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  • Extension du domaine du capital...

    Les éditions Albin Michel viennent de publier un nouveau essai de Jean-Claude Michéa intitulé  Extension du domaine du capital. Analyste lucide et incisif du système libéral et des serviteurs de gauche de celui-ci, écrivant dans une langue limpide, Jean-Claude Michéa est l'auteur d'essais essentiels comme Impasse Adam Smith (Flammarion, 2006), Le complexe d'Orphée (Flammarion, 2011), Les mystères de la gauche (Flammarion, 2013), Notre ennemi le capital (Flammarion, 2017) ou Le loup dans la bergerie (Flammarion, 2018).

     

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    " Jean-Claude Michéa a choisi en 2016 de s'installer dans un petit village des Landes, pour rompre avec le style de vie des grandes métropoles et sa logique du « toujours plus ». C'est donc à partir de cette expérience de la « France périphérique » qu'il a mûri ce nouvel essai, qui nous offre une réflexion critique extrêmement originale et stimulante sur nos sociétés dites « progressistes ».

    Il s'y emploie à mettre au jour les conséquences ultimes du mode de développement capitaliste et libéral, qui revêt de façon de plus en plus évidente la forme d'une fuite en avant suicidaire dans tous les domaines : culte de la croissance, destruction écologique, inégalités économiques, brutalisation de la vie quotidienne, ou encore wokisme délirant, lequel n'est autre que le dernier avatar culturel de la matrice néolibérale.

    L'objet de ce livre est précisément de saisir en quoi le capitalisme est désormais devenu un « fait social total », à la fois économique, politique et culturel. "

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  • La politique de Macron : une révolution oligarchique contre le peuple...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre Le Vigan cueilli sur Polémia et consacré à Macron en tant qu'actuel fondé de pouvoir du système oligarchique.

    Urbaniste, collaborateur des revues Eléments, Krisis et Perspectives libres, Pierre Le Vigan a notamment publié Inventaire de la modernité avant liquidation (Avatar, 2007), Le Front du Cachalot (Dualpha, 2009), La banlieue contre la ville (La Barque d'Or, 2011), Écrire contre la modernité (La Barque d'Or, 2012), Soudain la postmodernité (La Barque d'or, 2015), Achever le nihilisme (Sigest, 2019), Nietzsche et l'Europe (Perspectives libres, 2022) et La planète des philosophes (Dualpha, 2023).

     

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    La politique de Macron : une révolution oligarchique contre le peuple

    « Liquidation », écrivait Frédéric Rouvillois dans son livre sur Macron comme définition de son projet (Liquidation – Emmanuel Macron et le saint-simonisme, Cerf, 2020). Le projet de Macron, c’est cela : liquider tout ce qui restait solide dans la société française, certains habitus et mœurs, certaines structures, certains projets (devenir propriétaire d’une maison, la léguer, avoir un métier dont on est fier et pas seulement un « job »), rendre tout liquide, tout réversible, tout jetable (notamment les traces de notre histoire), tout interchangeable (les peuples, les gens, les sexes, les métiers, les territoires, etc.). Éparpillé façon puzzle : cela veut dire que notre pays et notre peuple ont été mis en morceaux. Dispersés et hachés menu. Éparpillé : c’est le résultat de la politique de Macron. Un peuple dispersé, affaibli, atomisé. Loin de n’avoir « rien fait », comme on l’entend parfois, Macron a presque tout réalisé de son programme. Vendre l’industrie française : c’est le capitalisme de connivence. Conforter l’oligarchie : c’est le pacte de corruption lié au covid, c’est-à-dire à l’interdiction de traiter les malades du covid hors utilisation de vaccins (ceux permettant des superprofits aux membres de la caste – ceux qui ont propulsé Macron et qui attendaient leur retour sur investissement).

    Téléologie et domination du Capital

    Il faut ici faire appel à Marx. Et d’abord souligner son point faible : la téléologie, voire une certaine eschatologie. C’est ce qu’il y a de moins convaincant chez Marx. « Pour nous, écrit Marx, le communisme n’est pas un état de choses qu’il convient d’établir, un idéal auquel la réalité devra se conformer. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses. Les conditions de ce mouvement résultent des données préalables telles qu’elles existent actuellement » (L’Idéologie allemande). On peut en douter. Pour le dire autrement, peut-on penser que le règne du Capital (entendons par là les rapports sociaux liés à un certain état et un certain agencement des forces productives) aboutisse nécessairement, même avec un coup de pouce politique, au communisme selon Marx, c’est-à-dire à la fin de l’aliénation ? Non. On ne peut valider la thèse de l’inéluctabilité historique de la marche vers le socialisme marxien comme travail conscient de la transformation de la nature et de soi-même. On peut craindre au contraire que le brouillard des âmes et le brouillage de la conscience de soi comme sujet historique ne s’étendent, par le développement du fétichisme de la marchandise.

    Pas de marche assurée au dépassement du capitalisme donc. En revanche, le règne du Capital (de la Forme Capital) peut aboutir à une version apocalyptique du « communisme », cette fois au sens stalinien, ou au sens de la dictature chinoise, c’est-à-dire à l’étatisme absolu. Mais la différence entre le totalitarisme néo-libéral et les totalitarismes communistes, c’est qu’il s’agit d’un étatisme antinational avec les néo-libéraux, l’État ayant fusionné avec les multinationales et la finance, qu’il a déjà sauvées en 2008 (cf. notamment Alain de Benoist, Au bord du gouffre – La faillite annoncée du système de l’argent, Krisis, 2015). Nous vivons ainsi sous le « soleil noir du capital », comme écrit Anselm Jappe. Il est là non pour nous chauffer l’âme, mais pour brûler nos vies et pour nous aveugler par le crétinisme télévisuel des médias de grand chemin.

    Quand Macron fait du saint-simonisme

    Frédéric Rouvillois dit encore : « Comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, Macron fait du saint-simonisme sans le savoir » (FigaroVox, 27 septembre 2020). Cela va plus loin que cela, et c’est encore plus grave que cela. L’utopie rationaliste et techniciste de Saint-Simon (le socialiste) se voulait un « nouveau christianisme » (1825). Avec Macron, c’est d’un antichristianisme ou d’un postchristianisme (car s’opposer suppose de connaître, ou d’être déçu, non d’être indifférent) qu’il s’agit. Ses mots d’ordre sont non seulement ceux du télétravail mais ceux de la télévie. Une vie désincarnée. « Éloignez-vous les uns des autres », « suspectez tout le monde (de ne pas être vacciné, d’être “un danger”) », « méfiez-vous de votre prochain », « isolez-vous » et, finalement, « préparez-vous à la vraie vie dans le monde libéral : la guerre de tous contre tous ». C’est le refus de toute incarnation. C’est l’effacement de toutes les images fédératrices. C’est la destruction de toutes les formes instituantes : école, églises, histoire de France, élections prises au sérieux, fêtes solennelles. C’est la victoire de « ceux qui ont créé leur start-up » sur « ceux qui ne sont rien » et qui pourtant sont tout le peuple. C’est la domination des arrogants improductifs voire nuisibles (les affairistes) sur les travailleurs, sur les producteurs.

    Les libéraux des deux rives contre le peuple et le politique

    La politique Macron est le stade ultime du libéralisme et du capitalisme. Mais en quel sens ? C’est ici que nous voyons un tournant et une accélération dans les politiques libérales menées depuis 1983. Que s’est-il passé pour que le libéralisme devienne l’ennemi des libertés ? Il a fallu que le libéralisme fasse un constat. Le libéralisme se heurte à la résistance de la nature humaine. Qu’en conclut-il ? Qu’il faut changer la nature humaine. Tel est l’objectif de Macron et plus largement du Great Reset (la grande réinitialisation) de Klaus Schwab et Thierry Malleret (un livre publié en 2020). Le libéralisme ne se remet pas en question. Il remet le réel en question. La société n’est pas conforme aux postulats libéraux ? Ne changeons pas le libéralisme, mais changeons la société. Les communistes ont parfois fonctionné de cette façon. En ce sens, les libéraux sont leurs élèves. Entendons : les élèves de ce que les communistes ont fait de pire.

    Les libéraux ont donc constaté que la société n’était pas entièrement conforme aux schémas libéraux. Il faut donc changer la société. C’est pourquoi le libéral-libertaire Macron, unissant les libéraux des deux rives, les fossoyeurs de la France des deux rives, les oligarques des deux rives (une affaire qui a mieux marché que la sympathique tentative de Jean-Pierre Chevènement en 2002 d’unir les « républicains des deux rives »), appuyé sur le crétinisme et l’inculture des bobos, veut donner au libéralisme un nouvel élan et ne peut le faire qu’en supprimant la démocratie, en la réduisant à des procédures hors-sol, non représentatives.

    C’est pourquoi la Ve République (qui n’était pas parfaite mais était un outil améliorable) a été vidée du meilleur de son contenu, avec l’extension des pouvoirs du Conseil constitutionnel, du Conseil d’État, des juges, avec le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral, avec la transformation du poste de Premier ministre en simple poste de collaborateur (et pas le premier) du chef de l’État, et avec bien entendu la tutelle de l’UE (si utile car déresponsabilisante).

    Bilan : des élites robotisées et les robots contre la France. Les élites peuvent se permettre d’être antipatriotes et hors-sol, de partout et de nulle part. Le peuple ne le peut pas. « À celui qui n’a rien, la patrie est son seul bien[1]. »

    « Crise » du covid et « crise » du climat comme moyen de tétanisation du peuple

    En rendant les élections de plus en plus déconnectées du peuple (la grande majorité des élus des chambres viennent des couches supérieures de la nation), en mettant dans les lois ordinaires toutes les lois d’exception qui devaient être temporaires, liées au terrorisme, à la « crise » du covid[2], au « climat », la politique Macron vise aussi à sauver le capitalisme par une mutation totalitaire. Il s’agit de mêler fausse « urgence » écologique (alors que l’écologie sérieuse, c’est le long terme), réduite à ce qui intéresse le système, c’est-à-dire la « croissance verte » et non la relocalisation de nos économies et industries, et réformes sociétales consistant à mettre l’accent sur de faux problèmes (comme les inégalités de salaire hommes-femmes, qui sont depuis longtemps interdites par… le Code du travail).

    S’ensuit tout un discours mensonger sur de soi-disant « réfugiés » climatiques, prétexte à de nouvelles vagues migratoires, et sur un « changement » climatique d’origine seulement anthropique, hypothèse bien incertaine (le climat a tout le temps changé, et l’influence du soleil peut être infiniment plus importante que l’action humaine. Lire ou relire Emmanuel Le Roy Ladurie sur le perpétuel changement du climat. En outre, un réchauffement n’a pas que des aspects négatifs). Tétaniser les hommes pour les neutraliser. Mondialiser tous les problèmes pour faire oublier que des solutions locales et démocratiques peuvent exister. Mais aussi préparer un nouvel âge du capitalisme. Voilà l’agenda Macron.

    Vaccinations et lutte du Capital contre la baisse tendancielle du taux de profit

    Nous avons souligné les limites de Marx quand il croit pouvoir déceler un mouvement téléologique dans l’histoire. Mais cela ne peut faire oublier que Marx est totalement pertinent quand il inscrit l’économie dans une anthropologie et une philosophie, inscription richement prolongée par de nombreux marxiens, tels Karel Kosík[3], Georg Lukács, Tran Duc Thao, Roger Garaudy[4], Lucien Sève[5]… Il n’y a, comme le soutenait Raymond Abellio même après s’être détaché de certains aspects du marxisme, de solide théorie de la valeur que celle, marxienne, de la valeur-travail. En conséquence, sont aussi pertinentes la théorie de la plus-value et la loi de baisse tendancielle du taux de profit. Le jeu des tendances et contre-tendances de cette loi garde une grande valeur explicative. Or, dans la mesure où l’économie capitaliste du monde occidental, et surtout européen, est de moins en moins productive, le capitalisme a besoin d’être de plus en plus parasitaire, prédateur, improductif. Il a besoin de contrecarrer la baisse tendancielle du taux de profit. Et c’est là qu’arrivent les « vaccins ».

    Un vaccin obligatoire ou des vaccins obligatoires, et renouvelables plusieurs fois par an, constituent un formidable moyen de rétablir de hauts taux de profit dissociés de toute production socialement utile. Des profits sûrs avec la socialisation des risques et des éventuelles pertes (ou coûts de recherche), et avec la privatisation des profits. Processus classique d’un capitalisme de plus en plus ennemi de l’économie réelle, un capitalisme parasitaire et improductif qui a besoin de l’État pour restaurer ses profits, pour sauver les banques et les marchés financiers.

    Passe sanitaire, confinements et couvre-feu contre la révolte populaire

    Le puçage généralisé de tous et, au-delà de cela, le transhumanisme comme fabrication synthétique de soi et marchandisation de soi sont des moyens de relancer l’exploitation de l’homme en poussant l’aliénation jusqu’à la création d’un homme nouveau, simplifié, interchangeable, déshérité, sans culture. Un homme en kit, dans lequel tout est amovible, y compris ses organes sexuels. C’est ce qui se passe avec la stratégie dite « anti-covid », avec passe sanitaire puis passe vaccinal, couvre-feu et confinements (et pourquoi pas bientôt des confinements contre le réchauffement climatique, sachant qu’il y a déjà des interdictions de circulation ?).

    Ce qu’ont entrepris Macron et l’Union européenne comme projet de long terme, c’est une guerre de liquidation anthropologique de l’homme comme lié à ses semblables c’est-à-dire d’abord à son peuple, et être d’héritage culturel, issu d’une histoire, bénéficiaire d’une transmission. Libéral, on pourrait penser que le pouvoir macronien est issu pourtant en ligne directe du libéralisme de Benjamin Constant. Mais il y a dans cela une cohérence : la logique du libéralisme est l’individualisme. Elle est le tout à l’ego. Sa logique est la dissociation et l’éclatement du lien social. Sa logique est l’atomisation des gens et des peuples. Sa logique mène donc à la mort des peuples et à l’individualisation de tout (d’où la destruction du Code du travail, la destruction de la Sécurité sociale, des retraites par répartition, etc.). La logique du libéralisme comme individualisme et culte des idées abstraites est la suppression du passé. Voilà comment on tue une civilisation pour y substituer une sous-civilisation de gens pucés et sous surveillance continue. Voilà comment on crée un « parc humain », comme dit Peter Sloterdijk. C’est pourquoi le libéralisme est contre les libertés et les peuples. Sa logique est orwellienne. 1984, nous y sommes.

    Une nécessaire libération : se libérer du libéralisme pour se libérer du règne du Capital

    Macron est l’actuel fondé de pouvoir de l’oligarchie. Un personnage anecdotique en un sens, mais si emblématique. Et c’est pourquoi il inspire les sentiments massivement hostiles que l’on peut constater chaque jour. Car la seule chose qu’il incarne, c’est justement l’abstraction, l’inhumanité et la brutalité de ce pouvoir oligarchique.

    Le monde de Macron, c’est un libéralisme totalitaire au service de l’argent roi. C’est pourquoi le réveil des solidarités locales et nationales est nécessaire. Il ne s’agit pas d’autre chose que d’une lutte de libération nationale et sociale. « Il faut refaire des hommes libres », disait Bernanos (La liberté, pour quoi faire ?, 1946). Cela ne se fera pas sans reconquérir nos libertés de peuple, nos libertés en commun.

    Pierre Le Vigan (Polémia, 16 avril 2023)

     

    Notes :

    [1] Au moment où on débat des droits de succession sur les héritages, il faut savoir qu’un Français sur trois n’hérite de rien, et qu’un ouvrier et employé sur deux hérite de moins de 8 000 (huit mille) euros (de quoi acheter une place de parking à Montélimar).
    [2] Le covid car c’est un virus, et non la covid car qui dit virus ne dit pas forcément maladie (2 % seulement des entrées en hospitalisation en 2020 y sont liés, France Info, 17-11-2021).
    [3] La Dialectique du concret, François Maspero, 1970 – Les éditions de la Passion, 1988.
    [4] Marxisme du xxe siècle, 10-18, 1966.
    [5] Une introduction à la philosophie marxiste, Éditions sociales, 1980.

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  • Le sens des limites...

    Les éditions L'échappée viennent de publier un essai de Renaud Garcia intitulé Le sens des limites - Contre l'abstraction capitaliste. Professeur de philosophie, Renaud Garcia réfléchit , en particulier, sur l'anarchisme et la décroissance.

     

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    " Face à la marche en avant du capital, voué à conquérir des territoires toujours plus reculés au dehors comme en dedans de nous-même, des voix s’élèvent et en appellent à prendre en compte les limites. Mais leur nature reste encore à définir : tel est l’objet de ce livre.
    Les limites sont constitutives de notre être-au-monde, elles lui donnent sa densité et sa saveur. Dans chaque moment de la vie quotidienne, nous évoluons dans un lieu précis du vaste monde, situé autour de notre corps et imprégné de nos manières d’être personnelles. Or le capitalisme s’attaque à cette dimension fondamentale, en sapant toujours davantage les possibilités de contact direct avec notre environnement.
    Aliments privés de goût par l’industrie, technologies nous donnant l’illusion d’être partout sans jamais être vraiment quelque part, transformation du travail en activité absurde et désincarnée, obsession de la santé nous poussant à gérer notre corps et notre « mental » comme un système performant : nous nous retrouvons en fait privés de monde, et par là de culture. Toutes ces formes de dépossession nourrissent un même mouvement d’abstraction de la vie.
    Alliant philosophie, sociologie et littérature, ce livre tente de déterminer où se situent désormais les résistances à opposer à la dynamique du capital, en redonnant à notre sensibilité une puissance politique. "

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  • Notre ennemi, le capital...

    Les éditions Flammarion publient cette semaine, dans leur collection Climats, le nouveau livre de Jean-Claude Michéa intitulé Notre ennemi, le capital. Critique essentiel du système et de la gauche du capital, Jean-Claude Michéa est l'auteur d'essais dont la lecture est indispensable comme Impasse Adam Smith (Flammarion, 2006), Le complexe d'Orphée (Flammarion, 2011) ou Les mystères de la gauche (Flammarion, 2013).

     

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    « Si l'on veut réellement rassembler la grande majorité des classes populaires autour d'un programme de déconstruction graduelle du système capitaliste (et non pas simplement accroître ses privilèges électoraux), il faut impérativement commencer par remettre en question ce vieux système de clivages fondé sur la "confiance aveugle dans l'idée de progrès", dont les présupposés philosophiques de plus en plus paralysants (du type "parti de demain" - celui de la Silicon Valley - contre "parti d'hier" - celui de l'agriculture paysanne ou de la culture du livre) ne cessent d'offrir depuis plus de trente ans à la gauche européenne le moyen idéal de dissimuler sa réconciliation totale avec le capitalisme sous les dehors beaucoup plus séduisants d'une lutte "citoyenne" permanente contre toutes les idées "réactionnaires" et "passéistes". »

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  • Le coût du travail ? Oui, mais celui du capital ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la politique favorable au grand patronat adoptée par le gouvernement...

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    Le coût du travail ? Oui, mais celui du capital ?

    On parle toujours beaucoup du fameux pacte de responsabilité annoncé par François Hollande le 14 janvier dernier. Demander au grand patronat de se porter garant de la solidarité nationale, n’était-ce pas faire preuve d’une certaine naïveté ?

    La France mène depuis plus de vingt ans une politique de baisse des charges sociales qui n’a jamais empêché le chômage de monter. Souvenez-vous des 22 milliards d’exonérations de cotisations employeurs, des 6 milliards du crédit impôt-recherche, des 6 milliards de baisse de la taxe professionnelle, des 20 milliards du crédit d’impôt compétitivité-emploi, etc. Le pacte de responsabilité est le dernier avatar en date de cette politique. Il consiste à offrir sans contrepartie 40 milliards d’euros de baisses de charges aux employeurs en espérant, en bonne logique libérale, voir se multiplier les créations d’emplois. Le patronat empoche, mais le chômage augmente toujours, tandis que la croissance est nulle, que la dette s’alourdit et que la déflation menace. Échanger des mesures concrètes contre des promesses vagues, cela s’appelle conclure un marché de dupes, doublé d’une mise en scène destinée à faire accepter la politique de l’offre adoptée par le gouvernement.

    Le MEDEF, qui ne cache pas sa joie devant le ralliement du tandem Valls-Macron à la logique du marché, en profite pour pousser encore plus loin son avantage, puisqu’il réclame maintenant 50 milliards supplémentaires, la remise en cause du droit du travail et des acquis sociaux, la suppression des normes et réglementations des marchés, la baisse des seuils sociaux, etc. S’il n’exige pas qu’on renvoie les enfants travailler dans les mines, c’est sans doute que les mines n’existent plus !

    Pour justifier sa position, le MEDEF met régulièrement en cause l’insupportable « coût du travail », qui serait en France plus élevé qu’ailleurs, ce qui pèserait à la fois sur l’emploi et sur la compétitivité. Intox ou réalité ?

    Le grand patronat se plaint depuis toujours que les travailleurs coûtent trop cher. Son rêve serait évidemment que les gens travaillent pour rien, ce qui augmenterait d’autant les bénéfices (mais poserait quand même la question de savoir avec quels moyens les gens pourraient ensuite consommer ce qu’on a produit !). Au XIXe siècle, quand on a supprimé le travail des enfants, le MEDEF de l’époque assurait déjà qu’on allait ainsi faire s’effondrer toute l’économie nationale. Aujourd’hui, ce sont les dépenses liées à l’utilisation de main-d’œuvre qui sont dans le collimateur, bonne excuse pour justifier les délocalisations vers des pays qui ne connaissent que des salaires de misère.

    Le coût du travail se définit comme la somme des salaires bruts et des cotisations sociales patronales. Le coût moyen de l’heure de travail est en France de 35,6 euros, plus qu’en Allemagne (32,8 euros), mais beaucoup moins qu’en Suède (43 euros). Alléguer dans l’abstrait le coût du travail n’a cependant pas beaucoup de sens, aussi longtemps que ce coût n’est pas rapporté à la fois à l’indice des prix et à la productivité. Un coût salarial élevé n’est en effet pas nécessairement un frein à la compétitivité si le coût par unité produite reste faible. C’est la raison pour laquelle, pour effectuer des comparaisons internationales, on parle de coût salarial unitaire réel. Le coût du travail est plus élevé en France qu’en Allemagne, mais nous avons une productivité supérieure de 20 % à celle des Allemands. En proportion de la productivité horaire moyenne, le coût horaire du salaire minimum se situe aujourd’hui à son plus bas niveau depuis soixante ans.

    La vérité est qu’il est très difficile d’établir une relation directe entre le montant des coûts salariaux et le niveau du taux de chômage (il n’est, en Suède, que de 7,7 %, alors qu’il est de 10,3 % en France). On peut certes diminuer les cotisations sociales, mais cela implique de trouver d’autres modes de financement de la protection sociale (l’impôt ? les prélèvements privés ?). Et si l’on diminue le salaire minimum, on diminue du même coup le pouvoir d’achat minimum, donc la demande, donc la production, donc l’emploi.

    Si l’on parle beaucoup du coût du travail, on ne parle d’ailleurs jamais du coût du capital, qui n’est sans doute pas moins pesant.

    C’est le moins qu’on puisse dire. Il faut bien distinguer ici capital productif et capital financier. Le capital productif, nécessaire à la production des biens et des services, a besoin de faire des dépenses à la fois pour son entretien et pour ses investissements. Si, pour ce faire, il ne dispose pas de ressources propres, il doit solliciter un financement externe auprès de ses actionnaires, qu’il rémunère en dividendes, ou de prêteurs, qu’il rémunère en intérêts. Ce sont ces versements qui correspondent au coût du capital financier. Or, celui-ci compte aujourd’hui pour 50 % du coût économique du capital, contre seulement 20 % dans les années 1960-1970. Résultat : les entreprises dépensent désormais deux fois plus en dividendes nets, versés à des actionnaires-rentiers qui veulent se goinfrer le plus vite possible, qu’en investissements nets. Les dividendes des actionnaires des entreprises du CAC 40 sont eux-mêmes en hausse de 30 % sur un an, alors que l’investissement reste désespérément plat. C’est une des conséquences de la financiarisation de ces trois dernières décennies, qui n’a cessé de privilégier les détenteurs du capital financier par rapport aux entrepreneurs. Une captation qui n’est évidemment pas étrangère au manque de compétitivité de ces derniers.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 27 octobre 2014)

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  • La Société du Bien-être...

    Les éditions Le pas de côté viennent de publier La Société du Bien-être, un pamphlet d'Agustin Garcia Calvo. Philologue, linguiste, poète, dramaturge, Agustin Garcia Calvo est un auteur espagnol, proche de la mouvance anarchiste, mort en 2012.

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    " L’État a fusionné avec le capital. L’homme est devenu marchandise. Dans la religion de l’Économie, un seul Dieu est vénéré : l’Argent. Un seul idéal subsiste : le Développement. Et cette société mue par le sacro-saint critère de Rentabilité se présente comme la meilleure, la seule possible, réalité indiscutable, où tous les individus réduits à l’état de ressources souriantes se doivent d’accéder à un Bien-être hégémonique. Comme si la finalité de l’existence était de crouler sous une abondance de substituts, d’ingurgiter toujours plus d’ersatz. « Les biens du Bien-être ont le goût du vide », s’élève Agustín García Calvo dans ce pamphlet percutant, aux accents situationnistes. Pour en finir avec le régime de la falsification, il suffit de ne plus y croire. De ne plus parler le langage de l’économie. Dire NON, la vie est ailleurs que dans les illusions mercantiles de notre temps. "

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