Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

déracinement

  • Une étrange apathie française...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy cueilli le site de Polémia et consacré à la dépression française.

    Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, ainsi que plusieurs essais, dont La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020), Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021), Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021), Bienvenue dans le meilleur des mondes (La Nouvelle Librairie, 2023) et, dernièrement Occident go home ! - Plaidoyer pour une Europe libre (Via Romana, 2024).

    Apathie française.jpg

    Une étrange apathie française

    Les politologues des temps futurs s’interrogeront certainement sur les raisons de l’étrange apathie qui, au début du XXIᵉ siècle, a touché le peuple français.
    Comment l’expliquer, en effet, alors qu’il y a à peine 50 ans de cela, la France restait encore un pays fier, politisé et agité socialement ?
    Mais, de nos jours, force est de constater que plus rien ne semble pouvoir faire sortir nos concitoyens de leur torpeur : ni la catastrophe sécuritaire qui les frappe, ni le déclin économique, ni la réduction continue des libertés publiques, ni la fin de l’indépendance nationale, ni les palinodies politiciennes, ni les perspectives de guerre, ni les vaccins obligatoires.
    Les apathiques assistent au naufrage de leur patrie comme si la catastrophe ne les concernait pas.
    Cinq raisons principales expliquent cette étrange, mais dangereuse, apathie.

    Le changement de population

    D’abord, le nombre de Français d’origine ne cesse de diminuer du fait du vieillissement de la population et de 50 ans de laxisme migratoire organisé par l’oligarchie.
    Le Système fabrique donc des Français de papier à la chaîne, qui ne se sentent pas vraiment concernés par le destin français, comme ils préfèrent, lors des matchs de foot, brandir le drapeau de leur pays d’origine plutôt que le drapeau national. Et, comme on l’a vu lors des rares manifestations sociales, les banlieues de l’immigration restaient significativement à l’écart.
    Plus la France agrège des communautés différentes, plus elle devient une coquille institutionnelle vide. Et moins la notion de peuple a du sens.
    Ubu roi est donc en train d’atteindre son but : changer le peuple pour effacer ce gêneur.

    Le déracinement culturel

    Ensuite, le déracinement culturel et les conséquences de l’effondrement de l’enseignement public font désormais pleinement sentir leurs effets.
    La France d’aujourd’hui, c’est celle du collège unique, du bac pour tous, des carnets de notes dithyrambiques et du laxisme personnel généralisé.
    Une France où la majorité de la population maîtrise mal l’orthographe, ignore l’histoire, la géographie, l’économie et ne lit quasiment plus aucun livre. Où le moindre effort requis devient du harcèlement ou une agression insupportable aux égoïsmes individuels. Où l’on attend tout de l’État, donc des autres.
    Une France qui gobe tout, pourvu qu’on lui permette de faire du sport, d’écouter du rap et de « twitter » sur son portable.
    Une population incapable de comprendre et donc d’agir sur le monde.

    La société de propagande

    Le fait que nous vivions désormais dans une société de propagande, comme l’a démontré Jean-Yves Le Gallou dans son essai éponyme, explique aussi l’apathie nationale.
    En 2025, la propagande n’est pas seulement le fait de l’État : elle est portée par une multiplicité d’acteurs économiques et sociaux, car les entreprises se politisent de plus en plus aussi, et bien sûr par tout le système médiatique, associatif et culturel. Il suffit de penser à la façon ridicule dont la publicité met systématiquement en scène des « racisés » pour comprendre qu’il est désormais difficile d’échapper à un tel matraquage idéologique.
    Alors pensons à ces millions de Français qui, tous les soirs, ingurgitent leur dose de propagande en regardant les chaînes « d’information » avec entrain.
    On se résigne à tout, puisque la propagande martèle en continu que tout va mieux dans le meilleur des mondes possibles et que tout ce qui nous arrive constitue un évident progrès. Et que tous ceux qui prétendent le contraire sont des méchants de « strême-drouatte ».

    La répression croissante

    A fortiori quand la répression idéologique s’installe partout, sous la poussée liberticide de l’Union européenne, au nom du politiquement correct.
    Car la répression croissante de toute dissidence, qu’elle soit en actes, en paroles ou en écrits — fait marquant de ce siècle —, conduit à l’apathie : on se résigne, on « prend sur soi » parce que, sinon, on risque de se retrouver un jour devant un juge, dénoncé par des voisins, des collègues ou des associations militantes.
    Et la répression vise à empêcher de débattre politiquement d’un nombre croissant de sujets : de l’immigration et de l’islam (car ce serait de la haine), de l’écologie punitive (c’est refuser le consensus scientifique), de l’UE (c’est du complotisme), de l’OTAN (c’est être un agent de Poutine), de la propagande LGBT (c’est de l’homophobie), de la Palestine (c’est de l’antisémitisme), etc.
    La violente répression du mouvement des Gilets jaunes en 2019 a servi de leçon à nombre de nos concitoyens et elle a atteint son but : la révolte contre le Système peut coûter cher, alors il vaut mieux rester tranquille.
    Dormez, braves gens ! Populations abandonnées, faites confiance à l’oligarchie…

    La destruction du système politique

    L’apathie française résulte enfin de la destruction de notre système politique, programmée par l’oligarchie.
    À la fois parce que les élections ne servent plus à rien dès lors que les vrais choix politiques se font ailleurs que chez nous, et parce qu’il n’y a plus d’alternative politique organisée dans notre pays, puisque tous les partis représentés au Parlement partagent peu ou prou la même idéologie : celle de l’extrême-centre. Pourquoi donc se mobiliser puisque cela ne sert plus à rien ?
    Les Français vivent désormais la politique façon Le Bon Coin : pour accéder à des produits anciens ou de seconde main.
    Telle cette prétendue opposition entre la droite et la gauche, toujours mise en scène par les médias, alors que ce clivage a perdu de son sens et que la droite n’est plus qu’une gauche honteuse. Tels ces prétendus extrêmes qui finissent toujours par se rallier à la fin pour sauver le Système. Tel cet antifascisme bidon qui prétend nous faire revivre au bon vieux temps des années 1930, pour le plus grand profit des oligarques.

    De l’apathie à la défaite

    L’apathie nationale n’a donc finalement rien d’étrange, car elle est un sous-produit du Système oligarchique ; mais cela ne la rend pas excusable pour autant.
    Car l’apathie nationale, la dormition, pour reprendre l’expression de Dominique Venner, dans un monde de plus en plus conflictuel et alors que les autres civilisations, elles, se réveillent, conduit forcément, tôt ou tard, au désastre. L’étrange apathie conduit toujours à l’étrange défaite : nos grands-parents et nos parents le savaient depuis 1940, mais on semble l’avoir oublié.
    Bien sûr, tous les Français ne restent pas apathiques, heureusement. Il y en a que le déclin catastrophique de notre pays révolte et qui ne se résignent pas. Mais, pour le moment, il faut bien constater qu’ils ne parviennent pas à mettre en mouvement la grande masse des endormis.
    Sans doute le choc de l’Histoire fera-t-il un jour, comme toujours, se réveiller les apathiques. Mais au prix du sang et des larmes.

    Michel Geoffroy (Polémia, 11 août 2025)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Le crépuscule des idoles progressistes...

    Les éditions stock viennent de publier un essai de Bérénice Levet intitulé Le crépuscule des idoles progressistes. Docteur en philosophie, Bérénice Levet est déjà l'auteur de La théorie du genre ou La vie rêvée des anges (Grasset, 2014)...

    bérénice levet,progressisme,déracinement,multiculturalisme,populisme,identité,transmission

    " Les Français manifestent un besoin d’identité nationale, d’enracinement, de frontières, que leur réplique-t-on ? Crispation, frilosité, droitisation, populisme…
    Tous ces mots masquent ce qui se joue réellement depuis plusieurs années dans
    notre pays, mais également en Europe et même aux États-Unis.
    Depuis la décennie 1970, ces besoins fondamentaux de l’être humain ont été disqualifiés par une idéologie progressiste qui se révèle une impasse existentielle et civilisationnelle. Cet essai vise à rendre à ces aspirations leur signification humaine et, plus que tout, leur fécondité.
    Il ne s’agit pas d’un énième livre de déploration mais, au contraire, de réveil des passions, des passions qui ont fait la France. Pourquoi un homme déraciné, délié de tout héritage, est-il un homme atrophié ? Pourquoi l’école ? Pourquoi transmettre le passé ? Pourquoi défendre, contre le multiculturalisme, l’assimilation, propre à la République française ? Ce sont ces questions qu’avec ardeur et conviction Bérénice Levet prend ici à bras-le-corps. "

    Lien permanent Catégories : Livres 1 commentaire Pin it!
  • Une nouvelle lutte des classes en Occident ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Ivan Blot, cueilli sur le site Katehon et consacré à lutte qui sévit en Occident entre les "élites" dominantes et le petit peuple... Ancien député européen, président de l'association "Démocratie directe", Ivan Blot a notamment publié L'oligarchie au pouvoir (Economica, 2011), La démocratie directe (Economica, 2012),  Les faux prophètes (Apopsix, 2013), Nous les descendant d'Athéna (Apopsix, 2014) ou encore L'Homme défiguré (Apopsix, 2014).

    Peuple.jpg

    Une nouvelle lutte des classes en Occident

    Pendant des années, la vie politique en Occident fut assez simple et se résumait principalement à un affrontement entre la droite et la gauche. Sociologiquement, la bourgeoisie et les personnes pourvues de fortune ou de revenus élevés étaient majoritairement de droite. Les personnes moins riches et notamment les ouvriers votaient à gauche.

    Certes, la droite et la gauche n’étaient pas homogènes. En France, on avait essentiellement deux droites et deux gauches. A droite, il y avait la bourgeoisie libérale et atlantiste, d’une part, et les classes moyennes patriotes mais aussi attachées aux libertés, les gaullistes. A gauche, il y avait les socialistes et les radicaux, mélangeant des éléments de libéralisme et de socialisme étatique. Il y avait aussi l’extrême gauche dont la force majeure était le parti communiste français.

    Ce paysage a été complètement bouleversé par trois phénomènes sociologiques majeurs, la globalisation de l’économie avec ses bénéficiaires et ses perdants, l’arrivée d’une immigration de masse de culture extra européenne, le développement d’une importante criminalité diversifiée lié à un déclin des valeurs et des institutions traditionnelles : la famille, l’église, les syndicats et partis politiques, le village du monde rural. Les institutions n’ont guère su s’adapter à la nouvelle situation et n’ont pas montré de force de résistance. Le tissu social s’est donc défait et déchiré. Il s’est défait parce que l’individualisme matérialiste et hédoniste est devenu une philosophie dominante. Il s’est déchiré car peu à peu les élites se sont coupées totalement du peuple, le dialogue devenant extrêmement difficile entre les deux nouvelles catégories montantes.

    Cette opposition a conduit à l’affrontement entre deux conceptions du monde, celle des jouisseurs privilégiés ( les élites dominantes) et celle des souffrants déracinés. (le petit peuple). L’axe gauche droite s’est inversé et les élites défendent désormais des idées « de gauche » issues de mai 68.

    1/ l’idéologie des jouisseurs privilégiés (les élites dominantes).

    Reprenant le schéma des quatre causes aristotéliciennes amendé par Heidegger, nous allons tenter de définir l’essence de l’idéologie des jouisseurs privilégiés par quatre pôles complémentaires : la cause matérielle de cette nouvelle classe sociale est indiscutablement le nomadisme. On est dans le cadre d’une idéologie cosmopolite : les hommes doivent être interchangeables pour le profit du système économique et l’attachement à un territoire est considéré comme un obstacle du passé à éradiquer. Les nouvelles élites vont donc diffamer toute attitude patriotique au nom de l’égalitarisme, de la non-discrimination (sauf par l’argent), de l’antiracisme, de la liberté illimitée d’aller et de venir par-delà les frontières.

    La cause formelle qui va déterminer l’orientation morale de la société est l’argent. L’argent est nomade, c’est le seul critère légitime de discrimination entre les hommes. L’argent va se retourner contre la famille. On est « childfree » (libre par rapport à la fonction parentale) car les enfants ne rapportent pas d’argent mais en coûtent. Le goût de l’argent va inciter à une criminalité croissante. Le sens de l’honneur et du sacrifice personnel est dévalorisé. Les vocations sacrificielles sont méprisées : le clergé et l’armée sont marginalisés car l’acquisition d’argent n’est pas au centre de leurs préoccupations. Le droit prend de l’importance car il convient de l’utiliser à des fins profitables. Le grand romancier russe Boulgakov choisit comme premier assistant du diable le juriste pervers qui transforme le mal en bien et vice versa. Le relativisme devient roi. Ce qui était autrefois considéré comme mal, la débauche illimitée, la désertion face à l’étranger, le mensonge utilisé par les commerçants comme par les politiques, deviennent des qualités : il faut « libérer » ses instincts de base gouvernés par le cerveau reptilien, il faut ne pas défendre sa patrie au nom du pacifisme et de l’amour de l’étranger, il faut masquer la vérité car elle n’est pas « politiquement correcte » et se méfier du peuple insuffisamment éclairé.

    Du côté de la cause finale, qui donne du sens à l’existence, on va se contenter de l’utilitarisme, faisant de l’autre un objet à exploiter, on va promouvoir la consommation de masse. Comme l’homme vulgaire du marchand de Venise de Shakespeare, on veut « ce que beaucoup d’hommes désirent » et l’or passe avant tout. On va combattre toute forme de spiritualité organisée socialement, qui risquerait de dériver en institutions contraignantes. On fait cela au nom de belles idées comme « la laïcité » : Lénine avait vu là une idée géniale pour dissoudre la société « bourgeoise ». Mais c’est la bourgeoisie qui la première s’est écartée des valeurs de la religion au profit du nouveau Dieu : Mammon, l’argent !

    Du côté de la cause efficiente, c’est-à-dire des hommes, l’idéologie des élites dominantes fait l’éloge de l’oligarchie, masquée sous le nom de la démocratie. Les oligarques considèrent que leurs privilèges de fortune ou de pouvoir sont justifiés par leurs mérites, comme le niais de Shakespeare dans le marchand de Venise. Le niais est suffisant et prétend à la fille du riche vénitien à cause de ses mérites. Il n’est pas question d’amour. Il n’est pas non plus question de se sacrifier à son pays. La première promotion de l’Ecole Nationale d’Administration s’appelait « France combattante ». Cela faisait allusion a combat de la libération face à l’Allemagne nazie. Aujourd’hui, cet idéal n’est plus à la mode. Il faudrait plutôt parler de « carrière méritante ». Le mérite est révéré ce qui est l’aspect positif mais ce mérite a pour seul objectif la satisfaction de l’égo. Dostoïevski dans les frères Karamazov met en scène un personnage à la fois niais, intelligent et suffisant qui déclare :

    "Les crétins ont été mis sur terre pour être pillés et utilisés par les gens intelligents."

    C’est Rakitine, qui aujourd’hui aurait sans doute fait carrière de politicien dans les partis oligarchiques de droite ou de gauche.

    On obtient ainsi un « monde » de significations qui a sa cohérence propre et est fermé à toute autre vision.

    Le monde de l’idéologie des jouisseurs dominants :

    L’argent

    Utilitarisme de l’égo ← Idéologie des élites → oligarques

    Nomadisme

    Cette idéologie que l’on appelle souvent « le politiquement correct » permet aux dominants du moment de justifier leur domination et de dévaloriser les visions concurrentes. C’est la forme moderne du pharisaïsme auquel en son temps s’est heurté Jésus Christ.

    2/ L’idéologie des souffrants déracinés

    Les souffrants deviennent des dissidents face à l’idéologie des élites dominantes car leur souffrance leur fait voir l’évolution sociale d’une façon différente. Ils souffrent du déracinement provoqué par l’immigration, de l’insécurité face au crime mais aussi face au chômage. Ils souffrent de l’effondrement des valeurs traditionnelles qui donnaient du sens à leur existence. Dans le pire des cas, certains vont essayer de retrouver ce sens, dans une autre forme de crime : le terrorisme à prétexte religieux. Certains, de plus en plus nombreux, veulent résister au cancer social qui menace de submerger leur pays et leur civilisation : ce sont les résistants, qui souvent se regroupent dans les partis dit populistes et les associations identitaires.

    La cause matérielle qui fait apparaitre l’idéologie des souffrants est le déracinement. Les gens ont quitté leurs villages pour beaucoup pour des raisons économiques et s’entassent dans des banlieues sans âme. Le village avait sa cohérence civilisatrice avec son église, son école, sa mairie, son château, ses petits commerces et exploitations agricoles, son monument aux morts et son cimetière. Ce monde humain a peu à peu disparu. Dans les banlieues sans âme ni religion se sont entassés des millions d’étrangers, à la culture étrangère aux traditions européennes. Ces populations déracinées sont tombées pour une part dans la délinquance ou la criminalité. Les Français d’origine ont entretemps perdu une partie de leur identité : on ne leur a pas enseigné l’histoire du pays ni appris à l’aimer.

    La cause efficiente, les hommes est donc composée de victimes : victimes de la mondialisation et du chômage, victimes de l’insécurité, de la perte de l’environnement français habituel, victimes de l’immigration sur laquelle ils n’ont jamais été consultés. Ils s’aperçoivent que la démocratie a été confisquée : ils ne maitrisent plus rien et les puissants ne cessent de vouloir les culpabiliser. La culpabilisation est sociale (des pauvres types), morales (des racistes sans repentances), politiques (leurs choix sont diabolisés) culturelle (ils adhèrent à des valeurs du passé : la famille, leur condition d’homme ou de femme, leur nationalité, leur attachement à la morale des parents), économiques (ils ne sont pas « rentables » ou pas assez).

    La cause finale est sentie confusément : les souffrants voudraient conserver leur être, leur identité et le monde nouveau leur oppose les seules valeurs de l’avoir, et veut leur imposer des principes dictatoriaux soit disant au nom des droits de l‘homme. Comme l’a bien vu le philosophe Schiller a propos de la révolution française, les principes servent à détruire les sentiments humains. Le marxisme est mort mais son moule d’origine, le jacobinisme révolutionnaire est toujours vivant avec tout son sectarisme. C’est au nom des principes de la révolution française que l’on impose au peuple le carcan du politiquement correct. La liberté a été dévoyée par la vanité. L’égalité par la férocité (la guillotine physique ou morale) et la fraternité par la vénalité (fraternité entre « frères » de partis sur le dos du peuple).

    La cause formelle est alors l’esprit de résistance. Des clubs identitaires se forment, des partis populistes progressent de plus en plus. Certes, ils sont diabolisés, critiqués, calomniés. Ils ont aussi leurs défauts. Mais ils incarnent l’espoir d’un monde nouveau que les élites sont incapables de voir et de comprendre. Elles font appel à des experts pour tenter d’exorciser le mal. Mais ces experts, inconscients de leur rôle social de défense des jouisseurs privilégiés, ne sont que des charlatans.

    On a alors le schéma suivant :

    Esprit de résistance

    Conservation de l’être ← Idéologie des souffrants → victimes du système

    déracinement

     

    3/ Un fossé se construit et le dialogue semble impossible

    L’Occident est malade politiquement car ses bases sociologiques d’autrefois se sont effondrées. Il a produit lui-même cet effondrement, par sa pensée réductionniste ne voyant que le calcul économique et le droit, les deux alliés pour subordonner les souffrants et empêcher leur révolte. Mais les hommes ne sont pas que des « ressources humaines » (mot ignoble devenu courant dans les entreprises, évacuant le mot de « personnel » dans lequel il y avait encore des « personnes »). Les hommes ont une vie biologique, importante bien sûr, mais ils ont à la différence de l’animal une « existence » porteuse de sens. Or, l’existence de l’homme est tragique car il ne peut échapper à la mort. Mais il peut donner  à sa vie le sens d’une mission pour sa famille, sa patrie et son Dieu. Cela, l’idéologie des jouisseurs dominants ne permet pas de le comprendre. Les dirigeants sont desséchés et regardent les souffrants de haut. Leur intelligence se consacre à la technique, au calcul et au droit, non sans succès d’ailleurs. Mais le cœur leur manque. Marx l’avait prédit : la religion est le cœur d’un monde sans cœur. Le monde sans cœur est toujours là mais on lui a retiré son remède spirituel. Pas de cœur donc peu de courage, ce qui est dramatique dans un monde qui reste celui de la lutte, comme le nouveau terrorisme le montre.

    La société est divisée et le dialogue semble impossible. Dans les milieux bourgeois, on ne doit même pas parler de Trump ou du Front National. La haine sociale l’interdit : on est bien en présence d’une nouvelle lutte des classes. Pour sortir de cette situation, il faudrait une politique et des idées qui rassemblent : historiquement, cela a existé, cela s’appelle le patriotisme. La Russie de Poutine s’est engagée sur ce chemin, après de cruelles épreuves. Hâtons-nous de faire de même car le temps presse !

    Ivan Blot (Katehon, 26 novembre 2016)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 2 commentaires Pin it!
  • Les snipers de la semaine... (130)

    Flingueur chauve.jpg

    Au sommaire cette semaine :

    - sur Figaro Vox, Vincent Trémolet de Villers dézingue la mairie de Paris et ses brillantes idées festivistes...

    Hidalgo, les naturistes et les prophéties de Philippe Muray

    Nudisme_Ville.jpg

    - sur Politic Région, Gabriel Robin allume les "Nouveaux Apatrides" et leur narcissisme infatué...

    Les Apatrides

     

    Travailleur-nomade.jpg

     

    Lien permanent Catégories : Snipers 0 commentaire Pin it!
  • Nom des nouvelles régions : le choix du déracinement...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique mordante d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 15 mars 2016 et consacrée au choix des noms des nouvelles régions engendrées par la réforme territoriale...

     


    Réforme territoriale : "Le nouveau nom des... par rtl-fr

    Lien permanent Catégories : Multimédia, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Les communistes 2.0 de Podemos : une nouvelle forme d’individualisme libertarien ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Javier Portella , cueilli sur le site de la fondation Polémia et consacré aux récents succès électoraux du mouvement Podemos en Espagne. Philosophe et journaliste espagnol, Javier Portella est l'auteur de l'essai intitulé Les esclaves heureux de la liberté (David Reinharc, 2012).

    Podemos_Pablo Iglesias.jpg

    Les communistes 2.0 de Podemos : une nouvelle forme d’individualisme libertarien ?

    Avant les élections européennes d'il y a un an, Podemos n’était presque rien : rien qu’un ensemble d’intellectuels – c’est toujours à partir des intellectuels que les choses se mettent à bouger dans le monde – qui avaient constitué un groupuscule d’extrême gauche. Un de plus, mais pourvu de la plus grande intelligence politique. Presque personne ne les connaissait, toute leur présence publique se limitait à deux choses… qui allaient devenir décisives : d’une part, les débats dans les grandes chaînes de télévision où participait Pablo Iglesias (leur chef charismatique, brillant orateur et grand meneur de foules) ; d’autre part, l’action entreprise avec le mouvement des Indignés qui en 2011 avait accompli d’importantes occupations de rue. C’est tout (1).

     

    Et voilà que soudain la surprise éclate : ces gens presque inconnus se présentent aux élections européennes de l’année dernière, y obtiennent un succès éclatant, ne cessent depuis lors de monter dans les sondages et viennent, le dimanche 24 mai 2015, de remporter, si l’appui du Parti socialiste se confirme, les mairies de Madrid, Barcelone, Cadix… en même temps que leurs voix seront décisives dans d’autres importantes villes et régions.

     

    Comment ne pas rêver devant un tel parcours ? Comment ne pas comprendre que certains se fassent même des illusions ? Voyons un peu, se disent-ils, mais du bout des lèvres : un parti décidément anticapitaliste, ouvertement antisystème (le seul d’ailleurs à combattre le TTIP, le Traité par lequel l’Europe plie les genoux devant les multinationales étatsuniennes ; le seul aussi capable de proposer, comme l’a fait Ada Colau, la prochaine maire de Barcelone, de réduire rien de moins que le grand fléau qu’est le tourisme), un parti enfin qui, profitant des rouages de la démocratie libérale, peut se hisser un jour, grâce aussi à un grand meneur de foules, jusqu’au sommet même du pouvoir… Ça ne vous rappelle rien ? Mais si, voyons ! Ça rappelle ce qui, jusqu’à présent, n’est arrivé qu’une seule fois dans l’histoire : dans les années 1930… même si la couleur de ceux qui assaillaient alors le pouvoir était bien différente du rouge qui fait rage aujourd’hui.

     

    L’extrême gauche est soumise au primat de l’économie comme le Système qu’elle combat…

     

    Penser de la sorte, s’imaginer qu’une brèche est ouverte à travers laquelle le Système pourrait finir par être renversé, ce serait là commettre une très grave erreur. Tout d’abord, et pour en finir avec la comparaison précédente, ce serait oublier la dérive effroyable où s’est engouffrée l’expérience historique à laquelle je faisais allusion. Mais ce serait surtout oublier que tout l’esprit antisystème des gens de Podemos – davantage : tout l’esprit antisystème de la gauche révolutionnaire, exception faite des proudhoniens, soreliens et compagnie – est paradoxalement porté par l’esprit de cela-même qu’ils prétendent combattre : l’esprit bourgeois, l’esprit pour lequel l’argent – l’économie, si on préfère un mot moins abrupt – constitue le seul socle, le seul centre du monde.

     

    Certes, cet argent, ce pouvoir économique, ils prétendent le distribuer tout à fait autrement, d’une façon juste, équitable, au profit « du Peuple », réalisant enfin cette « justice sociale »… qui n’a jamais été réalisée, qui est même devenue la plus écrasante des injustices et la plus accablante des misères chaque fois que les fous de l’égalité ont prétendu la réaliser. Toujours, partout : en Europe, en Asie, en Amérique, dans le Cuba de Castro et du Che comme dans le Venezuela de ces Chavez et Maduro qui ont prodigué toutes sortes de largesses aux gens de Podemos… Mais passons. Oublions leurs sympathies pour les tyrans du passé et du présent. Ne pratiquons pas la reductio ad Leninum, cette arme que libéraux et capitalistes pratiquent avec un peu moins d’entrain, certes, mais avec presque autant de succès que l’autre reductio.

     

    Reconnaissons, autrement dit, que la visée d’en finir avec la mainmise économique de nos oligarchies est, en elle-même, on ne peut plus légitime. Elle le serait, plus exactement, si tout, dans la contestation de Podemos, ne s’arrêtait pas là, si l’argent et ce qui le sous-tend – le matérialisme et l’individualisme – ne constituaient pas, pour Podemos comme pour l’ensemble de la gauche radicale, la même chose, faisais-je remarquer, que pour les bourgeois : le centre, le cœur du monde. Tout le reste les indiffère. Ils n’ont pas un seul mot pour le non-sens d’un monde dépourvu de grandeur et de beauté, plongé dans la laideur. Pas un seul mot non plus pour le sort de nos peuples dépourvus de destin, privés d’enracinement, démunis d’identité.

     

    Pas un mot ?… Oh, non, ils en ont plein ! Mais ce sont des mots qui célèbrent, qui voudraient même accélérer notre perte de destin, d’identité. La perte – le déracinement – est d’ailleurs double. C’est, d’une part, la perte d’identité que subit l’Europe soumise à une immigration de peuplement qui la rendra, à terme, méconnaissable ; mais c’est la perte aussi qui frappe les restes déracinés des peuples qui finiront par devenir, si rien n’arrête un tel mouvement, une composante essentielle, voire première, du socle ethno-culturel de ce qui fut – mais ne sera plus – l’Europe et sa civilisation.

     

    La recherche du déracinement, le rejet de l’identité collective

     

    Une telle recherche du déracinement, un tel rejet de la notion même d’identité collective : voilà un trait marquant de la gauche radicale d’aujourd’hui qui la rend profondément différente de celle d’hier. C’est un trait qui la rapproche, encore une fois, du Système qu’elle prétend combattre. Quelle différence y a-t-il, finalement, entre un bobo individualiste et libertarien (qu’il soit de « droite » ou de « gauche ») et un gauchiste radical, individualiste et libertarien de Podemos ? Sauf en ce qui concerne la façon d’aménager le prétendu centre économique du monde, il n’y a aucune différence. Des deux côtés règnent, exacerbées même dans le cas de la gauche radicale, la même idéologie du genre, la même indifférenciation des sexes, la même dissolution des peuples, la même perte de repères et d’identités, le même individualisme forcené, le même hédonisme plat, immédiat, vulgaire ; le même angélisme aussi (cet angélisme qui fait, par exemple, qu’une Manuela Carmona, la prochaine maire de Madrid – « mairesse », corrigerait-elle –, ait proclamé sans sourciller qu’il faudrait faire sortir de prison environ 95 % des détenus…)

     

    Et pourtant…

     

    Il y a pourtant quelque chose qui m’oblige à introduire des nuances. Sont-elles susceptibles d’infléchir le bilan qui vient d’être dressé ? Examinons d’abord ce dont il s’agit.

     

    Voilà, en effet, que la lutte des classes, ce pilier central de la gauche révolutionnaire, a disparu, du moins dans ses manifestations les plus haineuses, du discours de Podemos. Le prolétariat – réjouissons-nous-en ! – n’y est plus le phare étincelant censé guider l’histoire et la révolution… une « révolution » qui est, elle aussi, tombée dans les oubliettes, où elle a rejoint ces concepts-phares qu’étaient jadis « la bourgeoisie » et « le prolétariat ». Ce dernier s’est vu remplacer par quelque chose d’aussi mou que l’époque la plus molle de l’histoire : « les gens ». Pour ce qui est de la bourgeoisie, elle n’est plus l’ennemi à abattre. Le véritable ennemi – là aussi il faut s’en réjouir – c’est « la caste politique », et les banques, et les multinationales : l’ensemble, en un mot, du grand pouvoir financier et économique. L’ennemi c’est la ploutocratie, « l’usure », pourraient-ils dire en citant Ezra Pound… si leur sectarisme antifa ne leur interdisait pas un tel geste.

     

    Ils doivent se retourner dans leur tombe, les ancêtres de Podemos, les « rouges » de la guerre civile espagnole, eux qui spoliaient, torturaient et tuaient quiconque avait le malheur de posséder un simple lopin de terre, une usine, un atelier, un magasin… aussi petits fussent-ils. Elles ne faisaient pas dans le détail, ces brutes-là. Leurs descendants, par contre, ont appris à faire, heureusement, la différence. Toute propriété, quelles qu’en soient les dimensions, est un vol, pensaient les ancêtres. La propriété n’est un vol, semblent penser leurs descendants, que dans le cas de la grande, voire de la très grande propriété. Sinon, si la propriété n’est que petite ou moyenne, il faut la préserver, la défendre, l’encourager même… comme elle est encouragée en toutes lettres, noir sur blanc, dans le programme de Podemos (2).

     

    Seraient-ce là des propos dans l’air, de la propagande mensongère ? Non, je ne crois pas. Mais même si je me trompais, même si tel était le cas, le simple fait que de tels propos puissent être tenus impliquerait déjà un changement dont la signification serait considérable, énorme même. Car, en un sens, tout est là, tout se joue là. Combattre de la façon la plus radicale le pouvoir du grand capital, tout en sauvegardant dans ce qu’elles ont de plus valable des choses telles que la propriété, le marché, l’argent… ces choses qui entraînent immanquablement des inégalités qu’il faudra certes réduire un jour mais que personne n’envisagerait plus d’extirper des forceps à la main : voilà qui n’a jamais été nulle part envisagé, pensé, entrevu ; encore moins essayé, entrepris. Et ne l’ayant jamais été, c’est bien là la raison – pour nous limiter au domaine économique – qui a entraîné toute la misère et toutes les horreurs dont le rêve égalitaire et fou du communisme a accouché.

     

    Leur mythème fondateur ? L’individualisme libertarien

     

    Ce rêve et sa folie semblent avoir été écartés par les gens de Podemos. Ceux-ci seraient-ils donc les premiers à envisager – à réaliser peut-être un jour – ce qui n’a jamais été nulle part envisagé ? Plaise aux dieux ! Mais doutons-en. Pour une simple raison : comment pourraient-ils abattre un Système dans l’imaginaire duquel ils sont tout à fait plongés ? Cet imaginaire, ce mythème fondateur, comme dirait Giorgio Locchi, a aujourd’hui un nom : l’individualisme libertarien. Il n’est rien d’autre que la réalisation la plus accomplie des visées et de la vision que le capitalisme du XXIe siècle – le capitalisme mondialisé, porté par le vent où les flux du néant spéculatif tourbillonnent – a du monde et de l’homme. Ou de ce qu’il en reste.

     

    De même que les révolutionnaires de mai 68 ont fini aux commandes du Système qu’ils prétendaient abattre ; de même que, « sous les pavés », ils ont découvert « la plage » où patauge l’Homo festivus qui, comme dirait Philippe Muray, a remplacé l’ancien Homo sapiens; de même il est possible qu’un sort pareil attende les communistes bon teint, les communistes 2.0, de Podemos.

     

    Javier Portella (Polémia, 3 juin 2015)

     

     

    Notes :

    1- Pourquoi des chaînes de télévision du plus haut niveau ont tenu grandes ouvertes les portes pour que Podemos les franchisse? Certains y ont même vu une manœuvre « machiavélique » du Partido Popular, désireux de pouvoir brandir un épouvantail (la peur à l’extrême gauche) lui permettant de remporter les élections, ce qui, vu les résultats de celles-ci… Reste qu’une manœuvre aussi tordue aurait supposé un degré d’intelligence dépassant de loin les capacités intellectuelles de la droite la plus bête du monde ! Le plus probable est que le simple appât du gain – Pablo Iglesias faisait monter très fort l’audience – ait suffit à des chaînes de télévision truffées d’ailleurs de journalistes bien connus par leur gauchisme.

    2- A partir de là, une fois établie l’opposition entre grande et petite propriété, mille autres questions se posent. Mille questions, plutôt, devraient être posées… que personne pourtant ne pose jamais (et ce n’est pas aux gauchistes que je pense maintenant). Il se pose surtout la question suivante : une fois démantelé le pouvoir du grand capital, une fois préservé le rôle des petites et moyennes entreprises, comment faire pour que la dynamique même de celles-ci ne les entraîne pas à accumuler de plus en plus d’argent et de pouvoir : cette aspiration qui semble être gravée à feu dans le cœur des hommes – des hommes modernes, en tout cas ?

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!