paraît demeurer un bon « client » pour ça.

    -François-Bernard Huyghe, nous vous remercions.

     

    Propos recueillis par Info Syrie (23 juin 2011)

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  • USA...ça empire ?...

    Le numéro 59 de Flash, le journal gentil et intelligent, nous propose un dossier consacré à l'empire américain et à ses oeuvres du moment. On trouvera aussi un dossier sur l'éducation nationale et une présentation du nouvel essai d'Alain Soral, Comprendre l'Empire...

     

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    USA… ça empire ? Tunisie, Égypte, Israël en attendant le reste, ils rebattent les cartes : En attendant de perdre la main ? Kamel El Helbaoui, ancien porte-praole des Frères musulmans : “Au moins, Nasser était nationaliste ! ”Père Michel Lelong, ancien chargé du dialogue islamo-chrétien au Vatican : “L’islam, le meilleur rempart des chrétiens d’Orient…”` Dossier en pages 3 à 5

    Éducation nationale : L’Europe veut des clones tristes… Tout le monde au tableau en pages 6 à 9

    Sixte-Henri de Bourbon Parme… Prince capétien engagé et iconoclaste : “Si j’avais vécu sous la Commune, j’aurais été avec les Communards contre les bourgeois de Versailles…” Insurrection royale en page 10

    Jean-Claude Lauret décrypte le la cupidité du capitalisme en page 10

    Le livre qui va faire mal… Alain Soral : “Contre le Veau d’Or, Karl Marx et Charles Maurras, même combat !” C’est du lourd en page 11

    Qui sont les Frères musulmans ? Vérités rétablies en page 13

    Harry Brown, un film néo-lepéniste ? C’est sur le grand écran de la page 15

    Quand le Hand fait honte au foot… Champions du monde en page16

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  • Une démocratie en Egypte : Adler, BHL et Finkielkraut anxieux...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pascal Boniface, tiré de son blog Affaires stratégiques, à propos de la révolution égyptienne et des mises en garde qui sont diffusées à son propos par certains intellectuels favorables à Israël...

     

     

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    Adler, BHL et Finkielkraut anxieux face à la perspective d’une Egypte démocratique

    Tout le monde devrait se réjouir de la contestation du régime répressif de Moubarak en Égypte. Mais la joie de voir la mise en place d'une véritable démocratie dans ce grand pays arabe est gâchée par une sombre perspective : la prise du pouvoir par les Frères Musulmans. Mais alors que The Economist qui n’est pas précisément un organe islamo-gauchiste se réjouit d’une révolte pacifique, populaire et séculière, trois des principaux intellectuels médiatiques français sont heureusement là pour mettre en garde les naïfs qui stupidement sont toujours prêts à applaudir à la chute des dictateurs.

    Dans le Figaro des 29 et 30 janvier, Alexandre Adler est le premier à tirer la sonnette d'alarme dans sa chronique intitulée « Vers une dictature intégriste au Caire ? » dans laquelle il qualifie au passage Mohamed El Baradei, l'une des figures de proue de l'opposition à Moubarak de « pervers polymorphe ».

    Alain Finkielkraut prend le relais dans Libération du 3 février. Il se demande si Mohamed El Baradei sera « l'homme de la transition démocratique ou l’idiot utile de l'islamisme » et doute de la possibilité de l'instauration d'un régime démocratique en Égypte à cause des Frères musulmans. Selon lui, il y avait une tradition démocratique en Europe de l’Est mais il doute qu’il y en ait une en Egypte. C’est faux et stupide à la fois. Seule la Tchécoslovaquie avait été une démocratie avant l’instauration du communisme en Europe de l’Est. Et il est curieux d’exiger le préalable d’une tradition démocratique pour une nation qui veut justement faire chuter une dictature. Dans Le Point (dont la couverture est sobrement intitulée « le spectre islamiste »), BHL avoue sa crainte de voir les fondamentalistes bénéficier de la chute de Moubarak avec la perspective d'une Égypte qui suivrait l'exemple iranien.

    Ces trois intellectuels relaient en fait les craintes israéliennes face au changement politique en Égypte. Ce qui est assez amusant c'est que les mêmes qui ont dénoncé pendant des lustres l'absence de régimes démocratiques dans le monde arabe s'inquiètent désormais de la possibilité qu'il en existe. Cela ferait tomber leur argument de « Israël la seule démocratie du Proche-Orient » qu'ils psalmodient. Mais surtout cela pourrait signifier la mise en place de régimes moins accommodants avec Israël. Or c’est leur principale pour ne pas dire unique préoccupation.

    Il n'est d'ailleurs pas étonnant qu'ils soient passés complètement à côté de la révolution tunisienne ; ils n'ont ni soutenu la révolte populaire comme ils ont pu le faire pour l'Iran, (la Tunisie n’est pas hostile à Israël donc on n’y soutient pas les revendications démocratiques) ni ne se sont inquiétés de ses conséquences comme ils le font pour l'Égypte (la Tunisie n’a pas un rôle clé au Proche Orient).

    Ils font un parallèle entre la mise en place d'un régime répressif islamiste en Iran après 1979 et ce qui pourrait se produire en Égypte. Comparaison n'est pas raison ; si le régime des mollahs a pu s’imposer en Iran, c'est en grande partie du fait des craintes d'interventions extérieures américaines (et du précédent Mossadegh) et face à l'agression à partir de 1980 de Saddam Hussein, à l'époque soutenu unanimement par le monde occidental. Le sentiment de menace extérieure a largement servi le régime iranien pour se maintenir en place. C'est d'ailleurs une règle générale qui ne vaut pas que pour l'Iran.

    Curieusement nos trois vedettes médiatiques qui s'inquiètent fortement de l'arrivée au pouvoir d'un mouvement intégriste religieux n'ont jamais rien dit contre le fait qu'en Israël un parti de de cette nature soit membre depuis longtemps de la coalition gouvernementale. Le parti Shass un parti extrémiste religieux (et raciste) est au pouvoir en Israël avec un autre parti d'extrême droite celui-ci laïc et tout aussi raciste, Israel Beiteinu. Ces deux partis alliés au Likoud essaient d'ailleurs de restreindre les libertés politiques et mettent une très forte pression sur les différentes O.N.G. de défense de droits de l'homme sans que nos trois intellectuels s'en émeuvent particulièrement.

    Les Frères musulmans peuvent-ils prendre seul le pouvoir ? C'est fortement improbable pour ne pas dire impossible. Un gouvernement auquel éventuellement participeraient les Frères musulmans pourrait lever le blocus sur Gaza. Il ne se lancerait pas dans une guerre contre Israël du fait du rapport de forces militaires largement favorable à Israël sans parler de l'appui stratégique américain. Ce qui pourrait se produire par contre, c'est qu’un autre gouvernement égyptien soit moins accommodant avec l'actuelle coalition de droite et d'extrême-droite au pouvoir en Israël. Mais est-ce si grave qu'un pays démocratique d'une part ait une politique indépendante et d’autre part ne laisse pas carte blanche à un gouvernement de droite et d'extrême-droite ?

    Les masques tombent. Nos trois intellectuels dénoncent un éventuel extrémisme en Egypte mais soutiennent celui au pouvoir en Israël. Ils critiquent l’absence de démocratie dans le monde arabe mais s’émeuvent dès qu’elle est en marche. Leur priorité n'est pas la démocratie mais la docilité à l'égard d'Israël, fut-il gouverné avec l'extrême droite.

    Pascal Boniface (Affaires stratégiques, 7 février 2011)

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